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Full text of "Les Revenus et les dépenses de l'hôtel de ville de Niort avant 1789"

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LES  REVENUS  ET  LES  DEPENSES 


DE 


L'HOTEL  DE  VILLE  DE  NIORT 


AVANT  1789 


LES   REVENUS 


ib^ 


ET 


LES    DÉPENSES 


DE 


L'HOTEL  DE  VILLE 


DE  NIORT 


^V^NT     178Q 


PAR 


HENRI  PROUST 


SAINT-MAIXENT 
IMPRIMERIE    CH.   REVERSÉ 

1892. 


DEUXIÈME   PARTIE 


LES  DÉPENSES  DE  L'HOTEL  DE  VILLE 


AVANT  1789 


!   M 


Les  huit  premiers  chapitres  de  ce  travail  ont  été 
insérés  en  1890  dans  les  Mémoires  annuels  de  la  Société 
de  statistique,  sciences,  lettres  et  arts  du  département 
des  Deux-Sèvres.  La  première  partie ,  qui  traitait  des 
Revenus  de  l'hôtel  de  ville  de  Niort  avant  1789, 
avait  paru  en  1888  dans  la  même  collection.  J'ai  présenté 
à  la  Société ,  vers  la  fin  de  l'année  dernière ,  les  six 
derniers  chapitres  qui  complètent  l'étude  que  j'ai  faite  de 
l'administration  de  ma  ville  natale  avant  la  Révolution. 
Mais  cette  année-ci  a  vu  disparaître  notre  petite  académie 
de  province.  Des  semences  de  trouble  et  de  discorde, 
récemment  introduites  dans  son  sein  par  des  prétentions 
peu  justifiées,  avaient  si  largement  fructifié  qu'elle  en 
était  depuis  lors  gravement  atteinte  dans  sa  vitalité. 
Finalement,  et  malgré  des  avertissements  multipliés  à 
ceux  qui  étaient  ses  tuteurs  du  moment,  elle  a  succombé. 
La  résurrection  ne  paraît  pas  devoir  être  prochaine.  Elle 
avait  près  de  soixante  ans  d'âge,  et  comme  je  serais  son 


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Je  mettrai  ainsi  à  la  disposition  de  ceux  qui  s'intér 
au  passé  de  notre  ville  le  résumé  des  longues  rech 
que  j'ai  faites,principalement  dans  ses  archives.  J'ai 
un  grand  nombre  de  détails  inédits  et  d'autre  pa 
documents  originaux  que  je  reproduis  rectifient  hei 
de  faits  inexactement  rapportés  ou  mal  interprété 
les  diverses  publications  concernant  l'histoire  de  Ni 

Les  six  derniers  chapitres  qui  vont  suivre  fori 
le  tome  ii  de  la  deuxième  partie  :  Les  dépens 
l'hôtel  de  ville.  La  première^  qui  a  été  entièi 
publiée  en  1888,  se  terminait  par  un  index  des  ne 
lieux  et  de  personnes  cités.  Il  en  sera  de  mém^ 
celle-ci,  et  l'index  placé  à  l'a  fin  de  ce  tome  ii  comp 
les  huit  chapitres  imprimés  en  1890  dans  les  Mé 
de  la  Société  de  statistique.  Ceux-là  seront  ir 
comme  formant  le  tome  i  dans  les  renvois  à  la  pagii 


CHAPITRE  IX. 
Instruction  publique. 


§  1.  —  Les  écoles  et  collèges. 

Les  registres  de  l'hôtel  de  ville  de  1453-57,  les  plus 
anciens  qui  subsistent,  nous  apprennent  qu'il  y  avait  alors 
à  Niort  un  maître  d'école  autorisé  par  le  corps  de  ville, 
maître  des  écoles  de  grant-mayre ,  disent  les  délibé- 
rations. Ce  pluriel  permet  de  croire  qu'il  avait  sous  ses 
ordres  un  certain  nombre  de  maîtres  subalternes.  Le 
titulaire  se  nommait  Anthoine  Symonnet.  A  la  date  du 
7  février  1455,  il  lui  fut  donné  une  nouvelle  autorisation 
d'enseigner,  l'ancienne  étant  expirée.  Elle  lui  fut  délivrée 
pour  six  ans,  autant  qu'on  peut  le  conclure  des  termes 
du  procès-verbal  d'assemblée  qui  est  obscur  et  raturé. 
L'année  précédente,  il  y  avait  eu  entre  lui  et  l'échevinage 
quelques  difficultés,  dont  fait  mention  le  procès-verbal 
du  19  mars  1454,  mais  sans  donner  d'indications  précises. 

Ce  maître  d'école  était  ,  comme  nous  l'avons  dit , 
autorisé  par  le  corps  de  ville,  mais  non  subventionné. 
Il  ne  paraît  pas  avoir  eu  d'autres  émoluments  que  la 
rétribution  qu'il  percevait  des  écoliers.  Les  comptes  de 
1487-88,  1490-91,  ne  renferment  non  plus  aucun  article 
de  dépense  relatif  aux  écoles.  C'est  seulement  en  1535 
que  nous  voyons  la  ville  faire  quelques  sacrifices  pour 


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lesquels  la  question  fut  traitée  à  cette  époque  laissent 
penser  que  les  secours  accordés  alors  étaient  un  début. 
Les  écoles  étaient  tenues  par  un  nommé  Mathurin 
Colin.  Il  avait  été  dans  son  temps  indiqué  par  M®  Lucas, 
régent  du  collège  de  Puygarreau,  à  Poitiers  (1),  et  accepté 
suivant  la  règle  et  l'usage  par  le  prieur  de  Notre-Dame, 
sur  la  présentation  du  corps  de  ville.  Il  demanda,  vers 
la  fin  de  1535,  que  la  maison  de  l'artillerieXm  fût  donnée, 
en  jouissance  s'entend  ,  après  qu'on  y  aurait  fait  les 
réparations  nécessaires  pour  qu'il  pût  s'y  loger  et  y  tenir 
les  enfants  (2).  Cette  maison,  qui  servait  ainsi  d'arsenal, 
était  une  masure  couverte,  non  en  tuiles,  mais  en  pierres 
plates  (3)  dont  le  poids  avait  rompu  la  charpente.  II 
pleuvait  sur  la  dite  artillerie  comme  si  elle  eût  été  dehors  ; 
aussi  avait-on  dû  la  placer  provisoirement  dans  le  château 
et  dans  l'hôtel  de  ville.  Même  réparée,  ladite  maison 
ne  paraissait  pas  absolument  convenable  pour  servir 
d'arsenal,  et  le  régent  demandait  à  cause  de  cela  qu'elle 
fût  mise  à  sa  disposition.  Si  on  lui  accordait  sa  requête, 
il  promettait  de  mener  chaque  jour  les  enfants  chanter 
au  ballouart  de  Saint-François  un  Salve  Regina  pour  la 
prospérité  du  roi. 

Cela  fut  d'abord  accepté  ;  la  maison  devait  être  réparée 
et  pavée  en  bols  ;  puis  la  décision  fut  renvoyée  à  une  autre 
assemblée  sur  le  dire  qviaucuns  gens  de  bien  avaient 
donné  à  la  ville  par  testament  une  maison  pour  tenir 
les  écoles,  et  comme  on  ne  pouvait  savoir  la  vérité  à  cet 
égard,  le  procureur  de  la  commune  fut  chargé  d'obtenir 
un  moniloire  i5t)ur  admonester  ceux  qui  pouvaient  détenir 

(1)  Assemblée  du  6  juin  1537. 

(2)  Assemblée  du  26  novembre  1535. 

(3)  On  voit  encore  près  de  Prahecq,  par  exemple,  on  voyait  encore 
à  Niort,  il  y  a  quelques  années,  des  maisons  couvertes  en  larges  pierres 
plates  imbriquées. 


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ce  testament,  aussi  bien  que  ceux  qui  savaient  où  et  par 
qui  le  testament  avait  été  passé. 

L'affaire  était  donc  ajournée.  Dans  le  courant  de  l'année 
suivante,  un  magisler,  homme  de  bonne  littérature  et 
scauoir,  vint  îx  Niort  pour  demander  à  régenter  en  la 
ville  (1)  avec  celui  qui  y  était  déjà  ;  il  s'était  probable- 
ment entendu  avec  Mathurin  Colin  ,  car  il  demandait 
qu'on  leur  baillât  une  maison  pour  tenir  les  écoles  ou 
deniers  pour  en  louer  une.  Le  corps  l'accepta,  mais  remit 
la  question  d'argent  â  une  autre  assemblée,  et  ce  ne  fut 
qu'après  deux  renvois  successifs  qu'il  fut  arrêté,  dans  la 
séance  du  30  septembre  1536 ,  qu'on  donnerait  aux 
maîtres  d'école  dix  livres  par  an  payables  par  quartiers. 

En  1537,  au  mois  de  juin,  Matliurin  Colin  annonça 
qu'il  voulait  céder  les  écoles  â  la  fête  de  Saint-Jean 
prochaine,  c'est-à-dire  â  très  bref  délai.  Un  certain  Hubert 
Sylvain  ,  maitre-ès-arts  de  l'Université  de  Paris  ,  qui 
était  de  passage  à  Niort  allant  à  Bordeaux,  fut  informé 
de  cela  et  s'offrit  à  prendre  la  charge,  s'il  plaisait  au  corps 
le  recevoir  et  le  présenter  au  ])rieur  de  Notre-Dame,  Il 
s'offrait  à  disputer  contre  Colin  ou  autres.  Il  fut  accordé 
que  ledit  Sylvain  mettrait  ses  conclusions  pour  être 
disputé  par  ung  c/iascun,  suivant  la  forme  accoutumée, 
et  que  l'on  s'informerait  si  M®  Lucas,  régent  de  Puy- 
garreau  ,  voudrait  se  trouver  auxdites  conclusions  et 
consentirait  encore  une  fois  à  élire  l'un  de  ceux  qui 
pourraient  survenir  et  auraient  été  présentés  au  prieur 
de  Notre-Dame.  Il  parait  d'après  cela  que  le  prieur 
de  cette  époque  déléguait  volontiers  son  droit  d'examen 
et  ne  se  réservait  que  l'investiture.  Le  corps  mettait 
pour  condition  que  celui  qui  serait  accepté  aurait  un 
compagnon  pour  l'exercice  des  écoles.  Hubert  Sylvain 
fut  donc  admis  à  concourir  et  reçut  même  40  sols  pour 
les  frais  qu'il  faisait  en  s'arrétant  dans  la  ville  (2).  Ce 


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(1)  Assemblée  du  12  juillet  1536. 

(2)  Assemblée  du  6  juin  1537, 


Colin  abandonna  ses  ronctions  ,  il  ne  resta  plus 
sous-régent  pour  tenir  les  écoles.  Aussi  le  corps  c 
fut-il  d'avis  qu'il  était  nécessaire  d'y  pourvoir  et 
que    l'on    récrirait   à    quelques   régents   du    colL 
Poitiers  (1). 

En  fait ,  ce  fut  Mathurin  Colin  qui  présenta 
agréer  son  successeur.  Il  se  nommait  Martial  F 
avait  régenté  en  l' Université  de  Poitiers  au  col! 
Saint-Jacques.  Le  maire,  d'après  l'avis  de  plw 
le  présenta  à  M®  François  Perrain ,  procureur  d 
Jehan  de  Nossay ,  prieur  de  Notre-Dame ,  qui 
d'abord  de  l'accepter,  parce  qu'il  trouvait  cette  ] 
tation  irrégulière  ;  il  demandait  une  délibérati 
corps  de  ville.  Le  maire  rendit  compte  de  l'inci 
l'assemblée,  qui  conclut  que  ledit  Reys  serait  p 
dans  la  forme  accoutumée  en  pareil  cas  (2). 

Puis  le  corps  s'occupa  séance  tenante  de  la  q 
du  logement  du  maître.  Le  procureur  syndic  re) 
qu'à  Fontenay-le-Comte  et  Saint-Maixent  on  ava 
les  maîtres  d'écoles  dans  les  maisons  appartena 
confréries,  à  la  condition,  il  est  vrai,  que,  durant  1 
et  solennités  desdites  confréries ,  l'école  cesserai 
maison  serait  laissée  libre.  A  Niort,  ajoutait  il,  on  € 
entré  dans  cette  voie  en  louant  pour  Martial  ï 
maison  des  confrères  de  Saint-Nicolas  jusqu'à  la 
Michel  prochaine  ;  ce  bail  très  court,  puisqu'il  n( 
que  de  quelques  semaines,  a  été  contracté  avec 
Gaillard,  bâtonnier  de  la  confrérie.  Après  cet  ex^: 
procureur  ,  le  corps  délibéra  et  prit  une  décisi 
plus  autoritaires,  ordonnant  que  les  confrères  de 
Nicolas  seraient  contraints  de  louer  leur  maisoi 
l'utilité  du  bien  public ,  attendu  qu'il  n'y  en  a 

(1)  Assemblée  du  15  juillet  1537. 

(2)  Assemblée  du  11  août  1537. 


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cette  ville  de  plus  commode  pour  tenir  les  écoles.  Les 
dix  livres  de  l'entrée  de  François  Dabillon ,  reçu  pair 
tout  récemment ,  étaient  attribuées  au  régent ,  •  savoir 
moitié  pour  l'aider  à  vivre  et  moitié  pour  loyer  d'une 
année  de  ladite  maison.  Egalement  pour  l'aider  à  vivre, 
défense  était  faite  au  maître  de  l'école  de  chant  et  aux 
prêtres  d'enseigner  dans  leurs  maisons. 

Il  semble  que  cette  délibération  n'ait  pas  reçu  d'exé- 
cution en  ce  qui  touche  les  confrères  de  Saint-Nicolas. 
Le  maître  d'école  resta  jusqu'à  la  Saint -Michel , 
29  septembre  1537,  dans  leur  maison^  mais  la  location 
n'en  fut  pas  continuée,  et  le  26  octobre  suivant,  le  corps 
était  avisé  cpie  le  régent  demandait  à  être  logé;  sinon, 
il  voulait  s'en  aller.  Un  des  membres  proposa  d'acheter 
la  maison  de  Jehan  Boileau,  qui  était  à  vendre  au  prix 
de  150  livres  ,  mais  l'assemblée  refusa  et  se  borna  à 
confirmer  le  vote  de  la  subvention  de  dix  livres.  L'année 
suivante  ,  sur  de  nouvelles  instances ,  on  en  revint  au 
projet  d'approprier  pour  les  écoles  la  maison  de  l'artil- 
lerie, et  il  fut  décidé  d'en  faire  la  visite  pour  voir  si  ce 
lieu  serait  commode  pour  tenir  les  écoles  (1).  L'année 
précédente ,  il  avait  été  dit  que  l'artillerie  serait  placée 
ailleurs  ;  on  avait  voté  dans  ce  but  la  construction  d'un 
ballet  près  des  Cordeliers,  mais  l'ancien  arsenal  devait, 
dans  les  prévisions  du  conseil  ,  être  loué  tel  quel  sans 
réparations  ;  on  l'aurait  baillé  à  35  sols  par  an  (2).  Puis, 
ne  trouvant  pas  de  preneur,  on  s'était  décidé  plus  tard 
à  le  réparer,  sans  avoir  égard  à  la  dernière  assemblée  (3). 
Les  choses  en  étaient  là  ,  lorsque  le  maître  d'école 
renouvela  sa  demande  en  menaçant  de  s'en  aller.  Le 
corps  s'avisa  alors  que  l'offre  d'un  bon  logement  serait 
un  moyen  d'avoir  des  régents  plus  fameux,  plus  doctes 
et  scacants  ;  en  fin  de  compte  la  maison  de  l'artillerie 


(1)  Assemblée  du  15  avril  1538. 

(2)  Assemblée  du  27  juillet  1537. 
(3j  Assemblée  du  22  février  1538. 


la  Saint-Barthélémy,  lorsque  la  ville  se  mit  sur  le  pied 
de  guerre  à  cause  des  troubles  qui  renaissaient ,  le 
pouldroyer  rejDrit  la  maison  pour  les  besoins  de  la 
défense. 

Les  documents  sont  rares  pour  le  seizième  siècle;  nous 
en  avons  assez  cependant  pour  constater  que  le  souci  de 
l'instruction  alla  croissant  chez  les  habitants  de  Niort. 
En  1554 ,  Jehan  Fourest ,  régent  des  grandes  écoles , 
recevait  20  livres  par  an  (1).  Ce  titre  montre  qu'il  y 
avait  alors  à  Niort  deux  degrés  d'enseignement.  En  1572, 
le  chiffre  des  émoluments  du  régent  des  écoles,  80  livres 
par  an  (2) ,  paraît  s'appliquer  à  un  maître  capable  d'en- 
seigner plus  que  la  lecture,  l'écriture  et  la  grammaire. 

Cela  est  d'autant  plus  probable  que,  six  ans  auparavant, 
il  y  avait  eu  de  la  part  des  échevins  et  bourgeois  de  Niort 
une  tentative  sérieuse  d'établissement  d'un  collège.  L'ini- 
tiative ne  leur  en  appartenait  pas ,  mais  ils  s'étaient 
montrés  fort  empressés  à  profiter  des  dispositions  de 
l'édit  d'Orléans  de  janvier  1560,  qui  était  l'œuvre  du 
chancelier  de  l'Hospital.  L'article  10  de  cet  édit  (3j 
était  conçu  comme  suit  : 

Ordonnons  que  les  deniers  et  revenus  de  toutes  con- 
frcdries  (la  charge  du  service  divin  déduite  et  satisfaite') 
soient  appliques  à  Ventretènernent  des  écoles  et  aumônes 
es  plus  prochaines  villes  et  bourgades  où  les  dites  con- 
frairies  auront  été  instituées,  sans  que  les  dits  deniers 
puissent  être  employés  à  autre  usage  pour  quelque  cause 
que  ce  soit;  commandons  très  expressément  à  nos 
officiers  et  aux  maires,  échevins,  capitouls  et  conseillers 
des  villes  et  bourgades,  chacun  en  son  endroit,  d'y  avoir 
l'œil  à  peine  de  s'en  prendre  à  eux. 

(1)  Archives  de  Niort,  n°  883. 

(2)  Assemblée  du  li  août  1572. 

(3)  Recueil  général  des  anciennes  lois  françaises.  Isambert. 
Paris,  1824.  Tome  xiv,  p.  67. 


—  13  — 

Malgré  ces  prescriptions  formelles ,  six  ans  après  la 
promulgation  de  l'édit,  rien  n'était  fait  à  cet  égard  dans 
la  ville  de  Niort.  Le  corps,  réuni  le  6  novembre  1566  (1), 
décida  sur  la  remontrance  du  procureur  syndic  que 
requête  serait  présentée  au  roi  pour  que  les  chappelles 
et  stippendies  qui  sont  tant  à  la  seule  disposition  du 
mayre  ou  eschevyns  et  bourgeoys  de  ceste  ville,  aussi 


(1)  Assemblée  du  6  novembre  1566.  Touchant  d'adviser  sur  ce  que 
le  procureur  a  remonstré  que  les  officiers  du  Roy  de  nostre  ville  avaient 
aulcunement  encommencé  l'exécution  de  l'édit  d'Orléans  touchant  le 
collège  des  escholles  de  nostre  ville,  ayant  miz  la  main  du  Roy 
sur  les  biens  et  revenuz  d'aulcunes  confrairies  et  iceulx  fait 
régir  par  commissaires  sans  toutesfois  passer  oultre  à  la  d.  exé- 
cution et  employ  des  biens  où  ils  sont  destinés  par  l'édit 

l'intention  du  Roy,  par  quoy  est  nécessayre  que  les  mayre, 
eschevyns  et  bourgeoys  associés  en  ceste  affaire  avec  les  d.  officiers 
prègnent  en  mains  l'exécution  du  d.  édit,  sur  ce  fassent  plaincte  au 
Roy  de  telle  négligence  des  d.  officiers,  affln  qu'il  soit  mandé  à  la 
communitté  de  céans  d'exécuter  et  faire  exécuter  l'édit  du  Roy,  à 
faulte  de  ce  faire  par  les  d.  officiers  dans  certain  délay  compétent. 
Et  pour  démonstrer  et  affirmer  le  zèle  de  nostre  communitté  à  l'entre- 
tènement  de  l'édit  du  Roy  est  convenable  que  les  chappelles  et 
stippendies  qui  sont  tant  à  la  seule  disposition  du  mayre,  ou 
eschevyns  et  bourgeoys  de  ceste  ville  que  celles  qui  sont  à  la 
présentation  du  d.  mayre  ou  de  nostre  communitté  et  collation 
de  Mgr  l'Evêque  de  Poictiers  ou  aultr es  prélats  soyent  deslivrées 
et  attribuées  au  d.  collège,  veu  que  les  d.  confrairies  sont  de  trop 
petite  valleur  pour  ériger  le  d.  collège  et  le  maintenir.  Ce  qui 
ne  se  peult  pas  faire  sans  l'autorité  souveraine  du  Roy  qui  permet 
desroger  à  toutes  institutions  quelconques  et  destiner  les  d.  charges 
à  son  dessein  en  toutes  les  manières  qu'il  lui  plaira,  mesmement  à 
la  requeste  de  ceste  communitté  à  laquelle  les  d.  chappelles  et  stipendies 
ont  esté  données  pour  en  disposer  selon  qu'il  plaira  aussy  à  la  majesté 
du  Roy,  attribuer  l'institution  des  régens  aux  d.  mayre,  esche\7ns  et 
bourgeoys. 

A  esté  par  tous  délibéré  et  par  nous  conclud  que  le  d.  procureur  au 
nom  de  ceste  communitté  présentera  requeste  à  la  majesté  royalle 
comme  la  d.  remonstrance  et  conclusion  du 

procureur,   en  poursuyvra  et  luy  sera  alloué  les   fraiz 

qu'il  fera  en  ceste  affaire  qui  seront  remboursés  et  prins  sur  la  recepte 
des  premiers  deniers  proceddans  des  d.  chappelles  et  stipendies, 


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veu  que  les  dîtes  cojifrairies  sont  de  trop  petite  valleut 
pour  ériger  le  d.  collège  et  le  maintenir. 

Le  corps  do  ville  demandait  ainsi ,  non  seulemeni 
l'exécution  ,  mais  l'extension  de  l'édit  en  proposant , 
outre  l'attribution  des  revenus  des  confréries,  celle  des 
chapelles  et  stipendies  ,  ce  à  quoi  il  consentait  tou1 
d'abord  en  ce  qui  le  concernait.  Le  revenu  des  confréries 
était  beaucoup  trop  minime  pour  fonder  un  collège  e1 
c'était  là^  sans  chercher  d'autres  motifs,  une  raison  suffi- 
sante pour  que  les  officiers  du  roi^  après  avoir  mis  ces 
biens  sous  séquestre,  n'eussent  pas  cependant  poursuiv: 
l'exécution  des  mesures  édictées.  Certainement,  les  reli- 
gionnaires  étaient  les  plus  ardents  pour  demander  qu'elles 
ne  restassent  pas  lettre  morte,  et  c'est  d'eux  sans  dout( 
qu'émanait  ce  projet  de  dépossession  des  chapelles  qu: 
avait  dû  rencontrer  de  l'opposition  de  la  part  des  catho- 
liques. Quoiqu'il  en  soit,  l'affaire  n'eut  pas  de  suite;  \z 
guerre  religieuse  s'étant  rallumée  dès  1567,  la  questior 
du  collège  mise  à  l'ordre  du  jour  eu  1566  fut  enterrée  ei 
pendant  toute  la  durée  des  troubles  ne  fut  pas  soulevée  i 
nouveau.  Quand  elle  reparut,  ce  fut  d'ailleurs  sous  unt 
toute  autre  forme,  alors  que  l'édit  de  1560  était  fort  oublie 
et  de  plus  moins  applicable  que  jamais. 

11  serait  cependant  injuste  de  dire  que  le  mouvemeni 
en  faveur  de  l'instruction  publique  se  fût  arrêté.  Il  fui 
ralenti ,  enrayé  même  par  les  circonstances ,  mais  ur 
grand  désir  de  progrès  à  cet  égard  n'en  subsistait  pas 
moins  dans  les  esprits. 

Après  la  pacification,  nous  trouvons  à  la  fin  du  sièch 
établi  à  Niort  un  projèsseur  détonnes  lettres,  AP  François 
Gastaud,  qualifié  de  principal  des  écoles  de  celle  ville 
et  durant  de  longues  années  cette  charge  sera  continuée 
dans  la  famille  Gastaud  ;  les  enfants  et  petits-enfants  d( 
I\P  François  Gaslaud  seront  conservés  à  la  tête  de  l'ensei- 
gnement public.  On  croit  généralement  que  ce  demie] 
était  originaire  de  Niort,  sans  en  avoir  toutefois  la  preuv< 
absolue. 


—  15   - 

La  première  délibération  de  l'assemblée  communale 
où  se  rencontre  le  nom  de  François  Gastaud  est  du 
28  juillet  1600.  Mais,  d'après  les  termes  du  procès-verbal, 
il  exerçait  déjà  depuis  quelques  années.  Quelles  matières 
enseignait-il  1  Nous  n'avons,  à  vrai  dire,  aucun  document 
à  cet  égard  ;  celui  de  ses  descendants  qui ,  très  peu 
d'années  avant  l'établissement  du  collège  de  l'Oratoire, 
était  principal  des  écoles,  professait  jusqu'à  la  sixième 
inclusivement;  il  enseignait  les  éléments  du  latin.  Cela 
est  établi  par  les  pièces  relatives  à  la  fondation  du 
collège  des  Oratoriens,  comme  nous  le  verrons  plus  loin. 
On  peut  induire  du  titre  de  professeur  de  bonnes  lettres 
que  le  premier  des  Gastaud  était  lui  aussi  quelque  peu 
maître  de  langue  latine. 

Il  recevait,  en  1539,  de  la  ville  cent  livres  par  an  (1).  Ce 


(1)  Assemblée  du  28  juillet  1600.  Sur  la  requeste  présentée  par 
André  Bidault  pour  M^  François  Gaslault,  professeur  de  bonnes  lettres, 
principal  des  écoles  de  ceste  ville,  que  pour  lui  donner  d'autant  plus 
d'occasion  et  de  moyens  de  s'employer  dignement  au  faire  de  la  charge 
de  laquelle  il  s'est  jusqu'à  présent  acquitté  au  mieux  de  son  pouvoir, 
estimant  en  avoir  laissé  tesmoignage  sullisant  en  l'avancement  de 
d'aulcuns  enfans  dressés  de  sa  main,  aurions  ordonné  la  somme  de 
33  escuz  ung  tiers  par  chascun  an,  payable  par  les  quatre  quartiers  de 
l'année,  sur  et  de  pareille  somme  que  M"  les  juge  et  consuls  des 
marchands  de  ceste  ville  ont  de  coustume  payer  pour  le  loyer  de  la 
chambre  en  laquelle  ils  tiennent  leur  parquet,  de  laquelle  somme  auroit 
esté  payé  l'année  dernière,  ce  qui  est  dilleré  l'année  présente  par  le 
sr  Goguyn,  à  présent  juge,  qui  a  la  garde  des  deniers  des  amandes 
de  leur  jurisdiction,  et  luy  est  dhcu  de  l'année  présente  deux  quartiers 
escheuz  à  la  l'esté  de  St.jean-Baptisle  dernière,  requiert  à  ceste  lin 
d'estre  paie  des  d.  deux  quartiers  jà  escheuz,  et  qu'à  l'advenir  il  soit 
paie  de  la  d.  somme,  ou  par  tel  aultre  moien  commode  qu'il  sera 
advisé,  alin  qu'il  continue  la  volonté  qu'il  a  toujours  eu  .de  servir 
noslre  d.  corps  et  à  l'enseignement  des  enfans  de  ceste  ville,  a  esté 
délibéré  par  tous,  excepté  par  Chambier,  que  l'assemblée  et  délibé- 
ration du  2(i  mars  1599  sortira  ellel  et  sera  exécutée,  et  en  ce  faisant 
que  les  deux  quartiers  de  la  somme  de  33  escuz  ung  tiers  escheuz 
seront  paies  au  d.  Gastault  et  y  sera  contrainct  le  s''  Goguyn  par  toutes 
voies  dheues  et  raisonnables ,  nonobstant  opposition  et  appellation  et 
sans  préjudice  d'icelles,  et  sera  contiimé  le  d.  payement  au  d.  Gastaud 


0 
n 


du  tribunal  consulaire  qui  prenaient  à  loyer  pour 
somme  une  des  salles  de  l'hôtel  de  ville  où  ils  1 
leurs  audiences.  D'après  un  document  de  1571,  re 
par  M.  Emile  Breuillac  (1) ,  les  juge  et  consuls  î 
alors  fait  les  frais  d'une  réparation  à  la  maison  ce 
qui  dut  évidemment  entrer  en  compte  dans  le  loy( 
payaient  à  l'échevinage,  qui  peut-être  même  cons 
loyer.  Les  registres  de  1578-81  ne  contiennent  ri 
cernant,  soit  le  tribunal  consulaire,  soit  le  princ: 
écoles.  Les  comptes  d'Abraham  Gaschet,  1593-9i 
tionnent  incidemment  un  loyer  de  25  écus,  soit  71 
payé  par  les  juge  et  consuls  qui  d'ailleurs,  d'après 
de  l'article,  ne  versaient  pas  alors  cette  somme  e 
mains  du  principal  des  écoles.  Le  contrat,  en  vertu 
une  salle  de  l'hôtel  de  ville  était  laissée  à  leur  dis; 
moyennant  finance,  est  donc  antérieur  à  la  décis 
laquelle  ce  loyer  fut  attribué  comme  subveE 
François  Gastaud.  Cette  salle  ne  pouvait  être 
moins  grande  des  deux  situées  au  premier  étag( 
où  se  tenait  aussi  à  certains  jours  la  cour  de  juj 
maire. 

Il  est  fort  probable  que  la  délibération  du  26  ma: 
visée  dans  l'assemblée  du  28  juillet  1600  ^  est  c 
constitua  au  principal  des  écoles  son  traitemen 
loyer  de  la  cour  consulaire  porté  depuis  peu  de  t( 
75  à  100  livres,  et  non  sans  résistance  de  la  part 
membres.  Le  procès-verbal  de  1600  et  quelques 
postérieurs  témoignent  du  peu  d'empressemeni 
mettaient  à  s'acquitter  envers  le  corps  de  vill( 
mauvaise  volonté  s'explique  par  ce  fait  qu'ils 
subi    l'augmentation    de   25    livres    forcés    con 

par  chascun  an  scelon  et  au  désir  de  la  d.  assemblée  du  26  m 
et  en  apportant  aquit  du  d.  Gastault  en  seront  deschargés 
et  consuls. 

(1)  La  jxLridiction  consulaire  à  Niort,  par  Emile  Breuills 
(Niort.  Clouzot,  1880),  p.  20. 


—  17 


En  1606,  François  Gastaud  faisait  pour  ses  émoluments 
requête  au  corps  de  ville  qui  ordonnait  le  paiement  par 
les  juges  consulaires  (1).  De  même  en  1609,  et  il  est 
conclu  alors  que  si  les  Juges  consuls  des  marchands 
refusent  de  payer ,  Us  se  pourvoiront  de  chambre 
ailleurs  (2)  Ils  payèrent  et  restèrent  locataires  de  l'éche- 
vinage  jusqu'en  1093,  époque  à  laquelle  ils  s'installèrent 
dans  la  Salle  Dorée  (3).  Il  est  à  observer  que  leur 
loyer  alla  en  diminuant  dans  ce  laps  de  temps  ;  il  fut 
réduit  à  60  livres  et  même  était  un  instant  descendu  à 
40  livres  (4).  La  ville  compléta  d'abord  sur  les  deniers 
patrimoniaux  le  traitement  de  cent  livres  au  principal 
des  écoles,  puis  le  réduisit  à  un  chiffre  représenté  par  le 
loyer  du  tribunal  consulaire,  c'est-à-dire  60  ou  40  livres 
suivant  les  époques  ,  comme  nous  le  préciserons  plus 
loin. 

La  situation  de  François  Gastaud  fut  menacée  en  1613. 
Les  religionnaires  avaient  établi  à  Niort  un  collège  où  l'on 
enseignait  la  grammaire  latine  et  grecque.  Dans  la  séance 
du  mois  de  mai ,  le  procureur  syndic  remonstra  qu'à 
présent  qu'il  y  a  un  collège  establi  en  ceste  ville ,  les 
cent  livres  qui  ont  été  laissées  à  Gastaud,  régent  de  la 
d.  ville,  devaient  être  délaissées  au  d.  collège.  François 
Gastaud  était  catholique,  ce  qui  explique  la  proposition 
faite  contre  lui  et  en  faveur  du  collège  protestant;  mais  le 
sieur  Toucquard,  échevin,  s'opposa  à  ce  qu'iljutrien  innové 
contre  le  dit  Gastaud  qui  continuait  sa   classe j  et  la 


C 

le 

n 


(1)  Assemblée  du  26  août  1606. 

(2)  Assemblée  du  26  mars  1609, 

(3)  La  Juridiction  consulaire  à  Niort...  p.  26. 

(4)  En  1679  ,  le  loyer  des  juges  consuls  fut  élevé  subitement  à 
120  livres.  Par  délibération  du  28  avril,  le  corps  voulut  leur  imposer, 
en  outre  des  60  livres  qu  ils  donnaient  alors  au  principal  des  écoles, 
le  paiement  de  60  livres  d'honoraires  pour  les  prédications  de  la 
dominicale.  Cette  décision  ne  reçut  peut-être  pas  d'exécution  ;  dans 
tous  les  cas  elle  fut  abrogée  très  promptement  par  l'arrêt  de  règlement 
de  1683. 


la,  se  dessinait  l'antagonisme  entre  catholiques  et  p 
testants  qui ,  dix  ans  plus  tard,  en  1622 ,  produise 
suppression  du  collège  protestant,  à  la  suite  de  l'enqu 
faite  par  les  commissaires  royaux.  Il  fut  alors  interdit  : 
religionnaires  d'enseigner  les  grammaires  latine 
grecque;  on  leur  permit  seulement  de  tenir  une  é( 
pour  apprendre  à  lire  et  à  écrire,  et  de  plus  défense 
faite  aux  maîtres  d'avoir  à  dogmatiser  les  écoliers.  N 
donnons  en  note  les  articles  de  l'enquête  où  les  protesta 
d'une  part ,  les  catholiques  de  l'autre ,  exposèrent  le 
griefs  concernant  l'instruction  (1).  Le  principal  du  coll 
des  religionnaires  était  un  écossais ,  nommé  Jacq 
Wilson. 

En  cet  endroit,  il  est  nécessaire  d'ouvrir  une  par 
thèse.  Nous  ne  sommes  plus  sur  le  terrain  de  l'instrud 
primaire.  Le  collège  protestant,  où  l'on  inseigne  les  grc 


(1)  Extrait  des  registres  de  l'hôtel  de  ville 
Supplient  très  humblement  les  habitans  de  la  religion  prétei 
réformée,  résidans  en  la  ville  et  faubourgs  de  Niort,  disans  que  ce 
les  règlemens  faicts  en  la  d.  ville,  l'an  mil  cinq  cent  quatre  vingl 
neuf  le  dix-huict  aoust,  par  aultres  députés  de  Sa  Majesté  en  exéci 
de  ledict  de  Nantes  et  au  préjudice  du  d.  édict  et  articles  s 'étant  fi 
en  faveur  de  la  religion  prétendue  réformée,  ils  auraient  esté  empes 
en  l'exercice  de  l'école  publique  de  gramynaire  latine  et  grec 
establie  en  la  d.  ville,  scelon  et  conformément  aux  articles  secrel 
article  trente-huict  des  particuliers  et  privés  de  toute  commodit 
faire  instruire  leurs  enfans,  sinon  qu'ils  fassent  de  grands  fraiz 
les  envoler  au  loing. 

Les  eschevins,  pairs  et  habitans  catholiques  de  la  ville  de  N 
premièrement,  se  plaignent  de  ce  qu'au  préjudice  de  l'arrest  inter 
sur  aultres  plainctes  présentées  à  Sa  Majesté,  le  25  avril  16-22 
nommé  Jacques  Vilson ,  écossais  de  nation ,  soi-disant  principa 
prétendu  collège  des  dicts  de  la  religion  prétendue  réformée,  a 
toujours  faict  et  exercé  la  d.  profession  et  enseigné  en  sa  maison 
sieurs  escoliers  tant  forains  que  de  la  d.  ville,  donné  plusieurs  inst 
lions  scandaleuses  et  contre  la  d.  religion  catholique, 


—  19 


maires  latine  et  grecque^  l'école  catholique  de  François 
Gastaud  ,  qui  rivalise  ou  cherche  â  rivaliser  avec  cet 
enseignement,  sont  des  établissements  qui  donnent  au 
moins  les  éléments  de  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui 
l'instruction  secondaire.  Les  documents,  de  1454,  1535, 
avaient  trait  à  de  simples  maîtres  d'école,  enseignant  la 
lecture,  l'écriture  et  sans  doute  un  peu  de  grammaire 
française;  mais  il  parait  évident  que  vers  le  milieu  du 
siècle  il  y  eut  à  Niort  une  sorte  d'éveil  du  goût  des  lettres, 
mouvement  ralenti,  sinon  complètement  arrêté  pendant 
les  guerres  de  religion^  repris  et  nettement  dessiné  après 
la  pacification.  Cet  enseignement  plus  élevé  fut  alors  le 
seul  que  la  ville  subventionnât. 

Les  registres  très  complets  de  1599  à  1625  ne  com- 
prennent d'autre  allocation  à  des  maîtres  que  celle  de 
François  Gastaud,  et  cependant  il  y  avait  à  la  même 
époque ,  d'autres  régents ,  d'autres  instructeurs  de  la 
jeunesse.  Dans  la  Déclaration  des  tailles  de  1619  {\),  nous 
relevons  une  maison ,  sise  rue  Notre-Dame ,  à  Pierre 
Fourestier^  instructeur  de  la  jeunesse ,  une  autre  rue 
Saint-François  à  Pierre  Boudard,  régent.  Dans  une  sup- 
plique à  l'intendant  de  plusieurs  habitants  qui,  en  1678, 
arguent  de  leur  pauvreté  pour  être  exemptés  de  la  taille, 
on  trouve  le  nom  de  Jean  Texier,  régent.  Les  registres 
de  l'état-civil  des  religionnaires,  pendant  le  dix-septième 
siècle,  nous  donnent  en  outre  un  grand  nombre  de  noms 
de  maîtres,  cjue  voici  avec  les  qualifications  inscrites  : 
David  Arnaud,  régent.,  instructeur  de  jeunesse  ;  Pierre 
Devillars,  instructeur  de  jeunesse  ;  Isaac  Andraud,  ins- 
tructeur de  jeunesse.  On  y  trouve  en  outre  le  nom  de 
Jean  Chevalier,  régent  en  la  langue  latine,  mort  en  1673  ; 
ce  qui  prouve  que  malgré  l'interdiction  de  1622,  les  pro- 
testants avaient  trouvé  moyen  de  faire  enseigner  à  leurs 
enfants  autre  chose  que  la  lecture  et  l'écriture. 

Les  maîtres  du  premier  degré,  catholiques  et  protestants, 


Q 


(1)  Bihliothhque  de  la  Société  de  statistique.  Fonds  Briquet. 


années  du  dix-huitième  siècle  un  indice  de  subvention 
l'autorité  civile  à  l'enseignement  primaire.  M.  Doi 
intendant  du  Poitou,  demandait,  par  lettre  du  15  mai  1 
l'autorisation  d'imposer  sur  la  ville  de  Niort  une  sot 
de  200  livides  qui  serait  répartie  entre  quatre  ma 
d'école  ayant  charge  d'instruire  chacun  dix  pauvr 
cjui  ne  leur  a  pas  été  payée  depuis  l'année  1703  (1).  ] 
Tarrêt  de  1683  ne  comprenait  pas  ce  chef  de  dépensi 
rien  non  plus  ne  s'y  rapportant,  ni  dans  les  registre 
dans  les  comptes  communaux,  il  ne  parait  pas  que 
gages  de  maître  d'école  aient  jamais  été  affaires  de  l'é 
vinage  (2). 

Deux  pièces  postérieures  à  1789  nous  éclairent  un 
sur  la  situation  de  l'enseignement  primaire  dans  les 
nières  années  de  l'ancien  régime,  et  si  l'on  admet,  coi 
cela  est  vraisemblable,  qu'elle  n'était  pas  nouvelle,  i 
résulte  que  l'autorité  ecclésiastique  avait  presque  enti 
ment  pris  à  sa  charge  les  écoles  primaires,  du  jou: 
l'éclie vinage  avait  jugé  ne  devoir  faire  de  sacrifices 
pour  un  enseignement  plus  élevé.  Dans  une  requête 
date  précise,  le  sieur  Pierre  Coulon  exposait,  peu  a 
1789,  aux  officiers  municipaux  qu'il  avait  été  chois 

(1)  Correspondance  des  contrôleurs  généraux  avec  les  intend 
Recueil  de  Boislisle,  T.  n,  n°  1034. 

(2)  A  Bressuire,  vers  la  même  époque,  la  ville  faisait  quelques  s 
fiées  pour  l'instruction  primaire,  mais,  à  vrai  dire,  aurait  eu  l'ami 
de  les  faire  pour  un  enseignement  plus  élevé.  M.  d'Ableiges,  intei 
du  Poitou,  par  lettre  du  21  mai  1710,  proposait,  conformément 
demande  des  habitants  de  Bressuire,  d'établir  un  régent  d'école 
enseigner  le  latin,  aux  gages  de  60  livres  par  an  payables  sur  les  de 
d'octroi,  avec  la  faculté  de  prendre  20  sols  par  mois  à  chaque  écoli 
l'exemption  des  charges  publiques,  mais  à  la  charge  de  ne  reci 
que  des  catholiques  et  de  leur  donner  l'instruction  religieuse 
marge,  le  contrôleur  général  a  écrit  :  Mailre  d'école  seulen 
(Correspondance  des  contrôleurs  généraux  avec  les  intendi 
Recueil  de  Boislisle,  T.  n,  n°  133.) 


—  21  — 


1787  par  l'évêque  de  Poitiers  pour  tenir  une  école  gratuite 
dans  la  paroisse  de  Notre-Dame.  La  municipalité,  par 
suite  des  événements,  avait  pris  la  charge  des  institutions 
de  ce  genre,  mais  avait,  pour  cause  d'économie,  réuni  les 
écoles  de  Saint-André  et  de  Notre-Dame  ;  le  requérant 
demandait  à  être  conservé  dans  son  emploi  et  dans  son 
traitement  qui  était  de  60  livres  par  an.  D'autre  part, 
Françoise  Brunet,  veuve  Simonnet  et  Jeanne  Caillas, 
instituées  pour  les  paroisses  de  Notre-Dame  et  de  Saint- 
André  par  révéque  de  Poitiers,  réclamaient  leur  ancien 
traitement,  en  tout  cent  livres  par  an,  pour  l'exercice  de 
leurs  fonctions  qu'elles  avaient  continuées. 

A  ces  quelques  renseignements  se  borne  ce  que  nous 
pouvons  dire  de  l'enseignement  primaire  à  Niort.  Ce  qu'il 
nous  reste  à  exposer  touchant  l'instruction  publique  se 
rapporte  aux  écoles  tenues  par  les  descendants  de  François 
Gastaud  et  au  collège  des  Oratoriens. 

François  Gastaud  mourut  en  1624,  laissant  deux  fils, 
Denis  et  François,  qui  succédèrent  â  leur  père  en  qualité 
de  professeurs.  Ils  demandèrent  au  corps  de  ville  une  aug- 
mentation de  traitement  qui  leur  fut  accordée  dans  la 
séance  du  20  juin  1624  (1).  On  leur  alloua  150  livres. 
Quelque  temps  après,  ils  proposèrent  d'établir  â  Niort  une 
forme  de  collège,  avec  trois  classes,  si  on  voulait  leur 


(1)  Assemblée  du  20  juin  162i.  Sur  la  requeste  de  M^s  Denis  et 
François  Gastault,  professeurs  de  bonnes  lettres,  enfants  de  feu  M*  F. 
Gastault,  maître-ès-arts,  à  ce  qu'il  plaise  au  corps  de  céans  leur  con- 
tinuer la  somme  de  cent  livres  que  le  corps  avait  accoustumé  de 
donner...  et  augmenter  de  telle  autre  somme  qu'il  plaira  au  d.  corps, 
attendu  qu'ils  sont  deux  qui  s'efforcent  de  continuer  l'instruction  de  la 
jeunesse  que  faisait  feu  F.  Gastault  leur  père,  a  esté  par  tous  dellibéré 
et  par  nous  conclud  que  le  corps  de  céans  donnera  par  chascun  an  sur 
les  deniers  patrimoniaux  à  M<=s  Denis  et  François  Gastault  frères  la 
somme  de  cent  cinquante  livres,  aultant  et  sy  long-temps  qu'ils  conti- 
nueront la  charge  du  d.  F.  Gastault,  leur  père,  pour  l'instruction  des 
enfans  et  jeunesse  de  ceste  ville,  à  commencer  du  premier  quartier  à  la 
St-Micliel  prochaine  et  continuer  de  quartier  en  quartier. 


un  commencement  a  exécution,  puisque  le  aernier  qm 
de  l'année  1624  leur  fut  payé  sur  le  pied  de  400  livre 
La  lacune  de  registres  qui  existe  après  1625  nous 
pêche  de  suivre  cet  essai  de  collège  ;  nous  savons  ceper 
qu'il  ne  fut  pas  couronné  de  succès.  Il  ressort  des  te 
d'une  délibératioii  du  25  octobre  1641  (3)  que  les  i 


(i)  Assemblée  du  li  septembre  162i.  Veu  la  d.  exposition 
scindiq  que  M^*  François  et  Denis  Gastault  frères  veulent  entrep 
une  forme  de  collège  en  ceste  ville,  en  leur  donnant  le  d.  c( 
céans  quatre  cens  livres,  a  esté  par  tous  dellibéré  et  par  nous  c 
à  la  pluralité  des  voix  que  les  d.  Gastault  frères  auront  la  son 
quatre  cens  livres...  que  les  d.  Gastault  feront  les  trois  classes  ex 
par  le  d.  scindiq...  tant  et  sy  long-temps  que  les  d.  Gastaud  frères 
les  d.  classes. 

(2)  Assemblée  du  31  janvier  1625.  Sur  la  requeste  présent 
M«^  Denis  et  François  Gastault,  professeurs  de  bonnes  lettre: 
d'estre  payés  du  quartier  à  culx  dheu  et  escheu  à  la  St-Michel  à 
de  cent  cinquante  livres  par  an,  et  le  quartier  escheu  à  Noël  à 
de  quatre  cens  livres,  aussy  par  an,  suyvant  les  assemblées  di 
de  céans  portant  que  les  d.  sommes  leur  seront  données,  a  esté  p 
dellibéré  et  par  nous  conclud  à  la  pluralité  des  voix  que  les  d.  G 
seront  payez  des  d.  sommes  et  quartiers  à  eulx  dheus,  sçavoii 
escheu  à  la  St-Michel,  à  raison  de  cent  cinquante  livres  par  an,  e 
escheu  à  Noël,  à  raison  de  quatre  cens  livres  aussy  par  an 
deniers  patrimoniaux  de  céans. 

(3)  Assemblée  du  25  octobre  16il.  Remonstré  par  le  pr( 
scindiq  que  pour  le  bien  du  général  et  particulier  des  habitans  d 
ville  et  évitter  une  excessive  dépense  qu'on  est  obligé  de  faire  p 
enfans  envoyez  aux  estudes  hors  ceste  ville  qu'il  serait  à  désirer 
collège,  au  moins  de  trois  classes,  y  fust  estably  et  à  ceste 
rechercher  les  moyens  et  les  assurances. 

Le  corps,  d'une  commune  voix,  a  approuvé  la  d.  proposition  et 
icelle  fort  avantageuse  aux  habitans  de  ceste  ville,  et  afin  que  le 
puissent  estre  certains  pour  le  d.  establissement,  joint  que  le  c( 
pas  fondz  pour  y  suffire,  qu'il  sera  supersédé  jusqucs  à  nostre 
de  Paris  pour  scavoir  sy  on  y  trouvera  quelque  avantage  et  l'es] 
que  le  corps  a  de  faire  restablir  les  denyers  d'octroy,  et  ce  faici 
S""  Gastaud,  instruisant  la  jeunesse,  sera  mandé  pour  scavoir  de 
désirrait  entrer  dans  la  composition  du  d.  collège  en  considéra 
bien  que  son  père  et  luy  ont  aporté  en  ceste  ville. 


23 


Gastaud  ne  réussirent  pas  dans  leur  entreprise,  et  très 
probablement  la  subvention  de  400  livres  ne  leur  fut  pas 
allouée  longtemps.  En  1641,  une  proposition  d'établisse- 
ment d'un  collège  était  de  nouveau  faite  au  corps  de  ville 
dans  des  conditions  identiques  à  celles  qui  avaient  été 
indiquées  en  1624.  Le  sieur  Gastaud,  car  il  n'est  plus  ques- 
tion que  d'un  seul  des  deux  frères,  est  invité  a  entrer  dans 
la  composition  du  d.  collège,  mais  il  ne  doit  plus  en  être 
le  chef,  le  principal.  On  lui  offre  simplement  une  chaire 
dans  le  futur  établissement  en  considéracion  du  bien  que 
son  père  et  lui  ont  apporté  en  caste  ville.  Malgré  cette 
louange,  on  doit  penser  néanmoins  que  lui  et  son  frère 
avaient  assumé,  en  1624,  une  tâche  au-dessus  de  leurs 
forces. 

Dans  cette  même  assemblée  du  25  octobre  1641,  il  avait 
été  décidé  que  le  maire,  Jean  Briand,  irait  à  Paris  pour 
tâcher  de  faire  restablir  les  denyers  d'octroy.  La  situation 
financière  de  la  ville  était  alors  en  effet  des  plus  précaires, 
comme  nous  l'avons  indiqué  et  développé  en  traitant  des 
revenus  de  la  commune  (1).  Le  voyage  du  maire  fut  sans 
résultats  et  cette  deuxième  tentative  d'établissement  d'un 
collège  échoua  comme  la  première,  faute  de  fonds  sinon 
pour  d'autres  motifs. 

Les  frères  Gastaud  restèrent  donc  à  Niort  la  source 
unique  où  les  enfants  pussent  aller  puiser  le  savoir.  En 
1645,  François,  le  seul  qui  exerçât,  touchait  cent  livres, 
comme  jadis  son  père  (2).  Le  traitement  de  150  livres  qui, 
en  1624,  avait  été  fait  aux  deux  frères,  était  réduit  à 
l'ancien  taux,  probablement  depuis  le  jour  où  l'un  des 
deux,  soit  qu'il  fût  mort,  soit  qu'il  se  fût  retiré,  avait 
cessé  ses  fonctions.  Les  cent  livres  étaient  fournies,  savoir  : 
40  livres  par  les  juges  consuls  pour  loyer  de  leur  chambre 
d'audience^  60  livres  sur  les  deniers  patrimoniaux. 


r 

r 


(1)  Première  partie,  p.  49. 

(2)  Archivies  de  Niort,  n"  962.   Comptes  de  Claude  Arnaudeau, 
1645-1646. 


Il  était  pair  du  corps  et,  dans  l'assemblée  du  29  septem 
il  fut  arrêté  «  l'unanimité  que  la  place  serait  confiée^/ 
à  Denis  Gastaud,  son  fils,  attendu  les  services  qu'a  rei 
le  père  et  ceux  que  le  dit  Denis  rend  au  public.  E 
Gastaud  avait  un  frère  appelé  Laurent  qui  professait 
lui;  depuis  quelque  temps  sans  doute,  tous  les  ( 
avaient  remplacé  leur  père.  Leur  traitement  était  b 
coup  moindre  qu'autrefois  ;  il  avait  été  réduit  à  40  li 
faites  uniquement  par  le  loyer  de  la  cour  consulaire, 
faut  pas  en  conclure  qu'ils  eussent  démérité  ;  les  terme 
la  susdite  délibération  prouvent  qu'ils  n'avaient  d( 
aucun  motif  de  plainte.  Bien  au  contraire  peut-être, 
école  avait  prospéré  et  la  rétribution  payée  par  les  él 
était  sans  doute  assez  importante  pour  que  le  corps 
pensé  pouvoir  diminuer  la  subvention. 

Ce  traitement  fut  cependant  augmenté  en  1678  et  j 
à  60  livres,  ce  que  l'échevinage  fit  sans  bourse  délier,  c 
à-dire  qu'il  porta  à  60  livres  le  loyer  de  la  cour  consul 
Les  deux  délibérations  des  30  décembre  1678  et  4  jai 
1679  prouvent  que  les  juges  des  marchands,  comme  a 
fois,  payaient  malaisément  et  de   mauvaise   grâce 

(1)  Assemblée  du  30  décembre  1678.  A  esté  pareillement  rem» 
que  M"  Denis  et  Laurent  Gastaud ,  suppost  du  collège  de  ceste 
n'ont  esté  payés  de  la  somme  de  40  livres  de  gages  qui  leur  on 
octroyés  par  'Sl''^  du  corps  pour  les  services  qu'ils  rendent  au  public 
l'instruction  de  la  jeunesse,  à  prandre  sur  les  amandes  qui  se  des; 
à  la  Cour  consulaire  et  pour  les  loyers  de  la  d.  chambre  en  laque 
juges  consuls  des  marchands  de  cette  ville  rendent  justice,  pour  le 
escheu  à  la  Saint-Michel  dernière  passée,  et  sont  les  d.  juges  cons 
greffiers  refuzans  de  leur  en  faire  le  payement. 

A  esté  délibéré  et  par  tous  unanimement  conclud  que  les  d.  s"" 
teau  seroient  payés  de  la  somme  de  40  livres,  et  à  cet  effet  nous,  i 
prendrons  la  peine  de  faire  adviser  les  d.  juges  et  grelTiers  de  f; 
payement  de  la  d.  somme  dans  le  jour,  aultrement  et  à  faulte  de  ci 
que  la  porte  de  l'hôtel  de  ville  et  de  la  chambre  consulaire  leur 
fermées,  mesme  ont  esté  d'advis  que  dorénavant  il  sera  payé  < 
Gasteau  la  somme  de  60  livres  par  an. 

Assemblée    du    i    janvier  1679.   Arresté  que  les   juges  C( 


■ 


-  25  — 

L'arrêt  de  1683,  qui  régla  les  dépenses  de  la  ville, 
réduisit  définitivement  à  40  livres  les  émoluments  du  prin- 
cipal des  écoles. 

Au  début  de  l'année  1679,  le  corps  de  ville  reprit  pour 
la  troisième  fois  l'idée  de  fonder  un  collège,  cette  fois  plus 
complet,  composé  de  cinq  classes  des  humanités  et  de  la 
philosophie.  Il  offrit  cet  établissement  à  la  congrégation 
de  l'Oratoire,  qui  était  établie  à  Niort  depuis  1624.  A 
cette  époque,  le  corps  avait  fait  des  démarches  pressantes, 
non  seulement  pour  avoir  une  maison  de  l'Oratoire  (1), 
congrégation  enseignante  pour  les  jeunes  gens ,  mais 
encore  une  maison  de  religieuses  Ursulines  pour  l'instruc- 
tion des  filles.  Il  donna  mille  livres  à  ces  dernières  pour 
faciliter  leur  établissement,  qui  eut  lieu  en  1625(2).  Quant 
aux  Oratoriens,  ils  s'étaient  installés  à  Niort  l'année  pré- 


donneront pour  la  location  de  la  chambre  la  somme  de  60  livres  aux 
S"  Gastaud  et  feront  les  réparations  nécessaires  à  la  d.  chambre,  les 
60  livres  payables  par  quartier,  et  faulte  de  ce  seront  descheus  de  la 
chambre. 

(1)  Assemblée  du  15  mars  1623.  Le  d.  Coyaud,  scindiq  a  remonstré 
que  l'exercice  de  l'establlssement  des  pères  de  la  congrégation  de  l'Ora- 
toire en  ccste  ville  de  Nyort  a  esté  différé  jusques  à  présent  au  sujet  des 

troubles On  escrira  à  Mgr  l'Evesque  de  Poictiers  et  au  Général  de 

la  congrégation  de  présent  à  Paris  pour  les  supplier  très  humblement  de 
voulloir  faire  advancer  l'establisseraent  des  pères  de  la  congrégation  en 
ceste  ville. 

(2)  Assemblée  du  17  février  1625.  Sur  la  remonstrance  du  sieur 
Maronneau,  procureur  scindiq,  qu'il  y  a  en  ceste  ville  un  grand  nombre 
de  personnes  qui  désirent  l'eslablissement  de  religieuses  Ursulines  pour 
l'instruction  des  filles,  lesquelles  religieuses  oflrent  de  venir  en  ceste 
d.  ville,  s'il  plaist  à  la  ville  d'y  consentir  de  les  recepvoir,  leur  assister 
de  quelques  commodités  pour  leur  d.  cstablissement ,  a  esté  par  tous 
délibéré  et  par  nous  conclud  à  la  pluralité  des  voix  que  le  corps  de  céans 
procurera  le  d.  cstablissement  des  d.  religieuses  Ursulines  à  son  pou- 
voir... et  à  ceste  Un  sera  donné  à  iceiles  religieuses  une  fois  payé  par 
le  d.  corps  de  céans  mille  livres  tournois  des  plus  clairs  deniers  du 
corps  par  le  recepveur  de  céans.  Assemblée  du  20  août  1625.  Les 
religieuses  Ursulines  requièrent  la  somme  de  mille  livres  promise. 


C 


presque  un  siècle  avant  qu'ils  pussent  y  fonder  un  coll 
Il  ne  suffisait  pas,  en  elïet,  que  le  corps  de  ville  fût 
désireux  de  leur  confier  cet  établissement;  il  fallait  er 
leur  fournir  les  ressources  nécessaires  pour  crée: 
installer  une  maison  c[ui  comprît  la  série  complète 
classes  de  l'enseignement  secondaire.  Nous  ignc 
absolument  s'ils  contribuèrent  à  l'instruction  pendai 
temps  où  ils  n'eurent  pas  de  situation  officielle.  Fi] 
ils  quelques  cours  publics?  Professèrent-ils  dans  F 
rieur  des   familles  ?   Aucune   indication   ne    se   tr 


(1)  Cette  congrégation  fut  établie  en  France,  avec  la  permissi 
roi  Henri  IV,  par  le  cardinal  de  BéruUe,  au  mois  de  décembre 
elle  fut  approuvée  et  confirmée  par  une  bulle  du  pape  Paul 
9  mai  1603.  La  ville  de  Niort  désira  d'en  avoir  une  maison  ;  en 
Messire  Jacques  Gastaud,  docteur  en  théologie^  prêtre  de  la  c( 
gation,  natif  de  Niort,  acquit  de  M>"  de  S'-Gelais  une  maison  a 
alors  l'hôtel  de  la  Médaille  ,  ou  b  Grand-Maure  ,  qu'il  céda 
mars  1G19  à  M^  Thoreau,  fondé  de  pouvoir  de  Mgr  le  cardii 
BéruUe,  avec  agrément  de  M""  Chastaigner  de  la  Roche-Posay,  ( 
de  Poitiers  qui,  sollicité  par  les  officiers  municipaux  ,  consen 
16  avril  1624,  que  des  prêtres  de  ceUe  congrégation  s'établis 
Niort,  y  fissent  le  service  divin  dans  l'église  de  chapitre  prépar 
eux  à  cet  effet  et  y  exposassent  le  Saint-Sacrement.  Cependant 
église  ou  chapitre  n'était  point  ce  qu'elle  est  aujourd'hui,  puis* 
permission  donnée  par  Mgr  l'évêque  de  Poitiers  pour  bénir  la  pn 
pierre  est  du  18  mars  1650.  L'église  n'a  été  finie  qu'en  1653  et 
le  21  juillet.  En  s'établissant  à  Niort,  les  prêtres  de  l'Oratoire  n'y 
d'abord  d'autre  fonds  ou  revenu  que  leur  maison.  Le  même 
Gastaud,  qui  doit  en  être  regardé  comme  le  fondateur  dans  cetti 
était  titulaire  du  prieuré  de  S'-Thomas  de  Croisé  près  Niort  ;  il 
sa  démission  entre  les  mains  du  pape  pour  en  pourvoir  la  dite  i 
et  il  en  poursuivit  la  réunion  qui  se  fit  en  1628,  du  consentem 
Mgr  le  cardinal  évêque  du  Bellay,  présentateur  du  dit  prieuré,  ( 
prieur  de  Chetay,  ordre  de  S'-Augustin.  Le  roi  autorisa  par  ui 
de  son  conseil  cette  réunion  qui  fut  approuvée  par  Mgr  l'évêc 
Poitiers.  Le  collège  s'a  été  établi  qu'en  1720  par  arrêt  du  ( 
d'Etat  du  roi  du  30  avril,  lettres  patentes  sur  icelui  du  20  mai 
gistrées  en  Parlement  le  6  février  1721.  (Affiches  du  Poitou,  r 
du  15  septembre  1774.) 


—  27  — 

à  cet  égard  dans  les  termes  de  la  délibération  que  nous 
allons  reproduire  ;  dans  tous  les  cas ,  s'ils  enseignèrent 
quelquefois,  ce  dut  être  dans  une  mesure  fort  restreinte. 
Le  projet  de  fondation  d'un  collège  fut  présenté,  dans 
l'assemblée  du  27  janvier  1679,  par  le  maire  qui  était  alors 
Philippe  Cochon,  s''  du  Puy,  docteur  en  médecine.  Nous 
ne  pouvons  mieux  faire,  pour  exposer  les  motifs  déter- 
minants et  les  moyens  proposés,  que  de  donner  la  copie 
textuelle  du  procès-verbal  de  la  séance  où  fut  discutée 
cette  question  : 

«  Propozé  par  nous  d.  maire  Cju'un  des  plus  grands 
avantages  que  l'on  puisse  procurer  à  ceste  ville  est  l'esia- 
blissement  d'un  collège  pour  l'instruction  de  la  jeunesse, 
d'où  naistraient  plusieurs  biens  spirituels  et  temporels  en 
ce  que  premièrement  les  esprits  de  la  jeunesse  y  seroient 
cultivez  et  formez  aux  bonnes  mœurs  et  aux  belles-lettres, 
que  le  libertinage  des  enfans  causé  par  leur  oisiveté  seroit 
banny,  la  plupart  des  habitans  de  ceste  ville  n'aiant  pas  le 
pouvoir  de  les  envoier,estudier  dans  les  autres  collèges  cir- 
convoisins.  Déplus,  ce'seroitun  moien d'avoir  des  prebstres 
en  nombre  plus  considérable  en  ceste  ville,  en  aiant  beau- 
coup de  besoing  vu  le  petit  nombre  qui  est  aux  paroisses, 
ce  qui  ne  contribueroit  pas  peu  à  l'augmentation  de  la 
religion  catholique  de  ceste  ville  où  la  religion  prétendue 
réformée  a  toujours  beaucoup  de  règne.  Mais,  outre  les 
avantages  spirituels ,  ceste  ville  en  retireroit  beaucoup 
d'utilités  temporelles,  en  ce  qu'en  premier  lieu  l'argent 
qui  en  sort  pour  les  pensions  des  enfans  en  assez  grand 
nombre  que  ceux  qui  en  ont  les  moiens  sont  obligez 
d'envoier  estudier  ailleurs  seroit  retenu  en  ceste  ville,  et 
de  plus  ceux  des  environs  qui  envoieroient  leurs  enfans 
au  collège  aporteroient  de  l'argent  considérablement, 
ce  qui  feroit  subsister  beaucoup  de  familles  et  donneroit 
moien  aux  marchands  de  vendre  et  débiter  les  marchan- 
dises et  denrées  nécessaires  à  la  nourriture  et  entretien 
des  escoUiers,  mesme  pourroit  fournir  occasion  à  plusieurs 


—  28  - 

personnes  de  la  campagne  de  venir  s'establir  en  ceste 
ville  pour  y  faire  estudier  les  enfans,  qui  aideroient  à 
payer  la  taille  qui  est  extrêmement  grosse  et  autres 
charges  de  ceste  ville  ,  laquelle  est  considérable  ,  fort 
commode  et  spatieuse  pour  avoir  un  collège ,  estant  la 
seconde  en  la  province  et  bien  propre  pour  cela,  aiant 
une  rivière  navigable  et  encores  un  siège  roial,  eslection 
et  bourse  de  marchands,  et  lorsque  les  Révérends  Pères 
de  l'Oratoire  s' establirent  en  ceste  ville,  ce  fut  avec  ceste 
condition  cju'ils  enseigneraient  et  feroient  des  classes  ; 
mais  comme  ils  n'ont  point  eu  de  fondation  pour  cela, 
l'on  a  esté  privé  de  ceste  espérance  :  néantmoings  comme 
la  majeure  partie  des  habitans  ne  sont  en  pouvoir 
d'envoier  leurs  enfans  ailleurs,  que  plusieurs  auroient 
l'intention  de  les  faire  estudier  ,  le  dit  a  eu  plusieurs 
conférences  à  ce  sujet  avec  les  d.  pères  de  l'Oratoire,  et 
le  R.  P.  Denis,  supérieur ,  nous  a  dit  qu'il  en  avait  com- 
muniqué aux  supérieurs  de  la  congrégation  qui  luy  ont 
tesmoigné  qu'ils  auroient  une  forte  inclination  pour  Festa- 
blissement  du  d.  collège  en  leur  maison,  afin  de  rendre 
le  service  au  public,  lesquels  enseigneroient  jusquesàla 
philosophie  inclusivement  moyennant  une  fondation  suf- 
fisante ,  et  comme  il  est  impossible  de  trouver  autre 
expédient  que  d'appliquer  soubz  le  bon  plaisir  du  Roy 
une  partie  des  deniers  d'octroy  de  ceste  communauté 
qui  ne  sauroient  estre  plus  utilement  emploiez,  les  d. 
pères  aiant  assez  de  logement  à  l'exception  de  quelques 
classes  dont  la  despence  ne  seroit  pas  grande  ,  nous 
requérons  que  la  compagnie  délibère.  » 

«  A  esté  unanimement  délibéré,  arresté  et  par  nous 
conclud  que  l'on  accepteroit  les  offres  des  RR.  PP.  de 
l'Oratoire  et  que  le  corps  consent  à  ceste  fin  soubz  le  bon 
plaisir  de  Sa  Majesté  qu'il  soit  pris  annuellement  sur  le 
prix  du  bail  de  la  moitié  du  dixième  la  somme  de  mille 
livres,  payable  par  l'adjudicataire  aux  d.  pères  de  l'Ora- 
toire, moyennant  qu'ils  establiront  le  collège  composé  de 


—  29  — 


cinq  classes  des  humanité:^  et  de  la  philosophie,  à  perpé- 
tuité, ce  que  les  d.  pères  se  chargeront  de  faire  agréer  à 
Sa  Majesté  qui  en  sera  très  humblement  suppliée  de 
manière  que,  moyennant  la  somme  de  mille  livres  prise 
sur  le  bail  de  la  moitié  du  dixième,  le  corps  ne  sera  obligé 
d'y  contribuer  aucune  autre  chose  que  le  présent  consen- 
tement, n'y  mesme  qu'à  l'advenir  ,  pour  quelque  cause 
que  ce  puisse  estre,  les  d.  Pères  puissent  directement  ou 
indirectement  s'adresser  au  général  ny  au  particulier  du 
corps,  à  quoy  ils  renonceront  par  le  concordat  qui  en  sera 
passé  avec  eux,  pour  lequel  passer  ou  en  régler  les  clauses 
et  conditions  ont  esté  nommez  commissaires  avec  nous  d. 
maire  et  le  procureur  sindic  les  personnes  de  Christophle 
Augier,  Philippe  Gauguing,  eschevins^  Louis  Madien  et 
Pierre  Vaslet  l'esné,  pairs,  lesquelles  clauses  et  concordat 
dressés,  que  sera  auparavant  que  cela  passe  porté  au  corps 
pour  l'aprouver,  et  que  pour  le  bastiment  des  classes  on 
sollicitera  tout  aultant  que  l'on  pourra  les  particuliers  à 
contribuer  suivant  leurs  forces  ,  et  se  mettront  les  d. 
Pères  en  estât  de  faire  cet  cstablissement  le  plus  tost 
que  faire  se  pourra  ,  afin  que  cela  faict  et  lorsqu'ils 
enseigneront  efïectivement  ils  reçoivent  la  d.  somme  de 
mille  livres  mesme  dès  la  feste  de  S'^-Michel  prochaine, 
sy  faire  se  peult  et  que  les  enfans  de  la  religicui  pré- 
tendue réformée  seront  reçus  indistinctement  avec  les 
cathohques.  » 


r 


n 


Ce  dessein  de  collège  paraissait  établi  sur  des  bases 
plus  solides  que  ceux  qui  avaient  précédé.  On  s'adressait 
à  une  congrégation  dans  le  sein  de  laquelle  on  était  assuré 
de  trouver  les  ressources  de  savoir  nécessaires  pour  l'en- 
seignement ;  puis  le  corps  offrait  une  subvention  annuelle 
de  mille  livres.  Cependant  il  ne  fut  donné  aucune  suite 
au  projet.  Pendant  les  deux  années  que  subsista  encore 
le  corps  des  cent  pairs,  aucune  discussion  nouvelle  n'eut 
lieu  à  ce  sujet;  du  moins,  pas  une  trace  n'en  est  restée 
dans  les  registres  de  l'époque.  Le  maire,  Cochon  du  Puy, 


préparait  aeja  ja  aeciieance  ou  corps  ue  vuiu  qui 
effectuée  en  1681  ;  il  paraît  donc  certain  que  la  pro] 
sition  ne  rencontra  aucun  appui  de  la  part  de  l'autor 
royale.  D'un  autre  côté,  les  offres  de  Téchevinage  fur< 
sans  doute  regardées  comme  insuffisantes  par- les  su] 
rieurs  de  l'Oratoire.  Après  que  la  mairie  perpétuelle  ( 
été  imposée  h  la  ville  en  1692  ,  l'établissement  d 
collège  fut  sûrement  une  des  choses  dont  se  préoccupa 
moins  l'acquéreur  de  la  charge,  le  sieur  de  Pierre-Lev 
D'ailleurs,  aucune  initiative  en  ce  sens  n'était  possible 
milieu  des  embarras  financiers  de  la  fin  du  règne 
Louis  XIV  ;  ce  fut  seulement  après  la  mort  du  grand 
que  les  habitants  de  Niort  purent  soulever  de  nouveai 
question  du  collège  si  souvent  débattue  et  la  faire  aboi 
enfin^  un  siècle  après  leur  première  tentative  et  quara 
ans  après  l'échec  de  la  troisième. 

Durant  ce  dernier  intervalle,  la  ville  n'eut  donc,  con' 
auparavant,  d'autre  collège  que  celui  des  frères  Gasta 
En  1713,  le  principal  en  était  encore  Laurent  Gasta 
celui  qui,  à  la  mort  de  son  père,  lui  avait  succédé  dan 
corps  de  ville.  Il  mourut  cette  année-là,  et  son  fils  Jacc 
Gastaud,  le  dernier,  croyons  nous,  de  cette  dynastie 
professeurs,  fit  requête  pour  être  investi  des  foncti 
qu'avait  exercées  son  père  ,  ce  qui  lui  fut  accordé 
décision  du  22  décembre  (1).  11  occupa  la  place  peu 

(1)  Assemblée  du  22  décembre  1713.  Aujourd'huy  22  décembre  i 
par  devant  nous  Jacques  de  Chasteauneuf,  chevalier,  s»"  de  Pierre-L 
la  Rivière ,  la  Goupillière  et  autres  lieux  ,  lieutenant  du  roy  dai 
ville  et  chasteau  de  Nyort,  maire  perpétuel  d'icelle  et  lieutenant  gé 
de  police  du  d.  lieu,  Pierre  Thibault  de  Boutteville,  conseiller  du 
receveur  des  tailles  de  la  ville  et  élection  de  Nyort,  Symon  Guillaui 
ancien  conseiller  du  roy  et  commis  aux  inventaires,  André  Laf 
conseiller  du  roy  et  son  procureur  en  l'élection  du  d.  Nyort, 
eschevins  du  corps  de  cette  ville, 

A  comparu  en  sa  personne  Jacques  Gastaud,  fils  de  défunt  M^  La 
Gastaud,  principal  du  collège  de  cette  ville,  lequel  nous  a  remontn 
le  jour  d'hier  il  présenta  sa  requête  à  nous  d.  sieur  de  Pierre-L 


—  31  — 


temps;  en  1722,  il  n'existait  plus,  et  la  classe  qu'il 
faisait  fut  réunie  au  collège  de  l'Oratoire,  ainsi  qu'on  le 
verra  plus  loin.  Quatre  générations  de  cette  famille  avaient 
ainsi  professé  â  Niort  sans  interruption.  Le  dernier  de  ces 
maîtres  portait  le  même  prénom  que  le  père  Jacques 
Gastaud,  qui  doit  être  considéré  comme  le  fondateur  de 
rOratoire  â  Niort.  Il  est  probable  que  l'Oratorien  était 
de  la  même  famille  que  les  professeurs  qui,  avant  1600, 
puis  dans  tout  le  cours  du  dix-septième  siècle  et  au  delà, 
occupèrent  la  principauté  ;  nous  n'avons  toutefois  aucun 
document  qui  le  prouve  absolument. 

Dans  l'année  qui  suivit  la  mort  de  Louis  XIV,  après 
que  la  paix  rétablie  eut  permis  de  réparer  quelque  peu 
les  ruines  de  la  guerre,  le  corps  de  ville  reprit  les  négo- 
ciations avec  l'Oratoire.  Les  bases  sur  lesquelles  on 
voulut  traiter  d'abord  ne  difiéraient  pas  sensiblement 
de  celles  qui  avaient  été  posées  en  1679.  En  février  1716, 
il  fut  arrêté  dans  une  réunion  des  échevins  et  des  habi- 
tants notables  qu'un  collège  serait ,  si  faire  se  pouvait, 
établi  à  perpétuité  dans  la  maison  des  Pères  de  l'Ora- 
toire (1).  Le  général  de  la  congrégation  accepta  en 
principe  par  une  lettre  du  4  avril  ;  l'évêque  de  Pcitiers 
consulté  écrivit  aux  maire  et  échevins  de  Niort,  à  la  date 
du  6  avril,  que  rien  n'était  plus  louable  que  le  dessein 


C 


par  laquelle  pour  les  raisons  y  contenues,  il  nous  aurait  supplié  de  le 
déclarer  principal  du  collège  que  son  père,  son  aieul  et  bisaieul  ont 
exercé  et  tenu  depuis  plus  d'un  siècle  avec  honneur  et  distinction,  au 
bas  de  laquelle  nous  d.  sieur  de  Pierre-Levée  avons  ordonné  par  notre 
ordonnance  du  jour  d'hier  qu'il  en  seroit  rapporté  au  corps  pour  y  être 
pourvu  etc et  nous  requiert  de  délibérer  sur  la  d.  requête. 

Pour  quoi nous  maire  et  eschevins,  du  consentement  du  procureur 

du  roi  de  ce  corps,  avons  unanimement  accordé  au  s""  Gastaud  la  faculté 
de  tenir  le  collège  de  cette  ville  pour  y  enseigner  les  belles-lettres,  ainsi 
et  de  la  manière  que  le  dessus  dit  s^"  Gastaud,  son  père,  ses  aieul  et 

bisaieul  ont  fait et  a  preste   le  serment  par  devant  nous  au  cas 

requis. 

(1)  Cette  délibération  est  la  première  pièce  de  la  liasse  qui  existe  aux 
archives,  concernant  le  collège  de  l'Oratoire,  n°s  2202  à  2298. 


personne  notable  serait  envoyée  à  Paris  auprès 
S.  A.  R.  le  duc  d'Orléans,  régent  du  royaume,  j 
obtenir  les  lettres  patentes  à  cet  effet.  Le  député  et 
fut  M^  Pierre  Vaslet,  s""  de  la  Cliastaudière,  avocat 
parlement  et  au  siège  royal  de  Niort,  ancien  éche 
Puis,  selon  l'usage  adopté  pour  les  affaires  importan 
les  habitants  furent  consultés  en  assemblée  gêné 
réunie  le  18  décembre  1716  dans  la  grande  salle  di 
maison  de  l'Oratoire. 

C'est  dans  cette  assemblée  (1)  que  fut  exposé  en  d( 
le  projet  de  fondation  du  collège.  Dès  le  mois  de  jan 
1717,  les  Pères  devaient  établir  trois  classes,  sixie 
cinquième  et  quatrième.  Dans  la  même  année  , 
devaient  y  joindre  celle  de  troisième  ;  puis  enfin,  1 
qu'ils  auraient  obtenu  par  union  de  bénéfices  les  f( 
nécessaires^  ils  compléteraient  les  cours  en  ajoutant 
classes  de  seconde,  rhétorique,  logique  et  physique, 
congrégation  ne  demandait  à  la  ville  que  la  somnn 
mille  livres  une  fois  payée  ,  mais  à  la  condition 
chaque  écolier  paierait  une  rétribution  annuelle 
cinq   livres. 

La  matière  mise  en  délibération,  les  susdites  cla 
furent  approuvées  et  en  outre  déterminées  d'une  mar 
précise.  11  fut  arrêté  que  la  somme  de  mille  livres  s( 
fournie  au  moyen  d'une  collecte  faite  parmi  tous 
habitants  de  la  ville,  privilégiés  ou  non.  Quant  aux  f( 
que  les  Pères  espéraient  avoir  par  union  de  bénéfices 
fixa  à  2,400  livres  de  revenu  annuel  la  dotation  nécess 
pour  qu'ils  fussent  obligés  d'enseigner  toutes  les  clas 
Jusque  là,  il  fut  accordé  que  les  écoliers  paieraient  > 
livres  par  an.  Une  fois  le  dit  revenu  assuré,  ils  ne  doi 
raient  plus  que  la  somme  d'une  livre  pour  employt 
rachat  de  prix  ou  autres   choses   à  la  discrétion 

(1)  Voir  dans  VAip^endice  à  ce  chapitre  le  procès-verbal  in  exU 


—  33  - 


Révérends  Pères.  La  séance  se  termina  par  la  nomi- 
nation de  commissaires  pour  faire  la  dite  quête  de  mille 
liores,  choisis  parmi  les  personnes  les  plus  considérables 
de  la  ville. 

Deux  mois  après  cette  assemblée,  les  Oratoriens  com- 
mencèrent à  faire  les  classes  de  la  sixième  à  la  troisième 
inclusivement  et  enseignèrent  ainsi  jusqu'au  sept  du 
mois  de  septembre  1718.  Ils  déclarèrent  alors  ne 
pouvoir  continuer  ;  ils  n'avaient  pu  trouver  aucuns 
fonds,  ni  obtenir  aucuns  bénéfices  (1)  D'autre  part,  la 
collecte  n'avait  produit  que  la  somme  de  107  livres  (2)  ; 
les  promesses  de  l'assemblée  du  18  décembre  1716 
^'avaient  donc  pas  été  tenues,  et  l'on  ne  pouvait  plus 
compter  sur  une  souscription  volontaire.  Aussi  les  éche- 
vins  durent-ils  chercher  ailleurs  les  mille  livres  promises; 
dans  la  séance  du  14  octobre  1718  (3)  ils  les  imputèrent 
sur  des  fonds  appartenant  à  cet  hôtel  et  consignés  à  la 
cour  des  Ai/des.  Le  soin  fut  laissé  aux  RR.  PP.  de 
faire  viser  et  approuver  cette  délibération  par  l'intendant. 
En  fait,  pour  une  cause  ou  pour  une  autre,  le  fonds  sur 
lequel  on  disposait  ainsi  était  une  non-valeur  et  l'expé- 
dient fut  de  nul  effet.  Le  corps  avait  eu  probablement 
on  vue  le  prix  du  remboursement  des  ofiices  qui  ne  fut 
jamais  versé  en  espèces. 

La  fondation  du  collège  allait  se  trouver  assurée  par 
des  moyens  plus  effectifs.  A  cette  même  époque,  venait 
de  se  produire  un  fait  des  plus  importants  pour  les 
finances  de  Niort  ;  Par  arrêt  du  Conseil  d'Etat  du 
2b  juillet  1718  et  lettres  patentes  du  5  octobre  suivant, 
avait  été  établi  un  tarif  d'entrée  des  marchandises  et 
denrées  ,  sur  le  produit  duquel  on  prévoyait  ,  toutes 
charges  payées  ,  un  excédent  libre   assez   considérable. 


r 

r 

(1 


(1)  Assemblée  du  li  octobre  1717. 

(2)  Déclaration  du  supérieur  de  l'Oratoire,  insérée  aux  registres  à 
la  suite  de  l'arrêt  du  Conseil  d'Etat  du  30  avril  1720.  Voir  VAppendice 
à  ce  chapitre. 

(3)  Voir  dans  VAppendice  à  ce  chapitre  le  texte  de  la  délibération. 


maison ,  comparurent  devant  le  corps  de  ville ,  i 
lèrent  ce  qui  leur  avait  été  promis,  ce  qu'ils  avaiei 
en  conséquence,  et  demandèrent  qu'on  leur  donr 
moyens  de  soutenir  le  dit  collège  naissant,  n'ou 
pas  de  faire  miroiter  aux  yeux  du  Conseil  la  r€ 
possible  de  quelques  bénéfices.  Séance  tenante,  le 
leur  vota  une  subvention  annuelle  de  2,400  livr 
prendre  sur  le  revenant  bon  du  tarif,  sauf  approl 
des  habitants  qu'on  réunirait  en  assemblée  générr 
sous  le  bon  plaisir  du  roi.  A  cette  condition,  la  c( 
gation  s'engageait  ii  tenir  un  collège  complet,  co: 
d'une  préfecture  et  de  sept  classes,  qui  seront  enseï 
par  sept  régents  et  un  préfet,  s'interdisant  de  dem 
plus  d'une  livre  à  chaque  écolier.  Ils  promettaient 
entendu,  de  déduire  de  la  subvention  le  revenu  po 
provenir  d'une  réunion  de  bénéfices  qui,  disons-le  ur 
pour  toutes,  ne  s'effectua  jamais. 

A  partir  de  cet  instant,  le  terrain  devenait  plus 
et  les  choses  marchèrent  rapidement.  Dès  le  lend( 
24  février,  l'assemblée  générale  des  habitants  app 
la  décision  des  échevins,  mais  sous  cette  réserve  q 
Pères  ne  recevraient  à  l'avenir  aucune  sotnnh 
écoliers  (1).  Le  23  mars,  il  fut  arrêté  qu'un  placet 
présenté  au  roi  pour  le  supplier  d'accorder  les  1 
patentes  autorisant  le  collège.  Des  copies  en  forme  f 
faites  de  la  lettre  de  l'évéque  de  Poitiers  du  6  avril 
pour  joindre  au  placet  qui  fut  présenté  au  roi,  dai 
derniers  jours  de  mai,  par  le  chevalier  Renau,  lient 
général  des  armées  du  roi  ,  grand-croix  de  1' 
militaire  de  S'-Louis,  ayant  lettres  de  service  pot 
généralités  de  la  Rochelle  et  du  Poitou  (2).  Le  che^ 
Renaa  d'Eliçagaray,  le  célèbre  inventeur  des  bomba 
avait  été  chargé  â  Niort  de  l'affaire  du  tarif  d'octroi. 


o' 


(1)  Voir  l'Appendice  à  ce  chapitre. 

(2)  Assemblée  du  1^^  juin  1119. 


—  35 


Le  30  avril  1720,  le  Conseil  d'Etat  rendit  son  arrêt  sur 
l'établissement  du  collège  (1),  conforme  à  la  délibération 
de  l'assemblée  générale  des  habitants.  Le  collège  était 
constitué  à  sept  classes:  sixième,  cinquième,  quatrième, 
troisième,  seconde,  rhétorique  et  philosophie;  il  était  doté 
de  2,400  livres  à  prendre  annuellement  sur  le  revenant 
bon  du  tarif.  Les  Oratoriens  devaient  enseigner  gralis, 
sans  rien  exiger  des  écoliers  étudiants  (2).  L'arrêt  du 
Conseil  cite  parmi  les  considérants  et  motifs  qu'avaient 
présentés  à.  l'appui  de  leur  demande  les  échevins  et  habi- 
tants de  Niort  les  grands  avantages  que  l'on  attendait  de 
l'établissement  d'un  collège,  ta)it  pour  Jaire  rejleurir 
l'ancien  commerce  de  cette  ville  que  pour  la  conversion 
des  religio/inaires  dont  le  nombre  est  fort  considérable 
en  cette  province,  en  contribuant  à  détruire  peu  à  peu 
les  semences  de  l'hérésie  qui  se  perpétue  dans  les  familles 
par  la  mauvaise  éducation  que  les  enfants  reçoivent  dans 
la  maison  paternelle. 

Les  lettres  patentes  qui  donnaient  la  vie  légale  à 
l'institution  furent  signées  à  Versailles  le  20  mai  1720, 
présentées  aux  habitants  de  Niort  en  assemblée  générale 
le  2  mars  1721,  enregistrées  en  parlement  le  28  mai,  puis 
au  siège  royal  de  Niort  le  13  août  de  la  même  année,  et 
enfin  à  la  Chambre  des  comptes,  à  laquelle  elles  n'avaient 
pas  été  adressées  en  temps  utile,  seulement  le  7  mai  1734, 
en  vertu  des  lettres  de  relief  d'adresse  et  surannation 
délivrées  à  cet  effet. 

A  ce  titre  primordial  de  la  fondation  du  collège  il  faut 
ajouter  d'autres  lettres  patentes  concernant  une  question 
accessoire,  qui  furent  données  à  Versailles  le  31  mars 
1732.  Il  s'agit  de  la  réunion  au  collège  de  l'Oratoire  de  la 
classe  de  sixième,  et  ceci  demande  explication. 


r 


(1)  Voir  VAppendice  à  ce  chapitre. 

(2)  Ceci  s'applique  bien  entendu  aux  élèves  externes  seuls.  Les 
Oratoriens  eurent  un  internat  qui  forma  sans  doute  la  meilleure  partie 
de  leurs  revenus.  En  1753,  la  pension  d'un  interne  était  de  324  livres, 
sans  compter  quelques  frais  accessoires. 


1  arrêt  au  i^oiisen  au  àu  avril,  aisaieni  pourtant 
explicitement  que  le  collège  serait  composé  des  cls 
sixième,  etc.  On  avait  apparemment  oublié  le  pi 
que  possédait  le  dernier  des  Gastaud  de  tenir  cette 
et  d'y  enseigner  les  éléments  de  la  langue  latine, 
de  1683  avait  consacré  cette  sorte  de  monopole  et  i 
au   titulaire   un   traitement  de  40  livres.  Jacque 
taud   réclama,    sans  doute,   et   fut   maintenu   dî 
fonctions  que  l'on  appelait  la  principauté.  Il  mouri 
1122 ,  et  parait  bien  n'avoir   été    que   momentai 
troublé  dans  sa  possession  ;  cela  ressort  des  termes 
délibération  du  14  mars  1722  (1),  qui  cite  les  lettres 
tes  de  1720  comme  mentionnant  seulement  les  cla 
cinquième,   etc.,   puis  surtout  de  la  teneur  des 
de  1732,  qui  rappellent  les  premières  en  omettant  1; 
de  sixième.  L'erreur,   le  passe-droit  si  l'on  veut, 
donc  implicitemeut  reconnus  par  cette  prétérition. 
Le  nouveau  collège,  composé  de  sept  régents  ( 
préfet,  en  tout  huit  titulaires,  recevait  de  la  ville  2, 
"vres,  ce  qui  faisait  300  livres  pour  chacun.  Ajou 

(1)  Assemblée  du  li  mars  1722.  —  A  aussi  été  proposé  pai 
maire  que  par  l'arrêt  de  Noss.  du  Conseil  du  6  février  1683^ 
accordé  pour  les  gages  des  s''*  Gastaud  qui  y  tenaient  ci-devant 
lège  la  somme  de  40  livres  à  prendre  sur  les  deniers  d'octroi, 
les  d.  s"  Gastaud  sont  décédés,  et  qu'il  n'y  a  plus  de  régent  pou 
gner  la  langue  latine,  que  d'ailleurs  il  a  plu  au  Roy  accorder  le 
dans  la  maison  des  RR.  PP.  de  lOratoire,  par  lettres  patentes  c 
régistrées  oîi  besoin  a  été,  pour  tenir  les  classes  de  cinquièm 
trième,  troisième,  seconde,  rhétorique,  logique  et  physi 
conviendrait  de  leur  accorder  la  principauté  et  leur  donner  les  ^ 
à  ce  destinées  et  accordées  par  le  d.  arrêt  du  Conseil  de  1683. 

Sur  quoi,  la  matière  mise  en  délibération,  a  été  unanimemen 
que  la  principauté  de  cette  ville  sera  réunie  au  collège  des  R 
de  l'Oratoire,  à  la  charge  que  les  d.  maire  et  cschevins  nommer 
personne  telle  quils  jugeront  à  propos  pour  faire  les  fondions  e 
gner  les  principes  et  les  premiers  éléments  de  la  langue  latine, 
nant  quoi  les  40  livres  portées  par  l'arrêt  du  Conseil  seront  pay 
prêtres  de  l'Oratoire,  dans  la  maison  desquels  celui  qui  sera 


—  37 


maître  pour  la  sixième  revenait  à  une  charge  supplémen- 
taire de  300  livres  par  an.  C'est"  ainsi  que  comptait  l'Ora- 
toire, et  ce  fut  en  etïet  ainsi  (jue  les  choses  furent  réglées 
quelques  années  plus  tard.  Le  corps  de  ville  savait  sur 
quelles  bases  la  congrégation  faisait  son  calcul  et  n'était 
pas  pour  l'instant  disposé  â  s'imposer  de  plus  grands  sacri- 
fices en  faveur  de  l'instruction  publique.  Aussi  proposa-t-il 
aux  Oratoriens  de  prendre  la  principauté,  autrement  dit  la 
sixième,  aux  mêmes  conditions  que  la  tenait  feu  Gastaud, 
c'est-à-dire  moyennant  40  livres  par  an.  La  maison  four- 
nirait un  local  au  nouveau  régent  qui  pourrait  faire  payer 
à  chaque  écolier  25  sols  par  mois. 

Ce  régent  de  sixième  devait  être  un  auxiliaire  étranger 
à  la  congrégation.  Les  Pères  acceptèrent  et  il  fut  entendu 
que  le  nouveau  professeur  serait  choisi  par  le  corps  de 
ville,  sur  la  présentation  de  trois  candidats  faite  par  l'Ora- 
toire (1).  Le  premier  sur  la  liste,  Edouard  Dempsy^  irlan- 
dais de  naissance,  fut  nommé.  Le  choix  n'était  pas  merveil- 
leux ;  cet  Irlandais  était  fort  ivrogne  et  se  présentait 
souvent  au  collège  hors  d'état  de  faire  sa  classe.  Comme  le 
dirent  plus  tard  fort  judicieusement  les  considérants  de 
l'arrêt  du  Conseil  d'Etat  qui  réunit  la  principauté  au  collège 
de  l'Oratoire  :  //  est  difficile  que  de  tels  mcdtres  puissent 


r 
C 


sera  tenu  de  régenter  dans  le  collège  sous  l'inspection  du  supérieur  et 
du  Père  préfet,  et  en  cas  que  le  régent  ne  fasse  pas  son  devoir,  ils  en 
porteront  leurs  plaintes  aux  maire  et  eschevins  pour  y  être  pourvu,  et  à 
la  charge  par  les  d.  prêtres  de  l'Oratoire  de  fournir  au  d.  régent  une 
classe  dans  leur  collège,  et  pourra  le  régent  faire  payer  par  chaque 
écolier  25  sols  par  mois. 

(1)  Assemblée  du  20  mars  1722.  —  Entre  les  RIl.  PP.  Payan, 
supérieur,  et  Augustin  de  Paule,  préfet,  et  les  maire  et  échcvins  a  été 
convenu....  Le  régent  sera  choisi  par  le  corps  de  ville  sur  la  présenta- 
tion de  trois  personnes  faite  à  nous  par  les  RR.  PP.  de  l'Oratoire  ...  la 
somme  de  40  livres  payée  ordinairement  au  principal  sera  payée  aux 
Pères....  outre  laquelle  le  régent  sera  payé  de  25  sols  par  mois  par 
chaque  écolier  de  sixième. 

Les  trois  candidats  présentés  furent  Edouard  Denipsy  ,  Richard 
Dempsy  et  Joseph  Quaissot. 


latine.  Edouard  Dempsy  fut  remplacé  par  son  frère 
chard,  qui  ne  valait  pas  mieux  et  d'ailleurs  partit  pour 
pays  natal  au  mois  de  septembre  1731.  On  était  alor 
instance  pour  la  réunion  absolue  de  la  sixième;  maiî 
attendant,  il  fallait  un  professeur.  Le  3  novembre,  les 
rieur  présenta  au  corps  le  sieur  François  Pontarlier, 
fut  choisi  d'une  voix  unanime.  La  réunion  fut  efEec 
par  arrêt  du  Conseil  d'Etat  du  29  janvier  1732  et  le 
patentes  du  31  mars  (1),  mais  nous  savons  par  un  mén 
des  Oratoriens  conservé  aux  archives  (2),  que  le 
Leblanc,  supérieur,  ne  se  crut  pas  tenu  de  faire  prof* 
la  sixième  par  un  membre  de  la  congrégation  ;  il  fit  re'^ 
Richard  Dempsy  pour  donner  les  premiers  princip( 
latin  aux  jeunes  enfants  et  lui  fournit  une  chambre  da 
maison.  Comme  on  était  assez  content  de  cet  ho 
devenu  plus  sage  et  plus  exact  qu'il  n'était  auparai 
on  le  laissa  continuer  jusqu'à  son  décès  qui  ai 
en  1746.  A  partir  de  cette  année-là  seulement,  les  mz 
furent  tous  de  l'Oratoire. 

Il  faut  revenir  un  peu  en  arrière  pour  exposer  à  qi 
conditions  la  classe  de  sixième  devint  partie  intégran 
collège. 

En  1730,  le  corps  de  ville,  à  cause  du  meilleur  éi< 
ses  finances  et  sans  doute  aussi  de  la  satisfaction  qii 
causait  la  prospérité  croissante  du  collège ,  accord 
secoui'S  à  l'Oratoire.  Le  2'è  mars,  l'assemblée  fut  i 
d'une  demande  présentée  par  le  père  Hodoul,  supérie 
la  maison,  qui  réclamait  le  paiement  de  mille  livres 
mises  par  décision  du  14  octobre  1718  et  devant  être 
imputées  sur  plus  grande  somme,  qui  appartenait  ait 
et  était  entre  les  mains  du  receveur  des  consignatio 
la  Cour  des  Aydes  à  Paris.  Nous  avons  déjà  dit  qu 

(1)  Voir  V Appendice  à  ce  chapitre. 

(2)  Archives  de  Niort,  n°  2256. 


—  39 


mille  livres  n'avaient  pas  été  payées  ;  la  délibération  du 
28  mars  dit  explicitement  que  les  maire  et  échevins 
d'alors  s'étaient  trouvés  dans  U impossibilité  de  prouver 
qu'il  était  dû  au  corps  une  somme  de  deniers  par  le  rece- 
veur des  tailles.  Il  est  vrai  que  l'allocation  n'avait  été  faite 
aux  Oratoriens  qu'en  remplacement  du  produit  présumé 
de  la  collecte  qui  n'avait  pas  eu  de  succès,  et  qu'en  accep- 
tant le  collège  après  la  délivrance  des  lettres  patentes  ils 
s'en  étaient  remis  pour  cet  argent  à  la  bonne  volonté  de 
Af"  de  la  ville  de  Niort.  Mais  ils  arguaient  aujourd'hui, 
pour  faire  revivre  cette  vieille  créance,  de  dépenses  indis- 
pensables à  faire  dans  les  classes.  Leur  requête  ne  fut  pas 
immédiatement  admise  ;  ils  la  renouvelèrent  quelques 
mois  plus  tard  en  portant  à  1,500  livres  le  chifïre  demandé. 
Dans  la  séance  du  7  octobre  1730,  le  corps  alloua  mille 
livres  à  prendre  sur  l'excédent  du  tarif,  sauf  approbation 
de  l'intendant,  laquelle  somme  leur  fut  en  effet  versée 
par  un  mandement  en  date  du  12  mai  1731. 

Il  s'agissait  là  d'un  secours  une  fois  donné,  mais  dans 
cette  même  année  1731  le  corps  se  décida  à  augmenter  la 
subvention  annuelle  aux  fins  de  réunir  la  sixième.  Pour  ce 
nouveau  régent  à  établir^  les  Pères  comptaient  comme 
pour  les  autres  300  livres  par  an  ;  ils  demandaient  en  outre 
que  les  40  livres  allouées  au  principal  de  Tancien  collège, 
et  depuis  au  régent  externe  de  sixième,  leur  fussent  don- 
nées pour  distribuer  des  prix  de  deux  ans  en  deux  ans.  Le 
corps  délibéra  à  ce  sujet  le  20  septembre  1731  (1),  admit 


0 


(1)  Assemblée  du  20  septembre  1731.  —  A  comparu  M.  Louis 
François  Madien,  avocat  au  siège  royal  de  cette  ville  et  procureur  du 
roi  de  cet  hùtel,  lequel  nous  a  remoniré  que  M''^  les  maire  et  échevins, 
nos  prédécesseurs,  ont  obtenu  de  la  bonté  du  roi  des  lettres  patentes 
portant  l'établissement  d'un  collège  en  la  maison  de  M"  les  prêtres  de 
l'Oratoire  de  cette  ville,  le  d.  collège  composé  de  sept  classes  :  cin- 
quième, quatrième,  troisième,  seconde,  rhétorique,  logique  et  physique, 
et  d'une  préfecture,  qu'à  l'égard  de  la  sixième  classe  elle  a  élé  enseignée 
par  le  s""  Richard  Dempsy....  en  vertu  de  la  commission  et  brevet  que 
nous  lui  avons  accordé,  pour  raison  de  quoi  il  lui  a  été  annuellement 


ses  à  une  assemblée  générale  des  habitants,  qui  fut  c 
quée  le  6  octobre  suivant. 

L'assemblée  générale  donna  son  approbation  aux  c 
proposées  ;  elle  n'ajouta  qu'une  seule  condition,  c'es 
les  prix  donnés  seraient  marqués  aux  armes  de  la 
afin  qu'il  fût  bien  déterminé  qu'ils  étaient  dus  à  sa 
ficence.  L'affaire  se  poursuivit  (1),  et  l'année  su: 
furent  délivrées ,  conformément  à  l'arrêt  préalab 
Conseil  d'Etat,  les  lettres  patentes  donnant  autorii 
définitive  (2).  Le  collège  de  Niort  était  ainsi  comph 
à  partir  du  premier  janvier  1733,  les  Oratoriens  ; 
assurés  d'une  subvention  annuelle  de  2,700  livres,  i 
moyennant  cette  dotation  qu'ils  dirigèrent  l'é^ 
sèment  pendant  cinquante  ans  environ.  Nous  v^ 
que  vers  1780  les  conditions  financières  furent  co 
rablement  modifiées. 

Les  lettres  patentes  furent  enregistrées  en  Pari 

payé  sur  nos  mandements  la  somme  de  40  livres  par  le  receA 
octrois  de  cette  ville,  somme  destinée  pour  les  gages  du  princ 
tenait  autrefois  le  collège  de  cette  ville  en  enseignant  seulei 
première  classe  des  humanités....  et  comme  le  s»"  Richard  a  qui 
ville  et  passé  en  Irlande,  le  d.  s""  procureur  du  roi  croit  qu'il  ser 
et  avantageux  à  cette  ville  que  cette  classe  de  sixième  fût  ensei§ 
les  S"  prêtres  de  l'Oratoire,  et  que  pour  la  pension  de  celui  d'er 
qui  l'enseignerait  il  leur  soit  payé  annuellement  la  somme  de  30 
qui  sera  prise,  sous  le  bon  plaisir  du  roi,  sur  l'excédent  du  taril 
pour  donner  de  l'émulation  aux  écoliers,  dont  on  voit  avec  plaisi 
nombre  s'augmente  de  jour  en  jour,  il  serait  à  propos  de  leur  di 
des  prix  de  deux  ans  en  deux  ans  en  suivant  la  pratique  de  p 
autres  collèges,  à  cet  effet  employer  la  d.  somme  de  40  livres, 
payait  au  s""  Richard  et  avant  lui  au  principal  du  d.  ancien  c( 
l'achat  des  prix. 

{[}  Assemblée  du  18  décembre  1731.  —  Au  maire,  cent 
montant  des  frais  du  voyage  qu'il  avait  fait  à  Poitiers,  acco 
d'un  gagé,  pour  les  afTaires  de  la  ville,  en  particulier  pour  la  c 
sixième  et  les  prix  à  distribuer. 

(2)  Voir  dans  l'Appendice  à  ce  chapitre  les  lettres  patei 
31  mars  1732,  reproduites  in-extenso. 


-Ai- 


le 10  décembre  1733,  à  la  Chambre  des  comptes  le 
12  août  1734.  Ce  dernier  corps ,  avant  d'enregistrer , 
rendit  un  arrêt  qui  enjoignait  de  communiquer  les 
lettres  concernant  la  classe  de  sixième  et  les  prix  à 
Mgr  révêcj[ue  de  Poitiers,  aux  fins,  d'avoir  son  consen- 
tement pour  les  dits  établissements.  Le  dossier  fut 
renvoj^é  au  corps  de  ville  (1)  qui,  dans  la  séance  du 
29  juin  1734,  délégua  à  Poitiers  le  maire  et  le  procureur 
du  roi  pour  requérir  les  consentement  et  approbation 
nécessaires. 

Les  déboursés  faits  pour  l'enregistrement  des  lettres 
patentes  du  31  mars  1732  s'élevèrent,  d'après  un  borde- 
reau conservé  aux  archives  (2),  â  la  somme  de  210  livres 
10  s.  6  d.  Nous  n'avons  pas  le  compte  relatif  aux  lettres 
de  1720  ,  dont  les  frais  furent  d'ailleurs  payés  par  la 
congrégation,  en  vertu  d'une  convention  spéciale  insérée 
dans  l'engagement  qu'avait  contracté  le  supérieur  général 
de  l'Oratoire,  â  la  date  du  6  décembre  1720. 

La  première  distribution  des  prix  se  fit  en  1734.  Nous 
avons  aux  archives  le  mémoire  de  la  dépense  faite  à  ce 
sujet  (3).  Comme  on  peut  le  voir ,  le  crédit  qui  n'était  que 


Ub 


c 


(1)  Comptes  du  receveur  Philippe  Arnauldet  :  Pour  avoir  retiré  du 
bureau  de  la  messagerie  le  20  juin  1734  un  paquet  en  toile  cirée  pour 
l'établissement  du  collège  et  d'une  sixième  classe  ,  que  le  comptable 
a  remis  le  même  jour  entre  les  mains  de  M"  les  maire  et  éche- 
vins ;     •    5  livres. 

(2)  Archives  de  Niort,  n°  2252. 

(3)  Archives  de  Niort,  n°  1020.  Du  29  août  1734  : 

à  M""  Elies  le  jeune  pour  livres  pris  chez  lui  .     .    .      40  livres    »  sols, 
à  M'' Elies  le  père  id.  ...      27  10 

à  M*"  Desbordes  id.  ...      26  10 

à  M''  Savignac  pour  le  satin,  la  doublure  et  la 

dentelle  d'or 10  10 

à  M"  Chevallereau  et  Poulot  pour  la  dorure  des 

livres 9  » 

à  M""  Poulot  pour  la  dorure  des  gorges 6  » 

à  la  couturière »  10 

Total  ....    120  livres. 


ment  au  corps  ae  viiie  qui,  oes  le  ^y  juiuei^  avaiL 
un  supplément  de  40  livres.  M'  l'intendant  de  Poi 
fut  invité  à  honorer  de  sa  présence  cette  première  di 
bution  de  prix.  On  chanta  une  pastorale  qui  lui  ( 
dédiée  (1),  et  des  élèves  jouèrent  une  tragédie.  Le  ser 
d'ordre  était  fait  par  les  gagés  de  mairie  qui  soupèrei 
soir  aux  frais  de  la  ville  (2).  Ces  solennités  se  reno 
lèrent  chaque  année  de  millésime  pair  jusqu'en  11 
année  où  les  distributions  de  prix  devinrent  annue 
Pendant  vingt  ans,  de  1734  à  1754,  la  cérémonie  con: 
une  représentation  théâtrale,  suivant  Tusage  qui,  de 
jours  encore,  se  perpétue  dans  les  maisons  d'éduca 
religieuses.  Le  Musée  de  l'hôtel  de  ville  renferme 
sieurs  programmes  imprimés  sur  soie  de  la  distribu 
des  rôles  dans  les  pièces  représentées  ^  tragédie 
comédies  (3).  Il  faut  ajouter  que  le  supplément  de  cr* 
accordé  pour  l'achat  des  livres  de  prix  en  1734,  ne 
pas  une  exception  unique  ;  les  comptes  de  la  vilh 
offrent  d'autres  exemples   (4).   Beaucoup  des  mém( 

(1)  Archives  de  Niort,  n°  1017.  Comptes  des  deniers  patrimon 
Payé  à  M""  Paradis,  prestre  de  l'Oratoire,  faisant  tant  pour  le 
Pouleau  que  pour  autres  ses  confrères,  la  somme  de  10  livres 
avoir  chanté  la  pastorale  en  chant  dédiée  à  M""  l'intendant. 

(2)  Archives  de  Niort,  n°  1020.  Mémoire  de  François  Bari 
De  la  part  de  M"  les  maire  et  échevins,  les  gagés  sont  venus  s 
chez  moi,  à  la  réserve  des  gagés  de  service,  le  jour  de  la  tragédie  ( 
à  M""  l'intendant.  Archives  de  Niort,  n°  1023.  Mémoire  de 
Barillot,  17  août  1742.  Six  gagés  de  mairie  sont  venus  souper  le  je 
la  tragédie  de  l'Oratoire 4  1. 

(3)  A  la  distribution  des  prix  du  20  août  1738,  on  joua  une  com 
Les  imposteurs  ;  à  celle  du  46  août  1654,  une  trajédie  :  Démétri 
une  comédie  :  Le  glorieux. 

(4)  Archives  de  Niort,  n°  1021.  Du  24  août  1738,  80  livres 
l'excédent  des  livres  qui  ont  été  donnés  à  M^^^  les  écoliers  du  collé 
cette  ville. 

Même  somme  en  1742  ,  d'après  les  Registres  de  l'hôtel  de 
Archives  de  Niort,  n°  1029.  Du  28  août  1754,  mandement  de  69 
pour  des  livres  fournis  en  augmentation  des  prix  ordinaires  disti 


—  AS 


détaillés  des  libraires  qui  fournissaient  sont  conservés 
aux  archives.  On  donnait  environ  une  soixantaine  de 
volumes  parmi  lesquels  reviennent  invariablement  VHis- 
toire  de  Charles  XII ^  les  Révolutions  de  la  République 
romaine ,  les  Lettres  de  Rollin,  puis  fréquemment  les 
Ornements  de  la  mémoire,  les  Merveilles  de  la  nature, 
et  quelques  autres  compilations  que  ,  trop  fidèle  à  la 
tradition ,  le  collège  de  Niort  décernait  encore  en  prix 
près  d'un  siècle  plus  tard. 

En  1756,  les  Pères  demandèrent  au  corps  de  ville  de 
vouloir  bien  rendre  annuelles  les  distributions  de  prix; 
ils  en  donnaient  pour  motif  le  désir  d'établir  parmi  les 
écoliers  des  hautes  classes  une  académie,  à  l'instar  de 
celles  qui  étaient  créées  déjà  dans  quelques-unes  de  leurs 
maisons.  Une  légère  récompense  à  la  fin  de  l'année , 
disaient -ils,  en  assurerait  le  succès.  Le  28  mai,  le  supé- 
rieur et  le  préfet  exposèrent  leur  projet  devant  les  maire 
et  échevins   réunis  à  l'hôtel  de  ville  (1).  Le  Conseil  fît 

aux  écoliers  du  collège  à  la  fin  de  cette  année,  l'ayant  ainsi  délibéré 
pour  exciter  l'émulation  de  la  jeunssse  et  l'application  des  régents 
par  des  motifs  particuliers  à  nous  connus. 

(l)  Assemblée  du  28  mai  1756.  Aujourd'hui  28  mai  1756,  sur  les 
dix  heures  du  matin,  en  l'assemblée  convoquée  par  nous  Jacques 
Etienne  Rouget,  conseiller  du  roi,  lieutt  gai  de  police,  maire  et  capi- 
taine de  cette  ville  de  Niort  et  tenue  par  nous  d.  maire  et  échevins 
soussignés,  étant  en  la  salle  de  l'hôtel  de  cette  d.  ville. 

Sont  entrés  M"  Dupleix  ,  supérieur  de  la  maison  et  collège  de 
l'Oratoire  de  cette  ville  et  Poisson ,  préfet  du  collège,  lesquels  ont 
représenté  que  l'émulation  qu'ils  voient  avec  plaisir  régner  parmi  les 
écoliers  de  ce  collège  les  a  aussi  émus  de  leur  part  à  chercher  des 
moyens  de  l'exciter  encore  davantage  tout  au  moins  pour  la  soutenir. 
De  tous  les  expédients  qui  ont  été  proposés,  il  ne  leur  en  est  pas  paru 
un  plus  convenable  que  celui  d'établir  parmi  les  écoliers  des  hautes 
classes  une  académie  à  l'instar  de  celles  qui  sont  déjà  établies 
dans  quelques  unes  de  leurs  maisons  ,  et  comme  nous  sommes 
fondateurs  et  protecteurs  nés  de  ce  collège,  pour  lequel  nous  avons 
toujours  témoigné  une  singulière  attention,  ils  nous  prient  de  donner 
notre  agrément  à  cet  établissement  et  de  prendre  les  moyens  pour  en 
assurer   le  succès  par  une   distribution    anyiuelle    de    prix   pour 


délibère,  lut  d  avis  qu  une  école  de  mathématique 
sein  du  collège,  serait  plus  utile  que  cette  académ 
fut  même  arrêté  que  l'on  en  poursuivrait  l'établisse 
par  les  voies  ordinaires.  En  réalité,  il  ne  fut  pas  d 
suite  à  cette  décision;  la  nouvelle  classe  de  mathémat 
ne  fut  pas  créée.  Quant  à  l'académie  en  question,  ell 
croyons  nous,  établie,  mais  sans  que  le  corps  de  ville 
tribuàt  à  cette  fondation.  Modelée  sur  celle  de  Ji 
elle  devait  se  composer  du  père  supérieur  protect 
du  préfet,  des  régents  de  rhétorique,  seconde,  troisi 
appelés  directeurs,  enfin  de  neuf  des  meilleurs  él 
savoir  :  quatre  rhétoriciens,  trois  élèves  de  seconde, 
de  troisième  (1). 

Ce  qui  nous  fait  penser  que  ladite  fondation  se  f 
même  sans  retard,  c'est  le  détail  des  exercices  public 

soutenir  le  projet,  l'espoir  dune  légère  récompense  donnée  au 
étant  infiniment  précieuse  et  respectable  à  ceux  qui  ont  1  avantc 
parvenir.  En  supposant  que  cet  établissement  soit  de  notre  g( 
nous  mettent  sous  les  yeux  un  détail  de  la  forme  qu'il  faudrait  pr 

Sur  quoi,  la  matière  mise  en  délibération,  les  d.  sieurs  supéri 
préfet  s'étant  retirés  ,  nous  avons  réfléchi  que  dans  l'état  pré: 
serait  plus  convenable  tant  au  bien  du  collège  qu'à  celui  du  pul 
général  d'établir  une  école  de  mathématiques  ,  la  proximité  oî 
sommes  du  port  royal  de  Rochefort,  de  la  ville  de  la  Rochelle 
autres  ports  maritimes,  joint  au  bon  air  dont  nous  avons  le  b( 
de  jouir  dans  ce  pays,  ne  pourrait  qu'y  attirer  beaucoup  de  per 
propres  à  cette  science,  sans  compter  les  habitants  de  cette  > 
lieux  circonvoisins,  parmi  lesquels  nous  en  connaissons  beaucoi 
ont  un  désir  marqué  de  faire  cette  étude.  En  conséquence  nous 
arrêté  et  délibéré  que  nous  travaillerons  incessamment  par  les 
ordinaires  à  faire  cet  établissement  sous  la  protection  singuli 
S.  A.  S.  Mgr  le  prince  de  Conty,  qui  sera  très  humblement  sup] 
l'avoir  pour  agréable.  Nous  ne  prétendons  pas  refuser  de  faire  dr 
la  proposition  de  M""*  de  l'Oratoire,  mais  nous  les  prions  de  trouv 
que  l'effet  en  demeure  suspendu  pour  quelque  temps. 

Fait  et  arrêté  les  jours  et  an  susdits. 

Signé  :  Rouget,  maire  ;  Moriceau,  L.  Juin  de  la  Girai 
Chabot,  Piet,  Cherbonneau,  Piet-Berton,  Barré. 

(1)  Archives  de  Niort,  n"  2258, 


—  lib  — 

furent  faits  par  les  élèves  à  la  distribution  du  mois  d'août 
1756.  Les  Pères  s'avisèrent,  lorsqu'ils  eurent  en  tête  leur 
projet  d'académie,  que  la  tragédie  comme  la  comédie 
était  indigne  d'une  congrégation  respectable.  Du  moins, 
ils  le  laissèrent  dire  et  développer  par  le  personnage  offi- 
ciel qui  prononça  le  discours  d'ouverture,  NP  Thomas  du 
Fief-Mauzay,  procureur  du  roi  des  traites  (1).  L'orateur 
exposa  que  les  vaines  douceurs  de  la.  tragédie  seraient 
remplacées  par  les  agréments  inestimables  de  l'art  ora- 
toire ,  contre  lequel  quelqu'un  est  peut-être  prévenu , 
ajoutait-il.  Ce  quelqu'un  était  sans  doute  le  corps  de  ville, 
accusé  de  n'avoir  pas  voulu  subventionner  l'art  de  bien 
dire. 

Lorsque  le  discours  eut  été  prononcé  et  applaudi,  quatre 
élèves  parurent  sur  l'estrade.  L'un  représentait  Jules 
César,  les  autres  trois  capitaines  de  son  armée.  La  scène 
se  passait  sur  les  bords  du  Rubicon  ;  tous  les  quatre  argu- 
mentèrent et  débattirent  la  question  de  savoir  s'il  fallait 
passer  sur  la  rive  droite,  enseignes  déployées.  Après  que 
César  se  fut  décidé  à  marcher  contre  Rome  et  Pompée, 

(1)  Archives  de  Niort,  n°  2260.  Discours  de  M''  Thomas  du  Fief- 
Mauzay La  tragédie,  une  représentation  théâtrale,  n'est- 
elle  pas  indigne  d'une  congrégation  respectable,  faite  principalement 
pour  l'ornement  et  la  règle  des  mœurs,  d'une  congrégation  que  l'éducation 
a  polie,  que  la  science  éclaire,  que  le  sentinient  conduit,  que  les  grands 
exemples  aiguillonnent,  que  les  talents  décorent,  que  la  vertu  anime  ? 

Mais  la  rhétorique,  l'art  de  bien  dire Que  l'on 

compare  à  présent,  si  on  l'ose,  les  vaines  douceurs  de  la  tragédie 
avec  les  agréments  inestimables  de  l'art  oratoire. 

Préparez-vous,  aimables  athlètes,  à  mériter  les  lauriers  qu'on  vous 
destine,  rendez  aimable  à  toute  cette  assemblée  un  art  contre  lequel 
quelqu'un  est  peut-être  prévenu. 

Rendez-le  aimable  à  ce  sexe  respectable  qu'un  faux  préjugé  fait 
regarder  comme  ennemi  du  haut  goût,  des  sciences,  de  la  littérature, 

Mais,  ô  surprise  agréable,  ô  douceurs,  je  le  vois  ce  sexe, 

je  le  vois  déjà  promettre  à  cet  exercice  toute  son  attention,  toute  sa 

bienveillance Pour  vous,  dignes  disciples  d'un  digne 

maître,  pouvez-vous  commencer  sous  un  plus  favorable  augure,  et  puis 
je  finir  avec  plus  de  satisfaction  ? 


pas  ete  bien  béotiens,  en  préférant  une  école  de  math 
tiques  aux  émotions  d'un  poème  dramatique  (1) 
palpitant  d'intérêt.  Toutefois,  ils  ne  vinrent  pas  à  réi 
cence,  et  ce  fut  seulement  en  1773  que  leurs  succès 
fournirent  les  ressources  nécessaires  pour  avoir  une  d 
bution  de  prix  annuelle.  Ils  le  firent  par  un  vire 
de  crédit,  en  destinant  à  l'achat  de  livres  la  somn 
40  livres  que  l'arrêt  de  1683  avait  allouée  pour  les  ga. 
que  l'on  fait  venir  de  tout  temps,  sujet  qui  sera  traité 
un  autre  chapitre. 

A  cette  époque,  la  vaine  tragédie,  et  même  la  cor 
étaient  rentrées  en  grâce  auprès  de  l'Oratoire  ; 
le  11  août  1773,  les  élèves  chantèrent  une  paston 
jouèrent  Le  Bourgeois  gentilhomme.  Le  8  août  17' 
programme  ne  comprenait  qu'une  pastorale.  C'est  C( 
nous  apprennent  les  affiches  sur  soie  du  Musée  de  1' 
de  ville. 

Outre  les  crédits  supplémentaires  qui  furent  votés 
la  distribution  des  prix,  l'échevinage  accorda,  plus 
fois  et  à  divers  titres,  des  secours  à  l'Oratoire.  A 
le  13  mars  1742,  le  corps  de  ville  disposa  de  110  " 
pour  l'acquisition  d'une  machine  pneumatique^  la  c 
des  objets  nécessaires  à  la  vie  ne  laissant  pas  defon 
collège  pour  cet  achat.  Le  30  décembre  1754  fut  d( 
un  mandat  pour  un  globe  d'électricité  {?).  Le  28  oc 
1756,  les  Oratoriens  présentèrent  rec[uête  à  l'intei 
pour  obtenir  que  la  ville  fût  astreinte  à  faire  les  ré 
tions  urgentes  aux  classes  du  collège.  Rien  d'ailleurs, 
les  archives,  ne  témoigne  qu'il  ait  été  fait  droit  à 
demande. 

Vingt  ans  plus  tard,  ce  ne  fut  plus  seulement  une 
tion  de  réparations,  mais  bien  celle  de  la  reconstru 
d'une  partie  des  bâtiments  du  collège,  qui  se  posa 

(1)  Archims  de  Niort,  n°  2259.  —  Programme  de  l'exercice 
pour  la  distribution  des  prix  du  13  août  1756. 


—  47  — 

le  corps  de  ville  et  la  congrégation  de  l'Oratoire.  Déjà 
dans  deux  requêtes,  l'une  de  1763  au  corps  de  ville  (1), 
l'autre  de  1771  au  Contrôleur  général  des  finances  {2),  les 
Pères  avaient  exposé  le  mauvais  état  de  leur  maison 
et  l'impossibilité  où  ils  étaient,  par  défaut  de  ressources 
suffisantes,  de  faire  le  nécessaire  à  cet  égard.  Ils  faisaient 
beaucoup  valoir,  entre  autres  motifs  k  l'appui,  la  gratuité 
absolue  de  l'instruction  pour  les  externes.  Malgré  tout,  ils 
n'avaient  rien  obtenu  et,  en  1777,  ils  renouvelèrent  leurs 
démarches  (3)  ;  les  bâtiments  étaient,  disaient-ils,  en  si 
mauvais  état  qu'il  y  avait  danger  de  les  voir  s'effondrer 
au  premier  jour.  Le  corps  de  ville  continuant  à  faire 
la  sourde  oreille,  le  supérieur  envoya  son  ultimatum  par 
la  lettre  suivante  adressée  au  maire,  qui  était  sur  le  point 
de  partir  pour  Paris  (4)  : 

«  Niort,  le  4  mars  1778. 

«  Monsieur,  je  me  suis  présenté  sur  les  six  heures 
à  votre  hôtel  pour  vous  pévenir  de  la  nécessité  où  nous 
sommes  de  suspendre  hic  et  nunc  les  exercices  du  col- 
lège. Aucun  de  nos  régents  ne  veut  exposer  davantage 
sa  vie  et  celle  de  ses  élèves.  J'ai  eu  l'honneur  d'en  écrire 
à  M""  l'intendant. 

«  Je  vous  souhaite.  Monsieur,  un  heureux  voyage,  et 
nos  Muses  un  prompt  retour. 

«  Je  suis  avec  respect.  Monsieur,  votre  très  humble 
et  obéissant  serviteur. 

«  Le  Clerc,  prêtre  de  l'Oratoire.  » 

Les  échevins  comprirent  qu'il  fallait  aviser.  Dans  la 
séance  du  26  avril,  le  procureur  du  roi  exposa  l'état  de 
la  question.  «  Depuis  quelque  temps  ,  dit-il ,  le  collège 


C 

ç 

r 


(1)  Archives  de  Niort,  n°  2'263. 

(2)  Archives  de  Niort,  n°  2265. 

(3)  Archives  de   Niort  ,  n°  2271. 
10  février  1777. 

(4)  Archives  de  Niort,  n°  2274. 


Requête   à  l'intendant ,  du 


oco    c.vci  L/H^co. . ..    vyci/tc    lii  tel  1  uptivjii    U.C;    L/iaoocs    a    eu 

motif  le  dépérissement  de  quelques  parties  des 
ments  du  collège.  M"  de  l'Oratoire  ont  présent< 
requête ,  dès  le  10  février  dernier ,  à  l'efifet  d'ave 
logement  provisoire  ;  cette  requête  vous  a  été  ren 
dès  le  12  ;  vous  avez  fait  des  démarches  à  cet  égî 
Sans  en  attendre  la  réponse,  M""^  de  l'Oratoire  onl 
qu'il  était  instant  de  démolir....  La  reconstruction 
fait  pas.  )) 

Voici  en  résumé  ce  qui  s'était  passé  :  le  corps  d< 
avait  fait  des  démarches  sans  résultat  pour  loue 
maison,  rue  du  Mûrier,  à  proximité  du  collège,  ce 
M""  Clialmot  de  S'®-Ruhe.  Or,  la  congrégation  pours 
un  dessein  plus  étendu  ;  elle  demandait  qu'on  lui 
donnât  l'immeuble  vacant  des  dames  de  S^-Françoi& 
de  l'hôpital,  ou  mieux  le  couvent  des  Cordeliers  quii 
alors  occupé  que  par  quatre  religieux.  Les  Orato 
dans  une  requête  aux  officiers  municipaux,  du  25  fé 
alléguaient  que  l'on  ne  pourrait,  quand  même  on 
en  état  cVacquérir  toutes  les  maisons  enclavées  dam 
terrain,  y  faire  un  bâtiment  régulier  et  capable  d( 
tenir  le  nombre  d'élèves  qu'ils  se  proposaient  de  rec> 
Il  y  manquerait  toujours  les  jardins  et  les  cours  / 
saires.  Les  officiers  municipaux,  en  cela  d'accord 
l'intendant,  ne  voulaient  pas  déposséder  les  Cord( 
Quant  au  terrain  des  Franciscaines,  ils  objectaient  1( 
sinage  de  l'hôpital  et  du  cimetière.  «  L'emplacemei 
est  au-dessus  de  la  place  de  la  Brèche,  disaient-i' 
conviendrait  beaucoup  mieux  ;  la  position  du  collé; 
sera  plus  favorable  et,  posé  sur  une  route  publiqi 
attirera  l'attention  des  voyageurs.  Plus  à  porté( 
citoyens^  on  éviterait  le  désagrément  du  voisina^ 
l'hôpital  général  et  de  cimetières  qui,  quelques  pr 
tions  qu'on  prenne  ,  exhalent  souvent  un  mauva: 

(1)  Assemblée  du  26  avril  1778, 


Il9  — 


et  pourraient  occasionner  des  maladies  fâcheuses.  »  Il 
ne  fut  pas  donné  suite  à  ce  dernier  projet,  mais  il  est  inté- 
ressant d'observer  que  les  ëchevins  de  1778  avaient,  à  peu 
de  chose  près,  visé  l'emplacement  qui  a  depuis  été  choisi 
pour  y  construire  le  Lycée.  Aucune  détermination  ne  fut 
prise  d'ailleurs  dans  la  séance  du  26  avril  ;  il  fut  seulement 
arrêté  que  M'"''  de  l'Oratoire  seraient  invités  à  se  trouver 
à  l'hôtel  de  ville  le  mercredi  suivant,  29  du  mois,  â  deux 
heures  de  relevée. 

La  conférence  qui  eut  lieu  ce  jour-là  ne  donna  aucun 
résultat  précis.  On  décida  seulement  que  de  nouvelles 
démarches  seraient  faites  auprès  de  M''  de  S*^-Ruhe,  et 
celui-ci  ne  se  montra  pas  mieux  disposé  qu'auparavant. 
Il  ne  voulait  pas  affermer  parce  que,  disait-il,  et  peut-être 
avec  assez  de  clairvoyance  ,  il  ne  pourrait  plus  déloger  de 
sa  maison  les  pères  de  l'Oratoire.  Les  maire  et  échevins 
écrivirent  à  l'intendant,  en  le  priant  d'employer  son  auto- 
rité, autrement  dit,  demandèrent,  non  pas  l'expropriation, 
mais,  comme  on  dirait  aujourd'hui,  l'occupation  tempo- 
raire de  la  maison  du  propriétaire  récalcitrant.  Le  2  juillet 
M""  de  Blossac  leur  écrivait  :  «  Je  trouve,  comme  vous. 
Messieurs,  un  peu  fortes  les  clauses  et  conditions  qu'exige 
M'"  de  S^®-Ruhe....  mais  comme  les  bons  procédés  sont 
toujours  préférables  à  toutes  autres  voies,  je  vous  con- 
seille de  ne  venir  à  celle  de  l'autorité  quecomme  à  une 
dernière  ressource.  » 

Ce  fut  après  cette  réponse  de  M""  de  Blossac  que  les 
bases  d'un  accord  se  posèrent  entre  la  ville  et  l'Oratoire. 
La  congrégation  renonçait  à  demander  la  concession  d'un 
autre  immeuble,  se  décidait  â  reconstruire  ses  propres 
bâtiments,  mais  à  deux  conditions,  d'abord  que  pendant 
la  durée  des  travaux  la  ville  fournirait  pour  le  collège  un 
logement  provisoire  et  commode,  puis  que  la  subvention 
annuelle  serait  portée  à  5,400  livres,  c'est-à-dire  doublée. 
La  question  fut  discutée  à  l'hôtel  de  ville  le  16  juillet, 
entre  les  officiers  municipaux  et  les  prêtres  de  l'Oratoire. 
Après  l'examen  et  le  rejet  de  différentes  propositions,  les 

4 


r 


n 


Les  Oratoriens,  ne  cloutant  pas  que  la  convention 
avec  l'échevinage  ne  fût  approuvée,  reprirent  leurs  < 
Dès  le  commencement  de  1779,  ils  s'installèrent  pro 
rement  dans  une  maison  de  la  rue  du  Mûrier,  qu 
probablement  était  celle  de  M''  de  S^^-Rulie,  bien  qu'; 
document  ne  dise  explicitement  qu'un  accord  fût 
venu  entre  la  ville  et  lui.  Mais  l'affaire  était  encor 
d'être  terminée.  M'"  de  Blossac  trouvait  exagéré( 
demandes  des  Pères  et  ne  se  hâtait  pas  de  les 
adopter  par  l'autorité  compétente.  Deux  ans  plus 
ou  peut  s'en  faut,  les  choses  n'étaient  pas  bien  ava: 
car  l'intendant  écrivait  au  maire,  le  2  avril  178< 
qu'à  son  avis  on  pouvait  accorder  à  M''®  de  l'Or 
depuis  450  livres  jusqu'à  500  pour  chacun  d'eux, 
non   au-delà   «  Ils  sont  persuadés  ,   disait-il ,   qu'( 


(1)  Assemhlée  du  i6  juillet  1778. —  Ont  comparu  M"  Jean  I 
Duvivier,  prêtre  et  visiteur  de  la  congrégation  de  l'Oratoire,  . 
Louis  Le  Clerc,  prêtre  de  l'Oraloire,  supérieur  de  la  maison  et 
de  Niort,  Pierre  Chevas,  prêtre  de  l'Oratoire  et  missionnain 
d.  maison....  ont  dit  que  pour  se  mettre  en  état  de  faire  face 
afi'aires  ils  avaient  jugé  convenable  de  demander  : 

1°  Que  la  ville  leur  procurât  un  emprunt  sans  intérêts  de  la 
de  20,000  livres,  dont  ils  feraient  le  remboursement  par  partie 
l'espace  de  cinq  ans,  ou  plus  tôt  s'ils  le  pouvaient. 

2°  Qu'on  portât  la  totalité  de  leurs  honoraires  à  la  somme  de  6 
vres. 

Le  corps  de  ville  refuse  pour  l'emprunt,  disant  que  la  ville  a  ( 
elle-même  faire  un  emprunt  considérable  destiné  à  acquérir  les 
municipales.  Quant  aux  honoraires,  il  ne  lui  est  pas  possible,  ei 
à  ses  facultés,  de  porter  si  haut  l'augmentation. 

Les  Pères  restreignent  leur  demande,  renoncent  à  demander  l'e 
et  se  contenteront  de  5,400  livres  annuellement,  à  la  charge  t 
par  la  ville  de  leur  fournir  gratuitement  un  logement  provisic 
commode. 

Leur  proposition  réduite  à  ces  termes  est  acceptée  par  le  c 
ville. 

(2)  Archives  de  Niort,  n°  2292, 


—  51 


saurait  les  remplacer,  ce  qui  cependant  n'est  nullement 
impossible.  »  Les  maire  et  échevins  n'étaient  pas  du 
même  sentiment  ;  ils  reconnaissaient  que  la  pension  de 
5,400  livres  serait  une  lourde  charge  pour  la  ville,  mais, 
d'autre  part ,  ils  ne  doutaient  pas  que  ces  messieurs  ne 
fussent  résolus  à  abandonner  le  collège  si  l'augmentation 
n'avait  pas  lieu  ,  ce  qui  d'abord  ferait  baisser  Voctroi 
d'entrées  et  serait  en  outre  une  perte  irréparable  pour  la 
ville.  W'  de  Blossac  se  rendit  â  ces  raisons  et ,  dans 
l'assemblée  du  8  avril,  les  officiers  municipaux  décidèrent 
que  l'on  écrirait  â  M'  Amelot,  ministre  secrétaire  d'Etat, 
pour  obtenir  l'approbation  de  la  délibération  du  IG  juillet 
1778.  Dans  une  autre  réunion  qui  eut  lieu  quelques  jours 
après,  le  14  avril,  on  arrêta  que  ces  démarches  seraient 
communiquées  aux  Oratoriens,  auxquels  on  donnerait  en 
même  temps  l'assurance  du  vœu  unanime  de  la  ville  pour 
les  conserver  {1).  Malgré  ce  témoignage  de  bonne  volonté, 
les  Pères,  fatigués  des  lenteurs  que  subissait  l'affaire  du 
collège,  usèrent  du  moyen  qui,  une  fois  déjà,  leur  avait 
réussi,  et  déclarèrent  cpi'ils  allaient  cesser  les  cours  (2). 

Sur  cette  notification  péremptoire,  le  maire  se  rendit 
sans  délai  â  Poitiers  pour  voir  l'intendant  et  lui  demanda 
la  permission  d'aller  solliciter  â  Paris  l'arrêt  réclamé. 
M'"  de  Blossac  autorisa  et  le  maire  partit  en  toute  hâte. 
Lorsqu'il  se  présenta  au  bureau  de  M''  Amelot,  il  fut  très 


C 

c 


(1)  Assemblée  du  li  avril  1780.  — Arrêté  que  demain,  à  neuf  heures, 
nous  nous  rendrons  chez  M"  de  t'Oratoire,  et  que  nous  leur  ferons  part 
des  nouvelles  démarches  que  nous  avons  faites  près  de  M""  Amelot,  que 
nous  demanderons  à  M""  le  supérieur  d'en  instruire  sur  le  champ  ses 
supérieurs  majeurs,  et  que  nous-même  nous  écrirons  pour  leur  renou- 
veler le  vœu  unanime  de  la  ville  pour  les  conserver  parmi  nous. 

(2)  Du  15  avril  1780.  —  A  M"^^  les  maire  et  échevins  :  «  En  vertu 
des  pouvoirs  que  je  vous  présente,  je  suis  obligé  de  vous  notifier  que 
nous  cesserons  de  fournir  des  professeurs  et  des  régents  à  la  S^-Luc 
(18  octobre)  de  la  présente  année,  à  moins  que  vous  ne  soyez  assurés, 
avant  le  mois  de  juillet  prochain,  que  le  doublement  de  dotation  sera 
effectué  pour  l'année  prochaine. 

«  Louis  Le  Clerc,  prôtre  et  supérieur  de  l'Oratoire.  » 


15  avril,  c'est-à-dire  précisément  du  jour  où  la  coi 
tion  avait  envoj'é  son  deuxième  ultimatum.  Nous  d 
in  extenso  cette  pièce  (1),  qui  constitue  la  dernier 
nisation  du  collège  des  Oratoriens.  Il  est  croyable 
Pères,  instruits  du  peu  de  chaleur  que  mettait  Fin 
du  Poitou  à  recommander  leur  affaire,  avaient 
d'autres  voies.   L'ignorance  dans  laquelle  ils  pai 
être  restés  de  la  décision  du  Conseil  d'Etat  peut 
quer  par  la  lenteur  des  communications,  mais  il  est 
de  supposer   aussi    qu'ils   avaient   voulu  dissimu 
démarches  qu'ils  faisaient  en  dehors  de  l'autorité 
ciale. 

Ainsi  fut  réglée  la  question  du  collège  de  Niort,  l 
ter  du  l^*"  avril  1780  (2)^  les  Oratoriens  reçurent 
lement  5,400  livres  de  subvention.  Durant   les 
1779  â  1782,  ils  occupèrent  la  maison  de  la  rue  du  \ 
dont  la  ville  paya  le  loyer  pendant  quatre  ans,  sur 

(1)  Voir  VAppendice  à  ce  chapitre. 

(2)  Archives  de  Niort,  n°  2-296.  —  Mandements  et  quiUance 
à  1788  : 

Nous,  maire  et  échevins  de  la  ville  de  Niort  soussignés,  vu 
du  Conseil  du  30  avril  1720,  29  janvier  1730  et  15  avril  178 
M""  François-Elisée  Prioleau,  receveur  syndic  des  deniers  coc 
excédent  du  tarif  de  cette  ville,  de  payer  à  M""  Roman,  super; 
maison  et  collège  de  TOratoire,  la  somme  de  cinq  mille  cinq  ce 
cinq  livres,  savoir  ;  six  cent  soixante-quinze  pour  les  trois 
janvier,  février  et  mars  de  l'année  dernière  1780,  et  quai 
cinquante  pour  les  neuf  derniers  mois,  à  raison  de  tn 
cinquante  livres  par  quartier,  suivant  et  au  désir  de  l'arrêt  d 
du  15  avril  dernier,  plus  celle  de  huit  cents  livres  pour  deu^ 
du  loyer  de  la  maison  et  chambres  accordées  à  ladite  maison 
toire,  suivant  aussi  et  conformément  au  dit  arrêt,  lesquelles  dite; 
se  montant  ensemble  à  celle  de  cinq  mille  cinq  cent  vingt-c; 
seront  allouées  au  dit  s''  Prioleau  dans  la  dépense  de  ses  co 
rapportant  la  quittance  du  dit  supérieur  de  l'Oratoire,  laquelle  s 
gistrée,  avec  le  présent  mandement,  sur  le  registre  à  ce  destin* 

Fait  à  l'hôtel  de  ville  de  Niort,  le  3  janvier  1781. 

Signatures, 


—  53  — 


de  400  livres  par  an,  d'après  les  mandats  conservés  aux 
archives.  Les  travaux  de  réparations  et  constructions 
indispensables  durèrent  donc  à  peu  près  ce  laps  de  temps. 
Les  pères  avaient  acquis  plusieurs  maisons  contiguës  ou 
voisines  de  la  leur,  sur  l'emplacement  desquelles  ils  firent 
élever,  entre  autres,  les  bâtiments  neufs  que  l'on  voit 
encore  à  l'angle  des  rues  Saint-Jean  et  du  Musée,  et  qui, 
par  leur  asjDect  comme  par  leur  manque  de  solidité,  font 
peu  d'honneur  aux  architectes  de  l'Oratoire. 

Nous  ignorons  quels  étaient  au  juste  les  travaux  exécu- 
tés lorsque  les  Oratoriens  abandonnèrent  la  maison  de  la 
rue  du  Mûrier  et  se  réinstallèrent  dans  les  bâtiments,  tant 
anciens  que  neufs,  leur  appartenant  ;  ils  firent  après  cela, 
ou  commencèrent  au  moins  d'autres  constructions  sur 
lesquelles  nous  n'avons  pas  de  données  précises.  Alexandre 
Briquet,  qui  pouvait  être  exactement  renseigné  à  l'époque 
où  il  écrivait  son  Histoire  de  Niort,  parle  très  succincte- 
ment des  agrandissements  de  l'Oratoire.  «  Les  Pères, 
dit-il  (1),  avaient  fait  l'acquisition;  en  1781,  d'un  terrain 
vague  et  de  deux  maisons  (2),  en  face  de  la  porte  d'en- 
trée de  leur  église.  Ils  comptaient  y  bâtir  des  classes  et 
une  salle  d'exercices  publics.  Ils  achetèrent  aussi  une 
autre  maison,  avec  ses  dépendances,  rue  Saint-Nicolas, 
pour  y  loger  les  pères  de  l'Oratoire,  excepté  les  préfets 
de  pension.  Déjà  ils  s'occupaient  à  reconstruire  cette  der- 
nière maison,  lorsque  la  Révolution  vint  anéantir  leurs 
projets.  » 

Une  fois  sa  nouvelle  organisation  assurée,  le  collège  de 
Niort  avait  repris  sa  marche  régulière.  La  dotation  de 
5,400  livres  fut  payée  par  la  ville  jusqu'à  la  suppression 


C 
0 


(1)  Histoire  de  la  ville  de  Niort,  par  Hilaire-Alexandre  Briquet. 
Niort,  Robin,  1832,  t.  n,  p.  154. 

(2)  M.  Léo  Desaivre  a  publié  dans  les  Bulletins  de  la  Société  de 
statistique  (janvier-mars  1889,  p.  263)  une  notice  sur  les  bâtiments  neufs 
de  l'Oratoire,  oii  se  trouve  la  désignation  de  trois  immeubles  acquis  par 
la  congrégation. 


était  devenue  annuelle  depuis  17/^.  D  après  les  co: 
de  la  ville,  la  somme  attribuée  pour  cette  dépense  fi 
année  de  120  livres  en  moyenne  dans  les  derniers  t 
Au  point  de  vue  des  crédits  visés  par  les  mandats,  ( 
décomposait  ainsi  :  40  livres,  traitement  de  l'anc 
principalité  ;  40  livres  allouées  pour  les  gazettes  qu 
faisait  plus  venir  ;  40  livres  à  prendre  sur  les  d 
patrimoniaux.  Pour  cette  somme  de  120  livres,  on  r 
pas  plus  de  50  â  60  volumes,  suivant  les  mémoii 
libraires  qui  existent  presque  tous  aux  archives  po 
dernières  années.  C'était  du  reste  le  contingent  de 
mières  distributions,  sans  variation  depuis  Tépoq 
elles  avaient  été  instituées. 


§  2.  —  Cours  d'obstétrique  professé  aux  frais  de  la  \ 

Dans  une  des  publications  de  la  Société  de  statistiqi 
M.  Léo  Desaivre  a  donné  un  extrait  du  Plumitif  d 
diences  du  siège  royal  de  Niort  concernant  un  difl 
qui  s'éleva^  en  1695,  entre  les  maîtres  chirurgiens 
ville  et  le  sieur  Cochon  du  Puy,  médecin  du  roi,  ( 
de  leur  faire  un  cours  d'anatomie  et  de  médecine  ( 
toire.  M'  Cochon  du  Puy  était  rétribué  pour  ces  le» 
50  livres  par  an,  payées  par  lesdits  chirurgiens 
deniers  de  la  ville  n'étaient  donc  pas  engagés  d 
question  et  nous  ne  citons  le  fait  que  pour  mémoire. 

Dans  l'année  1765,  une  dame  du  Coudray,  ma, 
matrone  de  la  ville  de  Paris,  vint  à  Niort,  appel 
l'administration  municipale,  pour  y  donner  des 
d'accouchement,  et  y  professa  pendant  deux  mo 
maire  sortant^  Jacques-Etienne  Rouget,  présenta 
l'assemblée  du  27  juin,  le  compte  des  frais  dus  à  c( 

(1)  La  congrégation  de  l'Oratoire  fut  supprimée  par  une 
5  avril  1792. 

(2)  Bulletins  de  la  Société  de  statistique  (janvier-mars  1889), 


—  55  — 

par  la  ville.  Ils  avaient  été  avancés  par  lui  ;  le  total  en 
était  de  889  livres  10  sols.  Pour  honoraires  et  frais  de 
transport,  il  y  était  compté  389  livres  10  sols.  La  maîtresse 
snge-femme  avait  été  logée  et  défrayée  chez  M""*"  la  com- 
tesse du  Bourdetj  à  raison  de  100  livres  par  mois,  soit 
200  livres.  Enfin,  en  partant,  elle  avait  laissé  à  la  ville  une 
forme  pour  L'usage  de  l'instruction,  c'est-à-dire  un  man- 
nequin figurant  une  femme  sur  laquelle  on  exécutait  les 
manœuvres  d'un  accouchement.  Cette  pièce  était  estimée 
300  livres.  Le  paiement  de  ces  dépenses  fut  imputé  sur 
l'excédent  du  tarif.  Nous  ajouterons  qu'il  n'existe  pas  dans 
nos  archives  d'autre  exemple  de  cours  do  médecine  opéra- 
toire. 

§  3.  —  La  bibliothèque  publique. 


La  bibliothèque  publique  de  Niort  a  été  fondée  le 
23  mai  1771.  Voici  de  quelle  manière  et  dans  quelles 
circonstances  : 

Ce  jour-là,  les  officiers  municipaux  s'assemblèrent  à 
l'hôtel  de  ville.  Le  maire.  M''  Rouget  de  Gourcez ,  annonça 
au  corps  que  le  curé  de  Notre-Dame  était  dans  l'intention 
de  donner  sa  bibliothèque  à  la  ville.  Nous  laissons  main- 
tenant la  parole  au  procès-verbal  de  la  séance  :  «  Dans  cet 
instant  a  comparu  messire  Jean-de-Dieu-René  Bien,  archi- 
prêtre  de  Niort ,  curé  de  la  paroisse  de  Notre-Dame  de 
la  dite  ville,  et  l'un  des  conseillers  du  corps  municipal  (1), 
lequel  a  dit  que  c'est  avec  la  plus  grande  satisfaction  qu'il 
voit  se  former  et  adopter  un  projet  de  bibliothèque  publi- 
que pour  lequel  il  respirait  depuis  longtemps...  ;  il  a 
présenté  et  laissé  sur  le  bureau  le  catalogue  des  livres  (2) 


0 


(1)  Le  curé  Bion  avait  été  nommé  conseiHer  \o  30  mai  1770,  confor- 
mément à  la  nouvelle  organisation  municipale  en  vigueur  depuis  1765. 

(2)  Le  registre  sur  lequel  a  été  inscrite  une  c()pi(!  de  ce  catalogue, 
disposée  par  ordre  de  matières,  est  conservé  à  la  bildiothèque.  La  dona- 
tion du  curé  Bion  comprenait  1,38"2  volumes.  Les  acquisitions  faites  de 
1772  à  1789  ont  été  inscrites  à  la  suite,  dans  chacun  des  titres. 


donner  avec  les  six  armoires  qui  les  renferment,  à  ( 
tion  néanmoins  de  ne  pouvoir  être  déplacés  de  chez 
son  vivant,  attendu  que  son  âge  avancé  et  ses  infii 
ne  lui  permettraient  plus  de  se  rendre  dans  le  lieu  qi 
être  destiné  pour  la  bibliothèque ,  ajoutant  au  si 
qu'indépendamment  de  la  dite  donation  il  est  pr 
fournir  telles  autres  assurances  qu'il  serait  jugé  ] 
saire  pour  la  rendre  encore  plus  certaine  s'il  est  pos 
et  tout  â  fait  irrévocable,  que  d'ailleurs  il  se  confi 
soins  et  à  la  vigilance  de  messieurs  les  officiers  m 
paux  pour  le  choix  et  la  préparation  d'un  lieu  comm^ 
Après  avoir  ainsi  manifesté  ses  intentions,  le  cure 
se  retira.  Il  voulait,  comme  on  le  voit,  donner  seul' 
après  sa  mort.  Séance  tenante,  les  officiers  munie 
prirent  les  résolutions  suivantes  : 

((  Il  sera  député  chez  M"*  le  curé  de  Notre-Dame 
lui  témoigner  toute  la  reconnaissance  et  la  parfaite 
tude  du  corps,  et  pour  le  prier  néanmoins  de  rem; 
qu'en  remplissant  son  bienfait  de  son  vivant,  non 
ment-  il  déterminerait  tout  de  suite  l'établissement 
aussi  l'agrément  nécessaire  pour  les  dépenses  qu'i 
viendrait  faire^  tant  pour  le  lieu  qui  y  sera  destir 
pour  un  autre  fonds  à  employer  en  livres  qui  ne  se 
vent  pas  parmi  les  siens,  que  cependant  il  lui  sera  to 
libre  de  retenir  chez  lui  tous  les  livres  qu'il  Jugera  à  p 
comme  de  faire  prendre  à  la  bibliothèque  ceux  c 
feront  plaisir. 

«  Il  sera  préparé  un  appartement  au-dessus  de  1< 
des  assemblées  de  cet  hôtel  de  ville  pour  servir  à  l'é 
sèment  de  la  bibliothèque  ;  en  conséquence  il  sera  f 
réparations  utiles  et  nécessaires  suivant  les  forme 
tées. 

«  Il  sera  fait  un  fonds  annuel  qui  sera  pris  sur  ' 
dent  du  tarif  de  la  somme  de  500  livres,  pour  être  en 
annuellement  en  livres  qui  seront  jugés  nécessaire; 


—  57  — 


augmenter  utilement  la  bibliothèque  et  en  acquitter  les 
gages  du  bibliothécaire,  suivant  qu'ils  seront  réglés  aux 
meilleures  conditions  qu'il  sera  possible.   » 

En  présence  de  cet  empressement  et  de  cette  bonne 
volonté,  messire  Bion  se  rendit  aux  désirs  du  corps  de 
ville,  et  le  même  jour^  dans  la  salle  des  séances  de  la  mai- 
son commune,  fut  passé  l'acte  par  lequel  il  donnait  de 
suite  et  sans  réserve  sa  bibliothèque  à  la  ville  de  Niort  (1). 

L'intendant,  M""  de  Blossac,  approuva,  par  ordonnance 
du  28  novembre  1771,  la  délibération  du  23  mai  et  permit 
de  disposer  annuellement  sur  l'excédent  du  tarif  d'une 
somme  de  500  livres,  dont  deux  cents  seraient  appliquées 
au  paiement  des  gages  du  bibliothécaire  et  trois  cents  à 
l'acquisition  de  nouveaux  livres  (2),  après  néanmoins  que 
les  dépenses  nécessaires  pour  la  mise  en  état  de  la  salle 
auraient  été  acquittées  (3). 

La  salle,  étant  située  au-dessus  de  celle  des  séances,  se 
trouvait  sous  la  toiture  du  côté  qui  a  vue  sur  la  rue  des 
Halles.  Un  an  après  la  donation,  les  aménagements  néces- 
saires étaient  terminés  et,  dans  l'assemblée  du  30  mai  1772, 
le  corps  de  ville  examina  les  mémoires  dont  le  total  s'éle- 
vait à  903  livres  6  sols  6  deniers  (4).  Dans  cette  même 


C 
0 


(1)  L'acte  de  donation  fut  reçu  par  M«  Bion,  notaire,  frère  du  curé 
de  Notre-Dame,  qui  ne  voulut  rien  prendre  pour  ses  honoraires.  Les 
frais  de  contrôle  et  de  timbre  s'élevèrent  à  104  livres  3  sols. 

Cet  acte  a  été  publié  par  M.  l'abbé  Alfred  Largeault  dans  les  Mémoi- 
res de  la  Société  de  statistique,  année  1885,  p.  107. 

(2)  Les  pièces  justificatives  des  comptes  de  la  ville  comprennent  un 
mémoire  de  livres  fournis  par  Elles,  libraire,  à  la  bibliothèque,  s'élevant 
à  835  livres  pour  les  neuf  années  de  1774  à  1182,  deux  autres  de  Lefranc 
pour  1786  et  1787,  qui  montent  à  97  livres  10  sols.  Mais  il  n'est  pas 
certain  que  ces  mémoires  représentent  la  totalité  des  livres  achetés. 

(3)  Assemblée  du  30  mai  1772. 

(4)  Détail  des  mémoires  pour  l'aménagement  de  la  salle  de  la 
bibliothèque  : 

A  Devois,  charpentier,  pour  avoir  retait  en  entier 


de  200  livres  par  an.  La  place  fut  donnée  à  l'abbé  Pe: 
vicaire  de  Notre-Dame. 

Il  fut  arrêté  que  la  bibliothèque  serait  ouverte  au: 
teurs  deux  jours  par  semaine,  les  lundi  et  vendred 
huit  à  onze  heures  et  de  deux  à  cinq  dans  la  période 
Pâques  et  la  Saint-Michel,  de  neuf  heures  k  onze  h 
et  demie  et  de  deux  à  quatre  pendant  le  reste  de  l'an 

La  bibliothèque  publique  de  la  ville,  dont  celle  di 
Bion  a  fourni  le  premier  noyau,  est  aujourd'hui  et 
comme  on  sait,  dans  les  anciens  bâtiments  de  TOratc 


APPENDICE. 

L 

Assemblée  générale  des  habitants  de  la  ville  de  Nio 

«  Assemblée  générale  des  habitants  de  cette  vi 
Niort,  tenue  et  convoquée  ce  jourd'huy,  18  décembre 
sur  les  deux  heures  après-midi,  par  M"  les  maire  et  > 
vins  de  cette  dite  ville,  étant  dans  la  grande  salle 
maison  des  pères  de  l'Oratoire,  en  présence  du  Ré\ 

le  plancher  de  la  chambre 73  1. 

A  Daniau,  blanchisseur,  chaux,  chaple,  journées 

pour  crépir  et  blanchir 18  1. 

A  Pinoteau,  xw^  de  bois,  sapin  et  bois  blanc  pour 

t  plancher  et  armoires 304  1. 

A  Moisnier,   cloutier.     .    ' 34  1.  19  s 

A    Huguet ,   serrurier 88  1.  19  s 

A  Lucas,  vitrier,  pour  les  armoires 150  1. 

A  Fleury,  peinture  des  armoires  et  boiseries.     .  24  1. 

A  Bernier,  secrétaire,  pour  sept  écritoires.     .     .  8  1.    8  s, 

Total 903  1.     6  s 

(1)  Extrait  des  registres  de  Vhôtel  de  ville. 


—  59  — 


Père  Durand,    supérieur  de   ladite  maison,  à  laquelle 
assemblée  ont  assisté  : 

«  Messire  Jacques  de  Chasteauneuf,  chevalier,  seigneur 
de  Pierre-Levée,  lieutenant  pour  le  roy  des  chasteau  et 
ville  du  d.  Niort,  inspecteur  des  milices  bourgeoises  du 
haut  et  bas  Poitou,  maire  perpétuel  et  juge  de  police  de 
cette  d.  ville  ;  messire  Emmanuel  Augier  de  la  Terrau- 
dière,  archiprestre  et  curé  de  Notre-Dame  de  cette  d.  ville; 
Jacques  Baston,  curé  de  S'-André  de  cette  d.  ville;  Jean 
Pinet,  prestre  ;  Madreu,  prestre  ;  Barrault,  prestre,  et 
Desmier,  prestre  ;  M'"^  Jean  Gerbier,  écuyer,  seigneur  de 
Mornay,  conseiller  du  roy,  trésorier  de  France  au  bureau 
des  finances  de  la  ville  et  gouvernement  de  la  Rochelle  et 
président  en  la  sénéchaussée  et  siège  royal  de  cette  ville; 
Daniel  Madien,  lient'  particulier,  assesseur  civil  ;  Paul 
Esserteau,  lient'  particulier,  assesseur  criminel;  Alexan- 
dre Follet ,  s''  de  Ste-Ouenne  ;  Pierre  Palustre ,  s'  de 
Boismé,  tous  conseillers  du  roy,  juges  et  magistrats  au 
d.  siège  ;  M'"^  M®  Jean  Arnault,  conseiller  et  procureur  du 
d.  siège  ;  Jacques  Poudret,  procureur  du  roy  de  la  police; 
M"  M®  Nicolas  Avice,  écuyer,  s''  de  la  Motte  ;  Benêt,  con- 
seiller du  roy,  ])résident  de  l'élection  de  cette  ville  ;  Jean 
Decemme,  lient'  particulier  ;  Pierre  Boucher  ;  Pierre- 
Gabriel  Macé,  tous  conseillers  du  roy,  élus  en  la  d.  élec- 
tion; André  Lafîton,  procureur  du  roy  ;  Antoine  Jousselin^ 
enquêteur  au  d.  siège  ;  messire  Claude  de  Condé,  cheva- 
lier, s""  de  Condé  ;  Jacques  de  Brémond,  chevalier,  s''  de 
Vernon,  Le  Chironnail  et  autres  lieux  ;  Antoine  Vidard, 
écuyer,  s''  des  Bouchetières,  chevalier  de  l'ordre  militaire 
de  S*-Louis  ;  Louis  de  Villiers^  écuyer,  s""  de  Chantemerle, 
d'Antes  et  autres  lieux  ;  René  Clémenson,  écuyer,  s*"  de 
Bellefois,  chevalier  du  guet,  prévôt  provincial  au  départe- 
ment de  cette  ville  ;  Jean  Thibault,  écuyer,  s""  du  Planty  ; 
Pierre  Thibault,  écuyer,  s'"  de  la  Gaschère  ;  Joseph  Savi- 
gnac,  écuyer,  s""  des  Roches  ;  Pierre  Savignac,  écuyer, 
s""  de  la  Brumaudière  ;  Joseph  Louveau,  écuyer,  s""  de 
Ligné  ;  Pierre-Moïse  Bouchot,  s""  de  Martigni  ;  M*  Jacques 


C 

0 

n 


Thibault  de  Boutteville,  avocat  au  parlement  et  ai 
eschevin  ;  Jean  Hugueteau,  s""  de  Chaillié,  avocat; 
Thomas  de  la  Chapelle,  procureur  du  roy  des  ti 
foraines  et  avocat;  Antoine  Fautret  d'Alleret,  avocat; 
de  Bonneval,  avocat  en  parlement  ;  M"  Pierre  Augier 
Terraudière,  ancien  subdélégué  et  avocat  ;  Simon  Gu 
deau,  ancien  commissaire  aux  inventaires  et  ancien  e 
vin;  Jacques  Hyppolyte  Baudoin,  ancien  élu  contrô 
René  Chauvegrain,  ancien  lieut'  criminel  de  lad.  élec 
Antoine  Berthon,  ancien  avocat  du  roy  de  la  d.  électi 
eschevin  ;  M""^  Pierre  Bastard,  procureur  et  ancien  e 
vin;  Louis  Madien,  procureur;  Jean  Piet,  procure 
ancien  eschevin  ;  Jacques  Allonneau^  procureur  ;  Ja^ 
Arnault,  procureur  et  margu illier  de  S'- André  ;  ; 
Brunet ,  procureur  ;  Pierre  Cassin ,  procureur  ;  , 
Ferré,  procureur  ;  Pierre  Perault,  greffier  ;  M"  Alex; 
Clémenson,  notaire  royal;  Jean  Sabourin,  Antoine 
ton  et  Jean-René  Mangou^  aussi  notaires  royaux  ; 
Baptiste  de  Bonneval ,  inspecteur  des  manufacti 
Jacques  Pelletier,  le  jeune,  greffier  des  traites  fora 
Pierre  Coezard,  hérault  commis  à  la  recette  des  ta 
M^  Jean  Juin,  juge  des  consuls  en  exercice  et  esch 
Jacques  Fradin,  eschevin;  Jean  Martin,  eschevin;  ( 
les  Urtebise,  tous  anciens  juges  des  marchands  ;  ^ 
Urtebise  ;  Jean  Clerc,  le  jeune  ;  Charles  Allonneau  ;  ' 
les  Rivollet  ;  Abraham  Allonneau  de  la  Bouchetière  ; 
Clerc ,  l'aîné  ;  Gabriel  Birault  ;  François  Garenc 
Michel  Jouhot  ;  Jean  Varvarée  ;  Louis  Marot  ;  Ph: 
Doreil  ;  Louis  Pelletier,  s""  de  Nizeau  ;  Jean  Gigault;  S 
Binet;  Louis  Cruveher;  Jean-de-Dieu  Bion,  s'"  du  ] 
Henri  Augier;  Louis  Allonneau,  s'"  du  Planisseau; 
Bernard  ;  Noël-Joseph  Gaultier  ;  Jean  Elier  ;  Fra 
Taillefert  ;  Pierre  Binet  ;  Jacob  Pillot  de  Beaure 
Jean  Perot,  s""  des  Ousches  ;  Philippe-Elisée  Viet  ;  , 
Desbordes  et  Jean  Mestreau,  tous  marchands,  faisan: 
les  corps  et  habitans  les  plus  notables  de  la  d.  ville. 


—  61  -. 


«  Les  dits  sieurs,  maire  et  eschevins,  et  M'"  Alexis  Barré, 
l'un  d'iceux  faisant  les  fonctions  de  procureur  du  roy  de 
l'hostel  de  cette  dite  ville,  ont  dit  qu'il  n'y  aurait  rien  de 
plus  utile  pour  cette  ville  qu'un  collège  pour  l'instruction 
des  enfants,  dont  la  plupart  des  pères  sont  hors  d'état  de 
répondre  à  leurs  dispositions,  leur  donner  la  direction 
nécessaire  et  leur  faire  apprendre  la  langue  latine,  aussy 
bien  qu'à  ceux  des  lieux  circonvoisins  dont  la  majeure 
partie  se  trouvent  enfants  de  nouveaux  convertis.  Ils  ont 
ce  requis  et  prié,  faisant  pour  le  général  des  dits  habitants, 
lesdits  RR.  PP.  de  l'Oratoire,  establis  depuis  plusieurs 
années  en  cette  ville ,  de  vouloir  accepter  à  perpétuité  et 
irrévocablement,  par  une  permission  expresse  du  roy,  par 
des  lettres  patentes  qu'ils  espèrent  obtenir  de  l'avis  de 
M^''  nostre  illustrissime  et  révérendissime  évesque  de 
Poictiers,  et  de  M^''  l'Intendant  de  la  généralité  de  cette 
province  de  Poictou,  ledit  collège  et  iceluy  tenir  composé 
des  classes  de  sixième,  cinquième,  quatrième,  troisième, 
seconde  ou  humanités,  rhétorique  et  philosophie,  de  dire 
les  moyens  pour  parvenir  et  ce  qu'ils  désirent  des  habi- 
tants, en  attendant  que  les  dits  RR.  PP.  ayent  trouvé  des 
fonds  convenables  et  suffisants  par  l'union  de  bénéfices 
qu'ils  pourront  obtenir,  ou  autrement,  en  faveur  dudit 
collège. 

«  Les  dits  RR.  PP.  de  l'Oratoire^  par  la  bouche  du  R.  P. 
Durand,  leur  supérieur,  ont  dit  que  pour  répondre  aux 
intentions  des  dits  habitants  ils  acceptent  volontiers,  sur 
le  bon  plaisir  de  leur  très  R.  P.  supérieur  général  et  de 
son  conseil,  ledit  collège  qu'ils  commenceront  les  premiers 
jours  du  mois  de  janvier  de  l'année  prochaine  1717,  sous 
les  permissions  et  approbations  requises  et  nécessaires. 
L'establissement  du  dit  collège  pour  trois  classes,  savoir 
la  sixième,  cinquième  et  quatrième,  lesquelles  trois  classes 
seront  enseignées  par  deux  régents,  que  l'année  suivante 
1717  ils  y  joindront  la  classe  de  troisième  et  un  régent  de 
plus,  que  dans  la  suite,  et  lorsqu'ils  auront  les  fonds  qu'ils 
pourront  obtenir  par  union  de  bénéfices,  ils  seront  tenus 


C 

r 


régents,  toutes  lesquelles  susdites  classes  qui  compos( 
le  dit  collège  en  son  entier  seront  conduites  et  enseig 
par  sept  régents  et  un  préfet.  Les  dits  RR.  PP.  ne  de: 
dent  aux  dits  habitants  pour  enseigner  que  la  somn 
mille  livres  une  fois  payée,  aux  conditions  néann 
qu'ils  prendront  de  chascun  des  escoliers  estudian 
somme  de  cinq  livres  par  chacune  année  pour  l'entr 
des  deux  régents  de  l'année  prochaine  1717,  et  des 
pour  les  années  suivantes,  en  attendant  l'établisse] 
parfait  du  dit  collège  et  les  fonds  nécessaires  poi 
parvenir. 

«  La  matière  mise  en  délibération,  tous  les  dits  1 
tants  ont  unanimement  accepté,  sous  les  permissioi 
approbations  requises  et  nécessaires,  les  offres  et  condi 
proposées  par  les  dits  RR.  PP.  de  l'Oratoire,  auxquel 
conséquence  de  la  promesse  par  eux  ci-dessus  faite,  il 
payé,  par  cette  dite  ville,  la  dite  somme  de  mille  1 
par  eux  demandée,  qu'à  cet  effet  on  se  transportera  < 
les  maisons  des  dits  habitants ,  exempts  et  non,  exe, 
privilégiés  et  non  privilégiés ,  pour  recevoir  d'ew 
qu'ils  voudront  donner  volontairement  pour  conif. 
la  dite  somme  de  nulle  livres,  de  laquelle  il  sera 
délivrance,  aux  dits  RR.  PP.  de  l'Oratoire,  par  t 
partie,  savoir  :  Un  tiers  quinze  jours  après  qu'ils  ai 
commencé  à  enseigner  la  sixième,  cinquième  et  quatrii 
l'autre  tiers  à  la  fête  de  Saint-Jean-Baptiste  prochain 
enfin  l'autre  tiers  restant  à  payer  à  la  fête  de  Tou 
saints  de  la  dite  année  1717,  desquels  dits  paiemenl 
seront  tenus  de  donner  quittances  aux  dits  sieurs  n 
et  esche  vin  s,  pour  être  déposées  au  secrétaire  du  dit  h 
de  ville  et  jointes  à  ces  présentes  ;  est  arresté  que  lor 
les  dits  RR.  PP.  auront  obtenu,  en  faveur  du  dit  col' 
des  fonds  par  réunion,  donation,  jusqu'à  la  concurr 
de  la  somme  de  deux  mille  quatre  cents  livres  de  re^ 
annuel,  ils  ne  pourront  plus  prendre  de  chascun  escc 


—  63  — 


soit  de  cette  ville  ou  d'ailleurs,  la  dite  somme  de  cinq 
livres,  mais  seulement  celle  de  une  livre  pour  employer  à 
l'achat  de  prix  ou  autres  choses  à  la  discrétion  des  RR.  PP., 
et  alors  seront  tenus  d'enseigner  tous  les  dits  escoliers 
gratuitement  à  la  raison  de  la  dite  somme  de  une  livre 
pour  chascun  des  dits  escoliers  des  huit  classes  composant 
le  dit  collège  enseignées  par  sept  régents. 

«  Et  afin  de  faire  la  dite  quête  de  la  dite  somme  de 
mille  livres,  les  dits  habitants  ont  prié  les  dits  sieurs  maire 
et  eschevins  de  la  faire  incessamment,  et  pour  commis- 
saires pour  travailler  conjointement  avec  eux  à  faire  la 
dite  quête ,  ils  ont  nommé  M""®  les  curés  de  cette  ville ,  et 
en  leur  absence  M""^  les  vicaires,  M'"®  Gerbier,  président  de 
ce  siège,  de  La  Mothe  A  vice,  président  de  l'élection,  M'"®  de 
Villiers  et  Thibault  de  La  Gaschère,  eschevins,  M""^  Thi- 
bault de  Boutte ville,  avocat  et  ancien  eschevin,  Sabourin, 
notaire  royaL  Juin,  marchand,  juge  des  consuls  en  exer- 
cice, lesquels  dits  sieurs  maire  et  eschevins  et  commissaires 
seront  tenus  de  remettre  ce  qu'ils  amasseront  en  la  dite 
quête  entre  les  mains  de  M""  Bernard  Pellerin,  procureur 
au  dit  siège,  et  faisant  les  fonctions  de  secrétaire  du  dit 
hostel  de  ville,  lequel  s'en  chargera  et  sera  tenu  de  le 
délivrer  aux  dits  RR.  PP.,  par  ordre  des  dits  maires  et 
eschevins,  dans  les  termes  ci-dessus  expliqués  et  non  plus 
tard,  mo3ennant  quoi  le  dit  sieur  Pellerin  en  sera  quitte. 
Consentent  les  dits  habitants  que  le  dit  sieur  Pellerin 
délivre  grosses  des  dites  présentes,  tant  aux  dits  RR.  PP., 
stipulant  et  acceptant  le  contenu  en  icelles,  qu'aux  dits 
sieiu's  maire  et  eschevins.  Fait  et  arrêté  les  jours,  an, 
heure  et  lieu  susdits,  et  ont  signé  :  Suivent  les  signatures 
des  habitants  présents. 

«  Et  après  que  le  présent  acte  a  été  communiqué  aux 
communautés  régulières  pour  approbation,  se  sont  sous- 
signés ce  vingt-six  décembre  171G,  ainsi  signé  : 

({  Fr.  P.  Rabot,  gardien  des  Cordeliers,  Bairault,  doc- 
teur en  théologie,  Fr.  Ravallon,  vicaire,  Fr.  Félix  de 
Civray,  capucin,  vicaire  de  la  communauté  des  capucins, 


r 
0 


Niort,  Fr.  Barnabe  de  Poictiers,  prédicateur,  capuc 
ancien  missionnaire  apostolique  dans  les  Missions  é 
gères,  Fr.  René  Chauvegrain,  prieur  des  religieux  i 
Charité,  Fr.  Marc  Antoine  Masson.  » 

IL 

Assemblée  du  corps  de  ville. 

«  Aujourd'hui,  14  octobre  1718,  étant  en  la  sali 
assemblées  du  corps  et  maison  commune  de  cette  vil 
Niortj  par  devant  nous,  François  Desprez,  écuyer,  sie 
la  Potterie,  conseiller  du  roy^  receveur  ancien  des  t^ 
et  maire  de  cette  ville,  Louis  Blactot,  conseiller  du 
lieutenant  des  eaux  et  forêts,  eschevin,  Jean  Thom; 
la  Chapelle,  Pierre  Thibault  de  Boutteville  et  Jea: 
Dieu  Bion  du  Parc,  aussi  eschevins,  a  comparu  ÎM® . 
Baptiste  de  Bonneval,  avocat  en  parlement  et  au 
royal  de  cette  ville,  procureur  du  roy  dudit  corps,  1< 
nous  a  remontré  qu'il  a  été  informé  que,  par  acte  d'as 
blée  du  18  décembre  1716,  qui  est  es  mains  du 
Pellerin^  ci-devant  commis  secrétaire  du  corps  de 
dite  ville^  les  maire  et  eschevins  qui  nous  ont  précé' 
le  général  des  habitants  de  cette  ville,  sous  le  bon  p 
du  Roy,  ont  offert  à  perpétuité,  aux  RR.  PP.  de  l'Ora 
de  cette  ville^  un  collège  en  leurs  maisons,  lequel  il 
accepté,  et  deux  mois  après  ils  ont  enseigné  les  class 
sixième,  cinquième,  quatrième  et  troisième,  ce  qu'il 
continué  de  faire  jusqu'au  sept  du  mois  de  septembre 
nier,  et  comme  le  dit  procureur  du  roy  a  appris  que  ' 
blissement  de  ce  collège,  si  utile  aux  habitants  de 
ville  et  lieux  circonvoisins  éloignés  des  autres  villes 
y  a  des  collèges^  est  sur  le  point  de  tomber,  parce 
depuis  la  dite  année  1716,  les  RR.  PP.  de  l'Oratoire  i 
pu  trouver  aucun  fonds  ni  obtenir  aucuns  bénéfices 


—  65  — 


entretenir  les  préfets  et  régents  qui  enseignent  les  dites 
classes,  que  d'ailleurs  ils  ne  sont  pas  en  état  de  bâtir  les 
classes  qui  leur  manquent,  il  croit  qu'il  est  de  l'intérêt 
public  de  soutenir  cet  établissement,  et  pour  y  parvenir 
de  faire  présent  aux  dits  RR.  PP.  de  quelques  sommes 
pour  aider  à  entretenir  les  dits  préfets  et  régents,  et  aider 
à  bâtir  les  classes  qui  manquent,   et  d'autant  que  les 
deniers  patrimoniaux  de  cet  hôtel  de  l'année  présente  ne 
suffiront  pas  pour  faire  faire  les  réparations  publiques 
urgentes  et  nécessaires,  il  estime  que  l'on  ne  peut  employer 
plus  utilement  partie  de  la  somme  qui  est  entre  les  mains 
du  greffier  ou  receveur  des  consignations  de  la  Cour  des 
aydes  de  Paris  appartenant  a  cet  hôtel,  et  qui  y  a  été 
déposée  par  des  receveurs  des  tailles  de  cette  dite  ville , 
qu'à  donner  aux  dits  RR.  PP.  de  l'Oratoire  les  moyens 
d'aider  â  nourrir  les  dits  régents  et  à  bâlir  les  classes  qui 
manquent,  requérant  qu'il  nous  plaise  délibérer  sur  sa 
remontrance  et  s'est  soussigné, 

((    BONNEVAL.    M 

«  Arrêté....  que  les  dits  RR.  PP.  de  l'Oratoire seyero/ii! 
payer  de  la  somme  de  mille  livres....  prient  les  receveur 
des  consignations  et  greffier  de  la  Cour  des  aydes  de  Paris 
de  faire  le  paiement  de  la  dite  somme  de  mille  livres, 
après  que  les  RR.  PP.  auront  fait  approuver  et  viser  la 
déhbération  par  M^''  l'intendant... .  ce  que  le  R.  P.  Payan, 
supérieur  de  la  maison  do  l'Oratoire,  a  accepté.  » 


r 
r 


IIL 


Assemblée  du  corps  de  ville. 


«  Aujourd'hui,  23"'^  jour  de  février  1719,  en  l'assemblée 
ordinaire  tenue  en  la  salle  de  l'hôtel  de  ville  de  Niort,  par 

nous,  François  Desprez,  écuyer,  sieur  de  la  Potterie, 

ont  comparu  en  personnes  M'"®  François  Payan,  prêtre, 
supérieur  de  TOratoire  de  cette  ville,  et  M'^  François 

5 


collège,  lesquels  nous  oni  remonxre  que  par  acK 
semblée  générale  des  habitants  de  cette  dite  ville 

du  18  décembre  1716 

«  En  conséquence  de  cet  acte,  les  dits  PP.  de  l'O 
ont  enseigné  les  classes  de  sixième,  cinquième,  qua 
et  troisième  en  l'année  1717,  et  depuis  ils  ont  faii 
des  régents  pour  enseigner  la  seconde  ou  humanitc 
rhétorique^  et  comme  ils  ont  fait  le  tout  à  leurs  d 
les  cinq  livres  qu'ils  ont  fait  payer  à  chascun  escol 
conformité  du  susdit  acte,  n'ayant  point  suffi  pou 
les  dites  classes,  et  qu'il  n'est  pas  possible  qu'ils  pi 
continuer  à  enseigner  les  susdites  classes,  sans  qii 
secours  de  cette  ville,  jusqu'à  ce  que  qu'ils  aient  > 
la  réunion  de  quelques  bénéfices  en  faveur  du  dit  c 
ils  nous  prient  d'avoir  égard  à  leur  remontrance  et  ( 
donner  le  moyen  de  soutenir  l'établissement  du  dit  ( 
naissant  aux  offres  qu'ils  font,  tant  pour  eux  que  poi 
de  leur  congrégation,  d'exécuter  toutes  les  clai 
conditions  ci-dessus  et  celles  établies  en  le  susdit 
et  ont  signé  : 

«  Payan,  prêtre  et  supérieur  de  l'Oratoir 
«  DuPLEix,  prêtre  de  l'Oratoire  et  préf 
du  collège.  » 

«  Le  procureur  syndic  de  cette  dite  ville 

attendu  que  les  RR.  PP.  de  l'Oratoire  de  cette  v 
sont  point  en  état  de  soutenir  la  dépense  qu'il  co 
faire  pour  entretenir  les  sept  régents  et  un  préfet,  : 
qu'il  est  de  son  devoir  de  nous  remontrer  qu'il  S( 
propos  de  prendre  sur  le  revenant  bon  des  droits  d 
qui  se  perçoivent  aux  portes  de  cette  ville  dep 
premier  octobre  dernier,  la  partie  du  roy  préalab' 
acquittée,  la  somme  de  deux  mille  quatre  cents  livr 
sera  annuellement  payée  aux  RR.  PP.  de  l'Oratoii 
charge  par  eux  de  tenir  le  dit  collège  composé  des  si 
sept  classes  et  d'une  préfecture,  qui  seront  enseign( 


—  67  — 


sept  régents  et  un  préfet,  et  qu'ils  ne  pourront  recevoir 
qu'une  livre  de  chascun  escolier,  et  comme  il  est  ci-dessus 
expliqué,  à  la  charge  aussi  qu'aussitôt  que  les  dits  RR.  PP. 
de  l'Oratoire  auront  obtenu  quelques  réunions  de  béné- 
fices, ou  qu'il  leur  sera  donné  quelques  biens  à  quelque 
titre  que  ce  soit  jusqu'à  la  concurrence  de  la  susdite 
somme  de  2,400  livres,  on  cessera  de  leur  en  faire  le 
paiement,  et  au  dit  cas  seront  tenus  ù  toujours  et  â  perpé- 
tuité d'enseigner  les  susdites  classes,  sans  pouvoir  s'en 
dispenser,  sous  prétexte  c^ue  les  dites  réunions  de  béné- 
fices et  dons  à  eux  faites  n'ont  été  faites  qu'en  faveur  de 
leurs  maisons  et  non  du  collège,  et  a  signé, 

«    BONNEVAL.    » 

«  Sur  quoy,  la  matière  mise  en  délibération,  attendu 
que  nous  ne  pouvons  disposer  des  deniers  communs  de 
cette  ville,  sans  le  consentement  des  habitants  de  cette 
dite  ville,  avons  arrêté  et  délibéré  que  le  présent  acte 
d'assemblée  leur  sera  par  nous  communiqué  en  assemblée 
générale,  qui  sera  par  nous  convoquée  demain,  une  heure 
de  relevée,  au  Palais-Royal  de  cette  dite  ville » 


IV. 


r 

c 


Assemblée  générale  des  habitants  (1). 

«  les  habitants  sont  d'avis  qu'il  soit  annuellement 

payé  aux  RR.  PP.  de  l'Oratoire,  par  demi-année,  la 
somme  de  2,400  livres  pour  la  nourriture  des  dits  préfet 
et  régents,  laquelle  somme  sera  prise,  sous  le  bon  plaisir 
du  Roy,   sur  le  revenant   bon   ou   excédant  des  droits 

d'entrée ;  le  paiement  diminuera  au  fur  et  à  mesure 

que  les  RR.  PP.  de  l'Oratoire  obtiendront  la  réunion  de 
quelques  bénéfices,  ou  qu'il  leur  sera  fait  quelc|ues  dons 
qui  seront  toujours  présumés  faits  en  faveur  du  dit  collège, 


(1)  Extrait  des  registres  de  l'hôtel  de  ville, 


reunion  et  de  donation  ou  autrement,  ce  que  les  RR 
Payan... .  ont  accepté,  promis  d'exécuter  et  faire  appr 
par  leur  R.  P.  général;  ont  promis, 'ce  requérant  le 
habitants,  ne  plus  recevoir  à  l'avenir  aucune  somn 
escoliers ,  tant  pour  prix  qu'autrement ,  au  moy( 
paiement  annuel  de  la  somme  de  2,400  livres.  F 
arrêté » 


V. 


Arrêt  du  Conseil  d'État  sur  Vétablissemem 
du  collège  de  l'Oratoire  (1). 

('  Extrait  des  registres  du  Conseil  d'Etat  sur  la  n 
présentée  au  rov,  estant  en  son  conseil,  par  les  i 
esclievins  et  habitants  de  la  ville  de  Niort,  concernai 
leur  ville  qui  est  grande  et  fort  peuplée,  et  qui  es 
trepôt  des  provinces  circonvoisines,  manque  néant 
d'establissements  les  plus  utiles  et  les  plus  nécessai 
entre  autres  d'un  collège  pour  l'instruction  de  la  jeui 
que  dans  la  vue  d'y  pourvoir,  sous  le  bon  plaisir 
Majesté,  ils  se  seraient  unanimement  assemblés  e 
acte  du  18  décembre  1716,  ils  auraient  requis  le 
Durand,  supérieur  de  la  maison  des  pères  de  l'Orato 
sa  communauté  établie  depuis  longtemps  dans  la 
d'accepter  à  perpétuité  le  dit  collège  pour  y  ten 
classes  de  sixième,  cinquième,  quatrième,  trois 
seconde,  rhétorique  et  de  philosophie,  et  qu'en  atte 
que  les  dits  RR.  PP.  eussent  trouvé  les  fonds  convei 
pour  son  entretien,  les  dits  suppliants  seraient  con 
de  leur  donner  une  somme  de  mille  livres  une  fois  \ 
et  auraient  consenti  qu'ils  reçussent  de  chaque  es 
étudiant  100  sols  par  an,  aux  conditions  toutefois  qu 
qu'ils  auraient  obtenu  en  faveur  du  collège  des  fond; 

(1)  Extrait  des  regislrea  de  l'hôtel  de  ville. 


—  69 


par  réunion  de  bénéfices,  soit  par  donation,  jusques  à  la 
concurrence  de  la  somme  de  2,400  livres  de  revenu  annuel, 
ils  ne  recevront  plus  gue  20  sols  de  chaque  escolier  par  an, 
que  par  autre  acte  d'assemblée  du  5  septembre  1717,  tenue 
du  consentement  et  par  les  exhortations  du  sieur  Evesque 
de  Poitiers,  et  en  vertu  de  l'ordonnance  du  sieur  de  la  Tour, 
maître  des  requêtes  et  intendant  de  la  généralité  de  Poi- 
tiers, du  deux  du  même  mois,  les  suppliants  auraient 
consenti  à  l'union  de  quelques  chapelles  en  faveur  des 
RR.  PP.  pour  contribuer  à  l'établissement  du  dit  collège, 
que  depuis  ayant  plu  à  Sa  Majesté  de  leur  accorder,  par 
arrêt  du  25  juillet  1718  et  lettres-patentes  du  5  octobre 
ensuyvant,  la  commutation  de  leurs  impositions  en  un 
droit  à  percevoir  sur  les  marchandises  et  denrées  qui 
entrent  dans  la  ville,  l'adjudication  qui  a  été  faite  du  dit 
droit  par  les  sieurs  commissaires  de  Sa  Majesté  produisant 
un  excédant  au-dessus  de  leurs  impositions,  dont  une 
partie  pouvait  être  utilement  employée  à  l'entretien  du 
dit  collège,  ils  auraient,  par  autre  acte  d'assemblée  du 
26  février  1719,  délibéré  et  arrêté  que  Sa  Majesté  serait 
très  humblement  suppliée  de  leur  en  accorder  ses  letti'es 
patentes,  et  que  pour  en  soutenir  la  dépense,  il  leur  serait 
permis,  sous  son  bon  plaisir,  de  prendre  sur  l'excédant 
du  produit  de  leur  tarif  une  somme  de  2,400  livres  pour 
être  payée  annuellement,  et  de  six  mois  en  six  mois,  aux 
dits  RR.  PP.  de  l'Oratoire  pour  V entretien  de  sept  classes 
et  d'une  préfecture,  qui  seraient  enseignées  par  sept 
régents,  avec  ces  clauses  aussi  que  si  par  réunion  de 
bénéfices  ou  par  donation  ils  obtenaient  jusqu' à  la  concur- 
rence de  la  dite  somme  de  2,400  livres  de  revenu  annuel, 
le  dit  paiement  cessera  de  leur  être  fait  par  les  suppliants, 
comme  aussi  qu'il  diminuera  à  proportion  du  revenu  des 
dites  réunions  ou  donations,  qu'ils  enseigneront  gratis 
sans  rien  exiger  des  escoliers  étudiants ,  et  comme  les 
motifs  qui  engagent  les  suppliants  â  demander  une  pareille 
grâce  à  Sa  Majesté  sont  assez  puissants  pour  oser  l'espérer 
de  sa  bonté,  à  cause  des  grands  avantages  qu'il  y  a  lieu  de 


0 

n 


cien  commerce  de  cette  ville  que  pour  la  conversa 
religionnaires^  dont  le  nombre  est  fort  considérable 
cette  province,  en  contribuant  à  détruire  peu  à  /: 
semences  de  V hérésie  qui  se  perpétue  dans  lesfamiL 
la  mauvaise  éducation  cjue  les  enfants  reçoivent  cl 
maison  paternelle.  A  ces  causes,  requièrent  les  sup] 
qu'il  plaise  à  Sa  Majesté,  en  autorisant  les  dites  ( 
rations  ci-clessus  énoncées,  leur  accorder  des  lettre 
l'établissement  du  dit  collège  en  la  maison  des  RR.  ] 
l'Oratoire,  conformément  aux  conditions  portées  ai 
actes  d'assemblée  du  18  décembre  1716  et  26  février 
et  en  conséquence  qu'il  leur  soit  permis  de  dispose 
prendre  sur  l'excédant  du  produit  de  leur  tarif,  leurs 
sitions  préalablement  acquittées,  une  somme  de2,40{ 
pour  être  payée  aux  dits  RR.  PP.  de  l'Oratoire,  de  si 
en  six  mois  et  d'année  en  année,  sur  leurs  simples  quil 
visées  des  maire  et  eschevins  par  le  receveur  des  tai 
exercice,  et  ce  à  commencer  du  premier  janvier  171 
charge  par  eux  d'enseigner  gratis  et  d'exécuter  les 
clauses  et  conditions  insérées  aux  dits  actes  ;  Vu  la  re 
les  dits  actes  d'assemblée  du  18  décembre  1716, 
tembre  1717  et  26  février  1719,  ensemble  le  consenl 
du  dit  sieur  Evesque  de  Poitiers  du  6  avril  17 
l'ordonnance  du  sieur  de  la  Tour  du  2  septembre 
vant,  les  dits  arrêts  et  lettres  patentes  du  25  jui 
5  octobre  1718,  l'adjudication  faite  le  8  mars  1719  ] 
dits  sieurs  commissaires  de  Sa  Majesté  des  droits  c 
de  la  dite  ville  à  Jean  Savarit,  moyennant  49,700 
par  chascun  an,  à  commencer  du  premier  janvier  1 
l'arrêt  du  Conseil  qui  confirme  la  dite  adjudicati 
18  avril  ensuyvant,  ouï  le  rapport  du  sieur  Law,  cor 
du  Roy  en  tous  ses  Conseils,  contrôleur  généi 
finances,  le  Roy  estant  en  son  Conseil ,  de  l'avis  d( 
seigneur  le  duc  d'Orléans,  régent,  a  autorisé  et  home 
autorise  et  homologue  les  dites  délibérations  des 
eschevins  et  habitants  de  la  dite   ville   de   Nioi 


71 


18  décembre  1716,  5  septembre  1717  et  26  février  1719, 
jointes  à  la  minute  des  présentes,  ordonne  Sa  Majesté 
qu'elles  seront  exécutées  selon  leur  forme  et  teneur,  et 
conformément  à  icelles,  a  promis  et  promet  Sa  Majesté 
aux  dits  maire  et  esclievins  de  disposer  en  faveur  des  dits 
Pères  de  l'Oratoire  jusqu'à  la  concurrence  de  la  somme  de 
2,400  livres  pour  Tentretien  de  leur  collège,  à  prendre  sur 
le  revenant  bon  et  excédant  des  droits  du  tarif  de  la  dite 
ville,  les  impositions  préalablement  acquittées,  laquelle 
somme  de  2,400  livres  leur  sera  payée  de  six  mois  en  six 
mois ,  en  continuant  ainsi  d'année  en  année ,  sur  leurs 
simples  quittances  visées  des  maire  et  eschevins,  par  le 
receveur  des  tailles  en  exercice,  et  ce  à  commencer  du 
premier  janvier  1719,  lesquelles  quittances  seront  passées 
et  allouées  dans  les  états  et  comptes  que  le  dit  receveur 
rendra  du  dit  excédant  et  par  devant  qui  il  appartiendra, 
à  la  charge  par  les  dits  RR.  PP.  de  l'Oratoire  d'exécuter 
de  leur  part  les  clauses  et  conditions  portées  aux  actes 
d'assemblées  et  notamment  en  celui  du  dit  jour  23  février 
1719,  enjoint  Sa  Majesté  au  sieur  de  la  Tour  de  tenir  la 
main  à  l'exécution  du  présent  arrêt,  pour  l'exécution 
duquel  arrêt  seront  toutes  lettres  nécessaires  expédiées  si 
besoin  est.  Fait  au  Conseil  du  Roy,  Sa  Majesté  y  étant, 
tenu  à  Paris  le  30"'^  jour  d'avril  1720.  Signé  Phélippeaux. 


C 

0 


<(  Louis,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France  et  de 
Navarre,  à  notre  ami  et  féal  conseiller  en  nos  Conseils, 
maître  des  requêtes  ordinaire  de  notre  hôtel,  le  sieur  de 
la  Tour,  commissaire  départi  pour  l'exécution  de  nos 
ordres  dans  la  généralité  de  Poitiers,  salut;  Nous,  de 
l'avis  de  notre  très  cher  et  amé  oncle,  le  duc  d'Orléans, 
régent,  nous  mandons  et  enjoignons  par  ces  présentes 
signées  de  nous  de  tenir  la  main  à  l'exécution  de  l'arrêt 
ci-attaché  sous  le  contre-scel  de  notre  chancellerie,  ce 
jour  d'huy  donné  en  notre  Conseil  d'Etat,  nous  y  étant, 
pour  les  causes  y  contenues  ;  commandons  au 
notre  huissier  ou  sergent  sur  ce  requis  de  signifier  le 


n  en  ignore ,  ei  cie  laire  pour  son  execuiion  loiis  a 
et  exploits  nécessaires  sans  aucune  permission  ,  car 
est  notre  plaisir.  Donné  â  Paris  le  30™''  jour  d'avril  : 
et  de  notre  règne  le  cinquième.  Signé  Louis  et  ^ 
bas  :  Par  le  Roy ,  le  duc  d'Orléans  régent.  «S 
Phélippeaux  ». 

«Jean  Baptiste  des  Gallois,  chevalier ,  s='' de  la  T* 
conseiller  du  roy  en  ses  Conseils ,  maître  des  requ 
ordinaire  de  son  hôtel  et  Intendant  de  justice,  polie 
finances  en  la  généralité  de  Poitiers. 

«  Vu  l'arrêt  du  Conseil  d'Etat  ci-dessus  et 
sur  iceluy  du  grand  sceau  de  cire  jaune,  nous  ordoni 
qu'il  soit  exécuté  selon  sa  forme  et  teneur.  Fait  à  T 
le  21  novembre  1720,  Signé  de  la  Tour.  » 

A  la  suite,  sur  les  registres  de  l'hôtel  de  ville  : 

«  Jésus  Maria 

«  Nous  soussigné  Pierre-François  Delatour  j  supéi 
général  de  la  congrégation  de  l'Oratoire  de  Jésus-Cl: 
notre  Seigneur  ,  de  l'avis  et  consentement  des  I 
Gilles  François  de  Monteil,  Jean  Mérindol  et  Frai 
Joseph  de  Vezien ,  nos  assistants ,  promettons  coi 
moment  aux  actes  des  assemblées  de  la  ville  de  Nioi 
18  décembre  1716  et  23  février  1719,  premièrement 
notre  collège  dans  la  d.  ville  sera  fourni  de  sept  réc 
et  d'un  préfet,  et  qu'on  n'exigera  rien  des  écolier 
conséquence  du  fonds  de  2,400  livres  par  an  que  la  d. 
nous  accorde  pour  l'entretien  du  d.  collège;  secui 
que  les  frais  de  l'enregistrement  des  d.  lettres 
l'établissement  du  d.  collège  seront  payés  par  ] 
maison  de  Niort  ;  tertio ,  et  quant  aux  mille  liiv 
nous  promises  par  l'assemblée  de  1716,  sur  lesqi 
on  n'a  encore  perçu  que  la  somme  de  107  livres, 
voulons  que  nos  Pères  de  Niort  s'en  remettent  à  la  b 
volonté  de  M'*  de  la  ville  de   Niort.    Fait  à  Par 


—   73  — 

e-»"  décembre  1720.  Signé  P. -F.  Delatour,  G.  T.  Mon- 
TEiLj  IMÉRiNDOL,  DE  Vezien,  et  plus  bcts  :  de  l'ordre  de 
notre  T.  R.  P.  général  et  de  son  conseil.  F.  Galipault, 
secrétaire.  » 

Et  au  clos  est  écrit:  «  Je  soussigné,  supérieur  de  l'Ora- 
toire de  cette  ville  de  Niort,  certifie  que  le  pouvoir  et  les 
seings  apposés  de  l'autre  part,  savoir  :  du  T.  R.  P.  Déla- 
teur etc..  sont  véritables  et  ceux  dont  ils  se  servent 
ordinairement.  A  Niort  le  19  décembre  1720.  Signé: 
Payan,  supérieur  et  prêtre  de  l'Oratoire. 

«  Les  originaux  des  arrêt  et  pouvoirs  ci-dessus  sont 
restés  es  mains  do  IVP  Claude  Arnauldet,  secrétaire  du 
corps  de  cette  ville  ,  conformément  à  l'acte  de  ce  jour 
d'huy,  19  décembre  1720,  dont  nous  maire  et  échevins 
soussignés,  ce  requérant  le  d.  procureur  syndic,  avons 
donné  acte  les  jour  et  an  que  dessus ,  et  s'est  le  sieur 
Payan  avec  nous  soussigné. 

Signé  «  EssERTEAU,  maire,  Louis  Arnauldet,  Vaslet 
Malleray  ,  BiON  DU  Parc  ,  écbevin ,  Macé  ,  Payan, 
supérieur  de  l'Oratoire,  Arnauldet,  secrétaire.  » 


VL 


Lettres  patentes  pour  l'établissement  d'un  régent 
pour  la  sixième  classe  au  collège  de  Niort  en  Poitou  (1). 

«  Louis  par  la  grâce  de  Dieu  Roy  de  France  et  de 
Navarre  à  tous  ceux  qui  ces  présentes  verront  Salut; 
nos  chers  et  amez  les  Maires,  Echevins  et  habitants  de 
la  ville  de  Niort,  généralité  de  Poitiers,  Nous  ont  fait 
représenter  que  nous  aurions  par  arrest  de  notre  Conseil 
du  trente  avril  1720  et  nos  lettres  patentes  sur  iceluy  du 
vingt  may  en  suivant  autorisé  et  homologué  leurs  délibé- 
rations des  dix-huit  décembre  171G,  cinq  septembre  1717 


C 

0 

n 


(1)  Archives  de  Niort,  n°  2240, 


plaisir  ils  ont  requis  les  Prestres  de  l'Oratoire  establi 
la  ditte  ville,  il  y  a  plus  d'un  siècle,  d'accepter  à  perpé 
un  collège  dans  leur  maison  pour  y  tenir  les  classe 
cinquième,  quatrième ,  troisième,  seconde,  réthori 
logique  ,  physique  (1)  et  une  préfecture  ,  et  en  ce 
quence  Nous  avons  ordonné  que  les  d.  délibéral 
seroient  exécutées  selon  leur  forme  et  teneur  aux  cls 
et  conditions  y  énoncées  et,  conformément  aux  d.  dé 
rations,  avons  permis  auxdits  maire  et  échevins  de  disj 
en  faveur  des  dits  Prêtres  de  l'Oratoire  jusqu'à  cou 
rence  de  la  somme  de  deux  mil  cjuatre  cent  livres 
Fentretien  du  dit  collège,  à  prendre  sur  le  revenant 
et  excédant  des  droits  de  tarifs  de  la  ditte  ville  , 
impositions  préalablement  acc[uittées  ,  ainsi  qu'il 
plus  amplement  expliqué  par  nos  dits  arrests  et  le 
patentes,  lesquelles  ont  été  enregistrées  en  notre  P 
ment  en  la  manière  accoutumée  suivant  l'arresi 
vingt  huit  may  1721  et  au  greffe  du  siège  royal  c 
ditte  ville  le  neuf  juillet  de  la  même  année  ,  c[U( 
exposants  ont  veu  avec  une  entière  satisfaction 
le  dit  collège;  les  écolliers  y  faire  tous  les  progrès 
quels  on  pouvoit  s'attendre  et  détruire  en  la  ditte 
l'hérésie  par  les  soins  et  les  attentions  continuelles 
Prêtres  de  l'Oratoire;  mais  que  depuis  ayant  consi 
avec  les  dits  habitants  que  le  s'"  Richard  d'Em 
habitant  de  la  ditte  ville,  qui  enseignoit  la  sixième  c 
en  vertu  de  la  commission  qu'ils  luy  avoient  donn 
quitté  la  ditte  ville  et  passé  en  Irlande,  lieu  de  sa  : 
sance,  dès  les  premiers  jours  de  septembre  dernier  et 
seroit  beaucoup  plus  utile  et  plus  avantageux  qi 
sixième  classe,  comme  les  autres^  fût  enseignée  pa 
dits  prestres  de  l'Oratoire ,  parce  qu'il  est  difficile 
des  personnes  establyes  dans  une  ville,  que  des  aff 

(1)   Les  lettres  patentes  de  1720  portaient  :  sixième,  cinqui 
quatrième,  troisième,  seconde,  rhétorique  et  philosophie, 


—  75  — 


domestiques  occupent,  qui  demeurent  éloignées  du  col- 
lège, puissent  se  rendre  en  classe  aux  heures  marquées 
avec  cette  exactitude  absolument  nécessaire  pour  con- 
tenir de  jeunes  enfants,  que  le  bon  exemple  qu'on  doit 
donner  à  de  jeunes  écoliers  si  susceptibles  (à  cet  âge)  de 
mauvaises  impressions  n'est  pas  d'une  moindre  consi- 
dération, qu'il  est  souvent  arrivé  que  ces  régents  externes 
se  sont  présentés  au  collège  hors  d'état  de  pouvoir  faire  la 
classe,  ce  qui  a  obligé  de  renvoyer  les  écoliers,  qu'il  est 
difficile  que  de  tels  maîtres  puissent  élever  les  enfants  dans 
la  piété  et  leur  en  donner  les  principes  plus  nécessaires 
encore  que  ceux  de  la  langue  latine;  enfin  que  la  manière 
d'enseigner,  souvent  difïérente  de  celle  du  collège,  retarde 
et  même  dégoutte  les  enfants  du  latin,  que  les  dits  expo- 
sants ayant  aussy  considéré  que  pour  donner  de  l'ému- 
lation aux  écoliers  du  dit  collège,  dont  le  nombre 
s'augmente  de  jour  en  jour ,  il  seroit  à  propos  de  leur 
distribuer  des  prix  de  deux  ans  en  deux  ans,  suivant  la 
pratique  des  autres  collèges,  ils  se  sont  assemblés  avec 
les  d.  habitants  et  par  leur  délibération  du  six  octobre 
dernier,  acceptée  par  le  supérieur  de  la  maison  des  dits 
Prêtres  de  l'Oratoire,  il  a  été  sous  notre  bon  plaisir  unani- 
mement convenu  d'établir  une  sixième  classe  pour  être 
enseignée  dans  le  collège  des  dits  Prêtres  de  l'Oratoire  par 
l'un  d'entre  eux  ;  et  qu'il  sera  distribué  de  deux  ans  en 
deux  ans  aux  écolliers  du  dit  collège  des  prix  qui  seront 
marqués  aux  armes  de  la  ditte  ville  et  distribués  au  nom 
du  corps  de  ville  en  présence  des  exposants  et  de  leurs 
successeurs,  maires  et  échevins,  par  les  supérieurs  de 
la  maison  et  preffet  du  dit  collège ,  au  jour  qu'il  sera 
convenu  entre  les  d.  supérieurs,  preffet  et  les  maires  et 
échevins,  et  que  pour  en  soutenir  la  dépense  il  seroit  pris 
sur  l'excédant  des  droits  de  tarif  et  octroys  sur  quit- 
tances visées  des  maires  et  échevins  par  le  receveur 
de  la  ditte  ville,  à  commencer  du  premier  janvier  mil 
sept  cent  trente  trois,  en  continuant  ainsy  de  six  mois 
çn  six   mois    et   d'année  en    année  et  que  les  dittes 


C 

r 


le  dit  receveur  rendra  du  dit  excédent  et  octroys 

devant  qui  il  appartiendra,  â  la  charge  par  les  pr 

de  l'Oratoire  d'exécuter  de  leur  part  les  clauses  et 

ditions  portées  ausdits  actes  d'assemblée ,  avons  en 

à  notre  commissaire  départy  en  la  généralité  de  Poi 

de  tenir  la  main   à  l'exécution   de  notre  dit  arres 

lequel  nous  avons  ordonné  que  toutes  lettres  nécess 

soient  expédiées,  lesquelles  les  exposants  nous  ont 

humblement  fait  suplier  leur  vouloir   accorder.   A 

CAUSES  ,  de  l'avis  de  notre  Conseil  et  conforméme 

notre  dit  arrest  du  vingt-neuf  janvier  dernier  cy  ati 

sous  le  contre-scel  de  notre  chancellerie,  nous  avoni 

ces  présentes  signées  de  notre  main  autorisé  et  h 

logué,  autorisons  et  homologuons  la  ditte  délibér 

des  maires  et  échevins  et  habitants  de  la  ditte  vil 

Niort  du  six  octobre  mil  sept  cent  trente  un,  ordor 

qu'elle  soit  exécutée  selon  sa  forme  et  teneur  et  co 

mément  à  icelle  permettons  auxd.  maire  et  échevi: 

disposer  en  faveur  des  d.  prêtres  de  l'Oratoire  ju 

concurrence   de    la    somme   de    trois    cent  livres 

l'entretien  du  régent  qui  enseignera  la  sixième  clas 

dit  collège  à  prendre  sur  le  revenant  bon  et  excéder 

droits  du  tarif  de  la  ditte  ville  ses  impositions  pi 

blement  acquittées  et  la  somme  de  quarante  livres 

l'achat  des  prix  que  nous  voulons  estre  distribue: 

écoliers  du  dit  collège  de  deux  ans  en  deux  ans 

manière  expliquée  en  la  ditte  délibération  du  six  oc 

mil  sept  cent  trente  un  à  prendre  sur  les  octroys 

ditte  ville,  lesquelles  deux  sommes  seront  payées,  se 

celle  de  trois  cent  livres  de  six  mois  en  six  moi 

celle  de  quarante  livres  d'année  en  année  sur  les  sii 

quittances  des  dits  prêtres  de  l'Oratoire  visées  def 

maire  et  échevins  par  le  receveur  de  la  ditte  vil 

commencer  du  premier  janvier  mil  sept  cent  trente 

en  continuant  ainsy  de  six  mois  en  six  mois  et  d': 

en  année,  voulons  que  les  dittes  cjuittances  soient  p{ 


—  77 


et  allouées  dans  les  états  et  comptes,  sur  le  revenant  bon 
du  dit  tarif  la  somme  de  trois  cent  livres  pour  estre  payée 
annuellement  ausdits  prestres   de   l'Oratoire  pour  l'en- 
tretien du  régent  qui  enseignera  la  ditte  sixième  classe, 
les  impositions  de  la  ditte  ville  préalablement  acquittées 
à  condition  que  les  d.  prêtres  ne  pourront  rien  prendre  ny 
exiger  des  écoliers ,  qu'il  a  encore  été  convenu  par  la 
même  délibération  qu'il  seroit  pris  annuellement  sur  les 
deniers  d'octroys  qui  appartiennent  au  corps  de  la  ditte 
ville  la  somme  de  quarante  livres  destinée  pour  les  gages 
du   principal    qui   enseignoit   les  premières  classes   des 
humanités  en  conformité  de  l'arrest  de  notre  Conseil  du 
six  février  1683  ,  laquelle  avec  celle  cy  dessus  de  trois 
cent  livres  sera  payée  ausdits  prêtres  de  l'Oratoire ,  à 
commancer  le  premier  payement  au  premier  janvier  1733 
et  en  continuant  d'année  en  année  à  la  charge  par  eux 
d'exécuter  les  clauses  et  conditions  insérées  au  dit  acte 
et  sans  donner  atteinte  à  celles  énoncées  dans  les  d.  déli- 
bérations des  dix-huit  décembre  1716 ,  cinq  septembre 
1717  et    vingt-six  février  1719  ,  les  exposants   s'estant 
pourveus   par    devant    nous.    Nous    aurions    par    arrest 
de  notre  Conseil  du  vingt-neuf  janvier  dernier,  confor- 
mément à  l'avis  du  s'"  de  Baussan,  autorisé  et  homologué 
la  ditte  délibération  des  maires  et  échevins  et  habitants 
de  la  ditte  ville  de  Niort  du  six  octobre  dernier  qui  est 
demeurée  jointe  à  la  minutte  de  notre  dit  arrest  du  vingt- 
neuf  janvier  aussy  dernier,  ce  faisant  avons  ordonné  que 
la  ditte  délibération  seroit  exécutée  selon  sa  forme  et 
teneur ,  et  conformément  à  icelle   avons   permis  ausd. 
maires  et  échevins  de  disposer  en  faveur  des  d.  prêtres 
de  l'Oratoire  jusqu'à  concurrence  de  la  ditte  somme  de 
trois  cent  livres  pour  l'entretien  du  régent  qui  ensei- 
gnera la  sixième  classe  du  dit  collège,  à  prendre  sur  le 
revenant  bon  et  excédant  des  droits  du  tarif  de  la  ditte 
ville  ,    ses   impositions    préalablement   acquittées   et   la 
somme  de  quarante  livres  pour  l'achat  des  d.  prix  qui 
seront  distribuez  aux  écoUiers  du  dit  collège  de  deux. 


C 

r 

n 


aeuDeraxion  au  six  ocioDre  l/ôl  ,  a  pcenare  sur 
octroys  de  la  ditte  ville,  lesquelles  deux  sommes  sei 
payées,  scavoir  celle  de  trois  cent  livres  de  six  mois 
six  mois  et  celle  de  quarante  livres  d'année  en  ar 
sur  les  simples  quittances  des  prestres  de  l'Oratoire 
dit  receveur  rendra  compte  du  dit  excédent  et  octroys 
devant  qui  il  appartiendra,  à  la  charge  par  les  dits  près 
de  l'Oratoire  d'exécuter  de  leur  part  les  clauses  et  condit 
portées  ausdits  actes  d'assemblée.  Sy  donnons  en  \. 
DEMENT  à  nos  amez  et  féaux  conseillers,  les  gens  tei 
notre  cour  de  Parlement  à  Paris,  sénéchal  de  Poitoi 
son  lieutenant  général  à  Niort  et  à  tous  autres 
justiciers  et  oflSciers  qu'il  appartiendra  que  ces  prése 
ils  ayent  à  faire  registrer  et  du  contenu  en  icelles  1 
jouir  et  user  les  dits  exposants  plainement  et  paisiblen 
selon  leur  forme  et  teneur,  car  tel  est  notre  pla 
Donnée  à  Versailles  le  trente  unième  jour  de  mars 
de  grâce  mil  sept  cent  trente  deux  et  de  notre  règn 
dix-septième. 

Signé:  «  Louis  ». 
«  Par  le  Roy  :  Phélippeaux.  » 

«  Registrées  ouy  le  procureur  général  du  Roy  / 

estre  exécutées  selon  leur  forme  et  teneur  et  jouir  pa] 

impétrans  et  les  dits  prestres  de  l'Oratoire  du  collèg 

la  ville  de  Niort  et  leurs  successeurs  au  d.  collègi 

leur  effet  et  contenu  aux  charges  et  conditions  poi 

aux  dittes  Lettres  patentes,  en  celles  du  vingt  niay 

sept  cent  vingt,  en  Uarrest  d' enregistrement  d'icelU 

vingt-huit  may  mil  sept  cent  vingt  et  un,  en  la  dé 

ration  du  six  octobre  mil  sept  cent  trente  et  un,  sui 

l'arrest  de  ce  jour  à  Paris  en  parlement  le  dix  déceh 

mil  sept  cent  trente  trois. 

Signé:  «  Dufranc  ». 

((  Registrées   en    la   Chambre   des    Comptes   oui 
procureur  général  du  Roy  pour  jouir  par  les  impét) 


—  79  — 


de  Veffet  et  contenu  en  icelles  et  estre  exécutées  selon 

leur  forme  et  teneur  suivant  et  aux  charges  portées  par 

l'arrest  sur  ce  fait  le  douze  aoust  mil  sept  cent  trente 

quatre. 

Signé  :  «  Noblet  ». 


VII. 


Arrêt  du  Conseil  d'État  qui  autorise  l'augmentation 
de  la  dotation  du  collège  (1). 

«  Vu  par  le  Roy,  étant  en  son  Conseil,  la  délibération 
prise  le  16  juillet  1778,  par  les  maire  et  eschevins  de  Niort 
en  Poitou,  sur  les  représentations  du  sieur  Jean  Servant 
Duvivier,  prêtre  et  visiteur  de  la  congrégation  de  l'Ora- 
toire, Joseph-Louis  Leclerc,  prêtre  de  ladite  congrégation, 
supérieur  de  la  maison  et  collège  de  Niort,  et  Pierre 
Chevas,  aussi  prêtre  de  la  congrégation  et  missionnaire  de 
ladite  maison,  les  dites  représentations  contenant  que  les 
bâtiments,  où  se  tiennent  les  classes  et  qui  leur  appar- 
tiennent, menaçaient  tellement  ruine  que,  pour  prévenir 
les  accidents  que  leur  chute  pourrait  occasionner,  ils  ont 
fait  démolir  une  partie  des  dits  bâtiments,  et  cjue  ce  qui 
reste  sur  pied  est  dans  un  tel  état  de  dépérissement  qu'il 
est  indispensable  de  reconstruire  le  tout,  c[u'ils  n'ont  pour 
fournir  à  cette  dépense  et  à  celle  de  leur  nourriture  et  de 
leur  entretien  qu'une  somme  de  2,700  livres  qui  leur  est 
annuellement  accordée  par  la  communauté  pour  un  préfet 
des  classes  et  huit  régents,  que  cette  somme  est  insuf- 
fisante, surtout  actuellement  que  toutes  les  denrées  sont 
renchéries^  que  dans  cet  état  il  serait  à  désirer  que  la  dite 
communauté  augmentât  la  dite  dotation,  et  qu'elle  la 
portât  annuellement  k  600  livres  pour  chacun  des  huit 
régents  et  préfet.  Ce  qui  ferait  une  somme  annuelle 
de  5,400  livres,  au  moyen  de  lac[uelle  les  dits  prêtres  de 

(1)  Extrait  des  registres  de  l'hôtel  de  villd 


( 


reconstruction  des  bâtiments  du  dit  collège,  sur  lesqi 
représentations  les  dits  maire  et  échevins  ont  pris  la 
bération  du  16  juillet  1778,  sur  laquelle  ils  ont  arrê 
porter  la  dite  dotation  des  dits  prêtres  de  VOn 
desservant  le  collège  de  Niort  à  la  scunme  annuel 
5,400  livres,  et  de  leur  fournir  un  logement  penda 
temps  que  durera  la  reconstruction  des  bâtiment 
collège,  à  la  charge  par  les  dits  prêtres  de  l'Oratoi 
reconstruire  à  leurs  frais  les  dits  bâtiments ,  vu  p 
lement  l'avis  de  l'intendant  de  la  généralité  de  Poi 
ouï  le  rapport, 

«  Le  Roy  étant  en  son  Conseil  a  approuvé  et  conf 
approuve  et  confirme  ladite  délibération  prise  le  16  j 
1778  par  les  maire  et  échevins  de  la  ville  de  Niort,  vo 
qu'elle  soit  exécutée  en  toutes  ses  charges,  claus 
conditions,  et  qu'en  conséquence  il  soit  payé  annuelle 
des  fonds  et  revenus  de  la  ville  de  Niort  au  préfet  e 
huit  régents  qui  desservent  le  collège  de  la  ville  la  se 
de  5,400  livres,  à  raison  de  600  livres  pour  chacun 
et  de  leur  fournir  un  logement  convenable  pendant  t 
temps  c[ue  durera  la  reconstruction  des  bâtiments  d 
collège,  à  la  charge  néanmoins  par  les  dits  prêtres  de  '. 
toire  desservant  le  collège  de  faire  faire  la  reconstri 
à  leurs  frais.  Fait  au  Conseil  d'Etat  du  Roy,  Sa  M: 
y  étant,  tenu  à  Versailles  le  15  avril  1780. 

Signé  «  Amelot.  » 


CHAPITRE  X. 

ï^tablissements  religieux  et  assistance  publ: 

Les  établissements  charitables  de  la  ville  de  Nio] 
été  étudiés  par  ApoUin  Briquet.  Le  travail  qu'il  ava 


—  81 


sur  ce  sujet  a  été  publié,  après  sa  mort,  par  Abel  Bar- 
donnet  (1).  L'auteur  s'occupe  d'abord  de  deux  fondations 
d'aumône^  celle  dite  du  Bidon,  et  une  autre  connue  sous 
le  nom  de  Charité  de  la  Blée.  La  première  était  admi- 
nistrée par  le  prieur  de  Notre-Dame  ;  la  seconde  par  le 
corps  de  ville.  Les  comptes  du  receveur  de  la  commune, 
pour  l'année  1487-88^   contiennent  sur  la  Charité  de  la 
Blée  des  détails  intéressants  qui  sont  reproduits  et  com- 
mentés dans  un  mémoire  de  Briquet,  antérieur  et  publié 
par  lui-même  (2).  Bien  qu'en  principe  les  finances  de  la 
ville  ne  fussent  pas  intéressées  dans  cette  fondation  cons- 
tituée par  des  donations  particulières^  cette  aunée-là  le 
corps  ajouta  47  livres  aux  fonds  disponibles  et  l'usage 
d'une  subvention  à  cet  égard  paraît  avoir  été  habituel,  • 
pour  une  somme  plus  ou  moins  élevée.  La  Charité  de  la 
Blée  disparut  d'ailleurs  dans  le  cours  du  xvi^  siècle,  â  une 
époque  indéterminée,  c'est-à-dire  que  les  quelques  rentes 
en  blé  qu'elle  possédait  cessèrent  d'être  payées,  ou  furent 
réunies  aux  Aumôneries. 

La  ville  avait,  dès  le  xi^  siècle,  deux  établissements  de 
ce  nom,  celui  de  -S'-Georges-de-Beauchamp,  le  plus 
important,  et  celui  de  S'-Jacques.  Les  administrateurs 
étaient,  dans  le  principe,  des  ecclésiastiques,  et  furent  pris 
ensuite  dans  le  sein  du  corps  de  ville  qui  nommait  à  ces 
fonctions  l'un  de  ses  membres,  sous  le  titre  d'aumônier, 
avec  dix  livres  de  gages  suivant  les  plus  anciens  documents 
connus.  Ces  émoluments  furent  ensuite  portés  à  cinquante 
livres.  Après  la  réduction  de  1681,  le  maire  devint  de 
droit  aumônier  et  ne  dut  rien  toucher  pour  cette  charge. 
Ainsi  que  nous  l'avons  indiqué  dans  les  sommaires  des 
chapitres^  le  budget  de  la  ville  et  celui  des  aumôneries 
étaient  distincts.  Les  deniers  de  la  ville  ne  contribuaient 


f 

le 


tm 


(1)  Les  établissements  charitables  à  Niort.  Œuvre  poslhumc  de 
M.  Apollin  Briquet.  (Mémoires  de  la  Société  de  statistique,  2«  série,  xx.) 

(2)  Commentaires  sur  les  comptes  rendus  par  les  receveurs  de 
Niort  {U87-88,  li90-91j,  par  M.  Apollin  Briquet.  (Mémoires  de  la 
Société  de  statistique,  1"  série,  ix.) 


6 


l'on  sait  de  cette  administration  par  Féchevinage  est 
leurs  une  mauvaise  page  de  son  histoire  ;  nous  av( 
plusieurs  endroits  cité  les  faits  qui  firent  peser  s 
aumôniers  de  graves  soupçons  de  malversation  d; 
maniement  du  fonds  des  pauvres. 

Après  ces  indications  préliminaires ,  nous  expoi 
maintenant,  dans  la  mesure  où  le  permettent  nos  arc 
ce  que  la  ville  de  Niort  fit  aux  différentes  époques 
assister  les  pauvres  et  les  malades,  et  aussi  pour  sul 
aux  besoins  du  culte  religieux. 

En  1454,  les  aumôniers  élus  par  le  corps  de  villi 
chaient  dix  livres.  L'assemblée  nommait  aussi  un  rec 
de  la  Charité  de  la  Blée  aux  gages  de  cent  sols,  ou 
donnait  un  supplément  de  pareille  somme  au  recev< 
la  commune  pour  remplir  ces  fonctions  (1).  En  outre 
dit  expressément,  dans  un  procès-verbal  de  1455,  c 
les  fruits  de  la  Charité  de  la  Blée  ne  sont  pas  suffisai 
surplus  sera  donné  aux  frais  de  la  ville  (2).  En  14: 
surplus  de  distribution  est  liquidé  à  70  sols  (3).  En 
la  ville  donna,  comme  il  est  dit  plus  haut^  47  livres 
1536,  20  livres  sans  compter  les  frais  accessoires, 
30  livres  en  1537  et  1538.  Le  30  juin  1536,  le  proc 
syndic  avait  remontré  que  sur  les  rentes  autrefois  do 
pour  cette  œuvre  de  bienfaisance,  il  y  en  avait  très  p 
payées,  et  qu'en  fait  la  charité  se  faisait  aux  dépens 
ville.  L'époque  n'était  pas  éloignée  où  elle  devait  to 
absolument  en  désuétude.  A  la  vérité,  cette  instit 
ancienne  n'était  pas  pour  les  pauvres  un  soulage 
efficace  ;  l'aumône  consistait  en  une  distribution  de 
faite  un  seul  jour  de  l'année,  le  3  mars,  fête  de  la  Sj 
Croix. 

Un  usage  curieux  de  cette  époque^  et  qui  se  perj 


(1)  Assemblée  du  19  mars  li5i. 

(2)  Assemblée  du  7  février  li55. 

(3)  Assemblée  du  27  août  Îi57. 


—  83  — 

longtemps,  était  l'allocation  de  gages  à  un  ou  plusieurs 
médecins  sur  les  deniers  publics.  En  1454,  un  seul,  nommé 
Jehan  Tartax^  recevait  10  livres  par  an  (1).  Il  fut  congédié 
dans  cette  même  année ,  nous  ne  savons  pour  quelle 
raison,  et  alla  résider  à  Poitiers,  d'où  il  fut  rappelé  ensuite, 
mais  ne  voulut  pas  revenir.  Il  fut  remplacé  par  M*  Robert, 
puis  par  M®  Guillaume  Lemoyne  qui  touchait  15  livres. 
Ce  dernier  ne  satisfaisait  sans  doute  pas  le  public,  car,  en 
séance  du  corps,  Jehan  Bastien  et  Jehan  Jourdan  firent 
opposition  au  paiement  de  ses  gages  (2).  Beaucoup  plus 
tard,  en  1536,  la  ville  subventionnait  deux  médecins, 
M*^  Jacques  Gastavoyne  et  Nicolas  Pageau,  et  la  même 
opposition  qu'autrefois  au  paiement  de  leurs  émolu- 
ments se  produisit  dans  l'échevinage  (3).  L'année  suivante 
cependant ,  ceux  des  membres  qui  avaient  refusé  la 
dépense  s'étaient  départis  de  leur  opposition  ;  aussi 
M^  Gastavoyne  demanda  alors  et  obtint  d'être  continué 
dans  ses  gages^  qui  étaient  de  20  livres  par  an^  en  plus 
d'être  payé  d'un  arriéré  se  montant  à  15  livres.  Cela  fut 
décidé  sous  la  condition  qu'il  n'y  aurait  plus  aux  gages  de 
la  ville  qu'un  seul  médecin,  qui  visiterait  les  malades  des 
aumôneries  une  fois  par  semaine,  et  en  outre  traiterait 
gratuitement  les  pauvres.  L'institution  d'un  médecin 
rétribué  sur  les  fonds  de  la  commune  ne  subsista  pas 
longtemps  après  cette  époque  ;  nous  ne  pouvons  indiquer 
précisément  quand  elle  fut  supprimée,  à  cause  de  la  longue 
lacune  de  30  ans  que  présente  ici  la  série  des  registres.  Ce 
fut  assurément  dans  cette  période,  car  les  archives  de 
Thôtel  de  ville  n'en  font  plus  mention  dans  les  années 
postérieures. 

Les  dépenses  faites  par  la  ville,  au  cours  du  xvii^  siècle, 
en  faveur  de  quelques  ordres  religieux  présentent  le 
caractère  d'assistance  publique  indic[ué  dans  le  sommaire 
général  des  chapitres  de  ce  travail  ;  mais,  dans  les  xv^  et 

(i)  Assemblée  du  2  janvier  li5i. 

(2)  Assemblée  du  19  septembre  li57. 

(3)  Assemblée  du  30  septembre  153Q, 


xvr  siècles,  les  sommes  attribuées  par  l  eciievina^ 
établissements  religieux,  de  même  que  la  contribut 
corps  à  certaines  cérémonies,  n'eurent  d'autre  obj 
de  rehausser  l'éclat  du  culte,  d'aider  ses  desserva 
d'associer  la  religion  à  la  vie  publique  en  favorisa 
exercice  et  ses  pratiques. 

L'échevinage  de  Niort  était  bienfaiteur  du  couve 
frères  mineurs  de  Saint-François,  autrement  dit 
deliers,  très  anciennement  établis  dans  la  ville.  L 
sans  doute  beaucoup  aidé  à  la  fondation  de  cette  r 
que  depuis  il  protégeait  et  aidait  de  ses  deniers  (1). 

(1)  Assemblée  du  26  octobre  1537.  Les  Cordeliers,  vu  leur  i 
et  les  réparations  urgentes  qu'ils  sont  obligés  de  faire,  demande 
que  somme  des  deniers  de  la  ville. 

Assemblée  du   29   mars  1538.    Les   religieux  de    Saint-ï 
remontrent  que  leur  vieux  dortoir  est  tombé  et  qu'ils  n'ont  pas  ( 
pour  payer  les  ouvriers  qui  le  refont,   et  demandent  à  ce  que 
leur  aumône  quelques  deniers  et  qu'ils  prieront  Dieu  pour  le  c 
ville, 

Délibéré  qu'on  leuraumônera  10  livres  sur  la  première  entrée  d 

Assemblée  du  24  septembre  1638.  Sur  ce  qui  a  esté  remoi 
corps  par  Louis  Coyaud,  eschevin,  faisant  pour  les  susdictz  ri 
Cordeliers  de  ceste  ville,  que  la  congrégation  des  pères  de  cet 
de  ceste  province  estant  assignée  au  commencement  du  mois  d 
prochain,  auquel  se  doibvent  rendre  jusques  au  nombre  de  quatr 
religieux,  au  moyen  de  quoy  les  d.  gardiens  et  religieux  de  ce 
seront  obligés  de  faire  de  grandes  et  extraordinaires  despence 
plient  le  corps  de  vouloir  bien  leur  faire  départir  quelques  charit 
y  subvenir , 

A  esté  dellibéré  et  conclud  à  la  pluralité  des  voix  qu'il  sera 
le  plus  promptement  que  faire  se  pourra  aux  gardien  et  ri 
Cordeliers  de  ceste  ville  la  somme  de  cent  cinquante  livret 
par  moictyé  sur  le  revenu  du  dixiesme  et  de  l'aulmosne 
cette  ville,  et  en  ce  payant  seront  et  demeureront  les  recej 
aulmosnier  deschargez,  —  sans  toutesfoys  que  les  d.  religieux  ] 
en  façon  quelconque  user  d'aulcune  contraincte  pour  le  payei 
ces  cent  cinquante  livres  comme  estant  une  simple  aulmosm 
ville  entend  leur  faire,  et  où  ils  vouldroient  se  mettre  en  debvo] 
faire  le  d.  corps  les  a  dès  à  présent  desclarez  descheuz  de  ceste  g 

Le  registre  de  1457  contient  mention  d'une  subvention  ana 
un  autre  ordre  religieux  :  dix  livres  aux  Augustins  de  Poitie: 


—  So- 


les échevins,  conseillers  et  pairs  du  corps  étaient-ils,  en 
reconnaissance  de  leurs  bienfaits,  reçus  des  confrères  du 
dit  ordre,  et  qui  plus  est,  admis  à  éire  ensevelis,  si  bon 
leur  semblait,  en  habit  du  dit  ordre  et  dans  le  couvent  de 
cette  dite  ville,  et  étaient  tenus  les  dits  religieux  de  bailler 
le  dit  habit  (1).  En  outre,  chaque  année,  un  service  était 
célébré  dans  la  maison  de  Saint-François  pour  les  mem- 
bres du  corps  décédés  (2). 

Après  que  Niort  eut  été  reconquis  sur  les  Anglais  par 
le  connétable  Du  Guesclin,  l'usage  s'établit  et  se  perpétua 
longtemps  de  faire,  le  jour  anniversaire  de  la  reprise,  une 
procession  à  la  chapelle  de  Recouvrance  construite  en 
commémoration  de  cet  événement  à  l'extrémité  du  fau- 
bourg du  Port.  La  messe  d'actions  de  grâces  était  chantée 
dans  l'église  de  Notre-Dame  (3),  mais  les  Cordeliers  figu- 
raient en  première  ligne  dans  la  cérémonie,  et  la  somme 
qui  leur  était  allouée  pour  ce  service  était  beaucoup  plus 
forte  que  celle  des  honoraires  de  l'officiant  de  Notre-Dame 
comptés  à  cinq  sols.  En  1491,  les  religieux  de  Saint-Fran- 
çois recevaient  40  sols  (4),  et  en  1537,  60  sols  (5).  Nous 
devons  ajouter  que  les  comptes  d'Abraham  Gaschet,  docu- 
ment très  complet  et  intégralement  conservé,  ne  renfer- 
ment aucun  article  de  dépense  pour  la  procession  du  jour 
de  la  reprise  (6).  Dans  l'intervalle,  cette  solennité  patrioti- 
que était  tombée  en  désuétude ,  probablement  par  le  fait 
des  guerres  de  religion. 

(1)  Thrésor  de  Nyort,  p.  159. 

(2)  Thrésor  de  Nyort,  p.  215. 

(3)  Le  xv'"^  jour  d'avril  à  Messire  Jehan  Bonnet,  vicaire  de  Notre- 
Dame,  pour  la  messe  à  notte  et  pour  faire  la  procession  le  jour  de  la 
reprinse v  sols. 

{Comptes  de  Guillaume  Tarquex,  1490-91.) 

(4)  Item  a  baillé  et  payé  le  dict  receveur  à  Guyot  Sabiron,  apothicaire, 
receveur  des  frères  mineurs  de  la  dicte  ville  pour  le  service  que  les  dits 
frères  mineurs  ont  accoustumé  faire  par  chacun  an  à  la  procession  et 
reprinse  de  la  dicte  ville  la  somme  de  xl  sols  tournois.  {Comptes  de 
Guillaume  Tarquex,  1490-91.) 

(5)  Assemblée  du  27  avril  1537. 

(6)  Voir  ces  comptes  dans  l'Appendice  au  chapitre  de  la  Gestion 
financière. 


inr 


f-) 


con/reres,  les  maire,  ecnevins,  conseillers  ei  pairs 
Niort,  leur  était  payé  dix  livres  de  toute  ancienneté 
L'allocation  en  fut  confirmée  par  l'arrêt  de  1683.  C» 
cérémonie  religieuse  paraît  avoir  été  d'usage  consi 
jusqu'à  la  fin  de  l'ancien  régime.  Le  corps  de  ville,  d 
sa  séance  du  14  février  1748,  liquidait  quelques  de 
arriérées,  parmi  lesquelles  le  coût  des  lettres  d'invitai 
pour  le  service  aux  Cordeliers  de  feu  Thibault  de  B( 
teville,  mort  dans  l'exercice  de  la  mairie  le  4  octobre  1" 
Plusieurs  maires  et  écbevins  furent  enterrés  dans  le  c 
vent,  entre  autres  Augier  de  la  Terraudière.  Les  armoi 
de  ceux  qui  y  avaient  leur  sépulture  étaient  placées  s 
les  cloîtres.  En  1679,  au  sujet  d'un  secours  accordé 
religieux  pour  la  construction  des  voûtes  de  leur  église 
fut  décidé  que  les  armes  de  Niort  seraient  apposées 
l'une  des  clefs  (2).  On  doit  conclure  des  termes  de  la  c 
bération  qu'il  n'y  eut  pas  avant  cette  année-là  de  vo' 
en  pierre  au-dessus  de  l'église  de  Saint-François. 

Les  Cordeliers,  et  plus  tard  également  les  Capuc 
faisaient  à  Niort  des  prédications  payées  par  le  corp; 
ville.  Un  procès-verbal  d'assemblée  de  1538  contient 
appréciation  très  flatteuse  des  talents  d'un  religieux 
l'ordre  de  Saint-François,  M'"  Jehan  de  Troye,  qui  a 
prêché  l'Avent  et  le  Carême.  Le  corps  de  ville  lui  con 

(1)  Assemblée  du  4  juillet  1625.  Les  religieux  Cordeliers  de 
ville  seront  payés  des  dix  livres  qu'ils  ont  accoustumé  d'avoir 
chascun  an  pour  le  service  à  l'hôpital  de  ceste  ville.  Leur  sera 
20  livres  pour  les  deux  années  du  dit  service  à  eux  deues  et  échu 
la  feste  de  S'- Jean-Baptiste  du  mois  passé. 

(2)  Assemblée  du  16  juin  1679.  Proposé  par  Christophle  A 
que  les  Cordeliers  font  voûter  leur  église  et  demandent  aide.  On 
300  livres  à  charge  du  service  annuel  jjour  les  maire  et  éclu 
le  12  juin.  Les  armes  des  plus  considérables  de  la  ville  sont  dans 
cloîtres  ;  on  apposera  sur  la  voûte  les  armes  de  la  ville. 

[D'après  les  termes  de  ce  vote,  le  corps  avait  l'intention,  à  eau 
cette  subvention  de  300  livres,  de  s'exonérer  du  paiement  annu 
dix  livres  pour  le  service.  L'arrêt  de  1683  ne  tint  pas  compte  de 
délibération  et  rétablit  la  rétribution  de  dix  livres.] 


—  87 


ses  honoraires  plus  largement  qu'il  n'avait  coutume,  et 
eut  en  outre  pour  lui  des  attentions  particulières  (1). 
Même  â  l'époque  où  les  Cordeliers  étaient  le  seul  ordre 
d'hommes  existant  â  Niort,  ils  n'avaient  pourtant  pas  le 
monopole  des  prédications  extraordinaires.  En  1535  et 
1536,  on  avait  eu  M'"^  Loys  Benêt,  docteur  en  théologie, 
prieur  des  Carmes  d'Aulnay,  qui  reçut  10  livres  pour 
î'Avent  et  15  livres  pour  le  Carême,  puis  après  lui ,  en 
1536  et  1537,  un  Dominicain,  le  frère  Dominique  Feret, 
auquel  il  fut  alloué  pour  les  mêmes  causes  7  livres  et 
15  livres. 

Apollin  Briquet  a  écrit  dans  ses  Commentaires  sur  les 
comptes  des  receveurs  que,  chaque  année,  un  moine  de 
l'ordre  des  Dominicains  venait  à  Niort  prêcher  I'Avent 
et  le  Carême,  et  que  ces  prédications  se  faisaient  sous  la 
halle,  les  curés  ne  voulant  pas  permettre  qu'un  étranger 
vînt  dans  les  églises  paroissiales  empiéter  sur  leur 
ministère.  Nous  ne  croyons  pas  que  ceci  soit  exact. 
D'abord,  le  prédicateur  n'était  pas  nécessairement  un 
dominicain  ;  puis  l'existence  d'une  chaire  sous  la  halle  ne 
prouve  pas  que  le  prédicateur  étranger  ne  se  fit  pas 
entendre  ailleurs.  Cette  chaire  sous  la  halle  était  d'an- 
cienne date  (2).  En  1491 ,  le  corps  de  ville  la  faisait 
réparer  (3).  Elle  subsistait  en  1624  ;  un  père  Calixte,  de 

(1)  Assemblée  du  24  mars  1538.  Il  sera  donné  au  prédicateur 
100  fagots  pour  le  soulagement  de  sa  personne. 

Assemblée  du  26  avril  1538.  Touchant  M^e  Jehan  de  Troye,  reli- 
gieux de  l'ordre  de  Saint-François,  qui  a  prêché  I'Avent  et  le  Carême 
en  celte  ville,  vu  sa  qualité,  sa  littérature,  son  travail  et  qu'il  n'a 
pas  quêté,  il  lui  sera  donné  25  livres  ;  le  receveur  paiera  ses  frais  de 
conduite  de  Poitiers  à  Niort  et  lui  donnera  50  sols  pour  le  faire  recon- 
duire à  Poitiers  ;  de  plus,  on  le  priera  de  rester  pour  gardien  en  cette 
ville  et  on  le  fera  élire. 

(2)  Il  y  a  d'autres  exemples  de  ces  chaires  en  plein  vent.  A  Vitré,  par 
exemple,  on  en  voit  une  en  pierre  accolée  extérieurement  à  l'église 
paroissiale. 

(3)  Le  20  may  1491  ,  feys  fère  une  eschalle  pour  la  chaire  du  pres- 
cheur  qui  est  en  la  halle  de  la  dite  ville  avec  deux  grans  crochetz  de  fer 
pour  tenir  l'eschalle  à  la  dite  chaire,  dont  j'ay  payé  de  la  dite  eschalle 
et  crochetz  xij  sols  vj  deniers.  (Comptes  de  Guillaume  Tarquex,  1490-91.) 


Uitf 


aes  prédications  incenaïaires,  approuvant  et  encourag( 
les  gens  qui  pillaient  les  grains  amenés  au  port  de  N 
pour  y  être  embarqués.  Sur  la  plainte  de  l'échevinag* 
fut  rappelé  à  l'ordre  par  l'évêque  de  Poitiers. 

Ces  prédications  en  plein  vent  avaient  cependant  i 
uue  longue  interruption,  d'abord  pendant  les  guerres 
religion,  par  force  majeure,  tout  le  temps  que  les  réfor 
dominèrent  à  Niort,  et  légalement  ensuite  en  vertu 
règlement  fait  pour  l'exécution  de  l'Edit  de  Nantes.  F 
lorsque  les  troubles  religieux  surgirent  de  nouveau  du 
la  minorité  de  Louis  XIII,  le  règlement  de  1599  fut  ou 
et,  en  1622,  les  réformés  réclamèrent  vainement  conti 
reprise  de  ces  prédications  formellement  autorisées  £ 
par  lettres  royales  de  l'année  précédente.  Le  blocu; 
la  Rochelle  était  commencé  et  les  catholiques  pouva 
librement  opprimer  la  minorité  protestante.  Il  fallut  1': 
dent  de  l'émeute  de  1624  pour  faire  sentir  le  danger 
excitations  qui  empruntaient  le  prestige  et  l'autorité  c 
religion.  Sans  que  cela  soit  dit  explicitement  dan.' 
documents  qui  nous  restent,  il  paraît  certain  que  les  pi 
cations  de  la  halle  tombèrent  en  désuétude  à  parti 
cette  époque.  "Mais  la  ville  n'en  continua  pas  moins  à  : 
chaque  année  les  honoraires  d'un  prédicateur  étrangei 
parlait  du  haut  de  la  chaire  des  églises  paroissiales  ; 
est  dit  expressément,  comme  nous  allons  le  voir. 

Les  registres  du  xvii*  siècle  ne  contiennent  qu'un 
procès-verbal  d'assemblée  relatif  aux  honoraires  des  pi 
cateurs,  et  cette  délibération  (2)  nous  apprend  d'al 

(1)  D'après  le  rapport  des  commissaires  Chalas  et  Amelot,  env( 
Niort  en  16'23  pour  juger  les  griefs  allégués  tant  par  les  protestani 
par  les  catholiques,  les  Capucins  auraient  été  autorisés  à  faire  les 
cations  sous  la  halle  par  lettres  patentes  du  Î4  mai  1G51.  Ces  1 
avaient  été  obtenues  du  roi  pendant  son  séjour  dans  la  ville  ;  il  ^ 
entré  le  dimanche  23  mai. 

(2)  Assemblée  du  28  avril  1679.  Il  ne  se  trouve  pas  de  fonds 
les  paroisses  pour  la  récompense  et  honoraires  des  prédicateur, 
prêchent  la  Dominicale  alternativement  aux  dites  paroisse 


—  89  — 


que  ce  n'était  plus  pour  les  sermons  de  l'Avent  et  du 
Carême  que  le  corps  faisait  une  allocation,  mais  pour  ceux 
de  la  Dominicale,  c'est-à-dire  de  tous  les  dimanches  de 
l'année,  sauf  précisément  ceux  de  l'Avent  et  du  Carême. 
Ces  prédications  se  faisaient  alternativement  dans  chaque 
paroisse,  et  enfin  elles  étaient  devenues  le  privilège  pres- 
que exclusif  de  l'ordre  des  Capucins.  Cette  sorte  de  mono- 
pole leur  fut  même  reconnu  par  l'arrêt  de  1683  qui  attri- 
buait aux  Pères  Capucins,  pour  le  paiement  du  prédica- 
teur de  la  Dominicale  la  somme  de  cent  livres  par  an.  En 
1679,  la  délibération  citée  plus  haut  allouait  60  livres  pour 
le  même  objet,  et  il  faut  remarquer  la  source  où  les  puisait 
le  corps  de  ville;  non  content  de  faire  financer  les  juges 
consuls  pour  les  gages  des  régents,  comme  nous  l'avons 
vu  au  chapitre  de  rinstruction  publique,  il  leur  imposa 
les  honoraires  du  prédicateur,  avec  menace  de  leur  retirer 
la  chambre  de  l'hôtel  de  ville,  s'ils  refusaient.  Les  juges 
consulaires  ne  furent  rien  moins  que  satisfaits  de  cette 
exigence  nouvelle  et  l'on  sait  que  peu  d'années  après  ils 
s'installèrent  dans  un  local  leur  appartenant. 


itmr 


sont  d'ordinaire  les  Pères  Capucins  de  cette  ville.  Les  commissaires 
nommés  à  l'assemblée  de  Notre-Dame  n'auraient  pas  trouvé  d'expédient 
plus  prompt  et  plus  certain  que  de  prendre  le  dit  fonds  de  la  location  de 
la  chambre  qu'occupent  les  juges  consuls,  lesquels  pourraient  être 
augmentés,  attendu  que  ce  qu'ils  ont  accoustumé  de  donner  est  très 
peu  considérable  eu  esgard  à  l'importance  de  la  d.  chambre  et  aux 
dégradations  qui  se  commettent  à  cette  occasion  dans  le  présent  hostel, 
dont  mesme  tous  les  degrés  ont  esté  ruynés  par  l'affluence  des  parties 
qui  viennent  aux  cours  des  juges  consuls,  lesquels  d'ailleurs  pourront 
aisément  prendre  ce  fonds  sur  les  amendes  qu'ils  reçoivent. 

Conclud  qu'il  sera  pris  annuellement  la  somme  de  60  livres  pour  le 
paiement  des  honoraij'es  pour  les  prédicateurs  de  la  Dominicale, 
laquelle  somme  sera  paiée  par  advance  à  chascune  élection  de  juge 
consul....  outre  ce  qu'ils  ont  accouslumé  de  paier  aux  sieurs 
Gastaud,  principaux  du  collège....  Si  les  juges  consuls  refuseront 
faire  la  soubmission  à  ce  payement,  a  esté  arresté  que  la  d.  chambre 
leur  sera  interdite,  sauf  à  eux  à  se  pourvoir  comme  ils  adviseront  pour 
achapter  un  hostel  ou  quelque  autre  endroit  pour  l'exercice  de  leur 
jurisdiction. 


partir  de  1683,  une  subvention  de  cent  livres  sur  les  i 
nus  d'octroi,  et  même  elle  fut  accrue  ensuite  par  le  ( 
de  ville  cjui  prit  le  supplément  sur  les  deniers  patr 
niaux.  En  1732,  les  religieux  demandèrent  250  livre 
leur  en  fut  accordé  150,  c'est  à  dire  50  livres  en  plu 
qu'ils  touchèrent  annuellement  jusqu'en  1761  (2).  ( 
année -là,  ils  revinrent  à  la  charge  et  demand( 
200  livres  par  an  ;  ils  les  obtinrent,  même  avec  rétroacl 
pour  1760  (3).  Ils  furent  rétribués  ainsi  pendant  un  ce 
temps,  mais,  d'après  les  comptes  des  dernières  année 
moins  depuis  1774,  ils  paraissent  avoir  été  ramené 
chiffre  de  150  livres,  tout  compris. 

(1)  Assemblée  du  25  août  1732.  Les  Pères  Capucins  ont  prés 
Mgr  l'intendant  requête  contenant  que  la  rétribution  de  100  livre 
la  Dominicale  n'est  pas  suffisante.  Ils  demandent  250  livres  et  p 
ront  pendant  l'Octave  du  Saint-Sacrement  outre  la  Dominicale. 

La  requête  a  été  renvoyée  au  corps  de  ville  qui  alloue  150  livre: 
approbation  de  Mgr  l'intendant.  La  Dominicale  n'est  prêchée  qi 
mois,  déduction  faite  de  l'A  vent,  du  Carême  et  des  vacances  p( 
lesquelles  le  dominicallier  ne  prêche  pas.  Pendant  l'Octave  du  1 
Sacrement,  cela  concerne  les  fabriques.  Des  honoraires  de  250 
seraient  une  rétribution  exorbitante. 

(2)  Assemblée  du  3  mai  1752.  Au  R.  P.  Fulgence,  gardi( 
Capucins,  50  livres  de  gratification,  parce  que  la  rétribution  c 
livres  pour  prêcher  toute  l'année  la  Dominicale  alternativement  d; 
deux  paroisses  est  trop  modique. 

Cette  allocation  est  reproduite  chaque  année  de  1732  à  1759. 

(3j  Asseinblée  du  li  avril  1761.  Les  Pères  Capucins  ont  a 
à  Mgr  l'intendant  de  Poitou  la  requête  suivante  : 

«  Supplient  humblement  les  Capucins  de  Niort  et  vous  représ 
respectueusement  qu'ils  sont  chargés  de  prêcher  les  dimanci 
fêtes  dans  les  deux  paroisses  de  cette  ville,  depuis  la  Toussain 
qu'à  la  Nativité  de  la  Sainte-Vierge,  excepté  l'Avent  et  le  C; 
pour  lequel  emploi  ils  sont  obligés  d'avoir  un  religieux  uniqu 
occupé  à  cet  objet  ;  la  ville  en  paie  l'honoraire  à  raison  de  100 
en  conséquence  de  l'arrêt  du  Conseil  du  6  février  1683,  ce  qu: 
pas  suffisant  pour  la  nourriture  et  l'entretien  du  prédicateui 
Capucins  vous  prient  très  instamment  d'ordonner  qu'il  leur  soii 
par  le  corps  de  ville  la  somme  de  200  livres.  » 

Après  délibération,  le  corps  vota  les  200  livres  et  ordonna  ains 
l'année  1760. 


—  91  — 


L'arrêt  de  1683  comprend  trois  articles  concernant  des 
rentes  dues  aux  paroisses,  chapelles  et  confréries  religieu- 
ses, l'une  de  trois  livres  au  curé  de  Saint-André,  une 
autre  d'une  livre  au  chapelain  de  la  chapelle  de  la  Ca- 
gouette  desservie  en  l'église  Notre-Dame,  enfin  une  troi- 
sième de  7  livres  10  sols  aux  confrères  de  Saint-Nicolas. 
Ces  rentes  étaient  de  tradition  ancienne  ;  celle  des  confrè- 
res de  Saint-Nicolas  avait  été  mise,  vers  1650,  à  la  charge 
du  fermier  de  la  coutume  de  Sèvre,  ainsi  que  nous  l'avons 
précédemment  indiqué.  Cette  clause  fut  abolie  par  Tarrét 
précité. 

Ce  même  arrêt  de  règlement  alloua  15  livres  pour  les 
chandelles  qui  se  distribuenl  aux  maire  et  échevins  à  la 
Pari/îcalion,  et  30  livres  pour  les  frais  de  la  cérémonie 
du  Sacre  (Fête-Dieu),  tant  pour  les  flambeaux  que  le 
maire  offre  que  pour  les  armoiries  ;  c'est-à-dire  que  le 
corps  de  ville  assistait  officiellement  aux  deux  processions 
de  la  Chandeleur  et  du  Saint-Sacrement,  les  maire  et 
échevins  portant  des  cierges  dans  ces  cérémonies.  L'usage 
était  ancien,  mais  nous  devons  dire  cependant  que  les 
comptes  du  quinzième  siècle  ne  comprennent  aucune  dé- 
pense à  ce  sujet.  La  première  mention  s'en  trouve  dans 
ceux  d'Abraham  Gaschet  (1593-96),  et  encore  ne  s'agit-il 
que  des  cierges  de  la  Fête-Dieu.  Le  libellé  de  l'article 
pouvait,  il  est  vrai,  ne  pas  avoir  été  fait  avec  détail  com- 
plet. Depuis  lors,  les  registres  parlent  souvent  de  cette 
dépense  de  cierges  d'une  manière  plus  ou  moins  explicite, 
citant  quelquefois  les  deux  fêtes,  d'autres  fois  seulement 
celle  du  Saint-Sacrement  (1).  Dans  le  dix-huitième  siècle, 


(1)  Assemblée  du  28  juin  16il.  Pierre  Sergent  sera  payé  de  la 
somme  de  quatre  livres  à  liiy  dlieues  pour  les  armoyries  par  luy  fournyes 
au  jour  de  la  Feste-Dieu  dernière. 

Assemblée  du  26  juillet  16'iL  Proposé  de  payer  le  sieur  François 
Bastard  ciergier  de  la  somme  de  l'2  livres  5  sols  à  luy  dheuespour  avoir 
fourny  à  la  Chandeleur  et  Fesle-Dieu  dernière  dix-sept  cierges,  comme 
il  appert  de  ses  partyes  de  luy  signées. 

Assemblée  du  31  mai  1675.  Arrêté  (jue  nous  maire  serons  paie  et 


de  l'arrêt  de  1683  ;  on  prenait  l'excédent  sur  les  dei 
patrimoniaux  (1).  On  trouve  aux  registres  de  la  n: 
époque  trace  de  dépenses  extraordinaires  faites  par  la 
pour  les  processions.  Le  six  août  1738,  le  receveur  pj 
24  livres  à  deux  joueurs  de  hautbois  qui  avaient  joué 
grand-messe  et  à  la  procession  (2). 

Nous  avons  vu  au  chapitre  de  V Administration  les 
relies  de  préséance  qui  s'élevèrent  souvent  avec  les  offi 
du  siège  royal  au  sujet  des  processions.  Le  corps  de 
eut  aussi  maille  à  partir  avec  le  commandant  du  chât< 
cause  du  détachement  de  milice  urbaine  que  l'on  me 
sur  pied  pour  maintenir  l'ordre  et  rehausser  la  pompi 
dites  cérémonies.  Le  commandant  jalousait  le  poste  d' 
neur  pour  les  soldats  de  sa  garnison  et  ceux-ci  vii 
quelquefois  sur  son  ordre  déplacer  la  garde  bourg 
postée  aux  côtés  du  dais  (3). 

remboursé  des  frais  qu'il  a  convenu  faire  pendant  ces  deux  a 
dernières  et  la  présente  par  le  grand  receveur  et  qu'il  luy  sera 
dans  ses  comptes  pour  la  procession  du  Sacre. 

Comjotes  de  Michel  Arnault  du  Pasty,  1678-81.  Pour  le  lum 
des  deux  Sacres,  années  1680  et  1681 80 

(1)  Assemblée  du  30  mai  1722.  Legay  ciergier  ne  peut  fourr 
flambeaux  du  Sacre  pour  30  livres  ;  la  cire  blanche  est  plus  cli 
vaut  4  livres  la  livre  pesant.  Il  faudra  en  plus  18  livres  qui  seront 
sur  les  deniers  patrimoniaux. 

Assemblée  du  27  août  172i.  Les  flambeaux  coûteront  50  liv: 
lieu  de  30. 

(2)  Archives  de  Niort,  n°  1015.  Comptes  des  deniers  patrimoi 

(3)  Assemblée  du  li  août  1731.  On  avait  décidé  de  mettre  se 
armes  pour  la  procession  de  l'Assomption  un  détachement  de  60  hoi 
sauf  agrément  de  il/""  de  la  Mare,  commandant  du  château 
maire  et  échevins  sont  allés  au  château  pour  le  solliciter.  Madem 
de  la  Mare  a  répondu  que  le  commandant  était  chez  les  Pères  de 
toire.  Le  corps  de  ville  s'est  transporté  au  collège,  oîi  M""  de  h 
leur  a  fait  dire  sans  vouloir  les  recevoir  :  «  Ces  messieurs  sont  al 
château  dans  le  temps  qu'ils  savaient  que  je  n'y  étais  pas  ;  dite 
qu'ils  fassent  de  leur  côté  ;  je  ferai  du  mien.  »  On  a  tenté  enc 
le  voir  au  château  pour  avoir  des  explications,  mais  sans  succès. 

Assemblée  du  28  mai  1739.  Trente  hommes  par  compagnie  a 


93  — 


Les  maire  et  échevins  avaient  dans  les  églises  paroissiales 
de  la  ville  un  banc  spécial  placé  du  côté  du  pupitre,  oîi  ils 
s'asseyaient  immédiatement  aprèfi  le  curé,  et  plus  haut 
que  les  autres  prêtres  ou  ecclésiastiques  qui  pouvaient 
assister  aux  offices.  M''  Prugnier,  curé  de  Notre-Dame  au 
temps  d'Augier  de  la  Terraudière,  considéra  qu'il  y  avait 
abus  et  voulut  que  les  maire  et  échevins  ne  prissent  place 
qu'après  les  ecclésiastiques.  Le  différend  se  manifesta  au 
mois  d'août  1673  et  ne  fut  arrangé  qu'au  mois  de  novembre 
suivant,  au  moyen  d'une  transaction  passée  par  devant 
notaire.  La  querelle  fut  soutenue  très  âprement  par  le  curé 
qui  alla  jusqu'à  interrompre  le  service  divin,  un  jour  que 
le  maire,  accompagné  de  plusieurs  du  corps,  avait  fait 
déplacer  les  prêtres  qui  occupaient  les  sièges  jusque-là 
réservés  à  l'échevinage.  L'évêqiie  et  l'intendant,  M""^  de 
Clérambault  et  de  Marillac,  furent  saisis  de  l'affaire,  et  c'est 
sous  leurs  auspices  que  fut  conclu  le  traité  de  paix,  en  vertu 
duquel  les  maire  et  échevins  perdirent  d'ailleurs  la  pri- 
mauté et  durent  ne  plus  prendre  place  qu'après  les  ecclé- 
siastiques, immédiatement  après  eux,  dans  un  banc  qui 
fut  clos  par  les  soins  du  curé,  mais  construit,  orné  et  tapissé 
aux  frais  de  la  ville  (1).  Nous  donnons  en  note  les  divers 


été  mis  sous  les  armes,  comme  d'usage,  pour  la  procession  de  la  Fête- 
Dieu  ;  douze  hommes  étaient  de  chaque  côté  du  dais.  M''  de  la  Mare  les 
a  déplacés  pour  y  mettre  vingt  hommes  de  la  garnison  du  château. 
Arrivé  vers  l'Oratoire,  il  a  défendu  aux  tambours  de  battre  en  arrivant 
aux  reposoirs,  comme  c'est  l'usage.  Le  maire  malade  était  absent. 
Procès-verbal  a  été  dressé  et  sera  adressé  aux  jjuissances. 

Assemblée  du  1'^'^  juillet  17 il.  L'an  dernier,  à  la  suite  de  la  plainte 
faite  au  prince  de  Conti,  M»"  de  la  Mare  avait  laissé  les  grenadiers  près 
du  dais,  à  la  procession.  Cette  année,  il  les  a  de  nouveau  déplacés  pour 
y  faire  mettre  les  soldats  du  château.  On  sait  que  les  garnisons  des 
châteaux  des  villes  voisines,  Saumur,  Blois,  Angers,  Nantes,  Angou- 
léme,  ne  tigurent  pas  aux  processions.  Plainte  sera  de  rechef  adressée 
au  prince  de  Conti. 

(Ij  Ce  banc  fut  décoré  d'un  tableau  aux  armes  de  la  ville,  sur  lequel 
était  écrit  en  grosses  lettres  :  places  et  séances  pour  m"  les 
MAIRE,  ESCHEviNS  ET  PAIRS.  Il  fut  en  outre  garni  de  tapisseries  et  de 
fleurs  de  lys  {Assemblée  du  30  mars  I61(t), 


cette  petite  guerre  (1).  On  observera  que  le  curé  de  Sa 


(1)  Assemblée  du  26  août  1673.  Le  maire  expose  que  bien  qi 
temps  immémorial  le  corps  se  soit  placé  dans  Téglise  Notre-I 
immédiatement  après  le  curé,  au  banc  du  côté  du  pupitre,  i 
moins  le  dit  curé  prétend  que  tous  les  prêtres  et  ecclésiastiqm 
placent  au  banc  avant  le  corps,  ce  qui  est  une  atteinte  à  l'autori 
la  charge,  à  quoi  il  y  a  nécessité  de  pourvoir. 

Arrêté  unanimement  que,  pour  éviter  un  scandale,  M'  le  curé 
visité  par  deux  personnes  de  ce  corps  qui  sauront  de  lui  ce  qu'il 
faire,  apès  lui  avoir  remontré  qu'il  ne  peut  ignorer  le  droit  du  cor 
ville.  S'il  est  de  sentiment  contraire,  la  possession  sera  maintenue 
l'autorité  de  la  charge  ;  au  cas  oîi  il  voudrait  troubler  cette  posses 
plainte  sera  formée  pour  raison  du  dit  trouble  par  devant  juges  co 
tents  contre  ceux  qui  l'auront  fait,  et  en  outre  que  l'on  se  pour 
devant  Mgr  l'évèque  de  Poitiers  pour  lui  déclarer  et  l'avertir  que  d 
quelque  temps  il  ne  se  dit  plus  de  matines  à  la  dite  paroisse,  qu'il 
fait  plus  de  processions  par  la  ville  et  au  grand  cimetière  hors 
comme  l'on  avait  accoutumé  de  faire,  et  que  cette  année  on  a 
daller  à  une  procession  oîi,  de  temps  immémorial,  on  allait  dan 
de  Magné  à  la  chapelle  de  Sainte-Macrine....  ;  toutes  ces  chost 
causé  et  causent  journellement  des  scandales,  non  seulement  parr 
catholiques,  mais  parmi  les  personnes  de  la  religion  prétendue  réfc 
dont  le  nombre  est  très  grand  en  cette  ville  et  de  plus  de  la  tierce  p 

Assemblée  extraordinaire  du  11  septembre  1673.  Le  sieur  Dj 
rend  compte  de  sa  visite  à  Mgr  de  Poitiers  au  sujet  des  difficultés 
dantes  avec  le  curé  de  Notre-Dame.  Mgr  l'évèque  a  répondu  q 
connaissance  de  celte  sorte  d'alTaires  appartenait  plutôt  aux  juges  la 
qu'aux  juges  ecclésiastiques,  et  n'a  rien  voulu  décider.  Le  sieur 
bault,  chargé  de  voir  le  sieur  curé,  rend  compte  de  sa  mission,  j 
avoir  demandé  quinzaine  pour  se  déterminer,  le  sieur  curé  a  d< 
qu'absolument  il  ne  permettait  pas  que  nous,  ni  les  échevi 
pairs,  prissions  séance  dans  le  chœur  au  banc  accoutumé,  et 
entendait  que  le  banc  fût  occupé  par  les  ecclésiastiques  et  r, 
que,  si  nous  nous  y  pjlaçons,  il  cessera  le  service  et  ne  dira 
la  messe. 

Arrêté  unanimement  que  la  possession  du  banc  sera  maintenu^ 
le  maire  qui  se  fera  accompagner  pour  cela  de  quelques  échevins  et 
et,  si  le  banc  est  occupé  par  des  ecclésiastiques,  les  en  fera  ôter. 

Assemblée  du  13  novembre  1673.  Le  maire  expose  ce  qui  s'est 
depuis  qu'il  a  été  question  dans  l'assemblée  du  conflit  avec  le  ci 
Notre-Dame.  Le  sieur  curé  n'ayant  pas  eu  égard  aux  civilités  q 


—  95  — 

André  ne  prit  pas  fait  et  cause  pour  son  confrère  et  laissa 
Féchevinage  en  possession  des  places  qui  lui  étaient  attri- 
buées par  ancienne  tradition  dans  son  église. 


ont  été  faites  par  le  corps,  le  maire  a  continué  à  prendre  sa  place  accou- 
tumée, dont  le  sieur  curé  aurait  conçu  tant  de  dépit  qu'il  aurait 
fait  cesser  le  service  divin  et  n'aurait  dit  de  grandes  messes  à 
quatre  différents  dimanches,  et  même  le  jour  de  la  Toussaint,  et 
comme  le  dit  jour  les  prêtres  diacres  habitués  en  la  dite  église 
s'étaient  de  dessein  assis  en  notre  place  pour  ouir  la  j^rédication, 
voyant  le  refus  fait  par  l'un  de  nous  rendre  la  dite  place,  après 
l'avoir  prié  civilement  nous  l'aurions  suivant  les  ordres  du  corps 
fait  ôter  de  la  dite  place.  Mgr  de  Marillac  mis  au  courant  de  ces  faits 
a  écrit  le  10  courant  au  maire  pour  lui  proposer  un  accommodement 
conclu  d'accord  avec  Mgr  levêquede  Poitiers. 

Arrêté  que  le  maire  ira  à  Poitiers  pour  passer  du  diiïérend  ci-dessus 
par  les  avis  de  Mgr  1  evèque  et  de  Mgr  de  Marillac  et  des  personnes 
qu'ils  choisiront  pour  conseils,  au  jugement  desquels  le  corps  promet 
d' acquiescer  comme  à  arrêt  de  cour  souveraine. 

Assemblée  extraordinaire  du  16  novembre  1673.  Le  maire  expose 
que  depuis  la  dernière  assemblée  il  a  fait  faire  sommation  au  curé  de 
Saint-André  qui  a  déclaré  ne  point  vouloir  approuver  la  contestation 
élevée  par  le  curé  de  Notre-Dame,  et  consentir  que  nous  continuerons 
à  prendre  nos  séances  dans  son  église  à  la  manière  accoutumée.  De 
plus,  le  maire  a  recouvré  une  pièce  décisive,  un  concordat  conclu  en 
1653  entre  le  curé  de  Notre-Dame  et  le  corps  de  ville,  portant  que  le 
banc  dont  il  est  question  nous  demeurer-a  de  la  manière  dont  nous 
l'avons  toujours  occupé,  et  comme  ces  pièces  sont  décisives,  requiert 
le  corps  de  délibérer  si  l'avis  émis  dans  la  dernière  assemblée  sera  suivi. 

Arrêté  unanimement  qu'encore  bien  que  par  le  moyen  de  la  décou- 
verte  des  pièces  ci-dessus  l'affaire  en  question  soit  de  la  nature  de 
celles  qui  ne  doivent  pas  être  mises  en  compromis,  néantmoins  par 
le  respect  que  cette  compagnie  porte  à  Mgr  l'évêque  de  Poitiers  et  à 
Mgr  de  Marillac,  conformément  à  ce  qui  a  été  arrêté  à  la  précédente 
assemblée,  on  s'en  rapportera  à  leur  décision. 

Assemblée  du  24  novembre  1673.  Lecture  est  donnée  de  la  transac- 
tion signée  le  19  novembre.  [Le  résumé  de  cette  pièce  est  au  Thrésor 
de  Nyort,  p.  265. J  Le  nouveau  banc  de  l'échevinage  était  situé  au 
devant  de  la  chaire,  hors  du  chœur,  à  prendre  puis  le  pilier  du 
cliœur  à  main  droite  jusques  à  l'autre  pilier  le  suivant  immédia- 
tement du  même  côté,  de  largeur  de  quatre  pieds.  Il  communiquait 
avec  le  banc  du  chœur  par  un  tambour  tournant  autour  du  pilier 
contre  lequel  est  la  place  du  maire. 


1 


—  96  — 

Depuis  la  transaction  du  19  novembre  1673,  la  décora- 
tion du  banc  de  Notre-Dame  fut  entretenue  sur  les  deniers 
communs.  Les  registres  comprennent  plusieurs  mentions 
de  dépenses  à  ce  sujet  (1).  Bien  entendu,  la  fabrique  était 
responsable  de  la  conservation  du  banc  à  la  place  indiquée 
par  la  transaction.  Un  procès-verbal  d'assemblée  de  1723 
prouve  que  le  curé  de  Notre-Dame  ne  mettait  pas  toujours 
beaucoup  de  bonne  grâce  à  remplir  cette  obligation  et 
peut-être  même  eût  été  bien  aise  de  voir  le  maire  et  les 
échevins  déguerpir  de  leurs  places  privilégiées  (2). 

La  ville  contribuait  à  la  réparation  des  églises  dans  les 
cas  extraordinaires.  Nous  pouvons  en  citer  deux  exemples, 
l'un  pour  l'église  de  Notre-Dame,  l'autre  pour  celle  de 
Saint-André.  Dans  la  séance  du  22  janvier  1738,  le  corps 
examina  un  devis  dressé  par  M.  de  Ponchon,  ingénieur, 
pour  la  réparation  de  la  flèche  de  Notre-Dame ,  qui  avait 
été  frappée  par  la  foudre  le  25  septembre  de  l'année  précé- 
dente. Par  suite  du  même  accident^  la  nef  elle-même  était 
gravement  endommagée.  On  résolut  de  demander  une 
imposition  répartie  sur  la  ville  et  l'élection,  attendu,  dit 
le  procès-verbal,  que  cette  flèche  est  un  des  plus  beaux  et 

(1)  Assemblée  du  9  août  1718.  Les  bancs  de  1  echevinage  dans 
1  église  Noire-Dame  sont  dégarnis  de  la  tapisserie  qui  les  décorait.  Cette 
tapisserie  était  à  fleurs  de  lis.  Arrêté  qu'ils  seront  réparés. 

Archives  de  Niort,  n°  1015.  Pour  le  banc  de  M.  le  maire  à  Notre- 
Dame,  2  livres  7  sols  [Comptes  des  deniers  patrimoniaux,  année  1729]. 

Adjudication  du  8  avril  1729.  Bail  des  réparations  à  faire  au  banc 
de  Notre-Dame.  Il  couTient  relever  la  balustrade,  mettre  12  aunes  de 
tapisserie,  faire  une  serrure  avec  neuf  clés.  Le  travail  est  adjugé  à 
Gaultier,  tapissier,  pour  83  livres. 

[Les  neuf  clés  prouvent  qu'en  outre  du  maire  et  des  six  échevins 
prenaient  place  dans  le  banc  de  l'échevinage  le  procureur  du  roi  et  le 
secrétaire.] 

(2)  Assemblée  du  17  décembre  1723.  Les  bancs  concédés  au  corps 
de  ville  dans  l'église  Notre-Dame  par  la  transaction  de  1673  ont  été 
démolis.  M.  le  maire  et  M.  Decemme  se  transporteront  chez  M,  le  curé 
qui  sera  prié  de  les  faire  rétablir.  A  faute  de  ce  faire,  sera  formée 
instance  en  complainte  contre  les  sieurs  Barbelevée  et  Gaultier, 
marguilliers. 


—  97  — 

hardis  ouvrages  de  ce  royaume.  Un  nommé  Jean  Com- 
pagnon, dit  Faron,  était  monté  i\  la  cime  du  cloclier  pour 
visiter  les  dégâts  causés  par  la  foudre.  Il  avait  reçu  pour 
cela  la  somme  de  trois  livres  (1). 

L'imposition  fut  autorisée,  mais  seulement  sur  tous  les 
héritages  des  deux  paroisses,  sans  distinction  de  privi- 
légiés ou  non.  La  ville  était  comprise  au  rôle^  à  raison  de 
ses  revenus,  pourGO  livres.  Les  paroissiens  de  Saint-André 
contribuèrent,  comme  on  voit,  aux  réparations  de  Notre- 
Dame  ;  mais,  après  l'achèvement  des  travaux,  ils  adressè- 
rent une  requête  aux  maire  et  échevins  demandant  la 
réciprocité,  c'est-â-dire  cpie  ceux  de  Notre-Dame  contri- 
buassent à  leur  tour  aux  réparations  urgentes  qui  étaient 
à  faire  â  Saint-André.  Entre  autres  choses,  la  muraille  de 
cette  église,  du  côté  du  jardin  des  Ursulines,  était  dans  un 
très  mauvais  état  et  se  dégradait  de  plus  en  plus.  Les 
motifs  allégués  dans  la  requête  furent  admis  (2),  et  les 
deux  paroisses  taxées,  comme  on  avait  fait  pour  les  répa- 
rations de  Notre-Dame j  mais  â  une  somme  moindre, 
car  la  quote-part  de  la  ville  ne  fut  dans  cette  nouvelle 
imposition  que  de  53  livres. 

Pour  terminer  ce  que  nous  pouvons  dire  des  rapports 
financiers  entre  l'échevinage  et  les  paroisses,  nous  citerons 
l'attribution  à  celle  de  Saint-André  d'une  amende  infligée 
à  un  nouveau  converti  (3)^  ])uis  une  subvention  toute 
particulière  du  corps  de  ville  à  la  fabrique  de  cette  même 
église.  En  17G0,  l'église  de  Saint-André  n'avait  que  deux 


(1)  Avchives  de  Niort,  n"  1,017.  Coin[>les  des  deniers  paliiiuoniaux. 

(2)  Assemblée  du  10  novembre  ll'tO. 

[Il  est  observé  en  marge  de  la  requête  des  liabitants  de  Saint-André 
que  les  marguilliers  qui  lavaient  signée  accusaient  dans  la  paroisse 
10,000  communiants,  tandis  qu'il  n'y  avait  pas  10,000  habilants.  Erreur 
de  copiste  sans  doute,  dit  la  note  marginale.] 

(3)  Cour  du  maire,  novembre  1691.  Procès  fait  à  un  nouveau convcrii 
pour  n'avoir  pas  salué  le  Saint-Sacrement.  Interrogatoire  de  l'accusé 
et  des  témoins.  Amende  de  12  livres  applicable  à  l'église  de  Saint-André 
pour  l'acquisition  d'un  dais, 

7 


cloche  qui  fut  nommée  Nyort,  et  aida  à  son  acquit 
par  un  cadeau  de  500  livres  imputé  sur  les  deniers  \ 
mon i aux  (1). 

Les  dépenses  que  nous  venons  d'indiquer  donne 
peu  près  la  mesure  dans  laquelle  la  ville  contribua,  su 
les  circonstances,  à  l'exercice  du  culte  catholique.  ( 
qu'il  nous  reste  à  énumérer  sont  principalement  rela 
à  l'assistance  publique  ;  non  entièrement  toutefois 
nous  trouverons  le  partage  de  subventions  d'origine 
ciale  entre  des  établissements  charitables  et  d'autres  " 
ment  rehgieux. 

Le  mode  d'assistance  publique  vis-à-vis  des  ma 
subit  de  grands  changements  dans  la  première  moit 
dix-septième  siècle.  Après  la  destruction,  en  1568, 
bâtiments  des  aumôneries  situés  en  dehors  des  mur 
service  hospitalier  avait  été,  après  quelques  an 
concentré  dans  une  maison  dite  du  SouUré,  sise  enti 

(\)  Archives  de  Xiort,  n"  1,031.  Comptes  des  deniers  patrimoi 
M^Arnauldet,  advocat  au  parlement  et  receveur  des  deniers  cou 
de  cette  ville  de  Nyort,  payera  à  M""*  les  marguilliers  de  la  paroi 
S*- André ,  la  somme  de  cinq  cents  livres  que  nous  avons  accordt 
contribuer  à  la  dépense  de  la  troisième  cloche  que  l'on  a  jugé  nécc 
à  la  dite  paroisse,  de  laquelle  on  nous  a  établi  parrain  et  que 
nommé  Nyort,  laquelle  somme  lui  sera  passée  dans  ses  compt( 
deniers  patrimoniaux  en  rapportant  le  présent  mandement  quittan 
dits  sieurs 

A  Niort,  le  16may  1760 

Signé  :  Rouget,  maire  ;  Chantecaille  ,  Charrier  Marcard 
Cherbonneau 

Nous  soussignez,  Pierre  Arnault  de  la  Jolinière  et  Christophe  Ji 
la  Giraudrie,  marguilliers  de  la  paroisse  de  S'-André  de  cette  vi 
Niort,  reconnaissons  avoir  reçu  de  M""  Arnauldet .  receveur  des  d( 
patrimoniaux  de  cette  ville,  la  somme  de  ôOO  livres  pour  les  causes 
quées  au  mandement  de  l'autre  part,  de  laquelle  nous  le  tenons  qu 
tous  autres. 

A  Xiort,  ce  19  may  17G0. 

Suivent  les  signatures. 


—  99  — 


rues  Basse  et  de  Saint-Gclais,  à  la  hauteur  de  la  rue  de 
Beauchamp  actuelle.  Dans  Tannée  1622,  l'administration  en 
futconfiée  aux  religieux  de  la  Charité,  autrement  dit  frères 
du  bienheureux  Jean-de-Dieu  (1).  Il  leur  était  payé  quatre 
sols  par  journée  de  malade,  sur  les  fonds  des  aumôneries. 
On  trouve  à  cette  époque,  dans  les  comptes  de  Pierre 
Beraud,  receveur  de  1621  â  1623,  trace  d'une  subvention 
sur  les  deniers  de  la  ville,  une  rente  constituée  aux  pauvres 
sur  le  Poids-le-Roy.  L'aumônier  en  touche  un  quartier 
évalué  à  9  livres  18  sols.  Cet  article  de  dépense  n'est  pas 
répété  dans  les  comptes  suivants. 

Les  Charitains  eurent  de  suite  un  service  des  plus  diffi- 
ciles. Les  malades  et  les  blessés  de  l'armée  royale,  qui 
bloquait  la  Rochelle,  furent  envoyés  en  grand  nombre  à 
Niort.  Les  fonds  des  aumôneries  devinrent  insuffisants  et 
la  ville  dut  leur  venir  en  aide  par  des  avances  et  des  sub- 
ventions; nous  donnerons  les  détails  à  ce  sujet  au  chapitre 
des  Dépenses  militaires.  Les  registres  mentionnent  un 
secours  de  232  livres  16  sols  voté  aux  frères  de  la  Charité 
dans  l'assemblée  du  12  juin  1623,  puis,  dans  celle  du 
4  juillet  1625,  cent  livres  encore  pour  dresser  une  boutique 
ir apothicaire  à  l' Hôpital.  Les  documents  font  défaut  pour 
les  dernières  années  du  siège  de  la  Rochelle  ;  le  déficit 
avait  sans  doute  été  toujours  croissant. 

Les  religieux  se  trouvèrent  bientôt  à  l'étroit  dans  le 
local  du  SouUré  et,  dès  l'année  1628,  achetèrent  une 
maison  située  près  de  Notre-Dame,  â  l'endroit  où  s'élève  le 
Palais  de  Justice  actuel  ;  ils  firent  d'autres  acquisitions, 
construisirent  et  enfin,  en  1652,  s'installèrent  dans  leurs 
nouveaux  bcàtiments.  Ceuxde  lame  Saint-Gelais  furent  con- 
cédés aux  religieuses  Hospitalières  (2),  qui  avaient  ailleurs 


(1)  Assemblée  du  1^'  mars  1622. 

(2)  CeUe  concession  fut  faite  aux  Hospitalières  par  acte  du  25  septembre 
1654,  à  charge  de  retour  à  la  ville  si  elles  venaient  à  abandonner  les  dits 
bâtiments  pour  une  cause  ou  pour  une  autre.  L  "éventualité  prévue  se 
réalisa  en  1784.  Un  décret  de  levéque  de  Poitiers  du  3  mars  1781,  et  à 
la  suite  des  lettres  patentes  d'avril  1783,  enfin  un  arrêt  du  Parlement  du 


alors  conclu  entre  les  treres  cie  la  unariie  et  les  m? 
échevins  agissant  en  qualité  d'administrateurs  des  ; 
neries.  Il  fut  accordé  aux  religieux  150  livres  par  ai 
les  médicaments,  400  livres  de  pension  annuelle,  c 
pour  chaque  enterrement  de  malade  décédé  à  l'hôpit 
journée  de  malade  était  portée  à  cinq  sols.  Tout  cel; 
quittait  du  reste  sur  les  ressources  des  aumôneries  ; 
point  seulement  l'éclievinage  agissait  au  nom  de  k 
mune.  Il  délaissait  aux  Charitains  la  jouissance 
maison  dite  du  Sanitat,  sise  près  du  nouvel  hôpital, 
dition  qu'elle  serait  employée,  sous  la  surveillanc 
frères,  pour  la  retraite  des  pauvres  passa/its,  se  rés( 
du  reste  la  faculté  de  reprendre  la  dite  maison,  e/ 
nant  aux  religieux  150  livres  pour  bâtir  un  lieu  c/. 
demeure  des  dits  religieux  ou  tout  près  pour  servi 
pauvres  passants. 

Le  corps  de  ville  usa  sans  doute  et  dans  un  bref  d( 
cette  faculté  pour  une  cause  que  nous  ignorons  ;  c 
1667,  les  frères  de  la  Charité  demandèrent  à  arrer 
maison  du  Sanitat,  moyennant  huit  livres  par  an  à  ] 
tuité,  à  la  charge  d'y  faire  300  livres  de  réparations, 
délibéré  en  séance  du  corps  sur  cette  proposition 
décidé  que  si  les  frères  voulaient  prendre  à  ferme  ] 

2  avril  1784,  ordonnèrent  l'extinction  et  suppression  de  la  comn 
des  iilles  de  Saint-François  établies  près  de  l'Hôpital  général,  et 
de  leurs  biens  tant  aux  dames  Hospitalières  de  Niort  qu'aux  rel 
de  Saint-Fiançois  de  Poitiers  et  de  Pezay-le- Vieux.  Les  habit 
Niort  furent  réunis  en  assemblée  générale,  le  21  août  1784,  et  ci 
sur  l'opportunité  delà  mesure,  avant  que  l'enregistrement  du  Parle 
la  rendît  détinitive.  Ils  consentirent  à  la  translation  des  Hosp 
dans  l'ancien  couvent  des  Franciscaines,  local  plus  grand 
salubre.  Il  fut  décidé  en  même  temps  qu'un  plan  serait  lev 
maison  de  la  rue  Saint-Gelais  pour  fixer  la  portion  qui  deva 
retour  à  la  ville.  Les  Hospitalières,  d'après  cela,  avaient  ai 
cette  maison  en  acquérant  des  terrains  et  des  bâtiments  contigu! 
qui  appartenaient  à  la  ville,  ou  plutôt  aux  aumôneries. 
(1)  Assemblée  du  29  octobre  1667. 


-  101  — 


maison,  pour  neuf  années,  à  un  prix  raisonnable,  ils  lô 
pourraient  à  la  c/iarge  que  au  cas  où  la  ville  fût  affligée 
de  maladie  ou  peste  la  ferme  demeurerait  résolue  sans 
dommages-intérêts ,  mais  qu'on  n'en  passerait  aucun 
arrentement.  Cette  clause  résolutoire  n'était  que  la  repro- 
duction de  celle  insérée  dans  le  traité  de  1652  au  sujet  de 
la  concession  gratuite.  La  maison  du  Sanitat  resta  donc 
propriété  de  la  ville.  En  1679,  le  corps  était  poursuivi  pour 
en  rendre  déclaration  au  roi  comme  dépendant  des  aumô- 
neries.  Le  procureur  syndic  fut  chargé  de  rechercher  et 
fournir  les  preuves  à  ce  sujet  (1)^  ce  qui  semble  bien  signi- 
fier que  le  corps  n'admettait  pas  que  cette  maison  fit  partie 
du  domaine  des  aumôneries.  Du  reste,  à  l'époque  de  la 
Révolution,  elle  fut  vendue  comme  bien  de  la  commune  ; 
jusque-là  les  frères  de  la  Charité  en  avaient  sans  doute 
conservé  la  jouissance.  Il  n'en  est  fait  aucune  mention  aux 
registres  dans  tout  le  cours  du  dernier  siècle. 

Au  sujet  des  secours  fournis  aux  établissements  cha- 
ritables sur  les  fonds  communaux  proprement  dits, 
il  y  a  lieu  de  faire  une  observation  générale  ;  c'est 
qu'ils  se  sont  en  somme  réduits  â  fort  peu  de  chose.  L'as- 
sistance publique  avait  â  Niort  son  budget  spécial  formé 
par  les  revenus  des  aumôneries,  et  la  ville  ne  contribuait  â 
l'augmenter  que  dans  une  mesure  très  modique,  par  des 
allocations  toutes  de  circonstances.  L'arrêt  de  règlement 
de  1683  ne  comprend  aucun  article  de  dépense  à  cet  égard. 
C'est  seulement  dans  les  dernières  années  de  la  monarchie 
que  la  municipalité  fit  directement  des  sacrifices  considé- 
rables pour  le  soulagement  des  pauvres.  D'ici-hï  on  ren- 
contre seulement  quelques  rares  subventions  accordées 
par  l'échevinage  ;  nous  les  citerons  successivement. 

Dans  le  courant  du  dix-septième  siècle,  sans  qu'on 
puisse  dire  précisément  de  quelle  époque  datait  cet  usage, 
le  maire  adjugeait  chaque  année,  vers  la  fin  du  carnaval, 
le  droit  de  vendre  de  la  viande  aux  malades  et  aux  infirmes 


e*»- 

^m 


Assemblée  du  28  avril  1679. 


pendant  les  temps  d  abstinence.  L  est  ce  qu  on  ^ 
le  bail  du  Bureau  des  chairs  ;  nous  en  avons  c 
mot  dans  la  Première  partie,  an  chapitre  de  la  I 
boucherie.  Le  produit  de  cette  adjudication  était  ' 
buë  aux  liôpitaux  et  couvents.  Ainsi,  en  1663,  le  mont! 
de  125  livres  qui  furent  réparties  comme  suit  :  20 
aux  frères  de  la  Charité,  25  aux  Hospitalières,  2 
Cordeliers,  20  aux  Capucins,  40  aux  filles  de  Saint- 
çois.  En  1665,  un  nouvel  établissement  vint  au  pa 
C'était  l'Hôpital  général,  fondé  cette  année-là  par  le; 
du  duc  de  Navailles,  gouverneur  de  Niort,  à  la  suit< 
déclaration  royale  de  juin  1662  sur  l'entretien  des  p! 
et  des  orphelins.  Quelques  années  plus  tard,  en  167; 
faisait  la  part  du  lion  dans  le  bail  des  chairs.  Le  g' 
neur  avait  demandé  que  la  totalité  lui  en  fût  attribué 
corps  de  ville  ne  put  que  s'incliner  devant  l'express 
ce  désir  (1). 

Le  duc  de  Navailles  avait  proposé  et  fait  accep 
même  temps  de  remplacer  pour  les  divers  établisse] 
autres  que  l'Hôpital  général,  leur  paît  du  bail  des 
par  une  part  dans  les  amendes  qui  se  pourraient  enc 
L'occasion  ne  tarda  pas  à  se  présenter  d'appliquei 
disposition.  Au  mois  de  janvier  1676,  peu  après  que 
venait  d'être  fait  maréchal,  la  duchesse  et  son  fils,  1 
quis  de  Navailles,  faisaient  une  entrée  solennelle  à  '. 
la  compagnie  de  cavalerie  ayant  été  commandée  pou 
au  devant  d'eux^  les  manquants  furent  condamnés 


(1)  Assemblée  du  îi  juin  1675.  Proposé  par  nous  maire 
dernière  assemblée  de  l'Hospital  général  de  cette  ville  Mgr  1( 
Navailles  tesmoigna  souetter  que  le  prix  du  bail  des  chairs  fût 
ment  emploie  au  dit  hospital  général  et  qu'au  lieu  que  nous  a) 
coustume  de  le  distribuer  à  tous  les  hospilaux  tant  d'homme 
femmes,  et  dames  de  la  Miséricorde  et  religieux  de  cette  vil 
n'estre  privés  pas  des  charités  qu'ils  avaient  accoustumé  de  rec 
nous,  nous  applicassions  à  ce  toutes  les  amendes  qui  se  pc 
encourir,  sur  quoy  nous  requérons  l'advis  de  la  compagnie. 

Arrêté  dans  les  termes  de  la  proposition. 


—  108  — 

amendes  que  l'on  attribua  par  tiers  aux  Cordeliers^  aux 
Capucins  et  aux  Charitains. 

Les  adjudications  du  bail  des  chairs,  relevées  dans  les 
registres  jusqu'en  1691^  varient  de  65  livres,  prix  mini- 
mum, à  210  livres,  prix  maximum  et  exceptionnel.  La 
moyenne  était  de  120  livres,  qui  étaient  toujours  encaissées 
par  le  trésorier  de  l'Hôpital  général.  A  partir  de  1691,  les 
registres  ne  mentionnent  plus  cette  adjudication  que  l'on 
fît  cependant  jusqu'en  1789.  En  1689,  il  fut  distrait  par 
une  clause  spéciale  une  portion  du  produit  au  bénéfice  des 
dames  de  la  Miséricorde  (1)^  qui  durent  recevoir  de  l'ad- 
judicataire 250  livres  de  chair,  et  des  Capucins  qui  furent 
gratifiés  d'une  peau  de  bœuf  verte  ou  dix  livres  d'argent  à 
leur  choix.  Ces  mêmes  conditions  étaient  imposées  en 
1690,  et  une  autre  en  sus  :  l'étapier  eut  droit  de  prendre  la 
viande  qui  lui  serait  nécessaire  lors  des  passages  de  troupes 
en  carême  à  deux  sols  et  demi  la  livre.  En  1691,  les  dames 

de  la  Miséricorde  reçurent  deux  cents  livres  de  viande  et  e^- 

les  pères  de  la  Charité  cinquante.  D'après  un  acte  cité  par  ^.m 

Abel  Bardonnet  dans  ses  Ephéniérides  (2),  l'adjudication  »•% 

fut  faite  en  1789  pour  trois  ans  par  le  lieutenant-général  " 

de  police.  En  outre  de  l'Hôpital,  les  religieux  de  la  Charité, 
les  Capucins,  les  Hospitalières,  les  dames  delà  Miséricorde 
et  les  officiers  de  police  durent  avoir  diverses  quantités  de 
viande,  gi\atuitement  ou  â  un  prix  inférieur  au  tarif. 

Dès  la  fondation  de  l'Hôpital  général,  le  corps  de  ville 
s'était  mis  en  quête  de  Cj[uelques  ressources  éventuelles 

(1)  Les  dames  de  la  Miséricorde  étaient  une  association  de  dames  de 
la  ville  fondée  dans  le  but  d'assister  les  pauvres  et  les  malades  sous  la 
direction  des  Pères  de  l'Oratoire.  Elle  fut  autorisée  par  une  bulle  du 
pape  Alexandre  VII,  du  10  janvier  16ôG,  obtenue  par  le  zèle  et  aux  frais 
de  Magdeleine  Assailly  [A?T/itues  départementales,  H.  266].  La  pre- 
mière supérieure  fut  la  duchesse  de  Xavailles.  Cette  confrérie  se  per- 
pétua pendant  tout  le  dix-huitième  siècle.  En  1757,  l'échevinage  lui 
accorda,  à  l'occasion  de  la  convalescence  du  roi,  après  l'attentat  de 
Damiens,  lîO  livres  pour  distribuer  aux  pauvres  honteux  des  deux 
paroisses  de  la  ville  [Assemblée  du  22  mars  1757]. 

(2)  Mémoires  de  la  Société  de  statistique,  3'^^  série,  i,  p.  260. 


loyersde  corps  de  garde  abandonnés  (1),  celui  d'unepièc( 
terre  inculte,  dite  l'Ouche  Barrault,  près  de  Romagné 
qui  fut  affermée  alors  pour  trois  livres  10  sols  par  an, 
encore  le  produit  de  quelques  amendes  (3).  Au  m€ 
moment,  on  chercha,  mais  sans  succès,  à  reprendre  posf 
sion  du  Marc  à  draps,  pour  en  faire  également  do 
l'Hôpital  (4). 

Le  corps  de  ville  montrait  beaucoup  de  bonne  voie 
en  faveur  de  la  fondation  du  duc  de  Navailles,  mais 
minces  bribes  qu'il  détachait  ainsi  de  son  avoir  ne  p 
vaient  grossir  beaucoup  les  revenus  de  l'établissement 
Un  acte  de  générosité  plus  sérieux  de  la  part  de  l'échu 
nage,  un  peu  contraint  forcé,  il  est  vrai ,  fut  l'attribui 
d'une  somme  de  cent  livres  de  rente  annuelle  â  l'hôpi 
somme  que  le  gouverneur  comprit  dans  son  arbitrage 
dommages  intérêts  infligés  à  ]\r"*  de  la  IMortmartin 
consorts,  qui  avaient,  le  27  janvier  1679,  tué  un  bon 
sous  la  halle  et  insulté  le  maire  Cochon  du  Puy.  C 
affaire  a  été  exposée  en  détail  au  chapitre  de  l'Admii 
tration. 

En  1737,  le  docteur  Cuvillier  Champoyault,  qui  des 
vait  gratuitement  l'Hôpital  général,  demanda  une  gr 
fication  annuelle  ;  les   directeurs  de    l'établissement 

(1)  Assemblée  du  2i  décembre  1665.  Proposé  par  nous  maire 
y  a  un  hôpital  en  cetle  ville  qui  n'a  pas  de  fonds  suffisants  pour  l'ei 
tien  et  assistance  des  pauvres,  qu'il  y  a  des  corps  de  garde  aux  pi 
de  cette  ville  qu'on  pourrait  louer,  et  encore  quelques  petites  chose 

(•?)  Assemblée  du  26  juin  1666. 

(3)  Cour  du  maire,  4  avril  1665.  Dix  livres  d'amende  applicab 
l'Hôpital  contre  Caillet  pour  avoir  blasphémé  le  >aint  nom  de  Dieu. 

(i)  Voir  Première  partie,  p.  247. 

(5)  Les  terres  des  aumôneries,  qui  formaient  la  grosse  part  du  bu 
de  l'assistance  publique,  s'affermaient  au-dessous  de  2,000  livres  à  1 
du  dix-seplièrae  siècle.  Ce  revenu  était  réparti  entre  les  trois  hôpi 
de  la  ville,  Charilains,  dames  Hospitalières  et  Hôpital  général.  Le 
de  ferme  progressa  ensuite  jusqu'à  3,450  livres,  somme  qu'il  avait  att( 
dans  les  dernières  années  de  l'ancien  régime. 


—  105  — 


répondirent  qu'ils  n'avaient  pas  de  fonds  disponibles.  Il 
adressa  alors  â  l'intendant  une  requête  qui  fut  renvoyée 
aux  maire  et  éclievins.  Ceux-ci  proposèrent  de  lui  accorder 
200  livres  par  an  sur  le  revenu  de  VOctroi  fixe,  attendu 
qu'ils  n'avaient  aucune  autre  ressource  â  cause  de  la 
dépense  extraordinaire  que  nécessitait  la  construction  des 
casernes.  Cet  octroi  n'ayant  été  concédé  que  pour  un 
temps  déterminé,  l'intendant  approuva  l'allocation  jusqu'au 
terme  de  la  période.  Depuis  elle  fut  continuée^  comme 
d'ailleurs  l'imposition  surlaquelleelle  avait  été  imputée  (1). 
Après  l'établissement  du  tarif  des  droits  d'entrée,  en 
171!^,  la  ville  fit  un  sacrifice  considérable  en  faveur  des 
établissements  hospitaliers.  Le  mieux  traité  fut  l'Hôpital 
généra],  qui  obtint,  dés  1724,  la  franchise  entière  pour 
toutes  les  denrées  et  matières  qui  s'y  consommaient.  Les 
frères  de  la  Charité  et  les  dames  Hospitalières  furent 
exemptés  des  droits  pour  des  quantités  limitées  de  bois  et 
de  vin.  Leschllïi'es  ont  été  donnés  au  chapitre  du  Tarif  de 
1718.  Il  y  a  seulement  lieu  de  faire  ici  une  rectification 
en  ce  qui  concerne  les  frères  de  la  Charité.  En  vertu  d'une 
convention  faite  en  1766  avec  l'éclievinage,  ils  furent  mis 
sur  le  môme  pied  que  l'Hôpital  général,  c'est-à-dire  obtin- 
rent l'exemption  absolue  des  droits  d'entrée.  Ceci  ressort 
d'une  lettre,  conservée  aux  archives,  qu'écrivait  le  2  juillet 
1770  M^  Gaultier,  secrétaire  de  l'intendant,  â  M'"  du  Cou- 
dray  subdélégué  à  Niort  (2).  Le  fermier  du  tarif  faisait  des 
difficultés,  et  ce  n'est  pas  surprenant,  car  les  baux  de  cette 
époque,  et  môme  ceux  postérieurs,  ne  mentionnent  tou- 
jours pour  les  religieux  de  la  Charité  qu'une  franchise 
limitée  (3).  D'après  cela,   l'exemption  totale  devait  faire 


(1)  Voir  Première  partie,  p.  7^2. 

(î)  Archives  de  Niort,  IP  2,161. 

(3)  Vers  cette  époque,  les  Capucins  obtinrent,  on  vertu  d'une  clause 
formelle  imposée  au  fermier  du  tarif,  la  francliise  pour  toutes  denrées 
généralement.  La  collection  des  baux  étant  fort  incomplète,  on  ne  peut 
préciser  l'année.  La  mention  de  cette  franchise  générale  pour  ledit  ordre 
a  été  omise  au  chapitre  consacré  dans  la  Première  p.\rtie  au  Tarif 
de  1718. 


1  OOJcL  u  un  cunipie  emie  le    iciimei    cl   la    viiic,    cuii 

cela  se  pratiquait  d'ailleurs  pour  quelques  autres  privilëg 
Nous  terminerons  cette  matière  de  l'assistance  publi 
par  l'exposé  des  mesures  auxquelles,  dans  les  dern 
temps  de  l'ancien  régime,  eut  recours  l'échevinage  p 
soulager  la  misère  extrême  provenant  de  la  disette 
grains.  Trois  fois  en  vingt  ans,  il  fallut  employer 
moyens  extraordinaires. 

Les  ateliers  de  charité  qui  furent  créés  à  la  fin  de  1 
et  continués  dans  les  années  suivantes,  pour  les  trav 
de  la  place  de  la  Brèche  et  de  la  terrasse  Saint-Gel 
apportèrent  quelque  adoucissement,  mais  devant  les  bes( 
croissants  de  la  classe  nécessiteuse,  ils  ne  pouvaient  sufl 
Au  mois  de  mai  1770,  le  blé  avait  atteint  le  prix  exc( 
pour  l'époque  de  300  livres  le  tonneau  (1),  soit  enviroi 
livres  le  sac  ou  hectolitre  d'aujourd'hui.  La  populatior 
Niort  s'était  soulevée  (2)  et  avait  voulu  empêcher  les  ^ 
de  la  campagne,  les  voituriers  des  provinces  voisines  d 
lever  le  blé  sur  le  marché.  Dans  l'assemblée  du  18  ma 
maire  proposa  d'acheter  au  compte  de  la  ville  des  blés 
l'on  céderait  ensuite  avec  une  certaine  perte  sur  les  ] 
courants.  Il  fut  arrêté  que  l'on  disposerait  de  12,000  liv 
somme  suffisante  pour  acquérir  40  tonneaux  de  from 
Ces  grains  devaient  être  placés  dans  un  magasin  qui  se 
ouvert  aux  pauvres  de  la  ville  les  mardi  et  samedi,  de  i 
heures  du  matin  à  midi,  le  jeudi  depuis  une  heure  jusi 
sept  heures  du  soir.  Le  prix  en  était  fixé  à  cinq  sols 
boisseau  au  dessous  du  cours,  soit  un  vingtième  en  m 
seulement. 

Il  était  évident  que  cette  mesure  ne  pouvait  être  qi 
palliatif;  aussi  d'autres  avaient  été  prises  simultaném 
Le  maire,  peu  de  jours  après,  dans  la  séance  du  22  i 

(1)  Le  tonneau  de  froment  pesait  2,400  livres;  il  se  composa 
60  boisseaux  contenant,  en  mesure  de  nos  jours,  25  litres. 

(2)  De  pareils  troubles,  et  même  plus  graves,  se  produisirent 
plusieurs  povinces.  L'exportation  des  grains  fut  prohibée  par  ordonn 
royale  du  U  juillet  1770. 


—  107  — 

rendit  compte  de  ce  qui  avait  été  obtenu  de  la  charité 
privée,  sur  les  sollicitations  de  la  municipalité.  On  avait 
visité  toutes  les  maisons  aisées.  Le  quartier  de  Notre- 
Dame,  depuis  la  halle  jusqu'à  la  porte  et  faubourgs,  avait 
souscrit  pour  2,429  livres  de  pain  par  semaine  ;  dans  le 
reste  de  la  ville,  on  en  avait  recueilli  2,764,  en  tout 
5,193  livres,  et  il  en  faudrait  pouvoir  fournir,  dit  le  maire, 
6,325  livres  pour  faire  face  aux  besoins  connus.  En  résumé, 
le  déficit  était  de  1,132  livres.  Le  corps  arrêta,  séance 
tenante,  quel'on  prendrait  sur  les  deniers  publics  la  somme 
nécessaire  pour  couvrir  ce  déficit,  et  même  ce  qui  pourrait 
manquer  par  la  suite,  attendu  que  des  familles  honteuses 
qui  inéi'itentdes  secours  ne  s' étaient  pas  déclarées.  D'après 
les  comptes  du  receveur,  les  frais  de  fournitiu^e  de  pain 
faits  par  la  ville  pendant  la  durée  de  la  crise  s'élevèrent  à 
1,629  livres  4  sols  9  deniers.  Il  faudrait  y  ajouter,  pour 
avoir  la  somme  totale  consacrée  à  l'assistance  publique,  la 
perte  éprouvée  sur  la  vente  du  blé  aux  indigents. 

En  1785,  le  même  mode  d'assistance  fut  employé,  mais 
sur  une  plus  grande  échelle.  A  la  fin  de  l'année,  les  prix 
des  grains  étaient  supérieurs  à  ceux  de  1770.  Le  froment 
valait  340  livres  le  tonneau  ;  le  seigle  245.  Le  maire  rendit  "S 

compte  le  16  décembre  des  mesures  déjà  prises,  devant 
une  assemblée  qui  comptait  dans  son  sein  un  certain  nom- 
bre de  notables  adjoints  pour  la  circonstance  aux  membres 
du  corps  ;  puis  il  leur  demanda  d'arrêter  dans  ses  détails 
l'organisation  des  secours  â  donner  ultérieurement. 

La  rareté  des  grains  était  si  grande  qu'il  avait  été  malaisé 
d'en  acquérir  la  quantité  nécessaire  pour  approvisionner  la 
ville.  On  espérait  recevoir,  avant  la  fin  de  janvier,  7,000  sacs  * 

de  froment  et  1,500  de  seigle.  L'intendant  avait  procuré 
en  attendant  300  sacs  de  froment  et  annonçait  50  milliers 
de  riz.  Il  est  vrai  que  cette  dernière  denrée  n'était  pas 
entièrement  destinée  â  la  ville  de  Niort  ;  elle  devait  être 
partagée  entre  plusieurs  élections.  D'après  une  lettre  de 
l'intendant.  M'"  Boula  de  Nanteuil,  â  M'  Blactot,  subdé- 


m 


•) 


circonscription.  L  envoi  était  fait  par  le  contrôleur  généi 
et  paraît  avoir  été  un  secours  accordé  par  l'Etat,  u 
aumône  dans  le  sens  absolu  ;  le  riz  devait  être,  non  f 
vendu,  mais  donné  aux  indigents  inscrits  sur  les  lisl 
dressées  à  cet  effet.  Il  n'en  était  pas  de  même  des  grai 
achetés  par  la  ville,  qui  étaient  destinés  à  être  vendi 
comme  en  1770,  â  prix  réduit. 

L'assemblée  des  notables  de  Niort  décida  que  le  frome 
serait  vendu  auœ  malheureux  sur  le  pied  de  320  livres 
tonneau,  et  le  seigle  à  raison  de  230  livres.  On  fit  en  oui 
une  taxe  du  pain  spéciale  pour  les  indigents ,  à  2  S( 
3  deniers  la  livre,  en  dédommageant  les  boulangers  sur  u 
base  qui  n'est  pas  d'ailleurs  indiquée.  Le  maire  fut  autor: 
à  emprunter,  si  besoin  était,  une  somme  de  1,200  livr< 
On  nomma  un  receveur^  pour  la  vente  des  blés  emma^ 
sinés  par  la  ville  ;  nul  n'était  admis  à  bénéficier  de  la  d 
tribution  sans  un  certificat  établi,  sur  formules  imprimé( 
par  les  curés  des  paroisses. 

Quatre  ans  plus  tard,  en  1789,  la  disette  sévissait 
nouveau  ;  le  prix  des  grains  était  sensiblement  le  mêi 
qu'en  1785.  Les  mesures  d'assistance  prises  par  la  mui 
cipalité  ne  furent  pas  tout-à-fait  les  mêmes  que  dans  ' 
crises  antérieures.  Il  neparaitpasque  l'approvisionneme 
ait  été  aussi  difficile  que  pendant  la  famine  précédent 
on  pensa  que  les  boulangers  pourraient  se  procurer 
matière  première^  sans  qu'il  fût  nécessaire  de  recourir  pc 
cela  aux  voies  extraordinaires,  et  on  procéda  en  leur  ii 
posant  une  taxe  inférieure  au  prix  de  revient  du  pai; 
une  indemnité  leur  était  allouée  sur  les  deniers  coramui 
A  vrai  dire,  les  choses  ne  furent  pas  de  suite  aussi  équi 
blement  réglées  à  l'égard  des  boulangers. 

Dans  une  assemblée  de  notables,  du  8  août,  présid 
par  le  maire  M'"  Rouget  de  Gourcez,  celui-ci  expliqua  q 

(1)  Archives  historiques  du  Poitou.  Poitiers,  Oudin,  1889,  t.  : 
p.  167. 


109  — 


la  réunion  avait  pour  objet  de  rétablir  l'ordre  dont  on 
s'était  écarté  dans  celle  tenue  tumultueusement  le  deux  de 
ce  mois.  On  avait  demandé,  prononcé  et  proclamé  tout  de 
suite  avec  éclat,  une  diminution  de  cinq  deniers  par  livre 
sur  le  pain  de  première  qualité  et  trois  deniers  par  livre 
sur  la  seconde.  Il  en  résultait  une  perte  effective  pour  les 
boulangers^  et  cependant  on  ne  s'était  point  inquiété  de 
leur  allouer  une  indemnité;  les  prix  ainsi  fixés  par  ce  vote 
arbitraire  correspondaient  au  cours  de  260  livres  pour  le 
tonneau  de  blé,  tandis  qu'il  en  valait  340.  Le  maire  pro- 
posait de  fixer  sur  cette  base  l'indemnité,  pour  la  période 
du  deux  au  quinze  août,  sauf  diminution  pour  dix  ton- 
neaux de  blé  offerts  par  M'"  Panvillier  au  prix  de  310  livres. 

L'assemblée,  plus  rassise  que  la  précédente,  se  rangea 
à  cet  avis  et  autoi'isa  le  maire  à  emprunter  la  somme 
nécessaire,  car  l'hôtel  de  ville  n'avait  pas  de  fonds  dispo- 
nibles ;  ses  revenus  étaient  même  saisis  â  l'occasion  d'un 
prétendu  droit  d'amortissement  exigé  sur  le  terrain  de  la 
place  de  la  Brèche.  Ce  droit  était  ce  que  l'on  appelle 
aujourd'hui  droit  de  main-morte,  comme  nous  l'avons 
indiqué  antérieurement.  Au  demeurant^  ni  les  registres, 
ni  les  comptes  ne  nous  apprennent  pendant  combien  de 
temps  et  pour  quelle  somme  furent  payées  les  indemnités 
aux  boulangers. 

Les  derniers  registres  de  l'échevinage,  desquels  nous 
avons  extrait  ces  détails  sur  les  secours  donnés  pendant 
les  disettes,  font  connaître  quelques  incidents  qui,  par 
leur  nature,  se  rattachent  aux  matières  du  présent  cha- 
pitre. La  ville  de  Niort^  à  ti'ois  reprises  différentes,  en 
1764,  1765,  et  encore  en  1786,  se  trouva  en  lutte  avec  les 
autorités  ecclésiastiques  qui  se  refusaient  à  laisser  accroître 
ou  même  tendaient  â  diminuer  les  ressources  de  l'assis- 
tance publique  (1).  On  put  éviter  l'amoindrissement,  mais 
on  échoua  dans  toutes  les  tentatives  d'augmentation. 


^■m 


(1)  La  notice  d'Apollin  Briquet  déjà  citée,  sur  les  établissements 
charitables,  mentionne  l'action  qu'eut  à  soutenir  l'échevinage  de  Niort 
contre  l'ordre  de  Saint-Lazare,  en  1678,  au  sujet  des  aumôneries.  Les 


paroisses  et  hôpitaux  de  Niort.  Le  14  décembre  176S 
chapitre  de  Saint-Liguaire  prit  une  déUbération  (1) 
laquelle,  sous  le  bon  plaisir  de  l'évêque  de  Saintes 
était  leur  diocésain,  ils  consentaient  à  être  sécularisé] 
unis  à  la  ville  de  Niort,  oi^i  ils  transféreraient  leurs  ofï 
de  fondation.  Ils  demandaient  que  les  religieux  existe 
pussent  résider  là  où  bon  leur  semblerait  et  eussen' 
jouissance  des  revenus  de  l'abbaye,  comme  par  le  pa 
Après  leur  décès,  les  dits  revenus  seraient  appliqués 
besoins  de  l'hôpital  général,  sauf  une  portion  destinée 
vicaires  des  deux  paroisses.  Conformément  à  cet  acte  c 
tulaire,  le  roi  autorisa,  par  un  brevet  donné   à  Fon 
nebleau  le  26  octobre  1763   (2),  les  maire  et  échevir 
poursuivre  l'extinction  et    la  suppression    de   la   me 
conventuelle,  pour  les  dits  revenus  être  employés  à  l 
tretien  de  trois  vicaires  dans  chacune  des  deux  égli 
suivant  la  répartition  et  distribution  qui  serait  faite 
dits  revenus  par  le  sieur  évêquede  Poitiers  et  pour  êti 
surplus,  si  surplus  il  y  a,  appliqué  au  profit  de  l'hôp 
général  de  Niort  (3). 

Le  commendataire  de  l'abbaye  était  M''  de  Rabre 
doyen  de  l'église  de  Poitiers.  Il  s'opposa  à  la  réunion  j 
jetée,  disant  s'être  lié  les  mains  par  la  parole  qu'il  a 
donnée  au  chapitre  de  Saint-Pierre  de  Poitiers  d'y  f: 
faire  cette  réunion.  En  conséquence^  il  fut  arrêté,  dan 
séance  du  24  mars  1764,  que  le  maire  et  le  procureur 


religieux  de  cet  ordre  prétendaient,  en  vertu  d'un  édit  de  réunion  rc 
par  Louis  XIV,  s'emparer  de  l'administration  de  ces  fondations.  La 
eut  gain  de  cause  ;  il  fut  jugé  que  l'édit  n'était  pas  applicable,  en  ce 
la  concernait.  Les  poursuites  avaient  commencé  en  1674. 
(i)  Archives  de  Niort,  n°  1974. 

(2)  Archives  de  Niort,  n°  1975. 

(3)  L'abbaye  de  Saint-Liguaire  était  de  l'ordre  de  Saint-Benoît, 
revenu  est  estimé  quatorze  mille  livres  dans  l'Etat  de  l'électioi 
1716.  (Méynoires  de  la  Société  de  statistique,  S"»^  série,  m,  p.  21.) 


—  111  — 

roi  iraient  à  Poitiers,  pour  communiquer  et  même  signifier 
à  M""  de  Rabreuil  l'arrêt  du  Conseil  d'Etat  rendu  en  exé- 
cution du  brevet  du  roi,  le  même  jour  26  octobre  1763. 
Celui-ci  tvouca  bon  qu'on  lui  fît  cette  signification,  n'ayant 
pas  d'autres  motifs,  disait-il,  de  refuser  le  consentement 
requis  que  ceux  indiqués  ci-dessus.  En  fin  de  compte,  la 
réunion  ne  fut  pas  effectuée^  à  cause  de  l'opposition  que  fit 
l'évêque  de  Saintes.  Ce  qui  suit  fera  voir  en  outre  ciue  le 
budget  de  l'assistance  publique,  aussi  bien  que  celui  du 
culte  catholique,  restèrent  jusqu'à  la  Révolution,  tels  qu'ils 
étaient  à  l'époque  où  fut  tenté  ce  rattachement. 

L'année  suivante,  la  question  n'était  plus  d'obtenir  des 
ressources  nouvelles  pour  les  paroisses  et  l'hôpital,  mais 
bien  d'empêcher  que  ces  établissements  ne  fussent  dépouil- 
lés, et  cela  au  profit  d'un  bénéficiaire  fort  éloigné.  Autre- 
ment dit,  il  avait  été  projeté  de  réunir  les  biens  du  prieuré 
de  Noire-Dame  au  chapitre  noble  de  Brioude.  Le  corps  de 
ville  délibéra  à  ce  sujet,  le  27  août  1765,  et  arrêta  d'abord 
que  l'on  ferait  opposition  devant  l'Olllcial.  «  Nous  avons 
ici  »,  dit  le  procès-verbal,  «  deux  curés  â portion  congrue, 
c' est-à-dire  306  livres  par  an,  des  vicaires  qui  n'ont 
cV autre  revenu  cjue  le  casuel,  sauf  200  livres  de  fondation 
particulière  à  Saint-André.  La  ville  ne  dispose  que  de 
quatre  lits  à  la  Charité  et  aux  Dames  Hospitalières  ; 
l'Hôpital  général  renferme  284  pauvres  et  n'a  pas  les 
revenus  suffisants  pour  les  entretenir.  La  ville  a  18  à 

20,000  luibitants »  Ce  dernier  chiffre  était  un  peu 

exagéré  pour  les  besoins  de  la  cause. 

Le  deux  septembre,  la  question  fut  de  nouveau  discutée 
en  séance  de  l'hôtel  de  ville.  Al'"^  Arnauldet  du  Maire  et 
Clémanson  furent  chargés  de  faire  une  enquête  et  de  rece- 
voir les  observations  des  habitants.  Le  corps,  de  son  côté, 
rappelait  l'origine  des  donations  faites  au  prieuré  ;  elles 
avaient  eu  pour  but  de  procurer  aux  habitants  les  secours 
spirituels  et  de  soulager  les  pauvres  (1),  s'il  y  avait   un 

(1)  Le  prieur  devait,  en  vertu  des  anciens  titres  de  donation,  une 
demi-livre  de  pain,   trois  fois  la  semaine,  à  chaque  pauvre  qui  S9 


transférés  à  un  chapitre  étranger. 

Bien  que  les  registres  ne  le  disent  pas  explicite 
cette  translation  n'eut  pas  lieu.  Vingt  ans  plus  tard, 
que  de  Poitiers  voulut  à  son  tour  s'emparer  des  bi 
prieuré.  Le  corps  de  ville  reçut  assignation  à  comp; 
devant  le  sieur  abbé  de  Cressac,  vicaire généraldud: 
pour  consentir  à  l'extinction  du  prieuré  et  à  la  /'< 
de  son  revenu  au  grand  séminaire.  Il  fut  naturel! 
arrêté  que  l'on  ferait  opposition. formelle  à  la  mesui 
jetée.  Les  considérants  étaient  toujours  les  mên: 
dénuement  de  l'iiôpital,  les  curés,  sans  vicaires,  ré' 
la  portion  congrue  ;  on  donnait  cependant  un  mot 
veau,  la  situation  du  collège  qui,  sans  aucuns  re 
manque  de  tout  et  ne  subsiste  que  par  la  plus  g 
économie  sur  ses  pensionnaires.  Il  y  avait  en  effet 
temps  que  la  ville  avait  été  obligée  de  doubler  la  si 
tion  qu'elle  faisait  aux  Oratoriens.  u  Enfin  «^  ajoi 
maire  dans  la  séance  du  25  août  1786^  «  les  vér 
revenus  du  prieuré,  ce  sont  les  dîmes  ;  c'est  pour 
vice  des  paroisses,  le  besoin  des  pauvres  du  teri 
qu'un  pareil  droit  a  été  établi;  tous  les  biens  ecc 
tiques  n'ont  été  donnés  qu'à  de  pareilles  conditions 

Le  maire  de  Niort  traduisait  ainsi,  pour  la  défen 
légitimes  intérêts  de  la  ville  maladroitement  mena 
que  chacun,  aux  approches  de  la  Révolution,  dis 
pensait.  Le  prieuré  ne  fut  pas  rattaché  au  grajid  sém 
mais,  trois  ans  plus  tard,  ses  biens  furent  réuni 
nation,  comme  d'ailleurs  tous  les  biens  du  clerf 
longue  et  véhémente  discussion,  que  souleva  ce  gra\ 
dans  le  sein  de  l'Assemblée  nationale,  fut  close 
célèbre  discours  de  Mirabeau  qui  entraîna  le  vote  de 
Remontant  à  l'origine  des  donations   faites  à  l'J 


présentait  depuis  le  premier  dimanche  de  carême  jusqu'à  la  Saii 
Cette  obligation  fut  convertie  en  une  rente  annuelle  en  faveur  de  1 
général.  (Archives  de  Niort,  n°  1925.) 


—  113  — 

l'illustre  orateur  établit  qu'elles  n'avaient  eu  d'autre  but 
que  le  service  du  culte  et  le  soulagement  des  pauvres. 
Montrant  ensuite,  d'une  part  les  desservants  réduits  à  la 
portion  congrue,  les  populations  dans  la  misère,  et  en 
regard  les  hauts  dignitaires  ecclésiastiques  vivant  dans  le 
luxe,  il  fit  voir  comment  et  à  quel  degré  ces  richesses 
avaient  été  détournées  de  leur  véritable  destination.  Sa 
parole  détermina  peut-être  cette  dépossession  considérable, 
mais  il  faut  dire  qu'elle  puisait  sa  force  dans  le  senti- 
ment public,  dont  elle  ne  fut  ce  jour-là  que  l'éloquente 
expression. 


CHAPITRE  XI. 


Dépenses  militaires. 


§  1.  —  Défense  et  sûreté  de  la  ville. 

La  question  des  fortifications  ayant  été  traitée  dans  l'un 
des  chapitres  précédents,  nous  aurons  seulement  à  recher- 
cher ici  de  quelle  manière  il  fut,  suivant  les  époques, 
pourvu  à  la  défense  des  remparts  et  à  la  sûreté  de  la  ville, 
c'est-à-dire  quelles  furent  les  forces  dont  on  disposa,  quels 
étaient  leur  organisation  et  leur  armement. 

Les  titres  les  plus  anciens  à  ce  sujet  sont  les  lettres  de 
Jean,  duc  de  Berry  et  comte  de  Poitou,  de  juin  1378,  par 
lesquelles  il  octroya  aux  maire,  écheuins,  bourgeois  et 
habitants  de  Niort  le  guet  sur  les  manants  et  habitants  de 
S^-Reniy  et  de  S^-Maxire,  étant  de  la  châtellenie  de 
Fontenay -le- Comte,  et  sur  les  habitants  de  Chauray, 
étant  de  la  châtellenie  de  S^-Maixent  ;  puis  d'autres  lettres 
octroyées  par  le  même  duc  de  Berry,  adressées  au  sénéchal 

8 


manants  et  habitants  de  la  ville,  à  veiller  et  faire  le 
et  garde  en  cas  d'éminent  péril  (1).  Le  droit  de  gu 
garde  sur  les  gens  de  Saint-Remy,  Saint-Maxire  et  Cha 
n'était  pas  accordé  à  toujours,  mais  à  un  an  seulemen 
droit  de  contraindre  même  les  gens  d'église  à  fai 
service  des  remparts  n'était  donné  que  pour  le  cas  de 
imminent.  En  dehors  de  ces  mesures  extraordinaires 
avait  certainement  à  Niort  une  milice  urbaine  organ 
mais  comment  ?  Avant  le  dix-septième  siècle,  on  ne 
que  conjecturer  à  cet  égard.  Le  maire  en  était  capit: 
cela  n'est  pas  douteux,  et  très  probablement  les  éch( 
commandaient  sous  ses  ordres  un  certain  nombr^ 
compagnies. 

Quelle  que  fût  d'ailleurs  cette  organisation,  elle 
fort  rudimen taire.  On  peut  en  juger  par  le  détail  des 
paratifs  (2)  qui  furent  faits  lorsque  la  ville  se  mit  en 
de  défense,  au  moment  de  l'invasion  de  Cliarles-Ç 
dans  le  midi  de  la  France. 

Le  28  juin  153G,  le  maire,  assisté  de  sept  échevins  < 
six  pairs,  se  transporta  à  la  tour  du  Maire,  qui  servait; 
d'arsenal,  et  constata  qu'il  y  avait  des  boulets,  des  tr 
de  la  poudre  à  canon  et  du  soufre.  On  décida  que  ces  n 
tions  seraient  transportées  à  l'hôtel  de  ville.  Deux  j 
après,  on  y  réintégra  les  bâtons  de  la  ville,  qui  furent  r( 
d'après  l'inventaire  chez  Durand  Maignen,  auquel  on  al 
24  livres  10  sols  pour  les  avoir  gardés.  Il  est  probable  q 
avaient  été  placés  provisoirement,  pendant  les  grands 
vaux  de  reconstruction  d'alors,  dans  la  maison  de  Mai^ 
qui  était  sise  rue  Yver  en  face  de  l'hôtel  de  ville  (3) . 

(1)  Thrésor  de  Nyort,  pp.  209,  210. 

(2)  Ce  qui  concerne  ces  préparatifs  est  extrait  des  registres  de  1 
de  ville,  1535-38,  dont  la  bibliothèque  de  la  Société  de  statistique  ren 
un  dépouillement  complet,  par  Apollin  Briquet. 

(3)  Bibliothèque  de  la  Société  de  statistique.  Déclaration  des  ti 
de  1619.  (Fonds  Briquet  ) 


—  115  — 


Ces  bâtons,  avec  des  piques  et  des  hallebardes,  formaient 
l'armement  de  la  majeure  partie  des  habitants.  En  faisant 
le  récolement,  on  reconnut  qu'il  n'en  existait  pas  un  nom- 
bre suffisant  et,  d'un  autre  côté,  les  habitants  parurent  peu 
disposés  à  s'en  procurer  sous  prétexte  qu'Us  ne  voulaient 
pas  en  acheter  dans  la  ville.  Ceci  nous  apprend  que  les 
miliciens  devaient  s'armer  à  leurs  frais,  au  moins  de  ces 
bâtons,  et  de  plus  qu'il  n'y  avait  pas  à  Niort  de  fabricant 
réputé  de  ces  sortes  d'épieux  ferrés. 

On  fît  aussi  le  récolement  de  l'artillerie  sur  un  inven- 
taire déjà  ancien  et  Ton  reconnut  qu'il  manquait  onze 
pièces,  tant  faulconneaux  que  arquebuses  à  crochet  de  fer. 
Elles  étaient,  paraît-il,  dispersées  dans  les  maisons  de  la 
ville  et  au  dehors,  ce  qui  prouve  que  depuis  bien  des 
années  la  défense  de  la  ville  était  une  des  moindres  préoc- 
cupations des  habitants  ;  il  fut  arrêté  qu'elles  seraient 
retirées  de  là  où  elles  étaient,  puis  nettoyées  et  essayées.  Il 
y  avait  aussi  un  certain  nombre  d'arbalètes  qui  durent  être 
remontées.  On  parla  également  d'acheter  d'autres  arque- 
buses que  l'on  trouvait  à  cent  sols  la  pièce. 

Les  nouvelles  du  midi  étant  favorables,  on  ne  se  hâtait 
pas  beaucoup  à  Niort  de  se  mettre  en  état  de  défense. 
Cependant ,  il  fallut  suivre  le  mouvement  ;  le  ban  et 
l'arrière-ban  de  Saintonge  et  d'Angoumois  étaient  réunis 
à  la  Rochelle  ;  Poitiers,  plus  éloigné  que  Niort  du  théâtre 
de  la  guerre,  fermait  strictement  ses  portes.  On  prit  le 
parti  d'en  faire  autant,  seulement  à  la  date  du  18  août; 
le  guet  se  fit  sur  les  murailles  et  les  portes  furent  gardées. 
Le  maire  fit  publier  et  crier  par  les  rues  une  ordonnance 
enjoignant  aux  habitants  de  se  procurer  des  munitions  et 
instruments  de  guerre,  et  rendant  responsables  les  maîtres 
qui  avaient  des  serviteurs  étrangers.  Le  maire,  accom- 
pagné d'un  membre  du  corps  de  ville,  dut  passer  la  revue 
des  maisons  pour  faire  exécuter  ces  dispositions. 

Un  garde  de  l'artillerie  et  des  munitions  fut  institué  aux 
gages  de  cent  sols  par  an.  Il  s'appelait  Jehan  Baudin  et, 
depuis  sa  nomination,  le  rétablissement  de  l'armement  de 


1 


même  bien  après  que  la  retraite  de  l'armée  espagrK 
éloigné  toute  crainte  de  péril. 

Le  15  septembre  1536,  Jehan  Baudin  reçut  en 
21  faulcojineaux ,  plus  un  autre  qui  était  rompu 
arquebuses  à  crochet  de  fer,  sept  grosses  pièces  don 
montées  sur  roues  ;  quelques  jours  après,  trois 
fauconneaux  retirés  de  chez  M^  J.  Bastard,  avocat  ( 
Marché  fut  fait  avec  Antoine  Perrotin,  arbalestrier 
nettoyer  et  remonter  de  cordes  les  arcs  et  banda 
deux  douzaines  d'arbalestres  de  la  ville  et  asson 
noix  à  sept  d'icelles  à  8  sols  pièce  et  fourbir  les  alla 
à  2  sols  6  deniers  pièce.  On  fit  venir  de  Poiti( 
marchand,  nommé  Jehan  Tatin,  qui  arriva  avec  des 
buses,  hallebardes,  piques  et  bâtons  ;  il  lit  son  éta 
ne  vendit  en  tout  et  pour  tout  qu'une  arquebi 
demanda  si  la  ville  voulait  lui  acheter  ses  arr 
réclama,  dans  le  cas  contraire  ,  quelque  taxe  po 
frais.  Le  corps,  assemblé  le  premier  octobre,  lui  f 
de  séjourner  encore  un  jour  pour  vendre  à  cei 
étaient  dépourvus  d'armes,  et  que  d'ailleurs  il  lui 
donné  cent  sols  pour  ses  intérêts.  Les  maire  et  éc 
voulaient  faire  faire  aux  habitants  montrée  en  ar\ 
attendaient  pour  cela  qu'ils  s'en  fussent  munis.  1 
Tordonnance,  il  ne  paraît  pas  qu'ils  se  soient  mis  en  i 
et  la  revue  n'eut  sans  doute  pas  lieu. 

Seul,  le  service  de  l'artillerie  était  en  bonne  vc 
27  octobre,  on  paya  10  livres  10  sols  pour  avoir  re 
quatre  grosses  pièces  appeléesyat^co/is,  plus  sept  \y\ 
rouhier  pour  trois  paires  de  roues  neuves  avec  les  e; 
plus  'deux  essieux ,  plus  des  réparations  aux  autres 
Enfin,  le  29  décembre ^  Bastien  Grimault  recevait  ! 
6  deniers  pour  avoir  remonté  à  neuf  de  roues  et  d'( 
le  gros  canon.  Nous  n'avons  aucune  description 
dernier  engin.  Un  autre  article  de  dépense,  du27avri 
donne  le  poids  de  deux  pièces  d'artillerie  à  croci 
étaient  rompues  et  furent  refondues  de  marché  fai( 


—  117  — 

Nycolas  Notiyon.  Elles  pesaient  80  livres  chacune  ;  on 
paya  à  Nouyon  6  livres  10  sols  de  façon  et  6  livres  12  sols 
pour  33  livres  de  métal  à  4  sols  la  livre  pour  adoucir  la 
matière.  Les  pièces  furent  essayées  à  double  charge  de 
poudre  et  de  plomb  et  acceptées.  Le  23  février  de  cette 
même  année,  on  avait  payé  â  Pierre  du  Rousseau, y«?se«/' 
de  pouldre,  30  livres  12  sols  pour  153  livres  pesant  de 
poudre  à  4  sols  la  livre  (1). 

Toute  cette  artillerie  était  logée  dans  une  maison  sise 
près  des  Cordeliers ,  maison  en  si  mauvais  état  qu'il 
pleuvait  sur  les  pièces  comme  si  elles  eussent  été  dehors, 
disait  le  procureur  syndic  dans  la  séance  du  26  novembre 
1535.  Elle  était  grossièrement  couverte  en  pierres  plates 
dont  le  poids  avait  fait  rompre  la  charpente.  Le  16  juin  1536, 
on  décida  qu'elle  serait  réparée  et  recouverte  en  tuiles. 
L'artillerie  fut,  en  attendant,  placée  partie  dans  le  château, 
partie  dans  l'hôtel  de  ville.  Nous  savons  par  ce  qui  a  été 
dit  au  chapitre  de  l'Instruction  publique  que  cette 
masure,  réparée  tant  bien  que  mai,  devint  le  logement  du 
régent  des  écoles.  Sur  la  requête  de  Jehan  Baudin^  on 
avait  parlé  de  la  remplacer  par  un  ballet  ou  hangar  qui 
devait  être  construit  également  près  des  Cordeliers  ;  mais 
il  ne  paraît  pas  que  ce  projet  ait  été  exécuté  et  l'artillerie 
resta  sans  doute  là  où  elle  avait  été  provisoirement  placée. 
En  1572,  le  régent  fut  délogé  d'urgence  et  sa  maison  encore 
une  fois  utilisée  comme  arsenal,  puis  de  nouveau  aban- 
donnée, et  finalement  elle  tomba  en  ruine,  après  avoir 
cependant  été  louée  quelque  temps;  les  comptes  d'Abraham 
Gaschet,  1593-96,  la  mentionnent,  mais  pour  dire  qu'on 
n'en  tirait  alors  aucun  revenu.  Ce  n'était  plus  à  cette 
époque  qu'une  masure  inhabitable. 

Les  registres  de  1535-38,  en  outre  de  ces  détails  sur  le 


l\)  Les  comptes  de  1490-91  comprennent  une  dépense  de  16  livres 
17  sols  6  deniers  pour  achat  et  transport  d'une  charge  de  soufre  destinée 
à  faire  de  la  pouldre  à  canon.  Ce  soufre  avait  été  acheté  d'un  négociant 
de  la  Rochelle,  nommé  Baltazar  Dupérat. 


le  personnel  qui  le  manœuvrait.  Jehan  Baudin ,  no 
maître  de  l'artillerie  en  1536,  â  cent  sols  d'^.  gages  pr 
fut  confirmé  dans  ces  fonctions  le  16  juin  1537,  et  a] 
perpétuité  en  reconnaissance  des  services  qu'il 
rendus  à  la  ville  dans  son  emploi.  Ce  même  jour  c 
délivra  cent  sols  pour  acheter  deux  hoquetons  à  livré( 
seront  donnés,  dit  le  procès-verbal  d'assemblée,  à 
hommes  demeurant  à  Niort ,  de  bonne  i^enomm 
conduite,  qui  seront  tenus  servir  le  maire  et  lui 
pour  les  affaires  de  la  ville,  sous  la  charge  du  dit  Ba 
Celui-ci,  quinze  jours  après^  mettant  à  profit  la  t 
volonté  du  corps^  déclara  que  ses  gages  étaient  insuflG 
et  demanda  qu'on  lui  donnât  une  casaque ,  ce  qi 
accordé.  On  lui  promit  les  dix  livres  de  droit  d'in 
du  premier  pair  qui  serait  reçu ,  pour  les  emplo; 
l'achat  d'une  casaque  des  couleurs  et  devises  qu' 
plairait.  En  même  temps  on  arrêta  qu'il  ferait  porter 
deux  hommes  les  hoquetons  â  découvert ,  afin 
fussent  connus.  Dès  l'année  suivante^,  le  maître  de  1 
lerie  revint  à  la  charge;  le  21  juin  1538,  il  annon^ 
corps  c[ull  avait  employé  l'an  passé  les  cent  sols 
acheter  deux  hoquetons  à  livrée,  et  que  maintenani 
pouvait  trouver  d'hommes  pour  le  servir  dans  Fex* 
de  sa  charge,  à  moins  d'avoir  chacun  50  sols  de  g 
Après  délibération,  les  gages  furent  alloués;  on  doit( 
d'après  tout  cela  que  Jehan  Baudin  était  un  cano 
fort  réputé  et  considéré  comme  indispensable.  Ses  t; 
ne  furent  pas  d'ailleurs  mis  à  l'épreuve. 

Il  faut  arriver  à  la  période  des  guerres  de  religion 
trouver  à  Niort  autre  chose  que  des  préparatifs  de  de 
et  voir  la  ville  partie  active  dans  les  luttes  sans  merc 
durant  trente  ans,  désolèrent  le  royaume  et  surtout  1 
de  la  France. 

Niort  fut  assiégé  au  mois  de  juin  1569  par  le  coït 
Lude  et  défendu  par  le  capitaine  protestant  Pluv 
Lorsque  l'approche  de  l'armée  catholique  ne  laissa  p] 


—  119  — 

doute  sur  l'attaque  qui  allait  avoir  lieu,  les  gens  de  guerre 
mirent  le  feu  aux  maisons  du  faubourg  du  Port,  afin  d'em- 
pêcher que  l'ennemi  ne  s'y  logeât  et  fortifiât.  Cinquante 
ans  après ,  les  traces  de  cette  destruction  n'étaient  pas 
encore  effacées  (1).  L'historien  La  Popelinière  a  donné  un 
récit  fort  détaillé  de  ce  siège,  mais  nos  archives  ne  renfer- 
ment aucun  document  qui  y  ait  trait.  Pour  l'époque  de  la 
Saint-Barthélemy  et  du  premier  siège  de  la  Rochelle, 
nous  avons  un  registre  assez  incomplet  des  années  1572-73, 
qui  fournit  quelques  détails  sur  la  milice  urbaine.  Jean- 
Baptiste  Chabot,  échevin  d'un  étendard  (2),  se  plaint  dans 
une  des  assemblées  de  ce  que  la  plupart  des  habitants 
inscrits  aux  rôles  dédaignent  de  faire  leur  service  et  se 
rendent  au  camp  de  la  Rochelle,  de  telle  sorte  que  les 
étendards  sont  presque  sans  troupes  et  incapables  de 
repousser  une  surprise.  Les  catholiques  s'en  allaient , 
comme  on  voit,  en  grand  nombre  pour  prêter  main  forte  à 
l'armée  royale  sous  les  murs  de  la  Rochelle.  Le  corps  de 

(1)  Déclaration  des  maisons  pour  la  taille,  de  l'an  1619.  Art.  239. 
Une  maison  et  ses  appartenances  de  jardin  et  aultres  qui  fust  cy  devant 
en  mazures,  au  moyen  du  feu  qui  fust  en  l'an  1569  mys  au  port  et  faulx- 
bourg  de  Nyort  universellement  par  les  gens  de  guerre,  pour  doubte  du 
siège  qui  tost  après  arriva  devant  la  ville  du  d.  Nyort  par  l'armée  du 
Roy  commandée  par  Mgr  le  c'«  du  Lude,  gouverneur  et  lieutenant 
général  pour  le  Roy  en  pays  de  Poictou.  {Bibliothèque  de  la  Société 
de  statistique.  Fonds  Briquet.) 

(2)  Les  compagnies  de  milice  urbaine  étaient  d'après  cela  commandées 
par  les  échevins.  Le  maire,  capitaine  de  la  ville  ,  et  par  suite  chef  de 
la  milice,  en  outre  de  ce  commandement  général,  avait  celui  de  l'une 
des  compagnies.  Le  20  mars  1616,  le  corps  délibérant  sur  les  honneurs 
qui  seraient  rendus  au  comte  de  la  Rochefoucauld,  lieutenant  général 
en  Poitou  ,  à  son  entrée  à  Niort ,  décida  que  l'on  mettrait  sur  pied  une 
partie  de  la  milice  urbaine  comme  suit  ;  A'^e  sera  falote  aultre  com- 
paignie  que  celle  du  maire  qui  sera  grosse  jusqu'à  trois  cetis  des 
plus  capables  habitans  de  ceste  ville  et  sera  prise  l'enseigne 
blanche.  En  la  dicte  compaignie  seront  condampnez  chascun  des 
contrevenans  à  vingt  livres  d'amande.  D'après  les  termes  ci-dessus, 
la  compagnie  du  maire  était  formée  ce  jour-là  d'hommes  empruntés  à 
toutes  les  autres. 


soldats  et  d'habitants  payés  sur  les  amendes  infligées 
absents.  Ces  amendes  furent  fixées  à  50  sols. 

Niort  était^  à  cette  époque,  rentré  sous  l'autorité  roy 
Après  que  le  comte  du  Lude  eut  été  obligé  de  levé 
siège,  dans  les  premiers  jours  de  juillet  1569,  les  réfor 
s'y  étaient  maintenus  quelque  temps  ;  mais,  dès  le  r 
d'octobre  suivant,  le  duc  d'Anjou  avait  repris  possesi 
de  la  ville  et,  depuis  lors  jusqu'à  la  prise  par  le  sieu: 
Saint-Gelais,  c'est-à-dire  pendant  vingt  ans  sans  interr 
tion,  les  catholiques  y  prédominèrent.  Cène  fut  pas,  à 
dire,  sans  que  les  protestants  essayassent  de  reprendr 
dessus.  Les  registres  de  1578-81,  une  des  rares  séries 
ce  temps-là  qui  aient  échappé  à  la  destruction,  lors 
pillage  de  1588,  mentionnent  les  mesures  prises  contre 
tentative  alors  faite  par  les  réformés.  Comme  d'autres 
avaient  précédé  (i),  elle  échoua  ;  mais  le  péril  n'en  e 
pas  moins  réel  et  imminent  chaque  jour.  Dans  la  massi 
la  population,  les  protestants  étaient  en  minorité  ;  ce| 
dant,pour  la  direction  des  affaires  publiques,  ils  balança 
l'influence  des  catholiques,  parce  que  les  principales  fam 
se  partageaient  entre  les  deux  religions,  sans  avantage  l 
sensible  d'une  part  ni  de  l'autre.  Au  sein  du  corps  de  v 
les  forces  s'équilibraient,  et  il  avait  été  convenu  que  1 
qu'il  y  aurait  lieu  de  remplacer  un  échevin  ou  un  paii 
membre  nouveau  serait  de  même  religion  que  celui 
pour  une  cause  ou  pour  une  autre,  laissait  la  place  vaca 
Les  catholiques  ne  conservaient  donc  le  pouvoir  qi 
prix  de  quelques  concessions,  mais  ils  firent  bien 
qu'ils  étaient  les  maîtres  lorsque  le  roi  de  Navarre  fit  c 
pagne  en  Poitou.  Ils  lui  fermèrent  les  portes  et  se  mi 

(1)  La  nuit  d'entre  le  lundi  16  et  17  mai  1575,  la  ville  de  Niort  ! 
être  prise  par  escalade  par  les  huguenots  qui  y  étaient  arrivés  sur  1 
du  jour  du  matin  et  se  retirèrent  à  Pied  de  Fond,  où  étant,  ceux  de  ' 
sortirent  desquels  un  fut  tué  et  deux  ou  trois  blessés  par  les 
huguenots  {Journal  de  Guillaume  et  Michel  Le  Riche,  153i-: 
publié  par  M'^  de  la  Fontenelle,  p  226). 


—  121  — 

en  état  de  défense  ;  le  gouverneur  de  la  province,  M'"  de 
Malicorne,  vint  pour  cela  à  Niort  et  s'y  trouvait  le  jour  oîi 
la  ville  fut  surprise  et  enlevée  par  les  capitaines  huguenots. 
Parmi  les  catholiques  de  Niort,  un  des  plus  ardents  était 
le  lieutenant-général  Laurens,  dont  le  nom  a  été  déjà 
prononcé  au  sujet  des  luttes  que  l'échevinage  eut  à  soutenir 
pour  la  défense  de  ses  privilèges.  Dans  l'année  1588,  il  fît 
augmenter  l'armement  de  la  ville,  s'en  occupant  avec 
beaucoup  plus  d'activité  que  le  gouverneur,  M""  de  Mali- 
corne,  qui  était  d'un  grand  âge.  On  raconte  qu'il  fit  fondre 
deux  couleuvrines  pour  saluer,  disait-il  ironiquement,  le 
roi  de  Navarre  lorsqu'il  approcherait  des  murailles.  Ces 
deux  pièces,  dites  couleuvrines  bâtardes,  furent  décorées 
des  armes  du  roi  de  France,  de  celles  de  la  ville  et  aussi 
de  celles  du  maire  en  exercice,  pour  bien  montrer  qu'elles 
avaient  été  faites  â  Niort  et  des  deniers  communs  (1). 


(1)  Archives  de  Niort,  n°  2345. 

Nous  François  Chanson,  sieur  du  Boys  de  la  Rochelle,  commissaire 
ordinayre  de  l'artillerie  de  France  et  lieutenant  de  Monseigneur  le  duc 
de  Scully,  pair  de  France,  en  le  département  de  Poitou  pour  la  dicte 
artillerie,  certiffions  à  tous  qu'il  appartiendra  qu'en  le  maguazin  du 
chasteau  de  ceste  ville  de  Nyort,  lorsque  caste  d.  ville  fut  prinse  par  le 
seigneur  de  Parabère  soubz  le  commandement  du  Roy  nostre  sire,  il  y 
avoit  au  dict  maguazin  nombre  de  poudre  et  bouUets  dont  je  ne  say 
aultrement  le  nombre  certain,  ny  d'où  les  d.  boullets  H  pouldres  sont 
venues,  comme  aussy  il  y  avoit  au  dict  maguazin  deux  2:)iesses  de 
canon,  appelées  couleuvrines  battardes,  et  lesquelles  sont  encores 
de  présant  au  dict  maguazin,  faictes  et  fondues  en  ceste  ville  en 
l'année  mil  cinq  cent  quatre-vingt  huict,  qui  est  l'année  que  la  dicte 
ville  fut  prinse  par  le  d.  sieur  Parabère,  et  estoyt  lors  mayre  en 
la  dicte  ville  Jacques  Pastureau ,  sieur  de  la  Roche  Quartault,  qui 
auroyt  faict  fondre  et  faire  les  dictes  piesses  et  sur  icelles  faict 
mectre  les  armoyries  du  deffunl  Roy,  celles  de  la  ville  et  celles  du 
d.  Pastur eau  mayre,  comme  il  se  veoid  sur  les  dictes  piesses,  estant 
pour  monstrer  que  les  d.  piesses  ont  esté  faictes  au  d.  Nyort  et  la 
despense  faicte  par  les  d.  mayre  et  eschevins,  dont  de  tout  ce  que 
dessus  je  certifie  véritable,  ay  aussy  aux  sieurs  mayre  et  eschevins  octroyé 
le  présent  acte  pour  leur  valloir  et  servir  ce  que  de  raison.  Faict  au  dict 
Nyort  le  vingt  troisième  décembre  mil  six  cent  huict. 

Chanson. 


la  ville  neuf  pièces  de  canon  de  batterie. 

Depuis  cette  époque,  les  documents  de  nos  archives 
parlent  plus  d'artillerie  existant  à  Niort  ou  du  moins  app 
tenant  à  la  ville.  Les  registres  de  1599  û  1625,  série  t 
complète,  ne  comprennent  aucune  délibération  relativ 
des  acquisitions  d'armes,  quelciues-unes  seulement  con( 
nant  des  approvisionnements  de  poudre  (1).  D'après 
que  nous  avons  vu  touchant  cette  matière  au  temps 
François  premier,  les  habitants  inscrits  aux  rôles  devai 
en  principe  se  fournir  d'armes.  Dans  cette  dernière  pèrii 
de  vingt-cinq  années,  la  ville  dut  plusieurs  fois  se  mei 
sur  le  pied  de  guerre  ;  nous  l'avons  indiqué  au  chap 
des  Fortifications.  Si,  en  même  temps,  il  y  avait 
quelques  frais  importants  pour  l'armement,  les  pro( 
verbaux  de  l'hôtel  de  ville  en  eussent  gardé  la  trace.  F 
tard  on  trouve  bien  mention  d'achat  d'armes,  mais  s 
détails  (2). 

En  fait  de  dépenses  pour  la  sûreté  de  la  ville,  les  régis 
et  les  comptes,  à  partir  des  premières  années  du  dix-s 
tième  siècle,  renferment  plusieurs  déhbérations  et  de  n( 
breux  articles  concernant  le  bois  et  la  chandelle  consomi 
dans  les  corps  de  garde.  Cette  dépense  paraît  nouvelh 
cependant  elle  avait  dû  se  faire  de  tout  temps  ;  auparav 
elle  se  prenait  sans  doute  sur  des  ressources  qui  n'entrai 
pas  en  ligne  de  compte.  Ainsi  les  états  de  dépenses 
1593-96  n'en  contiennent  aucune  de  ce  genre.  Depui; 
moment  où  les  archives  nous  donnent  des  chiffres  à 
égard,  leur  importance  plus  ou  moins  grande  peri 
d'apprécier  le  plus  ou  moins  de  précautions  que  l'on  prei 
pour  se  garder.  En  1615  par  exemple,  année  de  troub 

{\)  Assemblée  du  31  janvier  1625.  200  livres  de  poudre  achète 
une  foire,  à  19  sols  la  livre,  pour  mettre  au  magasin  du  corps. 

(2)  Assemblée  du  20  septembre  1665.  Sur  la  demande  du  duc  ( 
Vieuville,  disant  que  Niort  est  frontière  et  voisine  de  la  Roch 
conclu  qu'il  sera  fait  achat  de  poudre  et  de  plomb,  et  armes,  pour  m 
dans  les  magasins  du  corps  jusqu'à  la  somme  de  1,200  livres. 


—  123  — 


la  dépense  est  relativement  très  forte,  572  livres  9  sols,  y 
compris  quelques  réparations  aux  corps  de  garde  (1).  Sur 
d'autres  comptes,  elle  est  beaucoup  moindre,  parfois  même 
citée  comme  nulle,  pour  mémoire  seulement. 

En  1621,  la  milice  urbaine,  sur  laquelle  nous  n'avons  pu 
donner  jusqu'ici  que  des  indications  assez  vagues,  fut 
régulièrement  organisée  sous  le  nom  de  Régiment  royal 
de  Niort.  Elle  fut  ainsi  constituée  par  ordonnance  royale  (2), 
rendue  au  camp  de  Saint-Jean-d'Angély  pendant  que 
Louis  XIII  assiégeait  en  personne  la  ville  rebelle.  Le 
gouverneur  de  Niort,  M'"  de  Parabère,  désignales  officiers 
et  sergents  des  douze  compagnies  (3)  qui  composèrent  le 
régiment,  et  l'organisation  de  ces  cadres  est  bien  un  signe 
des  temps.  Six  compagnies  durent  avoir  capitaine  et 
enseigne  catholiques,  lieutenant  et  sergent  protestants  ;  les 
six  autres,  à  l'inverse,  capitaine  et  enseigne  protestants 
avec  lieutenant  et  sergent  catholiques.  Ces  premières 
nominations  furent  faites  par  ordonnance  royale  ;  par  la 
suite,  les  officiers  reçurent  leurs  commissions  du  gouver- 

(1)  Comptes  de  Lucas  Coutocheau,  1615-1616. 

Achat  de  châlits  et  réparations  aux  corps  de  garde.        64  1.16  s. 

Bois  pour  les  gardes 356    15 

Chandelle 150    18 

Total 572  1.    9  s. 

(2)  Le  Roy  désirant  establir  quelque  ordre  pour  la  garde  et  la  conser- 
vation de  la  ville  de  Nyort,  par  le  moyen  duquel  tous  ses  sujets,  tant 
catholiques  que  de  la  religion  prétendue  réformée,  y  seront  admis,  et 
s'estant  fait  représenter  le  rolle  des  principaux  habitants  de  la  dite  ville, 
veult  et  ordonne  (ju'il  soit  estably  douze  compagnies  soubz  la  charge  de 
douze  capitaines,  lieutenans  et  enseignes  cy  dessous  desnommez.  Man- 
dons et  ordonnons  au  sieur  de  Parabère,  gouverneur  de  la  dite  ville,  de 
prendre  et  recevoir  leur  serment  et  en  suite  les  establir  et  ordonner  à  la 
garde  des  portes  de  la  dite  ville  et  leur  commander  ce  qu'ils  auront  à 
faire  pour  la  seureté  et  conservation  d'icelle,  tenant  la  main  à  ce  qu'ils 
vivent  et  se  comportent  ensemblement  en  touteunion,  amitié  et  concorde. 
Fait  au  camp  de  Saint-Jean-d'Angély,  le  26  juin  1625.  Signé  LOUYS  et 
plus  bas  Phélippeaux  iThrésor  de  Nyort,  p.  253). 

(3)  A  la  date  du  23  janvier  1625,  reiïectif  des  compagnies  fut  réglé  à 
110  hommes  par  le  baron  de  Neuillan,  gouverneur  de  Niort. 


Du  temps  d'Augier  delaTerraudière,  il  était  d'usage  C( 
tant  que  les  capitaines  fussent  pris  parmi  les  échevins, 
lieutenants  et  enseignes  parmi  les  pairs  du  corps.  Le  m 
était  de  droit  colonel  du  régiment.  Lorsque  l'assemblée 
cent  pairs  eut  cessé  d'exister,  c'est-à-dire  à  partir  de  1' 
cette  dernière  règle  fut  la  seule  qui  subsistât.  Pou 
formation  des  rôles,  la  ville  était  partagée  en  douze  q 
tiers  dont  les  habitants  étaient  pour  chacun  affectés  à 
même  compagnie.  Les  forces  urbaines  "de  Niort  fu 
augmentées  d'une  compagnie  de  cavalerie  créée  en  1 
et  d'une  compagnie  de  grenadiers  ajoutée  en  1706,  ce 
porta  à  treize  le  nombre  de  celles  d'infanterie.  Les  gr 
diers  formaient  l'élite  du  régiment,  étant  presque 
d'anciens  militaires. 

Chacune  des  compagnies  du  régiment  de  Niort  de 
avoir  un  tambour  payé  et  habillé  aux  frais  de  la  ville.  1 
les  premiers  temps,  la  dépense  à  ce  sujet  ne  fut  pas  ( 
naire  et  régulière;  on  ne  possédait  pas  toujours  les  caif 
on  les  louait  et  même  les  hommes  pour  les  battre.  Ens 
elle  fut  déterminée  par  l'arrêt  de  règlement  de  1683, 
la  fixa  à  70  livres  par  an  (2).  Quelques  années  aupara^ 

(1)  Par  exception,  pendant  les  vingt  dernières  années  du  règ 
Louis  XIV,  l'hôtel  de  ville  fit  les  nominations  d'ofTiciers  de  sa  p 
autorité.  Il  avait  acquis  ce  droit,  fort  contre  son  gré,  ainsi  qu 
verra  plus  loin.  C'était  une  réunion  forcée,  comme  pour  les  ( 
municipaux. 

(2)  Pour  les  gages  de  douze  tambours  servant  aux  douze  comp? 
du  régiment  créé  par  le  Roy  en  la  dite  ville,  40  livres.  Pour  les  ji 
corps  qui  seront  fournis  aux  dits  tambours  de  six:  ans  en  six  a 
somme  de  30  livres  par  chacun  an,  qui  demeurera  entre  les  mai 
receveur  qui  sera  en  charge  jusqu'à  ce  qu'il  y  ait  six  années  escl 
qui  feront  la  somme  de  180  livres.  (Arrêt  du  Conseil  d'Etat  de  fi 
1683.) 

Lorsque  cette  somme  était  dépassée,  l'excédent  se  prenait  s 
deniers  patrimoniaux.  En  1729,  l'habillement  des  treize  tamboi 
régiment  coûta  374  livres  4  sols.  On  employa  18  aunes  3/4  d^ 
bleu,  66  aunes  de  sargette  rouge.  Les  galons  étaient  d'argent.  (A jv 
de  Niort,  n"  1015.  Comptes  des  deniers  patrimoniaux). 


—  125  — 

les  gages  étaient  de  30  livres,  suivant  la  mention  d'un 
incident  futile  insérée  aux  registres  (1).  Le  tambour  major 
et  le  sous  major,  c'est-à-dire  les  tambours  de  la  compagnie 
colonelle  et  de  celle  du  lieutenant-colonel,  avaient  pré- 
tendu, dans  l'année  1677,  toucher  seuls  cette  somme  ;  les 
dix  autres  tambours  réclamèrent  et  les  officiers  furent 
réunis  pour  arranger  le  difîérend.  Le  régiment  avait 
nécessairement  un  étendard  et  des  enseignes  de  compa- 
gnie ;  avant  comme  après  la  formation  de  1621,  on  faisait 
à  cet  égard  ou  on  complétait  suivant  les  circonstances. 
Noas  n'avons  pas  du  reste  aux  comptes  d'article  spécial  à 
ce  sujet,  seulement  aux  registres  quelques  mentions  rela- 
tives à  ces  drapeaux  de  la  milice  bourgeoise  (2).  Malgré  le 
règlement  de  1683,  l'entretien  du  matériel  de  toute  sorte 
ne  se  fit  jamais  avec  une  grande  régularité  ;  les  choses 
furent  remises  en  état,  surtout  dans  les  occasions  où  le 
régiment  fut  appelé  à  prendre  part  à  la  défense  des  côtes. 
Nous  rejetterons  les  détails  de  ces  mobilisations  au  para- 
graphe suivant,  préférant  ne  nous  occuper  dans  celui-ci 
que  du  service  urbain. 

Dans  le  chapitre  de  l'Administration  et  police,  nous 
avons  dit  le  nécessaire  au  sujet  du  service  de  patrouilles 
que  faisait  la  milice  bourgeoise  pour  la  sûreté  de  la  ville. 
Elle  eut  quelquefois  â  faire  un  service  extraordinaire  j)our 
la  garde  des  prisonniers  de  guerre  qui,  à  diverses  reprises, 
furent  internés  au  château.  Voici  le  premier  exemple  que 
nous  en  puissions  citer.  C'était  après  la  victoire  de  Rocroy  : 
«  Les  prisonniers  étaient  un  grand  embarras  ;  jamais  on 

(1)  Assemblée  du  29  octobre  1611 . 

(2)  Assemblée  du  20  février  1613.  Seront  les  enseignes  faites  aux 
despens  du  corps  à  la  charge  qu'elles  demeureront  au  dit  corps. 

Assemblée  du  25  juillet  1680.  Ou  fera  faire  un  guidon  pour  la 
compagnie  de  cavalerie  qui  doit  aller  au  devant  du  maréchal  de  Navailles. 

A.ssemblée  du  1  décembre  1100.  En  vue  du  passage  annoncé  du  roi 
d'Espagne,  qui  du  reste  n'eut  pas  lieu,  on  achète  un  drapeau  colonel 
pour  le  régiment. 

Assemblée  du  2  juillet  1139.  Pour  avoir  réparé  les  drapeaux  du 
régiment,  une  livre. 


iilUUUCO    OUI       ICO      VlliCO     VJUVCltCO      VJ.C/       ICI    V^Jatllll|JClgllC  t  .. 

dans  l'Ouest,  à  Rouen,  Nantes,  Loches,  Niort.  Leur  su 
tance  était  mise  à  la  charge  des  villes  qui  réclamaien 
compensations  toujours  promises  et  rarement  données  > 

A  Niort,  les  prisonniers  furent  logés  dans  le  châl 
où  il  fut  établi  un  corps  de  garde  pour  lequel  le  régii 
dut  assurer  un  service  journalier.  Les  comptes  de  Cl 
Arnaudeau,  receveur  des  deniers  patrimoniaux,  164J 
comprennent  plusieurs  articles  de  dépense  à  ce  sujet  (; 

En  1676,  on  trouve  aux  comptes  des  deniers  patr 
niaux  15  livres  pour  la  nourriture  des  Espagnols.  I 
juillet  1691,  le  corps  de  ville  s'occupait  encore  du  loger 
de  prisonniers  espagnols  (3).  Dans  l'année  1712,  une  i 
arrivée  de  prisonniers  fut  signalée  par  un  événement 
gique  ainsi  relaté  dans  l'inventaire  des  archives  du  g 
du  siège  royal  de  Niort  :  «  Meurtre  de  l'échevin  Gabr 
de  la  Gastière,  capitaine  de  la  milice  bourgeoise^  par  ( 

(1)  Histoire  des  princes  de  Condé,  par  M""  le  duc  d'Aumal 
l'Académie  française,  t.  iv,  p.  127. 

(?)  A  Jacques  Fournier  Vadepied  4  livres  10  sols  pour  ses  sallai 
dépence  d'avoir  été  à  Poitiers  porter  un  paquet  de  lettres  à  M""  d'A 
son  et  rapporter  réponse  touchant  le  logement  et  assurance  des  capi 
et  soldats  prisonniers. 

23  août  16i5.  Il  est  ordonné  de  payer  à  la  vefve  Angicourt  5( 
pour  du  papier  par  elle  vendu  pour  fère  les  ordonnances  et  r 
journaliers  des  habitans  qui  doibvent  la  garde  au  chasteau  pc 
conservation  et  assurance  des  prisonniers  Espagnols,  Vallons  et  It; 
y  estant,  suivant  qu'il  a  été  arresté  au  corps. 

4  octobre  16i5.  Il  est  ordonné  au  recepveur....  de  payer  à  IN 
Quariliand,  menuisier,  la  somme  de  3  livres  6  sols  6  deniers  pc 
vente  d'une  table  neuve  pour  servir  au  corps  de  garde  que  fo 
habitans  pour  la  conservation  des  capitaines  et  soldats  Espagne 
"Vallons  prisonniers,  laquelle  somme 

li  octobre  16i5.  Il  est  ordonné  au  recepveur....  de  payer  à  \ 
Carillan,  menuisier,  3  livres  11  sols  pour  deux  grands  bantz  m 
servir  au  corps  de  garde  des  Espagnols,  laquelle  somme 

(3)  Assemblée  du  26  juillel  1691.  Nous  avons  reçu  des  ordres 
recevoir  des  Espagnols  prisonniers  et  les  garder.  Il  serait  bon  de  n 
les  compagnies  en  état. 


—  127  — 


officiers  du  régiment  de  Normandie,  tenant  garnison  au 
château,  sur  un  conflit  d'autorité  pour  le  logement  au 
donjon  de  quelques  prisonniers  de  guerre»  (Ij.  D'après 
l'ordre  du  roi  conservé  aux  archives^  ces  prisonniers  faits 
sur  les  alliés  en  Flandre  étaient  au  nombre  de  trois  cents  (2). 

A  partir  de  cette  époque,  il  y  eut  encore  des  prisonniers 
de  guerre  internés  au  château  de  Niort  (3),  mais  ils  ne 
furent  sans  doute  plus  confiés  à  la  garde  de  la  milice  bour- 
geoise. La  série  des  registres  de  l'hôtel  de  ville  étant  sans 
lacunes  depuis  1718,  on  devrait  y  trouver  des  mentions 
analogues  à  celles  qui  viennent  d'être  citées,  si  le  cas  s'était 
présenté. 

Jusqu'au  milieu  du  dix-huitième  siècle,  le  régiment  de 
Niort  parait  avoir  été  maintenu  régulièrement  sur  pied. 
Nous  avons  aux  registres  un  rôle  de  la  compagnie  de  gre- 
nadiers et  de  celle  de  cavalerie,  de  1734.  Le  régiment 
figurait  au  complet,  en  1749,  dans  la  cérémonie  qui  accom- 
pagna la  proclamation  de  la  paix  d'Aix-la-Chapelle,  et 
cette  même  année  le  maire,  en  qualité  de  colon.el^  présen- 
tait ses  officiers  au  gouverneur  du  château,  M'"  de  Carrel, 
qui  venait  d'être  nommé,  par  lettres  données  k  A'ersailles 
le  28  décembre  1748,  en  place  de  M""  de  la  Mare  décédé. 
Le  corps  des  dits  officiers  fut  complété  par  ordonnance  du 
prince  de  Conti,  datée  du  29  décembre  1751.  C'est  à  partir 
de  ce  temps-là  que  le  régiment  de  Niort  semble  avoir  été 
fort  négligé.  Lorsque  les  Anglais,  en  1757,  occupèrent  l'île 


no 


(1)  Extrait  de  l'article  publié  au  sujet  de  cet  événement  par  M""  Léo 
Desaivre.  (Bulletins  de  la  Société  de  statistique.  Janvier-mars  1889, 
p.  259.) 

(2)  Archives  de  Xiorl,  n°  2349. 

(3)  Pendant  la  guerre  pour  l'indépendance  des  Etats-Unis,  un  grand 
nombre  de  prisonniers  anglais  furent  envoyés  à  Niort.  D'après  les  Afft^ 
ches  du  Poitou,  le  28  janvier  1780,  266  prisonniers  de  cette  nation, 
détenus  dans  le  château,  furent  envoyés  à  Rochefort  pour  y  être  embar- 
qut's  par  suite  d'un  cartel  d'échange.  En  quittant  Niort,  ils  remercièrent 
le  commandant  du  château,  M""  de  la  Pomélie,  et  le  maire  de  Niort, 
M'  Rouget  de  Gourcez,  pour  le  bon  traitement  dont  on  avait  usé  vis-à- 
vis  d'eux. 


places  d'officiers  étaient  vacantes  et  d'autres  occupé( 
des  titulaires  incapables  de  faire  un  service  actif, 
reproduisons  plus  loin  les  détails  que  fournissent  les 
très  au  sujet  de  cette  alerte  ;  il  n'y  a  lieu  d'en  retei 
qu'un  seul  relatif  à  l'armement  qui  consistait,  paraît- 
cinq  à  six  cents  fusils,  dont  beaucoup  en  mauvais 
«  Nous  sommes  absolument  dépourvus  de  pièces  d' 
lerie  et  de  toutes  autres  munitions  de  guerre  »,  » 
procès-verbal  du  premier  octobre  1757. 

A  la  suite  de  cet  événement^  les  cadres  du  réginK 
Niort  furent  réorganisés,  mais  sans  grande  hâte,  et  € 
ils  ne  le  furent  que  sur  le  papier.  D'après  les  comp 
la  ville,  on  avait  cessé,  vers  1753,  d'habiller  les  taml 
et  ce  ne  fut  qu'en  1775,  lors  des  réjouissances  pourk 
de  Louis  XVI,  qu'on  leur  fît  faire  des  tenues  neuv 
coûtèrent  660  livres.  Quant  à  leurs  gages,  ils  avaien 
jours  été  payés.  En  même  temps^  on  compléta  le 
des  officiers  ;  les  maire  et  échevins  firent  les  présenta 
mais  les  nominations  furent  confirmées  et  signées 
ment  â  la  fin  de  l'année  suivante  par  le  duc  d'Orléans 
gouverneur  du  Poitou  (1). 

(1)  Le  duc  d'Orléans  écrivit  à  ce  sujet  aux  maire  et  échevins  1 
suivante  :  {Archives  de  Niort,  n°  2516.) 

«  2  décembre  1776. 

«  Messieurs,  l'ancienneté  de  vos  titres,  les  services  que  v( 
rendus  à  certaines  époques,  l'utilité  dont  vous  êtes  journellem 
police  de  la  ville  de  Niort,  particulièrement  dans  les  temps  ( 
sont  de  justes  motifs  pour  mériter  de  ma  part  soutien  et  protec 
confirme  en  conséquence  la  nomination  des  officiers  que  vous  i 
sentez  et  vous  assure  que  je  serai  dans  tous  les  temps  disposé 
donner  des  marques  de  ma  bienveillance. 

«  Je  suis  véritablement,  Messieurs,  votre  affection 
«  L.  P.  J.  d'Orléans.  » 

Les  cadres  avaient  été  réorganisés  comme  suit  : 

Le  maire,  colonel  ;  le  lieutenant  de  maire,  lieutenant-colonel. 

Jacques-Claude-Louis  Arnauldet  de  Maire,  major; 


—  129  — 


Le  procès-verbal  de  l'assemblée  du  27  juin  1775  où  fu- 
rent arrêtées  les  présentations,  après  avoir  rappelé  les 
dernières  nominations  qui  étaient  de  1760,  se  termine  par 
ces  mots  :  Depuis  cette  époque,  on  ne  s'est  plus  occupé  du 
régiment.  Cependant,  il  y  en  eut  toujours  une  fraction 
tenue  à  peu  près  en  état;  ce  fut  la  compagnie  de  grena- 
diers créée  en  1706  et  composée,  comme  nous  l'avons  dit, 
en  grande  partie  d'anciens  soldats.  Dans  les  dernières 
années  de  la  monarchie,  elle  figurait  souvent  seule  dans 
les  cérémonies  (2),  et  sans  doute  fournissait  presque  exclu- 
sivement les  gardes  pour  la  police  de  la  ville. 

La  ville  dépensa,  de  1771  k  1789,  près  de  6,000  livres 
pour  l'équipement  de  cette  compagnie  (1);  les  hommes  por- 

Taillefert,  aide-major  ;  Jean-Baptiste  Barré,  sous-aide-major. 
Alexis-Pierre  Chevallereau  de  la  Saunerie  et  André  Piet 
Bois-Neuf,  porte-drapeaux. 

Charles  Baudin,  chirurgien  major.  Pierre  Piet-Berton  du 
Vigneau,  aumônier. 

Compagnie  de  grenadiers  :  RouGET  de  Gourcez,  lieutenant-cri- 
minel, capitaine  ;  François-COnstant  Thibault,  lieutenant  ;  Fran- 
çois-Christophe Martin,  sous-lieutenant. 

Chacune  des  douze  autres  compagnies  :  un  capitaine,  un  lieute- 
nant et  un  sous-lieutenant. 

La  compagnie  de  cavalerie  était  composée  de  40  cavaliers,  un 
fourrier,  quatre  maréchaux-des-logis,  quatre  brigadiers,  un  trompette. 
Elle  avait  pour  officiers  :  le  maire,  capitaine  ;  Antoine-Etienne  Piet- 
Berton,  capitaine  en  second  ;  François  Taillefert,  lieutenant  ; 
Pierre-Isaac  Bastard,  sous-lieutenant  ;  Charles-Alexis  Rouaille 
DE  LA  Rabrie,  porte-étendard. 

(2)  La  compagnie  de  grenadiers  fut  seule  mise  sous  les  armes,  lorsque 
M""  Elle  de  Beaumont  vint  prendre  possession  pour  le  com/c  d'Artois  de 
son  apanage  de  Poitou,  en  1779.  Toutes  les  compagnies  avaient  cepen- 
dant été  assemblées  lorsque  le  prince  était  passé  à  Niort  en  1777  ;  on 
lui  présenta  alors  les  lettres  de  fondation  de  Louis  XIIL  Ce  f>i  oeut-étre 
la  dernière  fois  que  le  régiment  figura  en  entier. 

(1)  Archives  de  Niort,  n°  2523.  Etat  des  mémoires  et  fournitures 
faites  pour  la  compagnie  des  grenadiers  du  régiment  de  Nyort,  de 
1771  à  1789. 

Armurier 1,2431.  5s.  6d. 

Fourbisseur  et  doreur 1,426    12      3 

Butlleteries 987      5 

Fournitures  diverses 2,128    12     3 

Total 5,785  1.  15  s. 

9 


1» 


boutons  dorés  étaient  aux  armes  de  la  ville  et  un  bor 
poils  garni  d'une  plaque,  de  quatre  glands  et  d'un  pli 
Leurs  arrties  et  leurs  buffleteries  étaient  entretenue 
les  deniers  communs.  Il  est  probable  que  les  crédits  a 
pour  l'habillement  des  tambours,  et  qui  n'étaient  pas 
tuellement  dépensés,  furent  attribués  aux  grenac 
mais^  d'après  les  chiffres  indiqués  plus  haut,  ils  étaier 
de  suffire. 

Les  archives  contiennent  un  certain  nombre  de  r 
de  la  compagnie  passées  par  les  commandants  mili 
de  la  province  (1).  La  première  est  du  26  septembre 
M.  de  la  Tour  du  Pin,  maréchal  de  camp,  constate  ( 
compagnie  de  grenadiers  de  la  ville  de  Niort  est  com 
de  48  hommes,  dont  plus  de  la  moitié  a  fait  la  guerre 
bien  armés,  bien  habillés  uniformément  et  coiffa 
bonnets.  Cette  compagnie,  ajoute  le  rapport,  a  pa, 
état  de  rendre  de  bons  services.  La  revue  de  1'; 
suivante  accuse  un  effectif  de  54  hommes. 

La  milice  bourgeoise,  outre  les  treize  compa 
d'hommes  de  pied,  en  comprenait  une  de  cavalerie 
sous  Louis  XIV,  vers  1672  ,  ainsi  que  nous  l'avons  in^ 
déjà.  Elle  subsista  jusqu'aux  derniers  temps  de  la  m 
chie.  Le  13  juillet  1775,  elle  figura  aux  fêtes  du  sac 
Louis  XVI,  où  elle  était  en  bataille  près  de  Téglise  IS 
Dame.  En  1777,  elle  se  rendit  au  devant  du  comte  d'P 
à  une  certaine  distance  de  la  ville.  D'après  l'état  de 
ce  corps  comptait  une  cinquantaine  de  cavaliers.  Du  ] 
nous  ne  savons  rien  de  sa  tenue,  ni  de  son  arménien 
archives  de  l'hôtel  de  ville  sont  muettes  à  ce  sujet, 
de  la  mobilisation  de  1674,  les  cavaliers  bourgeois  d^ 
se  fournir  à  leurs  frais  de  chevaux,  pistolets  et  mou; 
tons ,  et  il  est  croyable  qu'il  en  fut  toujours  ainsi 
cette  troupe  qui  ne  se  recrutait  que  parmi  les  habi 
aisés. 

(1)  Archives  de  Niort,  n°^  2519-2522. 


—  131  — 


Le  privilège  concédé  aux  habitants  de  Niort  de  posséder 
un  régiment  royal  de  milice  bourgeoise,  privilège  dont  ils 
paraissent  avoir  été  assez  fiers,  devint  contre  eux  un  expé- 
dient de  finance,  sous  Louis  XIV,  au  moment  où  la 
vénalité  des  charges  de  toutes  sortes  fut  un  des  moyens 
les  plus  fructueusement  employés  pour  remplir  les  caisses 
du  Trésor.  Il  faut  ajouter  cependant  qu'il  n'y  eut  pas 
d'exemption  pour  les  villes  où  pareille  organisation  n'exis- 
tait pas  ;  elle  y  fut  alors  établie  pour  les  besoins  du  fisc. 

Au  mois  de  mars  1694,  parut  un  édit  portant  création 
d'ofiiciers  héréditaires  à  gages  des  régiments  de  bour- 
geoisie (1).  Les  officiers  en  fonctions,  et  nuls  autres 
d'ailleurs,  ne  se  montrèrent  disposés  à  faire  l'acquisition 
de  ces  charges  ;  aussi,  le  24  août  suivant,  fut  rendu  en 
Conseil  d'Etat  un  arrêt  (2) ,  qui  gardait  et  maintenait  pour 
toujours  les  maire,  échevins  et  habitants  des  villes  de 
Poitiers,  Niort,  Chàtellerault^  Saint-Maixent,  Fontenay, 
les  Sables-d'Olonne,  Thouars,  Parthenay^  Montmorillonj 
Civray  et  Bressuire  en  la  possession  d'établir  des  colonels, 
majors,  capitaines,  lieutenants  et  autres  officiers  de  bour- 
geoisie ;  à  cet  effet,  réunissait  et  incorporait  aux  dits 
hôtels  de  ville  moyennant  finance  les  offices  créés  par 
l'édit  du  mois  de  mars  et  toujours  sans  acquéreurs. 
On  voit  que  les  habitants  des  villes  voisines  n'avaient 
pas  été,  plus  que  ceux  de  Niort,  tentés  par  cette  nou- 
velle institution.  La  ville  de  Niort  était  taxée  à  9,200  livres 
et  les  deux  sols  par  livre  pour  lesdites  charges,  savoir  : 
700  livres  pour  le  colonel,  500  pour  le  major,  400 
pour  chacun  des  onze  capitaines,  onze  seulement,  parce 
qu'une  des  compagnies  était  commandée  par  le  maire 
colonel,  ainsi  que  cela  était  d'usage,  enfin  300  livres 
pour  chacun  des  lieutenants.  La  finance  totale  parait 
avoir  été  réduite  à  7,000  livres  et  les  deux  sols  ;  mais  la 
ville  paya  malaisément.  On  alla  jusqu'à  mettre  des  garni- 


m 


(1)  Archives  de  Niort,  n°  2479. 

(2)  Archives  de  Niort,  n"  2480. 


saires  cuez  lo  nmim  «l  les  eciieviiis,  eu  ii  muui  pour  o 
main  levée  de  cette  garnison  que  les  officiers  fissent  l'f 
d'une  partie  des  fonds  (1).  En  1704,  il  y  eut  une  no 
taxe  de  2,000  livres  et  les  deux  sols  pour  con/îrn 
d'hérédité.  La  ville  essaya  de  la  faire  payer  par  les  offi 
ceux-ci  refusèrent,  disant  que  les  charges  avaiei 
réunies  en  1694  à  l'hôtel  de  ville,  qui  depuis  faisf 
nominations  de  sa  propre  autorité  et  devait  par  conse 
acquitter  les  droits  de  confirmation  de  ce  privilège. 

Les  offices  de  milice  bourgeoise  se  prêtèrent,  s^ 
pression  des  circonstances ,  à  d'autres  mesures  fi 
encore  ;  ils  furent  supprimés  par  édit  de  1706^  puis  n 
en  1708,  c'est-à-dire  remis  en  vente  une  deuxièm< 
Les  mises  à  prix  étaient  un  peu  plus  élevées  qu'en 
les  charges  de  capitaine  avaient  été  portées  à  450  li\ 
les  deux  sols,  soit  495  livres.  Un  seul  acquéreur,  k 
Clémanson,  se  présenta,  et  ce  fut  pour  un  office  de 
taine.  Aussi,  le  20  août  1711,  l'intendant,  en  verti 
arrêt  du  Conseil  dont  nous  ignorons  la  date,  ordonr 
maire  et  échevins  d'imposer  sur  les  bourgeois  et  hafc 
la  somme  de  3,355  livres  et  les  deux  sols  par  li 
laquelle  avait  été ,  sous  le  bon  plaisir  du  roi ,  mode 
finance,  sous  déduction  toutefois  de  la  somme  de  495 
payée  par  le  sieur  Clémanson.  Le  libellé  de  cette  c 
nance  nous  apprend  que  les  gages  à  payer  par 
étaient  fixés  au  denier  seize ,  sans  compter  les 
et  exemptions  habituellement  accordés  aux  acqu( 
d'offices.  L'intérêt  était  élevé  et  aurait  pu  tenter  i 
n'avait  eu  la  crainte  assez  justifiée  qu'il  ne  den 
impayé. 

Après  avoir  été  ainsi  exploité  à  diverses  repris( 
soi-disant  privilège  de  réunion  et  d'hérédité  des  cl 
d'officiers  du  régiment  de  milice  bourgeoise  dis 
définitivement,  en  vertu  des  édits  de  suppression  d'( 
rendus  au  début  de  la  Régence. 

(1)  Archives  de  Niort,  n°  2481. 


—  133  — 

§  2.  —  Service  dû  par  les  forces  urbaines 

dans  l'armée  royale. 

Réquisitions  de  guerre  imposées  à  la  ville. 

Son   contingent  dans  les  milices  provinciales. 

Dans  l'année  1414,  le  duc  Jean,  oncle  du  roi  Charles  VI 
et  son  lieutenant  dans  les  pays  de  Berry,  d'Auvergne,  de 
Poitou,  de  Languedoc  et  de  Guyenne,  convoqua  le  ban  et 
l'arrière-ban  de  ces  provinces  à  l' encontre  du  duc  de  Bour- 
gogne. Etaient  mandés  tous  sujets  nobles  et  autres  qui  ont 
accoutumé  servir  les  armes  et  autres  qui  tiennent  fiefs  et 
arrière-fiefs  revenant  à  vingt  livres  tournois  par  an,  ou 
au-dessus,  montés  et  armés  suffisamment.  En  outre^  il 
était  enjoint  aux  bourgeois  et  habitants  des  bonnes  villes 
de  ces  pays  d'envoyer  gens  cV  armes  et  de  trait  pour  servir 
le  Roy.  Mais,  en  même  temps,  par  lettres  spéciales,  don- 
nées à  Paris  le  6  juillet  1414,  le  duc  de  Berry  octroyait 
aux  maire,  échevins,  bourgeois  et  habitants  de  sa  bonne 
ville  de  Niort,  qu'ils  ne  fussent  contraints  ni  tenus  de 
venir  ni  envoyer  au  dit  mandement  et  armée,  et  les  lettres 
motivent  cette  exemption  sur  ce  qu'il  faut  que  les  habitants 
demeurent  en  notre  dite  ville  à  la  garde  et  défense 
d'icelle  (1).  Tel  est  le  titre  primordial  en  vertu  duquel  les 
maire,  échevins  et  habitants  de  Niort  ont,  pendant  toute 
la  durée  de  l'ancienne  monarchie,  réclamé  et  obtenu  la 
dispense  du  ban  et  de  l'arrière-ban.  Cette  dispense  devint 
particulièrement  intéressante  après  l'anoblissement  par 
Louis  XI  des  maire,  échevins  et  conseillers,  ceux  d'entre 
eux  qui  abandonnaient  leurs  professions  pour  acquérir  la 
noblesse  étant  soumis  aux  mêmes  obligations  militaires 
que  les  nobles  d'autre  origine,  c'est-â-dii'e  devant  se  pré- 
senter en  personne  aux  montres  ou  revues,  et  servir  en 
armes  en  dehors  de  la  ville  dès  qu'ils  étaient  mandés. 

Le  duc  de  Berry,  en  1414,  avait  aussi  exempté  les  habi- 
tants de  Niort  d'envoyer  à  l'armée  gens  d'armes  et  de  trait. 

(1)  Archives  de  Niort,  n°  84.  Thrésor  de  Nyort,  p.  H3. 


dégarnir  la  province  de  Poitou  que  menaçaient  les  Ang 
mais  elle  n'eut  pas  lieu  d'être  maintenue,  la  ville  ne 
vant,  en  dehors  des  circonstances  extraordinaires,  n 
contribuer  à  la  formation  de  l'armée  royale.  Loi 
Charles  VII  forma  la  première  infanterie  régulier* 
1445,  sous  le  nom  àQ  francs-archers,  la  ville  de  Nio 
fournit  un  certain  nombre  ;  leur  habillement  et  leur  s 
ment  étaient  à  sa  charge.  Les  francs-archers  de  ' 
prirent  sans  doute  part  à  la  dernière  campagne  cont 
Anglais,  celle  qui  se  termina  par  la  victoire  de  Cas 
et  la  reddition  de  Bordeaux.  C'est  dans  cette  ville  qi 
guerre  terminée,  ils  allaient  chaque  année  à  la  montn 
mois  de  septembre  1455,  ils  reçurent  six  livres  pour 
frais  de  route,  trois  livres  10  sols  pour  réparations  de 
brigandines,  achat  d'une  dague  et  d'un  vonge,  ou  é 
En  1456,  vers  la  même  époque,  le  corps  leur  alloua  siî 
pour  leur  voyage  à  Bordeaux  et  pour  la  réparations  de 
brigandines  ^î«'ï7s  y  avaient  fait  faire,  ditleprocès-v( 
Ces  dépenses,  et  autres  c^u'il  j  eut  lieu  de  faire  po 
même  objet,  ne  furent  pas  du  reste  payées  sur  les  rc 
ordinaires  de  la  ville,  mais  au  moyen  d'une  taille  si 
habitants  à  cinq  sols  par  feu.  On  comptait  240 
imposables  (1). 

Les  registres  de  cette  époque  parlent  des  requis 
qui  furent  faites  pendant  la  campagne  de  Gascogn 
ville  de  Niort  dut  fournir  des  vivres  à  l'ostdaroy.  Plus 
habitants,  Jehan  Duvolier,  Regnauld  Laydet,  Jehan 
Jehan  Yver,  demandèrent  au  corps  quittance  des  fc 
tures  qu'ils  avaient  faites  (2).  Les  procès-verbaux  ne 
disent  pas  si  la  ville  reçut  pour  cela  une  indemnité, 
d'ailleurs  peu  probable. 

Dans  les  années  1488,  1490, 1491,  les  comptes  de  ï 
et  Tarc[uex  mentionnent  des  fournitures  de  vivres 


(1)  Assemblée  du  23  décembre  li56. 

(2)  Assemblées  des  12  septembre  li53  et  10  juillet  lioi. 


—  135  — 


l'armée  qui  marchait  contre  le  duc  de  Bretagne.  A  vrai 
dire,  en  1490,  les  vivres  ne  furent  pas  livrés.  Ils  devaient 
être  envoyés  ii  Clisson;  mais  Jelian  Beauharnois,  lieute- 
nant du  prévôt  des  maréchaux  de  France,  exempta  la  ville 
de  cette  réquisition.  Le  corps  de  ville  lui  donna,  en  recon- 
naissance de  ce  service,  deux  écus  d'or  valant  70  sols. 

Dans  cette  même  année,  le  ban  et  l'arrière-ban  de  la 
province  furent  mandés  pour  la  guerre  de  Bretagne.  La 
ville  de  Niort  fit  valoir  les  privilèges  qui  l'exemptaient  et 
ne  négligea  pas  de  disposer  favorablement  par  des  présents, 
le  sénéchal  et  autres  officiers.  Le  receveur  acheta  quatre 
hussards  de  vin  de  Saint-Symphorien  et  deux  rondelles 
de  vin  de  la  Foye-Monjau,  les  fit  transporter  à  la  Mothe- 
Saint  Héraye  et  les  offrit  au  sénéchal  du  Poitou,  Jacques 
de  Beaumont,  seigneur  de  Bressuire,  afin  qu'il  eût  en 
reconimanclation  les  afïaires  de  la  ville. 

En  1488,  pareille  convocation  avait  eu  lieu  et  à  la  suite 
pareilles  démarches  pour  obtenir  dispense.  Cette  année- 
là,  on  fit  à  Niort  la  montre  des  francs-archers  (1).  Les 
capitaines  et  commissaires  qui  vinrent  pour  cela  furent 
défrayés  de  toutes  leurs  dépenses  à  l'oustellerie  de  l'Escu 
de  France.  Le  détail  en  a  été  reproduit  par  Apollin 
Briquet  dans  ses  Commentaires  sur  les  comptes  des 
receveurs  pour  les  années  1487-88  et  1490-91  (2). 

Les  registres  de  1535-1538  nousdonnentle  récit  complet 
de  toutes  les  difficultés  qu'eut  alors  à  surmonter  le  corps 
de  ville  pour  faire  reconnaître  son  exemption  du  ban  et  de 
l'arrière-ban.  C'est  d'une  analyse  inédite  de  ces  registres 
par  Apollin  Briquel  que  nous  extrayons  ce  qui  va  suivre  (3). 

Il  s'agit  de  la  convocation  de  1536.  L'armée  royale 
venait  d'envahir  la  Savoie  et  de  passer  la  frontière  d'Italie. 
François  premier  était  encore  à  Paris,  et  c'est  là  que  les 


« 


(1)  Les  francs-archers  ne   subsistèrent  pas  au-delà  des  premières 
guerres  d'Italie. 

(2)  Mémoires  de  la  Société  de  statistique,  !■•<=  série,  ix,  2«  série  xni. 
{3)  Bibliothèque  de  la  Société  de  statistique.  Fonds  Briquet. 


rapporter  les  lettres  confirmatives  du  privilège  d'ex 
tion.  Léon  Bonhier,  celui  des  échevins  qui  avai 
député,  revint  avec  les  lettres,  mais,  pour  une  caus 
n'est  pas  indiquée,  il  les  rapportait  non  scellées,  c' 
dire  que  le  corps  ne  recevait  qu'une  pièce  sans  vi 
Aussi,  le  8  mars,  fut  il  arrêté  que  l'on  enverrait  en 
diligence  quelqu'un  à  la  cour  pour  les  faire  sceller,  ( 
obtenir  d'autres.  Le  receveur  fut  autorisé  à  remet 
l'envoyé  30  écus  sol  pour  ses  frais.  Puis,  le  16  du  i 
mois,  il  fut  décidé  que  ce  serait  le  même  Léon  Bc 
qui  de  nouveau  irait  à  Paris,  et  qu'il  recevrait  seuk 
28  écus  sol.  Mais,  sur  ces  entrefaites,  le  roi  quitta 
pour  se  transporter  à  Lyon,  à  proximité  du  théâtre  de 
rations  militaires.  Léon  Bouhier  s'.y  rendit  ;  il  paraî' 
Niort  on  était  fort  impatient  du  résultat,  et  apparem 
l'envoyé  ne  donnait  pas  de  ses  nouvelles.  On  lui  déf 
le  18  avril,  un  messager,  le  grand  Mathurin,  un  mar 
émérite  sans  doute,  auquel  on  donna  pour  ce  voyagi 
livres.  Il  n'alla  probablement  pas  jusqu'à  Lyon,  car, 
Bouhier  était  de  retour  avec  les  lettres,  et  le  corps  de 
à  Poitiers  quatre  de  ses  membres,  dont  Bouhier  étai 
pour  présenter  les  privilèges  d'exemption  le  2  mai, 
le  cri  de  l'arrière-ban.  On  alloua  aux  députés  po 
défrayer  les  dix  livres  de  l'entrée  du  dernier  pair  reç 
L'échevin  Bouhier  n'était  décidément  pas  heureu:s 
ses  missions,  car  le  lieutenant-général  refusa  d'ent( 
les  lettres  comme  n'étant  pas  suffisantes.  Le  23  m 
corps  délibéra  sur  la  question  ;  il  fut  arrêté  que  Bc 
serait  contraint  de  rendre  l'argent  qu'il  avait  reçu,  at 
qu'il  avait  pris  l'engagement  de  rapporter  de  plus  a 
lettres,  en  outre  que  l'on  enverrait  un  autre  memb 
corps,  auquel  serait  allouée  la  taxe  de  voyage  d'éche^ 
de  pair,  suivant  sa  qualité,  et  en  outre  30  écus  pc 
délivrance  des  lettres.  Ce  même  jour,  IVP  Jehan  Bert 
fils  d'un  échevin  en  exercice  et  assesseur  au  siège  : 
proposa  un  marché  au  corps  de  ville.  Moyennant  cen 


—  137  — 

sol  et  la  promesse  d'une  place  de  pair,  il  s'engageait  a 
obtenir  et  faire  parvenircéans  dans  le  délai  de  six  semaines 
des  lettres  d'exemption  pour  le  présent  et  l'avenir^  ou  au 
moins  telles  que  les  habitants  deFontenay  les  avaient  eues 
pour  50  écus.  S'il  ne  les  rapportait  pas  en  temps  voulu,  on 
lui  rabattrait  30  écus,  et  enfin,  s'il  ne  les  obtenait  pas,  il  ne 
recevrait  rien. 

A  la  séance  du  lendemain,  24  mai,  ]\P  Jacques  Borland, 
licencié  ès-lois,  et  l'un  des  échevins,  s'opposa  à  ce  que  le 
receveur  délivrât  aucuns  deniers^  lettres  de  chartes  et 
privilèges  pour  aller  solliciter  à  la  cour,  à  peine  pour  ceux 
qui  donneraient  de  l'argent  de  la  perte  de  la  somme,  et 
pour  ceux  qui  délivreraient  les  chartes  de  dommages- 
intérêts.  Le  28  mai,  le  corps  décida  qu'un  autre  délégué 
serait  choisi,  vu  l'opposition  faite  à  ce  que  M*  Berthelin  fût 
chargé  d'aller  en  cour,  à  cause  des  inconvénients  qui 
pourraient  en  résulter.  Ces  inconvénients  paraissent  avoir 
été  que  IVP  Berthelin  était  étranger  au  corps.  Le  choix  de 
son  remplaçant  fut  laissé  au  maire  qui,  le  9  juin,  confia  la 
mission  â  M®  Jacques  Laurens  le  jeune,  licencié  ès-lois, 
cpii  était  échevin.  On  lui  délivra  neuf  pièces  extraites  du 
trésor  de  l'hôtel  de  ville,  et  en  outre,  le  18  juin,  Léon 
Bouhier  remit  des  lettres  du  roi  portant  exemption  de 
l'arriére-ban,  signées  ùla  Roche-GuyonleGmars  1534  (1), 
et  qui  lui  avaient  été  confiées  comme  pièces  à  l'appui  pour 
en  obtenir  de  nouvelles. 

Dès  le  4  juillet,  les  échevins  commencèrent  â  s'inquiéter 
et,  ce  jour-là,  il  fut  décidé,  comme  le  cri  de  l'arrière-ban 
avait  été  fait  pour  le  17  juillet,  qu'on  enverrait  un  homme 
à  pied  dans  la  ville  où  était  le  roi  pour  savoir  si  Laurens 
pourrait  avoir  les  lettres  avant  cette  époque  et,  s'il  les  avait 


(1)  Les  leUres  du  6  mars  1534,  dont  l'original  existe  aux  archives  sous 
le  n°  86,  indiquent  les  motifs  de  l'exemption  dans  les  termes  suivants  : 
afin  de  garder  la  dite  ville  qui  est  close  et  fermée  de  murailles, 
tours,  portaux  et  fossés,  de  belle  et  grosse  fortification  et  empa- 
rement,  l'une  des  bonnes  et  fortes  villes  du  royaume,  après  Poitiers 
la  meilleure  et  principale  du  Poitou,  assise  à  cinq  lieues  de  la  mer. 


messager.  Le  roi  était  toujours  a  Lyon  ;  les  frais  de  vo 
de  l'exprès  furent  comptés  à  6  livres  10  sols. 

Le  9  juillet,  on  n'avait  encore  aucune  nouvel! 
Laurens ,  et  l'on  convint  que ,  faute  d'en  avoir 
avant  le  17,  on  ne  se  présenterait  pas  à  Poitiers.  Ce 
dant,  Jacques  Berland  fut  chargé  d'aller»  s'enquérir  ( 
que  faisaient  les  autres  villes.  Il  était  invité  à  rest 
Poitiers  jusqu'au  jour  de  la  montre  ;  s'il  ne  le  poi 
absolument,  on  enverrait  un  messager  pour  rapporte 
nouvelles. 

M®  Jacques  Laurens  écrivit  enfin  qu'il  avait  obteni 
lettres  ;  le  28  juillet,  le  corps  délibéra  pour  savoir  si 
irait  au-devant  de  lui  à  Poitiers,  afin  de  présenter  le 
tôt  possible  la  dispense  au  commissaire  de  l'arrière- 
ou  si  on  l'attendrait  à  venir.  C'est  ce  dernier  parti  qu 
adopté.  Dans  l'assemblée  du  18  août,  le  député  r( 
compte  de  son  voyage  et  présenta  un  état  de  ses  dépei 
Il  avait  été  absent  38  jours  qui,  au  taux  d'échevin,dev; 
lui  être  payés  à  raison  de  35  sols,  soit  60  livres  10  soL 
scel  des  lettres  avait  coûté  11  écus  ;  le  total  de  sesdép( 
de  toute  sorte  s'élevait  à  163  livres  3  sols  6  deniers  ;  ( 
autres  menus  frais,  il  avait  donné  deux  testons  au 
sager  que  lui  avait  dépéché  la  ville.  Le  compte  une 
approuvé,  le  receveur  Pierre  Giraudeau  fut  invité  à  p 
la  somme,  sous  déduction  de  30écusdéjà  remis  à  Laur 
mais  il  déclara  sur  le  champ  qu'il  n'avait  aucun  fonc 
caisse,  les  deniers  d'octroi  ayant  été  saisis  par  le 
Laurens  fut  alors  renvoyé  â  se  faire  payer  par  A 
Bidault,  précédent  receveur,  sur  le  reliquat  de  son  con 
et  quinze  jours  après  reçut  effectivement  de  ce  dei 
73  livres,  3  sols,  6  deniers,  montant  de  sa  créance  (1). 

Les  lettres  furent  présentées  au  lieutenant  du  sénéc] 
Niort,  pour  en  avoir  l'exécutoire.  On  lui  demanda  en  n: 
temps  d'assigner  un  jour  pour  faire  la  montre  de  l'arr 

(1)  Assemblée  du  15  septembre  1536. 


t?- 


—  139  — 

ban  dans  la  ville  ;  puis  le  maire  dut  aller  avec  un  échevin 
à  Poitiers,  porter  au  commissaire  la  montre  et  les  lettres 
patentes.  Ces  lettres  n'étaient  autres  que  celles  délivrées  à 
la  Roche-Guyon  le  6  mars  1534,  renouvelées  à  la  date  du 
8  juillet  153G,  et  scellées  du  grand  sceau  à  double  queue, 
ainsi  qu'il  est  énoncé  dans  la  décharge  donnée  par  le 
maire  Philippe  Berland  à  son  prédécesseur,  Guillaume  de 
Vieille-Seigle. 

Le  maire,  accompagné  de  Jacques  Laurens  l'aîné,  se 
rendit  à  Poitiers  ;  mais  ils  n'y  trouvèrent  pas  le  commis- 
saire qui  était  le  sieur  Gabriel  de  Saint-Georges,  écuyer, 
seigneur  de  Vérac  etCouhé.  Il  leur  fit  savoir,  après  leur 
retour  â  Niort,  qu'ils  eussent  à  se  présenter  à  sa  maison  de 
Plessis-Sénéchal.  On  décida,  le  5  septembre,  que  le  maire, 
Laurens  l'aîné  échevin  et  Mathurin  Jouslain  pair,  iraient 
par  devers  M'"  de  Vérac.  Ils  furent  chargés  d'obtenir  de  lui 
l'exemption  pour  les  descendants  et  les  veuves  des  vingt- 
cinq,  c'est-à-dire  des  échevins  et  conseillers,  ou  au  moins 
pour  les  descendants.  Ceci  pourrait  faire  croire  que  les 
dispenses  de  1534  et  1536  n'étaient  pas  aussi  larges  que 
celle  de  1414,  qui  comprenait  les  habitants  de  Niort  en 
général,  et  qu'elles  ne  s'appliquaient  plus  qu'aux  échevins. 
Mais  on  peut  entendre  aussi  que  le  corps  de  ville  demandait 
à  faire  profiter  du  privilège  les  descendants  et  veuves  d'an- 
ciens échevins  résidant,  non  précisément  dans  la  ville, 
mais  aux  environs  (1).  Aloi^s  ils  sollicitaient  effectivement 
une  extension  qui  du  reste  fut  admise. 

Afin  d'avoir  d'ailleurs  meilleure  assurance  que  le  com- 
missaire ne  fût  pas  tenté  d'interpréter  autrement,  il  fut 
déhvré  aux  députés  40  écus  sol  pour  distribuer  en 
présents^  comme  ils  le  jugeraient  convenable.  Vingt  livres 
furent  données  au  maire  et  â  Laurens  l'aîné  pour  leur 


(1)  Un  siècle  et  demi  plus  lard,  les  diverses  lettres  de  dispense  du 
ban  et  de  l'arrièrre-ban  étaient  citées  en  séance  del'hôtel  de  ville  comme 
s'appliquant  à  tous  les  habitants  de  Niort.  Voir  en  noie  un  peu  plus 
loin  un  extrait  de  l'assemblée  du  22  avril  1689. 


m 


quatre  jours.  Les  frais  de  celui  qu  ils  allaient  fai 
Plessis-Sénéchal  furent  alloués  comme  d'ordinaire. 

Quel  que  soit  le  sens  que  l'on  doive  attribuer  à  Texte 
de  dispense  dont  nous  venons  de  parler,  il  résull 
termes  d'une  délibération  du  30  septembre  qu'el 
accordée  aux  veuves  et  descendants  d'échevins.  La  n 
de  ceux-ci  avait  été  fixée  au  3  octobre  ;  mais  les  a] 
manquaient  des  harnois  nécessaires  et  l'on  der 
prorogation  après  la  foire  prochaine  où  ils  pourraient 
procurer.  Il  fut  décidé  en  même  temps  qu'une  em 
serait  faite  aux  frais  de  la  ville. 

L'année  suivante  1537,  la  montre  de  l'arrière-ban 
à  Poitiers  le  23  août.  Ceux  qui  y  étaient  mandés  de 
ne  s'y  rendirent  cependant  pas;  il  fut  jugé  suffisant 
maire  et  deux  échevins  allassent  à  Poitiers  pour  pré; 
les  lettres  d'exemption  et  le  procès- verbal  de  la  mon 
1536  (1).  La  dispense  fut  en  effet  délivrée  le  24  ao 
le  seigneur  du  Puy  du  Fou,  qui  avait  été  commis; 
pour  tenir  l'assemblée  du  ban  et  de  l'arrière-ban  (2), 

Pendant  près  d'un  siècle,  les  dispenses  d'arrièi 
furent  ainsi  accordées  aux  échevins  de  Niort  sur  la  pi 
tion  des  anciens  titres  (3),  mais  non  toujourssansinci 

(1)  Assemblée  du  17  août  1537.  Comme  l'arrière-ban  a  été 
que  les  montres  du  ressort  et  bailliage  de  cette  ville  ont  été  assig 
23  août,  pour  savoir  si  l'on  se  présentera  pour  les  25  exempts,  v( 
enfants  des  dits  et  si  l'on  retirera  le  procès-verbal  de  la  montre 
dernier  passé  par  devant  M''  le  lieutenant  du  sénéchal  de  ceti 
commissaire  et  exécuteur  des  lettres  d'exemption,  lequel  dema 
écus  sol  pour  ses  vacations,  et  pour  son  clerc  un  écu  pour  la  gi 
procès-verbal  qui  contient  deux  peaux  de  parchemin,  délibéré 
procès-verbal  et  autres  pièces  seront  retirées  des  mains  du  ditliei 
et  seront  payées  les  vacations  autant  qu'il  lui  plaira,  que  le  mai 
sieurs  Laurens  et  Bastard  iront  à  Poitiers  se  présenter  à  la 
Pour  cet  eflet,  leur  sera  donné  cinq  écus  à  chacun  et  leur  a  et 
les  lettres  d'exemption  données  le  6  mars  1 5^34 ,  autres  lettres  du 
1536,  et  l'exécutoire  donné  par  le  lieutenant  du  sénéchal  à  Nior 

(2)  Archives  de  Niort,  n°s  90,  91. 

(3)  Archives  de  Niort,  n°^  92-98. 


—  lui  — 

Les  comptes  d'Abraham  Gascliet,  1593-96,  nous  appren- 
nent qu'en  1594  saisie  avait  été  faite  des  fiefs  appartenant 
aux  maire  et  échevins,  faute  d'avoir  comparu  au  ban  et 
arrière-ban  d'Aunis.  Sentence  de  main-levée  fut  d'ailleurs 
obtenue  en  vertu  des  privilèges  octroyés  jadis. 

En  1635,  les  choses  se  passèrent  tout  autrement.  D'après 
les  attestations  de  service  auroirenduenarmes,  qui  ont  été 
conservées  aux  archives  (1)^  les  échevins  de  Niort  durent 
se  rendre  â  l'armée  de  Lorraine.  Il  faut  se  souvenir  que  le 
cardinal  Richelieu,  par  édit  de  cette  même  année,  avait 
enlevé  au  corps  de  ville  de  Niort  les  privilèges  de  noblesse 
et  d'exemption  de  taille,  ne  laissant  subsister  ce  dernier 
que  pendant  la  durée  des  fonctions  de  l'échevinage.  Il  n'est 
donc  pas  surprenant  qu'il  n'eût  pas  voulu  reconnaître  aux 
échevins  anoblis  antérieurement  le  droit  de  dispense  de 
l'arrière-ban^  d'autant  mieux  que,  depuis  la  prise  de  la 
Rochelle^  l'ouest  de  la  France  était  absolument  pacifié  et 
que  les  nobles  de  Niort  ne  pouvaient  guères  arguer  de  la 
nécessité  de  défendre  leurs  murailles  pour  se  faire  exempter 
du  service  militaire  dans  les  armées  royales. 

Cette  sorte  de  révocation  de  la  dispense  d'arrière-ban  ne 
fut  cependant  pas  définitive.  An  début  de  la  guerre  contre 
les  puissances  coalisées  à  Augsbourg,  le  ban  et  l'arrière- 
ban  du  Poitou  furent  convoqués  dans  la  crainte  d'une 
descente  des  Anglo-Hollandais  sur  nos  côtes  ;  on  adjoignit 
même  aux  forces  locales  réunies  l'arrière-ban  de  provinces 
éloignées.  Soixante  gentilshommes  de  Bourgogne  vinrent 
loger  il  Niort  (2)  ;  les  habitants  reçurent  d'ailleurs  assez 
mal  ces  auxiliaires.  Le  corps  députa  vers  le  marquis  de 
Vérac,  commandant  de  la  province,  pour  évitei'  cette  charge 
à  la  ville,  du  reste  sans  succès.  Un  marchand,  nommé  Louis 
Collon,  refusa  d'ouvrir  une  écurie,  qu'il  avait  rue  Saint- 
André,  pour  y  recevoir  les  chevaux  du  sieur  d'Assan, 
gentilhomme  bourguignon  ;    il  fallut  en  forcer  la  porte 


(1)  Archives  de  Niort,  n°^  99,  100. 

(2)  Assemblée  du  16  juin  1690. 


dans  la  convocation  de  l'arrière-ban  de  Poitou,  ils 
valoir  pour  être  exemptés  de  ce  service  les  lettres  d( 
les  dispenses  accordées  depuis  par  les  rois,  et  enfin  ( 
dernier  argument  l'existence  du  régiment  royal  de 
qui  pouvait  être  appelé  à  la  défense  des  côtes,  et  qui 
été  en  effet  quelques  années  auparavant  (1).  Il  est  pr 
que  ce  dernier  motif  fut  considéré  comme  le  plus  '' 
et,  sans  que  les  registres  le  disent  explicitement,  les 
de  Niort  paraissent  avoir  été  dispensés  du  ban 
l'arrière-ban,  lors  de  cette  convocation  de  1689 
autres  qui  furent  faites  durant  le  règne  de  Louis  X] 

C'est  ici  le  lieu  de  dire  en  quelles  circonstances  1 
ment  de  milice  bourgeoise  fut  appelé  à  faire  un  ser' 
dehors  de  la  ville. 

Dans  les  derniers  jours  de  l'année  1672,  les  m; 
échevins  de  Niort  reçurent  l'ordre  de  mettre  su 

(1)  Assemblée  du  22  avril  1689.  Proposé  par  le  procureu 
qu'ayant  plu  à  Sa  Majesté  de  convoquer  le  ban  et  l'arrière-ban 
province...  et  comme  tant  nous  maire  et  échevins  que  les 
bourgeois  et  habitants  de  cette  ville  sont  exempts  du  dit 
arrière-ban,  et  en  ont  toujours  été  dispensés,  conforméin 
premières  lettres  de  concession  du  dit  privilège  et  exemption  ce 
par  Jean  tils  du  Roy  de  France,  duc  de  Berry  et  d'Auvergne,  c 
Poitou,  données  à  Paris  le  sixième  juillet  1414...  Ainsi  qu'il  s( 
par  divers  actes  de  dispense  du  18  juillet  1522,  8  septembr 
24  août  1537,  28  novembre  1551,  6  octobre  1567,  10  décembre 
autres,  ce  qui  doit  d'autant  plus  avoir  lieu  présentement  que 
du  Roy  de  l'année  1621  a  établi  en  cette  ville  un  régiment...  q 
sur  les  côtes... 

Arrêté  que  députation  sera  faite  à  Poitiers  auprès  du  sieur  liei 
général  pour  lui  représenter  les  privilèges  et  exemptions,  à  la  cl 
se  tenir  en  bon  ordre  et  état  pour  la  garde  et  conservation  de 
ville,  comme  ils  l'oflrent  et  s'y  soumettent.  A  cette  tin  a  été 
Alexis  Assailly,  sieur  de  Laubonnière,  pour  député  en  la  ville  de  1 

Assemblée  du  29  avril  1689.  Le  sieur  Assailly  est  allé  à  ] 
On  y  requiert  communication  des  pièces  justificatives  de  l'exe 
Les  titres  seront  cherchés  et  portés  dans  la  huitaine  par  Pierre  ] 
procureur  syndic.  Des  frais  de  voyage  sont  alloués  aux  sieurs 
et  Bastard. 


—  U3  — 

quatre  compagnies  d'infanterie  du  régiment  royal  et  une 
de  cheuau-légers,  pour  être  en  état  de  marclier,  en  cas  de 
nécessité,  au  premier  mandement  de  Mgr  le  duc  de 
Navailles.  Nous  rencontrons  ici  la  première  mention  de  la 
compagnie  de  cavalerie  qui  fut  créée  à  cette  occasion  (1)  et 
subsista  jusqu'en  1789.  L'ordre  fut  adressé  au  corps  de 
ville  par  le  comte  de  Parabère,  lieutenant  général  au  gou- 
vernement du  Haut-Poitou,  Chatelleraudois  et  Loudunois. 
Le  rôle  des  hommes  incorporés  dans  les  quatre  compagnies 
d'infanterie  et  celle  de  cavalerie  est  inséré  aux  registres,  à 
la  date  du  18  décembre  1672,  et  approuvé  par  le  duc  de 
Navailles,  gouverneur  et  lieutenant  général  pour  sa  Majesté 
de  la  Rochelle,  pays  d'Aunis,  îles  de  Ré,  d'Oleron  et  autres 
adjacentes,  gouverneur  particulier  des  villes  et  châteaux 
de  Niort  et  Lourdes. 

Cet  appel  de  milices  bourgeoises  fut  motivé  par  les 
craintes  que  l'on  eut,  dès  la  première  année  de  la  guerre 
de  Hollande,  de  voir  la  flotte  hollandaise  opérer  une 
descente  sur  la  côte.  L'événement  se  produisit,  mais  plus 
tard;  Tamiral  Tromp  s'empara,  au  mois  de  juillet  1674,  de 
l'île  de  Noirmoutier  qui  n'était  pas  défendue.  Voici  ce  que 
dit  à  ce  sujet  Camille  Rousset  dans  son  Histoire  de 
Louvois  :  «  Il  y  demeura  trois  semaines,  attendant  toujours 
quelque  émotion  parmi  les  religionnaires  du  Poitou,  de 
l'Aunis  et  de  la  Guyenne  ;  les  religionnaires  étaient  contre 
lui  sous  les  armes.  Il  est  vrai  que  Louvois,  par  prudence, 
leur  avait  donné  quetque  douceur.  Le  duc  de  la  Vieuville, 
gouverneur  du  Poitou,  avait  l'autorisation  de  permettre 
aux  gentilshommes  protestants  de  se  réunir  le  dimanche 
pour  l'exercice  de  leur  culte  ;  mais,  ajoutait  Louvois,  vous 


(1)  Le  29  août  1672,  le  corps  décidait  que  le  maire  irait  au  devant  de 
l'intendant,  Mf"  de  Miromesnil,  accompagné  du  plus  grand  nombre  de 
pairs  et  habitants  qui  pourront  monter  à  cheval.  Le  30  octobre 
1673,  il  est  arrêté  que  pour  l'arrivée  de  M^  et  M™«  de  Marillac,  la 
compagnie  de  cavalerie  montera  à  cheval.  Il  est  évident,  d'après 
les  termes  de  ces  deux  délibérations,  que  la  compagnie  de  cavalerie 
avait  été  organisée  dans  l'intervalle. 


dale  et  que  Vendrait  oii  ils  s'assembleront  soit  éloig 
l'église  da  lieu,  et  que  la  grâce  que  Sa  Majesté  lei 
ne  doit  point  tirer  à  conséquence,  après  la  séparatic 
milices.  Il  n'y  avait  rien  à  faire  avec  des  gens  ( 
contentaient  de  si  peu  de  chose.  Tromp  perdit  patie 
fit  voile  pour  la  Méditerranée,  où  l'appelait  le  gou^ 
ment  espagnol,  effrayé  du  mouvement  de  Messine, 
s'évanouit  cette  menace  formidable  qui  avait  donm 
de  soucis  à  Louvois  (1).  » 

Nous  dirons  d'abord  que  les  compagnies  mises  so 
armes  en  1672  ne  marchèrent  point.  En  1674,  il  ( 
autrement  ;  la  mobiUsation  comprit  un  effectif  plus  ^ 
dérable;  puis  le  corps  ainsi  formé  fut  envoyé  sur  le;: 
où  il  séjourna  quelque  temps.  Nous  avons  reprod 
passage  de  V Histoire  de  Louoois,  concernant  l'expé 
de  l'amiral  Tromp,  parce  qu'il  peut  expliquer  certain 
d'indiscipline  grave  qui  se  produisirent  à  Niort  de  1; 
des  réformés,  lors  de  la  formation  du  détachement 
avait  chez  eux  un  mécontentement  justifié  par  l'intolc 
du  gouvernement  et  ils  prêtèrent  sans  doute  l'oreille 
excitations.  On  chercha  à  les  amadouer  pour  l'instan 
le  fait  ils  n'osèrent  rien,  mais  les  craintes  de  L( 
n'étaient  pas  sans  fondement. 

L'ordre  du  duc  de  la  Vieuville  de  tenir  prêtes 
compagnies  d'infanterie^  à  cent  hommes  chacune, 
compagnie  de  cavalerie  à  soixante  hommes,  fut  enre 
le  2  mai  1674  au  secrétariat  de  l'hôtel  de  ville.  Le 
avait  été  mandé  quelques  jours  auparavant  à  Fonten 
Comte^  où  se  trouvait  le  gouverneur,  pour  y  recevc 
instructions.  Un  rôle  de  cinq  cents  hommes  pris  s 
douze  compagnies  pour  en  former  cinq,  armées  de  i 
quêtons  et  fusils,  avait  été  arrêté  le  29  avril  par  le  c 
la  Vieuville.  Les  officiers  furent  nommés  au  sort, 
qui  n'étaient  pas  en  état  de  faire  campagne  donnèren 

(1)  Histoire  de  Louvois,  par  Camille  Roussel,  t.  li,  p.  116. 


—  1A5  — 


démission  et  d'autres  furent  désignés  à  leur  place.  On  fit  le 
contrôle  des  miliciens  qui  n'avaient  pas  d'armes  et  il  fut 
décidé  qu'ils  seraient  aidés,  pour  s'en  procurer,  par  ceux 
qui  ne  devaient  pas  marcher. 

Ce  rôle  des  mobilisés  ne  fut  pas  formé  sans  réclamations, 
dont  quelques-unes  des  plus  violentes.  A  une  revue  passée 
le  3  mai,  deux  miliciens,  Cadillac  et  Laroche,  jurèrent  le 
saint  nom  de  Dieu  qu'ils  n'obéiraient  pas  aux  ordres  de 
départ,  si  l'on  ne  faisait  venir  ceux  de  la  compagnie  qui 
n'y  étaient  pas.  Ils  menacèrent  le  maire,  qui  était  alors 
Augier  de  la  Terraudière.  Celui-ci  tira  son  épée  et  Cadillac 
voulut  dégainer  la  sienne  ;  le  maire  la  saisit  et  se  blessa  à 
la  main.  Les  gagés  de  mairie  mirent  alors  la  main  au  collet 
des  deux  rebelles  et  les  conduisirent  à  la  prison  de  l'hôtel 
de  ville.  Le  14  mai,  ils  furent  élargis,  vu  leur  repen- 
tance,  après  être  passés  cependant  devant  un  conseil  de 
guerre. 

Peu  de  jours  après,  vint  un  nouvel  ordre  de  ]\I''  de  la 
Vieuville,  daté  de  Talmond^  le  16  mai,  enjoignant  de  tenir 
prêts  à  marcher  encore  80  hommes  compris  dans  le  rôle 
général.  D'après  les  pièces  insérées  au  Thrésor  de  Nyort, 
ceux-ci  ne  furent  pas  mis  en  route  ;  le  détachement  d'in- 
fanterie se  borna  aux  cinq  cents  hommes  désignés  d'abord, 
que  l'on  dirigea  vers  l'ile  de  Bouin^  située  vis-à-vis  celle 
de  Noirmoutiers.  Ils  furent  mis  en  route  le  6  juillet  et 
passés  en  revue  à  Beauvoir-sur-Mer  le  13  du  même 
mois  (1). 

Une  feuille  volante  insérée  dans  les  registres  donne 
l'aperçu  des  fournitures  et  autres  frais  â  faire  pour  le  déta- 
chement (2).  Les  gages  sont  calculés  pour  un  mois.  Parle 

(1)  Thrésor  de  Xyort,  p.  257. 

(2)  8  chevaux 9601ivres 

2  chariots 200 

Harnois 120 

Justaucorps 150 

12  caisses 100 

A  reporter,    .    .      1,530  livres 
10 


10 


cuips     iictiLci    avec    uii     stiuiiiiftsiuiiiiciii  c    pwui     la    uc 

totale,  sauf  les  gages  dont  le  montant  ne  pouvai 
prévu. 

Le  4  juin,  on  reçut  ordre  du  duc  de  la  Vieuville  de 
prête  la  compagnie  de  cavalerie ,  et  c'est  dans 
troupe  que  se  produisirent  les  faits  les  plus  graves  d 
bordiriation  venant  des  officiers  et  soldats.  Elle  aval 
capitaine  le  sieur  de  Pied-de-Fonds ,  qui  fut  di!= 
comme  valétudinaire  et  remplacé  par  Joseph  Ri\ 
sieur  de  la  Guignaudière ,  éclievin.  Deux  cavalie 
la  religion  réformée  (1),  les  sieurs  Jousseaulme  et  ' 
folle ,  dirent  au  maire  que  ni  eux  ni  les  autres  né 
cheraient,  si  ceux  qui  avaient  été  dispensés  ne  marcl 
pareillement.  On  était  alors  au  29  juin  ;  le  maire  j 
la  revue  et  avait  remis  un  ordre  du  gouverneur 
disposer  â  partir  incessamment.  Sur  60  cavaliers, 
en  avait  que  32  présents  ;  les  absents  furent  condan 
dix  livres  d'amende  et  il  leur  fut  en  outre  enjoint  de  n 
à  cheval  le  30,  sous  peine  de  cinquante  livres  et  de 
prisonnement.   La  rébellion  s'accentua,  car  le  ca]: 

Report.     .     .  1,5;- 

Gages  de  4  chartiers  à  20  s.  par  jour  pour  un  mois  .  1' 

Poudre  à  vue  claire 5( 

3,000  livres  de  plomb 2; 

Mèches • ; 

Cheval  du  trompette 1( 

La  trompette i 

Pour  le  hoqueton  du  trompette ' 

Pour  l'cstandard '. 

Pour  les  gages  du  trompette  à  30  s.  par  jour  ...  ^ 
Pour  les  gages  des  5  tambours  à  chascun  10  1.  pour 

la  campagne 

Total.     .     .     .     2,7 

11)  Augier  de  la  Terraudière  note  dans  son  procès-verbal  d 

rébellion  que  le  sieur  Jousseaulme  aussi  bien  que  le  sieur  T( 

sont  de  la  religion  prétendue  réformée.  Tous  les  deux  ,  de 

conseil  de  guerre,  refusèrent  de  faire  la  moindre  excuse. 


—  1A7  — 

échevin  Rivollet  s'insurgea  à  son  tour;  lui  et  sa  femme 
insultèrent  le  maire,  l'accusant  d'avoir  reçu  de  l'argent  de 
plusieurs  cavaliers  pour  les  dispenser.  L'ordre  fut  alors 
mis  entre  les  mains  du  lieutenant,  Gabriel  Berault,  sieur 
du  Petit- Vergne,  pair  du  corps. 

Le  sieur  de  la  Guignaudière  se  décida  toutefois  à  obéir 
à  l'ordre  de  départ  qui  fut  délivré  le  G  juillet.  La  première 
étape  était  Sainte-Gemme,  près  Luçon,  et  il  fut  arrêté  que 
les  cavaliers  se  rassembleraient  à  la  porte  du  Pont,  en  de- 
dans des  murs,  afin  que  l'on  pût  faire  le  contrôle  des  par- 
tants. Au  jour  dit,  le  maire  vint  se  placer  pour  cela  auprès 
de  la  porte  de  ville.  Mais  le  dit  Rivollet  persista  dnns  son 
insubordination  ;  dès  qu'il  eut  trois  ou  quatre  cavaliers 
réunis,  il  leur  commanda  de  partir,  malgré  les  remon- 
trances du  maire  qu'il  insulta  de  nouveau.  Un  des  gagés 
voulut  fermer  la  porte;  le  capitaine  tira  ses  pistolets  et 
menaça  de  le  tuer.  Il  sortit  ainsi  malgré  le  maire;  les 
autres  cavaliers  arrivèrent  successivement  par  petits 
groupes  et,  en  somme,  on  ne  put  s'assurer  qu'ils  eussent 
rejoint  leur  enseigne. 

Ceci  se  passait  le  7  juillet;  dès  le  20,  plusieurs  déser- 
teurs, hommes  de  pied  et  cavaliers,  étaient  revenus  à 
Niort.  Le  21,  le  conseil  de  guerre  réuni  les  condamna  à 
rejoindre  sous  vingt-quatre  heures^  à  peine  de  la  vie.  A  la 
vérité,  on  n'osait  sévir  aussi  rigoureusement;  il  était 
notoire  que  plusieurs  des  mobilisés  avaient  laissé  leurs 
familles  dépourvues  de  moyens  d'existence.  Le  corps  de 
ville  présenta  à  l'intendant  une  requête  pour  retirer  quel- 
ques deniers  d'octroi,  afin  de  venir  en  aide  aux  plus 
nécessiteux.  Les  désertions  pouvaient  donc  avoir  leur 
excuse  ;  mais  il  ressort  des  divers  actes  d'indiscipline  que 
nous  venons  d'énumérer^  qu'il  ne  faut  pas  accepter  sans 
réserves  le  certificat  de  bons  services  décerné  des  Sables- 
d'Olonne,  le  31  juillet,  au  détachement  de  Niort  par  le 
duc  de  la  A^ieuville  (1). 


(1)  Thrésor  de  Nyorl,  p.  256. 

On  doit  observer  cependant  qu'il  n'est  pas  question  dans  le  certificat 


les  compagnies  du  régiment  de  Niort  furent  de  retoi 
leurs  foyers.  Il  n'en  fut  rien  cependant,  au  moir 
le  corps  de  cavalerie  qui  parait  avoir  été  en  tête  de  1: 
tance.  Le  maire  avait  donné  Tordre  aux  cavaliers 
réunir  pour  être  passés  en  revue,  le  25  du  mois  d'a< 
grand  cimetière  de  la  porte  Saint-Jean.  Très  peu  d'il 
s'y  rendirent  et,  â  l'heure  indiquée,  le  capite 
promenait  avec  ostentation  sous  les  halles.  Procès 
fut  dressé  et  le  maire  condamna  les  absents  à  vingt 
d'amende.  Le  31,  le  corps  était  réuni  à  l'hôtel  de  vi 
sieur  RivoUet  se  leva  et  requit  l'avis  de  l'assemblée 
condamnations,  lui  demandant  de  décider  que  le 
n'avait  pas  eu  le  droit  de  les  prononcer.  En  efï 
membres  présents,  au  moins  en  majorité,  émirent  et 
rent  chacun  séparément  leur  avis  motivé  que  les  sei 
fussent  supprimées.  Tel  fut  l'épilogue  de  l'expédil 
l'île  de  Bouin  ;  le  maire  baissa  pavillon  et  l'a 
supérieure  ferma  les  yeux. 

En  1689,  quand  l'arrière-ban  du  Poitou  et  ceux  d 
ques  autres  provinces  furent  appelés  pour  garnir  les 
le  régiment  de  Niort  ne  parait  pas  avoir  été  m( 
Lorsque  la  flotte  anglo-hollandaise  vint,  dans  l'anné 
bombarder  les  Sables-d'Olonne  et  l'Ile  de  Ré,  non 
ment  l'arrière-ban  fut  rassemblé,  mais  la  milice  bou 
dut  fournir  un  détachement  de  300  hommes  qui 
envoyés  à  la  Rochelle  (1).  M""  de  Pierre-Levée  ir 
dans  ses  comptes  des  deniers  patrimoniaux  les  fi 
table  que  lui  avait  causés  la  convocation  de  la  noble 
en  outre  60  livres  pour  les  frais  extraordinaires  l 
détachement  du  régiment  de  milice  de  Niort,  tant i 
vin  donné  pour  encourager  que  pour  faire  raccom 


de   la  compagnie  de  cavalerie.   Il  ne  mentionne  que   les  cIt 
hommes  d'infanterie. 

(1)  Mémoire  de  Thibault  de  Boutteville,   1742.   {Mémoire 
Société  de  statistique,  année  1886,  p.  208.) 


—  l/i9  - 


les  armes.  En  1702,  la  flotte  anglaise,  réunie  à  celle  de  la 
Hollande,  se  dirigeait  vers  Cadix  ;  on  put  croire  que  les 
côtes  de  France  étaient  encore  une  fois  menacées.  Le 
maréchal  deCliamilly,  commandant  militaire  du  Poitou  et 
de  TAunis,  demanda  25  hommes  par  compagnie  du 
régiment  de  Niort,  pour  former  un  détachement  de 
300  hommes.  En  exécution  de  cet  ordre,  les  officiers  du 
régiment  se  réunirent  le  17  juillet  dans  l'hôtel  de  M'"  de  la 
TerraudièrCj  deuxième  capitaine  et  lieutenant-colonel, 
afin  d'organiser  le  corps  expéditionnaire.  Les  hommes 
désignés  furent  prévenus  d'avoir  à  se  munir  de  pain  pour 
quatre  jours,  au  moment  du  départ,  d'un  quarteron  de 
poudre  et  d'une  livre  de  balles  de  calibre,  en  outre  de  tenir 
leurs  fusils  en  bon  état.  Les  mobilisés  étaient  formés  en  six 
compagnies  de  cinquante  hommes,  ayant  chacune  un 
capitaine ,  un  lieutenant ,  un  sous-lieutenant ,  deux 
sergents  et  deux  caporaux.  On  tira  au  sort  les  lieutenants 
et  sous-lieutenants  qui  devaient  partir.  Le  maire.  M"'  do 
Pierre-Levée,  fut  invité  à  fournir,  aux  frais  de  la  ville, 
deux  charrois  attelés  pour  conduire  les  équipages  des 
officiers  (1). 

Cette  alerte  ne  fut  pas  la  dernière  pour  le  régiment  de 
Niort,  durant  les  guerres  du  règne  de  Louis  XIV.  Dans 
l'année  1706,  les  Anglais  projetèrent  une  expédition  contre 
la  Guyenne;  leur  escadre  de  la  Manche  avait  embarqué 
un  corps  assez  nombreux,  composé  en  grande  partie  de 
protestants  réfugiés.  Les  vents  firent  échouer  leur  dessein  ; 
mais  les  précautions  n'en  avaient  pas  moins  été  prises 
contre  cette  menace.  Il  avait  été  fait,  sur  les  ordres  du 
maréchal  de  Chamilly,  un  détachement  composé  de  la 
compagnie  de  grenadiers  nouvellement  créée  et  de  cent 
hommes  pris  dans  les  autres  compagnies.  Ce  petit  corps 
fut  dirigé  sur  la  Rochelle  comme  précédemment  (2). 


(1)  Archives  de  Niort,  n°  2497. 

(2)  Mémoire  de  Thibault  de  Boutteville,  1742. 
Société  de  statistique,  année  1886,  p.  206.) 


(Mémoires  de  la 


et  arriver  à  la  périodede  la  guerre  de  septans  pour  tr 
un  exemple  de  mobilisation  du  régiment  de  Niort,  q 
le  dernier  du  reste.  Une  forte  escadre  anglaise,  conv 
dix  à  douze  mille  hommes  de  débarquement,  était  ] 
entre  les  îles  de  Ré  et  d'Oleron  et  s'était  emparée, 
septembre  1757,  de  l'île  d'Aix  qui  commande  l'ei 
chure  de  la  Charente.  Le  but  .de  l'entreprise  é1 
destruction  des  établissements  de  Rochefort.  L'ém 
très  grand  ;  on  n'avait  pas  de  troupes  disponible; 
gardes  françaises  et  suisses  partirent  de  Paris 
septembre;  puis  la  maison  du  roi,  gardes  du  corps, 
quetaires,  gendarmes  et  chevau-légers  furent  mis  en 
le  deux  octobre  (1).  Mais,  à  cette  date,  la  flotte  ai 
s'était  déjà  éloignée  ;  les  préparatifs  de  défense,  org 
avec  les  forces  locales  seulement,  avaient  intim 
Anglais.  La  noblesse  du  Poitou  avait  été  rassemblé 
les  ordres  du  lieutenant  général,  marquis  de  Fougèi 
les  milices  réunies.  Le  régiment  de  Niort,  dès  que  l'î 
eut  été  donnée,  forma  six  pelotons  prêts  à  marcher  ; 
en  même  temps  savoir  au  maréchal  de  Sennecterre, 
mandant  de  la  région,  qu'on  pourrait  lui  envoyer  c 
six  cents  hommes  armés  à  peu  près  convenablemen 
le  fait  de  la  retraite  précipitée  des  Anglais,  cette 
volonté  devint  inutile  ;  le  détachement  du  régiment 
pas  mis  en  route  et  les  troupes  envoyées  de  Paris  re 
l'ordre  de  rétrograder.  La  ville  avait  fait,  pour  arm 
et  équipement,  une  dépense  de  quelques  centaii 
livres  qui  ne  fut  soldée  qu'en  1760,  à  cause  de  la  p 
de  deniers  où  l'on  se  trouvait  lors  de  l'événement  (5 


(1)  Mémoires  de  Barbier,  t.  vi,  pp.  585-591. 

(2)  Assemblée  du  4  octobre  1760.  Règlement  de  dépenses  ai 
A  Savignac,   marchand,   habillement  d'un   tam- 
bour ;  sept  chapeaux  bordés  à  sept  autres  tambours 

dans  les  circonstances  où  ils  étaient  sur  le  point 
de  partir  avec  la  troupe  bourgeoise  pour  aller 


-  151  — 


En  résumé,  les  services  militaires  rendus  par  le  régiment 
de  Niort  en  dehors  de  ses  murs  ne  furent  pas  très  impor- 
tants. Une  obligation  beaucoup  plus  sérieuse  fut  celle 
imposée  à  la  ville,  sous  Louis  XIV  et  depuis,  de  fournir 
des  miliciens  qui  prenaient  place  dans  l'armée  active.  De 
même  que  pour  les  francs-archers  instituésparCharles  VII, 
l'équipement  de  ces  miliciens  se  faisait  sur  les  deniers  de 
la  commune. 

Nous  empruntons  â  V Histoire  de  Loavois,  de  Camille 
Rousset,  ce  qui  a  trait  à  la  première  organisation  des 
milices  : 

«  Au  m(>is  de  décembre  1688,  une  ordonnance  royale 
prescrivit  aux  intendants  de  faire  procéder  dans  toutes  les 
paroisses  de  leur  généralité,  suivant  l'importance  de  la 
contribution  foncière  acquittée  par  chacune  d'elles,  au 
choix  d'un  ou  de  plusieurs  miliciens  (1),  à  prendre  parmi 
les  gens  non  mariés  de  20  â  40  ans.  Tout  milicien  devait 
être  habillé  et  armé,  mais  sans  aucune  obligation  d'unifor- 
mité {2),  aux  frais  de  la  paroisse  et  recevoir  d'elle  une 
solde  de  deux  sols  par  jour,  moyennant  quoi  il  devait  se 
tenir  aux  ordres  des  officiers  nommés  par  le  roi  et  s'exercer 

sur  la  côte ...  88  1. 

A  Lavollée,  raccommodage  des  caisses  des  tam- 
bours  87        4  s. 

Réparations  à  la  maison  de  M»"  Rouget,  lieutenant 
criminel,  que  l'on  fut  obligé  de  prendre  pour  loger 
M' le  marquis  de  Roufia,  maréchal  de  camp,  envoyé 
ici  pour  commander  dans  la  circonstance  de  la 
descente  des  Anglais 92        4       8d. 

A  Lemoinc,  armurier,  pour  avoir  raccommodé  les 
fusils  de  plusieurs  habitants,  soldats  du  régiment  de 
milice  bourgeoise,  destinés  à  marcher  sur  la  côte.      31 

AViguier,  chaussetier,  guêtres  pour  les  tambours.      24 

AArnault,  cordonnier,  souliers  pour  les  tambours.      31      40 

Total:         3231.   18  s.  4  d. 

(1)  Un  milicien  par  2,000  livres  de  taille. 

(2)  Un  bon  chapeau,  un  justaucorps  et  des  bas  de  gros  drap  ou  de 
treillis  doublé  de  toile. 


armes...  Il  y  eut  ainsi  30  régiments  donnant  un  ef 
général  de  25,000  hommes  environ...  Le  milicien,  d'i 
l'ordonnance^  n'était  engagé  que  pour  deux  ans.  S 
mariait  à  son  retour,  il  devait  être,  pendant  les  deux  ai 
suivantes,  exempt  de  la  taille,  mais  il  faut  bien  dire 
les  promesses  de  l'ordonnance,  sur  la  durée  du  servi 
moins,  ne  furent  pas  régulièrement  tenues.  » 

La  première  mention  que  nous  trouvions  de  la  n 
aux  registres,  très  incomplets  d'ailleurs,  de  1688  à  : 
est  dans  un  procès-verbal  d'assemblée  générale  des 
tants  du  18  mars  1691.  Une  ordonnance  de  l'intendan 
4  mars,  enjoignait  de  désigner  six  soldats  de  milice 
place  de  deux  qui  avaient  eu  leur  congé  et  de  quatr 
étaient  restés  malades  parles  chemins.  L'assemblée  n' 
pas  en  nombre,  ordre  fut  donné  aux  syndics  des  cor 
métier  de  choisir  les  six  miliciens,  ce  qu'ils  firent 
pluralité  des  voix. 

Le  20  février  1701,  le  maire  informe  le  corps  qu'il 
été  envoyé  l'ordre  de  dresser  un  état  des  hommef 
mariés  de  22  à  40  ans,  ayant  au  moins  cinq  pie( 
hauteur,  et  de  les  faire  tirer  au  sort  pour  fournir 
soldats  de  milice. 

Le  17  février  1702,  on  demande  deux  miliciens 
échevins  remontrent  l'impossibilité  de  les  fournir,  à 
du  grand  nombre  de  garçons  qui  se  sont  engagés 
l'année  présente  pour  la  milice. 

L'intendant  sera  prié  d'agréer  que  l'on  prenne  si 
deniers  d'octroi  la  somme  convenable  pour  la  levé 
dits  deux  soldats,  sur  le  pied  réglé  pour  ceux  de  1'; 
présente,  laquelle  somme  sera  mise  aux  mains  de  M. 
brou,  subdélégué. 

Les  procès-verbaux  d'assemblées  et  les  compte 
receveurs  nous  font  voir  combien  était  impopulai 
recrutement  de  la  milice.  Le  21  avril  1727,  le  corj 
informé  que  quatre  miliciens  sur  vingt  fournis  par  h 


—  I5â  — 


ont  déserté.  On  a  envoyé  trois  archers  pour  les  reprendre 
et  les  conduire  à  Saint-Maixent  ;  les  frais  de  poursuite, 
nourriture  et  autres,  se  sont  élevés  à  166  livres  10  sols  qui 
seront  imputés  sur  les  deniers  patrimoniaux.  En  1743,  on 
paie  au  sieur  Joubert,  concierge  de  la  prison  royale,  la 
somme  de  459  livres  14  sols  pour  la  dépense  de  pain,  nour- 
riture et  lits  fournis  aux  miliciens  incarcérés  (1).  Ceux-ci 
étaient  des  vagabonds  qu'on  avait  saisis  et  incorporés  de 
force  dans  la  milice,  en  déduction  du  contingent  dû  par 
les  habitants  de  Niort  qui  se  trouvaient  ainsi  exonérés 
d'autant  (2).  Le  2  mai  1747,  on  paie  au  même  Joubert, 
concierge,  la  somme  de  209  livres  13  sols  pour  599  journées 
de  gîte,  geôlage,  ustensiles  et  aliments  par  lui  fournis  aux 
miliciens  emprisonnés  comme  fuyards  de  la  présente 
année,  à  raison  de  sept  sols  par  jour  (3). 

L'âge  auquel  on  prenait  les  miliciens  n'était  pas 
toujours  le  même,  au  moins  dans  le  principe  ;  le  3  février 
1733,  il  est  arrêté  par  le  corps  de  ville  qu'un  rôle  sera 
dressé  des  garçons  de  16  à  40  ans.  Ils  seront  visités  et  ceux 
qui  seront  reconnus  bons  tireront  au  sort.  Une  ordonnance 
du  12  novembre  1733  réglementa  la  matière  et  introduisit 
des  dispositions  nouvelles.  Nous  trouvons  pour  la  première 
fois  aux  registres,  en  1734,  un  état  de  frais  d'habillement 
des  miliciens,  qui  du  reste  paraît  incomplet  (4).  L'année 
suivante,  la  ville  fut  taxée  par  ordonnance  de  l'intendant 


HT. 


(1)  Archives  de  Niort,  n"  1023.  Comptes  des  receveurs. 

(2)  Assemblée  du  23  janvier  17i3.  Ces  vagabonds  étaient  au  nombre 
de  treize  ;  ils  avaient  été  arrêtés  par  les  cavaliers  de  la  maréchaussée, 
qui  reçurent  pour  cela  10  livres  par  homme,  soit  130  livres  à  prendre 
sur  l'excédent  du  tarif. 

(3)  Archives  de  Niort,  n°  1025.  Comptes  des  receveurs. 

(4)  Assemblée  du  18  février  llSi.  Pour  10  miliciens  : 

A  Bonifleau,  cordonnier,  10  paires  de  souliers.     .    32  livres    lOsols. 

A  Brunet,  guètrier,  10  havresacs 7  10 

20  chemises 50 

20  cols _b 

Total 95  livres. 


frais  accessoires,  soit  180  livres  pour  six  auxquels  la 
était  imposée  (1)  ;  les  frais  accessoires  consistaient  pi 
paiement  dans  une  somme  de  cinq  livres  par  miiicier 
était  attribuée  au  commissaire  chargé  de  surveill 
tirage  (2).  En  outre,  la  ville  donnait  encore  une  indei 
aux  exempts  chargés  de  conduire  les  miliciens  au  lie 
rassemblement  (3). 

Ces  chiffres  ne  varièrent  pas  jusqu'à  la  fin  de  la  m 
chie  ;  les  registres  et  les  comptes  les  reproduisent  ton 
identiques.  Nous  ajouterons,  comme  détail,,  que  les  nui 
étaient  extraits  de  l'urne  par  un  enfant  (4),  et  non  ce 
aujourd'hui  par  les  intéressés  ôux-mèmes.  L'opér 
était  souvent  tumultueuse  parce  que  les  inscriptions  i 
liste  ne  se  faisaient  point  en  vertu  d'une  règle  absol 

(1)  Assemblée  du  9  mars  1735. 

(2)  Assemblée  du  7  mars  i745.  M""  de  la  Mongerie  a  été  clia 
conduire  les  40  miliciens  à  Fontenay,  pour  y  être  incorporés  i 
bataillon  de  milice  de  cette  ville  ;  il  y  a  en  même  temps  porté  lei 
livres,  sur  laquelle  somme  il  n'a  donné  que  1,000  livres  pour  Vl 
ment  et  équipement,  et  retenu  les  200  livres  pour  les  drc 
commissaire  qui  a  fait  faire  le  tirement. 

Décharge  à  M.  de  la  Mongeiie  de  la  somme  de  1,200  livres,  et  > 
il  n'y  a  pas  eu  de  commissaire  pour  le  tirage,  les  200  livre 
remises  au  receveur  pour  être  employées  aux  besoins  communs. 

Assemblée  du  22  février  i748.  Remise  aux  maire  et  échei 
cinq  livres  par  milicien,  en  tout  75  livres,  comme  commissai 
tirement  en  vertu  de  l'ordonnance  du  roi  du  12  novembre 
«  Comme  nous,  maire  et  échevins  ne  voulons  profiter  de  cette 
pour  gr'ati  fi  cation,  ainsi  que  nous  en  avons  usé  dans  les  préc( 
milices,  et  n'étant  pas  d'usage  que  nous  prenions  des  gratificatioi 
les  opérations  que  nous  faisons  pour  le  bien  et  l'utilité  de  cette 
la  somme  sera  remise  au  receveur  pour  la  porter  en  recette  d. 
deniers  patrimoniaux.  » 

Assemblée  du  17  mai  1753.  Sur  les  180  livres  des  nouveau: 
ciens,  30  livres  reviennent  au  maire  comme  commissaire  du  tii 
Il  les  abandonne  aux  miliciens  pour  gratification. 

(3)  Assemblée  du  2  août  17il.  A  la  maréchaussée,  pour  avoir 
des  miliciens  à  Saint-Maixent,  30  livres. 

(4)  Assemblée  du  10  avril  1719. 


—  155  — 


égale  pour  tous.  Les  exemptions  étaient  nombreuses  et 
déterminées  surtout  par  la  protection  des  gens  influents. 
En  1739  particulièrement,  le  tirage  fut  interrompu  par  les 
manifestations  des  appelés  qui  criaient  :  «  pas  d'exemption  ! 
que  tous  tirent  !  »  On  ne  demandait  cependant  cette  année- 
là  que  huit  miliciens,  nombre  bien  inférieur  à  celui  qui 
fut  exigé  quelquefois. 

Afin  de  mettre  le  plus  d'ordre  possible  dans  cette  étude 
complexe  des  dépenses  militaires,  nous  avons  groupé  les 
documents  qui  permettent  de  déterminer  la  part  contri- 
butive de  la  ville  dans  la  formation  des  contingents  de 
l'armée.  Tl  a  cependant  été  dit  quelques  mots,  au  début  de 
ce  paragraphe,  des  réquisitions  imposées  à  la  ville,  et  c'est 
l;i  ce  qui  reste  à  compléter.  Elles  furent  de  différentes 
sortes  ;  nous  pouvons  en  citer  plusieurs  exemples  remar- 
quables dans  les  opérations  de  guerre  qui  eurent  lieu 
à  proximité  de  Niort. 

C'est  pendant  les  deux  sièges  de  la  Rochelle  que  la  ville 
fut  surtout  mise  â  contribution  par  les  commandants  de 
l'armée  royale,  pendant  le  second  surtout,  à  cause  de  sa 
longue  durée. 

Après  le  massacre  de  la  Saint-Barthélémy,  la  résistance 
des  réformés  se  concentra  dans  la  Rochelle.  L'armée  royale 
vint  mettre  le  siège  devant  la  ville  dans  la  fin  de  l'année 
1572,  et  les  opérations  furent  poussées  avec  vigueur,  après 
que  le  duc  d'Anjou  eut  pris  le  commandement  au  mois  de 
février  1573.  Le  comte  du  Lude  était  alors  gouverneur  de 
Niort  ;  la  ville  et  ses  alentours  étaient  donc  complètement 
sous  l'influence  catholique.  Dès  le- mois  de  janvier,  le  corps 
de  ville  fut  avisé  d'avoir  à  fournir  pour  le  ravitaillement 
du  camp  de  la  Rochelle  2,000  charges  d'avoine  et  2,000 
charretées  de  foin.  Tout  en  s'inclinant  par  force  majeure 
devant  cette  injonction,  les  maire  etéchevins  demandèrent 
au  roi  d'être  exemptés  de  trois  années  de  taille  ;  cette 
exemption  fut  en  effet  accordée  par  lettres  du  4  mars  1573, 
et  il  semble  que  cette  décharge  d'impôts  ait  constitué  toute 
l'indemnité  pour  les   réquisitions  de   diverse  nature  qui 


celles-ci  que  pour  celles  qui  eurent  lieu  à  d'autres  ëpc 
il  n'est  question  dans  les  registres  de  remboursemen 
ville.  Le  corps  ne  pouvait  certainement  pas  suffire 
dépenses  extraordinaires  avec  ses  deniers  ;  il  était 
ment  tenu  d'en  faire  l'avance,  puis  la  charge  était  ré 
sur  les  habitants  de  Niort  et  même^  par  faveur  spe 
sur  ceux  de  quelques  paroisses  voisines  ;  mais,  avan1 
il  était  responsable  de  la  livraison  des  choses  ré 
tionnées  et  supportait,  pour  le  moins,  tous  les 
accessoires. 

Les  maire  et  échevins  objectèrent  la  difficulté,  l'i: 
sibilité  de  se  procurer  les  quantités  d'avoine  et  de  foi 
demandées.  Le  munitionnaire  général  maintint  se: 
gences,  et  ordre  fut  donné  de  visiter  les  maisons  de  1 
et  les  habitations  de  la  campagne,  pour  découvr 
approvisionnements  que  l'on  soupçonnait  pouvoii 
cachés  par  les  possesseurs. 

Le  grand  maître  de  l'artillerie,  le  baron  de  Biron,  ; 
de  son  côté  500  paires  de  souliers  ;  les  cordonniers 
ville  furent  avertis  et  mis  en  demeure  de  les  fouri 
envoya  en  outre  un  de  ses  officiers,  le  capitaine  Chc 
avec  ordre  de  mettre  en  réquisition  toutes  les  hottes 
ville  (1)  pour  le  travail  des  tranchées,  et  ce  qu'on  po 
avoir  de  lattes  pour  confectionner  des  gabions.  Enfi 
peu  plus  tard,  il  demanda  que  l'on  expédiât  au  carr 
pionniers.  Le  corps  de  ville  désigna  ceux  qui  pou 
faire  ce  service  et  les  convoqua,  mais  ils  ne  se  reu' 
pas  à  rappel.  Leurs  femmes  vinrent  présenter 
excuses  :  les  uns  étaient  malades^  les  autres  partis 
veille  pour  un  voyage.  Ils  furent  ajournés  au  lende 
sous  peine  de  vingt  livres  d'amende.  Si  l'on  ajoute 
une  réquisition  de  18,000  pains  de  munition,  on  aurai 

(1)  A  cette  époque,  beaucoup  de  transports  se  faisaient  en  ■\ 
moyen  de  hottes,  à  cause  du  mauvais  état  des  rues.  Les  manœu^ 
portaient  ces  hottes  étaient  appelés  barasseurs. 


—  157  — 

des  principales  charges  qu'imposa  à  la  ville  ce  premier 
siège  de  la  Rochelle,  qui  fut  infructueux,  comme  on  sait. 

Lors  du  second  siège,  dès  le  début  des  opérations,  la 
ville  de  Niort  dut  contribuer  dans  une  large  mesure  à 
l'entretien  de  l'armée  royale.  L'investissement  de  la  place 
fut  commencé  en  1622  par  la  construction  du  fort  Louis, 
élevé  entre  la  ville  et  la  pointe  de  Chef-de-Baie,  dans  une 
position  commandant  le  chenal  qui  donne  accès  au  port. 
On  dit  que  cet  ouvrage  se  fît  sous  la  direction  d'un  ingé- 
nieur italien  que  le  pape  avait  envoyé  au  roi.  L'armée 
royale  était  sous  les  ordres  de  Louis  de  Bourbon,  comte 
de  Soissons,  un  très  jeune  général,  à  peine  âgé  de  vingt 
ans,  alors  fidèle  serviteur  du  roi  qu'il  trahit  plus  tard  pour 
embrasser  la  cause  des  duc  de  Guise  et  de  Bouillon.  Il  fut 
tué  en  1641  à  la  journée  de  la  Marfée  où,  h  la  tête  des 
Espagnols,  il  battit  Tarmée  française  commandée  par  le 
maréchal  de  Chatillon.  Les  mémoires  du  temps  le  dépei- 
gnent brave  et  orgueilleux. 

Le  16  juin  1622,  le  comte  de  Soissons  envoyait  aux 
élus,  maire,  échevins  et  habitants  de  Niort  commission 
pour  lever  dans  les  paroisses  4,000  boisseaux  d'avoine  à 
envoyer  dans  les  quinze  jours  à  Marans.  Les  termes  de  la 
demande  font  voir  que  la  réquisition  portait  non  seulement 
sur  la  ville,  mais  sur  toute  l'élection. 

Dans  la  même  année,  la  ville  était  taxée,  pour  sa  paré, 
à  une  fourniture  considérable  de  vivres  et  autres  objets 
pour  ravitaillement  du  fort  Louis.  Le  corps  en  fut  avisé 
par  lettres  du  comte  de  Soissons,  datées  du  21  sep- 
tembre (1),  et  se  réunit  le  4  octobre  pour  délibérer  à  ce 

(1)  Nous  mandons  et  enjoignons  que  vous  ayés  à  fournir,  envoyer  et 
faire  amener  promptement  pour  la  part  de  votre  ville  les  vivres,  ustanciles 
et  choses  concernant  le  dict  avictuaillement  à  quoi  vous  avés  été  taxés  et 
mentionnés  à  l'extraict  du  dict  département  général  cy  soubz  notre 
conlre-scel  attaché  et  le  tout  faire  délivrer  en  espèces  dans  le  dixiesme 
jour  d'octobre  prochain  en  ce  lieu  de  Laleu 

La  ville  de  Niort  doit  porter  et  avancer  pour  sa  part  :  quinze  ton- 
neaux de  bled  et  farine,  par  moitié;  vingt  et  un  tonneaux  et  demi  de  vin  ; 


par  devers  le  comte  lui  remontrer  que  la  ville  ruiné 
la  grêle,  par  le  passage  des  troupes,  était  dans  l'ii 
sibilité  d'accomplir  la  commission  sans  ruine  tota 
tâcher  de  s'en  faire  décharger.  Les  13  et  14  bc1 
nouvelles  lettres  maintenant  la  commission  et  noi 
députation  chargée  de  pouvoirs  pour  obtenir  exem 
ou  modération,  et  transiger  à  cet  effet  avec  les  ager 
commandant  de  l'armée  royale. 

Les  députés  ne  partaient  pas  sans  quelque  crainte  < 
enlevés  par  les  partis  de  huguenots  qui  tenaient  la 
pagne;  la  ville  leur  garantit  leur  rançon^  au  cas  < 
tomberaient  entre  les  mains  des  ennemis  de  Sa  Ma 
Le  corps  avait  chargé  ses  délégués  d'une  autre  affaii 
intéressait  également  les  finances  de  la  ville  ;  ils  deA 
demander  à  M'"  de  Barentin,  intendant  de  justice 
finance  à  l'armée  du  roi,  si  les  fermiers  de  la  coutur 
Sèvre  pouvaient  faire  payer,  sur  la  rivière,  aux  foi 
seurs  de  l'armée  le  droit  d'un  sol  par  tonneau.  En  16 
ferme  de  la  coutume  avait  été  adjugée  â  un  prix  plu 
que  d'ordinaire,  300  livres  seulement,  â  cause  des  troi 
Comme  dans  la  même  année,  le  26  novembre,  on  ac 
au  fermier  une  diminution  de  cent  livres,  il  est  fort 
bable  qu'il  ne  fut  pas  fait  droit  à  cette  requête  du 
de  ville. 

En  ce  qui  touchait  leur  mission  principale,  les  en' 
ne  furent  pas  beaucoup  plus  heureux.  Le  22  octobr 

douze  milliers  pesant  de  chair  salée,  les  deux  tiers  chair  de  h 
l'autre  tiers  chair  de  pourceau  ;  dix-sept  hoisseaux  de  fèves  et  di 
boisseaux  de  pois,  mesures  de  Saintes  ;  deux  cents  livres  de  fr 
d'Auvergne,  de  Normandie  et  d'Holande  ;  six  boisseaux  de  sel 
barriques  de  vinaigre;  une  barrique  d'huile  de  noix,  partie  à  mai 
le  surplus  à  brûler  au  corps  de  garde  ;  seize  livres  d'huile  d'c 
soixante  huict  livres  de  chandelle  ;  soixante  huict  paillasses,  cl 
de  grandeur  et  largeur  pour  servir  à  trois  personnes  ;  seize  pai 
linceuls  neufs  ;  huict  vingt  linceuls  pour  panser  les  malades  b 
Faict  au  camp  de  Laleu  près  la  Rochelle,  le  vingt  et  iinièm 
de  septembre  1622.  Signé  :  Louis  de  Bourbo] 


—  159  — 

étaient  de  retour  ;  ils  avaient  obtenu  réduction  du  quart 
de  la  réquisition,  moyennant  engagement  de  payer  les 
trois  autres  quarts  en  espèces  sonnantes  avant  la  fin  du 
mois.  Le  corps  décida  que  cette  somme  serait  prise 
d'urgence  sur  les  deniers  communs  ;  on  aviserait  plus  tard 
à  la  remplacer. 

Les  termes  de  la  délibération  semblent  indiquer  la 
volonté  de  faire  immédiatement  le  versement  de  la  contri- 
bution demandée.  Il  n'en  fut  rien  cependant  ;  les  échevins 
crurent  avoir  intérêt  à  temporiser  et  à  s'acquitter  en 
nature.  Mais^,  le  28  novembre,  ils  reçurent  une  sommation 
sérieuse;  le  comte  de  Soissons  écrivait  qu'en  présence  du 
retard  mis  à  exécuter  ses  ordres,  il  avait  traité  avec  un 
marchand  pour  avitaillerle  fort  Louis.  C'est  à  ce  marchand 
que  la  ville  devrait  verser  les  4,100  livres^  montant  des 
trois  quarts  de  la  somme  â  laquelle  elle  avait  été  primiti- 
vement taxée;  le  sieur  Louvet  était  détaché  avec  cinq 
compagnies  de  chevau-légers  pour  contraindre  la  ville  à 
payer. 

Sur  ce  commandement^  1^  corps  députa  de  nouveau  au 
camp  de  la  Rochelle  pour  exposer  que  hi  ville  avait  dû 
faire  des  emprunts  afin  de  satisfaire  aux  ordres  du  comte 
de  Soissons.  Il  y  avait  des  vivres  achetés  déjà,  et  l'on  ne 
pouvait  plus  payer  les  4,100  livres.  Les  échevins  présen- 
taient leurs  très  humbles  supplications  et  demandaient 
qu'on  fît  retirer  le  capitaine  Louvet. 

Dès  le  deux  décembre,  les  envoyés  revinrent;  ils  avaient 
reçu  ordre  de  remettre  au  commandant  du  fort  Louis  les 
vivres  par  eux  achetés^  consistant  en  15  tonneaux  de  vin 
et  des  chairs  salées,  pour  le  reste  de  s'acquitter  immédia- 
tement. En  effet ,  le  lendemain ,  le  corps  recevait 
signification  du  sieur  de  Vaux,  aide  de  mestre  de  camp  à 
l'armée,  de  payer  sous  peine  d'être  contraints  par  l'envoi 
de  cinq  compagnies  de  chevau-légers  et  du  régiment  du 
maréchal  de  Vuitry.  Alors  il  y  eut  une  nouvelle  ambas- 
sade, les  échevins  faisant  valoir  non  seulement  leurs 
emprunts,    les    réparations   urgentes    â    faire    aux  mu- 


uaustiieiii/  le»  iJuuiuieuA.  iiiciiciues  uu  i  cniucc  ciivujes 

les  hôpitaux  de  Niort.  On  évacuait  les  malades 
blessés  sur  les  villes  environnantes  qui  les  soignai 
leurs  frais,  et  Niort,  à  cause  du  voisinage  et  d( 
importance,  en  recevait  un  grand  nombre.  Cette  c 
qui,  au  début  de  la  guerre,  paraissait  déjà  lourde  < 
bien  s'aggraver  par  la  continuation  des  hostilités.  " 
mai  1626,  il  était  dû  400  livres  aux  religieux  de  la  Ct 
pour  la  Jiourriture  des  malades  et  des  blessés  de  l'( 
devant  la  Rochelle.  11  n'y  avait  aucun  fonds  aux  i 
neries  ;  le  receveur  des  deniers  communs  dut  faire  l'a 
de  la  somme. 

Quelque  bonnes  que  pussent  être  les  raisons 
faisaient  valoir  les  députés  de  Niort,  ils  n'obtinrent  a 
modération.  Le  9  décembre,  ils  rendirent  compte  d 
mission;  ils  avaient  réglé  à  3,175  livres,  plus  les 
achetés^  le  tout  formant  la  somme  de  4,100  livres.  Li 
leur  remboursa  la  somme  qu'ils  avaient  avancée  de 
deniers  personnels  et  versée  comptant.  On  requ 
charrettes  pour  tranporter  au  fort  Louis  le  vin  et  la\ 
salée. 

Au  mois  de  décembre  1622,  les  échevins  reçuren 
ordonnance  de  M'"  de  Barentin  adressée  aux  élu: 
autorisait  une  taxe  de  4,100  livres  à  répartir  sur  la  v 
sur  les  paroisses  d'Allonne,  Saint-Pardoux,  Secondi< 
Xaintray,  au  sol  la  livre  de  la  taille.  Nous  ne  somm 
renseignés  sur  les  motifs  qui  avaient  fait  désign< 
paroisses  assez  éloignées  de  Niort,  dont  la  contril 
fut  un  dégrèvement  accordé  à  la  ville. 

Les  registres  de  l'hôtel  de  ville  n'existent  pas  poi 
deux  dernières  années  du  siège  de  la  Rochelle.  Les 
sitions  que  nous  venons  de  citer  ne  furent  sans 
pas  les  seules  imposées  à  la  ville  de  Niort  pendant 
lutte  mémorable,  la  dernière  des  guerres  religieuse 
ensanglantèrent  l'ouest  de  la  France  ;  mais  nous  n'av 
cause  de  cette  regrettable  lacune,  aucun  détail  sur 


—  161  — 


qui  purent  encore  être  exigées.  Bien  des  années  après,  le 
corps  de  ville  cherchait  des  expédients  pour  obvier  aux 
poursuites  qu'occasionnaient  les  dettes  contractées  pen- 
dant le  siège  de  la  Roclielle. 

Les  frais  d'hôpital  pour  les  malades  et  blessés  de 
l'armée  se  renouvelèrent  certainement  toutes  les  fois  que 
des  troupes  furent  massées  sur  les  côtes  du  Poitou  et  de 
l'Aunis.  Le  cas  se  présenta  plusieurs  fois  sous  le  régne  de 
Louis  XIV,  mais  nous  n'avons  aucun  document  explicite  à 
cet  égard.  Plus  tard,  pendant  la  guerre  de  sept  ans  et  pour 
le  même  motif,  les  menaces  de  descente  des  Anglais,  des 
forces  importantes  furent  rassemblées  à  proximité  de 
Niort,  et  notre  ville  fut  une  des  places  sur  laquelle  on 
évacua  les  malades  ;  de  blessés,  il  n'y  en  eut  pas,  aucun 
engagement  n'ayant  eu  lieu  dans  la  région.  Les  registres 
municipaux  d'alors  nous  renseignent  avec  détails  sur  les 
dépenses  qui  furent  de  ce  chef  imposées  à  la  ville. 

Nous  avons  vu  le  régiment  de  Niort  en  partie  mobilisé, 
lors  de  l'occupation  de  l'ile  d'Aix  par  la  flotte  anglaise,  en 
1757  ;  l'émotion  fut  grande  à  Paris,  d'oi^i  l'on  expédia 
en  grande  hâte  la  maison  du  roi,  suisses,  mousquetaires, 
tous  corps  qui  ne  faisaient  campagne  que  dans  des  circons- 
tances exceptionnelles.  La  leçon  porta  ses  fruits  et 
l'imprudence  commise  de  laisser  dégarnis  de  troupes  les 
abords  de  Rochefort  fut  réparée.  La  suite  prouva  que  les 
précautions  n'étaient  pas  inutiles  ;  au  mois  d'avril  1758, 
une  escadre  anglaise  attaqua,  à  l'embouchure  de  la 
Charente,  cinq  vaisseaux  de  ligne  et  des  transports  cliargés 
de  troupes  et  de  munitions  pour  le  Canada,  dont  ils  empê- 
chèrent le  départ.  L'année  suivante,  le  maréchal  de 
Conflans  se  fit  battre  par  l'amiral  Hawke  â  la  hauteur  de 
Belle-Isle,  et  une  partie  de  ses  vaisseaux  se  réfugia  dans 
la  Charente  qui  fut  après  cela  bloquée  par  la  flotte  anglaise. 
Enfin,  en  1761,  les  Anglais  s'emparèrent  de  Belle-Isle,  et 
plus  que  jamais  les  côtes  de  la  Bretagne,  du  Poitou  et  de 
l'Aunis  furent  incessamment  menacées.  Pendant  cinq  ans, 
jusqu'il  la  paix  de  1763 ,  il  fallut  y  maintenir  pour  la 
défense  des  forces  importantes. 

11 


un  Dopital  militaire.  Lelai  des  religieux  de  la  Chî 
l'hôpital  général  étaient  reconnus  insuffisants;  c 
dernier,  on  construisait  alors  des  bâtiments  nei 
n'étaient  pas  terminés.  Par  ordre  de  l'intenda 
aménagea  quelques  appartements  des  casernes  non 
occupées  et  la  ville  y  fit  placer  de  suite  cent  lits  comp] 
En  1758,  il  devint  nécessaire  d'en  ajouter  douze  aul 
Dans  la  séance  du  25  septembre,  les  échevins 
informés  que  le  maréchal  de  Sennecterre  annonçait 
de  cinq  à  six  cents  malades;  on  ne  savait  où  les 
Il  fut  question  de  prendre  l'église  Notre-Dame, 
vaisseau  assez  vaste  à  portée  de  l'hôpital  de  la  C 
mais  qui  pourrait  être  trop  froid.  Cette  raison  fit 
porta  ses  vues  ailleurs. 

Le  supérieur  de  la  Charité  résidait  à  la  Rochelle 
maire  et  un  échevin,  M''  Moriceau,  s'y  rendirent  e1 
convenu  qu'on  prendrait  la  maison  des  religieu: 
faisant  des  aménagements  aux  frais  de  la  ville.  Il  s'a 
d'une  maison  que  l'ordre  possédait.,  attenant  â  l'hôp 
qu'il  louait  au  sieur  Leballeur,  capitaine  de  la  briga 
fermes.  On  y  pouvait  mettre  26  lits,  moyennant  qv 
travaux.  Ordre  fut  donné  à  Leballeur  de  déloger 
ville  s'engagea  à  payer  les  150  livres  de  loyer  qu'il  d 
aux  religieux.  Mais  ce  local  devint  insuffisant;  o 
encore  une  maison  qui  appartenait  au  curé  de 
Dame,  située  vis-à-vis  l'hôpital,  pour  laquelle  on  lui 
en  1763,  90  livres  de  loyer  et  d'indemnité  pour  dé, 
lions.  On  plaça  des  malades,  même  dans  la  chapelk 
Charité;  enfin,  à  un  instant  où  leur  nombre  étai 
grand  que  jamais,  la  ville  occupa  durant  quinze  je 


(1)  Azsevahlée  du  1"  octobre  1151 . 

(2)  Ces  112  lits  entrèrent  plus  tard  dans  l'ameublement  des  ( 
pour  l'usage  de  la  garnison. 

(3)  Assemblée  du  25  septembre  1158.   G2  livres  allouées 
voyage  de  la  Rochelle. 


—  163  — 

jeu  de  paume  qui  existait  d'ancienne  date  à  l'extrémité  de 
la  rue  du  Mûrier  en  face  le  château  (1).  Le  sieur  Guillot, 
paumier,  reçut  75  livres  de  loyer  et  d'indemnité  ea  égard 
à  la  privation  de  son  revenu  ordinaire  et  de  ce  qiCil  eût 
profité  par  le  séjour  des  officiers  de  dragons  du  régiment 
Mestre-de-camp  général. 

Ces  dépenses  extraordinaires  furent  payées  sur  l'excé- 
dent du  tarif.  Les  registres,  outre  plusieurs  articles 
particuliers,  comprennent  deux  règlements  de  compte 
d'ensemble,  l'un  dans  l'assemblée  du  10  janvier  1763, 
l'autre  dans  celle  du  11  mai  1767.  Le  premier  jour,  on 
liquida  un  total  de  frais  qui  s'élevait  à  2,354  livres.  La 
somme  avait  été  avancée  par  le  sieur  Suire,  marchand^  qui 
fut  alors  remboursé.  Il  réclama  encore,  à  la  date  du  17  mai 
1763,  314  livres  pour  cent  chemises  fournies  à  l'hôpital  de 
la  Charité,  qui  lui  furent  également  payées.  Le  règlement 
de  compte  du  11  mai  1767  (2)  est  surtout  une  liquidation 
d'avances  faites  aux  religieux  de  la  Charité  et  rembour- 
sables par  eux  à  des  termes. déterminés^  sans  intérêts  ;  il 
comprend  aussi  les  loyers  qui  leur  étaient  dus.  Du  procès- 
verbal  d'assemblée  de  ce  jour-là,  il  résulte  que  leur  maison 
fut  occupéeparlavillejusqu'au28juin  1766,  par  conséquent 
plusieurs  années  encore  après  la  cessation  de  la  guerre. 

En  résumé,  les  frais  de  toute  nature  furent  considérables^ 
et  toutefois  la  ville  ne  reçut  jamais  à  la  fois  cinq  ou  six 


(1)  Assemblée  générale  des  habitants  du  26  février  1612.  Pour  le 
regard  de  la  femme  du  sieur  Gascougnolles  et  au  grand  jeu  de  paume 
davant  le  chasleau,  ne  sera  taxée,  attendu  que  le  sieur  Gascougnolles, 
son  mary,  est  taxé  à  Tonay-Charente. 

(2)  Assemblée  du  11  mai  1161 .  Pour  mettre  les  religieux  de  la  Charité 
en  étal  de  recevoir  le  grand  nombre  de  soldats  malades  que  l'on  envoyait 
de  la  Rochelle  dans  la  dernière  guerre,  la  ville  leur  a  prêté,  à  différentes 
reprises.  7,095  livres  13  sols.  Ils  ont  rendu  5,095  livres  13  sols,  et  doivent 
payer  1,000  livres  cette  année,  1.000  livres  en  1768.  Mais  on  leur  doit, 
pour  loyer  de  la  maison  occupée,  5  ans  et  un  quartier,  du  28  mars 
1761,  à  150  livres  par  an,  total  :  787  livres  10  sols,  en  outre  80  livres 
12  sols,  avancées  à  Paire  et  Daviau  pour  réparations  locatives.  Depuis  le 
28  juin  1766,  elle  n'est  plus  occupée. 


de  Sennecterre  en  1758.  Le  nombre  en  avait  été 
moindre  ;  «  Niort  en  a  reçu  jusqu'à  quatre  cet 
fois  ))^  dit  le  procès-verbal  du  10  janvier  1763. 

On  peut  remarquer  que  pendant  cette  occupai 
côtes  aucune  réquisition  de  vivres  ne  fut  faite  j 
troupes.  Les  délibérations  de  l'échevinage  en  < 
certainement  fait  mention. 

§  3.  —  Garnisons  et  troupes  de  passage. 
Logements  militaires 

Dans  la  séance  du  4  juin  1454,  le  corps  de  ville 
une  délibération  pour  faire  fournir  le  logement  et 
à  quinze  lances  de  la  compagnie  de  Lohéac,  c'es 
nne  centaine  d'hommes.  Le  maréchal  de  Lohéac 
des  capitaines  qui,  l'année  précédente,  avaient  cor 
devant  Castillon  et  chassé,  par  une  brillante  vict( 
Anglais  des  der^iier-s  points  qu'ils  occupaient  en  Fr? 
28  juillet,  les  échevins  décidaient  que  l'on  écrirait 
tenant  du  maréchal  pour  que  les  gens  d'armes  qui 
logé  en  ville  eussent  à  payer  ce  qu'ils  devaient.  L 
tants,  à  cette  époque,  qui  est  celle  des  premièi'es 
permanentes,  prétendaient  donc  être  indemnisés  c 
par  eux  faits  pour  le  logement  et  l'entretien  des 
En  fait,  ils  ne  le  furent  jamais    entièi^ement  ei 
temps  ;  les  chai^ges  à  cet  égard  furent  toujours  très 
et  redoutées  des  particuliers  astreints  au  logemer 
ce  qui  est  du  budget  de  la  ville,  les  deniers  comn 
fur  et  à  mesure  de  l'accroissement  des  armées,  fu 
plus  en  plus  mis  â  contribution.  Dans  certains  ca; 
avait  bien  â  faire  qu'une  avance  de  fonds,  sauf  à 
ensuite  avec  les  officiers  ou  les  munitionnaii^es  ; 
remboui'sements  subissaient  de  longs  délais  et  ne 
tuaient  pas  toujours  intégi'alement  (1). 

(1)  Plus  se  charge  le  conlable  de  la  somme  de  six  cens  livr 
receue  en  la  ville  de  Poitiers  des  sieurs  et  Thebaul 


—  165  — 

Les  registres  de  1535-1538,  très  complètement  analysés 
par  Apollin  Briquet,  ainsi  que  nous  avons  eu  occasion  de 
de  le  dire,  nous  fournissent  des  détails  circonstanciés  au 
sujet  dos  garnisons  et  logements  militaires  de  ce  temps-là. 
Le  30  juin  1535,  le  corps  prit  une  délibération  pour  le 
logement  de  la  compagnie  de  M''  de  Montpezat  qui  venait 
tenir  garnison  à  Niort.  Il  fut  attribué  une  indemnité  aux 
logeurs,  à  raison  de  20  sols  par  mois  pour  les  gens  d'armes 
et  de  10  sols  pour  les  archers.  Les  fonds  pour  cela  devaient 
être  faits  par  une  taille  (1)  mise  sur  tous  les  habitants  et 
même  les  gens  d'église,  à  raison  de  leurs  facultés  et  de 
leurs  logis,  en  exceptant  toutefois  les  habitants  payant 
moins  de  20  sols  de  taille  et  ceux  qui  logeraient,  malgré 
l'indemnité  qui  leur  était  accordée,  ce  qui  prouve  qu'elle 
n'était  regardée  que  comme  une  compensation  insuflBsante 
des  charges  qu'ils  avaient  à  supporter. 

Quant  â  ravitaillement^  c'est-à-dire  à  la  fourniture  de 
vivres  et  autres  denrées  à  faire  pour  les  troupes,  la  ville 
devait  y  pourvoir  conformément  aux  ordonnances  (2). 
Voici  le  résumé  des  règlements  qui  existaient  à  cet  égard  : 
Les  gens  d'armes  devaient  être  logés  dans  les  villes  closes 
du  royaume  et  s'y  fournir  de  vivres  et  provisions,  tant 


au  payement  des  estappes  pour  une  estappe  de  six  cent  soixante  livres 
dheue  au  corps,  sur  laquelle  il  aurait  fallu  faire  remize  de  la  somme  de 
soixante  livres,  sur  les  diffîcultez  apportées  par  les  préposez  au 
payement.  {Comptes  de  Pierre  Jouslain,  maire,  1654.  Archives  de 
Niort,  n»  892.) 

(1)  Assemblée  du  25  janvier  1537.  On  nomme  des  commissaires 
pour  lever  les  deniers  à  mettre  sur  les  habitants  pour  payer  le  logement 
des  gens  d'armes.  Sont  nommés  :  A.  Coyault,  F.  Guilhera  et  J.  Gaillard. 

Assemblée  du  29  murs  1538.  Les  comptes  de  P.  Thibault  et 
Fr.  Gaucher,  commissaires  pour  lever  les  deniers  pour  payer  les  loge- 
ments des  gens  d'armes,  ont  présenté  un  reliquat  de  6  à  7  livres  qu'ils 
veulent  garder  pour  leurs  frais  et  vacations.  Délibéré  qu'ils  seront 
contraints  par  corps  à  rendre  ce  reliquat. 

(2)  Ordonnances  sur  le  service  et  larésidence  des  gens  d'armes.  La 
Ferté-sous-Jouarre,  20  janvier  1514.  Bordeaux,  15  juillet  1530.  {Recueil 
d'Isarabert,  t.  xii,  pp.  2  et  346.) 


vivre  sur  le  pauvre  peuple  des  champs.  Pour  ce 
gouverneur  du  pays  ou  son  lieutenant,  avec  les  offici» 
roi,  le  capitaine  ou  lieutenant  des  corps  en  garnis 
quelques  bons  prudhommes  de  la  ville,  se  réunissai 
faisaient  la  taxe  des  vivres  en  ayant  égard  à  l'abon 
etferlilité  qui  pourra  être  au  pays,  et  aussi  aux 
qu'ont  les  gens  de  guerre,  le  plus  près  de  la  raiso 
faire  se  pourra.  Puis  on  faisait  le  département  sur  c 
paroisse  de  ce  qu'il  conviendrait  fournir  ;  cet  acte  ( 
être  signifié  aux  bonnes  gens  par  un  sergent  ou  autre 
en  même  temps  qu'ils  seront  duement  avertis  de  ce 
devront,  chacun  en  droit  soi,  fournir  et  mener  par  se. 
en  la  dite  ville  pour  la  provision  des  dits  gens  d'ar^ 
pour  être  mis  en  munition,  laquelle  deux  prudho 
de  la  ville  auraient  cJiargede  la  recevoir  pour  la  dé 
aux  gens  d'armes,  en  les  payant  selon  le  taux  qui  en 
été  fait  et  après  des  deniers  qu'ils  en  recevront  en 
les  bonnes  gens.  Les  officiers  municipaux  étaient  spt 
ment  chargés  d'assurer  l'approvisionnement  ;  les  c 
nances  édictaient  des  pénalités,  à  la  fois  contre  cei 
villages  qui  seraient  défaillants  d'apporter  et  con1 
officiers  des  villes  qui  commettraient  des  abus,  des  exa 
dans  la  gestion  de  ces  fournitures.  L'article  troisièi 
l'ordonnance  de  1530  introduisait  ou  rappelai 
exception  à  l'obligation  imposée  aux  gens  d'armes  de 
entièrement  ce  qu'ils  avaient  reçu  ;  il  les  dispens 
payer  le  bois,  la  paille  et  autres  menues  choses  con^ 
aux  anciennes  ordonnances. 

Il  y  avait,  d'après  les  règlements  ci-dessus,  p 
beaucoup  d'arbitraire  dans  l'établissement  de  la  ta] 
vivres  et  dans  le  département  des  paroisses  contribu 
D'un  autre  côté,  la  peine  et  la  responsabilité  étaient  gi 
pour  ceux  quidevaient  pourvoir  a  ces  approvisionne! 
Aussi  ne  sera-t-on  pas  surpris  de  voir  les  écbevins  de 
louvoyer  au  milieu  des  difficultés  et  s'efforcer,  pî 
présents  faits  à  propos,  de  se  rendre  favorables  les 
militaires. 


—  167  — 

Le  19  juin  1535,  le  corps  de  ville  nomma  pour  ravitail- 
lement trois  commissaires  qui  furent  les  sieurs  Pierre 
Combault,  Guillaume  Joyeux  et  Robin  Desmoulins.  Ces 
fonctions  étaient  attribuées  pour  six  mois  ;  elles  n'étaient 
pas  gratuites,  car  lesdits  commissaires  touchaient  des 
vacations  après  qu'ils  avaient  rendu  compte  (1).  Puis  on 
fit  porter  les  commissions  d'avitaillement  dans  les  paroisses 
et  seigneuries  désignées  (2).  Mais  deux  d'entre  elles  se 
dirent  exemptées  par  M''  de  la  Trémoille,  gouverneur  du 
Poitou  ;  c'étaient  la  principauté  de  Marsillac  et  la  capitai- 
nerie de  Chizé.  Les  échevins  députèrent,  à  cesujet,  Jacques 
Laurens,  un  desleurs(3),  pour  obtenir  deux  autres  localités 
qui  supporteraient  les  charges.  Le  gouverneur  répondit  à 
messieurs  du  corps  de  ville  la  lettre  suivante,  datée  de 
Thouars  le  l"'"  juillet  1535  : 

«  Messieurs,  vous  entendez  que  la  terre  de  Marsillac  est 
loin  de  contribution  et  appartient  à  Madame  de  la  Roche- 
foucauld, et  pour  ce  je  vous  prie  d'adviser  quelque  autre 
ayde  à  la  moindre  charge  et  oppression  du  peuple  qu'il 
vous  sera  possible,  et  je  vous  le  feray  bailler  en  m'en 
advertissant  ;  par  ce  moyen  tenez  exempt  le  dit  lieu  de 


(1)  Assemblé  du  12  décembre  1535.  Pierre  Combault  et...  chargés 
de  lever  les  vivres  sur  les  seigneuries  et  paroisses  contribuables,  disent 
qu'ils  ont  exercé  cet  emploi  depuis  le  19  juin  dernier,  et  qu'à  la  fin  du 

mois  il  y  aura  plus  de  six  mois ;  demandent  â  être  déchargés  de 

leur  commission  et  à  rendre  leurs  comptes.  Sont  nommés  pour  les 
remplacer  Jehan  Arnauldet,  François  Pern,  marchands. 

Assemblée  du  29  décembre  1536.  Les  anciens  commissaires  pour 
ravitaillement  demandent  à  être  payés  de  leurs  vacations  ;  délibéré 
qu'il  leur  sera  fait  taxe,  après  que  leurs  comptes  auront  été  ouis  et  clos. 

(2)  Assemblée  du  27  octobre  1536.  En  juin  1535,  Martin  Clerc  a 
porté  les  commissions  d'avitaillement  à  Mougon,  Notre-Dame  de 
Celles,  Ensigné,  Civray,  Aulnay  Ville-Dieu  d'Aulnay,  Chizé,  Dam- 
pierre-sur-Boutonne,  Marsillac.  Villefaignan,  Tusson,  Fontaines, 
Chef-Boutonne,  Coutures,  Paizay-le-Chapt,  Asnières  et  Villemort.  Il  a 
passé  huit  jours  et  reçu  50  sols. 

(3)  Assemblée  du  9  juillet  1535.  Le  député  reçut  sept  livres  pour  ses 
frais  de  voyage. 


je  prie  Dieu  Notre  Seigneur   vous  donner  ce  qu< 
désirez.  » 

La  terre  de  Marsillac  avait  été  comptée  pour  un  1] 
d'armes  et  deux  archers.  Nous  ignorons  la  quote-ç 
Chizé  et  les  registres  ne  nous  apprennent  pas  s'il  fu 
bué  d'autres  localités  en  échange. 

Avant  l'arrivée  de  la  garnison^  le  maréchal  des  1 
le  fourrier,  avec  un  guidon,  étaient  venus  marqi 
logements  ;  le  corps  de  ville,  pour  les  bien  disposer, 
qu'ils  seraient  défrayés  et  leur  donna  en  outre  les  ( 
des  trois  derniers  pairs  reçus,  soit  30  livres,  en  lei 
mettant  de  plus  celle  du  premier  qui  serait  admis. 

Les  commissaires  aux  vivres  devaient  veiller 
fraude  qui  se  commettait  fréquemment  ;  on  leur  ce 
plus  de  chevaux  qu'il  n'y  en  avait  en  subsistan 
6  septembre,  il  fut  proposé  au  sein  du  coi'ps  de  v 
nommer  un  contrôleur  pour  vérifier  la  manutentii 
vivres  et  le  nombre  des  chevaux  ;  mais  on  considéra 
suffisant  que  les  commissaires  retirassent  des  cer 
des  habitants  qui  logeaient  les  gens  d'armes. 

Cette  garnison  de  la  compagnie  de  Montpezat  \ 
en  février  1536,  mais  non  sans  encombre.  Elle  fu 
mandée,  au  moins  dans  les  derniers  mois,  par  le  m 
des  logis  qui  se  nommait  Jehan  de  Saint-Martin,  éc 
seigneur  dudit  lieu.  Cette  désignation  el  la  similil 
nom  font  croire  qu'il  était  frère  d'un  échevin  de 
Malgré  cela,  l'entente  ne  fut  pas  parfaite  entre  In 
corps  de  ville.  Les  commissaires  avaient  retiré  des 
pour  26  hommes  d'armes  et  52  archers,  en  comptai 
archers  par  homme  d'armes.  Au  mois  de  février,  ] 
de  Saint-Martin  réclama  d'autres  vivres  et  de  no 
logements  ;  quelques-uns  des  gens  d'armes  menaçf 
prendre  les  champs  s'ils  n'étaient  avitaillés  conv 
ment.  La  peine  édictée  en  ce  cas  était  grave  cèpe 
il  ne  s'agissait  pour  eux  de  rien  moins  que  d'être 
et  étranglés  par  leurs  gorges.  Touieîoïs,  les  éche> 


—  169  — 

se  défiaient  peut-être  de  la  connivence  de  leurs  chefs 
déclarèrent  que  l'on  chercherait  à  les  satisfaire. 

Le  8  mars,  après  le  départ  des  gens  d'armes^  le  corps 
ordonna  une  enquête  sur  les  exactions  commises  par  eux 
envers  les  marchands,  au  moment  où  ils  allaient  quitter  la 
ville,  et  sur  les  autres  excès  commis  précédemment.  Cette 
enquête,  suivant  la  délibération,  devait  être  adressée  à 
M'"*  de  Montpezat  et  de  la  Trémoille. 

A  la  fin  de  l'année  1536,  une  nouvelle  garnison  fut 
envoyée  â  Niort.  M'^  de  Bonnefons  présenta  une  commis- 
sion cpii  le  chargeait  de  faire  loger  en  Poitou  les  cent 
hommes  d'armes  des  compagnies  Dacier  et  de  Crussol.  Le 
duc  de  la  Trémoille  écrivait  en  même  temps  que  ces  com- 
pagnies venaient  de  servir  le  roiâ  la  conquête  de  la  Savoie. 
M""  de  Bonnefons  vint  à  Niort  et  demanda  â  être  défrayé  ; 
le  corps  lui  alloua  d'abord  20  livres.  Les  délégués  des 
autres  villes  qui  recevaient  partie  de  cette  garnison  se 
réunirent  à  Niort,  pour  faire  la  répartition  des  gens 
d'armes,  et  durent  contribuer  au  paiement  des  dépenses 
que  faisait  le  commissaire  royal  à  l'auberge  du  Dauphin 
oià  il  était  installé.  Ils  donnèrent  pour  leur  part  19  écus  sol; 
restaient  13  écus  qui  furent  payés  sur  l'ordre  du  corps 
de  ville  à  Giraudeau,  hôte  du  Dauphin  (1). 

M''  de  Bonnefons  paraît  avoir  été  un  commissaire  peu 
accommodant.  Le  Corps  lui  offrit  d'abord  douze  écus  pour 
avoir  égard  à  la  ville  et  à  son  ressort.  11  les  refusa;  alors, 
dans  l'assemblée  du  29  décembre  1536,  on  décida  de  lui 
faire  présent  de  trois  rondelles  de  vin,  jusqu'à  concurrence 
de  15  livres,  à  prendre  sur  les  deniers  des  intrants.  Cela 
ne  l'empêcha  pas  de  remontrer  que,  d'après  l'ordonnance 
du  roi  donnée  â  Amboise,  les  vivres  des  gens  d'armes 
devaient  être  exempts  du  huitième,  dixième,  quatrième  et 


(1)  L'auberge  du  Dauphin  était  rue  Saint-Gelais,  à  la  hauteur  de  la 
rue  Vieille-Rose.  A  l'entrôe  de  cette  dernière  se  trouvait  un  puits  appelé 
d'abord  puits  Dauphin,  du  nom  de  lauberge,  puis  ensuite  puits  du 
Relais,  à  cause  du  voisinage  de  la  poste  aux  chevaux. 


—  170  — 

autres  subsides,  et  que  l'on  eût  en  conséquence  b.  déléguer 
un  homme  pour  détailler  aux  gens  d'armes  le  vin  exempt 
d'impôts.  Le  corps  lui  répondit  qu'il  pouvait  se  décharger 
de  ces  impôts  en  achetant  le  vin  en  gros  (1).  Le  commis- 
saire royal  fit  encore  une  autre  réclamation,  et  celle-ci 
était  personnelle  ;  il  prétendit  avoir  droit  à  ses  munitions, 
sans  rien  payer  aux  commissaires  de  ravitaillement.  Les 
échevins  ne  cédèrent  que  dans  une  certaine  mesure  ;  ils 
lui  donnèrent  pour  tout  une  pipe  de  vin  (2).  à  prendre  sur 
les  deniers  des  intrans.  Déjà  ils  en  avaient  donné  une  au 
capitaine  des  gens  d'armes,  présent  d'usage  au  moment 
de  son  entrée  en  garnison  (3).  La  dispense  de  payer  les 
munitions,  qui  avait  été  à  peu  près  refusée  à  jM""  de  Bon- 
nefons,  fut  accordée  au  fourrier  de  la  compagnie  Dacier  (4). 
Le  corps  de  ville  éleva  le  taux  des  logements  beaucoup 
au-dessus  du  tarif  de  l'année  précédente.  Par  délibération 
du  12  décembre  1536,  il  alloua  40  sols  par  mois  pour  un 
homme  d'armes  et  25  pour  un  archer,  afin  d'alléger  les 
frais  de  ceux  qui  logent,  dit  le  procès-verbal.  Malgré  cela, 
il  y  eut  des  réclamations  ;  on  fit  valoir,  entre  autres 
raisons,  qu'à  Fontenay  et  autres  lieux  on  donnait  60  et 
40  sols.  L'échevinage  accorda,  le  17  janvier  1537,  que  les 
logeurs  recevraient  60  sols  par  hom.me  d'armes  et  30  sols 
par  archer.  Les  fonds  devaient  être  levés,  par  une  crue  sur 
la  taille  au  sol  la  livre,  sur  tous  ceux  payant  au  moins 
20  sols  de  taille.  Le  taux  était  donc  triplé  ;  cette  très  grande 
différence  des  tarifs  de  1535  et  1537  fait  croire  que  les 
commandants  de  la  garnison  avaient  imposé  des  exigences 
nouvelles  pour  l(;s  logements.  Toujours  est-il  que  le  corps 
de  ville  prit  des  mesures  pour  s'assurer  au  moins  que  les 

(1)  Assemblée  du  17  janvier  1537. 
{2)  Assemblée  du  23  février  1537. 

(3)  Assemblée  du  25  janvier  1537. 

(4)  Assemblée  du  27  avril  1537.  Sur  sa  requête,  Jehan  Desbordes, 
écuyer,  fourrier  de  la  compagnie  Dacier,  est  exempté  de  payer  ses 
munitions  aux  commissaires  de  ravitaillement  pour  les  mois  précédents 
et  suivants. 


—   171   — 

logements  comptés  étaient  effectifs  ;  le  procureur  syndic 
et  le  secrétaire  reçurent  mission  de  visiter  les  maisons  et 
de  constater  la  présence  des  gens  d'armes  ;  il  leur  fut  taxé 
des  vacations  pour  ce  travail.  Les  registres  contiennent 
plusieurs  procès-verbaux  de  ces  visites. 

Dans  l'année  1537,  les  délégués  \:)0\.\r  le  département  dea 
gens  d'armes  se  réunirent  à  Fontenay,  et  ce  fut  à  Par- 
tlienay  que  furent  convoqués  ceux  qui  devaient  faire  la 
taxe  des  vivres.  Pour  la  première  opération,  les  députés  de 
Niort,  au  nombre  de  six^  furent  absents  cinq  jours,  du 
vendredi  2  février  au  mardi  suivant.  Ils  versèrent  quatre 
écus  d'or  pour  la  quote-part  de  leur  ville  dans  la  dépense 
faite  par  M'  de  Bonnefons.  Quant  à  la  seconde  affaire,  les 
députés  furent  le  maire  et  les  trois  commissaires  de  ravi- 
taillement nouvellement  nommés;  ils  se  rendirent  à  Par- 
thenay  le  24  juillet.  Antérieurement,  dans  une  séance  du 
corps  de  ville  tenue  le  16  juin,  il  avait  été  dit  qu'il  con- 
viendrait de  diminuer  le  prix  du  foin  fourni  par  les 
paroisses  contribuables,  à  cause  de  la  fertilité  de  cette 
année.  Il  fut  arrêté,  à  la  suite  de  cette  proposition,  que 
l'on  en  conférerait  avec  le  lieutenant  du  sénéchal.  On  doit 
conclure  de  là  que  le  prix  payé  par  les  gens  d'armes  était 
inférieur  à  celui  que  la  taxe  accordait  aux  producteurs, 
aux  bonnes  gens,  comme  disaient  les  ordonnances.  Sans 
cela,  on  ne  s'expliquerait  pas  que  l'échevinage  de  Niort 
prît  l'initiative  d'une  réduction  des  prix  d'achat.  Si  la 
ville,  au  contraire,  supportait  la  différence,  elle  y  avait 
intérêt. 

Une  portion  seulement  de  la  compagnie  Dacier  était 
logée  dans  Niort  ;  à  la  fin  de  juin,  le  maire  fut  prévenu 
que  le  capitaine  de  Gavarres  allait  venir  pour  faire  en 
ville  la  montre  de  toute  la  compagnie.  «  Toutes  les  mon- 
tres »,  dit  le  procès  verbal  d'assemblée  du  30  juin,  «  ont 
été  faites  à  Niort,  ainsi  que  l'assiette  de  la  garnison  et  la 
répartition  des  compagnies  Dacier  et  de  Crussol  ;  il  con- 
viendrait que  celle-ci,  qui  sera  encore  à  la  grande  foule 
du  peuple,  eût  lieu  dans  une  autre  ville.  »   Ces  revues 


—  172  — 

étaient  souvent  en  effet  la  cause  de  désordres,  niul^^ré  les 
précautions  extraordinaires  que  prenait  l'échevinage  (1). 
Aussi  fut-il  décidé  que  l'on  enverrait  un  exprès  à  Poitiers 
pour  obtenir  ce  changement.  Le  13  juillet,  le  corps  eut  à 
répondre  à  une  demande  des  gens  d'armes,  en  résidence  à 
Sainte-Hermine,  qui  auraient  voulu  être  logés  à  Niort, 
au  lieu  et  place  de  ceux  de  la  garnison  qui  étaient  absents. 
Les  éclievins  refusèrent,  disant  qu'ils  ne  devaient  le  loge- 
ment qu'à  ceux  qui  avaient  été  ordonnés  être  en  garnison 
à  Niort,  si  ce  n'est  en  cas  de  montre. 

Au  mois  d'octobre,  la  compagnie  Dacier  quitta  Niort; 
le  26  de  ce  mois,  on  votait  15  sols  à  Jehan  Delaunay  qui, 
sur  l'ordre  du  corps,  allait  à  Saint-IMaixent  chercher  la 
dépêche  pour  faire  déloger  les  gens  d'armes. 

La  garnison  de  l'année  1538  donna  lieu  â  des  incidents 
beaucoup  plus  graves  que  les  précédents.  Le  premier 
février,  le  corps  de  ville  délibérait  au  sujet  de  l'avis  qui 
lui  en  avait  été  donné.  La  compagnie  du  sieur  de  Saint- 
Pol,  duc  d'Estouteville,  composée  de  cent  hommes 
d'armes  au  complet,  venait  prendre  ses  quartiers  en 
Poitou.  M'"  de  la  Trémoille  avait  envoyé  le  sieur  de 
Daillon  (2),  l'un  des  gentilshommes  de  sa  maison,  pour 

(1)  Assemblée  du  13  juillet  1535.  Il  est  défendu  aux  enfants  et  com- 
pagnons de  porter  des  armes  par  la  ville,  de  ne  courir  la  nuit  dans  les 
rues  et  sous  les  halles  et  de  ne  faire  aucune  insulte  aux  gens  d'armes  ; 
il  est  enjoint  aux  hôteliers  qui  auraient  ôté  leurs  enseignes  de  les 
remettre  et  de  loger  les  gentilshommes  qui  viennent  à  la  montre. 

Il  est  de."endu  aux  bouchers  d'enchérir  la  viande  et  de  vendre  aux 
étrangers  les  bétes  dont  la  ville  doit  être  fournie,  et  aux  revendeurs 
d'enchérir  leurs  marchandises,  aux  taverniers  d'enchérir  le  vin.  et 
doivent  le  vendre  déchargé  de  tout  droit  de  huitième  et  dixième. 

Assemblée  du  12  mars  1538  Seront  faites  inhibitions  et  défenses  à 
tous  marchands,  hôteliers,  revendeurs,  pannetiers  et  autres  qui  amènent 
vivres  pour  vendre  en  cette  ville  de  ne  pas  les  enchérir  à  cause  de  la 
montre  des  gens  d'armes,  mais  de  les  vendre  à  prix  raisonnable  ; 
autrement  sera  prompLement  pourvu  aux  dits  prix  à  peine  de  confiscation 
et  d'amende. 

(2)  Les  de  Daillon  sont  plus  connus  sous  le  nom  de  du  Lude.  C'est 
Guy  de  Daillon,  comte  du  Lude,  qui  assiégea  Niort  pendant  les  guerres 
de  religion,  en  1569. 


—  173  — 

faire  le  département  ;  celui-ci  avait  établi  pour  les  vivres 
un  règlement,  dont  les  procès-verbaux  d'assemblée  repro- 
duisent les  traits  principaux  :  «  Les  logis  et  ustensiles 
des  dits  hommes  d'armes  seront  payés  par  les  dites 
paroisses  (1),  selon  leur  regard  ;  il  est  ordonné  que  les 
munitions  pour  les  gens  d'armes  seront  par  mois  de 
25  quintaux  de  foin,  25  quintaux  de  paille,  50  boisseaux 
d'avoine,  mesure  de  Niort,  12  charges  de  bois  en  hiver  et 
8  en  été  ;  aux  archers,  il  sera  donné  moitié.  Pour  chaque 
quintal  de  foin,  il  sera  remboursé  2  sols  tournois  ;  pour 
chaque  boisseau  d'avoine,  12  deniers.  »  Les  échevins 
étaient  invités  à  nommer  des  commissaires  pour  ravitail- 
lement M''  de  Daillon,  ainsi  que  le  maréchal  des  logis  et 
le  fourrier,  voulaient  être  défrayés  des  dépenses  qu'ils 
avaient  faites  dans  la  ville,  lors  du  département  (2).  Le 
maréchal  des  logis  entendait  placer  lui-même  les  gens 
d'armes,  sans  recevoir  les  logements  fixés  par  l'adminis- 
tration communale. 

Le  corps  de  ville  se  mit  en  mesure  de  donner  satisfaction 
il  ces  demandes  qui,  sans  nul  doute,  excédaient  la  lettre  et 
l'esprit  des  ordonnances.  Le  secrétaire,  Jehan  Chalmot, 
passa  cinq  journées  pour  les  assignations,  expéditions  et 
pour  le  bien  public.  Il  requit^  â  l'assemblée  du  22  février, 
taxe  de  ses  vacations,  en  considération  du  travail  qu'il 
avait  eu  et  de  ce  que  ses  gages  étaient  moindres  de  tous 
les  officiers  de  la  ville ^  voire  même  des  sergents.  On  lui 
alloua  pour  ce  travail  extraordinaire  60  sols. 

(1)  La  liste  n'en  est  pas  aux  registres. 

(2)  Jacques  Sarreau,  hôte  de  Saint-François,  remit  le  détail  suivant 
des  dépenses  faites  dans  son  auberge  . 

Le  commissaire,  le  maréchal  des  logis  et  le  fourrier,  au  nombre  de 
sept  hommes  et  sept  chevaux,  restèrent  le  samedi  et  dimanche  jusques 
après  déjeuner  ;  soit  15  sols  par  homme  et  par  cheval.  Total  :  i05  sols. 
Le  secrétaire  et  le  sieur  Barraull  sont  restes  pendant  cinq  jours  et  ont 
fait  chez  lui  20  tables  à  4  sols  la  table,  compris  la  chandelle  et  le  bois. 
Total:  4  livres.  Plus  6  tables  de  Jehan  Berthelin  l'aîné,  Régnier, 
Garnier,  Pierre  Leraoyne,  appelés  par  le  commissaire,  qui  sont  24  sols 
et  6  tables  du  secrétaire  et  du  sieur  Barrault  pour  le  samedi  et  dimanche 
matin  qui  sont  24  sols. 


—  17/i  — 

La  compagnie  de  Saint-Pol  était  des  plus  indisciplinées. 
Dès  le  mois  de  mars,  les  hommes  se  mirent  à  tenir  les 
champs,  sans  vouloir  retourner  à  leurs  garnisons,  à  moins 
qu'on  ne  les  fournit  de  vivres  pour  eux,  leurs  serviteurs  et 
leurs  chevaux,  sans  rien  payer  jusqu'à  la  montre  pro- 
chaine. Le  corps  employa  le  moyen  habituel  ;  il  décida, 
le  12  du  mois,  que  l'on  ferait  présent  au  maréchal  des  logis 
de  trois  barriques  de  vin  de  la  Foye-Monjault  à  100  sols  la 
barrique  ou  d'un  marc  d'argent,  s'il  le  préférait,  joowr  sou- 
lager la  ville  autant  qu'il  le  pourrait.  En  même  temps, 
on  dépécha  Jehan  Chalmot  vers  le  duc  de  la  Trémoille^ 
avec  mission  de  solliciter  de  lui  les  mesures  convenables 
pour  faire  rentrer  les  gens  d'armes  dans  la  garnison  et  les 
forcer  de  recevoir  leurs  vivres  selon  l'ordonnance  de  M'"  de 
Daillon. 

Les  gens  d'armes  ne  rentrèrent  point  dans  leurs  quar- 
tiers, pas  tous  au  moins.  Le  2  juin,  un  certain  nombre 
battaient  encore  la  campagne,  commettant  des  oppressions 
et  exactions  sur  le  pauvre  peuple,  et  ce  jour-là  les  échevins 
faisaient  commencer  une  information  sur  ces  désordres. 
Le  lieutenant  de  la  compagnie,  M""  de  la  Faiolle,  était 
cependant  venu  à  Niort  prendre  le  commandement  jusque- 
là  exercé  par  le  maréchal  des  logis  ;  on  avait  décidé,  pour 
se  le  rendre  favorable,  que  chaque  jour  il  lui  serait  envoyé, 
aux  frais  de  la  ville,  quatre  grands  pots  de  vin  à  chaque 
repas.  Dans  le  mois  précédent,  la  compagnie  avait  été 
réunie  pour  la  montre  générale  ;  il  avait  même  été  question 
de  faire  cette  revue  à  Niort  dans  le  temps  de  la  foire  de 
mai.  Les  échevins,  efîrayés  du  désordre  que  pouvait  causer 
ce  rassemblement  de  soudards  en  ce  moment  d'affluence, 
gratifièrent  le  maréchal  des  logis  de  dix  écus  sol,  lui 
promettant  en  outre  qu'il  recevrait  tous  ses  vivres  sans 
payer,  s'il  obtenait  que  la  montre  eût  lieu  dans  une  autre 
ville. 

Dans  l'intervalle,  il  s'était  produit  d'autres  faits  au  pré- 
judice de  Niort  et  des  villes  du  Poitou  qui  avaient  aussi 
garnison.  M""  de  la  Trémoille,  après  avoir  reçu  le  secrétaire 


—  175  — 

de  l'hôtel  de  ville,  député  auprès  de  lui,  l'avait  renvoyé  à 
M""  de  Daillon  qui  fit  alors,  sans  doute  pour  apaiser  les 
gendarmes,  une  taxe  des  vivres,  dont  le  taux  était  excessif 
et  à  la  foule  da  pauvre  peuple  {1).  L'exaction  était  telle 
que  les  villes  intéressées  résolurent  d'envoyer  en  cour 
pour  obtenir  réforme  de  ce  tarif.  Parthenay  et  Saint- 
Maixent  promirent  40  écus  pour  leur  part  des  frais  de 
députation  ;  Niort  20  écus,  plus  10  pour  Fontenay  qui  ne 
voulait  pas  contribuer.  Le  rendez-vous  des  délégués  était 
à  Poitiers.  Le  receveur,  qui  était  allé  dans  cette  ville  pour 
y  porter  les  30  écus,  revint  le  9  avril  et  annonça  que  le 
voyage  avait  manqué  par  l'absence  du  lieutenant  de  la 
justice,  que  cependant  il  s'était  entendu  avec  M'"  de  Saint- 
James,  procureur  du  roi  â  Poitiers,  qui  allait  en  cour  pour 
les  affaires  de  la  ville.  Ce  dernier  s'était  chargé  de  la  lettre 
du  sénéchal,  et  on  lui  avait  promis  30  écus  s'il  obtenait 
une  réponse  favorable,  savoir  :  15  de  la  part  de  Niort  et 
15  de  celle  de  Saint-Maixent. 

Il  est  probable  qu'il  fut  fait  droit  dans  une  certaine 
mesure  aux  plaintes  des  villes  du  Poitou,  car,  le  22  mai, 
M""  de  la  Trémoille  adressa  de  son  cliâteau  de  Thouars  une 
ordonnance  nouvelle  sur  les  vivres,  plus  équitable,  comme 
le  prouve  une  délibération  du  corps  du  30  mai.  Le  lieute- 
nant de  la  Faiolle  requérait  que  les  vivres  fussent  fournis 
aux  gens  d'armes  selon  le  dernier  taux  fait  par  M*"  de 
Daillon.  On  lui  répondit  que  la  livraison  serait  effectuée 
suivant  le  règlement  du  22  mai  et  que,  si  les  gens  d'armes 
y  contrevenaient,  ce  serait  â  leurs  risques  et  périls. 

Les  registres  s'arrêtent  là,  et  nous  ne  savons  pas  si  la 
garnison  de  1538  présenta  d'autres  incidents.  Jusqu'à  la 
période  des  guerres  de  religion,  les  choses  durent  se  passer 
à  Niort  à  peu  près  de  même,  sauf  quelques  variantes  ;  nous 
n'avons  du  reste  aucuns  documents  à  ce  sujet,  les  papiers 
secrétariaux  présentant  ici  une  lacune  de  près  de  trente 

(1)  Les  registres  de  l'hôtel  de  vilie  ne  produisent  aucun  chitTre  à  cet 
égard. 


—  176  — 

années.  La  guerre  civile  interrompit  nécessairement  le 
régime  régulier  des  garnisons,  mais  il  est  remarquable 
qu'après  la  pacification,  et  pendant  plusieurs  années,  la 
ville  de  Niort  ait  été  dispensée  de  recevoir  des  troupes  en 
subsistance.  Les  registres  de  1600  à  1625  ne  contiennent 
aucune  désignation  précise  de  corps  ou  compagnies  logées 
à  Niort,  comme  nous  l'avons  vu  de  1.535  à  1538  et  comme 
nous  le  verrons  encore  après  1630;  ils  ne  mentionnent 
d'autres  venues  de  gens  de  guerre  que  celles  nécessitées 
par  les  troubles  qui  eurent  lieu  pendant  la  minorité  de 
Louis  XIII,  et  se  renouvelèrent  avec  plus  ou  moins  de 
violence  jusqu'à  la  prise  de  la  Rochelle.  Il  y  avait  cepen- 
dant la  garnison  permanente  du  château,  et  quelques-uns 
des  hommes  qui  en  faisaient  partie  étaient  peut-être  logés 
en  ville.  C'est  à  ceux-ci  et  aux  troupes  de  passage  que 
peuvent  s'appliquerles  termes  d'une  délibération  du  2  mars 
1601.  Le  corps  fait  valoir,  à  l'appui  de  ses  réclamations 
contre  l'impôt  de  ]'à pancarte,  que  les  h?ihit?ints  ont  toujours 
eu  les  soldats  et  gens  de  guerre  logés  en  leurs  maisons  et 
en  ont  encore.  Dans  les  années  qui  suivirent  la  réduction 
de  la  Rochelle,  de  1630  à  1632,  Niort  fut  ravagé  parla 
peste  et  le  moment  n'était  pas  opportun  pour  y  rétablir  des 
garnisons.  En  fin  décompte,  après  l'interruption  que  nous 
venons  d'indiquer,  la  ville  ne  parait  avoir  eu  de  troupes 
en  quartiers,  avec  une  certaine  continuité,  que  depuis 
1634.  Un  procès-verbal  d'assemblée  de  1642,  concernant 
des  violences  commises  par  les  soldats  du  régiment  de 
Périgord,  détermine  incidemment  cette  date  par  un  détail 
rétrospectif  (1). 

(1)  Assemblée  du  7  février  lG'i2 Le  dict  seigneur  de  Villemontée 

sera  veu  de  la  part  de  ceste  coramunaulté  ..  les  dicts  députez  lui  feront 
entendre  les  grandes  plainctes  que  toute  ceste  ville  a  subjectde  faire  des 
cinq  compaignies  du  régiment  de  Périgord  qui  ont  commis  en  ceste 
■ville  des  assassinats,  vols  et  violences. .  sera  supplié  d'en  descharger  ceste 
ville  qui  a  toujours  souffert  des  lorjements  pendant  sept  à  huict  ans..^ 
qu'il  lui  plaise  aussy  enipescher  le  logement  des  gardes  de  Mgr  de  la 
Meilleraye,  parce  que  ce  seroit  accabler  entièrement  ceste  ville,  la  com- 


—  177  — 

Une  délibération  bien  antérieure,  du  19  juin  1G25, 
contient,  il  est  vrai,  des  plaintes  très  vives  de  l'échevinage 
contre  les  excès  des  gens  de  guerre  ;  mais,  d'après  sa 
teneur  (1),  il  s'agit  de  troupes  cantonnées  en  dehors  de  la 
ville.  Les  plaintes  de  cette  nature  reviennent  fréquemment 
dans  les  registres;  les  populations  avaient  en  effet  beaucoup 
à  souffrir  des  brigandages  des  gens  de  guerre,  bien  que 
les  peines  portées  contre  eux  par  les  règlements  mili- 
taires fussent  des  plus  sévères.  Il  n'y  en  avait  guère 
d'autre  que  la  mort,  rendue  seulement  plus  atroce  pour 
les  cas  les  plus  graves.  Un  des  supplices  usités  était 
V estrapade^  qui  consistait  à  hisser  le  patient  au  haut 
d'une  potence,  d'où  on  le  laissait  retomber  avec  une  telle 
force  qu'il  se  brisait  les  membres  sur  le  sol.  Les  villes  de 
garnison  fournissaient  l'instrument  qui,  sans  doute^  était 
dressé  en  permanence  comme  épouvantail.  Nous  avons  aux 
registres  de  1640  le  montant  de  la  dépense  qu'ordonna  le 
corps  de  ville  pour  l'estrapade  des  gens  de  guerre  (2). 

En  dépit  du  caractère  draconien  des  ordonnances,  les 

paignie  des  dicts  gardes  n'ayant  de  subsistance,  ny  de  fonds  pour  ses 
estappes,  ainsy  qu'il  a  esté  faict  entendre  par  le  sieur  de  Foucaud, 
capitaine  de  la  dicte  compagnie. 

(1)  Assemblée  du  19  juin  1625.  Ont  esté  nommez  à  la  pluralité  des 

voix  les  dicts  Laiguillier,  esclievin, pour  eux  se  transporter  vers  le 

maréchal  de  Praslin sur  fait  de  violences  qui  se  commettent  par  les 

gens  de  guerre  dans  les  bourgades,  villages  circonvoisins ,  que  même 
sur  les  grands  chemins  les  pauvres  villageois  n'osent  plus  passer  pour 

aller  au  marché  et  à  leurs  atfaires La  somme  de  dix  livres  leur  sera 

allouée  pour  ce  voyage. 

(2)  Assemblée  du  30  mars  16i0.  Sur  la  proposition  d'ordonner  du 
payement  de  la  somme  de  33  livres  4  sols  à  Jacques  Morin,  Thomas 
Giraud  et  Zacharie  Garnaud  pour  avoir  fourny  des  bois  et  des  choses 
nécessaires  pour  faire  une  estrapade  pour  les  gens  de  guerre 
cy  devant  en  garnison  en  ceste  ville,  ainsy  qu'il  appert  de  l'arrest  des 
commissaires  nommez  par  le  corps,  du  sixiesme  juin  1639,  est  délibéré 
par  tous  et  par  nous  conclud  à  la  pluralité  des  voix  que  la  somme  de 
33  livres  4  sous  sera  payée  par  le  recepveur  des  denyers  communs  et 
d'octroy,  auquel  elle  sera  allouée  raporlant  la  partie  et  acquit  des  dicls 
Morin,  Giraud  et  Garnaud. 

12 


—  178  — 

désordres  de  toute  sorte,  les  attentats  contre  les  personnes 
et  les  biens  étaient  trop  fréquents,  là  où  il  y  avait  une 
garnison  ou  un  cantonnement  de  troupes.  Les  officiers 
montraient  une  grande  tolérance  et  repoussaient  le  plus 
souvent  les  justes  plaintes  des  habitants  et  des  autorités 
locales.  L'esprit  de  corps  était  certainement  pour  beau- 
coup dans  ce  mépris  habituel  des  réclamations,  mais  on 
peut  croire  aussi  que  la  cruauté  des  châtiments  édictés 
allait  contre  son  but.  Les  chefs  se  refusaient  à  reconnaître 
la  culpabilité  de  leurs  hommes,  lorsque  la  peine  était 
excessive  et  hors  de  proportion  avec  les  faits  punissables. 
L'autorité  supérieure^  en  pareil  cas,  donnait  habituel- 
lement raison  aux  chefs  de  corps. 

Le  premier  essai  d'éclairage  sous  les  halles  fut  motivé^ 
ainsi  que  nous  l'avons  exposé  dans  un  chapitre  précédent, 
par  les  violences  que  commettaient  les  soldats  du  régiment 
de  Périgord,  logés  à  Niort  en  1642.  La  lettre  du  roi  qui 
ordonnait  cette  garnison  est  insérée  aux  registres  de  l'hôtel 
de  ville  (1),  et  sa  teneur  nous  montre  que  le  système  pour 
l'entretien  des  troupes  en  garnison  n'avait  pas  changé 
depuis  François  premier.  Le  roi  enjoignait  d'assurer  le 
logement  et  la  subsistance  des  hommes  moyennant 
remboursement  de  la  valeur  des  vivres.  En  effet,  les 
règlements  de  cette  époque  ne  présentent  aucune  diffé- 
rence sensible  avec  ceux  de  1530.  Il  était  stipulé  une  taxe 
des  vivres,   suivant  le  prix  des  trois  derniers  marchés 

(1)  Assemblée  du  27  décembre  16il.  A  nos  chers  et  bien  amez  les 
mayre  et  eschevins  de  Nyort  de  par  le  Roy  : 

«  Chers  et  bien  amez,  ayant  ordonné  que  l'assemblée  des  cinq  com- 
paignies  du  régiment  de  Périgord,  lesquelles  l'on  remet  sur  pied,  sera 
taicte  à  Nyort,  nous  vous  mandons  et  enjoignons  par  cette  lettre  que 
vous  receviez  et  logiez  les  officiers  et  soldats  eiïectifs  des  d.  compaignies 
à  mesure  qu'ils  arriveront  au  d.  lieu  et  leur  fourniss'ez  les  vivres 
nécessaires  j^endant  le  temps  ciu'il  y  séjourneront  en  payant,  sans 
que  vous  soyez  tenus  de  leur  fournir  an  Ire  chose,  si  ce  n'est  le  couvert 
chez  les  hostes,  une  place  à  leur  feu  et  à  leur  chandelle.  N'y  faictesdonc 
faulte,  car  tel  est  nostre  plaisir.  Donné  à  Saint-Germain-en-Laye  le 
xxii™«  jour  de  novembre  1641.»  Sicjné  :  Loiis  et  plus  bas  IIurlet. 


—  179  — 

passés  avant  l'entrée  des  troupes  dans  la  garnison^  avec 
les  maires  et  eschevins  des  villes,  syndics  et  principaux 
habitants  des  autres  lieux  (1).  Les  officiers  et  soldats 
devaient  payer,  conformément  au  tarif  arrêté,  les  vivres 
qui  leur  seraient  fournis. 

Des  changements  considérables  à  cet  égard  furent 
successivement  introduits  sous  le  règne  de  Louis  XIV. 
D'abord,  en  ce  qui  concernait  les  troupes  de  passage^  les 
corps  de  ville  ne  furent  plus  tenus  de  pourvoir  directement 
à  leur  subsistance.  Un  habitant  prenait  à  forfait  la  fourni- 
ture de  Vétape  et  faisait  l'avance  des  fonds,  qui  lui  étaient 
remboursés  plus  ou  moins  exactement;  si  cependant  il  ne 
se  rencontrait  pas  de  soumissionnaire,  chacun  de  ceux  qui 
logeaient  devait  fournir  les  vivres,  sauf  à  être  indem- 
nisé plus  tard.  L'indemnité  était  alors  imputée  en  bloc 
sur  le  produit  de  la  taille  (2),  puis  répartie  parles  soins  du 
maire.  Les  choses  se  pratiquaient  ainsi  pour  les  passages 
ou  les  séjours  de  peu  de  durée.  Plus  tard,  il  y  eut  des 
étapiers  établis  à  poste  fixe  par  diverses  ordonnances,  dont 
la  première  est  du  27  mars  1668.  Les  habitants  devaient 
toujours  faire  l'avance  des  vivres  ;  l'étapier  en  remettait  le 
prix,  suivant  un  taux  déterminé,  aux  mains  des  maire  et 
eschevins  qui  faisaient  la  distribution  entre  les  intéressés  (3). 

(1)  Règlement  Tpour  les  subsistances  et  la  police  des  gens  de 
guerre  p:ndant  l'hiver.  Paris,  4  décembre  1651.  (iîecueii  d'Isambert, 
t.  xvn,  p.  275.) 

(2)  Assemblée  générale  des  habitants,  du  9  décembre  166i.  On 
annonce  le  passage  d'une  compagnie  d'infanterie;  il  s'agit  de  fournir 
l'étape  pendant  huit  jours,  à  la  charge  de  remboursement  à  celui  qui  en 
fera  l'avance  ou  estre  déduicle  sur  le  fonds  des  tailles  de  l'année 
1666. 

Aucun  habitant  ne  veut  prendre  l'étape.  Arrêté  que  les  soldats  seront 
logés  es  maisons  des  paroissiejis,  lesquels  gouverneront  l'étape 
suivant  et  conformément  à  l'ordonnance  de  Sa  Majesté  et  de  M^  l'in- 
tendant. 

(3)  Assemblée  du  28  juillet  167'2.  Le  maire  fait  donner  décharge  à 
lui,  ainsi  qu'aux  sieurs  Louveau,  Guyot,  son  prédécesseur,  Chebrou, 
secrétaire,  d'étapes  reçues  du  sieur  Thibault,  estapier,  étapes  dont  la 
distribution  a  été  faite  publiquement  aux  habitants  qui  avaient  eu  des 
logements  à  fournir, 


—  180  — 

Quant  â  l'entretien  des  corps  en  garnison,  l'innovation  fut 
plus  importante  et  fort  au  détriment  des  contribuables. 
Le  pouvoir  royal  arriva,  par  la  création  d'un  impôt  nou- 
veau et  spécial  sous  le  nom  d'ustensile,  â  mettre  presque 
entièrement  à  la  charge  des  habitants  la  nourriture  des 
troupes  qui  prenaient  leurs  quartiers  dans  les  dififérentes 
villes  du  royaume. 

Les  ordonnances  du  20  octobre  1674  et  du  premier 
février  1675  fixèrent  la  contribution  de  l'ustensile  à  cinq 
livres  par  jour  pour  une  compagnie  de  50  hommes  de 
pied  (1).  Il  y  avait  un  taux  plus  élevé  pour  les  chevau- 
légers  et  les  dragons.  Cet  impôt  était  levé  au  sol  la  livre 
sur  le  rôle  des  tailles,  et  l'argent  encaissé  par  le  receveur 
des  deniers  communs  ;  les  états  en  étaient  dressés  par  le 
maire  assisté  de  quelques  échevins  et  pairs.  Le  corps  de 
ville,  ainsi  chargé  de  la  collecte  des  fonds,  devenait 
responsable  de  leur  rentrée. 

La  règle  de  répartition  proportionnelle  à  la  taille 
n'était  pas  du  reste  absolue.  Nous  avons  à  ce  sujet  une  lettre 
de  M''  de  Marillac  (2),  intendant  de  la  province,  qui  pres- 

(1)  Les  premières  ordonnances  en  cette  matière  faisaient  le  partage 
des  cinq  livres  de  l'ustensile  comme  suit  :  le  lieutenant  recevait  6  sols,  le 
sous-lieutenant  4  sols,  l'aide-major  un  sol,  le  capitaine  4  livres  9  sols 
dont  il  disposait  pour  sa  compagnie. 

(2)  «  A  Poitiers,  le  lî*^  de  novembre  1676 

«  Je  vous  envoie  mon  ordonnance  pour  ce  qui  concerne  le  logement 
et  l'ustensile  des  six  compagnies  qui  doibvent  tenir  garnison  dans 
votre  ville.  Il  faut  que  vous  l'observiez  exactement  et  que  vous 
m'informiez  de  ce  que  vous  ferez  pour  son  exécution,  et  quoique  j'aye 
marqué  qu'il  fallait  faire  Vinniosilion  de  l'ustensile  au  sol  la  livre, 
néantmoins  j'esiime,  ce  que  je  n'ay  peu  mettre  dans  mon  ordon- 
nance, que  vous  devez  soulager  ceux  qui  logent  actuellement  et 
charger  davantage  les  veufves  et  autres  qui  ne  logeront  pas.  Vous 
pouvez  en  faire  un  résultat  à  votre  maison  de  ville  et  me  l'envoier  de  la 
part  de  la  ville  pour  l'aprouver,  ce  que  je  feray  ;  ce  sera  un  expédient 
pour  donner  des  aydes  à  ceux  qui  logeront,  ce  qui  ne  seroit  pas  facile  à 
faire  d'une  aultre  manière,  à  cause  que  le  Roy  entendant  que  le  soldat 
ne  prenne  chez  son  hoste  que  le  feu  et  la  chandelle  avec  le  lict  et  qu'il 
se  nourrisse  de  sa  solde,  on  ne  pourroit  pas  supposer  ouvertement  qu'il 


—  181  — 

crit  au  corps  certains  tempéraments  à  apporter  dans  la 
pratique,  laisse  entrevoir  en  même  temps  les  extorsions 
qui  étaient  commises  par  les  soldats  logés  chez  l'habitant 
et,  faut-il  ajouter,  nullement  à  l'insu  des  chefs  militaires, 
ni  de  l'autorité  supérieure. 

L'ustensile  n'était  dû  en  principe  que  pour  une  garnison 
effective;  mais  le  gouvernement  royal,  par  des  actes  d'un 
arbitraire  excessif,  trouva  moyen  de  faire  payer  l'ustensile 
et  au  delà  par  les  villes  auxquelles  il  faisait  la  faveur  de  les 
débarrasser  de  leurgarnison  avant  le  terme  fixé  et  annoncé 
lors  de  son  arrivée.  Il  exigeait  le  paiement  immédiat  de 
l'ustensile  pour  tout  le  temps  qui  restait  à  courir,  et 
en  plus  une  gratification  aux  officiers  et  bas  officiers. 
C'est  ce  qui  se  pratiqua  à  Niort  pour  le  bataillon  de 
Champagne^  au  sujet  duquel  M'"  de  Marillac  avait  écrit  sa 
lettre  du  12  novembre  1676. 

Peu  après  cette  date,  le  bataillon  arriva;  il  y  avait  six 
compagnies.  Leur  installation  fut  accompagnée  des 
désordres  habituels.  Les  officiers  avaient  refusé  de  laisser 
compter  les  hommes  et,  par  ce  moyen,  les  soldats  avaient 
surpris  plus  de  billets  de  logement  qu'il  n'y  avait 
d'effectif.  C'était  un  procédé  usité  pour  battre  monnaie; 

en  coustàt  davantage  à  l'hoste,  qui  se  trouvera  soulage  en  payant  moins 
d'ustensile.  Faites  un  pied  raisonnable  sur  lequel  vous  croiriez  qu'il 
fallût  imposer  sur  ceux  qui  logeront  et  sur  ceux  qui  ne  logeront  pas,  et 
je  l'examineray  après  que  vous  me  l'aurez  proposé  pour  l'aprouver. 

«  Je  sais  que  vous  avez  dans  votre  corps  de  ville  plusieurs  parti- 
culiers que  vous  appelez  des  pairs,  qui  sont  domiciliés  à  la  campagne 
et  qui  se  réservent  toujours  les  honneurs  et  prérogatives  de  celte 
fonction,  et  comme  il  n'est  pas  juste  qu'ils  soient  du  corps  pour  en  avoir 
les  advantages,  sans  en  porter  les  charges,  faites  moi  savoir  s'ils  ne  sont 
pas  résolus  à  porter  leur  part  de  cet  ustensile,  car  je  donneray  une 
ordonnance  par  laquelle  ils  seront  deschus  de  leur  place  au  corps  de 
ville  par  provisions,  pour  eslre  remplies  d'aultres  personnes,  pendant 
que  je  donneray  advis  à  Sa  Majesté  pour  y  statuer  définitivement. 

«  Je  vous  adresse  des  paquets  que  vous  rendrez  au  commandant  du 
bataillon  de  Champagne,  quand  il  arrivera  dans  votre  ville. 

«  De  Marillac  « 
Pour  il/i-  le  maire  de  la  ville  de  Niort. 


—  182  — 

ils  présentaient,  dans  quelques-nnes  des  maisons  indi- 
quées, les  billets  qui  étaient  en  sus  et  se  faisaient  donner 
de  l'argent  pour  s'en  aller.  ]\Iéme  en  cas  de  logements 
exactement  distribués,  ils  pouvaient  encore  frauder  et  y 
réussissaient  avec  la  connivence  de  leurs  chefs  ;  ils  quit- 
taient, moyennant  finance,  la  maison  assignée  et  se  ren- 
daient dans  celle  occupée  par  un  des  officiers,  en  se  faisant 
passer  pour  être  de  ses  valets  ou  de  son  équipage;  s'ils 
n'étaient  pas  démentis,  bon  gré  mal  gré  il  fallait  les  recevoir. 
Le  corps  de  ville  réclamait,  déclarait  en  assemblée  que  les 
sommes  surprises  seraient  versées  à  l'hûpitel,  faisait  même 
défense  aux  habitants  de  composer  avec  les  soldats,  sous 
peine  de  20  livres  d'amende,  également  en  faveur  de 
l'hôpital  (1)  ;  ce  n'étaient  que  vaines  paroles.  Les  hommes 
commettaient  des  excès,  volaient  du  linge  et  de  la  vais- 
selle ;  les  officiers  refusaient  justice  et  empêchaient  même 
les  échevins  de  faire  faire  patrouille  par  la  milice  urbaine, 
disant  qu'ils  s'y  opposeraient  par  la  force.  Aussi  le  corps 
de  ville  multipliait  les  démarches  pour  obtenir  le  départ 
du  bataillon. 

Environ  trois  mois  après  leur  entrée,  les  six  compagnies 
qui  avaient  été  mises  en  quartier  à.  Niort  pour  150  jours 
furent  envoyées  ailleurs,  mais  non  sans  conditions,  comme 
nous  allons  le  voir.  Le  tout  est  détaillé  dans  une  lettre  de 
M''  de  Marillac  (2),   qui  est  un  parfait  modèle  d'exaction. 

(1)  Assemblée  du  31  décembre  1676. 

(2)  «  Chauvigny,  ce  30'"'=  janvier  1677. 

«  J'ai  reçiL  hier  arrivant  ici  les  ordres  du  Roy  pour  faire  partir  les 
compagnies  qui  sont  dans  votre  ville,  et  les  ordres  que  j'ay  reeeus 
portant  de  faire  paier  aux  troupes  toutte  l'ustancille  des  150  jours  et  de 
leur  faire  paier  le  quart  de  leur  profict  de  leur  quartier  d'hyver,  voici  à 
quoy  j'estime  cela.  Le  profict  que  jay  accordé  aux  capitaines  est  de  faire 
nourrir  leurs  soldats;  j'estime  cette  nourriture  à  4  sols  par  jour;  c'est 
donc  un  sol  par  jour  qu'il  leur  faut  paier.  Il  y  a  deux  mois  encore  de 
quartier  d'hyver;  il  faut  donc  que  chaque  hoste  qui  nourrissait  paie  un 
escu,  et  cela  revient  à  50  escus  par  compagnie  que  je  vcus  ordonne  de 
lever  incessamment  sur  les  hostes  et  de  paier  à  chaque  capitaine  ou  à 
chaque  commandant  des  compagnies  qui  sont  dans  votre  ville,  c'est-à- 


—  183  — 

Il  s'agissait  pour  la  ville  de  payer,  en  plus  des  4,500  livres 
auxquelles  aurait  monté  l'ustensile  durant  cinq  mois,  près 
d'un  millier  de  livres  de  supplément.  On  ne  put  colUger 
l'argent,  mais  le  receveur  avança  une  partie  de  la  somme 
et  un  marchand  prêta  le  reste  ;  avant  tout  il  fallait  obtenir 
le  délogement  des  soldats.  J^a  quittance  du  chevalier  de 
Verdusan,  commandant  du  bataillon,  pour  les  900  livres  de 
gratification  aux  capitaines  est  attachée  au  registre.  Dans 
cette  même  année,  le  maire  déboursa,  pour  la  descharge 
de  la  ville  de  quelques  passages  de  gens  de  guerre,  une  fois 
onze  écus,  d'autres  fois  deux  écus  et  même  un  seulement. 
Le  corps  lui  alloua  ces  sommes  sans  discussion  (1);  cela 
concernait  sans  doute  des  passages  de  petits  détachements 
qui  devaient  séjourner  une  seule  nuit  à  Niort.  On  s'arran- 
geait avec  le  chef  pour  qu'il  allât  prendre  gîte  ailleurs. 

Les  habitants  du  port  et  ceux  de  la  paroisse  de  Sainte- 
Pezenne,   dont  les    maisons    continuaient   le  faubourg. 


dire  qu'il  faut  paier  cela  le  lendemain  que  vous  aurez  reçu  ordre,  sans 
regarder  si  les  compagnies  sont.complettes  ou  non  ;  si  elles  ne  l'ont  pas 
esté,  sans  raisonnement  quelconque.  Car  les  troupes  ne  partiront  pas 
que  cela  ne  soit  pait\  et  votre  ville  répondrait  au  Roy  du  retardement  de 
leur  départ.  Il  faut  donc  advancer  les  deux  moisd'ustancille  de  février  et 
de  mars  et  payer  50  écus  par  compagnie  aux  capitaines  et  commandants, 
et  rien  de  plus. 

«  A  l'égard  des  subalternes,  il  faut  que  leurs  hostes  leur  donnent 
chacun  deux  ou  trois  pistoUes,  selon  les  facultés  de  l'hoste. 

«  Il  faut  que  les  plus  forts  de  votre  ville  advancent  ces  sommes,  ou 
que  vous  trouviez  entin  un  expédient  pour,  le  faire.  Il  faudra  d'abord  Jaire 
aller  par  la  ville  et  faire  entendre  aux  hostes  qu'en  paiant  un  escu 
chacun  ils  seront  délivrés  de  leurs  soldats,  et  à  ceux  qui  doibvent 
l'ustancille  qu'en  payant  d'avance  les  deux  mois  on  sera  délivré  des 
troupes  ;  par  là  vous  tirerez  de  l'argent,  et  le  surplus  pour  parfaire  ce 
qu'il  faudra  pour  le  payement  des  sommes  cy-dessus  marquées  doibt 
estre  advancé  par  les  i)liis  forts  de  la  ville,  et  je  promets  de  faire  rem- 
bourser cela  par  ceux  (jui  le  debvront  et  de  les  y  contraindre  par  garni- 
son; cette  lectre  vous  servira  d'ordre  comme  si  elle  estoit  en  forme; 
c'est  pourquoy  n'y  faictes  faulte. 

«  De  Marillac.  » 

(1)  Assemblée  du  19  mars  1677. 


—  ISli  — 

voulurent  se  faire  exempter  des  logements  militaires  im- 
posés â  la  ville,  attendu  qu'ils  ii  en  faisaient  pas  partie. 
L'échevinage  de  Niort  était  fort  intéressé  â  repousser 
leur  prétention  et  combattit  auprès  de  l'intendant  cette 
requête  (1),  qui  en  effet  ne  fut  pas  admise. 

Le  procédé  que  nous  venons  de  voir  employé  à  Niort, 
d'exiger  l'ustensile,  non  comme  prix  de  l'entretien  d'une 
garnison,  mais  à  titre  de  rançon  pour  en  délivrer  la  ville, 
fut  amplifié  et  généralisé  â  la  fin  de  1677.  Le  deux 
octobre,  le  corps  recevait  la  signification  d'un  ordre  du 
marquis  de  Louvois,  en  vertu  duquel  les  villes  qui  vou- 
draient être  dispensées  du  quartier  d'hiver,  au  lieu  de 
payer  unedemi-pistole  par  compagnie  et  par  jour,  devraient 
payer  le  double., Niort  était  coté  à  13  compagnies,  soit 
130  livres  à  verser  par  jour.  L'assemblée  décida  que  l'on 
demanderait  modération,  en  raison  des  sommes  dépensées 
pour  la  réparation  du  château  ^  de  celles  exigées  pour 
la  taxe  des  arts  et  métiers,  de  la  taille  excessive  et  des 
charges  de  la  dernière  garnison,  celle  du  bataillon  de 
Champagne.  Enfin  les  récoltes  de  l'année  étaient  mau- 
vaises ;  cela  était  exact,  car,  par  ordre  du  roi,  du 
30  octobre,  c'est-à-dire  un  mois  plus  tard,  l'exportation 
du  blé  fut  interdite. 

L'un  des  pairs,  le  sieur  Berault,  fut  envoyé  à  Poitiers  (2), 
pour  supplier  M'  de  Marillac  d'intervenir  en  faveur  de 
la  ville.  L'intendant  fit  des  promesses  assez  vagues.  Le 

(1)  Assemblée  du  9  avril  1611 ...  Nous  remonstrerons  à  Mgr  l'inten- 
dant que  la  ville  et  les  faukbourgs  fne  se  doibvent  point  diviser,  et  ce 
d'autant  plus  que  les  habitans  du  d.  faulx bourg  du  Port  font  le  com- 
merce le  plus  considérable  de  la  ville  et  tiennent  de  grands  logis  oii 
ils  reçoivent  indifféremment  toutes  les  personnes  qui  viennent  en  ville, 
ce  qui  a  obligé  les  maire  et  eschevins  de  donner  en  tout  temps  des 
logements  à  ceux  de  la  d.  paroisse  de  Sainte-Pezenne  qui  habitent 
les   faulxbourgs...  ;  cela   se   pratique   partout,    notamment  à   Saint- 

Maixent  pour  Exireuil ;  autrement  les  babitans  se  retircraint  dans 

les  faulxbourgs  pour  estre  exempts. 

(2)  Ses  frais  de  voyage  lui  furent  comptés  à  30  livres,  plus  sept 
jours  de  location  de  cheval  à  15  sols  par  jour. 


—  185  -^ 

30  octobre^  les  habitants  furent  convoqués  en  assemblée 
générale  et  consultés  pour  savoir  s'ils  voulaient  payer  le 
double  ustensile  ou  loger  effectivement  les  gens  do 
guerre.  Ils  déclarèrent  préférer  la  double  taxe.  Le 
20  novembre,  le  corps,  réuni  en  séance  extraordinaire, 
entendit  lecture  d'une  lettre  de  M'  de  Marillac,  qui 
annonçait  que  Niort  était  coté  à  douze  compagnies  au 
lieu  de  treize,  soit  120  livres  par  jour  pendant  cinq  mois, 
au  total  18,000  livres  ;  la  ville  serait  contrainte  au  besoin 
par  les  compagnies  de  cavalerie  de  la  région  qu'on  enver- 
rait en  logement.  Puis,  le  4  décembre,  il  y  eut  contre- 
ordre.  Le  corps  était  informé  de  l'arrivée  très  prochaine 
de  douze  compagnies  du  régiment  d'Anjou,  pour  lesquelles 
on  paierait  l'ustensile  simple,  c'est-à-dire  9,000  livres. 
On  députa  de  suite  avec  mission  de  tenter  par  toutes  les 
voies  possibles  d'être  déchargé  de  cette  garnison.  L'as- 
semblée générale  des  habitants  offrait  vingt  bourgeois 
pour  s'engager  avec  les  échevins  et  pairs  au  paiement  de 
18,000  livres.  Rien  n'y  fit  et  les  douze  compagnies  furent 
installées  â  Niort.  Le  maire  était  alors  Pierre  Jouslain  ; 
ses  comptes  nous  apprennent  que  cette  garnison  ne  dura 
que  trois  mois  et  demi  ;  ils  comprennent  quelques  articles 
de  frais  occasionnés  par  les  exigences  des  officiers  et  les 
excès  des  soldats,  tant  en  quartiers  que  de  passage, 
pendant  ses  deux  années  consécutives  de  mairie^  et 
d'autres  relatifs  aux  dépenses  extraordinaires  faites  pour 
les  logements  (1). 

(1)  Comptes  de  Pierre  Jouslain,  maire,  167G-1677. 

Plus  dict  le  contable  que  M""  Rouget  ayant  fait  un  payement  de 
1,500  livres-pour  l'ustancille  aux  officiers  qui  estoient  en  garnison  en 
cesle  ville,  les  d.  sieurs  officiers  me  rendirent  le  lendemain  une  pièce 
d'Espagne  de  30  sols,  de  grandeur  et  de  largeur  comme  iceMe  eust  été 
d'un  escu  et  m'obligèrent,  pour  la  d.  pièce  de  30  sols,  de  leur  donner 
ung  escu,  ce  qu'il  a  fallu  faire  pour  n'avoir  de  dispute. 

Pour  empescher  quelques  logements  de  gens  de  guerre  en  ceste 
ville  au  temps  de  la  foire  de  may  dernière 50  livres. 

Item  dict  le  conlable  que  le  régiment  de  cavalerie  de  Laurière  ayant 
passé  en  ceste  ville,  lorsqu'il  alla  en  garnison  à  Marans  et  lorsqu'il  en 


—  186  — 

Durant  tout  le  règne  de  Louis  XIV,  les  choses  ne  se 
passèrent  pas  autrement  ;  la  levée  de  l'ustensile  fut 
arbitraire  à  Niort  ;  quelquefois  même  des  corps  de 
troupes  furent  envoyés  et  laissés  en  quartiers  sans  qu'il 
y  eût  aucun  ordre  régulier,  ni  aucune  mesure  prise  pour 
leur  subsistance,  de  telle  sorte  que  la  charge  de  leur 
entretien  retombait  entièrement  sur  la  ville  (1).  Dans  les 


est  parti,  et  le  d.  sieur  marquis,  maistre  de  camp,  ayant  logé  au  logis 
des  Trois-Rois,  faubourg  Saint- Jean,  au  jour  du  départ  le  d.  sienr 
maire  serait  allé  avec  le  secrétaire  du  corps  et  quelques  gagés  chez  le 
nommé  de  Nyort,  cabarctier,  qui  demeure  tout  près  du  logis  des  Trois- 
Rois,  pour  recevoir  les  plaintes  des  habitans  et  faire  faire  raison  par 
le  d.  sieur  marquis  de  Laurière  des  dézordres  que  peuvent  avoir  fait 
les  cavaliers,  et  une  autre  fois  au  logis  du  Chapeau-Rouge,  faubourg  du 
Port,  dépensé 2  livres. 

Comptes  du  même,  1677-1678. 

Plus  dict  le  conlable  qu'une  compagnie  du  régiment  de  Normandie 
ayant  passé  en  ceste  ville,  La  Fortune,  gagé  de  mairie,  fut  blessé  par 
plusieurs  des  soldats,  comme  il  vouloit  mettre  un  homme  prisonnier 
par  ordre  de  M""  Louveau,  qui  faisoit  la  mairie  en  mon  absence,  et 
que  pour  panser  le  d.  La  Fortune  le  d.  contable  a  donné  3  livres  à 
Chevillon,  maistre  chirurgien. 

Pendant  la  garnison  qui  a  demeuré  en  ceste  ville  pendant  trois  mois 
et  demi,  il  a  fait  plusieurs  visites  dans  les  maisons  des  particuliers 
pour  recevoir  les  plaintes  des  habitans  et  qu'en  faisant  ces  visites, 
crainte  d'estre  interompu,  il  a  esté  plusieurs  fois  obligé  de  manger 
au  cabaret  avec  ceux  qui  l'accompagnaient,  et  selon  que  la  mémoire 
luy  peut  fournir,  il  a  dépensé  plus  de  15  à  20  livres,  demande    15  livr. 

Pour  l'escurie  de  la  Salle-Dorée  qui  est  soubz  les  halles,  pour  y  loger 
les  chevaux  du  sieur  de  la  Melonnière,  lieutenant-colonel  du  régi- 
ment d'Anjou 12  livres. 

Pour  le  grand  nombre  de  logements  à  faire  pendant  son  exercice, 
travail  de  nuit,  flambeaux,  etc 80  livres. 

Le  compte  antérieur,  1676-1677,  contient  pour  le  même  objet  un 
article  pareil 80  livres. 

(1)  Assemblée  du  23  novembre  1688.  Propozé  par  nous  d.  maire 
que  ceste  ville  est  accablée  par  le  logement  de  la  compagnie 
du  régiment  des  dragons  de  la  Reine,  dont  le  quartier  est  fini  dès  le 
dernier  octobre  dernier,  pour  le  d.  logement  de  laquelle  nous  n'avons 
veu  aucun  ordre,  non  ilus  que  pour  sa  subsistance,  et  encore  la  com- 
pagnie de  chevau-légers  du  Breuil  arrivée  du  21  de  ce  mois,  sans  que 


—  187  — 

registres  antérieurs  à  la  mairie  de  AP  de  Pierre-Levée, 
nous  relevons  plusieurs  impositions  considérables  d'usten- 
sile pour  exemptions  de  garnison  (1).  On  observe  dans  les 
ordonnances  à  ce  sujet  que  l'ustensile  est  compté  à 
5  livres  par  jour  et  par  compagnie,  tandis  que  nous  l'avons 
vu  porté  auparavant  à  10  livres  lorsqu'il  s'agissait 
d'exemption.  Î^Iais  le  résultat  pécuniaire  pouvait  être 
identique  ;  il  suffisait  en  effet  de  doubler  le  chiffre  des 
compagnies  que  l'on  mettait  fictivement  en  garnison  dans 
la  ville.  Pour  le  temps  de  la  mairie  perpétuelle,  il  n'y  a 
que  peu  de  documents.  En  1701,  l'ustensile  fut  de 
7,000  livres  ;  en  171(3,  il  y  avait  une  garnison  effective 
de  huit  compagnies  du  deuxième  bataillon  du  régiment 
d'Orléans,  Le  12  octobre,  le  corps  de  ville  demandait 
d'être  délivré  de  quatre  ou  au  moins  deux  compagnies,  la 
charge  étant  trop  onéreuse  pour  la  ville. 

En  terminant  ce  qui  est  relatif  à  l'époque  de  Louis  XIV, 
il  est  bon  de  remarquer  que  sous  son  règne  les  dispositions 
des  anciennes  ordonnances,  en  vertu  desquelles  les  villes 
devaient  assurer  et  pourvoir  directement  a  la  subsistance 
des  troupes  en  garnison,  n'étaient  nullement  abrogées  et 

nous  y  ayons  reçu  aucun  ordre  pour  sa  subsistance,  et  comme  celle 
ville  ne  pourrait  supporter  une  telle  charge,  il  serait  à  propos  de  députer 
quelqu'un  de  la  compagnie  par  devers  M""  de  Vérac  pour  pouvoir  obtenir 
la  décharge. 

Arrêté  qu'on  ira  par  devers  M""  de  Vérac  et  que,  si  on  ne  peut 
obtenir  le  délogement,  celui  qui  sera  député  avec  l'un  des  syndics  ira 
par  devers  M""  l'intendant  pour  avoir  un  ordre  et  un  fonds  pour  la 
subsistance.  On  députe  J.  Vaslet,  échevin,  et  Jean  Hillerin,  l'un  des 
syndics  de  la  paroisse  de  Notre-Dame. 

(!)  Asse^nhlée  du  19  novembre  1689.  Communication  de  l'ordon- 
nance de  M»"  de  la  Bourdonnaye  qui  impose  lî.750  livres  pour  exemption 
de  logement  de  17  compagnies  d'infanterie  pendant  150  jours  : 
«  Ordonnons  aux  maire  et  eschevins  de  faire  lever  sur  tous  les 
habitants  sujets  au  d  ustensile  la  somme  de  12,750  livres  en  dix 
paiements  égaux,  du  15  novembre  1689  au  mois  de  mars  1690.  » 

Assemblée  du  2  novembre  1691.  Communication  d'une  ordon- 
nance qui  impose  13,500  livres  pour  être  exemptés  du  logement  de 
18  compagnies  d'infanterie. 


—  188  — 

furent  appliquées  dans  les  circonstances  où  le  gouverne- 
ment y  trouvait  son  intérêt.  L'usage  de  confier  le  soin 
des  approvisionnements  à  des  entrepreneurs  s'établit 
graduellement  et  ne  devint  constant  c{ue  sous  les  règnes 
suivants.  Nous  pouvons  citer  à  cet  égard  une  lettre  de 
M.  de  Foucault  (1),  l'intendant  si  connu  pour  avoir 
âprement  poursuivi  les  réformés  après  la-  révocation  de 
l'édit  de  Nantes  ;  la  fin  de  cette  lettre  est  bien  d'accord 
avec  la  réputation  attacliée  à  son  nom. 

Durant  le  règne  de  Louis  XV,  l'imposition  de  l'usten- 
sile se  régularisa  et  ne  fut  plus  l'objet  d'ordonnances 
spéciales.  Sous  le  nom  d.Q  fourrage  et  ustensile,  la  ville 
paya  chaque  année  une  certaine  somme  de  contributions 
pour  l'entretien  des  troupes  en  général,  et  ces  impôts 
furent  compris  avec  plusieurs  autres  dans  ceux  qui 
s'acquittaient  sur  le  produit  "du  tarif  de  1718.  Le  régime 
des  garnisons  fut    également   modifié  ;   elles   devinrent 

(1)  «  Poitiers,  ce  12  avril  1688. 

«  J'ai  reçu  des  plaintes  que  vous  ni  les  syndics  ne  vous  mettez  en 
peine  à  Niort  de  fournir  le  fourrage  à  la  compagnie  de  dragons  qui  y 
est  en  quartier  ;  c'est  ce  qui  m'oblige  de  vous  dire  que  vous  ayez 
incessamment  à  faire  faire  un  magasin  de  foin,  de  paille  et  d'avoine,  et 
que  vous  chargiez  les  syndics  de  faire  la  distribution  tous  les  jours 
aux  dragons,  et  en  cas  que  les  syndics  y  manquent  j'ai  donné  ordre  à 
l'ofTicier  qui  vous  rendra  cette  lettre  d'envoyer  des  dragons  chez  eux. 
A  l'égard  du  logement,  il  faudra  qu'il  se  fasse  chez  les  nouveaux 
convertis  qui  ne  font  pas  leur  devoir  de  religion,  lesquels  fourniront 
l'ustensile  aux  dragons.  Ne  manquez  pas,  s'il  vous  plaît,  de  tenir  la 
main  à  l'exécution  de  tout  ce  que  je  vous  mande,  de  telle  sorte  que  je 
ne  reçoive  aucune  plainte. 

«  DE  Foucault.  » 

A  MM.  les  maire  et  échevins  de  Niort. 

Le  23  avril,  l'intendant  rendit  une  ordonnance  pour  iixer  la  ration  de 
chaque  cheval  de  dragons.  Elle  était  de  deux  tiers  de  boisseau  d'avoine, 
mesure  de  Paris,  soit  24  boisseaux  au  septier,  15  livres  de  foin, 
5  livres  de  paille.  La  ville  devait  être  remboursée  sur  le  pied  de  cinq 
sols  par  ration,  sauf  la  retenue  de  trois  deniers,  autrement  dit 
cinq  pour  cent,  pour  l'hôtel  des  Invalides.  {Archives  de  Niort, 
n°s  2698  et  2699). 


—  189  — 

permanentes,  c'est-à-dire  que  la  ville  eut  toujours  en 
quartiers  quelques  troupes  de  différentes  armes,  le  plus 
souvent  de  cavalerie  et  même  exclusivement  par  la  suite. 
Avant  la  construction  des  casernes,  on  louait  pour  loger 
les  chevaux  toutes  les  écuries  disponibles,  principale- 
ment celles  des  auberges,  et  on  fournissait  aux  soldats 
le  matériel  nécessaire  pour  le  nettoyage  journalier  (1).  La 
ville  faisait  les  réparations  et  était  responsable  des  acci- 
dents causés  par  le  mauvais  état  des  locaux  (2).  Elle 
fournissait  aussi  le  bois  et  la  chandelle  qui  se  consom- 
maient au  corps  de  garde  de  la  garnison  (3).  Il  y  avait 


(1)  Assemblée  du  W  novembre  1723.  A  chaque  compagnie  de' 
carabiniers  de  la  garnison,  deux  fourches  de  fer,  deux  pelles,  une 
civière  et  des  balais  pour  nettoyer  les  écuries.  A  prendre  sur  les  deniers 
patrimoniaux . 

(2}  Assemblée  du  11  mars  172i.  L'écurie  des  Trois-Piliers,  au  port, 
menace  ruine  et  écraserait  les  chevaux  des  carabiniers,  ce  qui  serait  à 
la  charge  de  la  ville.  Les  carabiniers  se  sont  emparés  de  l'écurie  du 
sieur  Hoissard,  au  Bon-Conseil,  qui  réclame.  Réparations  seront  faites 
sur  les  deniers  patrimoniaux. 

Assemblée  du  6  avril  1725.  Réparations  aux  écuries  de  la  garnison 
pour  une  somme  de  90  livres. 

Comptes  du  receveur,  1725-1730.  A  M.  Desgroges,  capitaine  de 
cavalerie  de  la  brigade  de  la  Motte,  pour  le  prix  de  trois  chevaux  écrasés 
parla  chute  du  mur  de  l'écurie  des  Quatre-Fils-Aymon,  1,000  livres. 

Assemblée  du  10  mars  1726.  Etat  des  maisons  servant  de  casernes, 
au  nombre  de  14.  Total  des  loyers  :  398  livres  18  s.  2  d.  Total  des 
réparations  ;  407  livres  11  s. 

Assemblée  du  4  mai  1727.  Etat  des  réparations  aux  casernes  : 
595  livres  4  s. 

Assemblée  du  18  janvier  1728.  Etat  des  réparations  pour  le  régi- 
ment de  Clermont  :  328  livres  19  s. 

Assemblée  du  10  juin  1728.  Etat  des  réparations  aux  casernes  : 
55  livres  7  s. 

Assemblée  du  8  juin  1729.  Etat  des  réparations  ponr  le  régiment 
de  Royal-Cavalerie  :  122  livres  17  s. 

Assemblée  du  25  octobre  1732.  Etat  des  réparations  aux  casernes 
et  écuries  qui  ont  servi  à  la  brigade  de  carabiniers  de  la  Motte  : 
159  livres  10  s.  3  d. 

(3)  Assemblée  du  3  septembre  1720.  Bail  au  rabais  sera  fait  pour  le 


—  190  — 

enfin  un  chef  de  dépense  plus  important  que  tout  cela  ; 
c'était  le  logement  des  officiers  auquel  la  ville  devait 
pourvoir  sur  les  fonds  communs.  Celui  des  hommes 
était  une  charge  personnelle  pour  ceux  des  habitants  qui 
y  étaient  soumis  ;  ils  le  devaient  dans  les  conditions 
habituelles,  c'est-à-dire  donnaient  le  coucher,  place  au 
feu  et  à  la  chandelle,  chose  déjà  onéreuse,  sans  parler  des 
vexations  qu'il  fallait  endurer  de  la  part  de  ces  hôtes 
exigeants  et  indisciplinés.  Lorsque  les  casernes  eurent  été 
construites,  les  habitants  ne  furent  plus  astreints  qu'au 
logement  des  troupes  de  passage.  Mais  les  oflSciers,  dans 
tout  le  cours  de  l'ancien  régime,  continuèrent  à  être  logés 
aux  frais  de  la  ville.  Ce  qui  changea  seulement,  ce  fut  le 
mode  employé  pour  leur  assurer  ce  logement. 

Dans  le  principe,  les  maire  et  échevins  cherchaient  et 
désignaient  les  maisons  propres  à  recevoir  les  officiers.  Ils 
traitaient  avec  les  propriétaires,  car  il  ne  s'agissait  plus 
ici. d'une  place  au  feu  et  à  la  chandelle.  Les  officiers  en 
garnison  avaient  droit  à  .la  jouissance  exclusive  d'une 
maison,  ou  au  moins  de  partie  d'une  maison.  Il  y  avait  là 
naturellement  une  source  de  discussions  fréquentes  entre 
eux  et  l'échevinage  ;  rarement  ils  se  trouvaient  assez 
bien  logés.  On  aurait  eu  cependant  moyen  d'agir  autre- 
trement  ;  il  existait  un  règlement,  du  25  octobre  1716, 
qui  permettait  de  transformer  l'obligation  de  logement 
en  une  indemnité  pécuniaire,  suivant  un  tarif  déterminé. 
En  1754,  la  question  vint  à  l'ordre  du  jour  à  Niort  ;  on 
discuta  l'intérêt  qu'il  pouvait  y  avoir  à  adopter  le  règle- 
ment qui,  paraît-il,  était  appliqué  à  la  Rochelle  (1)  par 

bois  et  la  chandelle  à  fournir  au  corps  de  garde  pour  les  quatre 
compagnies  d'Orléans  qui  sont  en  garnison. 

Assemblée  du  4  novembre  1722.  Mémoire  du  bois  et  de  la  chan- 
delle pour  le  corps  de  garde  delà  garnison  :  52  livres  4  s.  pour  3  mois 
et  17  jours. 

(Il  Depuis  fort  longtemps  les  habitants  de  la  Rochelle  s  étaient 
libérés  du  logement  des  gens  da  guerre  en  louant  et  meublant 
des  casernes  où  les  troupes  étaient  installées.  {Ccrrespondance  des 
contrôleurs  généraux  avec  les  intendants.  Recueil  de  Boislisle. 
Lettre  du,  7  juillet  1689,  tome  i,  n»  731.) 


—  191  — 

exemple,  et  on  conclut  qu'il  serait  avantageux  de  faire 
de  môme,  sauf  toutefois  a  modifier  les  tarifs  qui  étaient 
faits  suivant  les  prix  des  villes  les  plus  capitales  du 
royaume,  et  par  conséquent  trop  élevés  pour  Niort  (1). 
Aucune  modification  ne  fut  d'ailleurs  obtenue  à  cet  égard 
et  les  choses,  par  conséquent,  restèrent  dans  l'état. 

La  cause  immédiate,  pour  laquelle  on  délibérait  alors 
sur  le  système  de  l'indemnité  en  argent,  était  une 
querelle  qui  avait  surgi  l'année  précédente  entre  l'éclie- 
vinage  et  un  officier  du  régiment  de  dragons  d'Orléans 
au  sujet  de  son  logement.  L'officier  était  un  M''  de  Pierre- 
Levée^  aide-major  au  régiment,  peut-être  un  petit-fils  du 
maire  perpétuel,  et  à  cause  de  cela  l'on  n'est  pas  surpris 
do  le  trouver  en  querelle  avec  l'administration  municipale. 
Il  s'était  fait  autoriser  par  M'"  de  Carrel,  commandant 
du  chcàteau,  à  placer  des  garnisaires,  quatre  dragons  et 
un  sergent,  chez  le  sieur  Gentilleau,  greffier  en  chef  de 
l'élection^  sous  le  prétexte  que  le  logement  lui  avait  été 
refusé  dans  sa  maison.  La  vérité,  c'est  qu'il  lui  avait  été 
assigné  dans  une  partie  vacante  de  cette  maison  et  non 
dans  les  appartements  occupés  par  le  propriétaire^  où  il 
avait  eu  cependant  la  prétention  de  s'installer.  Le  maire 
dressa  procès-verbal  du  fait  et  le  fit  porter  â  l'intendant, 

(1)  Assemblée  du  28  janvier'175i.  Délibération  pour  faire  payer  en 
argent  le  logement  des  officiers  de  la  garnison  de  cette  "ville  qu'on 
peut  difficilement  loger  : 

La  première  raison  de  cette  diffîeullé  vient  de  ce  que  les  maisons  qui 
seraient  les  plus  propres  et  les  plus  commodes  sont  occupées  par  la 
noblesse,  par  les  ecclésiastiques,  ou  par  des  privilégiés  dont  le  nombre 
se  multiplie  tous  les  jours,  tant  par  les  privilèges  que  l'on  acquiert  et 
qui  sont  déjà  établis  que  par  les  offices  de  nouvelle  création,  comme 
sont  ceux  des  contrôleurs  des  ditrérents  corps  des  marchands  et  artisans 
que  Sa  Majesté  a  jugé  à  propos  de  créer,  de  manière  que  l'on  ne  peut 
trouver  à  établir  des  logements  d'une  façon  convenable...  En  outre,  il 
y  a  grande  incommodité  pour  ceux  qui  sont  chargés  de  cette  servitude... 

Arrêté  que  l'on  appliquera  le  règlement  du  25  octobre  1716  déjà 
appliqué  à  la  Rochelle,  sauf  à  en  modifier  les  tarifs  qui  sont  faits 
suivant  les  prix  des  villes  les  plus  capitales  du  royaume, 


—  192  — 

avec  une  lettre  explicative,  par  le  sieur  Morisset,  commis 
du  greffe.  «  On  tolère  cependant  beaucoup  de  la  part 
des  dragons  »,  écrivait-il  ;  «  pendant  la  foire  {celle  du 
mois  de  mai),  M""  de  Pierre-Levée  et  autres  officiers  se 
promenaient  l'épée  nue,  la  passant  à  travers  les  toiles 
des  marchands  étalagistes.  Ils  ont  été  jusqu'à  pisser  sur 
un  garde  de  boutique  endormi.  »  Il  ajoutait  que  M""  du  Lac, 
alors  commandant,  pas  plus  que  M'"  de  Marnésia,  com- 
mandant actuel,  n'avaient  voulu  écouter  les  plaintes 
portées  contre  leurs  officiers.  Aujourd'hui  les  dragons  en 
garnison  chez  le  sieur  Gentil leau  commettaient  toutes 
sortes  de  violences  ;  il  était  urgent  d'y  mettre  ordre. 

L'intendant  donna  satisfaction  et  enjoignit  de  retirer 
immédiatement  les  garnisaires.  M''®  de  Carrel  et  de  ]\Iar- 
nésia  reconnurent  du  reste  qu'ils  s'étaient  mis  dans  un 
mauvais  cas  et  demandèrent  qu'il  ne  fût  pas  donné  suite 
au  procès-verbal  ;  ils  s'offrirent  même  à  payer  la  dépense 
et  les  dommages  faits  par  les  dragons.  Une  transaction 
fut  passée  â  ce  sujet  avec  les  maire  et  échevins  et  déposée 
au  trésor,  c'est-à-dire  aux  archives  de  la  ville.  Dans  cette 
affaire,  les  officiers  municipaux  purent  donc  se  faire 
rendre  justice,  mais  ils  avaient  toujours  à  craindre  le 
renouvellement  de  pareils  actes  de  violence.  Ce  ne  fut 
cependant  que  dix  ans  plus  tard,  que  les  officiers  reçurent 
de  la  ville  le  logement  sous  forme  d'indemnité  en  argent 
à  un  taux  déterminé. 

Antérieurement,  le  loyer  payé  pour  le  colonel  du  régi- 
ment en  garnison  s'élevait  à  40  ou  50  livres  par  mois  (1). 


(1)  As&emhlée  du  li  avril  1761.  A  M""  Rouget  de  Gourcez,  loyer 
du  comte  de  Civrac,  colonel  du  régiment  de  Royal- Vaisseaux,  4  mois, 
200  livres. 

Assemblée  du  li  février  1763.  A  M»"  Rouget,  ancien  lieutenant- 
criminel  au  siège  royal,  pour  loyer  de  sa  maison  occupée  meublée  par 
M.  le  marquis  de  Ville,  colonel  du  régiment  Mestre-de-camp-général, 
dragons,  depuis  le  3  juillet  1761  jusqu'au  3  janvier  1762,  par 
M""  de  Brienne,  brigadier  des  armées  du  roi,  colonel  du  régiment 
d'Artois,  depuis  le   12  janvier   1762  jusqu'au   4  mai  suivant,  par 


193 


Le  détail  des  autres  loyers  n'est  ni  aux  registres,  ni  aux 
comptes.  En  1764,  la  ville  eut  en  outre  à  loger  un  officier 
général  (1).  Il  fut  donné  lecture,  dans  l'assemblée  du 
24  mars,  d'une  lettre  de  M'"  de  Blossac  annonçant  l'ar- 
rivée du  comte  de  Flavigny,  maréchal  de  camp,  qui 
venait  commander  à  Niort.  L'intendant  écrivait  ;  «  Il  faut 
que  vous  ayez  le  temps  de  prendre  des  mesures  pour  son 
logement  ;  comme  il  y  a  apparence  que  ce  commande- 
ment sera  fixe  ou  pour  lontemps,  il  faut  aussi  prendre  des 
mesures  un  peu  stables.  Si  vous  avez  la  facilité  de  venir 
pour  un  jour  ou  deux  à  Poitiers,  nous  pourrons  en 
raisonner  ensemble...  Les  circonstances  sont  assez  graves 

pour  exiger  le  voyage »  On  considéra  que  c'était  en 

eflfet  une  grosse  affaire  pour  la  ville,  et  le  maire  partit 
pour  Poitiers  avec  le  procureur  du  roi.  M'"  Moriceau  (2). 
Ils  proposèrent  la  maison  des  héritiers  du  président 
Gerbier  de  Sazay,  où  avaient  déjà  logé  le  maréchal 
d'Estrées  et  le  comte  de  ChatiUon,  et  qui  avait  été  occupée 

Mr  le  marquis  de  Ville  depuis  le  5  mai  1762  jusqu'au  M  novembre 
suivant,  total  IG  mois  à  40  livres  par  mois,  640  livres  Celte  somme  sera 
prise  sur  1  excédent  du  tarif. 

(1)  Sous  Louis  XIV,  la  ville  avait  eu  en  résidence,  au  moins  pendant 
deux  ans,  un  olTicier  général,  le  maréchal  d'Estrées,  oncle  de  celui  qui 
est  nommé  dans  ce  paragraphe.  Il  avait  été  logé  dans  la  maison  du 
président  du  siège,  M^  Jouslard  de  Fontmort.  La  ville  fit  faire  à  cet 
effet  plus  de  mille  livres  de  réparations  dans  la  principale  partie  du 
logis  occupée  par  M^  le  maréchal,  et  dans  la  séance  du  28  octobre  1699 
le  corps  décida  que  M-  le  président  recevrait  en  outre  300  livres  pour 
loyer  d'une  année  et  lusage  de  quelques  meubles.  D'après  une 
délibération  du  31  décembre  1700,  le  maréchal  était  encore  à  Niort  au 
commencement  de  l'année  1701.  Il  était  sans  doute  commandant 
militaire  des  provinces  du  Poitou,  Sainlonge  et  Aunis.  Le  titulaire 
de  ces  fonctions  résidait  habituellement  à  la  Rochelle. 
(2)  Les  frais  de  voyage  furent  comptés  comme  suit  : 

Frais  de  poste  et  cheval  du  gagé lOÔlivres    '8  s 

Dépense  à  l'auberge j5 

Domestiques  et  entretien  de  la  chaise 5 

Au  gagé,  à  30  sols  par  jour *,        4  |Qg 

Total 130  livres  18  s! 

13 


—  1911  — 

dans  les  derniers  temps  par  le  duc  de  Villequier^  colonel 
de  Royal-Pologne,  puis  par  M'"  de  Caliuzac,  lieutenant- 
colonel  du  même  régiment.  M''  de  Blossac  approuva 
sous  condition  que  les  réparations  nécessaires  fussent 
faites.  Cette  maison  était  située  rue  Saint-Nicolas,  et  fut 
une  de  celles  acquises  plus  tard  par  les  Oratoriens  pour 
l'agrandissement  de  leur  collège.  La  ville  la  prit  à  loyer 
pour  550  livres  par  an  et  y  fit  746  livres  3  s.  9  d.  de 
réparations ,  suivant  le  compte  présenté  à  la  séance  du 
14  novembre  1764.  M'"  de  Flavigny  en  avait  pris  posses- 
sion le  premier  mai. 

Dans  le  cours  de  l'année  suivante,  parut  une  ordonnance 
datée  du  5  juillet  1765,  qui  complétait  et  modifiait  celle 
de  1716,  et  réglait  en  particulier  la  question  du  logement 
des  officiers  généraux.  Le  corps  de  ville  en  reçut  commu- 
nication dans  l'assemblée  du  13  juillet  et,  ce  même  jour, 
arrêta  que  les  logements  des  officiers  de  la  garnison  leur 
seraient  désormais  payés  en  argent.  L'ordonnance  de  1765 
apportait  un  correctif  à  celle  de  1716,  en  statuant  que  les 
fonds  des  impositions  provinciales  fourniraient  une 
subvention  en  cas  d'insuffisance  des  deniers  commu- 
naux (1).  Cette  clause  ne  paraît  pas  du  reste  avoir  été 
appliquée  à  Niort. 

L'ordonnance  de  1765  tarifait  à  nouveau  et  comme  suit 
les  indemnités  de  logement  des  officiers  supérieurs  :  Lieu- 
tenant-général, 150  livres  par  mois;  Maréchal  de  camp, 
100  livres;  Brigadier^  75  livres;  Colonel,  50  livres;  lieu- 
tenant-colonel;,  40   livres;   Major,  30  livres.  Quant  aux 


(1)  Assemblée  du  13  juillet  1765.  Relalivement  à  l'ordonnance  de 
1716,  nous  avons  depuis  longtemps  sollicité  l'exécution  au  regard  de 
cette  ville  sans  avoir  pu  y  parvenir  par  les  circonstances  des  guerres  et 
autres  cii constances  extraordinaires  qui  n'auraient  peut-être  pas  permis 
de  fournir  les  fonds  nécessaires,  inconvénient  auquel  Sa  Majesté  vient 
de  pourvoir  par  un  principe  de  sa  sagesse  ordinaire,  en  statuant  que  ce 
qui  manquera  sera  fourni  par  l'imposition  de  la  province.  Sera  exécuté 
à  commencer  par  le  régiment  de  Royal-Pologne  qui  doit  venir  ici  en 
garnison  dans  les  premiers  jours  du  mois  prochain 


—  195  — 

autres,  les  chiffres  étaient  ceux  de  l'ordonnance  de  1716; 
nous  les  citerons  plus  loin  en  donnant  le  tableau  complet 
pour  le  régiment.  Le  chirurgien  major  ne  fut  pas  d'abord 
compris  dans  la  liste  ;  c'est  ce  que  nous  apprend  incidem- 
ment une  délibération  du  31  août  176G,  qui  décide  par 
exception  que  le  loyer  du  sieur  de  Saint-Paul,  chirurgien 
major  du  régiment  de  Royal-Etranger,  cavalerie,  sera 
payé  par  l'hôtel  de  ville,  à  litre  de  reconnaissance  des 
soins  gratuits  qu'il  ne  cesse  d'exercer  envers  tous  ceux 
qui  sont  dans  le  cas  d'implorer  le  secours  de  son  art. 
Plus  tard,  cette  anomalie  disparut  et  le  chirurgien  major 
reçut,  lui  aussi,  l'indenmité  de  logement. 

Les  comptes  du  tarif  nous  donnent  pour  un  assez  grand 
nombre  d'années  le  montant  des  indemnités  qui  furent 
payées  par  la  ville  en  vertu  des  ordonnances  susdites  : 

Royal-Etranger,  cavalerie^  de  1766 

k  1768 10,6451.     3  s.     4d. 

Royal-Piémont,  cavalerie,  arrivé  le 

5  novembre  1768 9,750 

Royal-Bourgogne,  cavalerie,  arrivé 

le  15  octobre  1771 967        2        8 

Royal-Dragon,  arrivé  en  1772  .     .       2,818 
Pendant  les  neuf  années,  de  1774 

à  1782 32,469      17       11 

Total    ....     56,6501.     3  s.  11  d. 

On  voit  que  la  moyenne  était  de  trois  à  quatre  mille  livres 
par  an. 

D'autre  part,  les  registres  de  l'année  1776  comprennent 
un  état  détaillé  de  ce  que  l'on  aurait  eu  à  payer  par  an 
pour  le  cadre  complet  d'officiers  : 

Colonel 600  1. 

Lieutenant-colonel 480 

Major 360 

A  reporter.     .     .     1,440  1. 


—  196  — 

Report.     .     .  1,440  1. 

Huit  capitaines  à  190  livres 1,520 

Deux  aides-majors  à  180  livres 360 

Seizelieutenantset  sous-lieutenants  à  120  livres,  1,920 

Deux  sous-aides-majors  à  120  livres 240 

Deux  porte-étendards  à  120  livres 240 

Trois  officiers  à  la  suite  à  120  livres 360 

Un  chirurgien  major 180 

Total.     .     .     .     6,260  1. 

Mais  le  corps  d'officiers  était  loin  d'être  au  complet.  La 
dépense,  déduction  faite  des  absents,  qui  comptaient  pour 
2,760  livres,  se  trouvait  réduite  à  3,500  livres,  cette 
année-là. 

La  ville  avait  quelques  autres  logements  militaires  à  sa 
charge,  d'abord  celui  d'un  bas  officier,  l'exempt  de  la 
maréchaussée,  dont  il  a  été  question  au  sujet  de  la  police 
urbaine.  Jusqu'en  1760,  il  n'avait  eu  que  20 livres;  depuis 
lors,  il  lui  fut  alloué  par  ordre  de  l'intendant  un  supplé- 
ment de  cent  livres^  a  prendre  annuellement  sur  l'excédent 
du  tarif.  Puis,  les  officiers  de  la  compagnie  d'invalides  qui 
tenait  garnison  au  château.  En  principe,  ils  devaient  y 
loger,  et  d'abord  il  en  avait  été  ainsi  ;  mais,  par  la  suite, 
ils  se  firent  installer  en  ville  comme  les  autres  (1),  et  ce 
ne  fut  que  dans  les  derniers  temps  qu'ils  réintégrèrent  les 
appaitements  qui  leur  étaient  destinés  dans  le  château 
même.  Ils  n'avaient  nullement  sollicité  ce  changement  de 
domicile,  qui  leur  fut  imposé  en  1759  par  un  ordre  du 
maréchal  de  Sennecterre,  enjoignant  de  faire  rentrer  au 
château  les  officiers  abusivement  logés  en  ville,  â  moins 

(1)  Les  registres  de  l'hôtel  de  ville  contiennent  une  seule  mention 
d'indemnités  pour  logement  en  ville  des  ofliciers  de  la  garnison  du 
château.  Elle  concerne  le  sieur  Pitault,  lieutenant  de  ladite  garnison. 
Dans  la  séance  du  9  novembre  1735,  le  corps  de  ville  lui  alloua  quatre 
livres  par  mois  pour  loyer  de  deux  chambres  occupées  par  lui,  sa 
femme,  son  fils  et  sa  servante,  chez  le  sieur  Guillaudeau,  notaire 
royal.  Le  8  octobre  1736,  il  lui  est  fait  une  autre  allocation,  celle-ci 
plus  large:  120  livres  pour  loyer  d'une  année  chez  le  sieur  François 
Poudret,  procureur  du  roi  de  la  police.  C'est  la  dernière  qui  soit  portée 
aux  registres. 


—  197  — 

qu'ils  n'y  fussent  autorisés  par  le  prince  de  Conti  (1).  La 
ville  n'y  gagna  pas  grand  cliose^  car  elle  dut^  en  vertu 
d'une  ordonnance  de  IM'"  de  Blossac  (2),  meubler  ces 
appartements  du  château  et  fournir  aux  occupants  le  linge 
pour  le  coucher  et  la  toilette.  Les  comptes  du  tarif  accu- 
sent pour  ces  logements  des  officiers  de  la  compagnie 
d'invalides  une  dépense  moyenne  de  250  livres  par  an. 

Cela  eut  lieu  au  moment  où  les  casernes  nouvellement 
construites  furent  occupées,  après  avoir  été  meublées  aux 
frais  de  la  ville.  Les  habitants  se  trouvaient  alors  débar- 
rassés d'une  charge  fort  lourde ,  n'ayant  plus  à  leurs 
foyers  ces  hôtes  qui,  le  plus  souvent,  agissaient  en  maîtres 
et  employaient  impunément  la  violence  pour  mieux  vivre  à 
leurs  dépens.  Mais  cette  prestation  en  nature,  qui  était 
ainsi  acquittée  individuellement  par  tous  ceux  que  leur 
condition  soumettait  aux  logements  militaires ,  fut  dès 
lors  rejetée  sur  les  finances  de  la  ville.  Rien  n'était  certai- 
nement plus  juste  qu'un  pareil  dégrèvement  ;  il  y  a 
seulement  lieu  de  faire  observer  que  l'Etat  ne  contribua 
en  rien  aux  dépenses  qui  résultèrent  de  l'occupation  des 
casernes  ;  la  ville  dut  supporter  tous  ces  frais  considérés 
comme  l'équivalent  de  ceux  imposés  jusque-là  aux  contri- 

(1)  Archives  de  Niort,  n°  2343. 

(2)  Paul-Esprit-Marie  delà  Bourdonnaye comte  de  Blossac,  sur 

ce  qui  nous  a  été  représenté  que  M""  le  maréchal  de  Sennecterre  est  dans 
l'intention  d'ordonner  aux  officiers  de  la  compagnie  d'invalides  qui 
est  en  garnison  dans  le  château  de  Niort  d'aller  occuper  dans  le  d. 
château  les  logements  qui  leur  sont  destines  aussitôt  qu'il  aura  été  par 
nous  pourvu  aux  fournitures  qui  y  sont  nécessaires, 

Nous,  intendant  susdit,  ordonnons  aux  maire  et  échevins  de  la  ville 
de  Niort  de  faire  fournir  par  les  habitants  d'icelle  à  chacun  des  ofTiciers 
de  la  compagnie  d'invalides  qui  est  en  garnison  au  château,  et  ce  dans 
les  appartements  qui  leur  sont  destinés  au  d.  château,  savoir:  un  lit 
garni  d'une  paillasse,  de  deux  matelas,  ou  d'un  matelas  et  d'un  lit  de 
plume,  de  deux  couvertures  et  d'une  paire  de  draps,  laquelle  sera 
renouvelée  tous  les  quinze  jours,  une  table,  quelques  chaises,  une 
armoire  fermant  à  clef,  un  pot  à  l'eau,  un  gobelet,  une  cuvette  et  deux 
serviettes  par  semaine. 

Fait  à  Poitiers,  le  2  juillet  1752.  De  Blossac. 

{Archives  de  Niort,  n°  2344). 


—  198  — 

buables.  Aucune  réclamation  ne  s'éleva  d'ailleurs  à  ce 
sujet;  la  masse  des  habitants,  étant  soulagée  de  bien  des 
rapines  et  des  vexations,  ne  pouvait  être  que  satisfaite. 

Nous  avons  donné  au  chapitre  des  Bâtiments  le  détail 
de  l'ameublement  des  casernes,  comprenant  tables,  bancs, 
lits  et  literie.  Les  derniers  objets  mobiliers  mis  en 
adjudication  avaient  été  acceptés  le  4  août  1759.  Aussitôt 
après,  le  procureur  du  roi  fit  dresser  un  devis  des  charges 
et  conditions,  auxquelles  pourrait  être  entreprise  la 
conservation  de  cet  ameublement  et  de  celui  qui  serait 
ajouté  par  la  suite.  Cet  entretien  fut  donné  à  bail  au  rabais 
et  soumissionné  par  un  nommé  René  Viard,  qui  adjugea 
le  blanchissage  des  draps  à  6  sols  par  mois,  par  lit  occupé, 
le  changement  de  la  paille  dans  les  paillasses,  tous  les 
six  mois,  â  8  sols  pour  chaque  opération  de  ce  genre;  en 
outre,  une  rétribution  annuelle  de  346  livres.  Le  10 
novembre  1761,  l'adjudicataire  recevait  1,814  livres  4  s.  ; 
le  28  décembre  1762,  1,248  livres  6  s.  4  d.  11  est  dit,  à 
propos  de  ce  dernier  paiement,  que  ledit  Viard  ne  tou- 
chera que  les  deux  tiers  des  346  livres  convenues,  parce  que 
la  caserne  n'a  été  occupée  que  quatre  mois  par  le  régiment 
d'Artois,  et  dans  les  huit  autres  mois,  moins  de  moitié  du 
temps  par  quatre  compagnies  de  dragons. 

Le  régime  des  garnisons  était  alors  fort  variable,  car  on 
allouait,  le  12  octobre  1764,  au  magasinier,  comme  on 
appelait  l'entrepreneur  de  ce  service,  2,411  livres  pour 
blanchissage,  fournitures  et  gratification,  du  25  mars  1763 
au  24  octobre  de  la  même  année.  Le  quartier  avait  été 
occupé  dans  ce  laps  de  temps  par  deux  régiments,  Mestre- 
de-camp  général  et  Royal-Pologne,  qui  vinrent  s'y  refor- 
mer après  la  guerre. 

Le  23  juin  1765,  le  bail  fut  continué  â  René  Viard  et  â 
sa  femme  Jeanne-Nicole  Deshayes ,  agissant  comme  cau- 
tion, d'ailleurs  aux  mêmes  conditions,  sans  avoir  égard  aux 
300  livres  d'augmentation  qu'il  demandait.  Toutefois,  la 
délibération  â  ce  sujet  dit  expressément  qu'il  s'était  acquitté 
de  son  service  à  la  satisfaction  des  troupes  et  à  la  nôtre. 

Ce  René  Viard  parait  avoir  été  le  seul  magasinier  jus- 


—  199  — 

qu'au  terme  de  l'ancien  régime.  Son  bail  lui  fut  successi- 
vement prorogé  par  période  de  cinq  années,  pour  la 
dernière  fois  en  1784.  D'après  les  comptes  de  l'excédent 
du  tarif  sur  lequel  il  était  payé,  il  touchait  par  an  de  1,500  a 
2,000  livres.  Outre  cette  dépense  ordinaire,  la  ville  avait  à 
sa  charge  la  réparation  et  le  renouvellement  des  meubles 
et  effets  de  couchage  (1). 

La  construction  des  casernes  n'allégea  pas  complètement 
le  budget  de  la  ville  des  loyers  d'écuries  qu'elle  payait 
pour  la  garnison.  D'après  une  délibération  du  14  avril 
1769,  les  écuries  de  ces  bâtiments  ne  s'étant  pas  trouvées 
suffisantes  pour  contenir  les  chevaux  des  différents  régi- 
ments de  cavalerie  et  de  dragons  qui,  depuis  quelques 
années,  avaient  été  successivement  envoyés  en  quartier, 
on  avait  dû  saisir  plusieurs  écuries  et  magasins  pour  loger 
les  chevaux  et  les  fourrages.  Il  était  dû  alors  1,410  livres 
de  loyers,  somme  formée,  il  est  vrai,  par  l'arriéré  de  plu- 
sieurs années  (2).  Le  3  février  1770,  on  afferma  encore  des 

(1)  Assemblée  du  21  octobre  1771.  Il  y  a  nécessité  d'acheter  des 
draps  de  lits  pour  les  casernes.  On  réparera  ceux  qui  existent  et  l'on 
chargera  un  marchand  de  faire  venir  1,000  aunes  de  toile  pour  en  faire 
100  paires.  Les  couchettes  seront  visitées,  réparées  ;  les  matelas,  pail- 
lasses et  traversins  rebattus,  etc..  Le  régiment  de  Bourgogne  cavalerie 
devant  arriver  bientôt,  on  fera  auparavant  blanchir  partout  à  chaux  vive. 

Les  draps  coûtèrent  2131  livres  1 1  sols  8  deniers  ;  ils  furent  fournis  par 
Pierre-Paul  Fraigneau,  marchand,  moyennant  deux  sols  pour  livre  de 
remise. 

(2)  Assemblée  du  li  avril  1769.  Il  est  dû  ; 

1°  A  la  dame  BreHort  pour  une  écurie  sur  la  place  des  Casernes,  du 
premier  juillet  1761  aupremierjuilletl768,  à  50  livres  par  an      350  livres. 

2°  Au  sieur   Delezay,  écurie   sur   la  même  place,  du 
25  juin  1764  au  25  juin  17G8 240 

3°  Au  sieur  Rouget  de  Gourcez,  pour  un  magasin,  rue 
de  la  Juiverie,  du  4  août  1705  au  4  août  1768     ....      250 

4°  A  M""^  Thibault,  pour  un   magasin  au   faubourg  du 
Port,du4  août  1765au4  août  1768 90 

5°  Au  sieur  Létang,  pour  un  magasin  au  même  faubourg, 
du  premier  juillet  1705  au  premier  juillet  1708.     .     .     .      280 

go  \  ]\ime  veuve  de  l'Herse,  pour  un  magasin  au  même 

faubourg,  du  4  août  1705  au  4  août  1768 200 

Total 1,410  livres. 


^  200  — 

dames  de  la  Miséricorde  une  écurie  sise  rue  du  Vieux- 
Marché.  Cette  écurie  ne  recevait  de  jour  que  par  la  porte. 
Le  mur  qui  la  séparait  de  la  cour  d'une  maison  contiguë 
appartenait  au  sieur  Bastard,  boucher  ;  on  décida  d'y 
ouvrir  une  fenêtre,  à  condition  toutefois  que  cette  servi- 
tude cesserait  lorsque  l'écurie  n'aurait  phis  sa  destination 
actuelle.  L'intendant  autorisa  le  travail  nonobstant  l'hu- 
meur du  propriétaire  de  la  maison  voisine.  «  Dans 
l'acte»,  écrivait-il  au  maire,  «  on  fera  mention  de  mes 
ordres  et  des  motifs  qui  les  ont  décidés  ». 

Cette  insuffisance  fut  cause  de  la  construction  de  quel- 
ques annexes  aux  casernes^  dont  il  a  été  parlé  au  chapitre 
des  Bâtiments,  et  motiva,  en  1788,  un  projet  d'agrandis- 
sement (1)  qui  ne  fut  exécuté  qu'après  1830,  et  d'ailteurs 
sur  un  plan  nouveau.  Pour  compléter  ce  qui  concerne  la 
question  des  logements,  il  faut  ajouter  que  l'entretien  des 
immeubles,  grosses  et  menues  réparations,  incombait 
entièrement  à  la  ville.  Les  comptes  du  tarif  contiennent  à 
cet  égard  des  articles  de  dépense  importants,  comprenant 
vitrerie^  pavage,  etc.  Pour  1783,  le  total  s'élève  à  4,222  1. 
11  sols  ;  toutefois  ce  chifïre  est  certainement  supérieur 
à  la  moyenne  annuelle. 

En  plus  du  quartier  de  la  garnison,  la  ville  avaitàloj'er, 
depuis  1766,  une  caserne  pour  les  troupes  de  passage. 
Elle  portait  le  nom  de  caserne  des  colonies  (2),  et  servait  à 
loger  les  recrues  envoyées  dans  nos  possessions  d'outre- 
mer, C[ui  faisaient  étape  à  Niort  en  se  dirigeant  sur  Roche- 
fortj  où  elles  allaient  s'embarquer.  Cette  caserne  était 
située  en  dehors  de  l'enceinte,  dans  le  faubourg  d'Echiré. 
La  ville  en  donnait  220  livres  par  an  et  y  avait  un  préposé 
aux  gages  de  150  livres.  Là  aussi,  on  fournissait  les  effets 
de  couchage  nécessaires  et,  avec  l'entretien  du  local  ainsi 

(1)  Archives  de  Niort,  n°  2462. 

(2)  Le  corps  de  Tille  fut  invité  à  établir  cette  caserne  des  colonies 
par  une  lettre  de  M-"  de  Blossac,  du  5  mai  1766,  en  vertu  des  ordres  du 
roi.  La  mesure  était  générale  ou  du  moins  appliiiuce  à  un  grand  nom- 
bre de  villes. 


—  201  — 

que  du  mobilier,  les  frais  s'élevaient  à  sept  ou  huit  cents 
livres  par  an.  Les  comptes  du  tarif  de  1766  à  1773  accu- 
sent pour  ce  laps  de  temps  une  dépense  totale  de  5,106  1. 
14  sols,  de  1774  à  1782,  6,480  livres  15  sols.  Malgré 
sa  dénomination  spéciale,  ce  bâtiment  était  sans  doute 
utilisé  pour  tous  les  corps  de  troupes  qui  passaient  â  Niort, 
et  servait  ainsi  à  dégrever  les  habitants,  au  moins  pour 
partie,  des  logements  militaires. 


CHAPITRE  XII. 

Présents  et  allocations  diverses. 

Les  honneurs  rendus  aux  grands  personnages  et  digni- 
taires, les  présents  qui  leur  étaient  offerts,  et  que  pour 
plusieurs  l'usage  transforma  en  redevance,  formaient  un 
chapitre  considérable  des  dépenses  des  villes  sous  l'ancien 
régime.  Pour  en  apprécier  l'importance  à  Niort,  nous 
passerons  en  revue  les  documents  que  fournissent  à  cet 
égard  les  registres  et  les  comptes  de  l'hôtel  de  ville  et, 
afin  d'y  étabhr  une  sorte  de  classification,  nous  rangerons 
par  ordre  de  dignité  les  personnages  dont  il  sera  question. 
En  tête,  par  conséquent,  le  roi  et  les  princes  du  sang,  à 
moins  toutefois  que  ces  derniers  ne  figurent  en  qualité  de 
titulaires  d'une  fonction  publique. 

La  ville  de  Niort  a  reçu  peu  de  visites  royales,  et  encore 
ne  pouvons  nous  donner  de  détails  un  peu  circonstanciés 
que  sur  une  seule,  celle  de  Louis  XIII,  en  1621.  Elle  eut 
un  caractère  particulier.  Le  roi  allait  mettre  le  siège 
devant  Saint-Jean-d'Angély  occupé  par  les  rebelles  pro- 
testants ;  or,  le  gouverneur  de  Niort,  ]\r  de  Parabère^ 
était  lui-môme  de  la  religion  réformée,  très  fidèle  au  roi 
toutefois;  mais  il  pouvait  ôtre  suspecté.  Une  grande  partie 


—  202  — 

de  la  population  niortaise  était  protestante,  comme  on 
sait;  aussi  le  roi  arriva-t-il  en  grand  appareil  militaire  et 
prenant  ses  sûretés.  Nous  avons  deux  sources  d'infor- 
mation sur  cet  événement,  d'abord  les  registres,  puis  un 
écrit  du  temps  qui  relate  les  incidents  de  l'entrée  du  roi 
et  est  fait  à  sa  louange  (1).  A  en  croire  ce  dernier  docu- 
ment, Louis  XIII  serait  entré  dans  Niort  comme  dans  une 
ville  conquise,  ou  peu  s'en  faut.  //  est  à  remarquer,  dit 
Fauteur,  que  pendant  l'arrioée  du  Roy  en  la  dicte  ville 
pas  un  des  habitans  d'icelle  n'allèrent  en  armes,  comme 
on  fait  ordinairement  aux  entrées  des  Roys,  et  mesme 
fut  deffendu  de  tirer  pas  une  pièce  d'artillerie,  tant  de  la 
ville  que  du  chasteau,  sur  peine  de  la  vie. 

Ceci  n'est  pas  absolument  exact.  Dans  l'assemblée  du 
22  mai,  c'est-à-dire  la  veille  de  l'entrée  du  roi^  le  corps  de 
ville  décida  qu'il  serait  fait  entrée  à  Sa  Majesté.  Pour  ce 
faire,  sera  dressé  quatre  compagnies.  A  ceste  fin,  ont 
esté  présentement  nomme:;  pour  capitaines  les  dits  : 
Savignac,  escuyer,  s"  du  Vieulx-Fourneau,  Paul  Chal- 
mot,  escuyer,  sieur  du  Puy-Foulard,  Mongin  de  la 
Rivière,  sieur  de  V Hometrou,  et  Guillaume  Symon,  sieur 
de  la  Figuerasse.  Les  deux  premiers  étaient  protestants, 
les  deux  derniers  catholiques.  Dans  la  même  séance,  les 
cadres  des  quatre  compagnies,  ainsi  formées  pour  le  ser- 
vice d'honneur,  furent  complétés  par  des  nominations  de 
lieutenants  et  d'enseignes.  La  milice  bourgeoise  fut  donc 
mise  sur  pied  ;  on  pourrait  supposer,  il  est  vrai,  qu'il  y 
eut  contre  ordre  émané  du  roi  lui-même,  et  qu'elle  ne 
figura  pas  à  la  solennité  ;  mais  les  registres  renferment  la 
preuve  du  contraire.  C'est  une  allocation  de  trois  pistoles 
à  un  sergent  du  régiment  des  gardes,  qui  avait  aidé  les 
dicts  capitaines  nommer  pour  rentrée  de  Sa  Majesté  à 


(1)  Entrée  du  Roy  en  la  ville  et  chasteau  de  Nyort,  le  dimanche 
23  may  1621,  ensemble,  tout  ce  qui  s'est  passé  en  icelle  par  ceux 
de  la  religion  prétendue  réformée.  Paris,  1621.  Chez  Nicolas 
Alexandre,  rue  Boudbrie. 


—  203  — 

dresser  le  bataillon  carré,  et  cela  le  jour  même  de 
l'entrée,  le  dimanche  23  mai  (1). 

D'après  le  récit  imprimé,  quelque  temps  auparavant 
l'arrivée  de  Sa  Majesté,  estait  entré  deux  compagnies 
françaises  et  deux  de  suisses  pour  avant-garde,  qui 
allèrent  droict prendre  possessiondu  chasteau  et  de  toutes 
les  clefs  des  advenues  d'iceluy,  ausquelles  l'on  planta  for  ce 
corps  de  gardes,  et  mesme  en  dressèrent  un  de  cent  à  six 
vingts  Jiommessoub^  la  halle  de  la  dicte  ville  quiestproche 
du  chasteau.  Dans  cette  même  pièce,  on  lit  que  M""  de 
Parabère  alla  au  devant  du  roi  à  une  certaine  distance 
des  murs  et  lui  lit  ses  protestations  de  fidélité,  auxquelles 
Sa  Majesté  prêta  l'oreille  avec  une  très  gratieuse  et 
vraiment  royale  action,  tout  en  continuant  son  chemin 
vers  la  ville,  avec  le  gouverneur  à  ses  côtés. 

On  peut  aisément  se  figurer  la  physionomie  de  cette 
entrée  royale.  Elle  fut  empreinte  de  la  gravité  des  évé- 
nements qui  se  préparaient.  De  la  part  des  protestants, 
au  nombre  desquels  on  comptait  beaucoup  des  prin- 
cipales familles,  il  n'y  eut,  comme  de  la  part  du  gouver- 
neur, que  des  manifestations  de  fidélité,  mais  il  ne  pouvait 
pas  ne  pas  régner  une  grande  contrainte.  Le  roi  séjourna 
huit  jours  à  Niort  et,  pendant  ce  temps-là,  les  réformés 
durent  interrompre  les  offices  de  leur  culte,  conformé- 
ment aux  prescriptions  de  l'édit  de  Nantes  (2),  qui  leur 

(1)  Assemblée  du  26  mai  1621.  Aussy  a  esté  conclud  du  même 
advis  des  assistans  que  le  d.  Vivien,  recepveur  des  deniers  d'octroy, 
baillera  trois  pystolles  à  un  sergent  dïine  des  compagnies  du  régi- 
ment des  gardes,  lequel  dimanche  aurait,  à  la  prière  du  corps, 
aydé  les  d.  capitaines  nommez  pour  l'entrée  de  Sa  Majesté  à 
dresser  le  bataillon  carré,  laquelle  somme  de  xxi  livres  xvni  sols 
sera  allouliée  au  d.  reeepveur  en  raportant  la  présente  et  quictance 
du  d.  sergent. 

(2)  Edit  de  Nantes,  avril  1598.  Art  14  :  Défendons  aussi  de  faire 
aucun  exercice  de  la  d.  religion  en  nostre  cour  et  suite,  ny  pareille- 
mont  en  nos  terres  et  pays  qui  sont  au-delà  des  monts,  ny  aussi  en 
lutstre  ville  de  Paris,  ou  à  cinc}  lioucs  de  la  d.  ville.  Toutefois  ceux  de 
la  d.  religion  demeurant  es  dites  terres  et  .pays  au-delà  des  monts  et 


-  20/i  — 

interdisaient  de  faire  aucun  exercice  de  leur  religion  aux 
lieux  où  se  trouvait  Sa  Majesté.  On  doit  rappeler  aussi 
que  les  Capucins  de  Niort  obtinrent  du  roi,  le  lendemain 
de  son  entrée,  des  lettres  patentes  les  autorisant  à  faire 
des  prédications  dans  la  chaire  située  sous  la  halle^  chose 
qui  blessait  profondément  les  réformés. 

Voici  d'ailleurs,  d'après  les  registres,  quelle  conduite 
tint  le  corps  de  ville,  quelles  dispositions  il  prit  pour  la 
réception  de  Louis  XIII.  Le  19  mai,  il  fut  décidé,  en 
assemblée  extraordinaire  (48  membres  étaient  présents), 
qu'il  serait  député  quatre  échevins  et  pairs  vers  le  roi 
qui  était  alors  à  Parthenay.  Furent  désignés  à  la  plura- 
lité des  voix  les  échevins  Savignac,  sieur  du  Vieux- 
Fourneau,  et  Dabillon,  sieur  de  l'ImbaudièrCj  l'un 
protestant,  l'autre  catholique,  deux  pairs,  tous  les  deux 
catholiques  ;  Symon,  sieur  de  la  Figuerasse,  et  Angevin, 
sieur  du  Vieux-Moulin  (l).  Ce  dernier  était  avocat  au 
siège  royal  et  fut  chargé  de  porter  la  parole  devant 
Sa  Majesté.  Ils  furent  présentés  par  le  comte  de  la 
Rochefoucauld,  lieutenant  général  pour  le  roi  en  Poitou. 
Le  22  mai,  ils  rendirent  compte  de  leur  mission  au  corps 
de  ville,  qui  leur  adressa  des  remerciements.  Dans 
l'assemblée  de  ce  jour,  qui  comptait  53  membres  présents,, 
furent  formés,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  les  cadres  des 
quatre  compagnies  qui  devaient  être  mises  sur  pied.?  Il 
fut  enjoint  à  tous  les  autres  échevins  et  pairs  d'assis- 
ter le  maire  de  présence  lorsqu'il  irait  au  devant  du 
roi,  et  arrêté  en  outre  qu'il  serait  publié  un  ban  pour 


en  nostre  d.  ville  et  cinq   lieues   autour  d'icelle   ne    pourront   estre 
recherchez  en  leurs  maisons,  ny  adstreints  à  faire  chose  pour  le  regard, 
de  leur  d.  religion  contre  leur  conscience  en  se  comportant  au  reste 
selon  qu'il  est  contenu  en  nostre  présent  édict.  {Recueil  d'Isarabert, 
t.  XV,  p.  170.) 

(1)  Assemblée  du  19  mai  1621.  Sera  baillée  aux  dicts  depputez 
pour  leur  voyage  la  somme  de  trente  livres  par  le  recepveur  des 
denyers  d'octroy  de  céans,  laquelle  luy  sera  allouhée  en  ses  comptes, 
raportant  la  présente  et  la  quictance  des  dicts  deppuctez. 


—  205  -^ 

avertir  les  habitants  de  se  porter  sur  le  passage  de 
Sa  Majesté.  Enfin,  ajoute  le  procès-verbal,  sera  faict 
un  poi'slc ,  pour  lequel  porter  ont  esté  nommez  à  la 
mesme  pluralité  des  voix  les  dicis  Avice^  escuyer, 
sieur  de  la  Vieille-Cour  de  Mougon,  escheoin,  Giraul- 
deau,  sieur  de  la  Pigeonnerie,  aassy  eschevin,  Sacher, 
escuyer,  sieur  de  la  Salle,  pareillement  eschevin,  et 
Bastard,  escuyer,  sieur  de  la  Mellai;sière ,  aussy 
eschevin.  Les  sieurs  Avice  et  Sacher  étaient  protestants, 
les  sieurs  Girauldeau  et  Bastard  catholiques.  Même 
partage  que  pour  les  commandements  des  compagnies 
avait  été  fait  entre  les  deux  religions. 

Quelques  autres  mesures  accessoires  furent  arrêtées 
dans  cette  même  séance.  Deux  pairs  furent  délégués  pour 
faire  faire  le  dit  poisle  et  armoyries  ;  deux  également 
pour  faire  nettoyer  le  faubourg  et  regarder  à  la  porte  du 
pont  du  port  et  havre  de  ceste  ville  par  laquelle  Sa  Majesté 
fera  son  entrée.  Le  roi,  qui  était  alors  à  Fontenay-le- 
Comte,  devait  arriver  en  effet  par  les  ponts  de  la  Sèvre. 
Les  soins  à  prendre  dans  les  autres  quartiers  furent 
répartis  entre  un  assez  grand  nombre  de  pairs.  Finale- 
ment, il  fut  voté  que  tous  autres  frais  nécessaires  seraient 
imputés  sur  les  deniers  communs. 

Trois  jours  après  l'entrée  de  Louis  XIII,  et  pendant 
qu'il  était  encore  à  Niort,  le  corps  de  ville  eut  â  délibérer 
sur  une  dépense  d'une  nature  toute  particulière^  les  droits 
demandés  par  les  officiers  de  la  maison  du  roi  à  cause  de 
l'entrée  faite  par  Sa  Majesté.  Ces  gratifications  étaient 
d'ancienne  coutume,  dit  le  procès-verbal  d'assemblée,  et 
furent  payées  après  composition  avec  les  réclamants.  En 
marge  est  écrit  le  détail  et  le  montant  des  droits  en 
question  dont  le  total  s'élève  à  193  livres  9  sols  (1).  Dans 
la  même  séance  furent  votées  les  trois  pistoles  au  sergent 
instructeur  dont  il  a  été  parlé  déjà. 

(1)  Assemblée  du  26  mai  1621.  Pour  délibérer  sur  les  droicts 
demandez  par  les  huissiers  de  la  Chambre  du  Roy,  suisses,  fourriers 


—  206  — 

La  liquidation  générale  des  frais  pour  l'entrée  et  le 
séjour  du  roi  fut  faite  dans  l'assemblée  du  18  juin.  Le  roi, 
arrivé  le  23  mai,  était  resté  jusqu'au  premier  juin  (i).  Les 
dépenses  furent  arrêtées  à  la  somme  de  662  livres  17  sols 
8  deniers,  sans  détail  du  reste  (2).  Aussi  ne  pouvons-nous 
pas  dire  si  les  gratifications  à  la  maison  du  roi  étaient  ou 
non  comprises  dans  ce  total.   En  dehors  de  cet  arrêté  de 

et  auUres  officiers  de  Sa  Majesté  à  cause  de  l'entrée  fête  le  jour  de 
dimanche  par  Sa  dicte  Majesté  en  ceste  ville  de  Nyort,  a  esté  par  tous 
unaniment  dellibéré  et  [)ar  nous  conclud  que  les  d.  droicts  seront  payez 
aus  d.  ofTiciers  de  la  maison  du  Roy  scelon  l'antienne  coustume  et  pour 
composer  avecq  eulx  nommez  nous  d.  maire,  et  le  d.  Maronneau 
scindiq,  est  ordonné  que  ce  quy  sera  arresté  sera  payé  par  les  mains 
du  s»"  Vivien,  recepveur  des  denyers  d'octroy  de  céans,  que  luy  sera 
allouhé  en  ses  comptes  raportant  la  présente  et  les  quictances  des 
d.  officiers. 

E?i  î7ia)'ge;  Aux  huissiers  de  salle 3  pystolles 

Au  tambour  des  gardes 1 

Aux  fourriers  du  logis  du  Roy 2 

Au  valet  de  pied 2 

Aux  suisses  de  la  garde  du  corps     ....      2 

Aux  tambours  du  Roy 21/2 

Aux  suisses  de  M""  le  connestable 1 

Aux  archers  de  la  garde  de  la  porte.  ...  2 
Aux  fourriers  ordinaires  des  logis  du  Roy.  .  4 
Aux  fifres  et  tambours  du  régiment  des  gardes.  2 
Aux  archers  des  gardes  du  grand  prevost  de 

l'hostel 3 

Aux  trompettes  ordinaires  du  Roy 2 

A  vij  livres  vj  sols  la  pystolle  Total.     .     .  261/2 

(1)  D'après  les  Mémoires  de  Bassompierre,  Louis  XIII  arriva  au 
camp  de  Saint-Jean-d'Angély  le  3  juin. 

(2)  Assemblée  du  18  juin  1621.  —  De  l'advis  unanime  des  assistans 
a  esté  conclud  que  les  frais  faits  pour  l'entrée  de  Sa  Majesté  seront 
payés  par  le  d.  s""  Vivien,  recepveur  des  denyers  d'octroy  de  céans  sur 
les  mémoires  des  commissaires....  lesquels  montent  le  tout  à  la  somme 
de  six  cens  soixante  deulx  livres  xvij  sols  viij  denyers  qui  luy  sera 
allouhée  en  ses  comptes  raportant  les  d  mémoyres  et  la  présente  et  les 
mémoyres  d'eulx  signés. 

[Ces  commissaires  étaient  ceux  nommés  dans  l'assemblée  du  22  mai 
pour  s'occuper  des  différents  préparatifs.] 


—  207    — 

compte,  nous  n'avons  relevé  qu'un  paiement  de  huit  livres, 
à  Antoine  Hay,  vitrier,  pour  avoir  raccommodé  les  vitres 
du  logis  du  roi {!).  Quel  était  ce  logis?  Briquet  dit,  dans 
son  Histoire  de  Niort,  que  ce  fut  la  maison  de  l'Oratoire, 
mais  sans  donner  aucune  preuve  à  l'appui. 

Depuis  Louis  XIII  (2),  aucun  de  nos  rois  n'est  entré  à 
Niort.  Antérieurement  quelques-uns  y  étaient  venus.  On 
peut  citer,  à  des  dates  certaines,  Charles  VIII  c[ui  s'y  arrêta 
le  26  mars  1485,  pendant  la  guerre  de  Bretagne,  étant  en 
marche  sur  Parthenay  occupé  par  les  rebelles,  puis 
Charles  IX  qui  y  coucha  le  19  septembre  1565  (3).  Un  mois 
plus  tard,  il  datait  de  Nantes  l'édit  de  création  du  tribunal 
consulaire  de  notre  ville.  Henri  IV  passa  plusieurs  fois  à 
Niort,  mais  comme  belligérant  et  n'étant  encore  que  roi  de 
Navarre.  Les  archives  départementales  renferment  une 
lettre  de  lui,  non  datée,  adressée  au  maire  dont  il  venait 
d'être  l'hôte  (4).  Elle  doit  être  de  la  fin  de  l'année  1585. 


(1)  ComptesdtQ  Pierre  Beraïul,  receveur  des  deniers  d'octroi,  1620-1623. 

(2)  Louis  XIII  vint  à  Niort  pour  la  dernière  fois  en  revenant  de  la 
Rochelle,  après  la  prise  de  cette  ville,  le  19  novembre  1628.  [Mémoires 
de  Bassonipierre.  Collection  Michaud  et  Poujoulat,  p.  291.) 

(3)  Il  a  été  publié  dans  les  Bulletins  de  la  Société  de  statistique 
(octobre-décembre  1882),  un  marché  passé  par  le  corps  de  ville  avec 
Jean  Méry,  peintre,  le  7  septembre  1565,  pour  la  décoration  des  portes 
Saint-Jean  et  du  Pont,  comprenant  armoiries,  devises  et  ornements,  en 
vue  de  l'entrée  prochaine  du  roi  Charles  IX. 

(4)  Archives  départementales.  E.  113.  Lettre  autographe  de 
Henri  IV. 

«  Monsieur  le  Mayre,  je  n'estoys  pas  au  bout  de  la  journée  san  m'estre 
aperceu  de  l'oubly,  je  vous  say  bien  gré  de  l'avoyr  sytôt  réparé  et  à 
vostre  fyls  de  sa  dylygence  à  me  ratraper,  yl  ne  veut  rester  an  sy  bon 
trayn  de  zèle  et  je  vous  prye  me  le  retourner  ancore  avec  un  chilTre  an 
deus  feuylles  que  vous  debvrés  trouver  an  la  grant  table  de  ma  chambre 
où  le  seigneur  du  Pin  la  lessé  et  comme  yl  nous  va  fère  faulte  lâchés  la 
bryde  à  la  dévocyon  du  jeune  homme,  et  asseurés  vous  de  lamytié  de 
vostre  plus  afectyonné  amy  Henry.  » 

A  Monsieur  Laurence,  Mayre  de  la  vylle  de  Nyort. 

[La  suscription  indique  la  prononciation  du  nom  du  maire,  qui  en 
réalité  s'écrivait  Laurens  ;  elle  prouve  qu'on  y  faisait  sentir  l's  finale. 1 


~  208  — 

La  reine-mère  Catherine  de   IMédicis  séjourna  quelque 
temps  à  Niort,  en  1587. 

Les  guerres  de  religion  amenèrent  aussi  dans  nos  murs, 
et  à  diverses  reprises,  les  princes  du  sang  des  deux  partis^ 
le  duc  d'Anjou,  les  princes  de  Condé  ;  mais  ces  visites  à 
main  armée  ne  rentrent  pas  dans  notre  sujet.  Les  plus 
anciens  registres  de  l'hôtel  de  ville,  ceux  de  1453-1457, 
mentionnent  le  passage  du  comte  du  INIaine  (1),  arrière- 
petit-fîls  de  Jean  le  Bon,  à  la  date  du  21  janvier  1457;  une 
députation  du  corps  lui  offrit  des  présents  de  la  sorte 
alors  usitée,  de  l'hypocras^  des  chapons,  des  gastelets, 
une  boite  d'arôme  et  des  torches  de  cire.  Pendant  la 
guerre  de  Bretagne  qui  avait  amené  à  Niort  le  roi  Char- 
les VIII,  son  cousin  le  comte  d'Angouléme,  celui  qui  fut 
le  père  de  François  P'',  passa  deux  fois  dans  notre  ville, 
en  1488  et  1491.  Le  13  mai  1488,  il  coucha  à  Uoustellerie 
des  Trois-Roys.  Il  lui  fut  fait  présent  de  14  pintes  de  vin 
blanc,  rouge  ou  claret,  4  pintes  d'hypocras,  4  livres  de 
dragée  perlée,  une  livre  et  demie  de  dragée  musquecte  et 
six  torches  de  cire.  Au  mois  d'avril  1491,  il  logea  à  Tau- 
berge  de  la  Téte-Noire  ;  la  ville  lui  fit  seulement  un 
présent  de  vin  (2). 

En  1679,  les  députés  du  corps  de  ville  se  rendirent  à 
Poitiers  pour  complimenter  la  princesse  Marie-Louise 
d'Orléans,  qui  allait  épouser  le  roi  d'Espagne  Charles  II. 
Le  contrat  avait  été  signé  le  30  août  à  Versailles  et,  dans 
les  premiers  jours  d'octobre,  la  nouvelle  reine,  s'ache- 
minant  vers  l'Espagne,  traversait  le  Poitou.  Sa  route  était 
par  Poitiers,  Melle,  Saint-Jean-d'Angély  et  Bordeaux. 
Les  maire  et  échevins  pensèrent  d'abord  à  la  faire  saluer 
au  nom  de  la  compagnie  a  Melle^  mais  on  objecta  qu'il 
serait  plus  à  propos  d'aller  jusqu'à  Poitiers,  et  c'est  en 

(1)  Le  titre  de  comte  du  Maine  s'éteignit  en  1481,  à  la  mort  du  der- 
nier mâle,  et  l'apanage  revint  au  roi. 

(2)  Comptes  de  Geoffroy  Faifeu,  1487-88,  et  Guillaume  Tarquex, 
1490-91. 


—  âÔ9  — 

effet  ce  qui  fut  résolu  dans  rassemblée  du  30  septembre. 
Quatre  membres  du  corps,  les  sieurs  Augier  de  la  Ter- 
raudière,  Cochon  du  Puy,  Louis  Madien  et  Paul  Thibault 
furent  députés  au  chef-lieu  de  la  province,  avec  allocation 
des  frais  d'usage  pour  leur  déplacement. 

A  la  fin  de  l'année  1700  la  ville  de  Niort  manqua  d'avoir 
la  visite  du  roi  d'Espagne  Philippe  V,  petit-fils  de 
Louis  XIV,  qui  allait  prendre  possession  de  sa  couronne. 
Il  était  accompagné  de  ses  frères,  les  ducs  de  Bourgogne 
et  de  Berry.  L'intendant,  M""  d'Ableiges,  écrivit,  le 
6  décembre  (1),  aux  maire  et  échevins  que  ces  hauts 
personnages  seraient  à  Niort  le  21  du  mois  ;  il  les  invitait 
â  se  mettre  en  mesure  de  les  recevoir  convenablement.  Le 
maréchal  d'Estrées,  commandant  militaire  de  la  province, 
alors  en  résidence  à  Niort,  donna  l'ordre  de  mettre  sous 
les  armes  le  régiment  de  milice  bourgeoise  pour  la  récep- 
tion et  entrée  de  Sa  Majesté  Catholique  et  de  Nosseigneurs 
les  princes  de  France.  Le  corps  de  ville,  dans  la  séance 
du  7  décembre,  vota  600  livres  pour  faire  faire  des  habits 
neufs  aux  tambours,  acheter  un  drapeau  colonel,  fournir 
de  bois  et  de  chandelle  au  poste  de  cent  hommes,  qui  ferait 
la  garde  pendant  le  séjour  des  princes,  et  subvenir  à  tous 
autres  frais  nécessaires.  Nous  avons  vu,  au  chapitre  de 
l'Administration,  qu'il  fut  en  outre  alloué  600  livres 
pour  les  robes  des  échevins  qui  en  étaient  dépourvus. 
Mais  contre-ordre  fut  donné;  le  roi  d'Espagne  prit  la 
route  qu'avait  suivie  la  princesse  Marie-Louise  vingt  ans 
auparavant.  Le  19  décembre,  les  princes  étaient  à  Lusi- 
gnan  ;  le  20,  ils  couchaient  à  Melle  et  le  lendemain  se 
dirigeaient  sur  Saint-Jean-d'Angély.  Les  chemins  étaient 
défoncés;  le  temps  très  mauvais  (2).  Ce  fut  peut-être 
là  le  seul  motif  qui  empêcha  le  roi  de  passer  par  Niort,  la 
saison  étant  peu  propice  pour  allonger  son  itinéraire. 

(1)  Archives  de  Niort,  n»  2857. 

(2)  Voyage  du  duc  d'Anjou  (Philippe  V  roi  d'Espagne)  en  Poitou, 
par  M'  Avril  de  la  Vergnée.  (Mémoires  de  la  Société  de  statistique, 
Ire  série,  y.,  p.  123. 

14 


—  210  — 

En  1721,  les  maire  et  échevins  pensèrent  que  la  ville 
aurait  â  recevoir  la  reine  de  France.  C'est  bien  ainsi  que 
l'intendant,  M''  de  Latour,  nomme  la  princesse  dont  on 
attendait  le  passage  en  Poitou.  En  fait,  ce  n'était  qu'une 
reine  en  espérance,  âgée  alors  de  trois  ans  seulement, 
autrement  dit  l'infante  d'Espagne,  destinée  à  devenir  la 
femme  de  Louis  XV,  par  convention  faite  entre  les  deux 
cours.  Ce  projet  d'alliance  royale  échoua  d'ailleurs.  La 
petite  princesse,  amenée  à  Paris  en  janvier  1122,  fut 
reconduite  en  Espagne  en  1725,  sans  être  encore  en  âge 
de  regretter  les  grandeurs  évanouies.  Nous  ajouterons, 
pour  ce  qui  nous  concerne,  qu'elle  ne  traversa  Niort,  ni  â 
son  arrivée,  ni  â  son  départ.  M''  de  Latour  écrivait,  le 
22  décembre  1721  (1),  aux  maire  et  échevins  qu'il  ne 
savait  rien  sur  l'itinéraire  de  la  reine;  dans  le  cas  où  elle 
passerait  â  Niort,  il  les  prévenait  qu'il  n'y  avait  pas  lieu 
de  disposer  des  fonds  de  l'excédent  du  tarif  pour  cette 
circonstance  ;  «  ils  devaient  se  borner  aux  présents  ordi- 
naires et  aux  marques  de  joie  accoutumées,  sans  faire  de 
trop  grands  frais.  La  ville  de  Poitiers,  qui  devait  nécessai- 
rement recevoir  la  reine,  ne  comptait  pas  agir  autrement.  » 
Les  registres  ne  contenant  rien  à  ce  sujet,  il  est  hors  de 
doute  que  l'infante  suivit  la  route  habituelle  par  Saint- 
Jean-d'Angély,  Melle  et  Lusignan. 

Dans  le  dernier  quart  du  siècle,  la  ville  de  Niort  eut  la 
visite  d'une  Altesse  royale;  ce  fut  celle  du  comte  d'Artois, 
frère  de  Louis  XVI,  qui  traversa  la  ville  en  1777,  allant 
de  Brest  à  Bordeaux.  Il  y  entra  le  25  mai,  venant  de 
Nantes,  par  la  porte  du  Pont  et  en  repartit  le  26.  Le  30 
du  même  mois,  il  passa  de  nouveau  et  coucha  a  Niort.  Il 
revenait  de  Bordeaux  par  Rochefort.  On  lui  fît  une 
réception  brillante  ;  on  abattit  même  l'angle  du  bâtiment 
de  la  poissonnerie,  pour  que  son  carrosse  pût  tourner 
dans  la  rue,  dite  aujourd'hui  des  Cordeliers.  La  munici- 
palité lui  offrit    les  produits   de  l'industrie    locale,    de 

(1)  Archives  de  Niort,  n"  2859, 


^  211  — 

Tangélique  pour  une  valeur  de  366  livres,  des  gants  et  une 
culotte  de  peau.  Les  frais  de  toute  sorte  faits  pour  son 
passage  montèrent  à  la  somme  de  822  livres  4  sols  (1). 

Deux  ans  après,  en  1779,  le  comte  d'Artois  reçut  le 
Poitou  en  apanage,  mais  il  ne  vint  pas  alors  à  Niort  ;  il  y 
envoya  M''  Elie  de  Beaumont,  son  intendant  des  finances, 
pour  prendre  possession  en  son  nom,  et  en  effet  c'était 
surtout  une  affaire  de  finances.  Nous  avons  parlé  incidem- 
ment, au  chapitre  des  Fortifications,  de  la  réception  qui 
fut  faite  au  mandataire  du  prince.  Dans  les  années  1779  et 
1780,  le  comte  d'Artois  fît  dresser  un  état  de  son  apanage, 
c'est-à-dire  un  relevé  des  biens  dépendant  du  domaine 
royal  dans  le  ressort  de  Niort.  Cette  pièce,  qui  donne  des 
indications  précieuses,  a  été  publiée  dans  les  Bulletins  de 
la  Société  de  statistique  (2). 

Suivant  l'ordre  indiqué  au  commencement  de  ce 
chapitre,  nous  parlerons  maintenant  des  honneurs  rendus 
aux  dignitaires  qui  représentaient  le  roi  par  délégation 
directe. 

L'autorité  royale  a   été,   sous   l'ancienne    monarchie, 

(1)  Archives  de  Niort.  n°  2854.  Dépenses  faites  pour  le  passage  du 
c*«  d'Artois. 

Mémoire  du  menuisier 49  1.    5  s. 

Item     du  serrurier 27      12 

Item     du  tapissier 9        5 

Etat  de  sable  pour  garnir  la  rue  de  passage 67 

Pour  meubler  et  démeubler 38 

Flambeaux  venus  de  Poitiers  par  M""  Laurence.     ...  84 

Présent  d'angélique 366      12 

Présent  de  gants  et  culotte  de  peau 40      10 

Pour  les  pots  à  feu  qui  ont  éclairé  la  halle  pour  la  garde 

des  équipages 40 

Garde  de  la  ville  pendant  les  deux  jours  et  la  nuit     .     .  72 

Aux  valets  de  ville 24 

Total.     .     .     .    822  1.    4  s. 

(2)  Reconnaissance,  visite  et  description  exacte  des  bâtiments  et 
édifices  appartenant  au  Roy  ou  étant  à  sa  charge  dans  l'étendue 
du  siège  royal  et  ressort  de  la  ville  de  Niort  {Bulletinsde  la  Société 
de  statistique,  mars-décembre  1876,  p.  129). 


—  212  — 

exercée  dans  les  provinces  par  les  sénéchaux,  les  gouver- 
neurs et  intendants,  les  commandants  militaires  de 
grandes  circonscriptions,  tous  lieutenants  du  roi  à  diffé- 
rents titres.  C'est  avec  eux  que  les  corps  constitués  étaient 
habituellement  en  contact;  ils  avaient  doncle  plus  grand 
intérêt  à  se  ménager  leurs  bonnes  grâces.  Aussi  les 
présents  et  compliments  à  offrir  à  ces  hauts  dignitaires 
étaient-ils  très  fréquemment  l'objet  des  délibérations 
du  corps  de  ville  de  Niort. 

En  1454,  la  ville  payait  à  Pierre  de  la  Roche,  hôtelier, 
la  dépense  faite  dans  son  auberge  par  le  sénéchal  de 
Poitou  (1).  A  la  fia  de  1456,  lecorps  lui  envoyait  à  Poitiers 
une  pipe  de  vin  valant  16  livres  10  sols,  quatre  quartes 
d'hypocras,  valant  55  sols,  deux  douzaines  de  chapons  qui 
avaient  coûté  6  livres,  et  24  livres  pesant  de  cire  en  torches 
évaluées  4  livres  16  sols.  Le  charretier  qui  avait  conduit 
le  vin  à  Poitiers  recevait  100  sols  (2),  prix  relativement 
considérable  qu'expliquent  les  difficultés  de  la  route  à 
cette  époque,  surtout  dans  la  mauvaise  saison.  Les 
comptes  de  1487-88  et  1490-91  mentionnent  également 
des  présents  de  même  nature  au  sénéchal;  il  en  a  été 
question  au  sujet  des  dépenses  de  ban  et  arrière-ban. 

Les  registres  de  1535-38  citent  une  dépense  plus 
importante,  celle  faite  pour  l'entrée  â  Niort  du  sénéchal 
qui  y  venait  pour  la  première  fois.  Le  titulaire  de  cette 
charge  était  alors  M''  du  Puy  du  Fou.  Il  arriva  le  14  juillet 
1535  et  reçut  de  la  ville  comme  cadeau  de  bienvenue  dix 
aunes  de  satin  cramoisi,  teint  en  grenat  vénitien,  du  prix 
de  8  livres  10  sols  l'aune.  Il  séj(>urna  huit  jours.  Pendant 
ce  temps,  il  lui  fut  offert  six  barriques  de  vin  qui  coûtèrent 
36  livres  (3),  et  entre  autres  choses  des  carquelins  pour 


(1)  Assemblée  du  28  juillet  liSi. 

(2)  Assemblées  des  20  décembre  lk56  et  21  janvier  l^tSl . 

(3)  Le  vin  fut  payé  par  Audet  Savignon  qui  venait  d'être  promu  du 
rang  de  pair  à  celui  dechevin.  Il  devait  50  livres  pour  droit  d'intrant 
et  remit  le  surplus,  soit  14  livres,  au  receveur. 


—  213  — 

une  somme  de  12  sols  6  deniers  (1).  Il  s'agit  là  d'une  pâtis- 
serie très  connue,  encore  en  honneur  à  Niort  et  dans  les 
environs,  surtout  du  côté  de  la  Saintonge. 

En  dehors  des  circonstances  extraordinaires,  l'ëclicvi- 
nagede  Niort  faisait  habituellement  des  présents  de  vin  au 
sénéchal.  Nous  donnons  en  note^  et  par  ordre  de  date,  les 
difEérentcs  délibérations  qui  concernent  cette  dépense 
dans  les  années  1535,  1536  et  1537  (2). 

Les  sénéchaux  étaient,  à  cette  époque,  chargés  en 
province  des  fonctions  les  plus  importantes  qui  dépen- 
dissent de  la  couronne;  ils  avaieiit  dans  leur  région  le 
commandement  des  troupes,  la  juridiction  civile  et 
militaire,  et  le  gouvernement  des  villes  et  châteaux.  Ils 


(1)  Assemblées  des  12,  li  et  31  juillet  1535. 

(2)  Assemblée  du  26  novembre  1535.  Touschant  le  vin  qu'on  a 
coustume  de  donner  à  M""  le  sénéchal  pour  nous  conseiller  et  aider  dans 
nos  affaires,  a  esté  délibéré  qu'on  lui  enverra  six  hussards  devin,  qui 
seront  conduits  par  le  reccpveur  à  sa  ferme  de  la  Mothe  près  Croutelle. 

Le  bussard  était  la  demi-pipe,  autrement  dit  la  barrique  ordi- 
naire. 

Assemblée  du  19  mars  1536.  A  Urhain  Rousseau,  marchand  de  la 
ville,  30  livres  pour  six  barriques  de  vin  de  la  Foye,  pour  donner  à 
M""  le  sénéchal  de  Poitou. 

Assemblée  du  30  septembre  1536.  P.  Macault,  contrerolleur,  dit 
qu'il  est  allé  à  la  Foye  taster  et  choisir  du  vin  pour  envoyer  à  M""  le 
sénéchal  et  demande  à  être  payé  de  sa  journée.  Délibéré  que  l'on  verra 
s'il  fust  ordonné  qu'il  y  allast. 

Assemblée  du  25  janvier  1537.  Six  rondelles  de  bon  vin  choisi 
pour  M""  le  sénéchal,  qui  seront  conduites  par  deux  charrois  à  sa  maison 
de  la  Mothe  ou  à  celle  du  Fou. 

[Les  ruines  du  château  du  Puy  du  Fou  se  voient  près  du  bourg"  des 
Epesses,  en  Vendée.  C'était,  pour  la  majeure  partie,  une  construction 
de  la  première  moitié  du  seizième  siècle.] 

Assemblée  dn  27  avril  1537.  Alloué  au  receveur  pour  les  six  barri- 
ques de  vin,  à  8  livres  chacune,  48  livres;  pour  les  charrois  faits  par 
Pierre  Giraudeau  et  Berthelot  jusqu'au  Fou,  16  livres;  plus  à  André 
Bertaud,  sergent  de  céans,  qui  les  a  conduites  au  Fou,  50  sols. 

Assemblée  du  26  octobre  1537.  Alloué  11  sols  pour  1 1  piiilcs  de  vin 
qui  ont  été  données  à  M''  du  Puy  du  Fou  par  ordre  de  M''  Jehan  Jau,  en 
l'absence  du  maire  M""  Jacques  Jau,  le  5  octobre. 


—  214  — 

étaient  aussi  chargés  du  recouvrement  des  deniers  du  roi. 
Leurs  pouvoirs  furent  beaucoup  amoindris  dans  le  cours 
du  seizième  siècle,  et  leurs  plus  hautes  attributions 
dévolues  aux  gouverneurs  des  provinces,  plus  tard  aux 
intendants.  Là  où  le  titre  de  sénéchal  subsista,  il  ne  fut 
plus  guère  qu'honorifique. 

A  cause  des  lacunes  de  titres,  il  ne  nous  est  pas  possible 
de  suivre  à  Niort  cet  amoindrissement  des  pouvoirs  du 
sénéchal  dans  les  années  qui  vont  du  règne  de  François 
premier  à  celui  de  Henri  IV.  Au  commencement  de  cette 
période,  le  maire  était  choisi  par  le  sénéchal  sur  une  liste 
de  trois  candidats  présentés  par  le  corps;  à  la  fin,  sa 
nomination  est  faite  par  le  lieutenant  du  sénéchal,  qui 
n'est  autre  que  le  président  du  siège  royal  de  Niort. 
Quant  au  sénéchal  lui-même,  c'est  un  personnage  auquel 
n'a  jamais  affaire  le  corps  de  ville  et  qu'il  n'est  alors 
intéressé  à  gratifier  d'aucun  présent.  Les  maire  etéchevins 
réservent  leurs  hommages  de  toute  sorte  pour  le  gouver- 
neur du  Poitou,  qui  est  en  droit  et  en  fait  la  première 
autorité  de  la  province. 

Lors  de  la  prise  de  Niort  par  les  protestants  en  1588,  le 
gouverneur  du  Poitou,  qui  était  M''  de  Malicorne(l)^  de  la 
religion  catholique,  se  trouvait  dans  cette  ville  où  il  était 
venu  pour  organiser  la  défense  contre  le  roi  de  Navarre. 
Malgré  cela,  il  ne  fut  pas  privé  de  son  gouvernement  qu'il 
possédait  encore  en  1603.  Il  était  alors  d'un  grand  âge  et 
très  infirme.  La  survivance  de  sa  charge  appartenait  à 
M'"  de  Lavardin,  gouverneur  des  provinces  du  Perche  et 
du  Maine,  qui,  ayant  d'autres  vues,  était  disposé  à  lui 
rendre  sa  parole  à  cet  égard;  dans  ces  conjonctures, 
Henri  IV  fit  choix  pour  le  gouvernement  du  Poitou  du 
plus  illustre  de  ses  serviteurs,  le  duc  de  Sully.  Ce  dernier 
raconte  dans  ses  Mémoires  comment  le  roi  l'autorisa  à 

(1)  Jean  de  Chourses,  s""  de  Malicorne,  avait  succédé  en  1585  à  Guy 
de  Daillon,  comte  du  Lude,  celui  qui  assiégea  Niort  en  l'année  1569  à 
la  tête  de  l'armée  royale. 


—  215  — 

traiter  avec  M'"'  de  Malicorne  (1)  et  de  Lavardin,  ce  qu'il 
fit,  dit-il,  si  adroitement  que  moyennant  un  millier  d'écas 
donnés  à  propos  à  ceux  qui  leur  servaient  de  conseil,  il 
tira  d'eux  le  gouvernement  pour  20,000  ëcus.  11  nous 
apprend  plus  loin  que  cette  charge  rapportait  18,000 
livres  par  an.  On  sait  que,  s'il  fut  administrateur  sévère 
de  la  fortune  du  royaume^  Sully  était  aussi  fort  soigneux 
de  la  sienne.  11  recevait  avec  une  grande  satisfaction  les 
présents  que  lui  faisaient  les  villes  de  son  gouvernement, 
et  ce  fut  très  probablement  pour  lui  que  la  ville  de  Niort 
inaugura  l'hommage  d'une  pièce  d'orfèvrerie,  qui  se  con- 
tinua vis-à-vis  de  ses  successeurs  jusques  vers  la  fin  du 
siècle. 

.  Le  duc  de  Sully  avait  reçu,  en  date  du  16  décembre 
1603,  ses  provisions  de  gouverneur  du  Poitou,  Chatelle- 
raudais,  Loudunais,  etc.  Le  22  juin  de  l'année  suivante,  il 
fit  son  entrée  solennelle  dans  la  ville  de  Poitiers,  qui  lui 
olïrit  une  plate-foi^ne  d'argent  portant  un  canon  d'argent 
doré,  comme  emblème  d'une  de  ses  charges,  celle  de 
grand  maître  de  l'artillerie.  Quelques  jours  après,  il  entra 
à  Niort;  les  échevius  lui  firent  présent  d'un  objet  d'art, 
dont  la  forme  était  inspirée  par  un  jeu  de  mots  sur  le  nom 
de  leur  ville  que  l'on  décomposait  ainsi  :  Nid-Or.  C'était 
une  tour  d'argent  surmontée  d'un  arbre  dans  lequel  il  y 
avait  un  nid  d'or  avecq  la  figure  dang  pelliquand  et  deux 
petitz  pelliquandeaux.  Il  était  dit  dans  le  marché  passé 

(I)  Les  fonctions  de  gouverneur  du  Poitou  paraissent  avoir  été  en 
réalité  exercées  depuis  1589  par  ]\I''  de  Parabère,  gouverneur  de  Niort, 
qui  avait  aussi  le  titre  de  lieutenant  général  dans  la  province  et  le 
conserva  sous  le  duc  de  Sully.  Les  registres  de  l'hôtel  de  ville  donnent 
toujours  à  M""  de  Parabère  le  titre  de  gouverneur  du  Poitou,  comme 
dans  le  procès-verbal  ci-dessous  : 

Assemblée  du  27  juillet  1601.  Touschant  d'adviser  à  faire  présenta 
Mgr  de  Parabère,  (jouverneur  du  Poitou,  à  sa  venue  en  cestc  ville, 
d'ung  tonneau  de  bon  vin,  a  esté  dellibéré  que  les  d  Savignac  et 
Michel  feront  perquisition  d'ung  tonneau  de  bon  vin  qui  se  trouvera  en 
ceste  ville  pour  estre  faict  présent  au  sgr  de  Parabère,  et  le  prix  paie 
par  le  recepveur  de  céans. 


—  216  — 

pour  la  fabrication  de  cette  œuvre  que  le  pélican  se  perce- 
rayt  l'estoumac,  suivant  la  tradition.  Elle  fut  faite  à  la 
Rochelle  par  les  nommés  Jacques  Chabot,  Abraham 
Besnard  et  Benjamin  de  la  Noiihe,  maistres  orpheuvres  et 
bourgeois  de  la  dite  ville,  au  prix  de  trois  cent  soixante 
livres,  dont  quatre-vingt-dix  pour  la  façon  (1). 

(\)  Assemblée  du  li  juin  160i.  Touchant  d'adviser  à  l'advertisse- 
ment  faict  à  Monsieur  le  Maire  de  ceste  d.  ville  qui  est  à  ce  que  l'on 
ayt  à  se  tenir  prest  pour  recepvoir  Monsieur  de  Rosny,  gouverneur  en 
Poitou,  et  luy  fayre  un  présent  atin  de  luy  faire  paroistre  le  zèle  et 
affection  que  nous  avons  en  son  endroict. 

A  esté  dellil)éré  par  tous  et  par  nous  conclud  qu'il  sera  faict  un 
présent  à  mon  d.  s""  de  Rosny,  lequel  sera  faict  scellon  les  facultez  et 
moyens  des  habitans  de  ceste  ville  lorsqu'il  viendra  fayre  son  entrée  en 
icelle  ville. 

Assemblée  du  18  juin  160i.  Touchant  d'adviser  à  la  requeste 
présentée  par  le  d.  Thomas  Jamonneau  et  le  d.  Jehan  Dernier,  dysant 
que  suivant  et  au  désir  de  leur  commission  à  eux  baillée  au  conseil  qui 
fut  tenu  par  plusieurs  eschevyns  et  pairs  de  ce  corps  le  xv«  jour  de  ec 
présent  moys  et  an  pour  fayre  ung  présent  à  Monsieur  le  marquis  de 
Rosny,  lorsqu'il  fera  son  entrée  en  ceste  ville,  afin  de  le  recepvoir  scellon 
son  méritte,  le  d.  conseil  tenu  en  l'hostel  et  mayson  de  Aubin  Girault, 
escuyer,  s""  de  Gourfailles,  lieutenant  particullier  et  assesseur  au  siège  et 
ressort  de  ceste  ville,  contenant  que  les  d.  Dernier  et  Jamonneau  se 
transporteroyent  en  la  ville  de  la  Rochelle,  pour  fayre  fayre  ung  arbre 
d'argent  dans  lequel  il  y  auroyt  ung  nictd'or.  dans  le  d.  nict,  il  y 
auroyt  ung  oyseau  en  forme  de  pelliquandquice  perceroytl'estoU' 
mac,  et  au  dessoubz  des  petitz  pellicandaulx,  ou  bien  une  tourt  en 
forme  des  armoyries  de  cesle  ville,  sur  laquelle  seroyt  ung  arbris- 
seau dans  lequel  sera  le  nict  d'or  et  oyseau  cy-dessus,  comme  dict 
est  et  comme  il  est  plus  à  plain  desclairé  et  spécifié  par  l'acte  qui  fut 
faict  au  d.  conseil  ci  dessus  datte,  et  aussy  fut  dict  qu'ilz  en  rappor- 
teroyent  acquit  ou  contract  de  marché  faict  avecq  les  maistres  qui 
entreprandront  la  d.  besougne,  ce  qu'ils  ont  faict  désirant  que  le  tout  soit 
aprouvé  et  ratyfié  par  la  d.  assemblée  pour  leur  descharge. 

Après  que  lecture  nous  a  esté  faicte  de  l'assemblée  particullière  ou 
conseil  tenu  en  l'hostel  du  s^^  Girault,  ensemble  du  contract  ou  marché 
faict  par  les  d.  Dernier  et  Jamonneau  à  Jacques  Chabot,  Abraham 
Desnard  et  Denjamin  de  la  Nouhc,  m^^  orpheuvres  de  la  ville  de  la 
Rochelle,  contenant  que  les  d.  Dernier  et  Jamonneau  ont  baillé  et  payé 
comptant  aux  d.  m«s  orpheuvres  la  somme  de  quatre  vingt  dix  livres 
pour  la  fasson  d'une  tourt  et  arbrisseau  au  dessus  de  la  d.  tour   et 


—  217  — 

Dans  l'assemblée  du  24  juin,  Gamaliel  Toiicquard  et 
Jehan  Regnault,  qui  avaient  été  députés  û  Poitiers  pour 
prêter  au  gouverneur  le  serment  d'obéissance  au  nom  des 

byseau,  le  tout  d'argent  ficellon  la  figure  qu'ilz  nous  ont  représenté  en 
la  présente  assemblée,  le  tout  suivant  et  au  désir  de  leur  commission, 
a  esté  dellibéré  par  tous  et  par  nous  conclud  que  le  d.  acte  tenu  en 
riiostel  du  d.  S""  Girault,  en  datte  du  quinziesme  jour  de  ce  présent 
moys,  ensemble  l'accord  ou  marché  faict  par  le  d.  Dernier  aux  d.  de  la 
Nouhe,  Besnard  et  Chabot,  daté  du  seiziesme  jour  du  présent  moys, 
signé  Bigeard,  notayre  royal,  seront  ralilTiez  et  approuvez  et  iceulx 
ratifTions  et  approuvons  et  tout  le  contenu  en  iceulx,  et  seront  les  d. 
Bernier  et  Jamonneau  descliargez. 

Assemblée  du  juillet  160'i.  Pour  adviser  à  la  requeste  présentée 
par  le  d.  Thomas  Jamonneau  dysant  que  cy-devant  et  au  moys  de  juing 
passé  le  d.  Jamonneau  et  le  d.  Jehan  Bernier  ont  esté  chargez  par 
assemblée  parlicuIliAre  de  soy  transporter  en  la  ville  delà  Rochelle  fayre 
prix  avecq  des  orphcuvres  de  la  dicte  ville  de  la  fasson  et  matière  d'une 
tour  d'argent  avecq  ung  arbre  dans  lequel  y  auroyt  ung  nict  d'or 
avec  la  figure  d'xing  pelliqiiand  et  deux  petilz  pelliquandeaux, 
pour  en  faire  présent  à  mon  seigneur  le  marquis  de  Rosny,  lieutenant 
général  et  gouverneur  pour  le  Roy  de  ce  pais  de  Poitou,  lors  de  son 
entrée  qu'il  a  faicte  en  ceste  ville  de  Nyort,  suivant  laquelle dellibération 
les  dictz  Jamonneau  et  Bernier  se  sont  transportez  en  la  d.  ville  de  la 
Rochelle  et  ont  faict  prix  de  ce  que  dessus  avec  Jacques  Chabot, 
Abraham  Besnard  et  Benjamin  de  la  Nouhe,  maistres  orpheuvres  et 
bourgeois  de  la  dicte  ville  de  la  Rochelle,  scelon  qu'il  appert  par  contract 
sur  ce  faict  et  passé  au  d.  lieu  de  la  Rochelle  le  seiziesme  jour  du  mois 
de  juing,  signé  Bigeard  notayre  royal,  depuis  lequel  temps  ils  nous  ont 
rapporté  la  dicte  tourt  d'argent,  le  dicl  nict  d'or,  une  figure  d'arbre, 
pelliquand  et  pelliquandaulx,  scellon  et  au  désir  de  la  d.  assemblée, 
lesquelles  choses  ont  esté  par  nous,  en  présence  de  plusieurs  eschevins 
et  pairs  de  céans  présentées  et  données  à  mon  dict  seigneur  de  Rosny, 
lequel  les  a  heu  pour  agréables,  et  diet  encore  le  d.  Jamonneau  que, 
auparavant  (lu'ellcs  luy  fussent  présentées,  elles  ont  esté  veuhes  céans 
par  nous  et  plusieurs  eschevins  et  pairs  du  d  corps  de  céans,  et  ont  esté 
aussi  trouvées  comme  bien  et  duemeiil  faicles;  nous  ont  aiissy  les  d. 
Jamonneau  et  Bernier  rcmonslré  qu'il  ont  heu  acquiel  des  d.  Chabot, 
Besnard  et  de  la  Nouhe  en  dalhc  du  vingt-sixiesme  jour  de  juing 
dernier  passé,  aussy  passé  par  le  d.  Bigeard  notayre,  disant  aussy  que 
des  denyers  qui  leur  ont  eslé  mis  entre  les  mains  pour  achapler  la  d. 
tourt  d'argent,  les  d.  niel  d'or,  arbre  et  pclli(iuand,  il  leur  a  esté  donné 
des   denyers   revenant  à   la  somme  de   trois  cent  soixante   livres,  de 


—  218  — 

habitants  de  Niort,  rendirent  compte  de  leur  mission.  Ce 
même  jour,  il  fut  décidé  que  l'on  mettrait  sur  pied,  pour 
sa  réception,  quatre  compagnies  de  milice  bourgeoise, 
dont  les  commandants  furent  nommés  séance  tenante.  Les 
registres  ne  nous  donnent  pas  la  date  exacte  à  laquelle  le 
duc  de  Sully  fît  son  entrée  à  Niort  (  l).  11  y  passa  un  jour 
et  demi  et  fut  logé  par  les  soins  du  corps  à  l'auberge  du 
Petit-lMore,  où  il  était  défrayé,  mais  sans  grand  empres- 
sement, à  en  juger  par  les  termes  du  règlement  de  compte 
avec  l'hôtelier.  (2).  La  mauvaise  grâce  fut  du  reste,  ainsi 

laquelle  ils  ont  tenu  compte  par  le  menu,  présentement  dont  ils  requiè- 
rent estre  deschargez. 

Après  que  les  d.  Jamonneau  et  Dernier  ont  faict  apparoir  du  d. 
contract  et  acquict  et  ont  tenu  compte  entièrement  parle  menu  de  tous 
les  denj'ers  (ju'ils  ont  desboureez  pour  les  matières  dor  et  d'argent, 
estuy  pour  mettre  la  d  tourt  et  fasson  desd.  choses,  ensemble  desfraicts 
par  eulx  faicts  au  voyage  en  ceste  ville  de  la  Rochelle,  parl'issue  duquel 
compte  ils  se  sont  trouvez  redevables  d'aulcunes  choses,  a  esté  dellibéré 
par  tous  et  par  nous  conclud  que  les  d  Jamonneau  et  Dernier  demeure- 
ront quittes  et  deschargez  de  ce  que  dessus,  dont  il  leur  a  esté  octroyé 
acte  pour  leur  valloir  et  servir  ce  que  de  rayson  ;  a  esté  aussi  dellibéré 
que  le  d.  contract  et  acquict  seront  mis  au  cofTre  du  trésor  de  céans  ce 
qui  a  esté  présentement  faict. 

(1)  Sully,  d'après  le  récit  qu'il  fait  de  son  voyage  en  Poitou,  rentra  à 
Paris  le  22  juillet,  après  avoir  été  faire  à  la  Rochelle,  en  dehors  de  son 
gouvernement,  une  entrée  fort  imposante;  il  était  escorté  de  1200 
hommes.  En  revenant,  il  s'arrêta  encore  dans  quelques  localités  du 
Poitou. 

(2)  Assemblée  du  juillet  160i.  Pour  advLser  à  la  requeste 
présentée  par  Jacques  Nouel,  hoste  du  logis  où  pend  pour  enseigne  le 
Petit-More,  dysant  qu'il  nous  auroyt  pieu  à  l'entrée  de  Jlonsieur  le 
marquis  de  Rosny,  faiete  en  ceste  ville,  icelluy  seigneur  loger  avecq 
toutte  sa  mayson  au  d.  logis  du  d.  suppliant  qui  auroyt  fourny  de  ver- 
geu,  vinaigre  et  autres  petittes  commoditez  qu'il  auroyt  pieu  prendre  à 
mon  d  seigneur  en  icelluy  d.  logis,  oii  il  auroyt  séjourné  par  ung  jour 
et  demy,  sans  que  le  d.  suppliant,  qui  n'est  que  ung  pauvre  locataire  du 
d  logis  en  ayt  heu  aulcun  payement  en  récompense,  par  quoy  désirant 
le  d.  suppliant  qu'il  nous  pleust  ordonner  payement  estre  faict  par  le 
rccepveur  du  d  corps  de  la  somme  de  soixante  livres,  ou  aultre  somme 
que  de  rayson. 

A  esté  dellibéré  par  tous  et  par  nous  conclud  que  pour  l'occupation 


—  219  — 

que  nous  le  verrons  plus  amplement,  la  note  dominante 
dans  les  rapports  de  la  ville  avec  Sully.  Pour  son  entrée 
néanmoins,  en  outre  du  présent  qui  lui  fut  otïert,  on  fit  les 
décorations  et  préparatifs  habituels  en  signe  d'honneur  et 
de  réjouissance  officielle.  Le  procès-verbal  de  la  séance  du 
dernier  vendredi  de  décembre  contient  l'allocation  de  la 
somme  due  à  un  peintre  pour  les  tableaux  d'armoiries  qui 
avaient  été  placés  aux  portes  de  la  ville  (1). 

Sully  resta  pourvu  du  gouvernement  de  Poitou  pendant 
douze  ans.  Il  vint  plusieurs  fois  â  Niort  dans  ce  laps  de 
temps  et,  lors  d'une  de  ces  visites,  en  janvier  1616,  il  ût 
au  corps  de  ville  une  demande  qui  paraît  singulière,  mais 
qui  est  bien  en  rapport  avec  l'esprit  de  grand  ménagement 
d'argent  qu'on  lui  connaît.  Il  aurait  voulu  être  fourni  du 
linge  nécessaire  pendant  son  séjour.  Les  échevins  refu- 
sèrent disant  qu'on  n'avait  point  acoastumé  en  ceste  ville 
d'en  fournir  les  gouverneurs  de  la  province  (2).   Il  est 


qui  aestéfaicte  du  d.  logis  du  d.  Nouel  par  mon  seigneur  le  marquis 
de  Rosny  lors  de  sa  d.  entrée,  qu'il  luy  sera  allouhé  la  somme  de  douze 
livres  tz,  de  laquelle  somme  il  sera  payé  par  le  recepveur  de  céans  qui  à 
ce  fayrc  sera  contrai  net  par  touUes  voyes  deuhes  et  raysonnahles,  ce  qui 
luy  sera  allouhé  en  ses  comptes  en  rapportant  ces  présentes  et  acquict 
du  d.  Nouel,  sans  tirer  à  conséquence  pour  ladvenir,  laquelle  somme 
sera  allouhée  au  d.  recepveur  des  intrans  en  rapportant  la  présente  et 
acquict  du  d.  Nouel. 

(1)  Assemblée  du  dernier  vendredi  de  décembre  160i.  Pour 
adviser  à  la  requeste  présentée  par  François  Loyseau,  m*=  peintre  et 
vitrier  de  ceste  ville,  tendant  à  estre  payé  de  la  somme  de  livres  qui 
luy  sont  dheues  pour  avoir  fet  par  commandement  de  nous  d.  mayre 
huict  armoyries  pour  mettre  aux  portes  de  ceste  ville  à  l'entrée  de  mon 
seigneur  de  Rosny,  gouverneur  de  ce  païs  de  Poictou. 

A  esté  dellibéré  par  tous  et  par  nous  conclud  que  le  d.  Loyseau  sera 
paie  de  la  somme  de  livres  dheues  pour  la  fasson  des  d.  armoyries 
par  le  recepveur  de  céans. 

[Sur  le  registre,  en  dessous  de  cette  délibération,  est  un  dessin  grossier 
des  armes  de  la  ville,  une  tour  et  trois  fleurs  de  lys  placées  un  et  deux.] 

{^)  Assemblée  du  19  juin  1616  Sur  ce  que  nous  d.  mayre  avons 
faict  entendre  aux  assislans  que  M""  le  duc  de  Suilly,  gouverneur  de 
ceste  province,  demande  que  les  habitans  de  ceste  ville  le  fournissent 


—  220  — 

permis  de  croire  que  leur  refus  n'était  pas,  en  cette  occa- 
sion, motivé  par  l'importance  des  frais  à  faire,  mais  bien 
par  les  sentiments  d'hostilité  que  professait  vis-à-vis  du 
gouverneur  la  portion  catholique  de  l'assemblée,  l'accusant 
de  pactiser  avec  ses  coreligionnaires  qui  préparaient 
une  nouvelle  prise  d'armes. 

Dans  le  courant  de  l'année  précédente,  un  pair,  nommé 
Pierre  Texier,  avait  insulté  le  duc  de  Sully  et  M''  de 
Parabère,  qui  étaient  présents  lors  de  l'élection  du  maire. 
Quelques  jours  après,  le  procureur  syndic  requit,  il  est 
vrai,  que  pour  ses  insollences  le  dit  Texier  fût  desmis  et 
privé  de  sa  place  (1).  L'assemblée  conclut  à  la  suite  qu'il 
serait  informé  des  dictes  insollences  pour  en  être  fait 
rapport  â  la  prochaine  réunion  ;  cependant  Tafïaire  ne  fut 
pas  poursuivie.  Il  n'en  est  aucunement  question  dans  les 
procès-verbaux  suivants  ;  on  constate  seulement  que 
Pierre  Texier,  durant  plusieurs  années,  n'est  plus  porté 
parmi  les  membres  présents  ;  mais  son  nom  figure  sur  la 
liste  générale  des  cent  pairs  de  1G20,  insérée  aux  registres. 
Autrement  dit,  il  ne  fut  pas  dégradé  de  son  titre. 

Vers  la  même  époque,  Sully  céda  pour  200,000  livres  le 
gouvernement  de  Poitou  au  duc  de  Rohan,  son  gendre, 
qui  en  avait  obtenu  r agrément  du  roi.  Il  dit  à  ce  sujet 

de  linge  lorsqu'il  sera  en  ceste  ville,  a  esté  par  tous  dcllibéré  et  par 
nous  conclud  que,  sy  mon  dit  seigneur  le  duc  de  Suilly  faict  encore 
ceste  demande  aux  d.  habitans  de  ceste  ville,  on  le  suppliera  de  nous 
en  excuser,  attendu  qu'on  n'a  point  acoustumc  en  ceste  ville  d'en 
fournir  les  gouverneurs  de  la  province. 

(1)  Asse'^nblée  du  26  juin  1615.  Sur  la  reraonstrance  du  d.  scindiq 
que  en  la  mairie  dernière  et  aux  mairies  préceddantes,  M''  Pierre 
Texier,  l'un  des  pairs  de  céans,  auroyt  commis  plusieurs  insollences 
indignes  d'un  homme  de  sa  qualité  et  condition,  jusques  là  il  auroyt 
usé  de  contumélie  vers  Nosseigneurs  le  duc  de  Suilly  et  de  Parabère 
qui  estoient  à  la  mairie  dernière,  requis  que  pour  ses  insollences  il 
soit  desmis  et  privé  de  sa  place. 

A  esté  par  tous  dellibcré  et  par  nous  conclud  qu'il  sera  informé  des 
dictes  insollences  à  la  requeste  et  dilligence  du  d.  scindiq  pour  estre 
raporté  à  la  prochaine  assemblée  de  céans  et  pourveu  ce  qu'il 
appartiendra. 


—  221  — 

dans  ses  Mémoires  que  d'autre  part  il  en  aurait  pu  avoir 
300^000  livres.  Le  duc  de  Rolian  fut  nommé  par  lettres 
données  â  Paris  le  23  septembre  1616,  enregistrées  à  Niort 
à  la  fin  du  même  mois.  Il  avisa  les  maire  et  éclievins  qu'il 
ferait  son  entrée  dans  leur  ville  le  6  décembre.  Sa  lettre  à 
cet  effet  fut  communiquée  au  corps  de  ville  assemblé  le 
21  novembre  (1)  et,  dans  cette  môme  séance,  on  liquida 
le  compte  de  l'orfèvre  de  la  Rochelle  qui  avait  été  chargé 
de  faire  la  tour  d'argent  offerte  au  nouveau  gouverneur.  Il 
y  était  entré  pour  deux  cent  vingt-deux  livres  d'argent; 
le  total  des  frais,  compris  le  voyage  du  sieur  Barbade, 
l'un  des  pairs,  la  façon  et  le  port,  s'élevait  â  374  livres 
15  sols  4  deniers.  Le  corps  désigna  les  éclievins  qui  com- 
manderaient les  trois  compagnies  à  mettre  sous  les  armes. 
Le  jour  de  l'entrée,  il  fut  apposé  des  tableaux  d'armoiries, 
comme  d'ordinaire,  et  dressé  en  outre  un  arc  de  triomphe  ; 
la  dépense  de  ces  accessoires  fut  réglée  dans  la  dernière 
assemblée  de  l'année  (2) . 

Le  gouverneur  du  Poitou  avait,  pour  l'aider  et  le  sup- 
pléer dans  ses  fonctions,  un  ou  deux  lieutenants  généraux. 
Le  duc  de  Sully  eut  d'abord  NP  de  Parabère,  qui  était  en 
même  temps  gouverneur  de  Niort.  Celui-ci,  en  1613,  céda 
le  commandement  de  la  ville  â  son  fils  Henri  de  Baudéan, 
baron  de  Pardaillan,  et  sa  charge  de  lieutenant  général  du 
Poitou  au  marquis  de  Noirmoutiers  (3).  A  la  mort  de  ce 

(1)  Assemblée  du  21  novembre  1616.  Lecture  faicte  de  la  lettre  de 
M""  de  Rohan  portant  qu'il  fera  son  entrée  en  ceste  ville,  comme  gou- 
verneur de  ceste  province,  le  mardi  vj  décembre  prochain,  a  esté  par 
tous  dellibéré  et  par  nous  conclud,  scelon  les  assemblées  précédentes, 
que  l'on  fera  entrée  au  d.  s""  de  Rohan,  et  à  ceste  lin  sera  faict  un  ban 
pour  assembler  les  habitans  de  caste  ville  et  sera  faict  préparatifs  de 
tout  ce  quy  sera  nécessayrc. 

(2)  Assemblée  du  31  décembre  1616.  Huict  livres  pour  les  armoyries 
faictes  à  l'entrée  de  INI""  de  Rohan.  Huict  livres  cinq  sols  à  .1.  Bardon, 
menuysier,  pour  les  estofl'es  d'un  arc  de  triomphe  à  la  dicte  entrée. 

(3)  Le  personnage  que  les  registres  de  l'hôtel  de  ville  {Assemblée  du 
1"  août  1613)  désignent  par  ce  titre  est  Louis  de  la  Trémoille,  marquis 
de  Noirmoutiers,  dont  la  statue  tombale  est  au  Musée  de  Niort.  Il 
mourut  le  4  septembre  1613,  âgé  de  27  ans. 


—  222  — 

dernier,  arrivée  peu  de  temps  après,  M'  de  Rochefort 
obtint  la  place  par  le  crédit  du  prince  de  Condé  (1).  Sa 
fidélité  au  roi  étant  suspecte  â  juste  titre,  il  fut  remplacé 
par  le  comte  de  la  Rochefoucault,  qui  était  catholique  (2) 
et  fut,  à  cause  de  cela,  reçu  à  Niort  avec  des  honneurs 
extraordinaires  (3).  Il  n'était  en  fait  que  sous-gouverneur  ; 
cependant  on  lui  donna,  comme  s'il  eût  été  le  premier  de 
la  province,  la  tour  d'argent  faicte  pour  cet  effect,  dit  le 
procès-verbal.  A  ce  propos,  il  y  a  lieu  d'observer  que  les 
registres  de  l'hôtel  de  ville,  bien  que  très  complets  pour 
cette  période,  ne  contiennent  rien  qui  concerne  la  façon  de 


(I)  Louis  d'Aloigny,  sgr  de  Rochefort,  elc...  était  grand  chambellan 
du  prince  de  Condé. 

(•?)  Le  comte  de  la  Rochefoucauld  avait  été  protestant  ;  il  abjura  le 
calvinisme,  très  jeune  encore,  et  devint  zélé  catholique. 

(3)  Assemblée  du  20  mai  1615.  A  esté  par  tous  unanimement  delli- 
béré  et  par  nous  conclud  ....  qu'entrée  sera  faicle  au  d.  seigneur  de  la 
Rochefoucauld,  et  pour  ce  fayre  sera  par  nous  mayre  faict  fayre  un 
bancq  pour  l'assemblée  qui  se  fera  à  cet  elîet,  et  pour  aller  saluer  le 
d.  sgr  comte  jusqucs  à  Saint-Maixent  ont  esté  nommez  à  la  pluralité 

des  voix  El  sera  préparé  le  logis  du  Grand-More  pour  le  d.   sgr 

comte,  qui  sera  tapissé  et  l'enseigne  ostée  ;  seront  faictes  des  armoyries 
scelon  qu'il  a  esté  acouslumé  en  telles  entrées.  Ne  sera  faicte  aultre 
compaignie  que  celle  du  mayre  qui  sera  grosse  jusqu'à  trois  cens 
des  plus  capables  habitans  de  ceste  ville,  et  sera  prinse  l'enseigne 
blanche  ....  et  seront  condampnez  chascun  des  contrevenans  à  vingt 
livres  d'amande,  ce  qui  sera  exécuté  nonobstant  oppositions  et  appella- 
tions quelconques.  Et  sera  donnée  la  tour  d'argent  au  d.  sgr  comte 
de  la  Rochefoucauld,  qui  a  esté  faicte  pour  cet  effect  avecq  les  aultres 
présents  et  gratiflications  qu'on  a  acoustumé  en  pareil  cas  [Le  logis  du 
Grand-More  fut  acheté  en  1618  par  le  père  Gastaud  2:)0ur  y  établir 
les  Oratoriens.] 

Assemblée  du  '29  mai  1615.  Requérant  le  procureur  scindiq,  a  esté... 
et  par  nous  conclud  que  les  habitans  de  ceste  ville  qui  pouvoient  porter 
les  armes  à  l'entrée  de  Mgr  de  la  Rochefoucauld  et  ont  faict  mespris 
de  l'appel,  nonobstant  tous  les  bancqs  qui  ont  esté  publiés,  seront 
condampnez  à  paier  l'amande,  laquelle  amande  le  corps  de  céans  a 
modérée  à  trente-six  sols  trz,  et  qui  sera  paiée  par  les  contrevenans  sur 
le  rolle  qui  en  sera  à  cet  effect  dressé  par  nous  mayre. 


—  223  — 

la  tour  offerte  au  comte  de  la  Rochefoucauld.  Vis-à-vis  du 
même  personnage,  la  ville  de  Poitiers  témoigna  peu  de 
temps  après  de  sentiments  pareils  â  ceux  qui  avaient  été 
manifestés  â  Niort.  Lorsque  le  roi  passa  à  Poitiers  au  mois 
d'août  1G15,  il  était  accompagné  par  M''®  de  Sully  et  de 
la  Rochefoucauld.  Les  maréchaux  des  logis  marquèrent 
pour  ce  dernier  la  maison  attribuée  d'ordinaire  au  gouver- 
neur de  la  province  ;  le  duc  de  Sully  pensa,  non  sans 
raison,  que  cela  s'était  fait  do  concert  avec  les  habitants  et 
resta  pendant  quatre  jours  au  château  d'Auzances,  près 
Migné,  â  petite  distance  de  la  ville,  jusqu'à  ce  que  le  roi 
lui  eût  fait  lendre  son  logement. 

Lorsque  le  comte  de  la  Rochefoucauld  eut  été,  en  1622, 
après  la  défection  du  duc  de  Rohan,  nommé  gouverneur 
du  Poitou,  il  ne  fit  pas,  en  cette  nouvelle  qualité,  d'entrée 
solennelle  à  Niort.  Il  donna  sa  démission  en  1633,  et  le  roi 
pourvut  de  la  charge  vacante  Henri  de  Baudéan,  comte 
de  Parabère,  qui  fut  lui-même  remplacé,  en  1646,  par 
François  de  la  Rochefoucauld,  prince  de  Marsillac  (1), 
l'auteur  des  Maximes.  Engagé,  comme  on  sait,  dans  le 
parti  de  la  Fronde,  il  prit  paît  à  la  défense  de  Bordeaux 
contre  l'armée  royale.  Le  gouvernement  de  Poitou  fut 
alors  donné  au  duc  de  Roanez  ,  qui  le  reçut  en  1654  (2),  et 


(1)  François  de  la  Rochefoucauld  fut  nommé  par  lettres  du  3  novem- 
bre 1646. 

(2)  Assemblée  du  'ii  juillet  165i.  Nous  avons  eu  advis  que  le  duc 
de  Rouanals,  gouverneur  de  cestc  province,  y  est  entré  depuis  peu  de 
jours  et  qu'il  serait  à  propos  de  députer  par  devers  luy.  Ont  esté  députez, 
André  Brunet,  esciieviii,  conseiller  du  roy  et  son  assesseur  criminel  au 
siège  royal  de  ceste  ville,  Philippe  Bastard,  pair,  et  seront  les  frais  de 
la  d.  députation  advanccz  parle  d.  Bastard,  recepveur  du  corps,  lesquels 
luy  seront  allouez  en  son  compte. 

Assemblée  du  31  juillet  165'i.  Les  députés  nommés  le  22  juillet  rap- 
portent qu'ils  ont  été  vers  Mgr  le  duc  de  Rouanais  en  sa  maison 
d'Oiron,  jjour  l'assurer  des  obéissances  du  corps  et  des  habilants 
de  céans. 


—  224  — 

le  conserva  jusqu'à  l'année  1G64,  où  il  le  céda  au  duc  de  la 
Vieuville  (1). 

Dans  l'année  suivante,  le  nouveau  gouverneur  fît  savoir 
qu'il  ferait  son  entrée  à  Niort,  et,  le  26  juin,  le  corps  déli- 
béra sur  les  honneurs  à  lui  rendre  et  les  présents  qui  lui 
étaient  dus.  D'après  les  registres,  il  ne  parait  pas  que  le 
duc  de  la  A'ieuville  soit  alors  venu,  comme  il  l'avait 
annoncé.  Dans  tous  les  cas,  il  ne  fut  pas  question  de  la 
tour  d'argent.  Les  trois  gouverneurs  précédents,  sans 
qu'on  puisse  l'affirmer  toutefois,  ne  l'avaient  pas  reçue. 
Elle  fut  cependant  ofïerte  au  duc  de  la  Vieuville,  mais 
seulement  dix  ans  après  son  entrée  en  charge  ;  le  nid  d'or 
et  les  pélicans  tendaient  à  tomber  en  désuétude.  Le  gou- 
verneur vint  à  Niort  le  28  avril  1674  et  y  fut  reçu  avec 
apparat  (2).  C'est  en  ce  temps-là  que  se  préparait  l'envoi 

(1)  Assemblée  du  17  décembre  166'i.  M''  le  duc  de  la  Vieuville  fait 
part  aux  maire  et  échevins  de  ses  lettres  de  provision  comme  gouver- 
neur du  Poitou,  par  démission  faicte  de  gré  à  gré  par  le  duc  de 
Roua  nais. 

Ces  lettres  étaient  en  date  du  12  septembre  1664. 

{^)  Assemblée  du  17  avril  167i.  Mg''  le  duc  de  la  Vieuville,  gou- 
Terneur  de  ceste  province  est  sur  le  chemin  pour  venir  à  Niort  ;  il 
serait  à  propos  de  députer  quelques  personnes  de  cette  communauté 
pour  témoigner  notre  respect.  Sont  députés  pour  aller  à  Poitiers,  Gabriel 
Hugueteau  et  Abraham  Bertaud.  La  compagnie  de  cavalerie  ira  à  une 
lieue  au  devant  de  lui  ;  nous  maire,  accompagné  de  ceux  de  ce  corps, 
l'attendrons  à  la  porte  de  la  ville. 

Assemblée  du  27  avril  167k.  Mgr  le  duc  de  la  Vieuville  sera 
demain  en  cette  ville  ;  il  désire  voir  l'infanterie  et  la  cavalerie  de  cette 
ville  sous  les  armes  ;  on  se  mettra  en  état.  Il  lui  sera  olî'ert  un  logis  et 
des  vivres  ;  les  fonds  seront  pris  de  François  Rouget,  receveur  de  cette 
ville,  sur  billets  du  maire  . 

Assemblée  du  8  mai  167 i.  Eu  conséquence  de  ce  qui  précède,  ordre 
avait  été  donné  à  Rousseau,  hôte  des  Trois-Pigeons,  de  faire  des  pro- 
visions. Le  sieur  Dupuy,  receveur  des  aides  de  cette  ville,  aurait  offert 
son  logis  au  gouverneur  qui  aurait  accepté.  Rousseau  aurait  porté  ses 
provisions  chez  lui.  Le  sieur  Dupuy  ne  se  met  pas  en  devoir  de  le 
payer,  et  il  n'y  a  pas  apparence  qu'il  le  fasse.  Il  est  du  devoir  de  cette 
communauté  de  ne  pas  souffrir  que  le  dit  seigneur  paie  ses  provisions. 
Des  fonds  seront  pris  à  cet  effet  des  mains  du  receveur. 


—  225  — 

du  détachement  de  milice  bourgeoise  sur  les  côtes.  Quel- 
ques mois  plus  tard  le  duc  était  de  nouveau  dans  notre 
ville  et  c'est  après  cette  dernière  visite  (1)  que  l'échevi- 
nage  lui  fit  le  présent  accoutumé,  se  reconnaissant  d'ail- 
leurs fort  en  retard.  La  valeur  prévue  de  la  tour  d'argent 
était  de  750  livres,  prix  très  supérieur  à  ce  qu'elle  avait 
coûté  autrefois  (2). 

Le  duc  de  la  Vieuville  avait  pour  lieutenants  généraux 
dans  son  gouvernement  du  Poitou  M''^  de  Pardaillan  et  de 
Parabère.  Le  corps  de  ville  avait  promis  à  ce  dernier,  qui 
comptait  Niort  dans  son  ressort,  de  lui  faire  un  présent  de 
500  livres,  mais  ne  se  hâtait  pas  de  s'acquitter,  comme  le 
prouve  une  lettre  de  ]\I'"  de  Parabère,  dont  l'original  est 


fl)  Assemblée  du  4  septembre  167i.  Proposé  par  nous  maire  que 
Mgr  le  duc  de  la  Vieuville  estant,  il  y  a  quelque  temps,  venu  en  ceste 
ville,  il  nous  auroit  ordonné  de  lui  chercher  un  logement,  ce  que  nous 
avions  faict,  et  comme  il  arriva  extrêmement  tard  et  qu'il  venoit  en 
ceste  ville  pour  les  atTaires  publiques,  nous  aurions  esté  obligé  de  luy 
faire  préparer  le  soir  à  souper  et  le  lendemain  à  disner,  et  pour  cet 
eiïect  auroit  convenu  de  faire  quelques  frais,  dont  la  majeure  partie  sont 
deubz  à  l'hoste  des  Trois-Roys,  à  celui  des  Trois-Pigeons  et  du 
Bon-Conseil,  avec  quelques  avances  que  nous  avions  faict  pour  achapt 
de  poisson  et  aultres  choses  qu'il  est  juste  de  payer  sur  les  deniers  de 
la  communauté,  sur  quoy  requiert  délibération. 

Unanimement  dellibéré  ....  que  la  despence  sera  paiée  sur  les  plus 
clers  deniers  du  corps  ....  et  où  nous  serions  obligé  d'en  faire  l'avance 
nous  sera  alloué  dans  nos  comptes. 

(î)  Assemblée  du  2S  septembre  167i.  On  a  accoustumé  de  pourvoir 
en  ceste  assemblée  aux  fonds  nécessaires  pour  les  aiïaircs  de  ceste 
communaulté,  parmy  lesquelles  il  n'y  en  a  pas  de  plus  urgente  que  d'y 
satisfaire  au  présent  de  la  tour  d'argent  deue  depuis  long-temps  à 
Mgr  le  duc  de  la  Vieuville  Arrêté  que  la  tour  sera  fabriquée  de  valeur 
seulement  de  cinq  à  six  cens  livres,  si  faire  se  peut  selon  lacoustume. 

Assemblée  du  30  septembre  167i.  Sur  le  bail  du  dixiesme  sera 
prise  la  somme  de  750  livres,  laquelle  sera  paiée  comptant  par  l'adju- 
dicataire es  mains  d'un  orpheuvre  pour  l'aehapt  et  fasson  d'une  tour 
d'argent  qui  sera  présentée  à  Mgr  le  duc  delà  Vieuville,  à  luy  deue  pour 
le  présent  ordinaire  que  ceste  communaulté  a  accoustumé  de  faire  aux 
gouverneurs  de  ceste  province  à  leur  entrée  au  gouvernement  d'icelle. 

15 


—  226  — 

attaché  aux  registres  (1).  Dans  l'année  suivante,  à  la 
séance  du  29  septembre  1673^  ordre  fut  donné  au  receveur 
de  payer  la  somme  réclamée, 

La  lettre  de  Al.  de  Parabère  était,  à  peu  de  chose  près, 
écrite  en  style  d'huissier.  Quelques  années  plus  tard,  ce 
fut  par  un  véritable  exploit  que  les  maire  et  échevins 
furent  sommés  de  donner  une  tour  d'argent  au  marquis 
de  Vérac,  qui  n'était  cependant  que  lieutenant  général  de 
la  province.  Ils  lui  firent,  à  la  suite  de  ce  commandement, 
un  présent  de  500  livres  en  espèces,  et  non  sous  forme  de 
tour  d'argentj  le  même  chiffre  auquel  avait  été  imposé  le 
corps  de  ville  par  M""  de  Parabère,  lors  de  son  entrée  en 
fonctions.  Cette  allocation  était  devenue  obligatoire^  car  le 
marquisde\'érac  avait  obtenu  ordonnance  du  roi.  L'assem- 
blée, où  fut  discutée  la  signification  faite  au  corps^  présenta 
un  caractère  particulier  ;  elle  comprenait,  non  seulement 
les  maire  et  échevins  en  exercice,  mais  d'anciens  maires  et 
d'anciens  échevins.  L'affaire  avait  paru  grave  ;  le  procès- 
verbal  fait  voir  que  l'on  craignait  beaucoup  d'avoir  mécon- 
tenté le  lieutenant  général.  Deux  délégués  furent  nommés 
pour  aller  porter  les  cinq  cents  livres  représentant  la  tour 
d'argent  (2).  Il  n'y  avait  plus  là  qu'une  expression  fictive, 

(1)  «  A  la  Mothe,  ce  15  décembre  1672. 

«  J'auray  subject  de  me  plaindre  de  vous,  messieurs,  si  vous 
n'exécutés  prontement  la  parole  que  vous  m'avés  tant  de  fois  donnée 
que  vous  me  payriés  les  cinq  cens  livres  dont  vous  me  demandastes 
terme  jusqu'au  mois  d'octobre  passé,  il  y  a  un  an.  Je  ne  m'estois  pas 
attendu  que  vous  me  les  fériés  demander  tant  de  fois.  Je  vous  prie  que 
ce  soit  pour  la  dernière  fois  et  vous  m'obligerés  extrêmement  ;  c'est  à 
quoy  je  m'attendrai.  «  Sigjié  ;  Parabère. 

«  A  messieurs  les  maire  et  eschevins  de  Nyort.  » 

(2)  Assemblée  du  11  novembre  i6S7.  Assemblée  des  maire  et  esche- 
vins  de  cette  ville  de  Niort  tenue  par  devant  nous,  François  Charton, 
conseiller  du  roy,  maire  et  capitaine  de  cette  ville  à  laquelle  ont  assisté 
Alexis  Assailly,  escuier,  s""  de  Laubonnière,  Jacques  Macé,  conseiller 
du  roy  et  esleu,  Philippe  Cochon,  s""  du  Puy,  Jean  Vaslet,  s""  de  Cous- 
tault-Richier,  Anthoine  Jousselin.  s*"  de  la  Rétuzerie,  eschevins  en 
exercice,  Christophle  Augier,  s""  de  la  Terraudière,  et  Philippes  Piet, 


—  227  — 

comme  on  dit  un  pot-de-vin  pour  une  gratification;  l'ex- 
pression elle-môme  dispai-aît  â  partir  de  cette  époque  •  on 
no  Ja  retrouve  plus  dans  le  détail  des  présents  faits  'aux 
gouverneurs  de  la  province,  durant  le  dix-huitième  siècle 
Le  corps  de  ville  ne  se  contenta  pas  d'obéir  avec 
empressement  â  la  sommation  de  M'^de  Vérac;  il  fit  encore 
à  son  capitaine  des  gardes  une  honnêteté  de  cent  livres 
qui  lui  fut  remise  par  les  députés  envovés  vers  le  lieute- 
nant général  (1).  Cette  charge  resta  jusqu'en  1789, />«/• 

escuicr,  s^  de  Pied-Fonds,  maires  antiens,  ce  jour  d'huy  unziesme  jour 
de  novembre  1687,  et  Pierre  Blaclot,  s^  de  la  Gastaudière.  et  Me  Pierre 
Vasiet,  antiens  escbevins, 

Propozé  par  nous  d  maire  que  Mgr  le  marquis  de  Vérac,  lieutenant- 
général  et  conmiandant  pour  le  roy  en  Hault-Poitou,  nous  a  fait  signifier 
une  ordonnance,  en  date  du  7  du  présent  mois  et  an,  par  laquelle  il 
serait  ordonné  de  la  part  de  Sa  Majesté  aux  maire  et  esehevins  de  cette 
v.lle  de  luy  pa.er  dans  un  mois  après  la  signification  de  Tordre  une  tour 
d  argent  de  la  valeur  qui  a  esté  paiée  aux  précédents  lieutenants- 
généraux,  que  faulte  de  cette  les  maire  et  esehevins  y  seront  contraincts 
par  toutes  voies,  mesme  par  corps,  la  d.  signification  du  jour  d'hier 
signce  Clément,  garde  aux  sommations,  de  satisfaire  dans  le  d  temps 
.>ur  quoy  nous  requérons  la  compagnie  de  délibérer. 

A  esté  arresté  et  par  nous  conclud  que  la  d.  ordonnance  sera  registrée 
au  secrétariat  du  corps  et  qu'il  sera  emprunté  une  somme  de  500  livres 
pour  le  présent  de  mon  d.  seigneur,  et  100  livres  pour  aultres  afïaircs 
du  corps,  dont  le  paiement  sera  asseuré  sur  les  premiers  deniers  du  corps 
de  ville,  particulièrement  sur  le  prix  du  bail  du  Poids-le-Hoy  pour  les 
trois  années  prochaines,  lequel  à  cette  fin  sera  présentement  faict 
auquel  emprunt  on  s'obligera  sollidaireinent.  et  ce  pour  le  bien  public' 
pour  ne  donner  sujet  au  d.  seigneur  d'esire  mécontent  de  nous  ei 
lorsque  le  d.  emprunt  sera  taiet,  sera  advisé  aux  inoiens  deluv  porter  la 
d.  somme  et  choisir  des  personnes  qui  luy  seront  agréables,  et  à  l'instant 
nous  maire  et  Alexis  Marsaulit.  s^  de  la  Cailletière,  anlien  maire,  avons 
este  pries  de  faire  le  voiage  et  aller  par  devant  mon  dit  sgr  de  Vérac 

Assem^Zee  du  15  décembre  1687.  Alloué  25  livres  pour  le  voyage 
d  s  délègues  qui  sont  Jean  Vasiet  et  Antoine  Jousselin,  le  maire  et 
Alexis  Marsault  étant  empêchés. 

(I)  Assemblée  du  12  janvier  1688.  Les  sieurs  Vasiet  et  Jousselin  ont 
été  remercies  de  leur  peine  et  voiage  d'avoir  porté  la  somme  de 
500  livres  a  mon  d.  sgr  de  Vérac  et  arrèlé  qu'ils  seront  remboursés  de 
la  somme  de  18  livres  18  sols  pour  les  frais  de  leur  voiage.  a  ec  1 


—    228  — 

survivance,  dans  la  famille  de  Vérac;  mais  ni  les  registres, 
ni  les  comptes  ne  renferment  de  mention  qui  indique  le 
renouvellement  du  présent  de  500  livres  ou  d'autre  somme 
aux  titulaires  qui  suivirent. 

Les  archives  ne  contiennent  rien  de  relatif  aux  gouver- 
neurs dans  la  fin  du  règne  de  Louis  XIV.  La  mairie 
perpétuelle  de  M''  de  Pierre-Levée,  pour  bien  des  causes 
dont  il  a  déjcâ  été  parlé,  n'a  laissé  que  fort  peu  de  docu- 
ments. 

En  1719,  par  lettre  du  2Q  avril  (1),  l'intendant  avisa  les 
maire  et  échevins  que  le  prince  de  Conti,  gouverneur  de 
la  province  (2),  serait  le  11  ou  12  mai  à  Poitiers  où  il 
resterait  deux  jours  ;  il  les  invitait  à  envoyer  des  députés 
dans  cette  ville.  Le  premier  mai,  il  leur  écrivit  de  nouveau 
à  ce  sujet  (3),  leur  disant  en  outre  de  s'assurer  s'il  n'y  avait 
pas  un  présent  à  faire  â  S.  A.  Sérénissime,  en  qualité  de 
gouverneur  du  Poitou.  Le  4  mai,  il  fut  arrêté  en  séance 
que  le  maire,  accompagné  de  M''^  Blactot,  et  Thomas  de  la 
Chapelle,  échevins,  se  transporterait  le  10  ou  11  du  présent 
mois  en  la  ville  de  Poitiers,  qu'il  adresserait  un  discours 
au  prince  et  lui  offrirait  au  nom  de  la  ville  un  présent  de 
bougies,  confitures  sèches  et  autres  choses  de  pareille 
nature,  pour  une  valeur  de  500  livres. 

Le  3  septembre  1720,  le  corps  de  ville,  informé  qu'il 
était  né  un  fils  au  prince  de  Conti,  décida  qu'il  lui  serait 
écrit  une  lettre  pour  lui  marquer  la  joie  que  les  habitants 

gagé,  par  M""  Miche!  Arnaull  s''  du  Pastis,  receveur  des  deniers  de  ce 
corps. 

A  aussi  été  rapporté  qu'ils  ont  mis  ès-mains  du  sieur  des  Vignes, 
capitaine  des  gardes  du  d.  sieur  de  Vérac,  la  somme  de  100  livres  pour 
l'honnêteté  que  le  d.  corps  avait  arrêté  de  faire  au  d.  capitaine  des 
gardes,  laquelle  il  a  reçue  et  en  a  remercié  le  corps  et  en  a  donné  sa 
quittance  du  18  décembre. 

(1)  Archives  de  Niort,  n°  2858. 

(î)  Les  lettres  de  provision  du  prince  de  Conti  étaient  du  9  avril 
1717.  Il  succédait  au  marquis  de  la  Vieuville  qui  avait  occupé  la  charge 
après  le  duc,  son  père. 

(3)  Archives  de  Niort,  n°  2859. 


I 


—  229  - 

avaient  de  cette  naissance;  en  outre,  que  l'on  ferait  un  feu 
de  joie  et  que  le  régiment  de  Niort  serait  mis  sous  les 
armes. 

Le  prince  fut  gravement  malade  dans  l'année  1724. 
Lorsque  l'on  fut  assuré  qu'il  était  en  convalescence,  les 
maire  et  échevins  firent  célébrer  aux  Cordeliers  une  messe 
d'actions  de  grâces  et  chanter  un  Te  Deum  à  Notre- 
Dame  (1).  Le  régiment,  infanterie  et  cavalerie,  fut 
assemblé,  comme  d'ordinaire,  au  cimetière  Saint-Jean  et 
massé  aux  abords  de  la  cathédrale  pendant  cette  céré- 
monie. Il  y  eut  feu  de  joie  sur  la  place  du  Château, 
illumination  générale  et  banquet  ofïert  par  l'hôtel  de 
ville  pour  boire  à  la  santé  de  Son  Altesse. 

Le  prince  de  Conti  mourut  fort  jeune,  le  4  mai  1727  (2). 
La  ville  fit  faire  pour  lui,  le  10  du  mois  de  juin,  un  service 
solennel  à  l'église  paroissiale  de  Saint-André,  avec  ten- 
tures, lit  d'honneur,  etc.  Le  tout  fut  adjugé  sur  devis, 
par  bail  au  rabais,  à  Pierre  Gaultier,  tapissier,  pour 
390  livres. 

Son  fils  aîné,  qui  lui  succéda  au  gouvernement  de  la 
province,  n'était  alors  âgé  que  de  dix  ans.  En  1730,  il  vint 
avec  sa  mère  à  Poitiers,  où  le  maire,  accompagné  de  trois 
gagés,  en  grand  apparat  par  conséquent,  alla  compli- 
menter le  prince  et  la  princesse  douairière.  La  dépense, 
qui  fut  comptée  dans  la  séance  du  6  juillet,  s'élevait  à 
181  livres  2  sols.  S'il  y  eut  des  présents  offerts,  il  n'en  est 
pas  fait  mention. 

Le  jeune  prince  fut  marié  en  17§2  avec  Diane  d'Orléans, 

(1)  Assemblée  du  2  septembre  112i. 

(2)  Nous  avons  perdu  le  quatre  de  ce  mois  M'"  le  prince  de  Conli,  qui 
est  mort  d'une  fluxion  de  poitrine,  très  regretté  de  tout  le  monde.  C'était 
pour  ainsi  dire  le  seul  prince  qui  avait  de  l'esprit  et  des  lumières,  qui 
s'appliquait  aux  alFaires  et  sur  lequel  on  pouvait  compter  dans  le 
Conseil.  Il  n'avait  que  32  ans.  Il  laisse  M""  le  comte  de  la  Marche,  à 
présent  prince  de  Conti,  M""  le  comte  d'Alais  et  une  fille  dont  M"'«  la 
princesse  de  Conti  est  accoucliée  il  n'y  a  pas  long-temps.  [Journal  de 
Barbier,  t.  n.  p  4]. 


—  280  — 

fille  du  Régent  (1).  La  ville  de  Niort  célébra  cet  événe- 
ment par  une  journée  de  réjouissances,  avec  Te  Deum, 
devises,  feu  de  joie,  etc.. .  Le  régiment  fut  mis  sous  les 
armes.  Le  soir,  l'échevinage  donna  un  souper  de  60  per- 
sonnes, ecclésiastiques,  gentilshommes  et  officiers,  tant  de 
guerre  que  dejudicature.  L'ensemble  avait  été  adjugé  â 
Pierre  Tu fïet,  pâtissier,  pour  450  livres  (2).  En  septembre 
1734,  pareille  fête  eut  lieu  pour  la  naissance  du  fils  du 
prince.  Les  fraiss'élevèrent  à  375  livres  (3);  l'adjudicataire 
était  le  même  Pierre  Tulïet. 

Le  secrétaire  des  commandements  du  prince  de  Conti 
était  M''  Jacques  Adam,  L'un  des  quarante  de  U Académie 
française,  dont  il  fut  d'ailleurs  un  membre  fort  obscur. 
Lorsqu'il  mourut,  en  1735,  la  ville  fit  dire  pour  lui  une 
messe  solennelle  e/i  reconnaissance  de  plusieurs  services 
qu'il  avait  rendus  pour  le  collège,  pour  la  réunion  des 
offices  et  dans  une  infinité  d'autres  affaires  intéressantes. 
La  dépense  fut  de  99  livres  (4). 

Dans  l'année  1736,  la  princesse  Diane  mourut  ;  il  y  eut 
pour  elle  à  Niort  une  cérémonie  funèbre,  dont  les  frais 
furent  donnés  à  bail  au  rabais  pour  415  livres  à  Pierre 
Gaultier. 

Le  prince  de  Conti  conserva  le  gouvernement  du  Poitou 
sa  vie  durant  (5).  Nos  archives  ne  mentionnent  aucun 
présent  qui  lui  ait  été  ofîert  par  la  ville.  Les  cinq  cents] 
livres  de  confitures  présentées  à  son  père  paraissent  avoir] 
été  le  dernier  vestige  de  la  tradition  ancienne  ;  mais,; 
comme  le  montre  ce  qui  précède,  la  ville  de  Niort,  en' 
diverses  circonstances,  n'en  rendait  pas  moins  de  grands j 
honneurs  au  gouverneur  de  la  province. 

(1)  Il  vient  de  se  faire  un  grand  mariage  du  prince  de  ConU,  qui  n'aj 
que  quatorze  ans,  avec  Mademoiselle  de  CliarU'es  qui  en  a  quinze  oui 

seize Le  mariage  fut  fait  le  22  [janvier  i732]   dans  la  chapelle  dej 

Versailles  [Journal  de  Barbier,  t.  n.  p.  240]. 

(2)  Assemblée  du  i«'-  février  1732. 

(3)  Assemblée  du  li  septembre  113^. 
{k)  Assemblée  du  15  seplembre  1735. 
(5)  Le  prince  de  Conti  mourut  le  2  août  177G. 


—  231  — 

Le  dernier  titulaire  de  ces  fonctions  qui,  au  point  de 
vue  de  l'administration,  avaient  perdu  toute  importance, 
fut  Louis- Philippe-Joseph  d'Orléans^  alors  duc  de 
Chartres  (1),  celui  qui  devint  Philippe-Egalité.  Il  fut 
nommé  après  la  mort  du  prince  de  Conti  et  occupa  la 
charge  jusqu'à  la  Révolution.  Nous  l'avons  vu,  dans  un 
autre  chapitre,  signer  les  nominations  des  officiers  du 
régiment  de  Niort. 

L'amoindrissement  des  gouverneurs  de  provinces  com- 
mença pendant  la  minorité  de  Louis  XIII.  La  reine-mère 
régente,  Marie  de  Médicis,  créa  des  intendants  de  jus- 
tice (2)   auxquels  le  cardinal  de  Richelieu  transporta  la 


(1)  Le  prince  prit  le  titre  de  duc  d'Orléans  en  1785,  à  la  mort  de  son 
père. 

(2)  Assemblée  du  3  novembre  1611 .  Après  que  le  pacquet  du  Roy 
a  esté  ouvert  et  lettre  de  Sa  Majesté  leuhe,  dont  la  copie  s'ensuit  : 

«  De  par  le  Roy,  chers  et  bien  amez,  envoyons  le  s^"  de  Montholon, 
conseiller  en  nostre  conseil  d'Estat,  en  la  ville  de  Poictiers  et  province 
de  Poictou,  pour  y  exercer  la  charge  d'intendant  de  la  justice  que 
avait  cy-devant  le  s""  de  Champigny  [celui-ci  avait  succédé  à  M"" 
Mangot,  sans  doute  le  premier  pourvu  de  cette  charge],  nous  avons 
bien  voullu  vous  faire  cette  lettre  patente  pour  vous  dire  que,  comme 
nous  avons  toujours  eu  ung  soing  particullier  du  bien,  repos  et  conser- 
vation de  nos  subjects,  aussy  nous  voulions  compter  que  vous  contri- 
buerez ce  quy  deppendra  de  vous  pour  vous  y  maintenir  et  continuerez 
envers  nous  les  tesmoignages  de  vostre  fidellité  et  obéissance,  vous 
recommandant  d'observer  soigneusement  ce  que  le  s""  de  Montholon 
vous  fera  entendre  de  nosire  part  et  pour  le  bien  de  nostre  service,  et  de 
déférer  aux  advis  et  conseils  quy  vous  seront  par  luy  donnez  en  toutes 
occurranccs  et  luy  rendre  tous  les  honneurs  et  le  respect  qui  est  dû  à  sa 
qualité  et  charge  et  à  la  particuUière  confiance  que  nous  avons  en  luy, 
à  quoy  estant  bien  asseurez  que  vous  ne  manquerez  pas,  nous  ne  vous 
ferons  pas  ceste  cy  plus  longue.  Donné  à  Paris  le  xxvij  septembre 
1617.  Signé  LOYS,  et  plus  bas  Phélippe.a.ux,  et  au  dos  :  A  nos  chers 
et  bien  amez  les  maire,  eschevins  et  habilans  de  nostre  ville  de  Nyort.  » 

A  esté  par  tous,  dellibéré  et  par  nous  conclud  que  la  d.  lettre  du 
Roy  demeurera  registrée  au  papier  secrétarial  de  céans  pour  y  avoir 
recours  sy  et  quand  besoing  sera,  et  oultre  a  esté  aussy  conclud  que 
les  députtez  cy  devant  nommez  pour  se  transporter  à  Paris,  [il  s'agissait 
des  affaires   du   corps  contre  le  lieutenant  général  Laurens]  qui 


—  232  - 

plus  grande  partie  des  attributions  des  gouverneurs^  et 
qui  devinrent,  sous  le  titre  de  commissaires  départis  pour 
l'exécution  des  ordres  de  Sa  Majesté  dans  la  généralité, 
la  première  autorité  de  la  province.  Dès  le  principe,  la 
ville  se  met  en  frais  pour  l'intendant  lorsqu'il  vient  à 
Niort  (1).  Plus  tard,  ce  n'est  plus  seulement  l'intendant, 
mais  aussi  Madame  l'inteudante  qui  reçoit  des  présents 
de  l'échevinage  (2).  Les  registres  nous  apprennent  même 
que  les  150  livres  de  confitures  offertes  en  1664  à  Madame 
Colbert  ne  furent  payées  que  fort  tardivement  au  four- 
nisseur (3). 

sont  Nicolas  Gallet,  escuier,  t.''  de  la  Roche,  Jehan  Regnault  escuier, 
S'  de  Rancogne,  et  Pierre  Viault,  escuier,  s""  d'Aigonnav,  passant  à 
Poitiers  salueront  le  d.  s^  de  Monlholon,  et  a  esté  nommé  à  la  pluralité 
des  voix  le  d.  Pelletier,  secrétaire,  pour  se  transporter  avecq  les  depputez 
et  les  assister,  et  raportera  la  responce,  et  au  d.  Pelletier  sera  donné 
pour  son  voiage  la  somme  de  sept  livres  par  le  recepveur  des  denyers 
patrimoniaux  de  céans,  et  luy  sera  allouhé  en  son  compte. 

({}  Assemblée  du  dernier  jour  d'août  1618.  Sur  la  requeste  de 
Boursault,  hoste  de  la  Lamproye,  tendant  à  estre  paie  de  la  somme  de 
soixante  quatre  livres  pour  vin  pris  en  sa  maison  et  présenté  à  M"  de 
Rohan,  de  Parabère  et  de  Monlholon  dernièrement  quy  estoient  en 
ceste  ville,  a  esté  par  tous  dellihéré  et  conclud  que  le  d.  Boursault  sera 
paie  de  la  d.  somme  de  LXiiij  livres  par  le  recepveur  des  denyers  patri- 
moniaux. 

Assemblée  du  25  octobre  16il.  Consent  le  corps  à  l'allocation  de 
dix  livres  dix  sols  payées  à  Jehan  Picaud,  hoste  du  Petit-Louvre,  pour 
du  vin  fourny  à  Nosseigneurs  le  Grand-Prieur  et  de  Villemontée. 

Assemblée  du  2i  avril  165i.  Au  dict  Parthenay  14  livres  15  sols, 
somme  qu'il  a  fournye  pour  vin  en  bouteilles  fourny  lors  du  séjour  en 
ceste  ville  des  gouverneur  et  intendant. 

(2)  Assemblée  du  16  décembre  166'i.  Propozé  par  nous  maire, 
avons  apris  que  le  corps  estoit  accoustumé  de  faire  un  présent  de  con- 
litures  à  Mesdames  les  intendantes  lorsqu'elles  venoient  en  ceste  ville, 
que  Mgr  Colbert,  intendant  de  ceste  province,  estant  arrivé  es  ville  avec 
Madame  sa  femme,  il  requiert  l'advis  du  corps  sy  on  ne  luy  fera  pas  le 
présent  ordinaire. 

Conclud  qu'il  sera  faict  un  présent  à  Madame  Colbert,  intendante, 
suivant  ce  que  l'on  a  accoustumé  et  qu'on  li]y  donnera  pour  40  à  50  escuz 
de  confitures.' 

(3)  Assemblée  du  29  octobre  1667.  Propozé  par  le  d.  Charge,  esche- 
vin,  que  pendant  la  mairie  du  s"-  Guyot  il   fut  pris  pour  150  livres  de 


—  233  — 

En  1672,  Madame  de  Miromesnil  reçut  aussi  pareille 
somme  de  confitures  lors  de  sa  première  visite.  Le  maire 
était  allé  nu  devant  de  l'intendant,  à  cheval,  accompagné 
d'un  grand  nombre  d'éclievins,  pairs  et  bourgeois  égale- 
ment montés  (1). 

Lorsque,  Tannée  suivante,  fut  nommé  M""  de  Marillac, 
celui  qui  devait  consommer  la  déchéance  des  cent  pairs, 
le  corps  députa  vers  lui  à  Poitiers  pour  le  saluer  k  son 
entrée  en  fonctions  (2).  Dans  les  premiers  jours  de  novem- 
bre, M'  et  M""^  de  Marillac  vinrent  k  Niort  ;  la  compagnie 
de  cavalerie  alla  au  devant  d'eux,  et  Madame  l'intendante 
reçut  le  présent  de  confitures  toujours  tarifé  à  150  livres. 
Le  10  juillet  1681,  une  députation  présenta  les  compli- 
ments de  condoléance  du  corps  à  M''  de  Marillac  qui  venait 
de  perdre  sa  mère. 

Avec  le  cours  du  temps,  les  honneurs  rendus  à  l'inten- 
dant s'accentuent.  Quand  M'"  de  la  Bourdonnaye  fait  son 
entrée  à  Niort,  en  1G90,  la  compagnie  de  cavalerie  va 
au  devant  de  lui  à  une  lieue  des  murs,  et  l'infanterie  bour- 
geoise fait  la  haie  de  la  porte  de  ville  au  logis  qu'il  doit 
occuper  (3). 

confitures  chez  Neau,  confiseur,  [Gaspard  Neau  demeurant  rue  Basse] 
lesquelles  ont  été  données  à  Madame  Colljert,  lequel  Neau  n"a  pu  eslre 
paie.  Il  prye  la  compagnie  d'adviser  à  trouver  quelques  fonds  à  cet 
effect.  Et,  même  instant,  le  s--  Guyot  se  seroit  levé  ;  a  dict  avoir  rendu 
son  compte,  que  néanmoins  pour  son  droict  d'entrée  [il  avait  été  promu 
échevin  le  20  août  16G6]  il  pense  laisser  150  livres  dont  il  baille  son 
billet  à  M"  les  eschevins,  que  s'ils  veulent  recevoir  son  d.  billet  ou 
consentir  qu'il  le  paye  au  d.  Neau  moyennant  sa  descharge. 

(1)  Assemblée  du  29  août  1672. 

(2)  Assemblée  du  11  septembre  1673. 

(3)  Assemblée  du  26  janvier  1690.  Proposé  que  nous  avons  été  advisé 

que  Mf  de  la  Bourdonnaye,  intendant ,  doi ht  venir  .sabmedy  en  cette 

ville,  et  comme  c'est  la  première  fois  qu'il  y  vient  en  celte  qualité,  nous 
demandons  l'advis  de  la  compagnie,  de  quelle  manière  on  le  recevra. 

Arrêté  que  seront  rendus  tous  les  honneurs  possibles  ...  ;  25  hommes 
de  chaque  compagnie  sous  les  armes  ;  la  compagnie  de  cavalerie  ira  au 
devant  de  lui  à  une  lieue  ...  ;  le  maire  et  les  échevins  l'attendront  à  la 
porte  par  lacjuelle  il  entrera  ..  ;  on  bordera  de  la  porte  au  logis  qu'il 
prendra. 


—  284  — 

Sous  la  mairie  de  M'  de  Pierre-Levée,  le  cadeau  à 
Madame  l'intendante  fut  accru  de  valeur  ;  on  lui  offrit  pour 
250  livres  de  confitures  sèches,  bougies,  oranges,  citrons, 
etc..  ;  en  outre  l'échevinage  crut  devoir  aller  complimen- 
ter l'intendant  au  premier  jour  de  l'an  et  lui  faire  en  même 
temps  un  présent  de  trois  à  quatre  cents  livres  (1). 

Ces  compliments  et  cadeaux  du  premier  janvier  à  l'in- 
tendant ne  paraissent  pas  avoir  subsisté  après  la  mairie 
perpétuelle.  M'"  de  Pierre-Levée  avait  tout  intérêt  à  se 
montrer  obséquieux  envers  l'autorité  provinciale,  ayant  la 
crainte  que  l'on  n'examinât  de  trop  près  les  comptes  do 
son  administration.  Dans  la  suite,  jusqu'en  1789,  le  corps 
de  ville  députa  régulièrement  â  Poitiers  pour  saluer  les 
intendants  qui  prenaient  possession  de  leur  charge  (2), 


(1)  Assemblée  du  9  juin  1702.  Mgr  Pinon,  intendant,  est  arrivé  à 
Poitiers,  deux  échevins  iront  avec  un  gagé  pour  le  complimenter.  Alloué 
55  livres  sur  les  deniers  patrimoniaux. 

Assemblée  du  21  juin  1702.  Réception  de  Mgr  Pinon  et  de  Madame 
l'intendante,  qui  vient  avec  lui  II  lui  sera  présenté  trois  corbeilles, 
l'une  desquelles  sera  composée  de  confitures  sèches,  l'autre  de 
bougies,  Vautre  d'oranges  et  de  citrons  et  de  toutes  autres  choses 
qui  seront  des  plus  rares.  Alloué  250  livres  sur  les  deniers  patri- 
moniaux. 

Assemblée  du  28  décembre  1102.  Déptitation  pour  complimenter 
Mgr  l'intendant  au  jour  de  l'an.  Alloué  400  livres,  tant  pour  le  présent 
à  lui  faire  que  pour  les  frais  de  voyage. 

Assemblée  du  28  décembre  1703.  Comme  ci-dessus. 

(0)  Assemblée  du  26  septembre  1728.  M""  de  Baussan  vient  d'être 
nommé  en  place  de  M""  de  Latour.  Trois  échevins  ont  été  députés  vers 
lui.  Alloué  117  livres  5-sols  sur  les  deniers  patrimoniaux. 

Assemblée  du  10  mai  1732.  Le  maire  et  le  premier  éclievin  sont 
députés  à  Poitiers  pour  saluer  M»"  Le  Nain  nouvellement  arrivé.  Alloué 
95  livres.  Les  députés  sont  allés  en  chaise  eccompagnés  d'un  gagé  à 
cheval. 

Assemblée  du  28  septembre  1750.  M""  de  Blossac  arriva  jeudi  dans 
la  Tille  de  Poitiers,  et  comme  dans  tous  les  temps  le  corps  est  allé  par 
députation  par  devant  Nosseigneurs  les  intendants,  le  procureur  du  roi 
requiert  qu'il  nous  plaise  nous  conformer  à  l'usage. 

Assemblée  du  3  octobre  [750.  Le  maire  et  le  procureur  du   roi  sont 


—  235  — 

mais  il  n'est  plus  question  de  présents,  ni  pour  eux,  ni 
pour  Mesdames  les  intendantes. 

Nous  parlerons  maintenant  des  gouverneurs  de  la  ville 
et  château  de  Niort,  à  cause  de  l'importance  qu'ils  ont  eue 
à  certaines  époques,  bien  que  le  classement  hiérarchique 
annoncé  en  tête  de  ce  chapitre  ne  les  place  pas  précisé- 
ment à  ce  rang.  On  compte  parmi  eux  plusieurs  noms 
illustres,  les  Parabère,  le  maréchal  de  Navailles. 

Il  y  a  lieu  de  faire  d'abord  une  distinction  importante. 
Anciennement,  les  gouverneurs  de  Niort  occupaient  en 
personne  le  château  ;  il  en  a  été  ainsi  jusqu'aux  premiers 
Parabère.  Puis,  ils  furent  le  plus  souvent  représentés  par 
un  lieutenant  qui  était  d'ailleurs  appointé  par  le  roi  ;  cet 
officier  commandait  la  garnison  du  château  et  recevait  en 
outre  une  délégation  générale  pour  agir  au  lieu  et  place  du 
gouverneur  absent.  Enfin,  au  dix-huitième  siècle,  la  charge 
était  devenue  purement  nominale,  sauf  cependant  qu'il  y 
avait  un  traitement  attaché  ;  nous  ne  pouvons  affirmer 
que  cette  allocation  ait  toujours  subsisté,  mais  nous  som- 
mes certains  que  le  titre  n'a  jamais  été  aboli.  Les  derniers 
brevets  donnés  par  le  roi  au  commandant  du  château 
enjoignent  explicitement  de  lui  obéir  en  tout  pour  le  ser- 
vice de  Sa  Majesté  en  l'absence  et  sous  l'autorité  du  gou- 
verneur de  la  dite  place.  Autant  que  le  permettent  les 
documents,,  nous  donnerons  les  noms  des  gouverneurs  et 
des  lieutenants.  Depuis  le  maréchal  de  Navailles,  l'éche- 
vinage  n'eut  guère  affaire  qu'à  ces  derniers. 

Le  premier  titulaii'e  qui  nous  soit  connu  des  fonctions 
de  connnandant  de  la  ville  et  château  de  Niort  est  Pierre 
de  Pontbriant  qui  prit  possession  de  sa  cappitainic  le  27 
octobre  1487.  La  ville,  à  cette  occasion,  sans  lui  faire  de 
présents  proprement  dits,  le  défraya,  lui  et  ses  gens.  Les 

allés  à  Poitiers  ;  ils  ont  dépensé  124  livres  12  sols,  y  compris  le  loyer 
de  la  chaise  et  d'un  cheva'  pour  le  gagé. 

On  peut  citer  comme  honneurs  rendus  à  l'intendant  le  service  que  fit 
célébrer  le  corps  de  ville,  e'n  176i,  pour  Madame  de  Blossac,  morte  à 
Poitiers  le  3  avril  de  cette  année.  La  dépense  s'éleva  à  201  livres. 


-  236  — 

comptes    de    Geoffroy    Faifeu    donnent  le  détail  de  la 
dépense  (1). 

Dans  le  cours  du  seizième  siècle,  du  moins  jusqu'aux 
dernières  années,  les  gouverneurs  de  Niort  ne  firent  point 
parler  d'eux.  En  temps  ordinaire  ,  le  poste  n'exigeait  pas 
des  officiers  de  marque,  la  garnison  du  château  ayant  peu 
d'importance.  Pendant  les  guerres  de  religion,  la  ville 
étant  occupée  tantôt  par  les  catholiques,  tantôt  par  les  pro- 
testants, le  commandement  du  château  fut  exercé  suivant 
les  circonstances.  Lors  de  la  surprise  de  Niort  par  les 
sieurs  de  Saint-Gelais  et  de  Parabère,  en  1588,  le  gouver  ■ 
neur  du  Poitou,  M'  de  Malicorne,  occupait  le  château.  Il 
se  rendit  à  discrétion  aux  vainqueurs,  prêta  serment  de 
fidélité  au  roi  de  Navarre  et  fut  conservé  dans  le  gouver- 
nement de  la  province.  Mais  la  place  et  le  château  de 
Niort  furent  confiés  à  M""  de  Parabère  (2)  et,  durant  de 
longues  années,  la  charge  de  gouverneur  de  la  ville 
demeura  dans  sa  famille.  Il  fut  en  outre,  comme  nous 
l'avons  dit  plus  haut,  le  véritable  gouverneur  de  la  pro- 

(Ij  Autre  mise  et  despense  faicte  par  le  dit  receveur  pour  noble  et 
puissant  Pierre  de  Pontbrient,  cappitaine  du  chasteau  du  dit  Nyort,  à 
sa  venue  quand  il  vint  prandre  possession  de  la  dite  cappitalnie,  fut  le 
xxiij'^  jour  du   dit  moys  d'octobre,  l'an  susdit  mil  injc  iiijxx  et  sept. 

Premier  pour  la  despence  du  d.  cappitaine,  ses  gens,  ses  chevaux, 
pour  deux  journées  en  la  maison  et  boustellerie  de  la  Teste-Noire  la 
somme  de  vj  livres  xj  sols  vj  deniers,  comme  appert  par  le  compte  de  la 
d.  despence  signé  par  Loys  de  Trignac,  son  maistre  d'oustel,  laquelle 
despence  et  autre  despence  si  emprès  escrite  pour  le  d.  cappitaine  a  esté 
délibéré  estre  allouhée  au  d.  receveur  comme  appert  par  délibération. 

Item  fut  achapté  et  payé  par  le  d.  recepveur  es  présences  de  Jehan 
Vieilleseigle,  procureur,  et  André  Brochard,  contrerolleur  de  la  d.  ville, 
du  poisson  pour  donner  au  d.  cappitaine  pour  la  somme  de  XLV  sols. 

Item  en  vin  prins  chez  Jehan  Guilloteau  qui  fut  porté  au  chasteau 
pour  le  d.  capitaine  vij  sols  vj  deniers. 

Itemj'ay  baillé  et  payé  à  Jehanne  Abcline  la  somme  de  xv  sols  pour 
troys  pintes  d'ypocras  qui  furent  données  au  d.  de  Pontbrient  cappitaine 
susdit.  [Comptes  de  Geoiïroy  Faifeu,  1487-88] 

(2)  Jean  de  Baudéan,  sgr  de  Parabère,  baron  des  baronnies  de  la 
Mothe-Saint-Héraye,  Neuillan  et  la  Filte. 


—  237  — 

vince  jusqu'au  jour  où  M'  de  Malicorne  céda  la  place  au 
duc  de  Sully. 

En  1613,  M''  de  Parabère  se  démit  du  gouvernement  de 
la  ville  et  château  de  Niort  en  faveur  de  son  fils,  Henri  de 
Baudéan,  vicomte  de  Pardaillan.  Le  corps  de  ville  décida, 
le  20  février,  qu'entrée  serait  faite  au  nouveau  gouverneur 
et  que  l'on  dépenserait  pour  cela  jusqu'à  la  somme  de 
750  livres.  On  députa  vers  lui  pour  le  saluer  à  Saint- 
Maixent  ;  trois  compagnies  furent  mises  sur  pied  et  il  fut 
préparé  un  présent,  dont  la  nature  n'est  pas  d'ailleurs 
indiquée  (1). 

Le  vicomte  de  Pardaillan  avait  été  pourvu  de  ladite 
charge  par  lettres  du  roi,  ou  plutôt  de  la  reine-mère 
régente,  données  à  Paris  le  6  février.  Immédiatement 
après,  d'autres  lettres  royales  du  12  février  maintinrent  le 
comte  de  Parabère  dans  V exercice  du  gouvernement  de  la 
ville.  Voici  en  quels  termes  lui  était  donnée  cette  sorte  de 
commission  par  intérim  :  «  ....  néantmoins  désirant  rete- 
nir pour  quelque  temps  près  de  nostre  personne  vostre  fils 
pour  nous  servir  et  aultres  occasions,  nous  avons 

pour  ceste  cause  et  aultres  considérations  concernant  le 
bien  de  nostre  service,  estimé  à  propos  que  vous  exercerez 
encore  durant  quelque  temps  les  dites  charges  ;  c'est 
pourquoy  nous,  de  l'advis  de  la  Royne  régente,  nostre  très 

(1)  Assemblée  du  20  février  1613.  Sur  ce  que  Mgr  de  Pardaillan, 
à  présent  gouverneur,  doibt  en  brief  faire  son  entrée  en  ceste  ville,  et 
est  besoing  d'adviser  aux  honneurs  qu'on  luy  doibt  faire,  a  esté  par  tous 
dcllibéré  et  par  nous  conclud  que  l'on  fera  entrée  à  mon  dit  sgr  de 
Pardaillan,  gouverneur,  avecq  le  plus  d'honneurs  que  faire  se  pourra, 
et  pour  le  d.  efTect  et  2'>our  faire  nostre  présent,  attendu  qu'il  n'y  a, 
quant  à  présent,  aulcuns  denyers  es  mains  des  recepveurs  de  céans,  il 
sera  emprunté  la  somme  de  sept  cent  cinquante  livres...  Et  ont  esté 
nommez  cappitaines,  comme  aultrefoys,  pour  la  d.  entrée,  à  la  pluralité 

dos  voix,  les  sieurs  Sacher,  Savignac  et  de  Villiers,  eschevins Et 

pour  aller  saluer  mon  dit  sgr  à  Saint-Maixent  ont  aussy  esté  nommez  à 
la  pluralité  des  voix  Hierosme  Avicc,  eschevin,  Pierre  Thibault,  esche- 
vin,  Lucas  Coutocheau  et  Bastard,  pairs,  et  seront  les  enseignes  faictes 
aux  despens  du  corps,  à  la  charge  qu'elles  demeureront  au  d.  corps. 


—  238  — 

honorée  mère,  vous  avons  commis  et  ordonné,  commet- 
tons et  ordonnons  par  ces  présentes  pour  continuer  l'exer- 
cice et  fonctions  de  la  dite  charge et  vostre  fils  vien- 
drait à  décéder,  la  d.  charge  demeurera  toujours  en  vos 
mains  sans  qu'elle  puisse  estre  déclarée  vacante  ;  n'en- 
tendons néantmoins  que  vous  et  vostre  fils  puissiez  pour 
raison  de  ce  prétendre  aultres  plus  grands  gaiges,  états  et 
appointements  que  ceux  qui  appartiennent  à  la  dite 
charge.  »  En  fait,  le  vicomte  de  Pardaillan  n'exerça  pas 
les  fonctions  dont  il  avait  été  pourvu.  Son  père  demeura 
le  véritable  gouverneur  de  Niort;  c'est  à  lui  que  le  corps 
de  ville  se  recommande  par  les  présents  d'usage  (1),  et 
c'est  lui  encore  qui^  en  1621,  reçoit  le  roi  Louis  XIII, 
comme  nous  l'avons  vu  au  début  de  ce  chapitre. 

Le  comte  de  Parabère  était  alors  d'un  grand  âge,  ayant 
quatre-vingts  ans  ;  dans  les  années  suivantes  il  se  fit  sup- 
pléer, non  par  le  gouverneur  en  titre,  le  baron  de  Par- 
daillan, mais  par  son  autre  fils,  Charles  de  Baudéan,  baron 
de  Neuillan.  Lors  de  l'émeute  qui  eut  lieu  à  Niort  pendant 
la  disette  de  1024,  le  corps  de  ville  proposa,  pour  apaiser 
les  troubles,  de  faire  défense  aux  marchands  de  la  ville  et 
du  port  de  charger  aulcuns  blés,  si  AI'  le  baron  de  Neuil- 
lan, commandant  pour  le  Roy  en  ceste  ville,  en  l'absence 
de  M''  de  Parabère,  nostre  gouverneur,  l'a  pour  agréable. 
Le  baron  de  Neuillan  était  en  ce  moment  au  château,  et 
les  échevins  s'y  transportèrent  à  l'issue  de  la  séance,  pour 
conférer  avec  lui.  Depuis  lors,  il  remplit  les  fonctions  de 
gouverneur  jusq'au  jour  où  il  fut  investi  par  lettres  royales 
de  la  charge  cjue  naguères  soûl  toit  tenir  et  exercer  le 
s""  comte  de  Parabère,  Henri  de  Baudéan  son  frère, 
vaccante  à  présent  par  la  démission  qu'il  en  a  f aie  te  ce 
jour  d'huy  en  nos  mains.  Ces  lettres  sont  datées  du  6 
janvier  1625  et  furent  enregistrées  à  Niort  le  15  du  même 
mois.  Henri  de  Baudéan  est,  comme  on  le  voit,  dénommé 

(1)  Assemblée  du  31  décembre  1616.  Pour  un  tonneau  de  vin  donné 
à  Mgr  de  Parabère,  36  livres, 


—  239  — 

comte  de  Parabère;  son  père  existait  cependant  encore;  il 
mourut  en  1631,  iigé  de  90  ans. 

Charles  de  Baudéan ,  baron  de  Neuillan ,  demeura 
gouverneur  de  Niort  jusqu'à  sa  mort  arrivée  en  1G44  et  fut 
remplacé  par  son  fils  François  de  Baudéan,  qui  n'exerça 
pas  réellement  les  fonctions;  il  était  âgé  de  quinze  ans 
seulement  lorsqu'il  fut  investi  et  mourut  quatre  ans  après, 
le  11  septembre  1G48,  des  suites  d'une  blessure  reçue  à  la 
bataille  de  Lens  (1). 

Après  lui  fut  nommé  Philippe  de  Montault  de  Bénac, 
duc  de  Navailles,  qui  épousa,  le  20  février  1651,  la  sœur 
de  François  de  Baudéan,  Suzanne  de  Parabère.  Les 
registres  de  l'hôtel  de  ville  le  citent,  en  qualité  de  gouver- 
neur dès  1653  ;  mais  nous  ignorons  la  date  exacte  de  sa 
nomination.  Il  fut  en  outre,  par  la  suite,  gouverneur  de  la 
Rochelle,  Brouage,  Aunis  et  îles  adjacentes,  et  château  de 
Lourdes;  il  moiu^it  en  1684,  âgé  de 65  ans  et,  par  consé- 
quent, occupa  la  charge  pendant  plus  de  trente  ans.  Son 
meilleur  titre  à  la  gratitude  des  habitants  de  Niort  fut  la 
grande  part  qu'il  prit  à  la  création  de  l'hôpital  général, 
fondé  en  exécution  de  la  déclaration  royale  de  1662.  Il  y 
contribua  de  ses  propres  deniers,  et  l'on  a  perpétué  le 
souvenir  de  son  action  bienfaisante,  en  donnant  le  nom  de 
Navailles  à  l'une  des  rues  qui  longent  les  bâtiments  de 
l'hôpital-hospice  actuel,  dans  lesquels  sont  compris  les 
premiers  terrains  et  maisons  acquis  pour  cet  établisse- 
ment (2). 

Le  gouverneur  du  château  était  appointé  par  le  roi;  en 
outre,    la    ville    lui    offrait,   comme  il  a  été  dit,    des 


(1)  Charles  de  Baudéan,  mort  à  Paris  le  8  mars  1644,  fut  transporté 
et  inhumé  à  Niort  le  31  décembre  1646.  Son  lils,  François  de  Baudéan, 
mourut  à  Arras  et  fut  inhumé  à  Niort  le  5  octobre  1648  {Registres  de 
l'élat-civil}.  Leurs  monuments  funèbres  se  voient  dans  l'église  de 
Notre-Dame  au  nombre  de  ceux  qui  furent  consacrés  à  la  famille  de 
Parabère. 

(2)  L'attribution  du  nom  de  Navailles  à  la  rue  en  question  a  été  faite 
en  1858. 


—  2Û0  — 

présents  qui,  bien  que  commandés  par  l'usage,  n'avaient 
pas,  d'après  les  documents  étudiés  jusqu'ici,  le  caractère 
d'un  traitement  régulier.  Mais,  vis-à-vis  du  duc  de 
Navailles,  et  par  une  exception  qui  semble  lui  avoir  été 
personnelle,  ils  prirent  la  forme  d'émoluments  annuels  ;  la 
ville  s'engagea  à  lui  payer  chaque  année  450  livres; 
suivant  toute  apparence  du  reste,  l'offre  ne  fut  pas  spon- 
tanée et  l'éclievinage  se  soumit  en  cette  affaire  à  une 
exigence  du  gouverneur.  En  effet,  il  ressort  dés  procès- 
verbaux  d'assemblée,  du  témoignage  du  duc  de  Navailles 
lui-même,  que  la  ville^  après  avoir  fait  la  promesse,  fit  le 
possible  pour  ne  pas  la  tenir.  En  1666,  il  y  avait  presque 
quatre  années  arriérées;  en  1674,  un  nombre  indéter- 
miné (1).  Dans  cette  même  année  1666,  le  duc  écrivant 
à  Colbert  lui  faisait,  entre  autres  plaintes,  celle  de  ne  pas 
avoir  reçu  sa  pension  de  450  livres  (2).  Puis  il  raconte,  en 


(1)  Assemblée  du  octobre  1666.  Propose  par  nous  maire  qu'il  est 
deub  annuellement  à  M""  le  duc  de  Navailles  par  le  corps  450  livres,  et 
qu'il  y  a  trois  années,  sans  y  comprendre  la  présente,  expirées  dont  il  a 
fait  la  demande,  requiert  délibération  des  dits  assistans. 

A  esté  unanimement  délibéré  et  par  nous  conclud  et  arresté  qu'il  sera 
paie  à  M''  le  duc  de  Navailles  la  souimede  450  livres  pour  les  droits  de 
ceste  année  seulement,  et  attendu  qu'il  n'y  a  de  fonds  au  corps  à  cause 
des  grandes  alTaircs  qu'il  y  a  eu  et  a  encore,  mon  d.  sgr  de  Navailles 
sera  prié  de  supercedder  son  paiement  pour  les  années  passées. 

Assemblée  du  30  septembre  167i.  On  a  accoustumé  de  pourvoir  en 
ceste  assemblée  aux  fonds  nécessaires  pour  les  affaires  de  ceste  commu- 
nauté parmi  lesquelles  il  n'y  en  a  pas  de  plus  urgentes...  ensemble  de  ce 
qui  est  deub  annuellement  à  Mgr  le  duc  de  Navailles,  nostre  gouverneur, 
dont  il  y  a  plusieurs  arrérages....  A  l'esgard  de  ce  qui  est  deub  à  Mgr  le 
duc  de  Navailles,  a  esté  arresté  que  le  coips  fera  tous  ses  efforts  pour 
s'en  acquitter  et  qu'à  ceste  fois  Mgr  l'intendant  nous  permettra  de  faire 
des  baux  au  rabais  à  la  manière  accoustumée. 

[Au  moyen  de  ces  baux  fictifs,  on  pouvait  disposer  des  deniers 
d'octroi.  Nous  avons  déjà  vu  ce  procédé  employé,  mais  non  toutefois 
avec  le  consent sment  de  l'intendant]. 

(2)  «  A  la  Rocbelle,  ce  22  febvricr  1666 

«  Le  gentilhomme  que  j'avais  envoyé  à  la  cour  m'a  rapporté  que 
vous  lui  aviez  fait  l'honneur  de  luy  donner  audience  et  luy  aviez  tesmoi- 


—  Ui  — 

vue  de  donner  de  l'importance  à  son  commandement^  que 
son  bean-père  avait  été  deux  fois  assiégé  dans  le  château  par 
les  habitants  qui  sont,  dit-il,  Jbré  séditieux  et  arrogans. 
Dans  un  papier  mémorial  que  tint  â  cette  époque  un 
notaire  des  environs  de  Niort  se  trouve  un  passage  (1)  qui 

gné  que  mes  soins  ne  vous  cstoient  pas  désagréables.  Je  vous  assure  que 
vous  me  faites  beaucoup  de  justice  de  ne  me  pas  desnier  votre  protec- 
tion et  j'espère  que  ma  conduite  vous  fera  cognoistre  que  je  n'en  suis 
pas  tout  à  fait  indigne.  Je  vous  supplie  très  humblement  d'avoir  la 
bonté  de  vous  souvenir  de  moy  toucbant  les  appointemens  ([ue  le  roy  a 
ordonné  qui  me  fussent  payez,  comme  aussy  d'une  pension  de  ^50 
fiuî'es  que  j'ay  accoustumé  de  recevoir  tous  les  ans,  de  laquelle  je  n'ay 
rien  touché  depuis  que  je  suis  sorty  de  la  cour.  J'adjousteray,  M"",  que 
le  chasteau  de  Niort  est  dans  le  plus  mauvais  état  où  il  puisse  estre, 
et  que  c'est  la  seule  place  que  vous  avez  dans  le  Poictou  qui  puisse  tenir 
la  province  dans  l'obéissance  du  roy,  en  cas  qu'elle  eust  quelque  aullre 
pensée  ;  que  sa  situation  est  très  advanlageuse,  estant  sur  la  rivière  de 
Sèvre  qui  va  dans  la  mer,  qu'il  se  débite  toutes  les  années  pour  deux 
millions,  ou  de  sel  ou  de  bled,  dans  le  port  de  la  d.  ville,  qu'il  y  a  beau- 
coup de  huguenots  dans  la  province,  que  c'est  un  lieu  fort  peuplé  où  il 
y  a  7  à  8,000  habitans  ;  que  les  peuples  en  sont  fort  stklitienx  et  arro- 
gans, qu'ils  ont  assiégé  deux  fois  mon  beau-père  dans  le  chasteau 
parce  qu'il  avait  retiré  des  gens  qui  levaient  les  droicts  du  roy  qu'ils 
avaient  dessein  de  jeter  dans  la  rivière  Tout  cela  s'est  fait  durant  l'ad- 
ministration du  cardinal  de  Richelieu,  long-temps  après  la  prise  de 
la  Rochelle.  Vous  ne  doutez  pas  que  l'authorilé  du  roy  ne  fust  bien 
establye  en  ce  temps  là.  Il  n'y  a  ny  portes,  ni  ponts-lcvis,  ny  couver- 
tures pour  mettre  les  soldats  à  couvert,  ny  canons  montez,  ny  pas 
une  munition.  J'ay  creu  estre  obligé  de  vous  rendre  compte  de  ce  destail 
qui  n'a  d'autre  fin  et  intherest  que  le  service  dn  roy.  Quand  vous  m'en 
cognoistrcz  quelque  autre,  je  me  soumets  volontiers  à  estre  dégradé 
comme  un  homme  indigne  de  toute  sorle  dcmploy.  Je  vous  assure, 
M"- » 

{Documents  inédits  sur  l'histoire  de  France.  Correspondance 
administrative  du  règne  de  Louis  XIV,  t.  iv,  G9I  :  Le  duc  de  Navailles 
à  Colbert.) 

(1)  «  Je  sceus  le  mardy  26  apvril  1633  au  soir  par  Jacques  Perret,  (ils 
de  Moricette,  qui  venoit  de  Nyort,  que  M^"  de  Puyguyon  y  avait  envoyé, 
que  ceux  du  chasteau  et  ceux  de  la  ville  estoient  d'accord,  et  que  les 
barricades  qui  estoient  à  tous  les  cantons  de  la  ville  de  Nyort  se  deiïai- 
soient  et  les  retranchementz.  Les  batteries  cessèrent  dès  dimanche 
dernier  environ  midy  que  monsieur  le  commandeur  de  la  Porte  arriva  à 

16 


—  2/i2  — 

jette  quelque  lumière  sur  les  faits  auxquels  faisait  allusion 
le  gouverneur  de  Niort. 

En  1675,  le  duc  de  Navailles  reçut  le  bâton  de  maréchal  ; 
à  cette  occasion,  le  corps  de  ville  lui  fit  présenter  ses  féli- 
citations par  le  maire  et  le  receveur  des  deniers  patri- 
moniaux, qui  se  transportèrent  à  la  Rochelle  où  le  duc  se 
trouvait  alors  (1).  Il  était  en  effet  gouverneur  de  l'Aunis. 


Nyort.  Selon  que  m'a  dict  M^  de  Puyguyon,  il  se  tua  plusieurs  per- 
sonnes de  Nyort  par  ceux  quiestoicnt  dans  le  chasteau. 

«  Ceux  qui  estoient  au  chasteau  vouloient  niestreimpotz,  àquoy  ceux 
de  la  ville  s'oposoient,  qui  estoit  te  subject  de  la  baterie,  selon  que 
l'on  tenoit  tout  certain.  On  disoit  que  ceux  qui  estoient  au  chasteau 
tiroient  avec  coups  de  mousquet  et  arquebus  tous  ceux  qu'il  pouvoient  de 
la  ville.  »  {Journal  inédit  de  Simon  Robert,  notaire  à  Germond,  1621- 
1654.  Communication  de  M.  Léo  Desaivre.) 

Les  registres  de  l'état  civil  de  l'époque  donnent  le  nom  des  victimes  de 
l'émeute: 

Paroisse  de  Notre-Dame.  Le  24  août  1633  fut  ensevely  Etienne  de 
Bonney,  sergent  royal  qui  fut  tué  au  moulin  du  Chasteau. 

[Estienne  de  Bonney  avait  épousé  une  sœur  d'Isaac  Bastard  dont  feu 
M.  Piet-Lataudrie  a  publié  le  Papier  mémorial  dans  les  Mémoires 
de  la  Société  de  statistique,  année  1887.  Voir  p  25.  Isaac  Bastard  était 
lui-même  sergent  royal  ;  il  est  cité  au  procès-verbal  d'assemblée  du 
29  mars  1602.  On  trouve  un  Estienne  de  Bonney,  receveur  de  la  séné- 
chaussée de  Poitou,  sous  Charles  VIII  ] 

Paroisse  de  St-André.  Le  23™«  jour  d'apvril  1633,  fut  inhumée 
Magdeleine  Charau  de  la  rue  Babinot,  et  fut  tuée  le  jour  précédent 
devant  le  Rozeau  d'or  par  les  maltoutiers. 

Le  24'"'=  jour  d'avril  Soulard  dit  la  Vigne,  tué  par  ceux  du 

chasteau. 

Le  mesmejour  fut  inhumé  Anthoine  Ru...  du  port,  tué  par  ceux  du 
chasteau. 

Le  mesme  jour24™«  apvril  1633,  futensevely  un  pauvre  meusnier  tué 
le  mesmejour,  de  la  paroisse  de  S"=  Pezenne. 

Le  2""^  jour  de  may  1633,  fut  inhumé  René  Beliard,  aagé  de  16  ans, 
tué  par  les  maltoutiers. 

(1)  Assemblée  du  5  août  1675.  Mgr  le  duc  de  Navailles  a  reçu  le 
bâton  de  maréchal....  ;  nous  maire  avons  esté  supplié  de  la  part  de  la 
compagnie  de  nous  transporter  avec  René  Chauvegrain,  pair,  en  la 
ville  de  la  Rochelle  par  devers  mon  dit  seigneur  de  Navailles,  pour  luy 
tesmoigner  de  la  part  de  ceste  communauté  la  participation  que  nous 


—  243  — 

Dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  il  paraît  du  reste  avoir 
peu  résidé  en  province,  bien  qu'il  n'eût  plus  de  comman- 
dement actif  aux  armées.  Lorsqu'il  venait  à  Niort,  il  y 
était  reçu  avec  apparat  et  escorté  de  même  à  son 
départ  (1). 

Après  le  duc  de  Navailles,  la  place  fut  donnée  à  M""  de 
Lassara,  maréchal  de  camp,  puis  à  M'"  de  Pierre-Levée, 
qui  était  déjà  lieutenant  du  gouverneur  et  en  même  temps 
maire  perpétuel.  Ce  dernier  n'en  fut  du  reste  investi  que 
dans  des  conditions  toutes  particulières,  car  il  n'en  touchait 
pas  les  appointements.  En  1715,  il  fut  dépossédé  du  titre 
lui-même  et  ne  conserva  que  celui  do  lieutenant,  la  charge 
ayant  été  donnée  au  marquis  de  Vilaine  ;,  lieutenant 
général.  Ensuite  vint  M'"  de  Castellane,  ambassadeur  à  la 
Porte,  qui  était  encore  titulaire  en  1744  (2).   Nous  ne 

avons  à  sa  satisfaction  et  que  toute  la  ville  en  fait  ses  actions  de  grâce 
à  Notre  Seigneur  en  le  priant  de  luy  conserver  la  prospérité  et  une 
parfaite  santé  et  longue  vie.  Les  frais  du  voyage  seront  alloués  à  René 
Chauvegrain,  petit  receveur,  en  ses  comptes. 

(1)  Assemblée  du  25  juillet  1680.  Propozé  par  nous  maire  que  nous 
avons  eu  advis  que  Mgr  le  maréchal  de  Navailles  viendra  en  ceste  ville 
avec  Madame  et  les  demoiselles  ses  tilles,  et  comme  ce  sont  des  per- 
sonnes auxquelles  nous  devons  rendre  nos  civilités  et  honneurs,  nous 
demandons  l'advis  de  la  compagnie. 

Arrêté  que  la  compagnie  de  cavalerie  ira  à  deux  lieues...  ;  les  habi- 
tants seront  mis  sous  les  armes.  On  bordera  depuis  la  porte  Saint- 
Gelais  jusqu'au  château  et  nous  attendrons  à  la  porte....  On  fera  faire 
un  guidon,  un  justaucorps  et  un  chapeau  pour  le  trompette.  Frais 
alloués. 

Assemblée  du  5  octobre  1680.  La  compagnie  de  cavalerie  accom- 
pagnera le  maréchal  de  Navailles  jusiju'oîi  il  lui  plaira  de  la  congédier. 

(2)  Tout  l'état  militaire  de  Niort  consiste  dans  un  gouverneur  avec 
2,000  livres  d'appointements.  C'est  M'"  de  Caslellane,  ambassadeur  à  la 
Porte.  Il  y  avait  autrefois  un  simple  capitaine  du  château  avec  50  livres 
d'anciens  gages  ;  celui  qui  tenoit  cette  place  se  fît  enfin  donner  un 
brevet  de  commandement,  mais  sans  appointements.  Il  [M^  de  Pierre- 
Levée]  mourut  dans  le  temps  de  la  régence  ;  le  Roy  nomma  M""  de 
Préville  à  ce  poste  avec  3,G00  livres  d'appointements.  Il  se  trouva  désa- 
gréable à  S.  A.  S.  Mgr  le  prince  de  Conty  qui  le  fit  passer  à  Marien- 

.  bourg,  et  M""  de  la  Mare,  qui  était  alors  major  du  régiment  de  Conty,  lui 


—  Uh  — 

savons  quel  fut  le  successeur  de  ce  dernier.  Depuis  le  maré- 
chal de  Navailles,  le  château  était  exclusivement  occupé 
par  le  lieutenant  du  gouverneur,  qui  exerçait  le  comman- 
dement. Le  dernier  gouverneur  qui  ait  fait  son  entrée 
solennelle  à  Niort,  sans  y  résider  d'ailleurs,  est  le  marquis 
de  Vilaine.  La  ville  hii  offrit  le  présent  ordinaire  de 
500  livres  qui  furent  prises  sur  les  deniers  d'octroi  (1). 
Depuis,  les  registres  ne  mentionnent  plus  rien  de  ce  genre. 

Il  nous  reste  à  dire  quelques  mots  des  lieutenants  des 
gouverneurs.  Plus  anciennement  que  le  duc  de  Navailles, 
nous  ne  pouvons  citer  aucun  nom  ;  sous  lui,  nous  en 
connaissons  trois^  les  deux  premiers  fort  obscurs,  le 
troisième  qui  a  joué  à  Niort  un  rôle  important  et  fâcheux. 

En  1657,  le  procès-verbal  des  dommages  que  l'inondation 
avait  causés  au  fort  Foucault  fut  dressé  par  les  ordres  de 
noble  Jacques  Noyer,  sieur  de  la  Rose,  commandant  le 
château  pour  l'absence  de  Mgr  le  duc  de  Ahivailles.  En 
1677,  le  lieutenant  était  le  sieur  de  la  Jarrie,  qui  fut  rem- 
placé cette  année-lâ  par  M'"  de  Pierre- Levée,  alors  capitaine 
au  régiment  de  M'"  de  Navailles.  Sa  commission  pour 
commander  en  cette  ville  et  chasteau  en  l'absence  du 
gouverneur,  ou  sous  son  autorité  en  sa  présence,  fut 
présentée  au  corps  dans  la  séance  du  14  octobre.  Elle  était 
donnée  pour  trois  ans  et  fut  d'ailleurs  renouvelée.  Précé- 


a  succédé  :  mais  il  n'a  que  2,400  livres  par  année.  Il  y  a  toujours  dans 
le  château  une  compagnie  d'invalides.  [Etat  sur  l'élection  de  Niort, 
i744  ;  publié  dans  les  Mémoires  de  la  Société  de  statistique,  année 
1886,  voir  p.  269.] 

[Les  gages  du  capitaine  du  château  étaient  de  cent  livres  à  la  fin  du 
quinzième  siècle. 

ApoUin  Briquet  cite,  dans  son  Inventaire  des  archives,  une  quit^ 
tance  délivrée  à  Etienne  de  Bonnay,  receveur  du  roi  en  Poitou,  par 
Pierre  de  Pontbryand,  écuyer,  échanson  du  roi  et  capitaine  du  château 
de  Niort  pour  la  somme  de  cent  livres  tournois,  montant  de  ses  gages 
pendant  l'année  finie  à  la  Saint- Jean-Baptiste  1495.  Cette  pièce  fait, 
dit-il,  partie  de  sa  collection  particulière.] 

(1)  Assemblée  du  2i  juin  1115. 


—  2/j5  — 

demment,  il  avait  été  question  de  M''  de  Pierre-Levée 
à  propos  d'une  transaction  assez  louche  faite  par  lui  avec 
l'échevinage  au  sujet  d'une  fourniture  d'étape  (1).  En 
1692,  tout  en  étant  lieutenant  du  gouverneur,  il  acheta  la 
charge  de  maire  perpétuel  et  l'exerça  jus(|u'â  la  fin  do 
1717  au  grand  détriment  des  habitants  de  Niort,  comme 
nous  l'avons  montré  dans  plusieurs  des  chapitres  précé- 
dents. D'après  l'extrait  de  l'Etat  sur  l'élection  en  1744, 
reproduit  dans  l'une  des  dernières  notes,  il  se  serait  fait 
donner  un  brevet  de  commandement.  Mais,  ajoute  l'auteur 
de  ce  document,  ce  brevet  était  sans  appointements  ;  ce 
qui  expliquerait  pourquoi  le  maire,  commandant  du  châ- 
teau, se  taillait  si  volontiers  des  profits  sur  les  deniers  de 
la  ville.  Après  la  nomination  d'un  gouverneur,  en  1715, 
M'  de  Pierre-Levée  conserva  la  lieutenance  pendant  quatre 
ans  environ.  Il  mourut  au  mois  d'août  1719,  et  fut  rem- 
placé par  IVP  Morin  de  Préville,  qui  fut  nommé  pour 
trois  ans  à  3,600  livres  d'émoluments  et  paraît  avoir  été  le 
lieutenant  le  mieux  appointé  qui  ait  occupé  le  château. 

M""  de  Préville,  comme  il  a  été  dit,  se  trouva  désa- 
gréable au  prince  de  Conti,  gouverneur  du  Poitou,  qui  fit 
nommer  en  son  lieu  et  place  M"  de  la  Mare,  major  du 
régiment  de  Cojiti,  mais  avec  des  appointem.ents  moin- 
dres, 2,400  livres  seulement,  chiffre  qui  fut  continué 
depuis.  Une  pièce  conservée  aux  archives  donne  pour 
1756  le  décompte  des  impôts  qui  grevaient  le  traitement 
du  commandant  du  château;  il  ne  lui  restait  net  guère 


(1)  Assemblée  du  7  mai  167i.  Le  sieur  de  Pierre-Levée,  capitaine 
au  régiment  de  M'"  de  Navailles,  a  son  lieu  d'assemblée  en  celte  ville 
pendant  dix  jours,  ainsi  qu'il  a  fait  apparoir  par  la  lettre  de  cachet  du 
Roy.  Logement  lui  sera  fourni. 

Assemblée  du  8  mai  161'i.  Le  sieur  de  Pierre-Levée  renonce  à  sa 
lettre  de  cachet,  qui  lui  sera  rendue  pour  en  toucher  l'estape  de  l'csta- 
pier,  pourveu  qu'on  donne  le  logement  à  ses  soldats  une  nuictée  seule- 
ment, et  comme  une  nuictée  est  de  peu  de  charge  et  dix  jours  seroient 
beaucoup  à  la  foulée  des  habitants...  arrêté  que  sa  lettre  lui  sera  rendue. 


—  246  — 

plus  de  2,000  livres  (1).  Après  M*"  de  la  Mare  vinrent 
M''  de  Carrel,  nommé  par  lettres  du  28  décembre  1748, 
puis  M'"  Jean  Bouchard  de  la  Pomélie,  capitaine  de 
grenadiers  au  régiment  d'infanterie  de  Conti,  commis- 
sionné  le  3  août  1759.  Ces  trois  officiers  moururent  à 
Niort  dans  l'exercice  de  leurs  fonctions.  Le  dernier 
titulaire  fut  M'"  Marc-Antoine  de  Montfalcon,  chevalier 
d'Adhémar,  ci-devant  major  du  régiment  d'infanterie  de 
Chartres,  qui  reçut  ses  provisions ,  le  22  décembre  1785, 
après  le  décès  de  M""  de  la  Pomélie.  Nous  donnons  en 
note  ce  brevet  qui  définit  les  fonctions  du  commandant 
du  chcâteau  de  Niort  (2). 


(1)  Archives  de  Niort,  n°  23-21. 
M'  de  Carrel  pour  l'année  1756. 
Appointements  :  2,400  livres. 


Décompte  des  appointements   de 


déduire  : 

1°  Illisible                    40  livres. 

2°  Dixième                  240 

3°  Capitation                 90 

4°  Item  ¥  pour  livre      18 

Total    388  livres 

(2)  Aujourd'hui  22""^  du  mois  de  décembre  1785,  le  Roi  étant  à 
Versailles,  la  charge  de  son  lieutenant  au  gouvernement  de  la  ville  et 
château  de  Niort  se  trouvant  vacante  par  le  décès  de  M-"  de  la  Pomélie 
qui  en  était  pourvu,  jugeant  convenable  au  bien  de  son  service  de  le 
remplir  d'un  sujet  capable  et  expérimenté,  Sa  Majesté  a  choisi  à  cet 

etïet  le  sieur  Marc-Antoine par  la  connaissance  qu'elle  a  de  sa 

valeur,  courage,  expérience  de  la  guerre,  vigilance,  activité  et  sage 
conduite,  dont  il  a  donné  des  preuves  suffisantes  dans  les  divers  emplois 
de  guerre  qui  lui  ont  été  confiés.  A  ces  causes  et  autres,  Sa  Majesté  a 
nommé  commis,  ordonné  et  établi  le  dit  sieur  chevalier  d'Adhémar  à  la 
dite  charge  de  son  lieutenant  au  gouvernement  des  d.  ville  et  château 
de  Niort  vacant  comme  il  est  dii  pour  en  la  dite  qualité,  en  l'absence  et 
sous  laiitorité  du  gouverneur  de  la.  d.  place,  y  commander  tant 
qu'il  plaira  à  Sa  Majesté  aux  habitants  et  aux  gens  de  guerre  qui  y  sont 
et  y  seront  ci-après  en  garnison  et  leur  ordonner  ce  qu'ils  auront  à 
faire  pour  son  service,  faire  vivre  les  dits  habitants  en  bonne  union  et 
concorde  les  uns  avec  les  autres  et  les  dits  gens  de  guerre  en  bonne 
discipline  et  police  suivant  les  règlements  et  ordonnances  militaires, 
faire  sévèrement  châtier  ceux  qui  oseroient  y  contrevenir,  veiller  à  la 
garde  et  sûreté  de  la  dite  place  et  gouvernement,  faire  pour  sa  conser- 
vation tout  ce  qu'il  estimera  nécessaire  et  à  propos  de  le  faire,  Sa 
Majesté    lui    donnant    pouvoir,  commission,    autorité    et  mandement 


—  2A7  — 

La  ville  ne  faisait  aucun  présent  au  lieutenant  du  gou- 
verneur, commandant  du  château.  Le  premier  janvier,  le 
corps  de  ville  lui  présentait  ses  compliments  qui  n'étaient 
même  pas  toujours  fort  gracieusement  reçus,  ainsi  que 
nous  l'avons  l'aconté  au  chapitre  de  l'Administration. 
Les  rapports  étaient  assez  généralement  mauvais  entre  la 
mairie  et  le  château.  La  ville  accordait  au  commandant, 
pour  une  quantité  déterminée  de  vivres  et  denrées,  la 
franchise  des  droits  d'octroi  ;  le  détail  en  a  été  donné  en 
traitant  du  Tarif  de  1718.  Il  y  eut  nombre  de  difficultés 
â  ce  sujet  et  il  fallut  un  règlement  spécial  du  prince  de 
Conti  pour  y  mettre  fin. 

La  notoriété  de  certains  gouverneurs  de  Niort,  la  part 
qu'ils  ont  eue  dans  les  affaires  du  temps,  nous  ont  fait 
déroger  à  la  règle  des  préséances  que  nous  avions  prise 
pour  base.  Il  aurait  fallu,  pour  la  régularité  absolue,  placer 
avant  les  gouverneurs  de  la  ville  les  commandants  mili- 
taires de  la  région,  officiers  généraux  dont  les  fonctions  ne 
datent  d'ailleurs  que  de  la  seconde  moitié  du  règne  de 
Louis  XIV.  Elles  paraissent  avoir  été  créées  pour  la 
circonscription  des  provinces,  du  Poitou,  Saintonge  et 
Aunis,  surtout  en  vue  des  poursuites  à  main  armée  contre 
les  protestants  après  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes.  Le 
premier  titulaire  en  fut  le  maréchal  d'Estrées;  elles  furent 
conservées  depuis  et,  par  suite,  les  gouverneurs  de  la 
province  se  virent  dépouillés  de  la  plus  grande  partie  de 

spécial  par  le  présent  brevet,  voulant  qu'il  jouisse  de  la  dite  charge  de 
son  lieutenant  aux  honneurs,  autorité,  prérogatives,  prééminences,  droits 
fruits,  protits,  revenus  et  émoluments  qui  y  appartiennent  et  aux  appoin- 
tements qui  lui  seront  ordonnés  par  les  états  de  Sa  Majesté,  laquelle 
mande  et  ordonne  aux  habitants  de  la  d.  place  et  aux  gens  de  guerre 
qui  y  sont  et  y  seront  ci-après  en  garnison  de  le  reconnaître  en  la  d. 
qualité  de  son  lieutenant  et  de  lui  obéir  en  tout  ce  qu'il  leur  comman- 
dera pour  le  service  de  Sa  Majesté,  en  l'absence  et  sous  l'nulorilé, 
comme  dit  est,  du  gouverneur  de  la  d.  place,  en  vertu  du  présent 
brevet  que  Sa  Majesté,  en  témoignage  de  sa  volonté,  a  signé  de  sa  main 
et  fait  contresigner  par  un  des  conseillers  secrétaires  d'Etat  et  de  ses 
commandements  et  finances.  Signé  :  Louis, 

et  plus  bas,  le  maréchal  de  Ségur. 


—  us  — 

leurs  pouvoirs  militaires,  de  même  que  par  l'institution 
des  intendants  ils  avaient  perdu  leurs  attributions  admi- 
nistratives. 

Le  maréchal  d'Fstrées  résidait  à  Niort  et,  le  premier 
jour  de  l'année  1701,  les  maire  et  échevins,  non  seulement 
lui  offrirent  leurs  compliments,  nmis  encore  pour  estrennes 
un  présent  lionneste  de  la  valeur  de  230  livres  (1).  M""  de 
Chamilly  (2),  nommé  après  lui  en  1700,  fixa  sa  résidence 
à  la  Rochelle,  comme  du  reste  tous  ses  successeurs.  Le 
4  juillet  1701,  M'' de  Pierre-Levée  écrivait  de  cette  ville 
que  le  nouveau  commandant  viendrait  bientôt  â  Niort  et 
qu'il  fallait  se  mettre  en  mesure  de  lui  rendre  les  honneurs 
habituels  et  faire  le  présent  de  vin. 

En  1703,  M'  de  Chamilly  fut  promu  à  la  dignité  de 
maréchal  de  France;  le  corps  vota  cent  livres  pour  les  frais 
de  la  députation  qui  alla  le  complimenter  à  la  Rochelle. 
Il  y  a  lieu  d'observer  ici,  comme  au  su  jet  des  compliments 
et  cadeaux  offerts  aux  intendants,  que  l'échevinage  de 
Niort,  après  la  mairie  perpétuelle,  ne  continua  pas  la  tra- 
dition des  présents  vis-à-vis  du  commandant  militaire  de  la 
région.  Le  corps  de  ville  se  contentait  de  lui  présenter  ses 
hommages  et  de  lui  faire  fête  lorsqu'il  venait  à  Niort  (3). 

(1)  Assemblée  du  31  décembre  1700.  Il  est  de  l'ordre  d'aller  compli- 
menter au  commencement  de  l'année  M""  le  maréchal  d'Eslrées 
Demain,  premier  jour  du  siècle  et  de  l'année,  nous  maire  et  eschevins 
du  corps  et  maison  commune  de  ceste  ville  irons  saluer  et  faire  compli- 
ment à  mon  dit  seigneur ;  il  luy  sera  donné  pour  eslrennes  un 

présent  honneste,  230  livres  à  prendre  sur  les  deniers  d'octroi. 

(2)  Le  comte  de  Chamilly  est  dénommé  dans  les  pièces  ofTicielles . 
lieutenant  général  des  armées  du  Roy,  gouverneur  des  ville  et  château 
de  Dijon  et  commandant  en  chef  pour  le  service  de  Sa  Majesté 
dans  les  provinces  de  Poitou,  Saintonge,  pays  d'Aunix  et  isies 
y  adjacentes. 

(3)  Assemblée  du  septembre  173ô  Députation  à  la  Rochelle 
pour  assurer  M""  de  Matignon  de  notre  soumission.  Frais,  y  compris  un 
autre  voyage  à  Poitiers,  164  livres  6  sols. 

Assemblée  du  7  mai  i747.  A  plusieurs  loueurs  de  chevaux   pour  35 

journées  de  chevaux  de  louage  pour  le  trompette  de  la  compagnie  de 

cavalerie  les  jours  de  feux  de  joie  et  celui  de  l'entrée  de  M""  et  M™"  de 
Chabannes,  35  livres. 


—  2/19  — 

Nous  terminerons  l'exposé  des  honneurs  rendus  aux 
grands  dignitaires  par  les  détails  que  donnent  les  registres 
sur  la  réception  faite  à  Mgr  Hardouin  Fortin  de  la 
Hoguette,  évêque  de  Poitiers,  lorsqu'il  vint  à  Niort  pour 
la  première  fois.  Il  avait  pris  pos.session  de  son  siège  le 
7  septembre  1680.  Dans  la  séance  du  26  avril  1680,1e  corps 
de  ville  nomma  une  députation  pour  aller  saluera  Saint- 
Maixent  le  nouvel  évêque  et  alloua  les  frais  nécessaires. 
Déjà,  dans  une  assemblée  précédente,  il  avait  été  arrêté 
que  le  seigneur  évêque  serait  reçu  â  la  manière  accou- 
tumée et  que  l'on  ferait  faire  un  dais  pour  son  entrée.  On 
avait  bien  voulu  emprunter  celui  de  l'église  de  Notre- 
Dame;  mais  les /a6r/^Me«rs  en  demandaient  un  prix  de 
location  fort  élevé  et  de  plus  voulaient  que  le  maire  s'en- 
gageât à  en  restituer  la  valeur  aa  cas  que  les  gens  de  mon 
dit  seigneur  écesque  s'en  voulussent  saisir,  ce  qui  était 
apparemment  un  droit  d'aubaine  usité  ou  toléré.  La  ville 
préféra  en  faire  faire  un  et  la  délibération  contient  la 
réserve  formelle  que  le  dais  sera  conservé  et  non  livré 
aux  gens  de  l'évéque  (1).  Le  dais  coûta  la  somme  de 
120  livres  (2). 

(1)  Assemblée  du  26  avril  1681.  Proposé  par  nous  d.  maire  qu'à  la 
dernière  assemblée  (16  avrili  il  fut  aussy  arresté  que  l'on  recevrait  le 
sgr  Evesque  à  la  manière  accoustumée  avec  un  daix,  et  comme  nous 
aurions  tenté  la  voie  d'avoir  celui  de  l'église  de  Notre-Dame  et  que 
pour  la  location  dicelluy  on  demandait  six  louis  d'or  et  que  nous  nous 
obligions  de  nostre  privé  nom  d'en  paier  la  valeur  ait  cas  que  les  gens 
de  mon  dit  sgr  Evesque  s'en  voulussent  saisir,  ce  que  le  d.  Thi- 
bault, l'un  des  fabriqueurs  de  Notre-Dame  présent,  a  confirmé,  que 
néantmoings,  pour  l'argent  ils  se  contenteroient  de  moings,  demandons 
l'advis  de  la  compagnie,  lequel  des  deux  partis  nous  accepterons,  soit 
d'en  faire  faire  un  neuf  ou  de  prendre  celui  de  Notre-Dame  à  ces  condi- 
tions. 

A  la  pluralité  des  voix  a  esté  arresté  et  par  nous  conclud  que  nous 
ferons  faire  un  daix  neuf  et  que  le  grand  receveur  advancera  ce  qu'il 
coustera  qui  lui  sera  alloué  en  ses  comptes,  lequel  daix  sera  conservé 
pour  les  occasions  qui  se  rencontreront. 

(2)  Archives  de  Niort,  n°  893.  Comptes  de  Michel  Arnault  du  Fasty, 
1678-1681. 


—  250  — 


CHAPITRE  XIII. 


Réjouissances  publiques. 

La  première  dépense  qui  soit  inscrite  de  ce  chef  aux 
registres  de  l'hôtel  de  ville  est  un  paiement  de  100  sols 
pour  50  grands  fagots  brûlés  au  feu  de  joie  fait  sur  la  place 
du  Château  à  l'occasion  de  la  naissance  du  Dauphin,  depuis 
Louis  XIII,  qui  était  venu  au  monde  le  27  septembre 
1601(1).  Ce  n'est  pas  à  dire  que  d'autres  réjouissances 
pareilles  n'eussent  trouvé  place  auparavant.  On  peut  re- 
marquer cependant  que  l'année  précédente,  au  mois  de 
décembre,  avait  eu  lieu  le  mariage  do  Henri  IV,  et  que  la 
ville  de  Niort  ne  i)araît  avoir  en  aucune  manière  célébré 
cet  événement;  les  registres  de  1600 et  1601  sont  complets 
et  n'en  disent  mot.  La  ville  avait,  il  est  vrai,  peu  sujet  de 
se  réjouir,  attendu  que  le  roi,  en  annonçant  au  corps  son 
union  avec  Marie  de  Médicis,  lui  demandait  en  même 
temps  un  don  gratuit  de  4,000  écus  qui  excédait  les  forces 
des  habitants,  tous  plus  ou  moins  éprouvés  par  les  désas- 
tres de  la  guerre  civile.  Sans  aucun  doute,  l'échevinage  se 
dispensa  volontiers  de  donner  des  marques  de  joie  qui 
d'ailleurs  n'étaient  peut-être  pas  alors  commandés  par 
Tus  âge. 

(1)  Assemblée  du  29  novembre  1602.  Touchant  d'adviser  à  la 
requeste  présentée  par  Mathieu  Moisnard,  fournicr,  dysant  que  par  le 
commandement  de  noslre  prédécesseur  mayre.  au  moys  d'octobre  mil 
six  cent  ung,  il  auroyt  fourny  cincquante  grands  fagots  de  boys  qui 
ont  esté  brûliez  en  la  place  du  chasteau  de  ceste  ville  au  feu  de  joye  qui 
a  esté  faict  en  la  d.  place  pour  célébrer  la  nativité  de  mon  seigneur  le 
Dauphin,  duquel  boys  il  requiert  paiement  de  la  somme  de  cent  solz. 

A  esté  dellibéré  par  tous  et  par  nous  conclud  que  le  d.  Manceau, 
cy-devant  recepveur  sera  enquis  si  le  d.  paiement  a  esté  faict,  pour  ce 
faict  y  ordonner  ce  qu'il  appartiendra. 


—  251  — 

Le  mariage  de  Louis  XIII,  qui  est  de  la  fin  de  l'année 
1615,  ne  donna  lieu  non  plus  â  aucunes  réjouissances  à 
Niort.  C'était  du  reste  une  époque  fort  troublée  par  les 
entreprises  des  protestants,  surtout  dans  l'ouest  du 
royaume.  Quant  à  celui  de  Louis  XIV,  célébré  le  9  juin 
1660  à  Saint-Jean-de-Luz,  les  registres  qui  existent  pour 
cette  année,  mais  peut-être  incomplets,  faut-il  ajouter,  ne 
nous  parlent  d'aucune  fête  à  ce  sujet.  Le  contrat  royal 
avait  été  signé  l'année  précédente,  en  même  temps  que  le 
traité  des  Pyrénées.  La  paix  fut  publiée  solennellement  â 
Niortj  seulement  le  7  mars  1660  (1),  et  on  y  fit  â  cette 
occasion  les  manifestations  de  joie  que  nous  verrons  tou- 
jours reproduites  en  pareille  circonstance.  Un  Te  Deum 
fut  chanté  dans  l'église  de  Notre-Dame  ;  le  régiment  de 
milice  bourgeoise  avait  été  mis  sous  les  armes  ;  il  y  eut 
des  décharges  de  mousqueterie,  des  salves  de  l'artillerie 
du  château,  et  le  soir  les  habitants  illuminèrent.  Un  feu 
de  joie  dressé  sur  la  place  du  château  fut  allumé  par  le 
maire  et  par  M'"  de  Lavedan,  fils  du  duc  de  Navailles, 
gouverneur  de  la  ville.  C'était  alors  un  enfant  de  sept  à 
huit  ans,  qui  du  reste  mourut  jeune  ;  le  duc  ne  laissa  pas 
d'héritier  mâle  (2). 

Les  naissances  des  fils  et  petits-fils  de  Louis  XIV  furent 
célébrées  par  des  fêtes  analogues.  On  chantait  un  Te  Deum, 
on  allumait  un  feu  de  joie  et  le  régiment  de  milice  brûlait 
quelque  peu  de  poudre.  La  dépense  était  presque  invaria- 
blement de  150  livres.  Pareilles  cérémonies  furent  faites 
même  pour  la  naissance  du  prince  des  Asturies,  fils  de 
Philippe  V,  roi  d'Espagne,  né  le  23  septembre  1713. 

Les  registres  contiennent  des  détails  circonstanciés  sur 
les  réjouissances  qui  eurent  lieu,  û  la  fin  de  1722,  pour  le 


(1)  Assemblée  du  5  mars  et  procès  verbal  du  7  mars  1660. 

(2)  Assemblée  du  10  février  1679.  Nous  escrirons  au  maréchal  et  à 
M'""  la  maréchale  de  Navailles  au  sujet  de  la  mort  de  leur  fils. 

[On  avait  alloue,  le  27  janvier   précédent,  des  fonds  pour  lui   faire 
célébrer  un  service  et  prononcer  une  oraison  funèbre.] 


—  252  -~ 

sacre  et  couronnement  de  Louis  XV  (1).  Le  feu  de  joie  se 
fit  sur  la  place  du  Vieux-Marché  ;  il  avait  30  pieds  de 
haut.  Le  régiment  fut  rassemblé  sous  peine  de  10  livres 
contre  les  manquants.  Les  habitants  durent  illuminer  à 
deux  chandelles  au  moins  ;  il  y  avait  trois  livres  d'amende 
pour  ceux  qui  s'en  dispenseraient.  On  traita  au  prix  de 
440  livres  avec  le  sieur  Vallade,  aubergiste  du  Cygne, 
pour  les  frais  de  toute  sorte  et  en  particulier  pour  le  repas 
qu'on  est  accoutumé  défaire.  Mais  le  receveur  n'admit 
pas  ce  marché  de  gré  à  gré  et  exigea  un  bail  au  rabais.  Au 
même  moment,  il  avait  été  ordonné  un  Te  Deum  et  un 
feu  de  joie  pour  un  autre  événement,  la  cessation  de  la 
peste  en  Provence.  Il  fut  décidé  que  les  deux  cérémonies 
seraient  mises  ensemble  en  adjudication  ;  elles  furent 
soumissionnées  par  un  charpentier,  Pierre  Méreste  (2). 

L'année  précédente,  un  Te  Deum  avait  été  chanté,  et 
un  feu  de  joie  allumé  sur  la  place  du  Vieux-Marché  (3), 
pour  le  rétablissement  de  Sa  Majesté  qui  avait  eu  une 
maladie  dangereuse  (4).  Les  Bulletins  de  la  Société  de 
statistique  renferment  un  récit,   extrait  des  lettres    du 

(1)  Assemblée  du  11  novembre  1722. 

(2)  Les  soumissionnaires  furent  Denis  Ollivier,  hôte  du  Dauphin,  au 
prix  de  900  livres  ;  Jean  Collet,  hôte  du  Lion  d'or,  800  livres  ;  François 
Vallade,  hôte  du  Cygne,  700  livres  ;  Pierre  Méreste,  charpentier, 
590  livres. 

(3)  Les  feux  de  joie  se  tirent  à  Niort,  d'abord  sur  la  place  du  Châ- 
teau; en  4713,  pour  la  paix  d'Utrecht.  sur  cette  place  et  sur  celle  du 
Vieux-Marché  ;  il  y  eut  double  feu  de  joie  ;  puis  le  plus  souvent  sur 
cette  dernière,  enfin  sur  la  place  de  la  Brèche  à  partir  de  1770. 

(4)  Jeudi  31  juillet  [1721]  le  Roi  s'est  trouvé  mal  à  la  messe  qui  était 
en  musique,  à  cause  de  la  fête  de  S'-Germain-de  l'Auxerrois.  Il  a  dîné 
un  peu  ;  la  fièvre  lui  a  pris  le  soir.  Hier  vendredi,  la  fièvre  a  augmenté, 
de  manière  qu'on  l'a  saigné  au  bras  à  quatre  heures  de  l'après-midi,  et 
on  l'a  saigné  du  pied  à  onze  heures  du  soir  ;  cependant  il  se  porte  beau- 
coup mieux  ce  matin  ;  il  a  pris  de  l'émétique  qui  a  fait  une  évacuation 

charmante Ce  matin,  2  août,  le  Parlement  a  ordonné  la  découverte 

de  la  châsse  de  S'«  Geneviève  et  les  prières  de  quarante  heures,  ce  qui 
a  été  exécuté  dès  l'après-midi.  [Journal  de  Barbier.  Paris,  Charpentier, 
1857,  t.  I,  p.  446.] 


—  263  — 

temps,  des  démonstrations  de  joie  spontanées,  illumi- 
nations, repas  dans  la  rue,  quise  firent  à  cette  occasion  (1). 
Plusieurs  habitants  notables  avaient  allumé  par  centaines 
des  lampions  formés  de  coquilles  de  limaçons  remplies 
d'huile,  dans  laquelle  trempait  une  mèche.  Il  y  eut  à 
l'hôtel  de  ville  un  banquet  de  40  à  50  personnes  à  5  livres 
10  sols  par  tête. 

Loui  XV  épousa,  le  4  septembre  1725,  Marie  Leczinska,, 
fille  de  Stanislas  Leczinski,  roi  de  Pologne  11  avait  à 
peine  seize  ans  et  la  reine  en  avait  vingt-trois.  La  ville  de 
Niort  fêta  ce  mariage  au  commencement  d'octobre  (2)  ;  on> 
fit  un  feu  de  joie  de  60  pieds,  double  en  hauteur  de  celui 
qui  avait  été  dressé  pour  le  sacre.  La  place  du  Vieux- 
Marché  était  décorée  de  tableaux  d'armoiries  et  d'em- 
blèmes attachés  sur  des  poteaux  de  distance  en  distance. 
Un  Te  Deum  fut  chanté  à  Notre-Dame.  La  mihce  bour- 
geoise fit  trois  décharges  de  mousqueterieetles  habitants 
durent  illuminer  de  six  heures  du  soir  à  minuit.  La 
dépense  fut  adjugée  par  bail  au  rabais  à  Louis  Suire, 
charpentier,  pour  la  somme  de  290  livres. 

Au  mois  d'août  1726,  à  la  suite  d'une  indisposition  du 
roi ,  on  craignit  la  petite-vérole  (3).  La  ville  fêta  sa 
convalescence  par  un  feu  de  joie  de  50  pieds  de  haut, 
accompagné  des  cérémonies  ordinaires.  Le  tout  fut  donné 
à  bail  à  Pierre  Tufïet  pour  200  livres. 

(1)  Réjouissances  publiques  à  Paris  et  à  Niort  en  1721,  par 
M.  Piet-Lalaudrie.  [Bulletins  de  la  Société  de  statistique,  année  1880, 
p.  151.] 

C?)  Assemblée  des  26  septembre  et  4  octobre  1725. 

(3)  Le  roi  est  tombé  malade  sur  la  lin  de  juillet  d'une  indigestion 
considérable.  Il  avait  beaucoup  mangé  de  figues,  des  cerneaux,  du  lait, 
et  autres  choses,  car  il  mange  à  étonner.  Sa  maladie  a  été  sérieuse  ;  il 
a  été  saigné  deux  fois  du  pied.  On  craignait  fort  la  petite  vérole  qui 
donne  sur  les  gens  de  conséquenee  et  qui  est  dangereuse.  Cependant, 
cela  a  tourné  à  bien  et  il  se  porte  mieux. 

Le  30  de  ce  mois  ^  le  Parlement  fit  chanter  un  Te  Deum  par  la  Sainte- 
Chapelle  et  rendit  un  arrêt  qui  ordonnait  des  feux  de  joie  {Journal  de 
Barbier,  t,  i,  p.  436.) 


—  26i  — 

Le  26  octobre  1728,  le  roi  fut  réellement  atteint  de  la 
petite  vérole,  mais  d'une  manière  fort  bénigne.  A  Niort, 
on  célébra  saguérisondans  les  derniers  jours  de  novembre, 
comme  ci-dessus  ;  la  dépense  fut  la  même,  200  livres.  Le 
23  décembre,  le  prince  de  Conti,  gouverneur  de  la  pro- 
vince, faisait  écrire  aux  maire  et  échevins  pour  leur 
témoigner  sa  satisfaction  de  ce  qu'ils  n'avaient  pas 
attendu  ses  ordres  pour  se  réjouir  de  cet  heureux  événe- 
ment (1). 

Deux  autres  fois  encore,  il  y  eut  des  réjouisssances 
officielles  et  des  Te  Deum  d'actions  de  grâces  chantés 
pour  la  conservation  des  jours  du  roi.  Les  circonstances 
dans  lesquelles  sa  vie  fut  alors  en  danger  donnent  à  ces 
événements  plus  d'intérêt  que  n'en  offrent  ceux  que  nous 
venons  d'indiquer. 

En  1744,  au  cours  de  la  guerre  contre  Marie-Thérèse  et 
l'Angleterre,  son  alliée,  Louis  XV  se  rendit  à  l'armée  qui 
défendait  l'Alsace  menacée.  Au  mois  d'août,  étant  à  Metz, 
il  fut  atteint  d'une  fièvre  putride.  Son  départ  avait  excité 
un  grand  enthousiasme,  et  le^  nouvelles  de  plus  en  plus 
graves  de  sa  maladie  jetèrent  la  France  entière  dans  la 
consternation  (2).  Lorsqu'il  fut  guéri,  le  sentiment  public 
lui  décerna  le  nom  de  Louis  le  Bien-Aimé,  que  l'histoire  n'a 
pas  ratifié.  Partout,  des  feux  de  joie  furent  allumés  pour 
fêter  sa  convalescence  ;  à  Niort,  le  jour  des  réjouissances, 
en  sus  de  ce  qui  se  faisait  d'ordinaire,  on  fit  distribuer  du 
vin  au  peuple  sur  les  places  publiques  (3). 

En  mars  1757,  il  y  eut  un  Te  Deum  pour  la  convales- 
cence du  roi,  nulle  autre  manifestation  du  reste  (4).  Il 

(1)  Archives  de  Niort,  il»  2832. 

(2)  Le  7  août,  le  roi  était  tombé  malade  à  Metz...  ;  la  nuit  du  44  il 

arriva  un  courrier  portant  que  le  roi  avait  reçu  tous  les  sacrements 

Cette  nouvelle  a  mis  Paris  dans  une  alarme  et  une  consternation  qu'on 
ne  peut  exprimer.  {Journal  de  Barbier,  t,  m,  pp.  533-534.) 

(3)  Assemblée  du  19  septembre  l'ii.  Deux  barriques  de  vin 
distribuées  au  peuple,  estimées  36  livres. 

(4)  Assemblée  du  22  mars  1757. 


—  255  — 

ne  s'agissait  pas  cette  fois  de  maladie,  mais  de  la  tentative 
d'assassinat  de  Damien  (1).  La  blessure,  faite  avec  une 
sorte  de  canif,  plutôt  qu'un  couteau,  était  du  reste  fort 
légère  ;  on  craignit  seulement  que  la  lame  ne  fût  enpoi- 
sonnée. 

Il  y  a  lieu  de  mentionner  dans  le  même  ordre  d'idées  les 
réjouissances  pour  la  convalescence  du  dauphin  qui  eut, 
au  mois  d'août  1752,  une  petite-vérole  des  plus  graves  (2). 

Nous  devons  maintenant  revenir  en  arriére  pour  indi- 
quer les  naissances  dans  la  famille  royale,  et  autres 
événements  qui  furent  célébrés  par  des  fêtes  publiques. 

La  reine  accoucha,  le  4  septembre  1729,  d'un  fils,  celui 
qui  fut  père  de  Louis  XVI,  Louis  XVIII  et  Charles  X.  La 
naissance  du  dauphin  donna  lieu  à  Niort  à  des  réjouis- 
sances qui  se  firent  sur  une  plus  grande  échelle  que  les 
précédentes.  Il  y  eut  un  feu  de  joie,  non  seulement  sur  la 
place  du  Vieux-Marché,  mais  encore  devant  l'hôtel  de 
ville.  Dans  la  soirée  du  26  septembre,  jour  de  la  fête,  la 
municipalité  donna  dans  la  maison  commune  un  banquet 
où  furent  invités  le  commandant  du  château,  les  officiers 
du  régiment  de  Royal-Cavalerie,  en  garnison  dans  la  ville, 
ceux  du  régiment  de  Niort,  les  officiers  du  siège  royal  et 
les  principaux  d'entre  les  gentilshommes  et  ecclésias- 
tiques (3).  Les  habitants  furent  invités  à  illuminer,  en 
mettant  sur  chaque  fenêtre  au  moins  deux  chandelles,  et 
cela  non  seulement  le  26,  mais  les  deux  jours  suivants27,  et 
28  septembre.  Nous  donnons  en  Appendice  le  placard 
apposé  sur  les  murs  à  cette  occasion  par  les  soins  des  maire 
et  éclievins. 

(1)  Mercredi  5  janvier.  Le  roi  a  été  assassiné  d'un  c«up  de  couteau 
entre  la  cinquième  côte  du  côté  droit  par  un  scélérat  qui  a  été  pris  sur  Id 
champ Il  se  nomme  Robert-François  Damien. 

Du  dimanche  9,  on  a  cessé  les  prières  de  quarante  heures  et  à  midi 
on  a  affiché  pour  l'Opéra  et  les  comédies  pour  faire  connaître  au  public 
qu'il  n'y  a  plus  aucun  sujet  d'inquiétude  (.oin-naZde  Barbier,  t.  vi, 
p.  425.) 

(2)  Assemblée  i4  septemcre  1752.  Bail  à  Jean  Collet  pour  200  livres, 

(3)  Assemblée  du  13  septembre  1129. 


-  25é  - 

Le  premier  enfantissu  du  mariage  du  dauphin  avec  une 
infante  d'Espagne  fut  une  fille,  et  la  ville  de  Niort  ne  fit 
que  des  fêtes  modestes  à  ce  sujet  (1).  Pour  la  naissance  du 
duc  de  Bourgogne,  venu  au  monde  le  13  septembre  1751, 
le  corps  se  préparait  à  faire  de  plus  amples  réjouissances. 
Le  régiment  devait  se  rassembler  sur  la  nouvelle  place  de 
la  Brèche,  et  de  là  se  rendre  au  feu  de  joie  qui  serait 
dressé,  comme  d'ordinaire,  sur  la  place  du  Vieux-Marché. 
Mais  le  roi  fit  savoir  son  désir  que  l'argent  destiné  par  les 
villes  à  ces  fêtes  fût  employé  à  doter  des  filles  pauvres  (2). 
Dans  l'assemblée  du  24  décembre,  le  corps  vota  1,200 
livres  pour  doter  six  filles  pauvres,  et  il  fut  publié  à  cet 
effet  un  monitoire  dans  les  églises  paroissiales  pour  avertir 
celles  qui  voudraient  concourir.  Le  3  janvier  1752,  l'in- 
tendant écrivait  aux  maire  et  échevins  qu'il  serait  plus  à 
propos  dé  distribuer  aux  pauvres  la  somme  qu'ils  voulaient 
consacrer  au  festin  des  mariées  de  la  ville.  Il  les  prévenait 
en  même  temps  qu'il  avait  écrit  au  contrôleur  des  actes, 
afin  qu'il  enregistrât  gratis  ces  contrats  de  mariage  (3). 

En  1753,  la  dauphine  mit  au  monde  un  autre  fils  qui 
reçut  le  nom  de  duc  d'Aquitaine.  La  ville  de  Niort  fit  le 
feu  de  joie  habituel  et  autres  cérémonies  (4).  Comme  son 
frère  aîné,  ce  dernier  enfant  vécut  peu  de  temps.  Trois 
fils  naquirent  encore,  et  le  dauphin,  à  sa  mort,  arrivée  le 
20  décembre  1765,  laissait  pour  héritier  de  la  couronne  le 
duc  de  Berry,   né  le  23  août  1754^   puis  le  comte    de 

(1)  Du  7  octobre  1750.  Bail  à  Sevraud,  traiteur,  pour  150  livres. 

(2)  Madame  la  Dauphine  n'a  eu  aucune  douleur  en  préparation  ..  Le 
premier  témoin  que  M""  le  Dauphin  a  pu  faire  entrer  était  le  garde  du 
corps  qui  était  en  sentinelle,  le  second  a  été  un  porteur  de  chaise  de 
M^ie  de  Lauraguais...  Le  garde  du  corps  a  eu,  dit-on,  10,000  livres...  ; 
le  porteur  de  chaise  a  eu  600  livres  de  pension... 

Les  dépenses  que  les  fêtes  coûteraient  seraient  de  400,000  livres.  Le 
roi  a  mieux  aimé  qu'on  employât  cette  somme  à  marier  800  filles  pauvres 
dans  Paris,  à  raison  de  500  livres  chacune.  [Journal  de  Barbier,  t.  v, 
pp.  96-104.) 

(3)  Archives  de  Niort,  n°  284'2. 

(4)  du  19  octobre  1753.  Bail  à  Jean  Collet  pour  210  livres. 


—  257  — 

Provence,  né  le  17  novembre  1755,  et  le  comte  d'Artois, 
né  le  9  octobre  1757.  Leur  naissance  donna  lieu  aux  fêtes 
ordinaires  (1).  Le  feu  de  joie,  la  poudre  pour  les  salves  et 
autres  frais  faisaient  une  dépense  de  200  livres  environ. 
Le  souper  qui  terminait  la  journée  coûta,  pour  la  naissance 
du  duc  de  Berry,  240  livres.  Il  faut  dire  que  l'éclat  de 
cette  dernière  cérémonie  était  rehaussée  par  la  présence 
de  l'intendant.  M""  de  Blossac  (2),  et  sans  doute  pour  cette 
cause  la  dépense  du  banquet  fut  augmentée. 

Lorsque  le  duc  de  Berry,  l'aîné  des  fîls  survivants  du 
dauphin,  eut  succédé,  sous  le  nom  de  Louis  XVI,  à  son 
aïeul,  les  fêtes  célébrées  pour  son  avènement  eurent  un 
caractère  et  une  importance  que  n'avait  pas  eu  jusque-là 
pareille  cérémonie.  La  France  entière,  excédée  des  hontes 
du  règne  de  Louis  XV,  celui  qu'elle  avait  un  instant 
appelé  le  Bien-aimé,  saluait  avec  joie  le  nouveau  souve- 
rain. Le  sacre  se  fit  à  Reims,  le  11  juin  1775,  et  dans  le 
mois  suivant,  la  ville  de  Niort  eut  sa  journée  de  réjouis- 
sances. La  dépense  fut  presque  triple  de  ce  qu'elle  avait 
été  pour  le  couronnement  de  Louis  XV.  Le  procès-verbal 
d'assemblée  du  13  juillet  nous  donne  le  programme  des 
fêtes  (3). 

{{)  Du  i^'  novembre  17 5i.  Bail  à  Pierre  Devois  pour  200  livres. 
Du  24  décembre  1755.  Bail  à  Rouleau  pour  200  livres. 
Du  13  septembre  1757.  Bail  à  Rouleau  pour  205  livres. 

(2)  Assemblée  du  3  novembre  175i.  Nous  avons  assisté  au  Te 
Deum,  ayant  à  notre  tête  M""  de  Carrel,  commandant  pour  le  roi  es 
ville  et  château  de  Niort.  M"  les  officiers  du  siège  royal  y  ont  aussi 
assisté,  ayant  à  leur  tète  M^  de  Blossac,  intendant  de  cette  province, 
ayant  comme  eux  l'habit  de  cérémonie. 

Nous  sommes  allés,  à  la  tète  de  la  troupe  militaire,  accompagnant 
M'  de  Blossac  et  M""  de  Carrel,  jusqu'au  Marché- Vieux  où  le  feu  a  été 
par  eux  et  M"  Bernard  et  Arnaut,  grands-vicaires,  allumé,  les  décharges 
faites,  et  ensuite  on  est  venu  prendre  son  souper  à  l'hôtel  de  ville  où 
tout  s'est  passé  à  la  satisfaction  commune. 

(3)  Feu  de  joie  de  100  fagots  sur  la  place  de  la  Brèche  ;  12  flambeaux 
de  cire  pour  l'allumer  ;  400  chaises  pour  les  dames  sur  la  place. 

Poudre  pour  la  milice  et  pour  le  régiment  de  cavalerie  en  garnison, 

17 


—  ûs  — 

Du  mariage  de  Louis  XVI  avec  Marie-Antoinette  d'Au- 
triche, qui  avait  été  célébré  en  1770  (1),  naquirent  trois 
enfants,  une  iille  venue  au  monde  le  19  décembre  1778  (2), 
Madame,  comme  on  appelait  l'aînée  des  filles  de  France, 
et  deux  fils  nés,  l'un  le  22  octobre  1781,  l'autre  le  27  mars 
1785.  Le  premier  mourut  le  4  juin  1789,  et  son  frère,  qui 
avait  à  sa  naissance  reçu  le  titre  de  duc  de  Normandie, 
devint  alors  le  dauphin.  Il  mourut,  comme  on  sait,  en 
prison,  âgé  de  dix  ans  et  quelques  mois,  victime  innocente 
des  haines  impitoyables  qui  firent  le  règne  de  la  Terreur. 

La  naissance  de  Madame,  arrivée  lorsqu'on  pouvait 
craindre  que  l'union  de  Louis  XVI  et  de  la  reine  ne  fût 


s'il  y  assiste. 

Le  feu  fini,  distribution  de  2,000  livres  de  pain,  600  livres  de  viande 
cuite  au  four  et  coupée  en  demi-livres.  Trois  barriques  de  vin  sur  la 
terrasse,  le  vin  coulant  dans  dos  vaisseaux  préparés  où  chaque  habitant 
pourra  en  prendre  à  discrétion.  Tous  les  ménétriers  de  la  ville  se  ren- 
dront au  lieu  de  la  distribution  et  joueront  pendant  ce  temps-là.  Les 
musiciens  joueront  pour  faire  danser  dans  les  parties  basses  de  la  place  ; 
ceux  du  régiment  en  garnison  seront  priés  de  s'y  joindre  Chaque 
musicien  recevra  6  livres. 

Le  feu  d'artifice  sera  de  'JGO  à  250  livres  ;  il  sera  tiré  vers  10  h.  \\2 
avec  décharges  de  boîtes  et  petits  canons. 

Illumination  de  riiôtel  de  ville  oîi  seront  peintes  les  armes  du  roi. 

La  compagnie  de  cavalerie  bourgeoise  se  mettra  en  bataille  pendant 
le  Te  Deum,  sur  la  petite  place  du  Vitrail,  ou  dans  la  rue  qui  conduit 
à  l'hôpital  de  la  Charité.  On  se  rendra  à  la  Brèche  par  les  rues  Notre- 
Dame,  Saint- Jean  et  des  Bénédictines. 

[Les  frais  de  la  cérémonie  furent  donnés  à  bail  à  Pinoteau,  charpen- 
tier, pour  1,400  livres.  D'après  les  comptes  (Archives  de  Niort,  n°2856) 
la  dépense  totale  fut  de  1,434  livres  18  sols.  On  y  voit  que  le  feu  d'ar- 
tifice fut  fourni  par  un  artificier  de  la  Rochelle.  Les  illuminations  de 
rhôtel  de  ville  n'étaient  plus  faites,  comme  autrefois,  par  de  simples 
chandelles.  Il  y  avait  1,040  lampions  (lui  coûtèrent,  avec  les  échafau- 
dages pour  les  recevoir,  193  livres  Le  matin  de  la  fête,  il  y  eut  à  l'hôtel 
dj  ville  un  déjeuner  auquel  assistèrent  les  officiers  de  la  garnison,  ceux 
en  semestre  et  plusieurs  gentilshommes.  Ce  banquet  coûta  240  livres  ] 

(1)  Les  archives  de  Niort  ne  renferment  rien  sur  les  fêtes  qui  purent 
avoir  lieu  pour  ce  mariage. 

(2j  Marie- Thérèse-Charlotte,  depuis  duchesse  d'Angoulème. 


—  259  — 

stérile,  causa  une  grande  joie  et  les  fêtes  à  cette  occasion 
eurent  plus  de  splendeur  qu'il  n'était  ordinaire  pour  la 
naissance  des  princesses.  La  ville  de  Niort  dépensa 
1,027  livres.  On  distribua  aux  pauvres  3,000  livres  de  pain 
et  trois  barriques  de  vin.  Le  soir,  il  y  eut  grand  souper  et 
fête  chez  M""  Piet-Berton,  lieutenant  de  maire  (1). 

Lorsque  la  reine  accoucha  d'un  fils,  la  venue  au  monde 
du  dauphin  fut  naturellement  célébrée  avec  plus  d'apparat 
encore.  D'après  les  comptes,  les  frais  s'élevèrent  à  1,958  li- 
vres 18  sols.  Il  faut  dire  que  dans  cette  somme  sont  com- 
pris les  brevets  d'apprentissage  de  six  enfants  placés  par 
la  ville  chez  des  maîtres  serruriers,  menuisiers,  taillan- 
diers et  charrons,  pour  trois  ans,  du  premier  janvier  1782, 
au  prix  de  150  livres  chacun  (2).  Pour  la  naissance  du  duc 
de  Normandie,  on  fit  très  peu  de  cérémonies.  La  dépense 
ne  fut  que  de  151  livres  (3). 

Les  alliances  et  les  naissances  dans  la  famille  royale 
étaient,  comme  nous  venons  de  le  voir,  célébrées  par  des 
fêtes  dans  tout  le  royaume.  Ces  événements  comptaient 
effectivement  au  nombre  des  faits  les  plus  intéressants 
pour  le  pays.  D'autres  encore,  de  ceux  qui  par  leur  éclatj 
leur  importance,  rehaussent  le  prestige  et  assurent  l'exis- 
tence d'une  grande  nation,  les  victoires,  les  traités  de  paix 
étaient  aussi  le  sujet  de  réjouissances  publiques.  Sans  nous 
donner  la  liste  complète  des  feux  de  joie  allumés  en  pa- 
reilles circonstances,  nos  archives  indiquent  un  nombre 
très  grand  de  ces  fêtes,  dont  l'énumération  serait  fasti- 
dieuse et  inutile.  Il  suffira  de   les  classer  par  périodes,  en 

(1)  Affiches  du  Poitou^  année  1779,  p.  "24. 

(2)  Archives  de  Niort,  n"  2,855. 

(3)  Archives  de  Niorl,  n"  2,856.  Détail  des  frais  : 

Pour  un  mât 9  livres. 

Pour  fagots 10 

Javelles,  roseaux  et  paille    ...  20 

Façon 12 

Poudre  et  flambeaux 100 


Total 151  livres, 


—  260  — 

faisant  ressortir  celles  qui  ont  présenté  le  plus  d'intérêt, 
soit  par  la  grandeur  des  événements  qui  en  furent  la  cause, 
soit  par  quelques  détails  et  particularités. 

La  première  trace  de  célébration  d'une  victoire,  qui  soit 
aux  registres  de  l'hôtel  de  ville,  est  relative  à  la  prise  de 
Roses,  place  forte  de  Catalogne,  qui  avait  capitulé  le 
26  mai  1645,  après  une  résistance  meurtrière.  A  la  date  du 
22  décembre  de  cette  année,  on  trouve  un  paiement  de 
12  livres  16  sols  pour  les  fagots  qui  avaient  servi  à  faire 
quatre  feux  de  joie  à  cette  occasion  ;  c'est-à-dire  qu'on  en 
avait  dressé  en  plusieurs  points  de  la  ville.  Nous  croyons 
d'ailleurs  que  ces  feux  de  joie  pour  la  prise  de  Roses  furent 
une  des  premières  démonstrations  de  ce  genre  faites  à 
Niort  par  ordre  supérieur.  11  est  probable  que  la  victoire 
de  Rocroy,  en  1643,  les  prises  de  villes  importantes, 
comme  celles  d'Arras,  en  1640,  de  Perpignan,  en  1642,  y 
avaient  été  antérieurement  fêtées  sur  les  deniers  communs. 
Nous  savons  en  effet  d'autre  part  qu'il  en  fut  ainsi  à  Poi- 
tiers, où  pour  ces  événements  on  chanta  des  Te  Deum  et 
alluma  dès  feux  de  joie.  Sans  doute  Niort  avait  été  invité 
à  en  faire  autant  et  de  même  pour  les  autres  avantages 
remportés  dans  la  lutte  contre  l'Espagne  et  l'Empire  qui 
commença  en  1632  ;  mais,  jusqu'à  plus  ample  informé,  il 
parait  probable  que  cette  guerre  marque  le  début  des  fêtes 
ordonnées  par  le  pouvoir,  dans  les  villes  de  province,  pour 
la  célébration  des  victoires. 

Jusqu'au  traité  des  Pyrénées,  les  archives  de  Niort  sont 
donc  à  peu  près  muettes  sur  ce  sujet.  Nous  avons  dit,  à 
propos  du  mariage  de  Louis  XIV,  ce  qui  fut  fait  à  Niort 
2)our  la  publication  de  la  paix. 

Pendant  la  seconde  guerre  avec  l'Espagne,  les  succès 
de  nos  armes  furent  célébrés  sur  l'ordre  du  gouverneur 
de  la  province,  alors  le  duc  de  la  Vieuville,  par  des  feux  de 
joie  allumés  sur  la  place  du  Château.  On  mettait  sur  pied 
une  partie  du  régiment  de  Niort.  Dans  cette  période,  les 
registres  très  incomplets  ne  nous  donnent  de  détails  qu'au 


—  261  — 

sujet  de  la  prise  de  Tournai ,  qui  avait  capitulé  le  24  juin 
1667  (1): 

Lors  de  l'invasion  de  la  Hollande,  le  premier  fait  de 
guerre  éclatant  fut  le  passage  du  Rhin.  La  ville  fut  invitée 
à  faire  les  réjouissances  passées  en  usage,  pour  cette  auda- 
cieuse opération  et  pour  la  prise  des  places  de  Wesel, 
Burick ,  Orsoi  et  Rheimberg  emportées  quelques  jours 
auparavant.    Le    fleuve    avait    été    franchi    le    12    juin 
1672  et,  précisément  deux  jours  plus  tard,  naissait  un 
prince,  le  duc  d'Anjou,  qui  mourut  d'ailleuis  au  mois  de 
novembre  de  la  même  année.  Les  échevins  voulaient,  dans 
un  but  d'économie,  îiUumer  un  seul  feu  de  joie  pour  les 
succès  de  l'armée  et  l'accroissement  de  la  famille  royale  ; 
mais  ils  reçurent  de  M""  de  Parabère,  lieutenant  général 
de  la  province,  ordre  formel  de  faire  deux  journées  de 
réjouissances.    En   conséquence,    la    naissance    du    duc 
d'Anjou  fut  célébrée  le  dimanche  10  juillet  (2),  et  le  pas- 
sage du  Rhin  quinze  jours  après,  le  dim.anche  24  juillet  (3). 
Deux  compagnies  furent  mises  sous  les  armes  ;  il  n'y  eut 
pas  du  reste  d'autres  frais  que  ceux  du  feu  de  joie  et 
la  dépense  fut  minime,  25  livres  seulement.  Plus  tard  elle 
s'éleva   beaucoup    au-dessus    en   pareille    circonstance  ; 
la  ville  fut  très  probablement  invitée  à  faire  plus  grand. - 
Pour  la  prise  de  Maëstricht,  en  1673,  les  frais  montèrent 
à  150  livres^  et  de  même  pour  les  nombreuses  fêtes  célé- 
brées pendant  cette  guerre  où  nos  armes  furent  constam- 
ment victorieuses.  Ce  chiffre  devint  le  taux  habituel.  Dans 
les  trois  dernières  années  de  la  guerre,  la  dépense  totale 
fut  de  1,730  livres,  y  compris  les  frais  pour  la  célébration 

(1)  Assemblée  du  3  juillet  1067.  Le  duc  de  la  Vieuville,  gouverneur 
de  ceUe  province,  a  envoyé  ordre  pour  faire  un  feu  dejoie,  particulière- 
ment à  cause  de  la  prise  de  Tournai. 

Conclu  qu'il  sera  ponctuellement  obéi  aux  ordres  du  roi  et  qu'il  sera 
fait  feu  dejoie  sur  la  place  devant  le  château.  Vingt  hommes  de  chaque 
compagnie  seront  mis  sous  les  armes. 

(2)  Assemblée  du  7  juillet  1672. 

(3)  Assemblée  du  21  juillet  1672. 


-  262  ^ 

de  la  paix.  Il  est  intéressant  de  noter  les  réjouissances 
faites  le  26  mars  1674  pour  la  prise  de  Gray^  qui  avait 
capitulé  le  28  février  devant  un  corps  d'armée  commandé 
par  le  duc  de  Navailles,  gouverneur  de  Niort  (1). 

Les  compagnies  bourgeoises,  pendant  que  brûlait  le  feu 
de  joie,  faisaient  des  décharges  de  mousqueterie.  A  l'une 
des  cérémonies,  celle  qui  eut  lieu  pour  la  prise  d'Aire, 
en  1676^  un  nommé  Mathé^  peigneur  de  laine,  fut  griè- 
vement blessé  par  le  nommé  Pierre  Rivet,  qui  fut 
arrêté  sur  le  champ  et  mis  en  prison  à  l'hôtel  de  ville. 
On  supposa  qu'il  y  avait  eu,  non  pas  maladresse,  mais 
intention  criminelle  ;  car  l'affaire  fut  dévolue  au  siège 
royal ,  après  instruction  faite  par  le  maire.  Pareil 
accident  se  renouvela  lors  des  fêtes  pour  la  paix  conclue 
avec  l'Empire ,  en  1679.  Un  enfant ,  nommé  Louis 
Marsillac,  fut  tué;  son  frère,  Jean  Marsillac,  fut  blessé, 
et  les  témoignages  recueillis  paraissent  prouver  que 
l'auteur  des  faits  avait  le  dessein  de  tuer  ou  blesser  une 
personne  qui  ne  fut  pas  atteinte. 

Nous  ne  retiendrons  des  réjouissances  publiques,  pour 
les  victoires  de  cette  deuxième  guerre  du  régne  de 
Louis  XIV,  que  celles  qui  furent  ordonnées  en  l'honneur 
de  la  prise  de  Puycerda  par  le  maréchal  de  Navailles.  La 
place  avait  capitulé,  le  28  mai  1678,  après  un  mois  de 
vigoureuse  défense  et  en  présence  d'un  corps  d'armée 
espagnol  qui  n'avait  pu  la  secourir.  Comme  le  maréchal 
était  gouverneur  de  Niort,  ce  glorieux  fait  d'armes  fut 
célébré  avec  une  solennité  inusitée  (2). 

La  guerre  avec  la  Hollande  se  termina  par  le  traité  de 
Nimègue  signé  le  11  août  1678.  Cet  heureux  événement 


(1)  Asserahlée  du  20  mars  161k. 

(2)  Asaemblée  du  25  juin  1678.  Ordre  de  Mgr  de  la  Vieuville  au 
sujet  de  la  prise  de  Puycerda  par  le  maréchal  de  Navailles  Arrêté  que 
les  douze  compagnies  seront  mises  sous  les  armes  ;  on  tirera  le  canon. 
Nous  luy  escrirons  et  à  il/™«  la  maréchale  sa  femme.  Dépense  : 
150  livres. 


—  263  — 

fut  fêté  à  Niort  le  6  novembre  (1).  Il  y  eut  Te  Deum  et 
feu  de  joie  ;  les  douze  compagnies  du  régiment  étaient 
sous  les  armes.  La  dépense  s'éleva  â  130  livres.  La  même 
année,  le  17  septembre,  la  paix  fut  conclue  avec  l'Espa- 
gne, également  â  Nimègue.  Les  réjouissances  eurent  lieu 
à  Niort  le  15  janvier  1679  et  coûtèrent  150  livres  (2). 
La  pacification  fut  enfin  complète  lorsqu'un  traité  eut  été 
signé  le  26  février  avec  l'Empire  ;  il  fut  publié  et  célébré 
à  Niort  en  mai  1679  (3).  Les  cérémonies  et  les  frais  furent 
les  mêmes  que  ci-dessus,  soit  150  livres. 

Après  quelques  années  de  paix,  la  guerre  s'engagea 
de  nouveau  entre  la  France  et  les  puissances  cooalisées  à 
Augsbourg,  guerre  longue  et  sanglante  où  la  fortune  fut 
loin  d'être  toujours  favorable  aux  armes  de  Louis  XIV. 
Les  victoires  furent  célébrées  comme  d'usage,  et  la  paix 
conclue  à  Riswick  le  fut  avec  une  joie  sans  doute  beau- 
coup plus  spontanée.  Les  réjouissances  eurent  lieu  à  Niort 
le  2  février  1698,  trois  mois  après  la  pacification.  Une 
relation  curieuse  de  ces  fêtes^  conservée  dans  la  famille 
Garran  de  Balzan,  a  été  reproduite  dans  V Histoire  de 
Niort,  de  L.  Favre  (4). 

Pendant  les  douze  années  de  la  guerre  soutenue  pour 
assurer  le  trône  d'Espagne  à  Philippe  V,  on  compta  plus 
de  revers  que  de  succès,  mais,  â  cause  de  cela,  toutes  les 
fois  qu'une  ville  était  prise  ou  que  le  champ  de  bataille 
nous  restait,  ordre  était  donné  d'allumer  un  feu  de  joie. 
Le  gouvernement  voulait  donner  aux  populations  écrasées 
par  les  impôts  et  les  levéesd'hommes  au  moins  un  simulacre 
de  gloire.  La  ville  allouait  le  crédit  ordinaire,  150  livres, 
et  cette  dépense  se  renouvela  bien  souvent  pour  des 
affaires  de  peu  d'importance.  Sur  cette  longue  liste  cepen- 
dant, ressortent  â  bon  droit  les  victoires  de  l'année  1712 


(1)  Assemblée  du  k  yiovembre  1678. 

(2)  Assemblée  du  11  janvier  1679. 

(3)  Assemblée  du  26  mai  1679. 

(4)  Histoire  de  la  ville  de  Niort,  par  L.  Favre,  pp.  387-39'2. 


—  264  — 

qui  sauvèrent  la  France  aux  abois.  La  bataille  de  Denain, 
la  prise  du  Quesnoy,  de  Bouchain,  f  urentchacune  célébrées 
séparément,  et  ici  les  conséquences  de  ces  glorieux  retours 
de  fortune  justifient  la  multiplicité  des  fêtes.  La  paix  fut 
enfin  conclue,  d'abord  à  Utrecht  avec  l'Angleterre,  la 
Prusse^  la  Savoie  et  la  Hollande,  puis  à  Bade  avec  l'Em- 
pire. La  joie  était  générale;  elle  se  montre  dans  les  termes 
des  délibérations  de  Téchevinnge  de  Niort.  Pour  la  publi- 
cation de  la  paix  d'Utrecht,  le  corps  de  ville  vota  150  livres 
et  plus  grande  somme  si  besoin  est  (1),  pour  celle  de  Bade 
200  livres  et  même  plus  (2).  Malgré  la  pénurie  d'argent, 
on  donnait  sans  regrets  les  fonds  destinés  à  célébrer  la 
pacification  tant  souhaitée  (3). 

Sous  la  régence,  pendant  la  courte  guerre  avec  l'Espa- 
gne, on  fêta^  dans  l'année  1719,  les  prises  des  villes  de 
Fontarabie  et  Saint-Sébastien,  toujours  avec  le  même 
cérémonial. 

En  1733,  commença  la  lutte  entre  l'Autriche  et  la 
France,  alliée  avec  l'Espagne  et  la  Sardaigne.  Le  Milanais 
fut  rapidement  conquis  et,  au  mois  de  janvier  1734,  la 
ville  de  Niort  fit  chanter  un  Te  Deum  et  allumer  un  feu 
de  joie  pour  ce  premier  succès.  Les  frais  à  faire  furent 
adjugés  pour  200  livres;  la  dépense  était,  comme  on 
voit,  plus  forte  que  sous  le  règne  précédent  en  pareille 
occasion.  D'autres  faits  d'armes  motivèrent  des  réjouis- 
sances; entre  autres  la  sanglante  bataille  de  Guastalla, 
pour  laquelle  les  registres  indiquent  une  dépense  supé- 
rieure, 240  livres.  Le  programme  comprenait  un  repas 
aux  personnes  de  distinction,    chose  qui  se  renouvela 

(1)  Assemblée  du  11  juin  1713. 

(2)  Assemblée  du  18  mai  llli. 

(3)  Après  le  rétablissement  de  la  paix  générale,  la  Catalogne  insurgée 
ne  se  soumit  pas.  Philippe  V  était  impuissant  à  la  réduire  et  le  maré- 
chal de  Berwick,  à  la  tête  d'un  corps  de  troupes  françaises,  dut  mettre  le 
siège  devant  Barcelone,  qui  capitula  après  une  résistance  acharnée,  le 
13  septembre  1714.  Cet  événement  fut  célébré  à  Niort  par  un  Te  Deum 
et  un  feu  de  joie.  Le  corps  de  ville  vota  l.jO  livres  dans  l'assemblée  du 
9  novembre. 


—  265   — 

du  reste  en  d'autres  circonstances  et  passa  en  usage. 

La  paix  fut  rétablie  par  le  traité  signé  à  Vienne,  le 
5  février  1739.  Les  fêtes  à  ce  sujet  n'eurent  lieu  à  Niort 
qu'au  mois  de  juin  de  la  même  année,  du  reste  avec  la 
solennité  habituelle,  le  régiment  bourgeois,  entièrement 
sous  les  armes,  décharges  de  mousqueterie,  coups  de 
canon  tirés  du  château.  On  peut  y  remarquer  cependant 
un  détail  nouveau,  un  semblant  de  feu  d'artifice  consis- 
tant en  quelques  fusées.  Cela  ne  pouvait  être  considérable, 
car  la  dépense  totale  ne  s'éleva  qu'à  215  livres  (1). 

Les  huit  années  de  guerre  avec  l'Autriche  et  l'Angle- 
terre, de  1740  à  1748^  firent  faire  une  grande  consomma- 
tion de  feux  de  joie  et  leurs  accessoires.  Les  résultats  de 
cette  longue  lutte  ne  furent  guère  brillants  toutefois,  mais 
Louis  XV  fit  campagne  de  sa  personne  et,  depuis  ce 
moment,  pas  une  bicoque  ne  fut  enlevée  qu'on  n'en  célé- 
brât la  prise  par  une  fête  publique.  Le  roi  quitta  Paris  le 
3  mai  1744  et  se  mit  à  la  tête  de  l'armée  qui  opérait  en 
Flandre,  réellement  commandée  par  les  maréchaux  de 
Noailles  et  Maurice  de  Saxe.  Les  villes  de  Courtrai , 
Menin  ,  Ypres,  tombèrent  en  notre  pouvoir,  les  deux 
dernières  seules  un  peu  défendues.  Deux  feux  de  joie 
furent  ordonnés  pour  ces  faciles  conquêtes.  Peu  aupara- 
vant, le  prince  de  Conti,  qui  commandait  avec  l'infant 
don  Philippe  l'armée  franco-espagnole  en  Italie,  avait 
enlevé  par  un  heureux  coup  de  main  la  ville  de  Nice  (2). 
Ce  fait  d'armes  intéressait  particulièrement  les  Niortais, 
parce  que  le  prince  était  titulaire  du  gouvernement  de 
Poitou.  Aussi  voulut-on  ajouter  un  repas  de  gala  aux  fêtes 
habituelles.  L'intendant  consulté  répondit  que  le  repas 
lai  paraissait  entièrement  inutile.  En  résumé,  les  trois 

(1)  Assemblée  du  17  juin  1739. 

(2)  On  dit  ici  que  M"  le  prince  de  Conti  est  entré  dans  la  ville  de 
Nice  et  l'a  surprise  sans  tirer  un  coup  de  fusil...  Il  a  emporté  lepée  à 
la  main  des  retranchéinents  qui  conservaient  le  fort  de  Montalban  et  la 
ville  de  Villefranclie.  Il  a  fait  prisonniers  cinq  bataillons  entiers,  tué  les 
résistants  et  pris  beaucoup  de  canons.  {Journal  de  Barbier,  t.  m, 
p.  506.) 


—  266  — 

feux  de  joie  pour  les  actions  ci-dessus  furent  adjugés 
ensemble  à  Jean-Baptiste  Saulquet,  tireur  d'étain,  moyen- 
nant 264  livres.  Pour  tous  ceux  qui  suivirent,  le  bail  s'en 
fit  au  prix  constant  de  93  livres.  On  peut  observer  ici  que 
la  ville  tendait  â  réduire  les  dépenses  de  cet  ordre,  et  il  y 
avait  de  bonnes  raisons  pour  cela. 

Du  moi&  de  juillet  1744  â  celui  de  novembre  1747, 
on  ne  compte  pas  moins  de  vingt-cinq  journées  de  réjouis- 
sances officielles  pour  batailles  gagnées  ou  prises  de  villes. 
Si,  dans  le  nombre,  on  y  trouve  des  actions  importantes, 
comme  la  victoire  de  Fontenoy,  et  les  sanglantes  batailles 
de  Raucoux  et  de  Lawfelt,  on  voit  allumer  le  même 
nombre  de  fagots  et  brûler  la  même  quantité  de  poudre 
en  salves  de  mousqueterie  pour  la  prise  du  fort  de  la  Kno- 
que,  en  Flandre,  qui,  investi  le  28  juin,  s'était  rendu  le  29, 
et  pour  une  soi-disant  victoire  du  maréchal  de  Noailles 
sur  les  Autrichiens  qu'il  aurait  dû  écraser  au  passage 
du  Rhin.  Le  prince  de  Conti,  après  la  surprise  de  Nice 
dont  nous  avons  parlé,  remporta  encore  quelques  avan- 
tages sur  le  roi  de  Sardaigne,  entre  autres  sous  les  murs 
de  Coni.  L'afïaire  fut  très  meurtrière  et  sans  résultats, 
car  l'armée  française  dut,  quelques  jours  après,  lever  le 
siège  de  cette  place.  Dans  la  dernière  période  de  la  guerre, 
le  gouverneur  du  Poitou  commanda  en  Fhmdre,  où  il  prit 
les  villes  de  Mons,  Saint-Ghislainet  Charleroi.  Chacun  de 
ces  faits  d'armes  fut  célébré  dans  les  formes  ordinaires. 

Les  registres  de  cette  époque  nous  donnent  le  détail 
des  prévisions,  toujours  les  mêmes,  sur  lesquelles  se 
faisaient  les  baux  de  réjouissances  publiques  pour  faits  de 
guerre  (1).  Au  sujet  de  celles  qui  avaient  eu  lieu,  en  1745, 

(1)  Achat  d'un  mât  pour  un  feu  de  30  pieds  de  haut   .     .  15  1. 

50  fagots 10 

Voiture 2 

Aux  ouvriers  qui  dresseront  le  feu 9 

28  livres  de  poudre  à  29  sols  la  livre  ........  40      12  s. 

Sept  flambeaux   pour  le  commandant  du  château,    les 

maire  et  échevins 15 

Chandelle  pour  illuminer  l'hôtel  de  ville 1 

Total 92  1.  12  s. 


I 


—  267   — 

pour  la  prise  de  Bruges  et.  Oudenarde,  l'intendant  avait 
écrit  qu'il  fallait  se  borner  aux  choses  décentes  et  néces- 
saines  et  qu'un  bail  au  rabais  n'était  pas  utile.  Cependant 
la  ville  adjugea  le  plus  souvent  les  frais  à  faire,  qui  étaient 
toujours  soumissionnés  au  chiffre  de  93  livres  déjà  indi- 
qué, ou  environ. 

Lorsque  la  paix  eut  été  signée  à  Aix-la-Chapelle,  le 
30  avril  1748,  paix  sans  profit  pour  la  France,  rendue  de 
part  et  d'autre  nécessaire  par  l'épuisement  des  popula- 
tions (1),  elle  ne  fut  pas  immédiatement  publiée  dans 
le  royaume.  L'ordonnance  royale  pour  la  publication  est 
datée  du  premier  février  1749,  et  les  réjouissances  à 
ce  sujet  n'eurent  lieu  à  Niort  que  le  mardi  de  Pâques, 
10  avril.  Les  frais  furent  plus  élevés  que  pour  les  célébra- 
tions de  victoires  ;  les  maire  et  échevins  avaient  été  avisés 
par  M'  de  Beaumont,  intendant  de  Poitiers,  qu'ils  pou- 
vaient faire  quelque  chose  de  mieux  qu'à  l'ordinaire. 
La  dépense  prévue  était  de  256  livres,  compris  entre  au- 
tres choses  le  coût  d'un  feu  d'artifice  estimé  120  livres. 
Nous  donnons  en  Appendice  le  programme  complet  de 
l'ordonnance  de  la  fête.  Dans  cette  pièce,  extraite  des 
registres  de  l'hôtel  de  ville,  la  composition  du  feu  d'arti- 
fice est  fixée  minutieusement.  Il  fut  tiré  sur  la  place 
du  Vieux-Marché,  où  était  aussi  dressé  le  feu  de  joie. 
L'hôtel  de  ville  devait  être  illuminé  et  à  peu  de  frais,  trois 
livres  de  chandelle,  comptées  à  une  livre  10  sols,  pour 
mettre  sur  les  fenêtres.  La  délibération  du  corps  de  ville 
ne  parle  pas  d'illuminations  par  les  habitants*  ils  étaient 
certainement  invités  à  donner  ce  signe  de  joie,  mais  il  n'y 
avait  plus  sans  doute  obligation  sous  peine  d'amende, 
comme  auparavant. 

Au  cours  de  la  guerre  de  sept  ans  qui,  de  1756  à  1763, 

(1)  Le  peuple  sait  que  nous  ne  gagnons  ni  ne  gardons  aucune  ville  et 
que  cet  établissement  de  don  Philippe  à  Parme,  Plaisance  et  Guastalla 
est  peu  de  chose  pour  une  tille  aînée  de  France,  et  il  ignore  les  raisons 
particulières  qui  forcent  à  s'en  contenter  et  à  n'en  pouvoir  pas  demander 
davantage  {Journal  de  Barbier,  t,  iv,  p.  350  ) 


—  268  — 

amena  tant  de  désastres  pour  la  France,  quelques  succès 
partiels  et  stériles  furent  encore  l'occasion  de  feux  de  joie 
et  de  réjouissances  qui  ne  pouvaient  plus  faire  illusion  (1). 
A  Niort,  les  dépenses  à  ce  sujet  furent,  au  début  des 
hostilités,  plus  élevées  que  précédemment.  La  fête  pour  la 
prise  de  Port-Mabon,  en  1756,  coûta  250  livres  ;  d'autres 
furent  adjugées  à  200  et  205  livres  (2).  Cependant,  on  en. 
revint  peu  après  au  vieux  tarif  de  93  livres  (3).  Lorsque 
la  paix  fut  publiée  à  Niort,  le  24  juillet  1763,  l'intendant 
recommanda  l'économie  aux  maire  et  échevins  (4).  Ils 
dépensèrent  280  livres.  Le  corps  de  ville  eut  à  se  plaindre 
en  cette  occasion  du  refus  affecté  des  gardes  de  S.  A.  S.  le 
prince  de  Conti,  qui  s'abstinrent  de  figurer  à  la  céré- 
monie, malgré  l'invitation  adressée  au  plus  ancien 
d'entre  eux  (5). 

(1)  Le  10  octobre  1758,  il  y  a  eu  une  action  assez  vive  à  Lutzberg, 
entre  Cassel  et  Munden,  entre  l'armée  du  prince  de  Soubise  et  les 
Hessois  et  Hanovriens  commandés  par  M'  le  prince  d'Issembourg.  A 
l'égard  de  l'affaire  de  M""  le  prince  de  Soubise,  qui  a  donné  lieu  à  un  Te 
Deum  et  à  un  feu,  on  dit  toujours  ici  que  c'est  très  peu  de  chose. 
Journal  de  Barbier,  t.  vn,  pp.  100  et  103.) 

(2)  Assemblées  des  13  septembre  1757  et  7  juin  1759. 

(3)  Assemblée  du  29  septembre  1762. 

(4)  M""  de  Blossac  écrit  aux  maire  et  échevins  de  sa  terre  de  Blossac 
ou  du  Tymeur,  près  Rennes,  le  25  juin  1763  : 

«  J'apprends  avec  plaisir,  M''^,  que  vous  êtes  encore  continués  chacun 
dans  vos  fonctions,  et  je  désire  que  lorsque  vous  serez  obligés  de  les 
laisser  vous  puissiez  avoir  des  successeurs  qui  vous  ressemblent;  c'est 
donc  vous  dire  que  personne  ne  peut  être  plus  attaché  que  je  le  suis  aux 
intérêts  de  votre  ville.  Vous  me  demandez,  M^s  à  quel  point  vous 
pouvez  porter  les  réjouissances  que  vous  vous  disposez  à  faire  pour  la 
paix  ;  vous  ne  pouvez,  j'en  conviens,  vous  dispenser  de  faire  quelques 
réjouissances  à  cette  occasion,  mais  le  moins  que  vous  en  ferez  sera  le 
mieux,  surtout  dans  la  circonstance  du  nouveau  don  gratuit  que  vous 
allez  être  obligé  de  payer. 

«  J'ai  l'honneur  d'être  très  parfaitement,  M'■^  votre  très  humble  et  très 
obéissant  serviteur. 

«  De  BL0SS.4.C.  » 

(5)  Archives  de  Niort,  n»  28o3.  Du  19  juillet  1763. 

De  la  part  du  roi  et  de  S.  A.  S.  le  prince  de  Conti,  gouverneur  de  la 
province,  et  des  maire  et  échevins  de  la  ville  de  Niort,  les  gardes  de 


—  269  — 

La  dernière  guerre  de  l'ancien  régime  fut  celle  avec 
l'Angleterre,  lorsque  le  gouvernement  de  Louis  XVI 
soutint  les  colons  d'Amérique  dans  leur  lutte  pour  l'indé- 
pendance. Les  comptes  de  cette  époque  nous  donnent 
la  dépense  des  fêtes  relatives  à  trois  faits  d'armes  seule- 
ment, la  prise  de  la  Grenade  par  l'escadre  du  comte 
d'Estaing,  en  juillet  1779,  celle  doTabago,  par  l'amiral  de 
Grasse,  en  juin  1781,  et  enfin  dans  la  même  année  la 
capitulation  de  York-Town,  après  que  les  défenses  de  la 
place  eurent  été  emportées  par  l'armée  franco-américaine. 
Il  est  du  reste  possible  que  nous  n'ayons  pas  la  liste 
entière  des  jours  de  réjouissance,  les  registres  de  cette 
période  étant  très  sobres  de  détails,  et  ne  mentionnant 
même  que  les  discussions  importantes.  Les  chiffres  de 
dépenses  que  nous  allons  citer  sont  extraits  des  comptes 
qui  d'ailleurs  ne  subsistent  pas  intégralement.  Les  frais 
furent  pour  la  Grenade  de  478  livres,  pour  Tabago  et 
York-Town,  célébrés  le  même  jour,  de  376  livres  9  sols. 
Nous  donnons  en  note  le  détail  de  ceux  qui  furent  faits 
pour  la  prise  de  la  Grenade  (1).  Ceux  de  la  seconde  journée 

S.  A.  S.  le  prince  de  Conti  sont  prévenus  que  la  publication  de  la  paix 
aura  lieu  le  24  vers  neuf  heures  du  matin  ;  ordonné  qu'ils  y  assistent  en 
armes  et  à  cheval,  décorés  de  la  bandoulière  de  S.  A.  S.,  ayant  à  leur 
tête  le  plus  ancien  à  défaut  d'officiers.  [Les  gardes  étaient  :  Baugier,  le 
plus   ancien,    Champanois  ,   Bernard-Chambinière  ,   Bernard-la 

DUCQUERIE,    MaRCHET   DU  ViGNAUD,    BaRRÉ    DU   FlEF  et  PALUSTRE 

DES  BoNNATiÈRES.   La  plainte   contre  leur   refus   est    insérée    aux 

registres.] 

(I)  Archives  de  Niort,  n°  2854.  Dépense  des  réjouissances  faites 

pour  la  prise  de  la  Grenade. 

Fourniture  de  fagots  et  charpentier 60  1. 

Acheté  une  vieille  aile  de  moulin  pour  faire  le  mât  ....  18 

Poudre  et  flambeaux,  40  livres  de  poudre,  12  flambeaux  .     .  100 

4  livres  de  poudre  pour  un  pétard  en  boîte  de  ferblanc  ficelée.  10 

Peinture  d'un  transparent ,     .     .     ,  36 

Lampions  et  pots  à  feu  ;  Ancelin  en  a  fait  des  neufs  pour 

12  livres 54 

Déjeuner    à  la  ville  et  à  la  compagnie  de  grenadiers.  La 

garnison  y  est  venue 200 

Total.    .    .    .    .    478 1. 


—  270  — 

sont  pareils,  si  ce  n'est  que  certains  articles  sont  réduits, 
entre  autres  le  déjeuner  à  l'hôtel  de  ville  qui,  au  lieu 
de  200  livres,  est  porté  à  120  seulement. 

Les  archives  ne  comprennent  aucune  dépense  pour 
la  célébration  de  la  paix  de  Versailles,  et  il  est  probable 
que  la  ville  de  Niort  ne  fit  rien  à  cette  occasion.  Les  fêtes 
pour  la  publication  de  la  paix  eurent  lieu  à  Paris  dans 
les  derniers  jours  de  novembre  1783;  mais  il  avait  été 
question,  même  pour  la  capitale,  de  faire  l'économie 
des  feux  et  illuminations  (1)  ;  on  peut  donc  admettre 
qu'aucun  ordre  à  ce  sujet  ne  fut  donné  dans  les  provinces. 


L 


Placard  pour  la  célébration 
de  la  naissance  du  Dauphin  (2). 

De  par  le  Roy  et  Messieurs  les  Maire  et  Eche- 

VINS    DE    CETTE    VILLE    DE    NyORT. 

La  Divine  Providence  ayant  comblé  les  vœux  du  Roy  et 
de  ses  sujets  par  l'heureuse  naissance  de  Monseigneur  le 
Dauphin,  et  nous  Maire  et  Echevins  ayant  reçu  les  ordres 
de  S.  A.  S.  le  prince  de  Conty,  Prince  du  Sang  et  gouver- 
neur de  cette  province  et  ceux  de  Monsieur  de  Baussan  de 
Blanville,  conseiller  du  Roy  en  tous  ses  conseils,  maître 

(1)  On  lit  dans  la  correspondance  d'une  niortaise,  c|ui  a  été  publiée 
dans  les  Mémoires  de  la  Société,  année  1885  :  «  Nous  aurons  aussi  le 
29  de  ce  mois  (novembre)  le  Te  Deum  chanté  en  actions  de  grâces  pour 
la  paix.  On  dit  qu'il  n'y  aura  pas  autre  chose,  le  roi  ne  voulant  pas 
de  dépense  inutile.  »  On  ne  s'en  tint  pas  cependant  à  cette  première 
résolution,  car,  dans  une  lettre  suivante,  la  même  correspondante  décrit 
le  feu  d'artilice  et  les  illuminations,  entre  autres  celles  de  la  nouvelle 
halle  aux  b!és. 

(2)  Archives  de  Niort,  n°  2833. 


—  -271  - 

des  requêtes  ordinaire  de  son  hôtel,  intendant  de  cette 
Généralité,  par  lesquels  il  nous  est  ordonné  de  faire  à 
à  cette  occasion  éclater  notre  joye  et  celle  du  peuple  par 
des  feux  et  des  illuminations  et  de  donner  à  ce  sujet  les 
ordres  nécessaires  : 

Nous  ORDONNONS  quc  lundy  prochain,  26  de  ce  moys,  le 
régiment  royal  de  cette  ville. soit  mis  sous  les  armes. 

Les  soldats  se  trouveront  armez  aux  portes  de  leurs 
capitaines  à  onze  heures  précises  du  matin,  à  peine  de 
prison,  et  seront  ensuite  conduits  à  une  heure  après  midi 
sur  l'emplacement  qui  est  au  devant  de  la  porte  Saint-Jean 
de  cette  ville. 

La  compagnie  de  cavalerie  bourgeoise  de  cette  dite 
ville  sera  mise  sous  les  armes. 

Enfin  le  dit  régiment  royal  sera  conduit  autour  de 
l'église  Notre-Dame  lorsqu'on  entendra  sonner  vêpres. 

Tous  les  soldats  rangez  en  ordre,  les  officiers,  à  Texcep- 
tion  de  ceux  qui  doivent  rester  à  la  tête  des  compagnies, 
se  rendront  dans  le  chœur  de  la  dite  église  où  ils  prendront 
les  places  qui  leur  seront  préparées. 

Le  Te  Deuni  chanté  en  actions  de  grâces  d'un  avantage 
aussi  considérable  que  Dieu  vient  d'accorder  â  ce  royaume, 
il  sera  fait  k  l'instant  une  décharge  générale  de  mousque- 
terie. 

Après  quoi  les  dits  officiers  retourneront  à  leur  com- 
pagnie et  nous  dits  Maire  et  Echevins  monterons  à  la  place 
du  Vieux-Marché,  où  M""  de  la  Mare,  lieutenant  pour  le 
Roy  du  château  de  cette  ville,  nous  dits  Maire  et  Eche- 
vini?,  et  le  capitaine  qui  commandera  le  dit  régiment 
mettrons  le  feu  au  bûcher  qui  sera  dressé  par  l'ordre  de 
nous  d.  Maire  et  Echevins. 

Le  feu  mis  au  bûcher,  il  sera  fait  trois  décharges  de 
mousqueterie,  tant  du  dit  régiment  que  de  la  dite  com- 
pagnie de  cavalerie  bourgeoise  qui  sera  rangée  dans  le 
lieu  accoutumé  avec  acclamations  et  cri  de  Vive  le  Roy^ 
Vioe  la  Reine  et  Vive  Monseigneur  le  Dauphin,  et  qui 
sera  répété  plusieurs  fois  au  son  des  trompettes,  des 
tambours,  des  fifres  et  des  haut-bois. 


—  ^72  — 

Ordonnons  à  tous  les  habitants  de  cette  ville  et  faux- 
bourgs  de  faire  des  illuminations  au  devant  de  leurs 
maisons  en  mettant  au  moins  deux  chandelles  sur  chacune 
de  leurs  fenêtres  au  moment  qu'ils  entendront  la  deuxième 
décharge  de  mousqueterie. 

Leur  enjoignons  de  faire  des  feux  et  illuminations  de  la 
manière  susdite  les  deux  jours  suivants,  27  et  28  de  ce 
mois,  pour  le  plus  tard  à  sept  heures  et  demie  du  soir. 

Leur  défendons  très  expressément  d'ouvrir  leurs  bou- 
tiques le  dit  jour  dans  cette  dite  ville  et  fauxbourgs,  le 
tout  à  peine  de  trois  livres  d'amende  contre  chacun  de  ceux 
qui  y  contreviendra. 

Donné  et  fait  en  la  sale  des  assemblées  de  l'hôtel  de 
cette  ville  de  Nyort  par  nous  Pierre  Thibault  de  Bout- 
TEViLLE,  maire  et  capitaine,  Nicolas  Crosnier  des  Ad- 
JOTS,  Philippe  Clerc  de  la  Chateauderie,  François  Le 
Comte,  Sébastien  Le  Noir,  François  Prioleau  et 
Antoine  Lafiton,  échevins,  qui  se  sont  soussignés  avec 
M^  Constant  Thibault,  procureur  du  Roy,  le  vingt 
septembre  mil-sept-cent-vingt-neuf. 

IL 

Publication  de  la  paix  d' Aix-la-Chapelle  (1). 

Aujourd'hui  dixiesme  jour  de  mars  1749,  sur  les  dix 
heures  du  matin,  nous  Maire  et  Echevins  de  cette  ville  de 
Niort,  étant  assemblés  extraordinairement  en  la  sale  des 
assemblées  de  l'hôtel  commun  de  cette  dite  ville,  a  été  dit 
et  remontré  qu'ayant  reçu  des  ordres  de  S.  A.  S.  Monsei- 
gneur le  prince  de  Cont}^,  prince  du  sang,  gouverneur  de 
cette  province  de  Poitou,  pour  faire  publier  la  paix  avec 
les  réjouissances  et  la  solennité  accoutumée  en  pareille 
occasion,  en  date  les  dits  ordres  de  l'Isle-Adam  du  pre- 
mier de  ce  mois  quy  ont  pour  inscription  :  A  W^  M''^  les 

(1)  Extrait  des  registres  de  l'hôtel  de  ville. 


—  273  — 

Maire  et  Echevins  de  Niort,  ti  Niort^  suivantlesquels  a  été 
arrestë  et  unanimement  délibéré  entre  nous  dits  Maire  et 
Echevins  que  pour  marquer  notre  zèle  et  notre  respect 
infiny  que  nous  avons  pour  les  ordres  du  Roy  et  pour 
exécuter  avec  exactitude  ceux  à  nous  adressés  par  S.  A. 
S.  Monseigneur  le  prince  de  Conty^  nous  ferons  mettre 
sous  les  armes,  le  mardi  de  Pasques,  8  avril  prochain, 
le  régiment  royal  de  la  milice  bourgeoise  et  monter  à 
cheval  la  compagnie  de  cavalerie,  pour  avec  le  dit  régi- 
ment et  la  dite  compagnie  de  cavalerie  aller  nous  dits 
Maire  et  Echevins,  montés  à  cheval  suivant  l'ordre  dont 
sera  fait  mention  cy  après  et  à  la  suite  de  la  présente  déli- 
bération faire,  au  son  des  trompettes,  tambours,  fifres  et 
autres  instruments,  lire,  publier  et  afficher  par  le  secré- 
taire de  ce  dit  hôtel  de  ville,  aussy  à  cheval,  l'ordonnance 
que  Sa  Majesté  a  rendue  au  sujet  de  la  paix  par  luy  faite 
avec  le  roy  d'Angleterre  et  la  reine  de  Hongrie,  que  notre 
départ  du  dit  hôtel  sera  annoncé  par  une  décharge  géné- 
rale de  toute  la  mousqueterie  ainsy  que  notre  retour  au 
dit  hôtel,  qu'ensuite  nous  dits  Maire  et  Echevins  nous 
nous  rendrons,  avec  tous  les  corps  de  cette  dite  ville  quy 
seront  invités  à  cet  effet,  pour  assister  au  Te  Deum  quy 
sera  chanté  à  la  manière  et  au  lieu  accoutumé  dans  l'Eglise 
de  Notre-Dame,  issue  des  vespres,  autour  de  laquelle  église 
le  régiment  royal  et  la  compagnie  de  cavalerie  se  rendront 
aussy  et  se  porteront  dans  les  lieux  ordinaires  et  feront 
une  décharge  générale  de  toute  la  mousqueterie  avant  et 
après  le  Te  Deum. 

Le  dit  Te  Deum  chanté,  nous  dits  Maire  et  Echevins  à  la 
tête  du  régiment  monterons  à  la  place  du  Marché-Vieux 
où  sera  dressé  un  bûcher  de  la  hauteur  de  30  pieds  auquel 
le  feu  sera  par  nous  Maire  et  Echevins  allumé,  ensuite 
sera  fait  trois  décharges  au  moins  de  toute  la  mousque- 
terie avec  des  acclamations  de  Vive,  Vive,  Vive  le  Roy, 
ce  qui  sera  répété  plusieurs  fois  au  son  des  trompettes, 
tambours,  fifres  et  autres  instruments  qui  marqueront  la 
joye,  après  quoy^  sur  les  huit  heures  du  soir,  il  sera  tiré 

18 


—  27A  — 

un  feu  d'artifice  et  toute  la  ville  généralement  illuminée, 
ainsi  que  ce  dit  hôtel. 

Et  comme  il  conviendra  faire  une  dépense  tant  pour  la 
publication  de  la  paix  que  pour  le  feu  sur  la  place,  feu 
d'artifice  et  illumination  de  ce  dit  hôtel,  a  été  arresté  que 
nous  nous  conformerons  aux  ordres  que  Mgr  l'Intendant 
de  cette  province  nous  a  fait  l'honneur  de  nous  prescrire 
cy-devant  au  sujet  des  avantages  et  victoires  remportés 
par  les  troupes  de  Sa  Majesté  quy  ont  été  en  nombre, 
quy  sont  qu'il  fallait  se  borner  aux  choses  décentes  et 
nécessaires,  qu'un  bail  au  rabais  n'était  point  utile  et  qu'il 
suffisait  de  régler  dans  une  assemblée  par  détail  la  quan- 
tité de  chaque  chose  pour  la  dite  réjouissance,  que  cepen- 
dant comme  il  s'agissait  d'une  publication  de  paix  nous 
pouvions  faire  quelque  chose  de  mieux  qu'à  l'ordinaire, 
suivant  la  lettre  qu'il  nous  a  fait  l'honneur  de  nous  écrire 
le  27  février  dernier;  en  conséquence,  nous  dits  Maire  et 
Echevins,  pour  nous  conformer  aux  dits  ordres  et  faire  le 
moins  de  dépense  qu'il  nous  sera  possible,  avons  unanime- 
ment arresté  et  délibéré  qu'il  sera  procédé  à  un  mémoire 
exact  pour  la  dépense  qu'il  conviendra  faire,  tant  pour  la 
publication  do  la  paix  que  pour  le  feu  sur  la  place,  feu 
d'artifice  etillumination  au  corps  de  ville,  lequel  mémoire 
sera  fait  ainsi  qu'il  suit  : 

Frais  pour  la  publication  de  la  paix. 

Premièrement  la  somme  de  4 1.  pour  le  louage 
de  4  chevaux  pour  les  4  trompettes  ....       41. 

Plus  18  1.  pour  gratification  qu'on  fera  aux 
3  trompettes  du  régiment  de  Chabrillant  qu'on 
fera  venir  pour  la  publication  de  la  paix.     .     18 

Plus  2  1.  18  s.  pour  deux  livres  de  poudre  à 
29  s.  la  livre  qu'on  distribuera  à  la  compagnie 
de  grenadiers  et  à  celle  de  cavalerie  pour  une 
décharge  afin  d'annoncer  notre  départ  de  cet 
hôtel  de  ville  pour  aller  publier  la  paix .     .     .      2 1.  IJ^  s. 


—  276  — 

Frais  pour  le  feu  dejoye. 

Premièrement  la  somme  de  15  1.  pour  l'achapt 
d'un  mût  pour  dresser  le  feu  de  joye 15  1. 

Plus  10 1.  pour  les  fagots  à  employer  à  faire  le 
dit  feu 10 

Frais  pour  l'illumination  de  l'hôtel  de  ville. 

La  somme  d'une  livre  10  s.  pour  trois  livres 
de  chandelles  qui  seront  placées  sur  les  fenê- 
tres de  ce  dit  hôtel  de  ville 11.  10  s. 

Plus  2  1.  pour  la  voiture  des  dits  mât  et  fa- 
gots conduits  depuis  le  port  de  cette  ville  jus- 
qu'à la  place  du  Marché-A'ieux 21. 

Plus  9  1.  pour  les  ouvriers  qui  feront  et 
dresseront  le  dit  feu 9 

Plus  15  1.  pour  les  flambeaux  pour  allumer 
le  dit  feu,  tant  pour  le  Commandant  en  cette 
ville,  capitaine  commandant  le  régiment  royal 
que  pour  nous  dits  Maire  et  Echevins.     ...     15 

Plus  40  1.  12  s.  pour  28  livres  de  poudre  à 
29  s.  la  livre  quy  seront  fournies  aux  13  com- 
pagnies du  régiment  royal  de  cette  ville  et  à 
la  compagnie  de  cavalerie  pour  faire  trois  dé- 
charges au  moins 401.12  s. 

Frais  pour  le  feu  d'artifice. 

Premièrement  la  somme  de  18  1.  â  laquelle  nous 
dits  Maire  et  Echevins  sommes  convenus  avec 
l'ouvrier  pour  dresser  un  amphithéâtre  pour  tirer 
le  feu  d'artifice^  lequel  amphithéâtre  sera  composé 
de  4  piliers  debout  en  quarré,  distance  de  15  pieds 
les  uns  des  autres  et  autant  d'hauteur,  garnis  de 
soUiveaux,  chevrons  et  planches  nécessaires,  ayant 
par  dessus  une  impériale  de  8  pieds  d'hauteur, 


—  276  — 

laquelle  sera  surmontée  d'une  figure  peinte  de 
grandeur  d'homme  représentant  une  renommée, 
au  dessous  de  laquelle  il  y  aura  une  lanterne  de 
4  pieds  et  demi  d'hauteur  et  3  pieds  de  largeur 
avec  une  inscription  de  Vive  le  Roy  de  la  largeur 
de  la  dite  lanterne  et  trois  fleurs  de  lys  de  chaque 
côté  qui  seront  au  dessus  de  la  dite  inscription,  y 
compris  une  corde  de  la  grosseur  du  petit  doigt  de 
la  longueur  delà  place  attachée  âdes  fenestres  pour 

faire  courir  un  dragon 18  1. 

Plus  la  somme  de  120  1.  à  laquelle  nous  sommes 
pareillement  convenus  avec  l'ouvrier  pour  faire  et 
tirer  un  feu  d'artifice  qui  sera  composé  d'un  dragon 
courant  sur  une  corde,  qui  traversera  la  place  du 
Marché- Vieux  et  qui  retournera  d'où  il  partira,  de 
150  fusées,  savoir  :  60  de  12  lignes  de  diamètre 
extérieur,  48  de  15  lignes,  24  de  18  lignes  et  18  de 
24  lignes;  moitié  des  fusées  seront  chargées  à 
étoiles  et  moitié  à  serpenteaux;  de  5  soleils  tour- 
nants dont  deux  à  un  jet,  deux  â  deux  jets  et  un 
à  quatre  jets,  tous  cliargés  en  brillants,  dont  deux 
finiront  par  deux  saucissons  et  les  deux  autres 
par  deux  marrons,  de  12  lances  fixes  chargés  de 
compositions  d'étoiles  et  de  deux  pots  à  aigrettes 
avec  un  jet  câ  chacun  chargé  en  brillants  garnis 
chacun  de  huit  douzaines  de  serpenteaux.     .     .     .     120  1. 

Revenant  toutes  les  sommes  cy-dessus  articulées  à  celle 
de  256  L,  laquelle,  sons  le  bon  plaisir  de  Mgr  l'Intendant, 
sera  payée  par  M.  Philippe  Arnauldet,  avocat  en  par- 
lement et  receveur  des  deniers  d'octroi  et  excédant 
du  tarif  de  cette  dite  ville,  à  Etienne  Paquinet,  marchand 
demeurant  en  cette  dite  ville  qui  en  fera  l'avance,  laquelle 
somme  de  256 1.  sera  allouée  au  dit  sieur  Arnauldet  en  la 
dépense  de  son  compte  des  dits  deniers  en  rapportant  la 
présente  délibération  duement  visée  par  Mgr  l'Intendant 
et  la  quittance  du  dit  Paquinet  sur  le  nécessaire.  Donné  et 


—  277  — 

fait  les  jour  et  an  susdits,  et  s'est  le  dit  Paquinet  avec  nous 
soussigné. 

Suit  la  lettre  de  S.  A.  S.  Monseigneur  le  prince  de 
Conty  : 

A  risle-Adam,  le  l'""  mars  1749. 

M'"^  les  Maire  et  Echevins,  en  conformité  des  intentions 
du  Roy  je  vous  fais  cette  lettre  pour  que  vous  ordonniez 
dans  la  ville  de  Niort  la  publication  de  la  paix  avec  les 
réjouissances  et  la  solennité  accoutumée  en  pareille  occa- 
sion. Soyez  persuadés  qu'on  ne  peut  être  plus  véritable- 
ment que  je  suis,  M'"^  les  Maire  et  Echevins,  votre  très 
affectionné  à  vous  servir.  Signé:  L.  F.  de  Bourbon,  et  plus 
bas  est  écrit  :  A  M''^  les  Maire  et  Echevins  de  Niort. 

Suit  la  lettre  de  Mgr  l'Intendant: 

A  Paris,  ce  27  février  1749. 

Ce  que  M*"  Berryer  vous  marqua  de  faire ,  Monsieur, 
lors  de  la  convalescence  du  Roy,  après  la  maladie  dange- 
reuse que  Sa  Majesté  avait  essuyée  à  Metz,  me  paraît 
devoir  servir  de  règle  pour  les  réjouissances  quy  doivent 
accompagner  dans  la  ville  de  Niort  la  publication  de  la 
paix  ;  je  crois  n'avoir  rien  mieux  à  vous  prescrire  que  de 
vous  prier  de  vous  conformer  à  ce  que  vous  avez  pratiqué 
en  cette  occasion,  j'approuverai  les  mêmes  dépenses  quy 
furent  faites  alors.  Je  suis  très  parfaitement,  Monsieur, 
votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur.  Signé  : 
MoREAU  DE  Beaumont,  et  au  dos  est  écrit  :  A  M''  Rouget, 
maire  de  Niort. 

Ordre  de  la  marche  qui  sera  observée 
clans  la  publication  de  la  paix. 

Premièrement  marchera  M'"  le  major  du  régiment  royal 
de  la  milice  bourgeoise  pour  diriger  toute  la  marche. 
Suivra  ensuite  la  compagnie  de  grenadiers  avec  leur 
tambour,  marchant  à  file  quatre  à  quatre,  ayant  M'"''  les 
officiers  à  leur  tête. 


—  278  — 

Suivront  ensuite  la  moitié  des  tambours  et  des  fifres. 

Après  quoy  marcheront  M""^  les  officiers  des  six  pre- 
mières compagnies  du  dit  régiment  avec  leur  oscol  et  leur 
épée,  ayant  dans  leur  centre  deux  drapeaux,  le  blanc  et 
un  autre  qui  seront  gardés  par  un  détachement  de  30  hom- 
mes des  12  compagnies  qui  marcheront  sur  les  deux  côtés 
et  par  six  sergents  des  six  premières  compagnies  marchant 
à  la  teste  et  à  la  queue  du  dit  régiment. 

Suivront  deux  trompettes  de  la  ville  à  cheval,  qui 
annonceront  à  chaque  canton  la  publication  de  la  paix  et 
donneront  les  fanfares  après  les  dites  publications. 

Suivra  le  secrétaire  de  la  ville  en  robe,  achevai^  qui  lira 
l'ordonnance  du  Roy  pour  la  paix. 

Ensuite  marcheront  M""^  les  ofiBciers  du  corps  de  ville  à 
cheval,  savoir:  M""  le  Maire  et  M'"^  les  Echevins  en  robe 
et  bonnet  quarré,  à  côté  desquels  marcheront  à  pied,  de 
file,  de  chaque  côté  de  la  rue  les  gagés  delà  ville  avec  leurs 
pertuisannes. 

A  la  suite  du  corps  de  ville  suivront  l'autre  moitié  des 
tambours  et  ensuite  marcheront  M""^  les  officiers  des  six 
dernières  compagnies  du  régiment,  aussy  avec  leur  oscol 
et  leur  épée,  ayant  dans  leur  centre  un  drapeau  qui  sera 
pareillement  gardé  par  un  détachement  de  30  hommes  des 
12  compagnies  et  par  six  sergents  des  six  dernières  com- 
pagnies qui  marcheront  dans  le  même  ordre  qu'il  est 
cy-dessus  dit. 

Ensuite  marcheront  trois  trompettes  et  suivra  ensuite 
le  corps  de  cavalerie,  le  sabre  à  la  main,  marchant  de  file 
deux  à  deux,  ayant  M''^  les  officiers  à  leur  tète,  l'épée  à  la 
main. 

Ensuite  suivra  le  maréchal  des  logis  de  la  dite  compa- 
gnie qui  fermera  la  marche. 

Route  que  l'on  tiendra  pour  la  publication. 

Partant  de  l'hôtel  de  ville,  on  tournera  â  droite  par  la 
rue  du  Soleil  pour  se  rendre  devant  le  Palais-Royal  où  se 


—  279  — 

trouvera  la  compagnie  colonelle  sous  les  armes  avec  un 
sergent,  et  où  se  fera  la  première  publication. 

On  se  rendra  ensuite  sur  la  place  du  Château  où  se  trou- 
vera la  compagnie  de  la  lieutenance  colonelle,  où  se  fera 
la  seconde  publication. 

Passant  par  la  rue  dessus  les  fossés  du  château  jusqu'à 
l'Oratoire  où  sera  la  troisième  compagnie,  où  se  fera  la 
troisième  publication. 

Ensuite  on  se  rendra  devant  la  grande  porte  de  l'église 
de  Notre-Dame  où  sera  la  quatrième  compagnie,  où  se  fera 
la  quatrième  publication. 

De  là,  on  ira  par  la  rue  Torse  à  la  porte  Saint-Jean  où 
sera  la  cinquième  compagnie,  où  se  fera  la  cinquième 
publication. 

D'où  en  descendant  par  la  grande  rue  Saint-Jean  jus- 
qu'à la  rue  du  Meurier  où  sera  la  sixième  compagnie,  où 
se  fera  la  sixième  publication. 

Et  en  continuant  la  dite  grande  rue  Saint-Jean  jusque 
sous  les  Halles  où  sera  la  septième  compagnie,  où  se  fera 
la  septième  publication. 

Ensuite,  en  traversant  les  Halles,  on  ira  par  la  grande 
rue  Saint-Gelais  jusque  devant  l'hôtel  de  ville  où  sera  la 
huitième  compagnie,  où  se  fera  la  huitième  publication. 

De  là,  en  continuant  la  dite  grande  rue  Saint-Gelais  on 
se  rendra  à  l'hôtel  de  M""  le  Maire,  au  canton  du  Relais, 
où  sera  la  neuvième  compagnie,  où  se  fera  la  neuvième 
publication. 

De  la,  en  continuant  encore  la  dite  grande  rue  Saint- 
Gelais  jusqu'au  canton  de  la  Coupe  où  sera  la  dixième 
compagnie,  où  se  fera  la  dixième  publication. 

On  tournera  ensuite  par  la  rue  du  Marché- Vieux  pour 
aller  sur  la  grande  place  du  Marché- Vieux,  vis  à  vis  les 
casernes,  où  sera  la  onzième  compagnie^  où  se  fera  la 
onzième  publication. 

De  là,  en  passant  par  les  rues  Crémaud,  celle  de  Vieille- 
Rose,  rue  Basse  et  du  Pont  qui  conduit  dans  la  grande 
rue  du  Port  où  sera  la  douzième  compagnie,  où  se  fera  la 
douzième  et  dernière  publication. 


—  280  — 

D'où  on  se  rendra  ensuite  toujours  dans  le  même  ordre 
à  l'hôtel  de  ville  pour  terminer  la  dite  publication  de  paix. 
Après  quoy,  tout  le  régiment  royal  et  la  compagnie  de 
cavalerie  se  rendront  a  l'église  Notre-Dame  dans  leur 
poste  ordinaire,  et  chaque  officier  prendront  la  teste  de 
leur  compagnie  pour  assister  au  Te  Deum  qui  sera  chanté 
dans  la  dite  église  pour  ensuite  se  rendre  au  Marché- 
Vieux  à  la  manière  accoutumée  pour  mettre  le  feu  au 
bûcher  qui  sera  dressé  pour  cet  effet  et  ensuite  être  tiré 
un  feu  d'artifice. 

Suit  Vordonnance  du  Roy  pour  la  publication  de  la 
paix,  du  l^"" février  1749. 

De  par  le  Roy 

On  fait  à  sçavoir  à  tous  qu'une  bonne,  ferme,  stable  et 
solide  paix  avec  une  réconciliation  sincère  et  entière  a  été 
faite  et  accordée  entre  très  hault,très  excellent  et  très  puis- 
sant prince  Louis,  parla  grâce  de  Dieu  roy  de  France  et  de 
Navarre,  notre  souverain  seigneur,  et  très  hault,  très  excel- 
lent et  très  puissant  prince  Georges,  roy  de  la  Grande- 
Bretagne,  électeur  de  Brunswick  et  Lunebourg,  et  très 
haulte^  très  excellente  et  très  puissante  princesse  Marie 
Thérèse,  reine  de  Hongrie  et  de  Bohème,  impératrice  des 
Romains,  et  leurs  vassaux^  sujets  et  serviteurs  en  tous 
leurs  royaumes,  pays,  terres  et  seigneuries  de  leur  obéis- 
sance :  que  la  dite  paix  est  générale  entre  eux  et  leurs 
dits  vassaux  et  sujets,  et  qu'au  moyen  d'icelle  il  leur  est 
permis  d'aller,  venir,  retourner  et  séjourner  en  tous  les 
lieux  des  dits  royaumes,  états  et  pays,  négocier  et  faire 
connnerce  de  marchandises,  entretenir  correspondances 
et  avoir  communication  les  uns  avec  les  autres,  et  ce  en 
toute  liberté,  franchise  et  sûreté  tant  par  terre  que  par 
mer  et  sur  les  rivières  et  autres  eaux,  et  tout  ainsy  qu'il 
a  été  et  dû  être  fait  en  temps  de  bonne^  sincère  et  aimable 
paix,  telle  que  celle  cju'il  a  plu  à  la  divine  bonté  de  donner 
au  dit  seigneur  Roy,  au  dit  seigneur  roy  de  la  Grande- 


—  281  — 

Bretagne,  électeur  de  Brunswick  et  Lunebourg,  à  la  dite 
dame,  reine  de  Hongrie,  de  Bohême,  impératrice  des 
Romains,  et  à  leurs  peuples  et  sujets  ;  et  pour  les  y  main- 
tenir il  est  très  expressément  défendu  à  toutes  personnes 
de  quelques  qualités  et  conditions  qu'ils  soient,  d'entre- 
prendre, attenter  ou  innover  aucune  chose  au  contraire 
ny  au  préjudice  d'icelle,  sur  peine  d'estre  punis  sévère- 
ment comme  infracteurs  de  paix  et  perturbateurs  du  repos 
public,  et  afin  que  personne  ne  puisse  en  prétendre  cause 
d'ignorance,  la  présente  sera  lue  et  affichée  où  besoin  sera§ 
Fait  à  Versailles  le  premier  février  mil  sept  centquarante- 
neuf.  Signé  :  Louis,  et  plus  bas  Phélypeaux. 

Jean-Louis  Moreau,  chevalier,  seigneur  de  Beaumont, 
conseiller  du  Roy  en  ses  conseils,  maître  des  requêtes 
ordinaires  de  son  hôtel,  intendant  de  justice,  police  et 
finances  en  la  généralité  de  Poitiers,  Veu  l'ordonnance 
du  Roy  ci-dessus  nous  ordonnons  qu'elle  sera  lue,  publiée 
et  affichée  partout  où  besoin  sera  à  ce  qu'aucun  n'en 
ignore.  Fait  le  26'"^  février  1749.  Signé  :  Moreau  de 
Beaumont  et  plus  bas  par  Monsieur  Corbie. 

Ce  fait  les  dites  lettres  et  ordonnances  du  Roy  ont  été 
mises  et  déposées  dans  les  archives  de  ce  dit  hôtel  de  ville 
pour  y  avoir  recours  si  besoin  est.  Donné  les  jours  et  an 
susdits. 

Signé:  Rouget,  maire^  Juin  du  Clouzy,  Thibault, 
Prioleau. 


—  282  — 

CHAPITRE  XIV. 
Dépenses     diverses. 


§  I.  —   L'abonnement    aux    gazettes. 

La  Galette  de  France,  rédigée  par  Théophraste  Renau- 
dot,  parut  en  1631.  A  part  le  Mercure  de  France,  qui 
commença  en  1605,  c'est  le  plus  ancien  journal.  Le  corps 
de  ville  de  Niort  fut  au  nombre  des  abonnés^  au  moins 
depuis  1645.  Les  comptes  de  Claude  Arnauldeau,  receveur 
en  cette  année,  contiennent  les  deux  articles  suivants  : 

Au  maire  cinq  Uores  qu'il  aurait  avancé  pour  pareille 
somme  avancée  au  sieur  Sallard  pour  le  premier  quar- 
tier de  l'envoi  de  la  Galette 5  livres. 

Pour  deux  quartiers  de  la  Galette  .     .     .     10  1. 

Plus  tard,  on  reçut  non  seulement  la  Galette  de  France, 
mais  celle,  ou  plutôt  une  de  celles  de  Hollande  ;  puis,  au 
mois  d'octobre  1676,  on  supprima  cette  dernière,  sous 
prétexte  que  la  dépense  totale  était  trop  forte.  Les  comptes 
des  deniers  patrimoniaux,  rendus  par  Pierre  Jouslain, 
maire  de  1676  à  1678,  nous  renseignent  exactement  sur  ce 
qui  se  fit  de  son  temps  à  cet  égard  (1). 

(1)  Comptes  de  Pierre  Jouslain,  maire,  1676-77. 

Plus  dict  le  contable  avoir  envoyé  à  M""  Parthenay  de  Paris  pour  les 
gazettes  de  France  et  d'Ollande  despuis  l'entrée  de  sa  mairie  (H  juin) 
jusqu'à  la  Saint-Michel  (29  septembre)  et  15  jours  après.     .     12  livres. 

Plus  pour  le  restarit  du  payement  de  la  Gazette  de  France,  ayant 
cessé  dès  le  commencement  d'octobre  de  faire  venir  celle  d'Ollande  à 
cause  de  la  despence,  a  payé  au  sieur  Parthenay 12  livres. 

Au  maître  de  poste,  pour  port  des  gazettes  et  pacquets.     .    12  1. 

Comptes  du  même,  1677-78. 

Plus  dict  le  contable  avoir  payé  à  M""  Pierre  Parthenay,  sous-doyen 


—  283  — 

Quelques  années  après,  le  crédit  nécessaire  fut  imputé 
sur  les  deniers  d'octroi  et  fixé  à  40  livres  pour  les  galettes 
que  l'on  fait  venir  de  tout  temps,  comme  dit  l'arrêt  de 
règlement  de  1683  sur  les  dépenses  obligatoires  ;  ce  qui 
permettait,  d'après  les  prix  inscrits  aux  comptes,  d'avoir 
les  deux  gazettes,  sauf  cependant  les  frais  de  port.  Le 
gouvernement  de  Louis  XIV  jugeait  donc  nécessaire  que 
les  villes  fussent  tenues  au  courant  des  nouvelles  publi- 
ques. On  peut  s'étonner  seulement  Cj[ue  le  roi  permit  à  ses 
fidèles  sujets  de  lire  les  gazettes  de  Hollande,  qui  ne  le 
louaient  pas  d'ordinaire. 

D'après  le  procès-verbal  d'assemblée  du  29  mai  1731, 
l'hôtel  de  ville  recevait  alors  les  gazettes  de  France  et  de 
Hollande,  et  les  termes  du  compte  rendu  nous  font  voir 
que  la  lecture  de  ces  journaux  n'était  pas  réservée  aux  seuls 
membres  de  l'échevinage.  Les  habitants,  certains  habi- 
tants nécessairement,  étaient  admis  à  en  prendre  connais- 
naissance.  Le  procureur  du  roi  proposa  dans  cette  séance, 
pour  satisfaire  le  public,  de  faire  venir  deux  fois  la 
semaine  les  gazettes  qui  n'étaient  jusque-là  envoyées 
qu'uns  seule  fois,  de  telle  sorte  qu'on  eût  les  nouvelles  plus 
fraîches.  Il  devait  en  résulter  une  augmentation  des  frais 
de  port,  et  le  corps  vota  à  cet  effet  vingt  livres  à  prendre 
sur  les  deniers  patrimoniaux,  pour  accroître  le  crédit 
réglementaire  (1). 

des  pairs  de  la  communauté  de  cette  ville,  la  somme  de  douze  livres 
pour  le  remboursement  des  advances  faictes  pendant  sept  mois  de  l'envoy 
des  gazettes  faict  par  le  sieur  Simon  Parthenay,   demeurant  en  la  ville 

de  Paris,  son  frère,  comme  appert  par  quittance \2  livres 

{1}  Assemblée  du  29  7nai  1131.  Il  a  été  unanimement  arrêté  et 
délibéré  que  le  sieur  Elles  le  jeune,  marchand-libraire  de  cette  ville, 
sera  prié  par  notre  secrétaire  de  faire  venir  deux  fois  chacune 
semaine  les  gazettes  de  France  et  de  Hollande  avec  leurs  supplé- 
ments et  que,  pour  le  dédommager  de  l'augmentation  des  ports  de 
paquets,  il  lui  sera  payé  sur  les  deniers  patrimoniaux  de  cette  ville  par 
chacun  quartier  la  somme  de  cimi  livres,  faisant  par  chacune  année  la 
somme  de  20  livres,  outre  et  par  dessus  la  soiinne  de  -40  livres  qu'il 
recevra  en  conformité  de  l'arrêt  du  Conseil  do  1683. 


—   28i  — 

L'abonnement  municipal  fut  continué  jusqu'en  1772. 
C'était  alors  le  sieur  Clerc  du  Fief,  libraire,  qui  faisait 
venir  les  feuilles  au  compte  de  la  ville.  A  cette  époque,  le 
corps  de  ville  supprima  la  dépense  des  gazettes  et,  par  un 
virement  de  crédit  que  nous  avons  indiqué  au  chapitre  de 
l'Instruction  publique,  attribua  les  40  livres  de  l'arrêt 
de  1683  à  l'achat  de  prix  pour  les  élèves  du  collège  des 
Oratoriens  (1).  On  rendit,  par  ce  moyen  entre  autres, 
annuelle  la  distribution  qui  n'avait  été  jusque-là  que  bisan- 
nuelle. Il  est  probable  qu'en  ce  temps-là  ceux  des  habi- 
tants de  Niort,  qui  s'intéressaient  aux  afïaires  publiques, 
recevaient  personnellement  leurs  journaux  et  que  les 
gazettes  de  l'hôtel  de  ville  n'avaient  plus  que  peu  ou  point 
de  lecteurs.  Les  abonnements  aux  feuilles  publiques 
étaient  du  reste  moins  chers  que  dans  le  principe.  La 
Ga:^eite  de  France  ne  coûtait  plus,  en  1772,  que  douze 
livres  par  an.  En  1780,  elle  fut  augmentée  de  trois  livres, 
portée  à  quinze  autrement  dit  (2).  En  résumé  l'allocation 
sur  les  deniers  publics  fut  rayée  comme  inutile  ou  plutôt 
changée  de  destination,  de  même  que  l'avait  été  bien 
auparavant  la  subvention  de  60  livres  aux  poissonniers 
jurés  chargés  d'approvisionner  la  ville  de  poisson  de  mer 
et  autre. 

§  2.  —  La  poste  aux  chevaux. 

La  poste  aux  chevaux  n'a  commencé  à  être  une  cause 
de  dépense  pour  la  ville  de  Niort  qu'à  partir  du  milieu  du 
dix-huitième  siècle.  Ce  service  y  avait  cependant  été 
établi  à  la  fin  du  seizième,  après  la  pacification  religieuse. 
En  mars  1597,  Henri  IV  rendit  un  édit  ordonnant  l'éta- 
blissement de  relais  de  c/ieuaux  sur  les  grands  chemins, 
traverses,  et  le  long  des  rivières  pour  le  transport  des 
voyageurs  et  des  malles.  Les  charges  de  maîtres  de  relais 

(1)  Archives  de  Niort,  n»  2298. 

(2)  Affiches  du  Poitou,  année  1780,  p.  200. 


—  285  — 

devaient  être  distinctes  de  celles  des  maîtres  de  poste  créés 
par  Louis  XI,  et  leurs  attributions  étaient,  en  effet,  diffé- 
rentes, car  il  était  défendu  aux  premiers  de  fournir  des 
chevaux/)o«/"  courir  la  poste.  Mais  cette  distinction  arbi- 
traire ne  se  fît  pas  dans  la  pratique  ;  les  maîtres  de  poste 
se  plaignirent  d'une  concurrence  qui  les  écrasait  et,  par 
un  autre  édit  de  mars  1602,  les  relais  furent  incorporés 
aux  offices  de  maîtres  de  poste. 

Le  premier  maître  de  poste  dont  nous  puissions  citer  le 
nom  à  Niort  est  ce  Jacques  Ribonnot  qui,  en  1623,  avait 
construit  une  écurie  et  d'autres  bâtiments  dans  une  sorte 
de  rue  en  prolongement  de  la  rue  Vieille-Rose,  et  eut  à  ce 
sujet  un  long  différend  avec  la  ville.  Il  est  toujours  appelé 
maître  du  relais  dans  les  délibérations  à  ce  sujet,  ce  qui 
donne  à  penser  que  son  office  datait  de  l'édit  de  1597.  Il 
était  devenu  maître  de  poste  en  1602,  mais  on  lui  conser- 
vait par  habitude  la  première  dénomination.  On  trouve 
aux  registres  des  réformés,  à  la  date  du  18  janvier  1647,  le 
décès  d'Aaron  Ribounot,  maître  de  la  poste,  son  fils  et 
successeur  sans  doute.  C'était  donc  une  famille  pro- 
testante. 

En  1665,  le  titulaire  était  un  catholique,  nommé  Chan- 
dellier  ;  il  fut,  cette  année-là,  remplacé  par  un  sieur  Pinet, 
protestant^  ce  qui  donna  occasion  à  Christophle  Augier  de 
la  Terraudière,  ardent  catholique  comme  on  sait,  de  faire 
une  manifestation  en  faveur  de  son  prédécesseur,  dans 
l'assemblée  du  26  juin.  Le  corps  de  ville  dressa  une  sorte 
d'acte  de  notoriété  de  la  différence  de  religion  et  demanda 
que  le  dit  Chandellier  fût  continué  pour  sa  fidélité  recon- 
nue. Il  fut  en  effet  continué,  ou  plutôt  rétabli  dans  ses 
fonctions,  car  on  le  trouve  mentionné  dans  un  procès- 
verbal  d'assemblée  générale  des  habitants,  du  13  février 
1667,  avec  le  titre  de  maître  de  la  poste.  Après  lui,  peut- 
être  avec  quelque  intervalle,  l'office  fut  occupé  par  Jean 
Rivier,  qui  était  hôte  de  la  Grue,  puis  immédiatement 
après  par  Jacques  Tristand. 

Les  archives  contiennent  une  copie  du  brevet  délivré  à 


—  286  — 

ce  dernier,  le  5  décembre  1686,  par  le  marquis  de  Louvois. 
Cette  pièce  (1)  nous  indique  d'une  manière  précise  les  pri- 
vilèges et  les  gages  atribués  alors  au  maître  de  poste.  Les 
privilèges  étaient  les  mêmes  dans  tout  le  royaume  ;  les 
gages  étaient  à  Niort  de  180  livres  par  an  et  n'ont  pas 
varié  jusqu'à  la  Révolution.  La  ville  ne  contribuait  pas, 
comme  on  le  voit,  à  la  dépense  de  ce  service  et,  en  effet, 
l'arrêt  de  1683  n'avait  rien  prévu  à  cet  égard. 

Jusqu'en  1733^  il  n'est  pas  question  de  la  poste  aux 
chevaux  dans  les  délibérations  de  l'hôtel  de  ville.  Cette 


(1)  Archives  de  Niort,  n"  1888.  Brevet  de  maître  de  poste. 

François  Michel  Le  Tellier,  marquis  de  Louvois  et  de  Courtenvaux, 
secrétaire  d'Etat,  grand  maître  des  courriers  et  surintendant  général 
des  postes,  relais  et  chevaux  de  l'usage  de  France  ;  donnons  et  octroyons 
par  ces  présentes  la  poste  de  Niort,  route  de  Poitiers  à  la  Rochelle, 
vacante  par  la  démission  de  Jean  Rivier,  dernier  pourvu  d'icelle,  pour 
jouir  et  user  par  le  d.  Jacques  Tristand  et  dorénavant  exercer  la  d.  poste 
de  Niort  aux  honneurs,  avantages,  authoritez,  prérogatives,  préémi- 
nences, franchises,  lihertez,  gages  de  cent  quatre-vingt  livres  par  an,  et 
autres  droits,  fruictz,  prolitz,  revenus  et  émolumens  au  d.  office  apar- 
tenans,  tels  et  semblables  qu'en  jouissent  et  doivent  jouir  les  autres 
maistres  de  poste  du  Royaume,  et  l'exemption  entière  de  toutes  tailles, 
crues  y  jointes,  taillon,  solde  des  prévosts  des  maréchaux,  crues  extra- 
ordinaires de  garnisons  et  autres  ordinaires  et  extraordinaires,  ensemble 
de  toutes  charges  publiques ,  contributions  et  logemens  de  gens  de 
guerre  et  de  tous  autres  et  mesmes  privilèges  franchises  et  exemptions 
dont  jouissent  les  officiers  començaux  de  la  maison  du  Roy,  avec  pou- 
voir et  faculté  de  tenir  à  ferme  et  jouir  par  ses  mains  de  cent  arpens  de 
terres  de  labour,  prez  ou  vignes,  non  en  ce  compris  les  héritages  à  luy 
apartenans,  suivant  les  éditz  et  déclarations  des  mois  de  novembre  1635, 
décembre  1652,  10  janvier  1669  et  30  juin  1681,  registrez  où  besoin  a 
esté,  à  condition  que  le  d.  Jacques  Tristand  fera  bien  fidellement  et 
diligemment  son  devoir  et  le  service  de  Sa  Majesté,  que  pour  l'exercice 
de  la  d.  poste  il  sera  monté  en  nombre  suffisant  de  bons  chevaux 

Versailles,  le  cinquième  jour  de  décembre  mil  six  cent  quatre  vingt  six. 

Signé  :  LouvoiS,  et  jilus  bas,  par  Monseigneur,  Colbert. 

[Les  privilégiés  qui  tenaient  des  terres  à  ferme  devaient  la  taille  pour 
ces  terres.  Les  maîtres  de  poste  étaient  exempts  en  ce  cas  jusqu'à  la 
quantité  déterminée  par  leur  brevet.] 


—  287  — 

année-là,  on  concéda  au  maître  de  poste  francliise  des 
droits  d'entrée  sur  une  certaine  quantité  de  denrées  qui 
fut  d'ailleurs  successivement  et  beaucoup  augmentée,  en 
particulier  dans  le  dernier  bail  du  tarif  fait  en  1787.  Nous 
en  avons  donné  le  détail  au  chapitre  du  Tarif  d'octroi 
de  1718(1). 

En  1742,  le  maître  de  poste,  qui  se  nommait  Pierre 
Cardinal,  déclara  que,  vu  la  cherté  du  foin  et  de  l'avoine^ 
il  ne  pourrait  plus  continuer  son  service  s'il  n'était  aidé. 
Dans  l'assemblée  du  28  avril,  il  lui  fut  alloué  351  livres 
2  sols  pour  ses  derniers  achats  faits  avec  le  consentement 
de  l'hôtel  de  ville,  et  dont  il  remettait  un  état  (2).  Il  n'en 
fut  pas  moins  obligé  d'abandonner  la  charge.  L'année 
suivante,  son  successeur,  un  nommé  Dulac,  demanda 
également  une  subvention  ;  il  se  plaignait  de  la  cherté  et 
en  outre  de  ce  que,  depuis  quelques  temps,  il  ne  passait 
presque  personne  par  Niort,  allant  en  poste  à  la  Rochelle, 
Poitiers  et  autres  endroits.  Il  était  obligé,  disait-il,  de 
faire  une  dépense  considérable  pour  la  nourriture  de  ses 
chevaux  qui  ne  lui  rapportaient  rien.  Les  échevins  lui 
accordèrent  200  livres,  dans  la  séance  du  26  janvier  1743, 
et  encore  107  livres  dans  celle  du  17  avril. 

A  partir  de  ce  moment-là,  les  choses  allèrent  de  mal  en 
pis.  Les  registres  ne  mentionnent  plus  cependant  de 
subventions  au  maître  de  poste  dans  les  cinq  années  sui- 
vantes. Après  la  disette,  qui  avait  commencé  en  1740  et 
sévi  longtemps,  les  prix  étaient  revenus  au  taux  normal 
et  les  causesqui  avaient  engagé  la  municipalité  à  secourir 
le  maître  de  poste  n'existaient  plus.  Mais,  pour  d'autres 

(1)  Première  partie,  p.  91. 

(2)  Assemblée  du  28  avril  i742.  Pierre  Cardinal  a  acheté  de  notre 
consentement  : 

A  Piet,  68  boisseaux  d'avoine  pour 911.  2  s. 

A  Jean  Proust,  3  milliers  de  foin 90 

A  François  Giraud,  2  tonneaux  d'avoine,  soit  120  bois- 
seaux       .......  170 

Total 351  1.  2  s. 


—  2S8  — 

causes,  celui-ci,  c'était  toujours  le  sieur  Dulac,  se  trouva 
au  commencement  de  1748  en  déconfiture  complète.  Il 
avait,  paraît-il,  perdu  tous  ses  chevaux  et  se  déclarait 
incapable  de  continuer  ses  fonctions.  L'intendant,  M""  Mo- 
reau  de  Beaumont,  écrivit,  à  la  date  du  premier  avril,  au 
maire  de  Niort,  pour  le  mettre  en  demeure  de  remonter 
la  poste  et  d'assurer  le  service  de  la  malle.  Le  subdélégué, 
lui  disait-il,  avait  cherché  sans  succès  quelqu'un  qui  voulût 
se  charger  de  cette  poste,  en  se  contentant  des  privilèges 
et  gages  qui  y  sont  attachés;  il  était  nécessaire  que  la  ville 
se  concertât  avec  le  subdélégué.  M""  du  Petit-Château, 
pour  rétablir  le  service  par  la  voie  la  moins  onéreuse  (1). 

Le  corps  de  ville  ne  trouva  non  plus  personne  qui 
voulût  s'en  charger.  Le  faire  faire  en  régie  aurait  causé  «ne 
dépense  vague  et  incertaine;  après  délibération,  il  fut 
décidé  que  le  mieux  serait  d'en  yà^re  un  bail,  comme  de 
toutes  les  autres  dépenses  ordinaires,  à  la  meilleure  con- 
dition possible,  en  donnant  par  l'adjudicataire  bonne  et 
suffisante  caution  pour  le  montant  des  deniers  qui  lui 
seront  par  nous  confiés.  L'intendant  approuva  et  rendit 
une  ordonnance  autorisant  l'adjudication,  par  devant 
M'  du  Petit-Château,  pour  trois  ans  environ,  terme  fixé 
au  31  décembre  1751.  Tel  fut  le  commencement  du  régime 
sous  lequel  la  poste  de  Niort  resta  constituée  pendant  bien 
des  années,  en  partie  aux  frais  de  la  ville. 

L'adjudication  eut  lieu  les  17  et  18  mai  ;  le  service  fut 
soumissionné  par  Alexandre  Boutet,  moyennant  la  somme 
de  1^400  livres  qui  devait  lui  être  payée  d'avance  ;  cette 
condition  avait  été  inscrite  au  cahier  des  charges,  les 
concurrents  connus  n'étant  pas  en  mesure  de  faire  les 
achats  de  chevaux  nécessaires.  Le  dit  Boutet  fut  cau- 
tionné par  Jean  Barreau,  marchand,  pour  200  livres,  et 
par  M"'  de  Germond  pour  1,200  livres.  Le  maître  de  poste 
subventionné  n'en  conservait  pas  moins  les  180  livres 
de  gages  et  les  privilèges  attachés  à  cet  office.  Il  était  tenu 

Il  Archives  de  Niort,  n°  1889. 


^  289  — 

d'avoir  au  moins  huit  chevaux  ;  s'il  en  manquait  à  certains 
jours,  il  devait  se  les  procurer  de  gré  à  gré,  la  ville  ne 
s'engageant  pas  à  les  lui  fournir  par  son  autorité. 

Le  6  juin  1751,  eut  lieu  une  adjudication  nouvelle  pour 
une  autre  période  de  trois  ans  ;  ou  plutôt  une  prorogation 
de  pareille  durée  fut  consentie  au  même  Boutet,  qui 
continua  moyennant  1,200  livres  payables  par  tiers  cha- 
que année.  En  1754,  il  renouvela  pour  trois  ans  encore;  il 
se  contentait  de  800  livres  et  en  plus  les  franchises  des 
droits  d'entrée  déjà  stipulées.  Puis,  vers  la  fin  de  1757,  il 
annonça  qu'il  cesserait  d'exercer  à  compter  du  premier 
janvier  suivant.  Il  fut  remplacé  par  Pierre  Goizet,  auber- 
giste à  l'enseigne  de  l'Ecu  de  France,  près  la  porte 
Saint-Gelais,  qui  s'engagea  pour  trois  ans  aux  mêmes 
conditions. 

Pierre  Goizet  fit  fort  mal  son  service.  La  poste  de  Niort 
acquit  avec  lui  le  renom  d'être  ce  qu'il  y  a  de  plus  détes- 
table (1).  Aussi,  à  la  fin  de  1760,  ne  renouvela-t-il  pas. 
On  ne  fit  pas  d'adjudication  nouvelle  et  le  titulaire  précé- 
dent, Alexandre  Boutet,  cautionné  par  Catherine  Gorrin, 
sa  femme,  devint  de  nouveau  concessionnaire.  Il  mourut 
en  1763,  et  ce  fut  encore  Goizet,  toujours  aubergiste  à 
l'Ecu,  qui  adjugea  pour  trois  ans  à  400  livres  par  an^  sous 
la   garantie  de  sa  femme  Marguerite-Anne  Collet  (2). 

(1)  Archives  de  Niort,  n°  1905.  Lettre  de  M''  de  Granges  de  Sur- 
gères au  maire  de  Niort. 

«  Aux  Oriues,  ce  3  janvier  1760.  » 
«  Je  passeroi  samedy,  Monsieur,  faisant  route  pour  la  Rochelle. 
Comme  il  n'y  a  rien  de  plus  détestable  que  la  poste  de  Niort,  je 
vous  prie  de  me  faire  trouver  3  chevaux  de  louage  ou  de  messagerie  et 
deux  bidets  pour  mes  gents  ;  je  compte  arriver  à  la  barrière  de  Niort, 
où  je  donne  rendez-vous  aux  dits  chevaux,  entre  raidy  et  une  heure. 

«  J'ai  l'honneur  d'être,  Monsieur,  votre  très  humble  et  très  obéissant 
serviteur.  «  Surgéres.  » 

M""  Rouget. 

(2)  Jean  Goizet,  dernier  curé  de  Notre-Dame  sous  l'ancien  régime, 
était  fils  de  Pierre  Goizet  et  Marguerite-Anne  Collet.  11  fut  une  des 
victimes  des  massacres  du  2  septembre  1792. 

19 


—  2Ô0  — 

En  1766,  il  reprit  aux  mêmes  conditions  ;  mais,  dès 
l'année  suivante,  il  cria  misère.  Comme  jadis,  le  sieur 
Dulac,  il  faisait  valoir  la  cherté  des  fourrages;  seulement, 
à  l'opposé  de  ce  dernier,  il  se  plaignait,  non  de  manquer 
de  voyageurs,  mais  bien  d'en  avoir  trop. 

Le  corps  de  ville  fut  très  large  avec  lui.  Dans  la  séance 
du  17  octobre  1766,  on  lui  accorda  pour  diverses  causes 
1,200  livres  d'indemnité  (1).  Mais  ce  fut  une  libéralité 
perdue,  car,  dès  les  premiers  mois  de  l'année  suivant*, 
Goizet  fut  destitué;  il  était,  parait-il,  fort  insolent,  et  le 
fut  en  particulier  avec  M""®  de  Meilhan,  intendante  de  la 
Rochelle,  qui  s'en  plaignit  à  M""  de  Choiseul  et  lui  fit 
retirer  son  brevet.  11  était  d'ailleurs  ruiné,  et  la  ville  ne 
put  pas  rentrer  dans  les  avances  qu'elle  lui  avait  faites  (2). 
Son  successeur  fut  le  nommé  François  Grivault,  qui 
adjugea  pour  trois  ans,  du  12  avril  1768,  aux  conditions 
ordinaires,  1,200  livres  de  subvention.  Il  était  cautionné 
par  sa  femme  Marie-Anne  Hillairet.  D'après  son  bail,  il 

-  (1)  Assemblée  du  11  octobre  1767.  A  comparu  Pierre  Goizet,  adju- 
dicataire de  la  poste  aux  chevaux  de  cette  ville,  lequel  a  dit  que  le 
service  forcé  et  extraordinaire  auquel  il  s'est  trouvé  assujetti,  pendant 
tout  le  cours  de  la  dernière  guerre  et  depuis  que  la  route  de  Nantes  est 
fréquentée,  lui  a  occasionné  la  perte  de  30  chevaux  qu'il  n'a  pu  rem- 
placer sans  contracter  beaucoup  de  dettes,  que  loin  de  pouvoir  se 
libérer  sur  le  produit  de  son  entreprise,  elle  lui  devient  de  jour  en  jour 
plus  onéreuse  par  la  cherté  des  fourrages  et  des  avoines,  qui  ont  plus 
que  doublé  de  prix  dans  ces  deux  dernières  années,  qu'indépendamment 
de  la  maison  qu'il  occupe  en  cette  ville  il  s'est  vu  contraint,  pour  la 
commodité  du  service,  d'en  afîermer  une  autre  dans  un  des  faubourgs 
de  cette  ville  (faubourg  de  la  Brèche),  dont  il  paie  au  s--  Fretault  200 
livres  de  loyer  par  année demande  indemnité  ourésiliement. 

On  lui  accorde  600  livres  pour  acheter  des  fourrages  sous  le  contrôle 
de  l'hôtel  de  ville,  plus  trois  années  du  loyer  de  la  maison  Fretault,  du 
l^"" janvier  1767  au  31  décembre  1769,  soit 600 livres.  Total:  1200  livres. 

(2)  M""  de  Blossac  écrivait,  dans  les  premiers  jours  d'avril,  au  maire 
de  Niort  :  «  C'est  à  vous  de  prendre  les  mesures  convenables  dans  la 
circonstance  pour  que  la  ville  perde  le  moins  qu'il  sera  possible  des 
avances  qu'elle  a  faites  à  ce  maître  de  poste.  Cet  homme  est  ruiné  et 
ce  serait  perdre  inutilement  de  l'argent  que  de  le  poursuivre.  » 


—  291  — 

devait  entretenir  huit  chevaux  ;  on  voit  que  le  nombre 
exigé  était  resté  le  même. 

Les  affaires  de  la  poste  n'allèrent  pas  mieux  qu'aupa- 
ravant et,  le  19  avril  1770,  le  corps  de  ville  délibérait  sur 
une  requête  du  sieur  Grivault,  qui  demandait  une  gratifi- 
cation ou  indemnité  pour  les  pertes  qu'il  avait  subies,  en 
outre  une  extension  de  sa  franchise  de  droits  d'entrée,  eu 
égard  au  nombre  de  chevaux  qu'il  tenait. 

«  On  reconnaît  »,  dit  le  procès-verbal,  «  qu'il  a  perdu 
des  chevaux  et  des  fourrages,  parce  que  sa  maison  a  été 
submergée  pendant  deux  mois  par  une  inondation.  Les 
foins  et  les  avoines  sont  très  chers.  Il  a  reçu  ordre  de  se 
rendre  à  Paris,  le  trois  du  mois  prochain,  avec  deux  pos- 
tillons et  sept  chevaux,  pour  y  faire  le  service  au  passage 
de  Madame  la  Dauphine,  et  n'est  pas  en  état  de  le  faire.  » 
Il  lui  fut  accordé  1,000  livres,  dont  600  pour  son  voyage 
et  400  pour  deux  années  du  loyer  de  la  maison  Fretault 
qu'il  occupait  aussi.  De  plus,  comme  il  avait  doublé  le 
nombre  de  ses  chevaux,  ses  exemptions  d'octroi  furent 
augmentées  en  conséquence.  Il  faisait  le  service  sur  quatre 
routes,  celles  de  Poitiers,  la  Rochelle,  Nantes  et  Saint- 
Jean-d'Angély.  Cette  dernière  était  la  moins  fréquentée. 

Le  17  février  1771,  la  ville  fit  un  nouveau  bail  de  trois 
ans  avec  un  nommé  René  Latouche,  qui  tenait  alors  la 
poste  sous  le  nom  de  Grivault.  Il  soumissionna  aux  mêmes 
conditions,  1,200  livres  payables  en  trois  ans  et  les  fran- 
chises de  droits  établies  par  la  délibération  du  19  avril 
1770.  Comme  les  précédents  adjudicataires,  il  était  cau- 
tionné par  sa  femme,  Catherine  Laine.  Mais,  dans  cette 
même  année,  se  produisit  un  incident  dont  la  cause  nous 
est  d'ailleurs  inconnue.  Un  sieur  Ignace  Bouin  se  fît 
octroyer  le  brevet  de  maître  de  poste  à  l'insu  de  Latouche. 
Ce  dernier,  ainsi  dépossédé,  traita  avec  son  successeur 
pour  ses  chevaux,  harnais,  fourrages  ;  mais  il  réclamait  en 
outre  une  indenniité,  d'abord  parce  qu'il  avait  été  privé 
de  sa  place  sans  avertissement,  et  aussi  parce  qu'il  avait 
été  grevé  de  dépenses  extraordinaires  pour  le  passage  de 


—  2Ôâ  — 

Madame  la  comtesse  de  Provence  au  commencement  de 
son  bail. 

Ne  pouvant  s'entendre,  les  deux  parties  convinrent  de 
s'en  remettre  au  jugement  de  l'intendant,  M'  de  Blossac. 
Quant  aux  maire  et  échevins,  ils  étaient  fort  satisfaits  que 
Latouche  fût,  d'une  manière  ou  d'une  autre,  dépossédé  de 
la  poste.  «  Nous  n'avons  qu'à  nous  féliciter  »,  écrivaient- 
ils  au  registre  des  délibérations,  «  de  ce  que  nous  sommes 
déchargés  des  gages  annuels  que  nous  étions  dans  le  cas 
de  donner  pour  faire  faire  ce  service^  et  des  sommes  exor- 
bitantes que  nous  nous  sommes  vus  contraints  d'accorder 
depuis  plusieurs  années  à  titre  d'indemnité.  »  La  ville  ne 
se  considérait  cependant  pas  comme  débarrassée  de  toute 
participation  dans  le  service  de  la  poste  ;  elle  était  même 
disposée  à  aider  de  ses  deniers  le  nouveau  titulaire  ;  mais 
il  paraissait  plus  solvable  que  les  précédents,  il  inspirait 
une  certaine  confiance  et  on  pouvait  penser  qu'il  suffirait 
de  le  subventionner  une  fois  pour  toutes.  Ily  eutprompte- 
ment  à  cet  égard  de  graves  déceptions. 

Le  18  juillet  1771,  furent  arrêtées,  en  assemblée  muni- 
cipale, les  bases  d'un  traité  à  conclure  avec  le  dit  Bouin. 
La  ville  avait  acquis  de  M"®  Fretault,  pour  l'agrandisse- 
ment de  la  place  de  la  Brèche,  un  pré  sur  lequel  une  por- 
tion avait  été  réservée,  en  vue  d'y  établir  des  bâtiments 
propres  au  service  de  la  posteaux  chevaux.  Elle  concédait 
au  sieur  Bouin  le  droit  d'y  faire  construire  des  écuries,  un 
grenier  au-dessus  pour  cent  milliers  de  foin,  un  hangar, 
des  chambres,  etc.  Aussitôt  ces  constructions  faites,  il  lui 
serait  payé  1,200  livres.  Lui  et  les  enfants  à  naître  de  son 
mariage  jouiraient  du  dit  terrain  sans  redevance.  A  leur 
décès,  la  ville  rentrerait  en  possession  du  tout,  terrain  et 
constructions,  en  payant  la  valeur  de  ces  dernières.  Dans 
le  cas  où  le  sieur  Bouin,  lui  ou  ses  enfants,  abandonne- 
raient le  service,  la  reprise  par  la  ville  serait  immédiate  et 
les  constructions  faites  lui  seraient  acquises. 

Acte  fut  passé  dans  ces  termes.  Le  preneur  demanda 
seulement  à  être  recommandé  aux  maire  et  échevins 


—  293  — 

futurs^  afin  que,  si  ses  petits-enfants  voulaient  continuer 
le  service,  on  eût  égard  à  eux  en  leur  affermant  ledit 
terrain  et  lesdites  constructions  au  prix  ciu'en  donnerait 
un  étranger.  Il  fut  en  outre  stipulé  des  conditions  pour  la 
bonne  exécution  des  bâtiments. 

Des  contestations  ne  tardèrent  pas  à  s'élever  sur  ce 
dernier  article.  Dès  que  les  travaux  furent  arrivés  à  un 
certain  degré  d'avancement,  le  corps  de  ville  réclama 
contre  des  malfaçons  de  toute  sorte.  «  La  disposition  des 
bâtiments,  »  dit  un  procès-verbal  d'assemblée,  «  est 
dépourvue  de  raison  et  presque  tous  les  bois  qu'il  a  em- 
ployés sont  trop  faibles  ou  de  mauvaise  qualité.  Enfin  la 
main  d' œuvre  n'est  pas  admissible.  »  A  cause  de  cela,  la 
ville  pensait  avoir  intérêt  à  faire  faire  de  suite  l'estimation 
des  bâtiments,  d'autant  mieux  que  le  sieur  Bouin  annon- 
çait l'intention  d'en  ajouter  d'autres  qui  n'intéressaient 
pas  le  service  de  la  poste.  On  ne  voulait  pas  être  un  jour 
exposé  â  payer  aussi  ceux-là.  Bouin  s'y  refusait,  mais  fut 
obligé  cependant  d'acquiescer.  Après  bien  des  pourparlers^ 
le  différend  fut  terminé  par  un  acte  passé  le  17  juin  1779 
par  devant  notaires  (1).  Le  nouveau  contrat  fixa  la 
valeur  des  constructions  faites  à  7,678  livres  sous  déduc- 
tion toutefois  de  800  livres  pour  des  matériaux  qui  avaient 
été  pris  sur  les  lieux,  soit  6,858  livres  à  payer  net  par  la 
ville  le  jour  où  le  maître  de  poste  cesserait  le  service. 

"En  fin  de  compte,  le  dit  Ignace  Bouin,  loin  de  trans- 
mettre son  brevet  â  ses  enfants  et  petits-enfants,  fut  des- 
titué au  mois  de  janvier  1782.  Déjà  depuis  quelques 
années,  il  faisait  tenir  la  poste  de  Niort  par  son  fils  et 
avait  pris  de  son  côté  un  relais  de  campagne.  Le  règle- 
ment de  compte  avec  lui  ne  put  pas  se  faire  à  l'amiable.  Il 
ne  se  décida  â  recevoir  les  6,878  livres  convenues  qu'après 
avoir  entamé  contre  la  ville  un  procès  que  du  reste  il  ne 
poursuivit  pas  jusqu'au  jugement,  car,  dans  sa  quittance 
notariée  du  7  juillet  1783(2),  il  est  dit  :  demeure  l'instance 

(1)  Archives  de  Niort,  n°  1916. 

(2)  Archives  de  Niort,  n°  1918. 


—  294  — 

pendante  au  parlenieni  entre  les  parties  au  sujet  du  dit 
règlement,  éteinte  et  assoupie  sans  aucuns  dépens  de  part 
ni  d'autre. 

Les  provisions  de  maître  de  poste  furent  données  après 
lui  à  un  nommé  Louis  Froget  de  la  province  du  Maine, 
qui  ne  paraît  pas  non  plus  avoir  fait  de  brillantes  affaires. 
Dans  une  pétition  adressée  aux  officiers  municipaux,  en 
date  du  2  mars  1793,  il  dit  avoir  fait  faire  diverses  répa- 
rations à  la  maison  qu'il  occupe  depuis  1782,  maison 
appartenant  à  la  communie  ;  il  ajoute  que  la  plupart  des 
matériaux  employés  ne  sont  pas  payés  à  cause  des  pertes 
qu'il  a  successivement  éprouvées.  Comme  cette  maison  et 
ses  dépendances  doivent  être  vendues  incessamment,  il 
demande  qu'on  l'indemnise  des  dépenses  qu'il  a  faites, 
ayant  en  considération  qu'il  s'est  presque  ruiné  au  service 
de  la  nation. 

Sur  un  rapport  d'experts,  du  23  avril  suivant,  il  fut 
alloué  au  sieur  Froget  une  indemnité  de  500  livres.  Le 
3  mars  1793,  la  maison  de  la  poste  aux  chevaux  avait  été 
vendue  â  Noël  Charrier,  huissier,  pour  8,100  livres,  d'au- 
tre part  une  écurie,  grange  et  jardin  en  dépendant,  à 
Delarue,  dit  l'Américain,  pour  10,000  livres. 

§  3.  —  Le  plan  de  la  ville  de  Niort. 

Le  corps  de  ville,  dans  la  séance  du  3  novembre  17Ô2, 
vota  300  livres  â  payer  par  le  receveur  â  M""  Pomet,  sous- 
ingénieur  des  ponts-et-chaussées  à  Poitiers,  pour  copier 
et  réduire  à  un  plus  petit  volume  le  plan  général  de 
la  ville  qui  devait  être  fourni  au  R.  P.  Dom  Fonteneau, 
bénédictin,  travaillant  actuellement  à  l'histoire  générale 
de  la  province  et  autres  différents  ouvrages  de  son  état. 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 
DES  NOMS  DE  LIEUX  ET  DE  PERSONNES 


A. 

Abeline(Jeanne],1, 32.11,  236. 
Ableiges,  intendant (]\[aupeou  d'), 

I,  127,  129,  405.  11,20,    209. 
Adam,  I,  334.  II,  230. 

Agen,  1,  358. 

Aiffres,  I,  323. 

Aire,  II,  262. 

Aix  (iled'),  I,  295.  II,  128,  150, 

161. 
Aix-la-Chapelle,  I,    16.  II,   127, 

267,  272. 
Alençon  (duc  d'),  I,  305,  306. 
Aliénor(reine),  I,  315,  316,  348. 
Ailain,  I,  17,  98,  100. 
Allonne,  II.  160. 
Allonneau,  I,  84,  II,  60. 
Alphonse,  comtedePoiiou,I,  365. 
Amboise,  II,  169. 
Amelot,  II,  51,  80,  88. 
Andraud  (Isaac),  II,  19. 
Angerg,  I,  150,  247,   316,    406. 

II,  93. 

Angevin.  I,  265,   288,    289.   II, 
204. 


Angicourt  (veuve),  II,  126. 

Angoulême,  II,  93. 

Angoulême  (comte  d'),  II,  208. 

Aniien  (Bernard),  I,  366. 

Anihoine,  I,  222. 

Argenson  (d'),  II,  126. 

Armagnac  (comte  d'),  I,  127. 

Arnaud,  I,  151.  II,  19. 

Arnauldeau,  I,  84,  126,  368.  II, 
23,  126,  282. 

Arnauldet,  I,  15,  17,  69,  73,  76, 
89-91,  93,  96,97,  100,  110, 
209,213,214,227,  237,240, 
290,  302,  329,  343.  II,  41, 
73,  98,  111,  128,  167,  276. 

Arnault,  1,277,308,309.11,59, 
60,  151,257. 

—  de  Bonneuil,I,  90,  93, 

94. 

—  de  la  Jolinière,  I,   94. 

II,  98. 

—  du  Pastis,  I,   53,  243, 

395.    II,    92,    228, 
249. 

—  de    Treille-Bouton ,    I, 


296  — 


87,  93,  94,  97. 

Arouet,  I,  i23. 

Arras,  II,  239,260. 

Artois   (comte  d'),    I,   298-303, 

377,  392.  II,  129,  210,  211, 
257. 

Asnières,  II,  167. 

Assailly,  I,  151,  162,  212,  222. 
II,  103,  142,  226. 

Assan  (d'),  II,  141. 

Asturies  (prince  des),  II,  251. 

Aubespine  (de  1'),  I,  204. 

Aubusson,  I,  315 

Aucheron,  I,  162. 

Audebert  (Vincent)  I,  115,  212, 
261,  268. 

Audoyer  (Denis),  I,  264. 

Augier  de  la  Terraudière  (Chris- 
tophle),  I.  10,  45,  46, 
51,  82,  84,  85,  1  11, 
114,  125,  304,  305, 
313,  315,  361,  370, 
390,  396.  II,  29,  86, 
122,  124,  145,  146, 
149,  209,  226,  285. 

—  (Emmanuel),  I,  333,  334. 

II,  59. 

—  (Pierre),  I,  89.   II,  60. 

—  (Henri),  II,  60. 
Augsbourg,  II,  141,  263. 
Aulnay,  II,  87,  167. 
Aumale  (duc  d'),  II,  126. 
Avice,  sieur  de  la  Chorée,I,  149- 

151,  154,  159-165, 
167,  169,  171  ,  174- 
177,  193,  210,  212, 
214,  215,  217,  226, 
327.  II,  237. 

—  sieur  de  la  Mothe,  II,  59, 

63. 


Avice,  sieur  de  Mougon,  II,  205. 
Avril  de  la  Vergnée,  II,  209. 
Ayrault  (Anthoine),  I,  261. 


B. 


Bade,  II,  264. 

Bairault,  II,  63. 

Barat,  I,  212. 

Barbade  (François),  I,  159,  174, 

176,     178,    183,    194,     215, 

219.  II.  221. 
Barbelevée,  II,  96. 
Barbier  (Journal  del,  I,  234,  316, 

II,  150,   229,   230,    252-256, 

265,  267,  268. 
Barcelonne,  II,  264. 
Bardon,  I,    163,   253,    396.    II. 

221. 
Bardonnet  (Abel),  I,  365.  II,  81, 

103 
Barentin,  intendant  (de),  II,  158, 

160. 
Baribaud  (François),  II,  42. 
Barnabe,  II,  64. 
Barrault,  II,  59,  173. 
Barré,  I,  94,  96,  386.  11,44,61, 

129, 

—  Ghabans,  I,  76,77,88, 

98-100,  302. 

—  du  Fief,  II,  269. 
Barreau  (Jean),  II,  288. 
Basin,  I,  36. 

Bassompierre  (de),  II,  206,  207, 
Baslard,  I,   86,    131,  208,    370. 

11,60,  91,  116,  129. 

740,  142,  200,  223, 

237,242. 

—  sieur  de  la  Melléziêre, 

I,  273,  II,  205. 


297  — 


Baslien  fJehan),  II,  83. 
Baston  (Jacques,  II,  50. 
Baudin,  I,  208,    281.   IL    115, 

116,  117,  1  18. 
Baudoin,  1,  332   II,  60. 
Baugier,  II,  269. 
Bault  (Pierre),  I,  368. 
Baussan,  I,  266. 
Baussan  de  Blanville,  intendant 

(de),  II,  77,  234,  270. 
Beauharnois  (Jehan),  II,  135. 
Bauthéac  (Denis),  I,  44, 
Baullieau  (Hierosme),  I,  177. 
Bazin  (Antoine),  I,  150,  156. 
Beaiiniont  (Jacques  de),  II,   135. 
Beaumont,  intendant  (MoreJu  de), 

I,    333.    II,    267,    277,    281, 

288. 
Beaumont  (Elle  de),  I,  298-300, 

302.  II.  129,  211. 
Beaune  (de),I.  246,  247 
Beauvais,  I,  174. 
Beauvays  (Daniel).  I,  191. 
Beauvoir-sur-mer,  II,  145. 
Begouyn  (de),  I,  24  5. 
Beliard  (René),  II,  242. 
Bellet  (Daniel),  I,  17  4. 
Bellay  (cardinal  du),  II,  26. 
Belle-Isle,  II,  161. 
Belot  (Pierre),  I,  162. 
Benêt,  I,  353.  II,  59. 
Benêt  (Loys),  II,  87. 
Beraud  (Pierre),  II,  99,  207. 
Berault,   I,    19,    163,    243.    II. 
184. 
—       sieur   du  Petit- Vergne, 
I,  50.  II,  147. 
Berland,  I,  121.  II,  137,  139. 
Berlouyn,  sieur  de  la   Vouste,  I, 

342. 


Bernard,  I,  98,  99.  II,  60,  Î57. 

—  Chambinière,  II,    269. 

—  laDucquere,  II,   269. 
Dernier,   I,    15,    76,    99,    100, 

136,    139,  302.   II,  58,    216- 

218. 
Berry  (duc  de),  I,  17,  265,   304, 

305,  310.  II,  133,  142. 
Berryer,  intendant,   1 ,    240.   II, 

277. 
Bertaud,  II,  213,224. 
Berthaud    ou   Berthcau,   1,    147, 

152. 
Bertheiin  (Jehan;,  II,    136,  137, 

173. 
Berthelot,  II,  213. 
Berthon,  I,  157.  II,  60. 
Berthier  de  Pont-René,  1,77,  78, 

104,  107. 
Berthomé(Mathurin),  I,  307. 
Berlin,  I,  40. 

BérulUe  (cardinal  del,  II,  26. 
Berwick  (maréclial  de),    II,  264. 
Besnard  (Abraham),  11.216,217. 
Bidault,  I,  243,  251,326.11,  15, 

138, 
Bien,  I,  27,  386. 
Bigeard,  II,  217. 
Bigot,  I,  268. 

Billard  (Bonaventure),  I,  156. 
Binet,  II,  60. 
Dion,  I,  58,  243,  346. 

—  du  Parc,  I,  58,  89    II, 

60,  64,  73. 

—  curé  de  Notre-Dame,  I, 

99.  II,  55-58. 
Birault  (Gabriel),  II,  60. 
Biroii  (baron  de),  II,  156. 
Bitry  (Gilbert  de),   I,   256,    294, 
372. 


—  298  — 


Blactot,  I,  89.   II,  64,  107,  227, 

228. 
lilanchart  (Loys),  I,  365. 
Blois,  II,  93. 
Blossac,  intendant  (de),  I,  12,13, 

235,  239,258,  337,  339,381, 

402.  II,  50,  51,  57,  193,  194, 

197,  200,  234,235,  257,268, 

290,  292. 
Blouin  ou  Blouyn,  I,  29,  243. 
Boileau  (Jehan),  II,  H. 
Boireau  (Jehan),  I,  179. 
Boislisie  (de),  I,   8,   406.  II,  20, 

190. 
Bompar  (Etienne  'de),    I,    256, 

258, 373,  399. 
Bonifleau,  II,  153. 
Bonin  (Jehan),  I,  154. 
Bonnault  (Pierre),  I,  243. 
Bonnefons  (de),  II,  169-171. 
Bonnet  (Jehan),  II,  85. 
Bonnet  Marendoux,  I,  29. 
Bonneuil-aux-Monges,    I,    238, 

240. 
Bonneval  (de),  I,  89,  90,  II,  60, 

64,  65,  67. 
Bonney  (Etienne   de),   II,   242, 

244. 
Bonnichon,  I,  373. 
Bonnier  (Reyné),  I,  248. 
Bonnin  (Guillaume),  I,  164,  182, 

183. 
Bordeaux,  I,   358.    II,   9,   134, 

165,  20S,  210,  223. 
Bouchain,  II,  264. 
Bouchau  (Jacques),  I,  157. 
Boucher,  I,  152.  II,  59. 
Bouchet,  I,  22,  90,91,  380,  381. 
—       de    Martigny,    I,    381. 
II,  59. 


Boudard  (Pierre),  II,  19. 
Bouhault,   I,  21,    29,  138,  168, 

169,  200,  201,217,  243,  366, 

368. 
Bouhier  (Léon),  I,  225.  II,  136, 

137. 
Bouin,  I,  308.  II,  291-293. 
Bouin  (île  de),  II,  145,  148. 
Bouilli  (Guillaume),  I,  224. 
Boula  de  Nanleuil,  intendant,  II, 

107. 
Boulard  (Jacques),  I,  407. 
Bourdet  (comtesse  du),  II,  55. 
Bourdonnaye    (de   la),    II,    187, 

233. 
Bourgneuf,  I,  148. 
Bourlon,  I,  222. 
Bourriée,  1,  68,  69. 
Boursault,  I,  321,  370.    II,  232. 
—       de  Saint- Vaize,  I,  321. 
Boutet  (Alexandre),  II,  288,  289. 
Bras  (Simon),  I,  331-333. 
Brassac  (de),  I,  289. 
Breffort,   I,  332,   374,   397.   II, 

199. 
Brémond(de),  I,  302,  II,  59. 
Bressuire,  II,  20,  108,  131,  135. 
Brest,  II,  210. 
Breton  (Germain),  I,  160. 
Bretonnière  (comte  de  la),  I,  127. 
Breuil  (du),  II,  186. 
Breuillac  (Emile),  I,  306.  II,  16. 
Briand  (Jean),  II,  23. 
Brienne  (de),  II,  192. 
Brioude,  II,  1  1 1. 
Briquet  (ApoHin),   I,  21,  83,  85, 
88,    104.    282,    284, 
304,    306,    312,    318, 
326,   357,    366,    370, 
403.    II,    19,    80,  81, 


—  299 


Briquet  (Apollin),  87,  109,  114, 

119,135,  165,  244. 

—     (Hilaire-Alexandre)  ,    II, 
53,    -207. 
Brisset,  I,  149,    155,   156,  158, 

168,  198,  211,  215,  283. 

—  s'  de  l'Espineite,  I,  41, 

44,  242,  244,  320, 
321. 
Brispon,   I,  245,  301,  320,  403. 

—  sénéchal  de  Foiiienay, 

I,  265. 
Brissonnel,  I,  48. 
Brochard,  I,  121,  236. 
Brochet,  I,  305. 
Brouage,  II,  239. 
Bruges,  II,  267. 
Brun,  I.  377. 

Brunet,  I.  90,  91,  214,  217,218, 
243,328.11,21,60,  153,223. 
Burick,  II.  261. 
Bussy  (Gilles),  I,  147. 
Butauld,  I,  212. 


Cadillac,  II.  145. 
Cadix,  II,  149. 
Caen,  I,  332. 
Cahuzac(de},  II,  194. 
Caillas  (Jeanne),  II,  21. 
Caillau  (Jehan),  I,  152. 
Caillé,  I,  313. 
Caillet,  I,  36.  II,  104. 
Calixte,  II,  87. 
Galonné  (de),  I,  387,  388. 
Cambrai,  I,  381. 
Cardinal  (Pierre),  II,  287. 
Carillan  (Michel),  II,  126. 
Garlier,  I,  377. 


Carradoux  (Antoine),  I,  307. 
Carrel  (de),  I,  297.  II,  127,  191, 

246, 257. 
Cartault,  I,  369. 
Gassel,  II,  268. 
Cassin  (Pierre),  II,  60. 
Castellane  (comte  de),  I,  127.  II, 

243. 
Castiilon,  II,  134,  164. 
Chabannes  (de],  II,  248. 
Chabot,  I,  94,  170,  173.   II,  44, 

119,  216,  217. 
Chaigneau  (Rent"),  I,  288. 
Chailleau    (Jehan),   I,    19,    152, 
159,  175,  180,  195,  196,  217. 
Chalas,  II,  88. 

Chalmot,  I,  21,  116,  124,  146, 
149,  154,  156,  164, 
165,  169,  170,  174, 
178-180,182-188,189, 
190,  19i,  205,  219, 
221.11,  173,  174. 

—  s'    du    Piiy-Foulard ,   II, 

202. 

—  de  sainte   Ruhe,  II,    48, 

49. 
Chamaillard,  386. 
Chambier  ou  Chanbier,   I,   214, 

342.  II,  15. 
Chamilly  (maréchal  de),  II,  149, 

248. 
Champanois  ou    Ghampaiioy,   I, 

369,  383,   399,  402.   II,  209. 
Champigny  (de),  II,  231. 
Ghandellier,  II.  285. 
Channelin,  I,  265-267,  277. 
Chanson   (François),   I,  221.   II, 

121. 
Ghantecaille,  I,  96.  II,  98. 
Chappenoire,  I,  36. 


300 


Chapron,  II,  154, 

Charau  (Madeleine),  II,  242. 

Chargé,  I,  45,  80,  118,  168, 
221,  222,  243,250,260-262, 
273,  274,  279,  342.   II,   232. 

Charleroi,  II,  266. 

Charles-Quint,  I,  285. 

Charpentier,  II,  252. 

Charrier  (Noël),  II,  294. 

—  de    la   Marcardière,  I, 

95,  100.   II,  98. 
Charrois,  I,  386. 
Charron,  I,  268. 
Charton  (François),  [I,  226. 
Chasteauneuf  (Charles  de),  I,  65. 

—  (Elisabeth  de),  I,  65. 
Chàteau-Gontier,  I,  247. 
Chatellerault,    I,    319,    406.    U, 

131. 
Chatillon  (de),  II,  157,  193. 
Chat-pendu  (pointe  du),  I,  339. 
Chauray,  I,  225,  323.    II,    113, 

114. 
Chauvegrain  (René),  II,  60,   64, 

242,  243. 
Chauvigny,  U,  182. 
Chauvin   (Michel-Jean),    I,    88, 

98,  99. 
Chaville  (de),  I,  296. 
Ghebrou,  I,  91,  94-96,126,311, 
368.  II,  179. 

—  du    Petit-Château  ,    I , 

373.  n,  288. 
Chef-Boutonne,  I,  49.11,  167. 
CherbonneBU,  I,  95,  II,  98. 
Cherpenlier-Charapvallon,  I,  243. 
Chevalier,  I,  73.11,  19. 
Chevallereau,  I,  16.  II,  41. 

—  de  la  Saunerie,  II,  129. 
Ghevillon,  II,  186. 


Chevas  (Pierre),  II,  50,  79. 
Chitton,  seigneur  de  Langnilly,  I, 

65. 
Chizé,  II,  167,  168. 
Choiseul    (duc   de),    I,    296.   II, 

290. 
Civrac  (comte  de),  II,  192. 
Civray,  II,  131,  167. 
Claude,  I,  395,  396. 
Clémenson,  I,    96,  97,    243.  II, 

59,  60,  111,  132,  227. 
Clément,  U,  227. 
Clérambault  (de),  II,  93. 
Clerc,  1,  92.  II,  60,  167. 

—  de  laChâieaudrie,  1,91, 

93,  330.  II,  272. 

—  du  Fief,  II,  284. 
Clisson  (ville  de),  II,  135. 
Clisson    (Antoine),    I,    31,    174, 

197,  198. 
Clochard  (Jehan),  I,  19,  217. 
Clouzot,  I,  365.  II,  16. 
Cochon  (Jehan).  1,219. 

—  du  Puy,  I,  53,  54,  90, 

9i,   254,   368,  370. 

II,  27,  29,.  54,  104, 

209,  226. 
Coezard  (Pierre),  II,  60. 
Cognac,  I,  264. 
Colbert,    I,  229.  II,    240,    241, 

286. 

—  de  Croissy,   intendant, 

I,  229,  284,  320.11, 

232. 
Coligny  (Gaspard  de),  I,  249. 
Colin  (Malhurin),II,  8-10. 
Collet,  II,  25-2,  255,  256,  289. 
CoUon,  1,26.11.  141. 
Combault,  I,  243.  Il,  167. 
Compagnon  dit  Faron  (Jean),  II. 


—  301  — 


97. 

Gompiègne,  I,  74,  234,  329. 

Condé  (prince de),  I,  226.  II,  208, 
222. 
—     (Claude  de),  11,  59. 

Conflans  (maréchal  de),  II,  161. 

Coni,  II,  266, 

Constant,  I,  273. 

Contard,  I,  19,  86,  135,  136, 
140,  167-169,  171,  136,  195, 
196,216,  217. 

Conti  (prince  de),  I,  63,  64,  71, 
316,  317,  329,  330,  II,  44, 
93,  127,  197,  226,  228-231, 
243,245,  247,254,265,  268, 
270,  272,  273,  277. 

Cordier  (Guillaume),  I,  157, 

Gothereau   (Guillaume),   I,    248, 

Coudray  (du),  II,  54,  105. 

Goudrolle  (Marie),  I,  208. 

Goujosme  (Loys) ,  I,  19,  195, 
196,  217. 

Goulon  (bourg  del,  I,  323. 

Goulon  (Pierre),  II,  20. 

Courtion  (Jehan),  I,  157. 

Courtrai,  II,  265. 

Goutocheau,  I,  9,  169,  170,  251. 
II,  123,  237. 

Coutures,  II,  167. 

Goyault  ou  Goyaud,  I,  82,  108, 
215,  342.  II,  25,  84,  165. 

Graon,  I,  150. 

Cressac  (de),  II,  112. 

Grestien  (Toussaint),  I,  163. 

Cronyer  (Guillaume),  I,  165. 

Crosnier  des  Ajots  (François-Ni- 
colas), I,  91.  II,  272. 

Crussol  (de),  II,  169,  171. 

Grnvelier  (Louis),  II,  60. 
—       Prémoussay,  I,  99. 


Cugnac  du  Bourdet  (de),  I,  38 1 . 
Guvier  (Jacques),  I,  288. 
Guvillier  de  Ghampoyault,  I,  76, 
93,  95,  98-100.  Il,  104. 

D. 

Dabillon,  I,  39,  246,   251,  279. 

II,  11,  204. 
Dabiran  (Jehan),  I,  212. 
Dablinseuil  (Martin),  1, 158,  179, 

180. 
Dacier,  II,  169-172. 
Daguin,  II,  94. 
Damien    (Robert-François),    II, 

255. 
Damiens,  II,  103. 
Dampierre-sur-Boutonne,II,  167, 
Daniau,  II,  58. 
Darbez.   1,  259. 
Daubeterre  (Raymond),  1,  19,31, 

199,  207,  216,  217. 
Daviau,  II,  163. 
Dazelie  (Louis),  I,  378. 
Decemme,  I,  90.  II,  59,  06. 
Delacroix,  I,  275. 
Delarue,  dit  l'Américain,  II,  294. 
Délateur,  II,  72,  73. 
Delaunay  (Jehan),  II,  172. 
Delavault  (Michel),  I,  95,  375. 
Delezay,  II,  199. 
Dempsy,  II,  37-40,  74. 
Denain,  II,  264. 
Denis,  II,  28. 
Desaivre  (Léo).   I,    377.    Il,  53, 

54,  127,  242. 
Desbordes,    I,   311.  II,  41,  60, 

170. 
Deshayes     (Jeanne-Nicole ,     II, 

198, 


—  302 


Desmier,  II,  59. 
Desmoulins  (Robin),  II,  167. 
Desprez  de  la  Polterie,  I,  64,  65, 

89,  391.  II,- 64,  65. 
Devillars  (Pierre),  II,  \9. 
Devois,  I.  333,  335,  336.  II,  57, 

248,257. 
Dijon,  II,  248. 
Disleau  (André),  I,  190. 
Doujat,  intendant,  JI,  20. 
Doreil,  I.  249,250.  II,  60. 
Dropsy,  I,  334. 
Dubois  (cardinal',  I,  67. 
Dubourg  (Antoine),  I,  359. 
Duboys  (Jehan),  I,  305. 
Ducrocq,  I,  15,  22,    93,   97-99, 

131,  323,  386. 
Dufour  (Achille),  I,  122. 
Dufranc,  II,  78. 

Du  Guesclin  (connétable),  II,  85. 
Dulac,  II,  287,  290. 
Dupérat  (Balihazar),  II,  1 17. 
Dupin  (baron),  I,  320. 
Dupleix (François),  II,  34,43,  66. 
Duport,  I,  273. 
Dupuis  (Pierre),  I,  162. 
Dupuy,  II,  224. 
Durand,  II,  59,  68. 
Duranteau,  I,  266-270. 
Du  Rocher,  I,  399. 
Duval  (Louis),  I,  39. 
Duvignoy,  I,  261,  270,  278. 
Duvivier  (Jean-Servant),  II,  79. 
Duvolier  (Jehan),  II,  134. 

E. 

Ëchiré,  II,  200. 

Elles,  1,  16.  II,  41,  57,60,  283. 

Ensigné,  II,  167. 


Epesses  (les),  II,  213. 
Escouault  (Richard),  I,  224. 
Esserteau,  I,  158.  II,  59,  73. 

—  de  Ghalusson,    I,    17, 

90. 

—  de  Verruye,  I,  92,  95- 

97. 
Estaing  (comte  d'),  II,  269. 
Estrées    (maréchal   d'),  II,  193, 

209,  247,  248. 
Exireuil,  II,  184. 


Faifeu,  II,  134. 

—       (Geoffroy),  1,8,  18,  19, 
29,32,36.107,110, 
112,  121,  246,  312, 
365.  II.  208,  236. 
Faiolle  (de  la),  II,  174,  175. 
Faudry,  I,  37. 

Faultré  (Antoine)  I,    82,  83. 
Fautret  d'AUeret    (Antoine) ,    II, 

ÔO. 
Favre  (Léopold),  1,305.  II,  263 
Favriou,  I,  382. 
Félix,  II.  63. 

Feltounn  (Guillaume  de),  I,  318. 
Féret  (Dominique),  II,  87. 
Ferré,  I,  58,  243.  II,  60 
Ferté-sous-Jouarre  (la),  II,  165. 
Flandin  (de),  I,  39. 
Flavigny   (comte    de),    II,    193, 

194. 
Fleury,  I,  309,  392,  393.  II,  58. 
Follet  de  Sainte-Ouenne,  I,   90, 

93,  94,  96.  II,  59. 
Fonsobre,  I,  262,  263. 
Fontaines,  II,  167. 
Fontarabie,  II,  264. 


—  303 


Fontenay-le-Gomte,  I,  114,  265, 
310,  319,  375,  386.  II,  10, 
H3,  131,  137,  144,  154,170. 
171,  175,  205. 

Fonteneau(Dom),I,  304,11,294. 

Fontenelle  (de  la),  II,  121. 

Fontenelles  (les),  1,  326. 

Fontenoy,  II,  266. 

Forbonnais,  I,  229. 

Forget  (Bertrand),  I,  210. 

Fors,  I,  245,  309. 

Foucaud  (de),  II,  177. 

Foucault,  intendant  (de),  II,  188. 

Fougères  (marquis  de),  II,  150. 

Fourest  (Jehan),  II,  12. 

Fourestier  (Pierre),  II,  19. 

Fournier,  I,  163,  176,  177,  182, 
183,  342. 

—  Vadepied,  II,  126. 
Fourré  (Jehan),  I,  208. 
Foye-Monjault,    II,     135,    174, 

213. 
Fradet  (Loys),  I,  190. 

—  sieur  de  Saint-Uenis,  l, 

52,  53, 
Fradin,  I,  91,  212,  216.   II,  60. 
Fraigneau,  I,  97,  367,  368,  371. 

II,  199. 
France,  I,  125,  126,  152. 
François  (Pierre),  I,  243. 
Frappier  (Alphonse),  I,  391. 
Freuiin,  1,  332. 
Freteau  ou  Fretault,  I,   370.   II, 

290-292. 
Froget  (Louis),  II,  294. 
Fulgence,  II,  90. 

G. 

Gabriaud  de  la  Gastière,  II,  126. 
Gaillard,  II,  10,  165. 


Galipault,  II,  73. 

Gallet,  s^  de  la  Roche,    I,    205, 

219,  251.  11,232. 
Gallois  (Jean  Baptiste  du),  II,  72. 
Galonde,  I,  311. 
Galuché  (Pierre),  I,  184. 
Garnaud   ou    Garnault,   I,    116, 

206.  II,  177. 
Garnier,  L   58,  309.  II,  173. 
Garendeau  (François),  II,  60. 
Garran  (Jean),  I,  40,  68. 

—       do  Balzan,  II,  263. 
Gaschet  (Abraham),  I,  8,  19,  21, 
31,   81,   108,    109,  113,  114, 
122,  134,  145,  146,  190,  199, 
202,  203,  283,284,  286,287, 
308,338,  366.  II,  16,  85,  91, 
117,  141. 
Gasnier(Josué),  I,  122,  202,  203. 
Gascougnolles,  II,  163. 
Gastaud  ou  Gastault,  I,  148.  II, 
14-17,  19,  21-26,  30,  31,  36, 
37,  83,  89,  222. 
Gaslavoyne  (Jacques),  II,  83. 
Gaucher,  II,  165. 
Gaudé  (Noël),  I,    166,  167,  190. 
Gaugaing  ou  Goguyn,  I,  84,  126, 

243,  244,  368.  II,  15,  29. 
Gaultier,  I,  395,  397.  II,  60,  96, 

105,229,230. 
Gavarres  (de),  II,  171. 
Gayolle,  I,  326. 
Gazeau  (de),  I,  118,  119. 
Gendrier,  I,  257. 
Gentilleau,  II,  191,   192. 
Geoffroy,  I,  384. 
Georgainnes,  I,  326. 
Gerbier,  I,  323,  346. 

—       de  Mornay,  I,   90,  91. 
II,  59,  63. 


—  305  — 


87, 

n, 


I, 

52, 
93. 


50, 

n, 


Gerbier  de  Sazay,  I,  92.  II,  193. 
Germond  (bourg  de),  II,  242. 
Germond  (d"«  de),  II,  288. 
Gigault  (Jean),  II,  60. 
Girardière  (dame  de  la],  I,  351. 
Giraiid,  I,  152.  II,  177,  287. 
Giraudeau  ou  Girauldeau,   I, 

136,  137,  139,  141,   216. 

138,  169.  205,  213. 
Girault  (Benesl),  1,  248. 
—       s''    de    Gourfailles, 
136,  147,  148,  1 
154-158,   160,   1 
11,216. 
Goizet,  II,  289,  290. 
Gorrin,   I,   80,     137,     147-1 

152-156,  158,    195,   271. 

289. 
Gouloen  (Olivier),  I,  19. 
Goupillière,  I,   121. 
Gracier),  I,  9. 
Granet  (Mariin),  I,  162. 
Granges  de  Surgères  (de),  II,  289. 
Grasse  (amiral  de),  II,  269. 
Gravet,  I,  24. 
Gray,  II,  262. 
Grenade  (la),  II,  269. 
Grignon  (Pierre),  I,  351 . 
Grimault  (Bastien),  II,  1 1  6. 
Grivault  (François),  II,  290,  291. 
Groyer  (François),  I,    145,    151- 

153,  163. 
Gruzelier  (Lucas),  I,  184. 
Guasialla,  II,  264,  267. 
Guérineau  (Nicolas),  1,  243. 
Guerrier  (Antoine),  I,  44. 
Guichard  (Jehan),  I,    158,   173, 

283. 
Guignard,  I,  272,  273. 
Guilhem,  II,  165. 


Guillaudeau,    I,    92,    370,    371, 

374.  II,  30,  60,  196. 
Guillemeau,  I,  301 . 
Guillot,   I,    270,    272,    273,  II. 

163. 
Guilloteau  (Jehan),  11,  236. 
Guilton,  I,  150 
Guyard,  I,  265. 

Guyot,  I,  84,  361.  II,  85,  232, 
233. 

—  Sabiron,  II,  85. 

H. 

Hambourg,  I,  35. 

Hay  (Antoine),  II,  207. 

Hawke,  II,  161. 

Herbaud  (François),  I,  205. 

Hersj  (veuve  de  1'),  II,  199. 

Hersent,  sgr  du   Fief-Goirault,  I, 

375. 
Hersant  (André),  I,  208. 
Hilaire,  II,  64. 
Hiilairé  (Moïse),  I,  184. 
Hillairet  (Marie-Anne),  II,  290. 
Hillerin  (Jean),  II,  187. 
Hodoul,  n,  38. 
Hoguette  (Hardouin  Fortin  de  la), 

II,  249. 
Hoissard,  II,  189. 
Hospiial   chancelier  de  I'),I1,  12. 
Houmeau  (de  1'),  I,  73. 
Hubert  (Jean-Gille),  I,  311. 
Hublet,  II,  178. 
Huguet,  1,  308.  II,  58. 
Hugueleau,  I,  84,  229,368,370, 

382,  384,  393,  394. 

n,  224. 

—  de  Chaillé,   I,  91,  98, 

99.  H,  60. 


305  — 


I. 

Isambert,  I,    351,    352.  II,    12, 

165,  179,  204. 
Issenbourg  (prince  de),  II,  268. 


J. 


Jacob  (Abraham),  I,  162. 

Jacquin,  I,  303. 

Jamin  (Isaac),  I,  170,  171,  211, 

212. 
Janerot,  I,  334. 
Jau,  I,  121.  II,  213,  216-218. 
Jamomieau   (Thomas),    II,    216- 

218. 
Jarrie  (de  la),  II,  244. 
JoUy,  I,  213,  214,  264,  271. 
Joubert,  II,  153. 
Jouhot  (Michel),  II,  60. 
Jourdan  (Jehan),  II,  83, 
Jouslain  (iMalhurin,  II,  139. 

s^  de  iMérillé,  I,  10,24, 
50,  125,  126,  128, 
130,  132,  312,  352, 
368.  II,  165,  185, 
282. 
Jousiard,  s""  de  Fontmort,  I,   83. 

II,  193. 
Jousseaume,   I,    154,    166,  182, 

211.  II,  146. 
JousseHn,  II,  59,  226,  227. 
Joyeux  (Guillaume),  II,  167. 
Juilly,  II,  44. 
Juin,  II,  60,  63. 

—  du  Clouzy,    I,   93.  II, 

281. 

—  de  la  Giraudrie,  I,  94. 

II,  44,  98. 


K. 

Knoque  (la),  II,  266. 

L. 

Labbé   (Philippe),    I,     145-148, 

151-157,  159-166,  171,   172, 

175,  176,  179,  180,  182-186, 

188-190,  196,  308. 
Lac  (du),  II,  192. 
Lafilon,  I,  90,  92,  276,  277.  II, 

30,  59,  60,  272. 
Lafleure,  I,  336. 
La  Fortune,  1,24.  II,  186. 
Laidin,  I,  385. 
Laiguillier,  II,  177. 
Laine  (Catherine),  II,  291. 
Laleu,  II,  158. 
La  Reynière,  I,  405. 
Largeau  (Pierre),  I,  347. 
Largeault  (Alfred),  I,    295,    339, 

377,  400.  II,  57. 
Laroche,  II,  145. 
Lassara(de),  II,  243. 
Latouche  (René),  II,  291,  292, 
Latour,    intendant  (de),    I,   233. 

II,  69,  71,  72,  210,  234. 
Laubinerye  (de),  I,  148. 
Laurence,  II,  211. 
Laurens,    I,   42,    44,    46,    112, 
171,    250,    260.  II, 
121,  207,  231. 
—       &"■  d'Escuré ,    Il ,    121, 
207,  231. 
Laurière   (de),  I,  301.   II,   185, 

186. 
Lavardin  (de),  II,  214,  215. 
Lavedau  (de),  II,  251. 
LavoUée,  II,  loi. 


20 


306 


Lavoyne  (Jehan),  I,    191,  192, 

286. 
Laydet,  I,  224.11,  134.  - 
Law,  I,  23.  II,  70. 
Lawfelt,  II,  266. 
Leballeur,  II,  162. 
Leblanc,  II,  38. 
Lebrun,  I,  309. 
LeClerc,  II,  47,  50,51,  79. 
Lecomte  (François),   I,    92,    93. 

II,  272. 
Lecourt  (Joseph),  I,  347, 
Leczinska  (Marie),  II,  253. 
Leduc,  I,  48. 
Lefebvre,  I,  386. 
Le  Franc,  I,  267.  II,  57. 
Legay,  II,  92. 
Lemoine  ouLemoyne,II,83, 151, 

173. 
Le  Moret,  I,  362. 
Le  Nain,  intendant,   I,  70,  73, 

103,  329.  II,  234. 
Lenoir  (Sébastien),  I,  91,  92.  II, 

272. 
Lens,  II,  239. 
Lepeultre,     s''   de   Santonne,    I, 

230,  322,  323. 
Le  Riche,  II,  120. 
Le  Roy  (Jean),  I,  243. 
LescoUe  (Guillaume  de),  I,  341. 
Létang,  II,  199. 
Le  Vasseur,  1,  276. 
Levrault  (François),  I,  288. 
Lévy  (François),  I,  308. 
Lhonoré,  I,  332. 
Ligny  (ch"  de),  I,  293. 
Limoges,  I,  358. 
Loches,  II,  126. 
Lohéac  (de),  II,  164. 
Loudun,  I,  39. 


Louveau,  I,  243,    383.   II,    59, 
179,  186. 
—       s""  de  Maire,  I,  368. 
Louvet,II,  159. 
Louvois  (m'^  de),  II,    143,    151, 

286. 
Loyseau  (François),  II,  219. 
Lucas,  II,  8,  9,  58. 
Lucet  du  Buisson  (de),    I,   255, 

329. 
Luçon,  II,  147. 
Lude  (Guy  de  Daillon,   c*^  du),  I, 

285.  II,  118,  119,  155,    172- 

175,  214. 
Lusignan,  II,  209,  210. 
Lutzberg,  II,  268. 
Lyon,  I,  19,358.11,  136,  138. 

M. 

Macault,  I,  351.  II,  213. 

Macé,  II,  59,  73,  226. 

Madien,  II,  29,  39,  59,  60,  209. 

Maëstricht,  II,  261. 

Magen  (Adolphe),  I,  358. 

Magné,  [,  245.  II,  94. 

Maignen,  II,  114, 

Maine  (c*^  du),  II,  208. 

Malherbe  (CaUxte),  I,  262,  265- 
267,  269,  277. 

Malicorne  (Jean  de  Ghourses,  s"" 
de),  I,  116,  147,  178,  221, 
II,  121,  214,  215,  236. 

Mallet,  I,  274. 

Manceau,  I,  19,  42,  43,  109, 
113,142-144,  204,  205,  208, 
218,  226,  337.  II,  250. 

Mandeau,  I,  305. 

Mangou,  I,  243.  II,  60. 

Mangot,  II,  231. 


I 


—  307  — 


Mans  (le),  I,  406. 

Manzoni,  I,  358. 

Maquère,  1,  258. 

Marans,  I,  324.  II,  157,  185. 

Marchet  du  Vignaud,  II,  269. 

Mare  (de  la),  I,  24,  26,  297.  II, 

92,  93,  127,  243,  245,  246. 
Marfée  (la),  II,  157. 
Marie-Antoinette,  II,  258. 
Marienbourg,  II,  243. 
Marigné  (Jehan),  I,  160. 
Marillac,  intendant  (René  de),  I, 

125,  126,  230,  231,   322.  II, 

30,   93,   95,   143,   233,    180- 

185. 
Marnésia(de),  II,  192. 
Marin,  I,    178,   180,  187,   264, 

367. 
Marionneau   ou    Maronneau ,    I, 

109,   253,  262,  279.   II,  25, 

206. 
Marot  (Louis),  II,  60. 
Marsac,  I,  10,  55,  243. 
Marsault  (de),  I,  xd3. 
Marsault  (Louis),  I,  56. 

—       s''  de  la  Cailletière,  II, 
227. 
Marsiilac  ou   Marsillacq,  I,   36. 

II,  167,  168,  262. 
Martin,    I,    35,   93-95,  99,  165, 

354,  377.  II,  60,  129. 
Massé,  I,  17,  90,  91. 
Masson,  I,  208.  II,  64. 
Mathé,  II,  262. 
Mathieu,  I,  379,  401. 
Matignon  (comte  de),  I,   25,  26, 

71.  II,  248. 
Maugard,  s""  de  Freteau,  I,   168. 
Mauléon,  I,  319. 
Maupassant  de  Verdauché,  I,  77, 


104,  107. 
Mayner  (Jean),  I,  121. 
Mazarin   (cardinal),    I,    40,    48, 

228. 
Médicis  (Catherine  de),  II,    208. 
—       (Marie  de),  I,   226.  II, 
231,  250. 
Meilhan  (M-^^de),  II,  290. 
Meilleraye  (maréchal  de  la),   II, 

176. 
Melonnière  (de  la),  II,  186. 
Melle,  n,  208,  210. 
Menin,  II,  265. 
Menjot  (Jehan),  I,  202. 
Méreste  (Pierre),  II,  252. 
Merindol  (Jean),  II,  72,  73. 
Méry  (Jean),  II,  207. 
Meslier  (Toussaint),  I,  208. 
Mesmin  (Jean),  I,  243. 
Messine,  II,  144. 
Mestivier  (Jehan),  I,   llO,  260, 

261. 
Mestreau  (Jean),  II,  60. 
Metz,  II,  254,  277. 
Mézère,  s''  de  la  Rivière,   I,  342. 
Michel,  II,  215. 
Midu  (Jehan),  I,  342. 
Migault,  I,  243,  397. 
Migné,  II,  223. 
Migon  (Pierre),  I,  218. 
Milan,  I,  358. 
Mirabeau,  II,  112. 
Miromesnil,    intendant    (de),    I, 

406.  II,  143,  233. 
Moisnard  (Mathieu),  II,  250. 
Moisnier,  II,  58. 
Mongerie  (de  la),  II,  154. 
Mongin  de  la  Rivière,  II,  202. 
Monnet  de  Lorbeau,  I,  298. 
Monnin,  I,  64. 


—  308  — 


Mons,  II,  266. 

Montauban,  I,  321. 

Monteil  (Gilles-François  de),    II, 

72,  73. 
Montfalcon    (M arc- Antoine   de), 

II,  246. 
Montliolon,    intendant  (de),    II, 

231,  232. 
Montmorillon,  II,  131. 
Montpezat    (de),    II,    165,    168, 

169. 
Moraynes  (Guillaume  de),I,  338. 
Moreau,  I,  308,  330,  368. 
Moriceau,  T,  35,  74,94-96,  319, 

330,  353, 354,  375,  383, 399. 

II,  44,  162,  193. 
Morin,  I,    191,    192,   254,  286, 

404.  II,  177. 
Morisset,  II,  192. 
Mortmartin  (de),  I,  52,  53. 
Motard  (Jehan),  I,  245. 
Mothe-S'«-Héraye  (la),  II,   135. 
Mougon,  II,  167. 
Mullot  (Jehan),  I,  264. 
Munden,  II,  268. 


N. 


Nantes,    II,    18,    88,    93,    126, 
203,  207,  210,  247,290,291. 

Naud,  I,  316. 

Naudin,  I,  354. 

Nauleau  (Michel),  I,  160. 

Navailles  (Philippe  de  Montaut 
de  Bénac,  duc  de),  I, 
52-54,  254,  291,  318. 
II,  102,  104,  125,  143, 
235,  239-245,  251, 
262. 
—     (marquis  de),  II,  102. 


Navailles  (duchesse  de),  II,  103. 
Navarre  (Julien),  1,  165. 
Nayde  (Hugues  de),  I,  241. 
Neau  (Gaspard),  II,  233. 
Neuillan   (Charles   de   Baudéan , 

baron   de),    I,   253.    II,    123, 

238,  239. 
Neveux  (Jean),  I,  343,  353. 
Nice,  II,  265,  266. 
Nimègue,  II,  262,  263. 
Niort  (François  de),  I,  37. 
Noailles  (maréchal  de),    II,   265, 

266. 
Noël  (Jacques),  I,  135,  137,  142. 
Noblet,  JI,  79. 
Noirmoutiers,  II,  143,  145. 
Nolleau  (Michel),  I,  162. 
Nossay  (Jehan  de),  II,  10. 
Noubel,  I.  358. 
Nouel  (Jacques),  II,  218,  219. 
Nouhe  (Benjamin  de  la),  II,  216, 

217. 
Nouyon  (Nycolas),  II,  117. 
Novion,  I,  212. 
Noyer,  s^  de    la  Rose  (Jacques), 

I,  318.  II,  244. 
Nyeul  (Jehan),  I,  29. 


o. 


Ocheron  (François),  I,  173. 

Oiron,  II,  223. 

Oléron  (ile  d'),  I,  324.   II,  143, 

150. 
Olivier  (Pierre),  I,  305. 
Ollivier  (Denis),  II,  252. 
Omily,  I,  272. 
Orléans,  I,  72.  II,  12,  13. 
Orléans  (duc  d'),  II,  128,  231. 
—       (Dianed'),II,229, 230. 


—  309  — 


Ormes  (les),  II,  289. 
Orry,  I,  102. 
Orsoi,  n,  261. 
Oudenarde,  II,  267. 
Ouïmes,  I,  319. 

P. 

l>aën  (Pierre),  I,  225. 

Paire,  II,  163. 

Paire  (Jacques),  I,  335,  373,  382. 

Paizay-le-Chapt,  II,  1G7. 

Pageau  (Nicolas),  II,  83. 

Palustre,  I,  91,  96.  II,  59. 

—  de  Boisne,  I,  97. 

—  des    Bonnatières,     II, 

269. 
Panisson  (Mathieu),  I,  350. 
Panvillier,  II,  109. 
Paquinet   ou  Pasquinet,  I,  386. 

II,  276,  277. 
Parabère  (de  Baudéan  de),  I,  43, 
147,    165,   174,    228, 
287,288.  II,  121,' 123, 
143,    201,    203,    215, 
220,    221,    225,    226, 
232,  235-239,  261. 
—     (Suzanne  de),  II,  239. 
Paradis,  II,  42. 

Pardaillan    (Henri   de   Baudéan, 
baron    de),    I,   244.   II,    221, 
223,  225,  237,  238. 
Paré  (de),  I,  265,  274. 
Parme,  11,267. 

Parthenay  (ville  de),  I,  209,  213, 
227,  406.  II,  131,    171,   175, 
204,  207,  232. 
Parthenay,  I,  126,  133.  II,  282, 

283. 
Pasquier,  I,  368. 


Pastureau,    1.    108,    115,    248, 
273.396,  398. 

—  s*"  de  la   Roche-Quar- 

taull,  II,  121. 

—  s""  de    Vaulmoreau,  I, 

273. 
Paule  (Augustin  de),  II,  37. 
Paulraier  (Michel),  I,  154. 
Paulmy  (de),  I,  295. 
Payan  (François),  II,  34,  37,  65, 

66,  68,  73, 
Pellerin,  I,  86.  II,  63,  64. 
Pelletier,  I,  279.  II,  60,  232. 

—  du  Nizeau,  I,  90. 
Pellot,  intendant,  I,  320,  321. 
Penne  (Arbert  de  la),  I,  241. 
Pérault,  I,  90.  U,  58,  60. 
Pein  (François),  II,  167. 
Péronne,  I,  151. 

Pérot,  I,  205,  II.  60. 
Perpignan,  II,  260. 
Perrain  (François),  II,  10. 
Perret,  II,  241. 

—  duCoudray,  I,   12-14, 

75,  97. 
Perrin,  I,   19,    121,  208,    351, 

352. 
Perrotin  (Antoine),  II,  116. 
Pervinquière,  I,  301. 
Petily  (de),  I,  25. 
Pezay-le-Yieux,  II,  100. 
Philippe    V,    roi   d'Espagne,  II, 

209. 
Picaud  (Jehan),  11,232. 
Pichoireau  (Bernard),  I,  308. 
Picot,  I,  119. 
Picquet,  I,  49. 

Pierre-Levée  (Jacques  de  Chas- 
teauneuf,  s'  de),  I, 
12,    26,  58,    61-63, 


-  310  — 


65,  66,  80,  85,  86, 
127-129,  254,  292, 
313-315,  362  II, 
30,  31  ,  59,  148, 
149,  187,  228,  234, 
243-245,  248. 

—  (de),  II,  191,  192. 
Pied-de-fonds,  II,  120. 

Piet,  I,  94,  126,  243,    325.    II, 
44.  60,  287. 

—  Berton,  I,  76,  79,  95, 

99,  100,  237-302. 
11,44,  129,  259. 

—  Bois-neuf,  II,  129. 

—  Lataudrie,  11,242,253. 

—  s^    de    Pied-Fond,    I, 

379.  II,  146,  226. 

—  Pijouy,   I,  7(5.  88,  98- 

100,  302. 

—  du  Plessis,  I,  258. 

—  Roc-Espine,  I,  100. 

—  Rocheteau,  I,  99. 

—  du  Vignaud,  I,  90.   Il, 

129. 
Pigeot(Mathurin),  I,    138.    140, 

168. 
Pillot  (Jacob),  II,  60. 
Pin  (du),  II,  207. 
Pineau  (David),  I,  122,201,202. 
Pinet,  II,    59,  285. 
Pinon,  intendant,  II,  234. 
Pinoteau,    I,  256,   347.   II,   58, 

258. 
Piou  (Jehan),  II,  134. 
Pitault,  II,  196. 
Plaisance,  II,  267. 
Planchon  (Jehan),!,  109,  207. 
Pluviault  ou  Puyviault,  II,    118. 
Poisson,  II,  43. 
Poitevin  du  Linon  (François),  I, 


41,  73. 
Pomet  ou  Pommet,    I,    387.    II, 

294. 
Pomélie   (Brusclmrd   de    la),    I, 

297,384.  II,  127,  246. 
Ponchon  (de),  I,    255,  330-332. 

II,  96. 
PontarHer  (François),  II,  38. 
Ponlbriant  (Pierre  de),   II,  235, 

236,  246. 
Popelinière  (la),  II,  1  19. 
Porl-Mahon,lI.  268. 
Potier  de  la  Foucaudière,  I,  96. 
Poudret,  II    59,  196. 

—       de  Sevret,  1,  99. 
Pouleau  ou  Poulot,  II,  41,  42. 
Poupart  (René),  I,  162. 
Pouzauges,  I,  310. 
Prahecq,  II,  8. 

Praslin  (maréchal  de),  II,  177. 
Préville   (Morin  de),   I,  25,   26. 

II,  243.  245. 
Prévost  (M°^),  I,  320. 
Prévosteau,  I,  377. 
Prioleau,  I,  76,  92,  ^13,  97,  100, 
107,    239,  324.  II,    52,    272, 
281. 
Prochasson,  I,  123. 
Proust  (Jean),  II,  287. 
Prugnier,  II,  93 . 
Pugnet  (Jean),  I,  243. 
Puycerda,  II,  262. 
Puy-du-Fou  (du),  II,  140,  212. 
Puyguyon  (de),  II,  241,  242. 

Q. 

Quaissot  (Joseph,  II,  37. 
Quesnoy  (le),  II,  264. 


311  — 


R. 

Rabot,  II,  63. 

Rabreuil  (de),  II,  110,   111. 

Racapé,  I,  149,  240. 

Rade  (de  la),  I,  90,  328. 

Raiinbaux    (Jean),    I,    255-259, 

324. 
Ravallon,  II,  63. 
Ravaud,  I,  395,  396. 
Raucoux,  II,  266. 
Ré  (île  de),  I,  127,  324.  II,  143, 

148, 150. 
Réaumur    (Ferchault  de),  I,    35, 

310,311. 
Rebouché  (Jean),  I,  122. 
Regnauld  ou   Regiiault,    I,  205, 

219,  368.  II,  217,  232. 
Régnier,  II,  17  3. 
Reims,  II,  257. 
Remilion  (Adrien),  I,  57. 
RenaudEliçagaray  (ch'^'"),  II,  34. 
Renaudeau.  l,  :i&. 
Renaudol  (Théoi)hraste).  II,  282. 
Renouveau  (Loys),  I,  178. 
Reys  (Martial),  II,  10. 
Rheinberg,  II,  261. 
Ribonnet  ou  Ribonnot,   I,   251- 

253,  374.  II,  285. 
Ricard  (de),  I,  294,  295,  372. 
Richebourg,  intendant  (de),  I,  62. 
Richelieu    (cardinal    de),    I,    48, 

51,  228.  II,  141,  231,  241. 
Richerou  Richier,  I,    109,   120, 

122,  243. 
Ripault  (Daniel),  I,  37. 
Riset  (Magdeleine),  I,  156. 
Rivet  (Pisrre),  II,  262. 
Rivier  (Jean),  II,  285. 
Rivière  (la),  I,  140. 


Rivollet,  II,  60. 

—       s'  de  la  Guignaudière, 
1,291.  II.  146-148. 
Riswick,  II,  263. 
Roanez  (duc  de),  II,  223,  224. 
Robert,  I,  24^,  27  7.  II,  83,242. 
Robichon,  I,  265,  267. 
Robin,  II,  53. 
Robouam,  I,  86. 
Roche  (Pierre  de  la),  II,  212. 
Roche-Esnard  (de  la),  I,  351. 
Rochefort  (Louis  d'Aloigny  de), 

II,  222. 
Rochefort-sur-mor,  I,  310,  324, 

399,  402.   II,    44,    127,    150, 

161,200,  210. 
Rochefoucauld  (de  la),    II,    119, 

167,  204,  222,  223. 
Roche-Guyon   (de   la),   II,   137, 

139. 
Roche-Pozay  (Chasteigner  de  la), 

II,  26. 
Rocroy,  II,  125,  260. 
Rogié  (François),  I,  170,  171. 
Rohan  (duc  de),  I,  289.  Il,  220, 

221,  223,  232. 
RoUin,  II,  43. 
Romagné,  II,  104. 
Roman,  II,  52 
Roses,  II,  260. 
Rossignol,  I,  239. 
Rouaille  de  la  Rabrie,  II,  129. 
Rouen,  1,35,  208,  267,  276.  II, 

126. 
Roufia  (marquis  de),  II,  151. 
Rouget,  I,  12,  14,  30,  74,  92,94, 
97,  230,   231,   314, 
362,399.11,  43,  44, 
54,  98,  224. 
—       de   Gourcez  (Mathieu), 


—  312 


I,  14,  76,  77,  79, 
91,  92-100,  293, 
302,  381.  II,  55. 
108,  127,  129,  192, 
199. 

Rouillé,  I,  204.       . 

Rouillé,  intendant  (de),  I,  231. 

Rouleau,  II,  257. 

Rousseau,  I,  126,214,  215,246, 
247.  II,  213,  224. 

Rousseau  (Pierre  du),  II,  117. 

Roussel,  I,  258. 

Rous.set  (Camille),  II,  143,  144, 
151. 

Royrand  (Nicolas),  I,  246. 


S. 


Sables  d'Olonne  (les),  I,   127.  Il, 

131,  147,  148. 
Sabourin,  I,  91,  279.  II,  60,  G3. 
Sacher,   I,   151,  170,  2!0,    342. 

II,  205,  237. 
Sagnier  (Claude),  I,  150. 
Saillant  (Jacques),  I,  383. 
Saintes,  II,  110,  111,  158. 
Sainte-Colombe  (de),  I,  174. 

—  Gemme,  II,  147. 

—  Hermine,  II,  172. 

—  Pezenne,   I,  309,  323. 

II,  183,  184,  242. 
Saint-Aulaire    (Françoise  de),   I, 
138, 168. 

—  Gelais,  I,  81,  114,212. 

Il,  26,  120,  236. 

—  Georges  (comte  de),  I, 

127. 

—  Georges,  sgr  de  Yérac 

et  Couhé,  II,  139. 

—  (Germain  de),  I,  204. 


Saint-Ghislain,  II,  266. 

—  James  (de),  II,  175. 

—  Jean-d'Angély,   I,    33, 

225,  245,  388.  II, 
123,  201,  206,  209, 
210,  291. 

—  Jean  de  Luz,  H,  251. 

—  Liguaire,  I,    187,  197. 

II,  110. 

—  Maixent,    I,   43,    178, 

215,  224,  244,  264, 
319.  II,  10,  113, 
131,  153,  154,  172, 
175,  184,  222,  237, 
249. 
Saint-Malo,  I,  8. 

—  Marc  (Camille),  I,  326. 

—  Marc-la-Lande,  I,  247. 

—  Martin,  I,  325,  398. 

—  Martin  (Jehan  de),   II, 

168. 

—  Maxire,    I,    318,    353. 

il,  il3,  114. 

—  Michel-en-l'Herm  ,    I , 

314. 

—  Paul  (de),  II,  195. 

—  Pardoux,  II,  160. 

—  Pol,  duc  d'Estouleville 

(de),  II,  172,  174. 

—  Remy,  I,  323.  II,  113, 

114. 

—  Sébastien,  II,  264. 

—  Symphorien,  II,  135. 

—  Thomas  de  Croisé,    II, 

26. 

—  Vianne(de),  I,  264. 
Sainton    (Pierre),    I,    331,    343. 

347. 
Sallard,  II,  282. 
Sarrasin  (Pierre),  I,  243. 


—  313 


Sarreau  (Jacques),  II,  173. 
Saulquet,  I,  386.  II,  266. 
Saumur.  I,  319.  II,  93. 
Savarit  (Jean),  II,  70. 
Savignac,  I,  39,  189,  190,  243. 
II,  41,  150,  215. 

—  (de),  II,  237. 

—  de   la  Brumaudière,  I, 

391.  II.  59. 

—  du  Pissot,  I,  243,  321. 

—  des  Roches,  I,  90.    II, 

59. 

—  du  Vieux-Fourneau,  I, 

262.  II,  202,  204. 
Savignon  (Audet),  II,  212. 
Saxe  (maréchal  Maurice  de),  II, 

265. 
Secondigny,  II,  160. 
Sedan, I,  8,  17. 
Ségur  (maréchal  de),  II,  247. 
Senne  (François),   I,  181,    182, 

184,  185,  199. 
Sennectercft   \markbai  ii-) ,  II , 

128.,  150,  162,  164,  196,  197. 
Sergent  (Pierre),  II,  91. 
Serjent  (Daniel),  I,  208, 
Serraud,  II,  256.  • 
Servant  Duvivier  (Jean),  II,    50. 
Sevreau,  I,  136,  140,  205-207. 
Siecq,  I,  27,  28,  323. 
Simon,   s""  de  la  Figuerasse,   II, 

202,  204. 
Simord,  s""  de  Vanves  (Jacob),  I, 

221. 
Soissons     (Louis-   de    Bourbon, 

comte  de),  II,  157-159. 
Soubise  (prince  de),  II,  268. 
Souche,  I,  340,  353. 
Soulard,  dit  la  Vigne,  II,  242. 
Soullant,  I,  81,  305. 


Soullet  (Estienne),  I,  173. 

Suire,  II,  163,  253. 

Sully  (marquis  de  Rosny,  duc  de), 

I,  113,  221.  II,  121,214-220, 

223. 
Surgères,  I,  191. 
Surrault,  I,  362. 
Sylvain  (Hubert).  II,  9. 
Symon,  I,  39,  42,  212,  249. 
Symonnet  (Antoine),  II,  7. 

T. 

Tabago,  II,  269. 

Taillefert,  II,  60,  129. 

Talmond,  II,  145. 

Tardi,I,  351. 

Tarquex  (Guillaume),  I,  21,29, 

32,  81,   107,  112,  121,  246. 

305,   365.   II,    85,    87,    134, 

208. 
Tartax  (Jehan),  II,  83. 
Talin  (Jehan),  II,  1  16. 
Tauxier  (Jehan),  I,  174. 
Taveau  (Guillaume),  I,  224. 
Teille  (Philippe),  I,  243. 
Tendron  (Jean),  I,  29. 
Terrai  (abbé),  I,  75,  237. 
Tesson  (de),  I,  52. 
Testefolle,  II,  146. 
Texier,  I,  142,   159,   160,    162- 

167,  169,  172,  173,  175-178, 

188,  195,  199,  205,  210-212, 

219,  243,  359.  II,  19,  220. 
Thebault,  II,  164. 
Thelouse,  I,  325. 
Thilloye,  I,  35. 

Thomas  de   la  Chapelle,   I,    89, 
328.   II,   60,  64,  228. 

—     du  Fief-Mauzay,  II,  45. 


—  -ôlk  — 


Thibault,  I,  43,  44,  50,  57,  59, 
60,  73,  74,  84,  86, 
92,  96,  116,  195,  198, 
221,  243,  244,.  279, 
370,  383.  II,  59,  63, 
129,  164,  165,  179, 
199,  209,  237,  272, 
281. 
—  de  Boutteville  (Pierre) , 
I,  M,  24  ,  37,  73  , 
74,  89,  90,  92,  292, 
334.  II,  30,  60,  63, 
86,  148,  149,  272. 

Thoreau,  II,  26. 

Thouars,  I,  319,    401,    402.    II, 
131,  167,  175. 

Tiffardière  (la),  I,  140,  205-207, 
339,  341. 

Tison  (Héliot),  I,  317,  318. 

Tonnay-Charente,  II,  163. 

Toucquard,  II,  17. 

—  s""  de  r  Herse  (Gamaliel), 

I,  342.  11,  217. 
Touppe  (Jacques),  I,  19. 
Tour  du  Pin  (de  la),  II,  130. 
Tournai,  II,  261. 
Tours,  I,    43,    114,    150,    156, 

220,  221,  316,  406. 
Touzelet,  I,  3S5. 
Tréxoille  (delà),  II,    167,  169, 
172,  174. 

—  marquis   de    Noirmou- 

tiers  (Louis  de  la),  II, 

221. 
Trignac  (Loys  de),  II,  236. 
T.istand  (Jacques),  II,  285,  286. 
Tromp    (amiral),  II,    143,    144. 
Troye  (Jelian  de),  II,  86,  87. 
Trudaine  fde),  I,  255,  386. 
Tuloux  (Philippe),  I,  275. 


Tuffet  (Pierre),  II,  230,  253. 
Turgot,  I,  387. 
Turpault,  I,  243. 
Tusson,  II,   167. 

u. 

Urtebize,  II,  60. 
Utrecht,  II,  252,  264. 

V. 

Yallade  (François),  II,  252. 
Valleau  (Bernard),  I,  182,  183. 
Varvarée  (Jean),  II,  60. 
Vaslet,  I,  90,  216.11,  187,  226, 
227. 

—  s""  de  la  Ghasteaudrie, 

II,  29,  32. 

—  du    Malleray,    I,     89, 

328.  II,  60,  73. 

—  du  Puizac,  I.    12,   64, 

52,95. 

Vauguyon  (François),  I,   26,  90, 

92,  328. 

—  (Tristant),  I,  32. 
Vaux  (de),  Ii;  159. 
Vedel,  dit  Lafleur,  I,  352. 
Vérac   (m'^   de),    II,    141,    187, 

226-228. 
Verdusan  (ch"  de),  II,  183. 
Yergne(port  du),    I,    140.   206^ 

207. 
Vezien  (Jelian),  I,  186,  197. 

—  (François-Joseph    de), 

II,  72.  73. 
Viard  (René),  II,  198. 
Viault  (Guillaume),  I,  137,   139, 

141. 

—  d'Aigonnay  ,    1 ,    272  , 


—  315 


275,  II,  232. 
Vicq  (de),  I,  43. 
Vidaril,  s""  des   Bouchelières,    II, 

59. 
Vieilleseigle  (de),  II,  139,  236. 
Vien,  I,  395. 
Vienne,  II,  265. 
Viet  (Philippe-Elisée),  II,  60. 
Vieuville  (abbé de  la),  I,  128. 

—  (ciievalierde  la),  1,128. 
-■       (duc  de  la),  I,  128.    II, 

122,    143-147,  224, 
225,  260-262. 

—  (in'^  de  la),  II,  228. 
Vignes  (des),  II,  228. 
Viguier,  II,  151. 

Vilaine  (m'^  de),  II,  2i3,  244. 
Villars  (Jelian  de),  I,  210,  211. 
Ville  (m'Me),  192,  193. 
Ville-Dieu  d'Aulnay(la),'II,  167. 
Villedon  (dame  de),  I,  27. 
Villefaignan,II,  167. 
Villefrawt'iie,  11, '^^6o, 
ViUeaiontée,     intendant  (de),   I, 

326,    403.  II,    176, 

232. 

—  (pont  de),  I,  326,  327. 
Villemort,  II,  167. 


Villequier  (duc  de),  II,  194. 
Villiers  (de),  I,  39,    209,    212, 

213.  II,  59,  63,237. 
Vincendon  (Jacques),  1, 187, 190, 

288. 
Vinsonneau  ,    s""    de   la   Pibuye 

(Jehan),  I,  264. 
Vitré,  II,  87. 
Viviers,  II,  203,  206. 
Vizille,  I,  388. 
Vouste  (de  la),  I,  24. 
Voyer  (m'*  de),  I,  392,  393. 
Vuitry  (maréchal  de),  II,  159. 

X. 

Xaintray,  II,  160. 

Y. 

York-Town,  II,  269. 
Ypres,  II,  265. 
Yver  (Jehan,  II,  134. 

w. 

Wesel.II,  261. 
Wilson  (Jacques),  II,  18. 


LES  REVENUS  ET  LES  DÉPENSES  DE  L'HOTEL  DE  VILLE 
IT  1789. 


DEUXIÈME    PARTIE 
Les  dépenses  de  l'hôtel  de  ville  avant  1789 


TABLE  DES  MATIERES 
DES  SIX  DERNIERS  CHAPITRES. 


CHAPITRE  IX. 

Insta>uction  publique. 

§  1 .  —  Les  écoles  et  collèges 7 

§  2.  —  Cours  d'obstétrique  professé  aux  frais  de  la  ville.     .     .  54 

§  3.  La  bibliothèque  publique 55 

Appendice 58 

CHAPITRE  X. 
Etablissements  religieux  et  assistance  publique.     ...      80 

CHAPITRE  XI. 
Dépenses  militaires. 

§  1.  — -  Défense  et  sûreté  de  la  ville 113 


—  818  — 

§  2.  —  Service  dû  par  les  forces  urbaines  dans  l'armée  royale. 
Réquisitions  de  guerre  imposées  à  la  ville.  Son  con- 
tingent dans  les  milices  provinciales 133 

§  3.  —  Garnisons  et  troupes  de  passage.  Logements  militaires.     164 

CHAPITRE  XII. 
Présents  et  allocations  diverses 201 

CHAPITRE  XIII. 

Réjouissances  publiques 250 

Appendice 270 

CHAPITRE  XIV. 

Dépenses  diverses. 

§  1.  —  L'abonnement  aux  gazettes 282 

§  2.  — La  poste  aux  chevaux 284 

§  3.  —  Le  plan  de  la  ville  de  Niort 294 

Index  alphabétique  des  noms  de  lieux  et  de  personnes.     .     .     .  295 


Saint-Maixent.  —  Impr.   Reversé. 


/     X 


^ 


REVERSE. 


-      _    151 
243Û    4 


I 


La  Bibliothèque 
Université  d»Ottawa 
Echéance 


The  Library 
University  of  Ottawa 
Date  Due 


I 


a39003    0008i46i48t+b 


CE  HJ   Ç470 
oN5?P7  1888  V002 
COO   PROUST,  HENP 
ACC#  Î407360 


REVENUS  ET